♜ LIVE : L'Endroit n'a aucun intérêt. L'Envers en a. Ses membres n'en ont pas toujours. Trop nombreux sont ceux qui font la cruelle erreur de façonner l'Envers comme les humains ont façonné l'Endroit, quand ce pourrait être un projet bien plus grand.
Je suis Elis Sihvonen. Mon père est Austar Sihvonen. Je me moque de sa place, la hiérarchie ne m'apporterait rien. Que ma soeur, Freyja, prenne la place de Père: cela me sied tout à fait. Qu'ils le disent, qu'ils disent que mon désintérêt n'est que le fruit des stupides rébellions de mon âge. Leur avis m'est sans importance. Je vise plus grand.
Ma naissance eut lieu en hiver, placée sous le signe de Loki. Je pense sincèrement être l'unique à apprécier celui qui est, pourtant, l'allié des Ases face à leurs ennuis. N'est-ce pas pour eux qu'il enfanta de Sleipnir ? Au fond, ce grand fou me ressemble. Incompris, sous-estimé. Grande est ma reconnaissance envers lui pour avoir porté son regard et son choix sur moi. Nombreuses sont mes prières, nombreux sont les actes que j'exécute en son nom, dans l'espoir fou qu'où qu'il soit, il puisse les voir, et les apprécier. Oui, c'est moi qui vole les objets pour accuser d'autres personnes. Oui, c'est moi qui porte de fausses informations. N'est-ce pas dans ma nature ? N'est-ce pas le moins que je puisse lui offrir ? J'allume des feux, et je murmure son nom. Les textes, tous les textes, qui l'évoquent... Je les connais. Je peux vous les réciter. Dans leur langue d'origine, ainsi qu'en finnois, et en anglais. Mais pourquoi, alors, ne s'est-il jamais présenté à moi ? Qu'ai-je omis ? Qu'ai-je mal fait ?
Souvent je sentis les regards accusateurs se porter sur moi. Encore de petite taille pour une membre des Sihvonen, mes hormones se montrant encore aussi silencieuses que ma déité attitrée, j'ai souvent levé un regard confiant vers mon père, quand ce dernier me reprochait quelque méfait, instinctivement, au nom de celui que j'honore. Je suis le bouc émissaire, le juif des nazis, le protestant des catholique. Face à mon père, toujours, j'essayais d'être digne de Lui, de Loki. J'essayais de mentir, j'essayais de lui faire croire à mon innocence. Jamais cela ne fonctionna. Je soupçonne quelque magie de m'empêcher d'ainsi tromper celui qui a vu mon âge le plus jeune. Peu m'importe. J'écraserai cette magie, je mentirai à mes parents, et ils me croiront. Loki sera fier. Il ne me regrettera pas. Ma propre fierté ne sera pas moindre. Ce n'est pas fondamentalement contre eux, non... Mais ils sont un objectif, un challenge. Peut-être le savent-ils.
J'ignore si le Grand Menteur entendit mes espoirs. J'imagine qu'il m'aida, dans tous les efforts que je fis pour essayer de persuader, dans tous mes essais plus ou moins magiques. Ce fut un travail plaisant, même si de longue haleine, pour finalement être capable de faire plier la conviction de ceux qui n'étaient mes parents, de ceux qui m'étaient magiquement ou psychologiquement inférieurs. J'ignore encore le fonctionnement exact de cette magie. Elle fonctionna sur un sorcier de rang moindre que je croisais en Egypte, lors d'un séjour auprès de nos confrères Amasis. Aujourd'hui encore, j'aime chaque occasion qui m'est donnée d'user de cette capacité qui Lui fait honneur. J'aime voir les gens s'étonner de leur propre conviction, se trouver bêtes de ne pas m'avoir cru, puis admettre ma parole, si calomnieuse soit-elle. J'espère qu'où qu'il soit, cela le fait rire.
Pensez-vous que je sois le mal incarné ? Voilà une bien manichéenne vision du monde, quand je ne fais que suivre ce principe honorable qui est le remerciement. Croyez-vous que je suis le mal incarné quand, comme vous, je ne cherche qu'à m'améliorer ? Voilà mon objectif. Plus que les mensonges, je veux devenir meilleure, et meilleure qu'eux, ceux qui se croient supérieurs en reproduisant infiniment les erreurs de leurs ancêtres, en se noyant dans la fange d'un système obsolète, futile. Leurs jeux de pouvoir sont une perte de temps. Nous sommes ceux qui pouvons devenir meilleurs. Je serai mieux que les sorciers.
Le Secret de de l'élévation n'est sans doute pas terré dans la gorge de ceux qui grouillent en ces terres. Je sais où chercher. Je sais ce que je veux. Peut-être est-ce également lié à mes envies de découvertes, l'amour discret que j'ai pour les voyages... Voyez, Yggdrasil ? Je veux en découvrir chaque monde. Je sais l'existence des sanctuaires, par les recherches qu'effectua ma mère pour le Cénacle. Laissez-moi les retrouver. Laissez-moi les trouver. Je sais que l'un d'eux me permettra de contempler les Hommes et Créatures depuis un statut qui ne peut s'obtenir par ce pouvoir qui s'obtient dans le regard des autres.
Laissez-moi contempler Asgard, pour le plaisir des yeux et de l'imagination. J'ai trop lu pour supporter de mourir sans l'avoir vu de mes propres yeux.
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J’ai beau ne pas être l’alliée de leurs dogmes, je ne reste pas moins l’élève attentif de leurs savoirs occultes. Je méprise leur rang, j’admire leurs connaissances. Voyez comme la subtilité sait offrir à ceux qui la pratiquent. Voyez comme un regard pourtant jeune peut discerner les nuances.
Je ne hais pas les êtres, je hais les actes. Je tiens à ma famille, quoi que l’on puisse imaginer. Mère n’est plus. Un silence lourd s’est glissé dans les couloirs de notre Fort. Son absence est assourdissante. Je peine encore à le réaliser pleinement, je peine encore à l’admettre. Aurai-je l’occasion d’entendre à nouveau sa voix, le jour où mes pas fouleront le Valhalla ? Je ne puis accepter le mot “jamais”. Je ne puis accepter qu’elle soit partie ainsi, aussi brutalement, pour ces chiens du Vatican. Mais je ne me vengerais pas. Non. Ce n’est pas exactement ce qui adviendra. Ce n’est pas pour faire payer le crime que je trouverai un moyen d’enfermer jusqu’à l’âme de son assassin. Ce sera pour que, jamais plus, une Mère ne soit ainsi… Ecartée.
J’ai beau être en désaccord avec Père, je crains désormais pour sa vie, pour celle de Freyja, pour la mienne.
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