Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Partagez
 

 Verre | Morghann

Meyrick Vetrov
L'étrange sous la normalité :
Créature, disent-ils, se targuant de le classer, de le comprendre et de l'adresser, pensant, sans doute, ses ailes étriquer, son esprit évincer, par l’appellation écrasée… Il ne l'est pas, ne le sera jamais. Les mots, les noms portent plus qu'ils ne peuvent l'appréhender, et son être au chemin lézardé d'impacts de destins aussi divers qu'altérés, porte déjà l'empreinte d'un concept unique : il est un Aîné, l'ailleurs son royaume par tant de vermisseaux occulté.

Tell me More : Douce et délicate petite chose que le secret, comme les ailes d'un papillon qu'il s'amuse à trouer de la pointe d'une aiguille.
PROFESSION : Héraut des Aînés
Crédits : Jovana Rikalo & Altug Elveris
Messages : 81
Points : 3105
Meyrick Vetrov
8 Février


Il suffisait de les guider par petites suggestions, de délicates rectifications dans leurs avancées, leurs réflexions, et inévitablement, ils le satisfaisait. Les orienter selon son bon vouloir était aisé, leurs esprits avides. Aux yeux de ces individus, il était presque un parent, une figure à la fois familière et inaccessible. Un amant pour ce qu'ils appelaient, avec force humour, leur intellect… il les émerveillaient, les surprenaient, les enivrés et les horrifiaient tout à la fois, une touche par-ci une touche par-là. Il avait sa place parmi eux, accueillit à bras ouverts. Ce public captivé, il le connaissait bien et en un sens, l'appréciait, comme un dresseur humain eut put apprécier un singe savant. Et il ne manquait pas de nourrir diligemment le terreau de leurs pensées chaque fois que l'auguste conclave se réunissait. Des scientifiques de tous horizons, des médecins, des chimistes, des mathématiciens, des physiciens… ils venaient tous ici pour échanger, deviser, apprendre. Pour lui. Ils venaient pour lui. Toujours. Pour grandir sous son regard pétillant. Il savait ce qu'ils ressentaient ici… et il continuerait de le leur prodiguer, tant ils offraient en retour. Ils étaient ses priants, ses pèlerins, ses croyants en une église informelle établie depuis quelques temps. Longtemps à leurs yeux. En ces lieux au regard de tous dissimulé, il évoluait en souverain, comme il l'avait jadis fait au sein de l’Égypte antique. Ce nouvel autel à ses projets était pourtant bien différent, avec ses murs de bois lambrissés, ses lueurs vertes ou ambrées, de lampes aux cloches de verre, ses tapis, ses bibliothèques et salles d'études et de controverses. Un nouvel univers miniature de remplir de sa présence, un incubateur pour des suivants convaincus parfois aveuglés et parfois éclairés, lorsque d'aventure il se sentait le cœur joueur.

A la sortie d'une tribune surjouée, et pourtant appréciée, les humains buvant ses paroles comme un vin magnifié, ses mots résonnant encore en leurs esprits alors même qu'il était à présent lointain et muet, retournant à ses quartiers. Ils peuplaient les couloirs, entre eux échangeaient, s'appropriant le poison de ses offrandes, l'acceptant encore plus profondément. Rien ne viendrait briser la certitude qu'il portait à leur sujet, aussi pouvait-il s'accorder quelques instants en ses quartiers pour célébrer et à ses autres occupations vaquer. Il n'en eut cependant pas l'occasion, la timide forme de son serviteur s'approchant avec crainte et respect, soufflant quelques mots dans l'air au creux de son oreille avant de reculer, attendant avec ferveur et crainte la réponse de l'intéressée… « Fait le patienter dans la verrière » Il y eut un silence, l’ersatz d'une hésitation pendant laquelle son affidé frémit, attendant la suite, parfaitement conscient qu'il ne devait pas reculer « Il est l'heure du thé.. prépare en, du blanc de chine » Alors qu'il posait la main délicate de son véhicule sur la poignée et que son ombre reculait sans jamais se défaire de son cérémonieux respect, il ajouta en soufflant « Et fait attention aux pétales » Un clique du mécanisme d'ouverture et le pan de bois se déplaça, puis se referma derrière sa forme immaculée. Il ne serait pas une femme, pour Morghann Earl, car ce n'était pas la forme appropriée à cette rencontre, encore moins à cette âme-là. Pas pour le moment en tout cas. Seul dans son domaine privé, il se refusa à presser le pas et prit son temps, testant silencieusement la patience de l'intéressé. Du… suppliant. Puis enfin, il descendit dans la grande verrière attenante à sa propriété.

Baigné du soleil hivernal de la fin d'après-midi, sa grande forme élancée se détachait en un contre-point sombre, tout d'élégance ajustée. Sa peau natte semblait par jeu de lueurs et de battements de cœur de cuivre brossé. S'avançant vers son invité, ses saisissants yeux bleus sur lui posé, il adopta un sourire détendu et lui tandis une main, en signe de salutation partagée, geste parfaitement intégré depuis ses débuts au sein de cette turbulente masse d'humanité. « Lord Earl, bonne après-midi à vous » Le titre l'amusait, l'idée aussi. Son vis à vis avait l'air fatigué. Passé l'instant de son arrivé, il s'installa sur une chaise de fer forgé, parcourant la table de thé dressée pour lui d'un œil aussi critique qu'intéressé et eut un signe de tête approbateur pour la femme qui vint leur servir de ce breuvage si clair… Était-ce sa nouvelle lubie que cet éclat ? Mais si c'était le cas, il ne le regrettait pas. Sa main sombre en comparaison de la blancheur de la porcelaine le saisissait et un bref instant, il se figea, observant l'image, amusé, charmé, sourire modulé aux lèvres avant qu'il n'accepte de l'observer. « Je vous en prie, il me semble que les anglais ont un goût prononcé pour ces extraits. Nul doute que les papilles d'un Lord sauront s'agréer de son bouquet singulier autant que de ses vertus » Lui-même en prit une gorgée, laissant le liquide brûlant glisser le long des tissus de sa gorge, réchauffant un bref instant son corps froid… sursaut de vie maîtrisé. Une nouvelle fois, sa servante approcha, s'inclina en déposant un plateau ciselé sur la nappe claire, portant les accompagnement. Reposant contre le dossier de son assise, il patienta encore quelques précieux instants avant de se décider à faire avancer cette scénette qui, plus que ne devrait, l'intéressait.

« Alors dites-moi… que puis-je donc faire pour vous ? Cette précision semble avoir été omise à la connaissance de mon valet lorsqu'il m'a conté votre demande » Ses doigts se refermèrent sur la anse d'un petit récipient dont il versa l'ambré contenu dans sa tasse, tournant la cuillère d'argent pour le diluer avant de goûter le mélange ainsi créé. Happant une larme oubliée sur la courbe d'une lèvre d'un geste pensif tandis que son regard semblait errer, il reprit « Cela doit être d'une capitale importance pour qu'un Earl ne joigne son ombre à celle des corridors de ce lieu par les vôtres dédaigné. Ma curiosité est vôtre, vous n'avez point à en douter »  

Lun 9 Mai - 17:41
• • • • • •
Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
Messages : 1331
Points : 3831
Morghann Earl
Le soleil était éclatant mais le sol ne voulait pas quitter son manteau de neige blanche. C'était du moins ce que Morghann pouvait observer depuis la fenêtre de la chambre d’hôpital de son frère. Son état semblait empirer, tant qu'il ne lui était pas envisageable de le ramener à la maison et de le garder pour lui. Son âme meurtrie le désirait pourtant ardemment et il se jugulait férocement pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qu'à sa première mutilation. Il passait alors énormément de temps dans cette chambre blanche, refusant le confort de son propre lit et l'acte raisonné des repas. Il n'arrivait pas à dormir, s’assoupissait parfois quelques heures, dans le fauteuil près de son lit d’hôpital, avant de se réveiller en sursaut, en proie à une violente douleur que subissait son âme. Il serrait sa main, dans la sienne avec un désespoir grandissant. Le Patriarche Khan passait tout les jours, tentant en vain de redresser une situation qu'il ne contrôlait plus. Morghann n'était perdu dans les ouvrages, en quête d'une solution, son être entier tremblant d'effroi à la fin lugubre qui semblait se dessiner et qu'il refusait d'accepter. Alors, il cherchait, sautant les repas comme autant de temps perdu. En une semaine déjà, ses traits s'étaient tirés, légèrement amaigris et ses yeux s'ornaient d'une fatigue et d'une désolation tourmentée. Par moment, il sentait les vertiges le saisir : son corps le rappelait à l'ordre mais il ne l'écoutait. Comment le pouvait ? Qui viendrait lui reprocher de ne rien pouvoir vraiment avaler en pareille situation ? Il était seul. Désespérément seul. Ayzebel l'avait quitté pour sa propre survie, prenant la route de Londres. Howard était étendu dans ce lit. Johan n'était depuis bien des années plus son parti, Elie un ennemi et son père... Son père, probablement irait-il le voir pour réclamer son aide... S'il pouvait lui en fournir. Il n'y avait que dans les bras d'une Annabelle impuissante qu'il trouvait un bien maigre réconfort. Plusieurs fois, il avait songé à Anthony, sans avoir la moindre idée de comment le contacter. Les nouvelles allant vite, une part de lui-même se disait que si le fugitif ne l'avait pas contacté, c'était qu'il ne pouvait le faire sans être débusqué. En vérité, il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il devenait. Dans un soupir profond empli d'une douleur qu'il tâchait de calmer, il avait collé son front à la main de son frère qu'il tenait et y avait laissé couler ses larmes à l'abri des regards.

En temps normal, probablement aurait-il trouvé un grand intérêt à ce genre de conférence. Pour l'heure, il s'était contenté d'un rapprochement auprès d'un de ses affidés pour obtenir cet entretien. Il ne savait pas d'où lui était venue l'idée. Une lubie éperdue d'une être inconsolable. C'était sa moitié que la mort lui arrachait, l'être suprême à qui il appartenait. Qu'Howard se refusait à lui n'entrait pas en considération pour réduire l'intensité de son supplice. Il était torturé de la pire manière qu'il soit : voir son corps inerte chaque jour le figeait d'effroi. Dans la verrière, il s'était rendu, les yeux clos, la tête penchée en arrière, s'abreuvant de la lumière comme un religieux cherchait la rédemption. Au bruit de ses pas, il lui porta son attention, observant son enveloppe corporelle. Qui imaginerait le chaos rampant sous cet habit d'élégance ? Qui songerait à ses immondices, ses tentacules et sa cruauté ? Si de coup de foudre il existait, Morghann en était assurément frappé, sans qu'il ne s'agisse d'amour à proprement parler. C'était une admiration sincère à ce qu'il voyait, une admiration comme peu il en portait. Seulement envers Howard, mais chez lui, ça ne l'avait jamais frappé de cette manière. Pour Howard, c'était une constante d'admiration qu'il lui portait depuis sa naissance, il ne s'en était pas rendu compte du jour au lendemain. Son jumeau était parfait et il l'avait su dès la première inspiration qui avait brûlé ses poumons. Chez Meyrick, c'était différent. « Je vous remercie de me recevoir. » Si la gratitude restait, le ton de sa voix avait perdu depuis quelques jours de son autorité et de sa prestance. Il n'était, progressivement, plus que l'ombre de lui-même. Il serait la main qu'on lui tendait. A sa tablée, il prit place, laissa la blanche porcelaine se loger entre ses mains. Ses noires prunelles avaient perdu de leur éclat vivant et il déglutit difficilement en observant l'accompagnement qu'on leur apportait. Le thé lui ferait du bien, sûrement, mais pour le reste, il devait y renoncer : cela ne passerait pas. « Dédaigné ? » répéta-t-il avant que le sens de ce mot de parvienne à son esprit. C'était un comble pour de fervents lecteurs du Necronomicon que de dédaigner la compagnie de l'un des Aînés de l'Ailleurs et dans une même temps, une des plus sages décisions quand on savait qui se cachait derrière ce corps. Il trouvait tout de même l'idée risible. Le chaos régnait aussi en maître au sein de leur ancestrale château.

Il secoua sa tête de gauche à droite et lâcha un amère : « Pour être en mesure de dénoncer les torts d'autrui, il faut soi-même être irréprochable et les miens ont un peu trop tendance à se sentir irréprochables. » Il prit une gorgée pour adoucir l'aigreur de sa langue. Combien de ceux qui étaient des 'siens' étaient venus se préoccuper de la situation alarmante dans laquelle se trouvait Howard ? Trop peu. Howard méritait l'intégralité de sa famille à son chevet, le nez dans les ouvrages en quête d'une solution. Il ferma les yeux et se frotta l'arrête du nez, cherchant à retrouver ses esprits. « Je ne sais pas vraiment ce que je suis venu chercher auprès de vous... Une aide, une orientation, un conseil. » Il était épuisé et cela se lisait amplement dans ses yeux. « Je ne dois pas être le premier à me tourner vers vous. Vous disposez de bien des savoirs et des conditions pour les partager. » Un constat des plus réalistes avant qu'il n'expose clairement la situation. « Mon frère a fait usage d'une magie qui dépassait ses limites, le laissant dans un état d'impuissance en décembre dernier... Il s'en est remis mais montre à présent des signes... Plutôt inquiétants. Cela fait plusieurs jours qu'il est alité et son état se détériore. » Au point qu'il peinait à imaginer qu'on puisse un jour lui annoncer une bonne nouvelle.

Sam 14 Mai - 22:29
• • • • • •
Meyrick Vetrov
L'étrange sous la normalité :
Créature, disent-ils, se targuant de le classer, de le comprendre et de l'adresser, pensant, sans doute, ses ailes étriquer, son esprit évincer, par l’appellation écrasée… Il ne l'est pas, ne le sera jamais. Les mots, les noms portent plus qu'ils ne peuvent l'appréhender, et son être au chemin lézardé d'impacts de destins aussi divers qu'altérés, porte déjà l'empreinte d'un concept unique : il est un Aîné, l'ailleurs son royaume par tant de vermisseaux occulté.

Tell me More : Douce et délicate petite chose que le secret, comme les ailes d'un papillon qu'il s'amuse à trouer de la pointe d'une aiguille.
PROFESSION : Héraut des Aînés
Crédits : Jovana Rikalo & Altug Elveris
Messages : 81
Points : 3105
Meyrick Vetrov

Dédaigné oui… il confirma d'un léger signe de la tête, ne semblant accorder à ce détail qu'une importance minime. S'il s'agissait effectivement d'une simple vétille, il était surtout occupé à s'amuser de l'état de son interlocuteur dans la privauté de son propre esprit. Le nécromancien manquait de superbe, pauvre créature bousculée par la vie et par ses propres affects… Ses yeux vitreux, son teint hâve et cireux, la défaite peinte sur ses traits, tout était spectacle à son regard amusé. Le désespoir des humains lui avait toujours plut, mais aucun plus que celui de spécimens tels que celui qui était venu lui demander cette entrevue. C'était comme boire à la plus excitante des sources. Oui, il aimait énormément ce qu'il voyait. Encore davantage ce qu'il humait, le délicat parfum de la détresse et du malheur. Alors il ne voulait rien brusquer. Il le laissa parler à son rythme, profitant du thé parfaitement dosé qu'on leur avait servit, et de la lumière qui jouait sur sa forme mortelle pour l'embellir comme un ornement supplémentaire. Certains croyaient qu'il dédaignait la lumière dans toutes ses incarnations mais c'était faux… parfois, un masque le forçait effectivement à fuir la lumière, le rendant vulnérable à ces rayons délicats, mais parfois il marchait librement sous la lueur qui cuisait l'humanité, la gardant en vie. Ces présentes incarnations supportaient parfaitement le soleil, et il lui était alors possible de l'utiliser à loisir. Le scintillement hivernal était le plus plaisant, bien qu'on lui associa davantage les brûlures de l'été. En cet instant, la lumière révélait avec perfection l'amincissement du visage de son suppliant, le creusement des traits, les ombrages accentués…. De petits détails qui divulguaient la véracité, la profondeur de son état. Sa voix ne fit qu'ajouter au constat et pour cette symphonie seule, il aurait déjà pu accorder la demande qu'on lui soumettait à demi-mots. Mais il n'était pas de ceux qui réfutaient une occasion pareille. Il n'avait rien d'un altruiste.

L'humain en était parfaitement conscient. Mais loin de le déranger, cela ne faisait que l'amuser davantage, bien que ses traits demeurèrent d'une exemplaire courtoisie. Cligna doucement des yeux, il ne put pas, pourtant, s'empêcher d'afficher une sourire léger. « Pensez-vous réellement qu'il se soit remit, Lord Earl ? » La question semblait sincère mais elle ne l'était pas et il devait bien s'en douter. Une part de lui ne pouvait pas ignorer cela : la rémission qu'il lui contait n'avait été qu'une illusion. Une amélioration passagère et trompeuse qui avait été mal interprétée, et à présent ils payaient le prix de leur erreur.  Portant la tasse à ses lèvres, il en prit une brûlante gorgée pour ponctuer l'interrogation et pour délayer le discourt auquel son interlocuteur essaierait forcément de se raccrocher. Morghann Earl lui offrait son désespoir en paiement de leur rencontre, mais pour ce qui était de lui trouver une échappatoire, un moyen de sauver son frère bien-aimé… c'était autre chose, une autre affaire. Reposant la porcelaine, il prit un fruit sec et le happa en savourant le sucre qu'il contenait avant de tremper le bout des doigts dans une eau propre, puis d'essuyer la peau cuivrée pour en retirer la pellicule aqueuse.  « Votre frère s'est prit pour Icare » L'image, dans la bouche d'un Aîné, était sans doute étrange mais il s'en moquait car cela exprimait parfaitement la situation présente. Icare avait voulu s'approcher du soleil avec des ailes factices et il avait trouvé la mort lorsqu'elles avaient fondues, et que la force d'attraction gravitationnelle l'avait fait chuté dans l'immensité de l'océan. Il ne pouvait qu'imaginer ce que l'on ressentait lorsqu'on frappait le mur aqueux à cette vitesse… les os qui se disloquaient, les organes qui éclataient, les fluides qui se mélangeaient… une brève pointe de douleur brute puis plus rien sans doute, au vu de la fragilité des humains.

Howard Earl était un nouvel Icare. Un sourire plus franc, plus apparent, se peignit sur ses traits. « Il va m'être tout de même difficile de vous apporter quoi que ce soit si vous ne savez pas quoi me demander. Et tout aussi difficile pour moi d'estimer le prix de mon aide » Car prix il y aurait forcément, par l'action déterminé. Il avait néanmoins une solution. Venant déposé son menton sur les doigts d'une main repliée, pensif, il offrit « Je vous propose néanmoins de résoudre ce problème-là en premier… disons que je vous demanderais la rétribution de mon attention après que nous en ayons finit. Cela, néanmoins, vous obligera à l'accepter quel qu'il soit. Il vous faut être prêt à prendre ce risque » Car ils n'iraient pas plus loin dans le cas contraire mais il était certain que ce ne serait pas un véritable problème. Morghann Earl allait accepter, il n'avait aucune alternative et la question avait trop d'importance pour qu'il refuse de saisir la main qu'il lui tendait. Ponctuant la proposition d'un silence, il attendit que l'autre se décide, n'ayant guère de doutes là-dessus. Puis, lorsqu'il sembla que ce fut le bon moment, que ses paroles avaient leur chemin dans l'esprit de l'humain, il se décida à aller plus loin. La souffrance humaine le passionnait mais ce qu'il appréciait encore davantage étaient les instincts auto-destructeurs de ces créatures pitoyables. Qu'avait fait exactement l'Earl pour se retrouver dans un état qui déclencha une telle inquiétude chez son jumeau ? Qu'est-ce que cet imbécile de sorcier avait trouvé pour se brûler les ailes ? Il en avait vu tellement des cas comme lui… tellement qu'il pouvait tenir une élection des Darwin Awards à lui seul. Mais cela le fascinait toujours autant, l'inventivité humaine pour se tuer.

« A l'heure actuelle votre frère va mourir. Je n'ai pas même besoin de savoir ce qu'il a fait exactement pour l'affirmer. Quelle que soit l'énergie qu'il ait manié, elle a provoqué des lésions internes dans son corps et son essence, le noyaux énergétique de son être. Ces dommages sont certainement ceux que vous avez comblé ou avez tenté de combler, en Décembre. Mais ça ne s'arrête pas là. Une petite part de cette énergie doit certainement être encore logée en lui. Vous pouvez comparer cela à... » Il ne pu que contenir à grand peine le sourire cruel qui menaça de lui orner le visage, mais qui illumina un moment ses yeux bleus « Une braise encore vive qu'il aurait avalé. Il est détruit de l'intérieur par cette énergie, lentement… Cela aurait pu… cela aurait dû, considérant sa génétique, prendre des années avant d'être pleinement visible, mais quelque chose qu'il a dû expérimenter récemment aura pu accélérer drastiquement le processus en affaiblissant son corps. Même si vous parveniez à stopper l'avancée de la détérioration interne qu'il porte, vous ne pourriez pas réparer les dommages qu'il a déjà subit, pas cette fois. Il va vous falloir l'intervention d'une force puissante… extrêmement puissante, pour rendre son intégrité à votre frère »  

Dim 15 Mai - 10:16
• • • • • •
Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
Messages : 1331
Points : 3831
Morghann Earl
A sa première question, les yeux de Morghann avaient quitté la pâleur de son thé pour les saphirs de son interlocuteur. Quelques secondes perdues s'écoulèrent, où l’obsidienne vacillait à mesure que la compréhension se faisait un monstre destructeur. Howard n'avait jamais vraiment guéri. Maladie sournoise, elle avait pris le parti de se taire pour mieux grandir, s'enraciner dans son être... Et maintenant ? Il semblait trop tard pour agir et Howard était plongé directement dans une phase terminale dont il ne pourrait le tirer. Du moins pas avec les moyens courants. C'était des choses plus extraordinaires qu'il était venu trouver en ce lieu, face à l'Aîné. « Non. » souffla-t-il alors sans être tout à fait certain de l'avoir prononcé. L’entrelacement des remords l'étreignait. Il était coupable d'avoir tant cherché à se lier à son jumeau sans avoir refusé une seule fois la puissante magie que cela était, ni de l'en avoir épargné. C'était pour lui qu'Howard avait été cherché cela, pour eux et maintenant ? Il noya son chagrin dans le thé, dévoré par ses propres erreurs, ses actes qui aujourd'hui manquaient de ne pas avoir eu lieu de le passé. Trop satisfait qu'il avait été que de le voir remis sur pied, il ne s'était pas posé les questions qu'il fallait : comment pouvait-il alors le savoir ? Howard le savait-il ? A en juger par les mots tenus devant l'entité en haut de la falaise... oui. Il le savait et n'avait rien fait. N'avait rien eu temps de faire. Peut-être espérait-il pouvoir trouver une solution.

Son corps semblait apprécier le nectar dont il s'abreuvait et devait sauter sur les nutriments que cela lui apportait. C'était comme une réconciliation avec lui-même et... Ce n'était que du thé. Il n'osait imaginer la fête que lui ferait son corps s'il allait engloutir un kebab. Rien que d'y penser, il déglutit. Cela ferait du bien à son corps, mais il n'était pas certain d'être capable de le manger. Son estomac était noué, ses boyaux contorsionnés par la peur, la crainte terrible de la mort de son frère. « Howard n'a pas surestimé ses forces, c'est un homme juste et droit. Il ne l'a pas fait pour prouver à qui que ce soit, y compris lui-même, qu'il en était capable. Ça n'a rien de la folie des grandeurs, vous vous méprenez. Il connait ses limites et a voulu les repousser... Parce que j'en avais besoin. » Et il en avait bénéficié. Ils en avaient bénéficié mais à quels sacrifices ? Howard avait écopé de cette maladie et Morghann se retrouvait avec l'âme mutilée. Soupir sombre : « Vous connaissez certainement beaucoup la cupidité des hommes, non pas personnellement mais... Vous avez sûrement plus d'une fois exploité cette variable. En décembre cependant, elle n'était pas présente dans l'équation. L'amour qu'on peut porter à certaines personnes donne des ailes. Ce sont les mêmes ailes qui me conduisent vers vous. Le soigner n'est pas dans mes attributions, peut-être est-ce dans les vôtres. Je suis prêt à tout pour qu'il en bénéficie. » Ses prunelles se peuplèrent d'une lueur vindicative et déterminée à cet égard, c'était là la seule lumière qui le maintenait en vie. « Je n'ai rien à perdre. S'il meurt, je ne lui survivrai. » Quand bien même Howard l'aurait voulu. Dans ses yeux, une seconde présence se reflétait, l'âme de son jumeau était restée autour de la sienne, comme la main crispée d'un mort se refermait et ne s'ouvrait jamais plus dans sa raideur mortuaire.

« Et j'emporterai Isha Carter dans ma tombe. » Cet homme avait créé le monstre qui avait plongé Howard dans cet état. Ainsi tout les responsables de la mort de son jumeau périraient : le marchand et Morghann. Il délaissa le sujet vengeur dans un coin de son esprit pour se replonger dans les solutions à apporter au problème : « Quelle genre de force extrêmement puissante ? Un artefact ou... Quelqu'un ? Un Patriarche du Concordat ? » L'idée d'aller demander de l'aide à son père le révulsait mais c'était pourtant bel et bien dans ses projets. « Un archange ? » N'avaient-ils pas le divin pouvoir de guérison. Comme la jambe d'Howard en avait besoin et Morghann avait éliminé cette piste : il ne connaissait pas d'archange et quand bien même ce serait le cas... Quel archange sauverait un païen exactement ? « Un prince dém... » Sa première pensée fut Elie, comme une évidence, mais il la balaya avec brutalité. Il ne pouvait pas aller voir Elie, pas avec leur passif, pas avec sa dangerosité. Ce fut presque suppliant qu'il demanda : « Vous ? »

Mar 17 Mai - 20:52
• • • • • •
Meyrick Vetrov
L'étrange sous la normalité :
Créature, disent-ils, se targuant de le classer, de le comprendre et de l'adresser, pensant, sans doute, ses ailes étriquer, son esprit évincer, par l’appellation écrasée… Il ne l'est pas, ne le sera jamais. Les mots, les noms portent plus qu'ils ne peuvent l'appréhender, et son être au chemin lézardé d'impacts de destins aussi divers qu'altérés, porte déjà l'empreinte d'un concept unique : il est un Aîné, l'ailleurs son royaume par tant de vermisseaux occulté.

Tell me More : Douce et délicate petite chose que le secret, comme les ailes d'un papillon qu'il s'amuse à trouer de la pointe d'une aiguille.
PROFESSION : Héraut des Aînés
Crédits : Jovana Rikalo & Altug Elveris
Messages : 81
Points : 3105
Meyrick Vetrov

Il se contenta de l'observer sans se défaire de sa façade de courtoisie calme et policée, son sourire fleurissant même un peu plus, délicatement plus, mouvement infime qui donnait pourtant l'impression, à l'oeil innocent, d'un agrément, ou d'un support face à cette douce fantaisie. Oui, cela aurait pu être la marque de son approbation, mais intérieurement, l'Aîné riait aux éclats face aux illusions de cet humain… et quelque part dans le cosmos de son intellect naquit doucement la notion qu'il serait sans doute très amusant de briser un à un tout ces rêves, toutes ces illusions sur la nature humaine et les actions de sa race pathétique. Non en les forçant en lui de sa poigne de fer, mais en lui ouvrant plus largement les yeux sur le monde dans lequel il évoluait en aveugle. En l'éduquant. Oh, cela faisait longtemps qu'il n'avait joué les tuteurs pour les humains. Certes, il dirigeait la loge d'Angleterre, et il avait sa place dans la plus prestigieuse université du pays, mais ce n'était pas la même chose, ce n'était pas tout à fait cela. Parce que ces mortels étaient de ces agneaux à sacrifier, les habitants de l'Endroit. Leur utilité, pour la grande majorité, était limitée, et puérile. Ils l'amusait, mais ce n'était que quelques instants, le temps d'une explosion, d'un meurtre, d'une folie furieuse. Ils étaient des jouets donc l'Ancestrale créature qu'il était tendait parfois à se lasser. Hors cet humain-là avait un attrait que les agnelets n'avaient pas : il avait de la magie. Son racage le rendait assez fort pour certains petits tours de force qui pouvaient être particulièrement amusant à réaliser. Et il était d'une lignée naturellement liée à un ouvrage qu'il ne pourrait guère renier, le Nécronomicon. Autant de raison qui lui faisait caresser l'idée de le prendre sous son aile et le gaver de connaissance jusqu'à ce que son cerveau soit incapable de supporter le poids des révélations. Le voir lentement basculer vers une autre folie que celle qui le rongeait lentement à l'heure actuelle était une perspective intéressante. Oui… oh oui…

Croire que l'amour n'était pas une cupidité… rien que pour cela, il avait envie de le lui proposer. Mais un élan de nostalgie, ou peu s'en fallait, traversa la coquille qu'il habitait. Et il se surprenait lui-même avec la précision des variables qu'il avait établit pour l'apparition de ces sentiments factices. Même après des millénaires passés à jouer avec l'humanité, la plus antique par de son être ne cessait de se reconnaître un immense mérite au miracle de création qu'était ces enveloppes parfaitement imitées, jusque dans leurs cortex affectifs. Bien que, parfois, cela pouvait devenir une gêne plutôt qu'un plaisir et une fierté. Ses lèvres brunes s'étirèrent plus encore, en une expression amusée, alors même qu'il contemplait la pointe langoureuse de morosité qu'il l'avait saisie à la pensée de ses années à Salem. D'apparence, il avait été égayé par les paroles de son interlocuteurs, intérieurement, son immense esprit se séparait déjà, se divisait en divers sujets, qu'il conduisait tous en même temps. « Moi ? » répéta-t-il, lentement, comme si lui-même pondérait l'étrange concept qu'on lui proposait. Il lui épargna pourtant ce jeu après quelques instants, quittant l'expression de surprise courtoise et contemplative qu'il avait adopté. « Non, je ne crois pas. Nous savons tous deux que je ne possède pas les capacités pour guérir qui que ce soit, je suis un apôtre de la destruction » affirmait le monstre susnommé alors qu'il leur versait un nouveau service de thé, le poignet leste, et le geste assuré. Sans doute l'image qu'il donnait présentement n'était-elle pas exactement prompte à assurer ses dires, mais il s'agissait pourtant de la vérité. Une vérité qu'il poursuivit, avec son calme coutumier, mais sans épargner son invité « Vous n'espérez que je puisse réaliser cet acte que parce que vous souhaitez un peu de confort dans votre malheur. Hélas je ne puis vous l'accorder. Vous avez fort bien compris, Lord Earl, qui vous deviez aller voir » Pas un Archange, pas un humain, pas une quelconque créature…

Sa tasse cliqueta lorsqu'il la reposa sur sa coupelle immaculée. « Aucun artefact à votre immédiate portée n'est assez puissant pour suppléer le démon. Et ceux qui pourraient le faire sont à l'heure présente loin de vous, même si vous vous toquiez d'aller les quérir… votre frère périrait avant votre retour » Il y eut un silence. Pactiser avec un prince démon ne plairait sûrement pas à son interlocuteur, mais c'était pourtant la solution la plus logique et la plus sûre. Et quant bien même ce n'était pas sans danger, celui-ci était toujours moins impactant que si lui avait été capable de l'aider. Le prix qu'il aurait réclamé pour un acte qui allait tant contre sa nature aurait été immense… Mieux valait sans doute qu'il se force un peu et pactise avec le démon.  « Vous avez toutes les cartes en main pour votre réussite. Il ne refusera pas, si vous agissez avec un peu de doigté. Cela ne dépend que de vous mais vous avez la meilleure des motivation, n'est-il pas ? » Penchant sensiblement la tête. Voudrait-il plus ? Tenterait-il d'obtenir tout de même son soutient ? Ou déciderait-il de foncer immédiatement chez Eurynome pour lui demander la guérison de ce frère tant aimé. Lui n'avait aucune préférence, car quelle que soit la décision de l'humain, il reviendrait inévitablement à lui par la suite….  

Ven 27 Mai - 16:04
• • • • • •
Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
Messages : 1331
Points : 3831
Morghann Earl
Le soupir du nécromancien fut bref mais sombre. L'ancienne créature qui lui faisait face n’énonçait qu'une vérité dramatiquement réaliste. Il avait longuement tergiversé et s'il était en ce lieu, c'était pour ne pas aller demander quoique ce soit au démon. Il voulait savoir si un autre moyen serait à sa portée, car quel qu'il soit, il l'aurait choisi plutôt que d'aller rencontrer Eurynome. C'était étrange comme cet être du chaos venait si brutalement d'éteindre celui qui le rongeait depuis quelques jours déjà. Sa recherche désespérée de trouver une autre solution, son tourment, venait de prendre fin : de toutes les voies dont il avait tracées pour résoudre son problème, il n'en restait plus qu'une. Si la révélation était douloureuse... Elle était extrêmement libératrice et les ténèbres se levaient. Apôtre de la destruction disait-il ? Probablement que sa sensation pleine de détermination ne ferait que le conduire vers un cauchemar plus terrible encore. Le chaos pouvait être si sournois. Ses épaules semblèrent un instant se redresser, le poids y pesant s'était levé. Il était terrorisé, il n'avait pas la moindre envie d'aller négocier avec ce prince démon. A présent, toutefois, il savait qu'il le ferait parce que l'état d'Howard le nécessitait. « La motivation n'est pas un gage de réussite, aussi meilleure soit-elle d'entre toutes. En l'état, elle me sert nullement, au contraire, c'est parce que ma motivation est extrême que la possibilité de sceller un accord avec le démon est précaire. Qu'importe le prix qui sera le sien, je le paierai... Si seulement, il me propose un prix. » Et ça, il n'en était pas certain. Si Howard venait à mourir, il rejoindrait le royaume de Mort et il se trouvait que justement, ce pays appartenait au démon et Morghann refusait de laisser son frère aller y croupir. Toutefois, cette idée devait bien satisfaire Elie : qu'il vive ou qu'il meure, où se trouvait la différence ?

« Mon âme est mutilée. Je ne suis pas certain qu'elle ait la moindre valeur pour lui et quand bien même elle en aurait, je ne peux pas la lui donner. » Ça n'était pas de l'égoïsme. Il n'en était tout bonnement plus l'unique maître. Il se laissa reposer au fond de l'assise, abandonnant l'idée d'achever son thé sans le rendre tôt ou tard. « Car je lui donnerai celle de mon frère également. Mon âme ne m'appartient plus. Du moins, plus vraiment. » Levant les yeux sur la voûte de la verrière, le sorcier laissait la lumière l'imprégner, espérant incurablement y chasser les ténèbres mais dans l’obsidienne de ses prunelles, la lueur n'était pas solitaire. Une autre présence s'y reflétait, comme le signe d'une union qui les avait certes rassemblé, mais les détruirait, les rongerait également. L'ancestral être le comprendrait probablement, s'il n'en avait pas déjà senti la particularité, le lien, qui, à son jumeau, l'attachait, plus fort encore qu'une fraternité, rendant toute vente compromise. Là était sûrement la valeur qu'aurait l'âme de Morghann aux yeux du démon. Non pas pour sa propre valeur... Mais pour celle à laquelle elle était attachée. « Howard n'est pas en état de donner son consentement. » Raison pour laquelle un tel pacte ne pourrait être signé et supplément de toutes les conséquences que cela aurait et dont il n'était pas certain que son frère les accepterait, pas plus que lui-même. « Que puis-je seulement lui offrir en retour de son intervention ? » Ses yeux se posèrent à nouveau sur l'enveloppe humaine de la créature, fronçant les sourcils : « Je crains qu'il n'agisse pas par charité. Il s'intéresse à mon frère... Je ne suis pas certain toutefois que sa vie ait la moindre importance à ses yeux. Sa mort lui servira aussi bien, si ce n'est mieux. » En définitive, il n'avait rien à lui offrir. Il ne pouvait lui prêter allégeance, un serment offrait déjà sa souveraineté à Howard. Une trahison n'était pas envisageable.

Le paiement n'était qu'un problème parmi tant d'autres. L'idée se rendre dans l'antre de Mortimer lui faisait froid dans le dos. Il avait un passif peu glorieux avec lui et il craignait d'y récolter, un plus d'un refus, une malédiction en punition de son audace... Ou d'un quelconque dérapage qu'il y aurait dans leur conversation. Un dérapage dont l'ombre planait comme une épée de Damoclès. Il le haïssait et le jalousait tant que ce serait vite arrivé. « Quant aux négociations... Il me sera aussi difficile d'être diplomatique avec lui, que lui conciliant avec moi. Même avec la meilleure des motivations, c'est à un démon que je m'adresserai, un démon qui connait mon frère d'un peu trop près pour ignorer comment me mettre hors de moi. » C'était tristement vrai. Morghann était influençable et Elie un démon, l'un des meilleurs démons du globe. Il y avait fort à parier que tout cela se retourne contre lui, d'une manière ou d'une autre. Les maître de l'enfer étaient très forts à ce jeu-là et Morghann s'en montrait des plus lucides. Il n'avait rien du cran et de la fermeté de son père. Ni de celle d'Howard.

Sam 11 Juin - 22:10
• • • • • •
Meyrick Vetrov
L'étrange sous la normalité :
Créature, disent-ils, se targuant de le classer, de le comprendre et de l'adresser, pensant, sans doute, ses ailes étriquer, son esprit évincer, par l’appellation écrasée… Il ne l'est pas, ne le sera jamais. Les mots, les noms portent plus qu'ils ne peuvent l'appréhender, et son être au chemin lézardé d'impacts de destins aussi divers qu'altérés, porte déjà l'empreinte d'un concept unique : il est un Aîné, l'ailleurs son royaume par tant de vermisseaux occulté.

Tell me More : Douce et délicate petite chose que le secret, comme les ailes d'un papillon qu'il s'amuse à trouer de la pointe d'une aiguille.
PROFESSION : Héraut des Aînés
Crédits : Jovana Rikalo & Altug Elveris
Messages : 81
Points : 3105
Meyrick Vetrov

L'engrenage protecteur humain fonctionnait parfaitement, si parfaitement qu'il en paraissait plus pathétique encore que le souvenir qu'il en avait. Se contentant pour l'heure de siroter son thé, il l'observa d'un regard tranquille, le laissant dérouler les longueurs de ses pensées, se vider de ses arguments creux, courir le long du quai sur lequel il se trouvait jusqu'à parvenir à son extrémité, face à la mer de la fatalité. Non effectivement, la motivation n'était pas gage de réussite. Elle était gage d'inévitable. Parce que, qu'il le veuille ou non, il en viendrait à faire ce qu'il ne voulait pas faire, car peu importe les risques, s'il n'essayait pas, celui qu'il souhaitait sauver mourrait de toute façon. La seule différence était que dans un cas, il avait une chance de le sauver, et dans l'autre, il le regarderait dépérir sans rien faire, rongé par ses angoisses et avec pour seul responsable, ses propres peurs. Il serait à la fois victime, coupable et juge ; et au vu de sa fragilité psychologique, il y avait fort à parier qu'il ne le supporterait pas. Le spectacle de sa déchéance serait attrayant, mais il avait à présent d'autres projets pour ce petit être et les occasions de savourer sa souffrance ne manqueraient pas. Morghann Earl recherchait la joie, mais était prédisposé au malheur. Un jouet intéressant. Il était loin d'être unique mais il était néanmoins intéressant. « Lord Earl » exprima-t-il patiemment, croisant les mains devant lui, bras sur la table, de chaque côté de la tasse. Ses doigts entrelacés bougeaient à peine. « Qui essayez-vous de convaincre ? » La question était sérieuse mais docte, une question rhétorique pour lui montrer toute l'inutilité de sa controverse. Et tant ses mots que sa gestuelle et son regard l'affirmaient : il irait. Tout le reste n'était que faux problèmes qui trouveraient des solutions s'il voulait bien se mettre à en chercher. Mais ce petit homme avait besoin de plus que d'être mit devant le fait accomplit pour réagir. Il avait besoin d'un guide. Et il serait ce guide. Non parce qu'il éprouvait une quelconque forme de commisération à son égard, mais s'il voulait jouer avec lui au-delà de cette soirée, il allait falloir que l'humain survive avec toutes ses facultés mentales et cognitives. Et cela signifiait que son frère devait vivre également, semblait-il.

« Vous n'avez pas réellement le choix Lord Earl. Vous voulez que votre frère vive et pour cela vous devez dépasser tout ce que vous venez d'énoncer » S'il ne le faisait pas, il pouvait tout aussi bien ouvrir la gorge de son frère, pour abréger ses souffrances et lui donner une mort plus douce que celle qu'il subissait et qui rampait lentement en lui. Mais peut-être Morghann avait-il besoin d'un peu plus de motivation encore ? Peut-être pouvait-il la lui donner. « Le corps humain est très imparfait, mais il est doté de mécanismes intéressants. Vous êtes vous même d'éducation médicale, vous savez qu'un coma est généralement le moyen pour le corps de préserver l'équilibre mental lorsqu'une douleur devient si terrible qu'elle est consciemment insupportable. Il y a, dans le cas de votre frère, un gros problème cependant… Ce n'est pas seulement son corps qui est attaqué, son cortex magique et son âme le sont aussi. Mais ils n'ont aucune protection telle que celle de son corps. Enfermé dans la cage de son inconscient, dans la cage de son corps devenu une prison et une chambre de torture… qui sait quelles suprêmes sommets de souffrance il atteint en ce moment même, quelles horreurs ont déjà prit naissance dans cette intimité obscure » Il s'interrompit, laissant les mots pénétrer autant l'atmosphère que l'esprit de son interlocuteur. L'air même autours d'eux semblait se faire plus discret et plus froid, comme si une ombre la traversait, une sueur froide d'après fièvre… et l'odeur de la fatalité, exotique. Pour autant, il eut un sourire discret et posé, rassurant. « Vous ne devez pas hésiter trop longtemps ou il sera trop tard. Personne ne peut vous forcer la main, et vous seul avez la clef de cette confrontation… mais si vous attendez trop longtemps, même avec les merveilleux pouvoirs d'un Prince démon, il y aura des séquelles. Il y a certaines choses Morghann Earl… que même les plus puissantes magies ne peuvent totalement effacer » C'était la pure vérité. Il y avait des choses que l'on ne pouvait que colmater… la preuve avec l'âme de ce pauvre garçon.

Voir les lambeaux douloureux en lui était un jeu d'enfant pour l'Aîné, mais il aurait parié que rien ne pourrait réellement venir à bout de cette blessure-là. Quiconque la lui avait infligé était un barbare sans douceur, mais il le saluait… C'était la une cruauté sublime, et qu'il ne pouvait que saluer. Morghann Earl porterait cette blessure éternellement. Pas sur sa chair mais sur son âme et elle le poursuivrait au travers de ses incarnations, s'il venait à se réincarner… à moins bien sûr qu'il ne passe pas cette existence sous quelque forme que ce soit. « Bien évidement… je peux faire en sorte de rendre la décision plus aisée… mais ça ne sera pas gratuit bien entendu, je n'ai rien de charitable après tout... » Et s'il lui survivait, il survivrait à Eurynome…

Lun 13 Juin - 15:26
• • • • • •
Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
Messages : 1331
Points : 3831
Morghann Earl
Qui essayait-il de convaincre ? Le nécromancien ferma l'espace entrouvert de ses lèvres. Lui-même. Il essayait de se convaincre lui-même tout en sachant son combat perdu d'avance. Mortimer n'était en rien un être charitable et il s'amuserait, se délecterait de son tourment jusqu'à le rendre fou et le laisser rentrer bredouille au chevet de son jumeau. Il savait les négociations perdues d'avance et rien que la meilleure des motivations ne saurait sauver. Ses faiblesses étaient un gouffre dans lequel le Prince Démon s'infiltrerait. Il n'avait pas la force d'Howard, pas sa manière de lui tenir tête, de résister. Même son jumeau n'avait su se refuser à ses inclinaisons alors que dire du cadet ? Il n'avait aucune chance et ce constat n'était en rien un tableau défaitiste. Il était parfaitement réaliste et conscient des enjeux qu'une discussion avec Eurynome ouvrait. Il était d'autant plus faible que celui à qui il tenait tant se trouvait être entre la vie et la mort. Son désespoir ne rendait le gouffre que plus grand et une part de lui se disait qu'il avait de la chance que Nyarlathotep ne s'y soit pas déjà sournoisement introduit. Pourquoi ? Qu'espérait-il et qu'avait-il à y gagner ? L'Aîné de l’Ailleurs l'intriguait dans sa façon silencieuse de l'accompagner, de le motiver. L'admiration qu'il portait pour lui depuis le début de leur entretien s'enflamma d'avantage à mesure que le nécromancien ne pouvait le cerner, ni lui, ni les projets qu'il avait en tête. Il était d'un incroyable amalgame, d'un terrible Chaos. Il ne répondit pas à sa question mais ses noires prunelles ne le quittaient, comme s'il cherchait à comprendre cette manière inhabituelle d'agir et de se mouvoir. Son calme dans la tourmente lui rappelait à s'y méprendre au comportement droit d'Howard.

« Moi, je le sais. » souffla-t-il à l'Ancestrale Créature. « Je le sens. Je sais sa souffrance de jour comme de nuit. Il ne se passe pas une seconde sans que je ne l'entende hurler. » C'était probablement ce qui le détruisait plus encore que l'absence de son frère. C'était de savoir combien il souffrait et combien il était impuissant. On torturait son frère devant lui, et lui était attaché, bridé, sans possibilité aucune de se libérer pour, à défaut de le sauver, pâtir avec lui. Il déglutit avec difficulté, redressant son regard vers celui avec qui il partageait le thé. Ou du moins, l'avait partagé, car il n'était plus vraiment question d'en boire la moindre gorgée. « C'est insupportable. » fit-il, bas, comme une confidence. Aucune des horreurs du Chaos Rampant aurait pu être à la hauteur de ce qu'ils vivaient, Howard et lui. Ce tiraillement sans fin. Il ne le mettrait toutefois pas au défi. Il ne détacha nullement ses prunelles de l'Aîné, veillant à retrouver le fil de leur conversation plutôt que de se laisser sombrer. Les cris de son jumeau radialement, l'empêchaient de réfléchir correctement et c'était ce qui rendait sa rencontre et ses négociations avec Eurynome si impossibles. Ces cris étaient si loin de l'image sans faille qu'il avait eu d'Howard, loin du masque impeccablement bien lissé. Howard était l'humain fragile dans toute sa splendeur. Un humain qu'on plongeait dans un bain d'acide et Morghann avait la sensation qu'on lui rongeait et dévorait la peau.

« S'il s'agit de la seule solution qui soit à ma portée, alors vous avez tord. Elle n'est pas à ma portée à moi. » Toquer à la porte d'Eurynome serait un échec dans toute sa splendeur. Un fiasco si risible que cela ferait rire le démon pour quelques années. Si là était sa seule chance de sauver Howard, il ne devait pas la gâcher. Il devait rendre la réussite plus vivante et non pas l'enterrer à peine née. « Mais probablement l'est-elle pour vous. » Une pause où il serra les mâchoires avant de poursuivre et clarifier sa pensée : « Je veux que vous rencontriez le Démon, que vous lui exposiez ma requête et définissiez avec lui un prix auquel il peut consentir... Et moi également. J'irai alors à sa rencontre sceller l'accord. » La détermination luisait dans son regard autant que la souffrance, se partageant son univers comme une douce folie. « Je paierai son prix ainsi que le vôtre. » Un double sacrifice mais il y consentait. Il ne pouvait y échapper. L'un apporterait le sauvetage de son aîné, mais ne pourrait seulement exister sans le second, sans cette manière ferme de prendre position, là où Morghann se perdrait aux griffes du Prince Démon. « Que désirez-vous ? Qu'attendez-vous de moi pour m'accompagner de la sorte ? » Il ne pourrait, de toutes manières, y renoncer. Il ne faisait que se préparer à ce qui l'attendait.

Dim 26 Juin - 18:43
• • • • • •
Meyrick Vetrov
L'étrange sous la normalité :
Créature, disent-ils, se targuant de le classer, de le comprendre et de l'adresser, pensant, sans doute, ses ailes étriquer, son esprit évincer, par l’appellation écrasée… Il ne l'est pas, ne le sera jamais. Les mots, les noms portent plus qu'ils ne peuvent l'appréhender, et son être au chemin lézardé d'impacts de destins aussi divers qu'altérés, porte déjà l'empreinte d'un concept unique : il est un Aîné, l'ailleurs son royaume par tant de vermisseaux occulté.

Tell me More : Douce et délicate petite chose que le secret, comme les ailes d'un papillon qu'il s'amuse à trouer de la pointe d'une aiguille.
PROFESSION : Héraut des Aînés
Crédits : Jovana Rikalo & Altug Elveris
Messages : 81
Points : 3105
Meyrick Vetrov

Il aurait sans doute pu lui expliquer exactement ce qui motivait ce qu'il s'apprêtait à décider. Oui il aurait pu, lui faire l'exposé des travers de ses pensées… En vérité, il avait bien imaginé le faire. Il avait été à deux doigts de le faire. Et pourtant, il s'était rétracté, avait changé d'avis. Non, cela viendrait en un autre temps, lorsque ce serait plus utile et que cela lui rapporterait davantage. L'humain n'aurait aucune conscience de la faveur qu'il lui aurait faite jusqu'à ce qu'il l'explicite, mais sa dette n'en serait alors que plus grande. Et pour l'heure… il pouvait simplement se réjouir de ce que le désespoir le poussait à faire, plutôt que de relever qu'on exigeait de lui. Lorsqu'il lui avait offert de rendre sa décision plus aisée, il avait pensé lui ôter temporairement ses doutes et ses peurs, et non pas faire le travail à sa place. Pour autant, qui était-il pour empêcher un condamné de monter à l’échafaud si c'était là son désir ? En fait, même si ce n'était pas son désir, il ne l'empêcherait pas. Il n'était pas charitable, au contraire, le spectacle serait sans doute observé comme il observerait une série télévisée. Et pourtant, savait-il combien il était chanceux, que le Chaos se toque d'un semblant de professionnalisme ? Ou était-il si enfoncé dans son désespoir qu'il sauterait simplement sur ce qu'on lui offrait sans se poser la moindre question ? Ferait-il partit des méfiants, des objectifs, ou des naïfs ? L'un comme l'autre serait amusant, il n'était pas si regardant. Finalement, après un temps infini à l'observer, il parla de nouveau, avec un sérieux calme et détaché : «  Je ne suis pas une béquille sur laquelle vous pouvez vous appuyer, Lord Earl » Et il détachait chaque mot d'une diction qui se voulait très nette pour accentuer encore le sens de ce qu'il énonçait, sur un ton plat et factuel. «  Jusqu'à présent, mes conseils et mon attention ont été… disons, une compensation pour un prix que vous avez payé mais qui dépassait ce que vous demandiez » Sans doute était-il sibyllin aux yeux du nécromant, mais il découvrirait bien assez tôt ce dont il s'agissait. Ce n'était d'ailleurs pas entièrement vrai, car l'humain avait simplement attiré son attention, et l'avait amusé par sa souffrance. Ou peut-être était-ce là une partie du prix en question ? Sa teneur complète, pourtant, était bien plus complexe que cela. Qu'il la découvre plus tard l'amuserait également. Et il savourerait son désespoir comme il le faisait à présent. Ou sa mesquinerie si c'était d'elle qu'il se paraît.

«  Ce dont vous êtes à présent en demande est d'une autre teneur. Je puis le faire, effectivement. Et je puis accepter l'affaire telle qu'elle mais je préfère vous prévenir et vous donner l'occasion de vous rétracter » D'un doigt, il bougea légèrement sa tasse, le visage tranquille quoi que grave «  Contrairement aux démons, je ne demande pas d'âmes en prix de mes services... » Tout simplement parce que, si l'humain n'avait plus la disposition de son âme, comment pourrait-il ressentir la souffrance et le désespoir causés par le retour de bâton du pacte en question ? Ce n'était pas drôle et puis… il n'avait pas grand-chose à faire des âmes. Ce n'était pas une source de paiement qui le satisfaisait. «  Et je ne jauge pas mon prix à la hauteur de l'effort fournis. Je juge mon prix à la hauteur de ce que cet effort représente pour celui qui me demande une faveur. Comprenez-vous Lord Earl ? Mon prix sera à la hauteur de l'importance de la vie de votre frère pour vous… Cela fait beaucoup… même pour vous » Cela ferait beaucoup pour n'importe qui. C'était d'ailleurs là le centre de la question. Ce n'était pas une arme de destruction qu'on lui demandait, ou des pouvoirs occultes. On lui demandait d'intercéder pour sauver une vie, une vie qui signifiait tout pour cet homme. Son action, si elle réussissait mais il n'en doutait pas, sauverait ce qu'il avait de plus précieux au monde. Et il devrait lui payer un prix équivalent à cela… Ce n'était pas simple. C'était tout sauf simple. Son regard se fit plus pénétrant encore, comme s'il cherchait à épingler l'âme qui tremblait et tressautait. «  La vie de votre frère est tout ce qui vous importe, sans lui vous vous mourrez ou sombrez dans la folie. Mon prix devra atteindre la valeur que sa vie a pour vous, de toutes les façons dont ce sera possible. Votre âme même sera marquée, teintée par votre dette… S'il est votre raison de vivre alors vous vous hypothéquez complètement à moi » Il savait qui il était. Il avait lu le Nécronomicon. Il savait ce que signifiait ce prix. Serait-il vraiment capable d'accepter de le payer ? De lui être mit en gage jusqu'à ce qu'il réussisse à payer sa dette ? Une dette qu'il traînerait certainement pendant des années, voir des dizaines d'années, si ce n'était pour le restant de sa vie ? Peut-être déciderait-il que, non, ce prix était trop grand pour lui… mais il y avait également la possibilité qu'il accepte et la soumission volontaire ne serait plus que jubilatoire. Il conclut «  Je ne manque jamais à ce que je promets. Mais j'obtiens également toujours ce que l'on me doit, quand quelqu'un est assez audacieux pour me demander une faveur… Si votre dette n'est pas payée dans cette vie, elle le sera dans la suivante »

Enfin, il soupira, laissa le silence glisser entre eux pendant un temps, détaché. Puis, il sembla de nouveau s'animer, une fugace expression d'éveil sur son visage alors qu'il énonçait finalement : « Si vous êtes déterminé, alors voici... » De nul part, semblait-il, il lui tendit un contrat, et un stylo à plume aux courbes dorées. «  C'est là une formalité, bien évidemment, une manière bien physique pour moi de rappeler aux mortels ce qu'ils me doivent. Le sens de l'âme et de ce qu'on peut lui faire leur échappe toujours un peu. Même si vous êtes plus sensible que la normal, cela servira toujours… »

Lun 27 Juin - 16:15
• • • • • •
Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
Messages : 1331
Points : 3831
Morghann Earl
L'image était cocasse. Morghann avait toujours eu besoin d'une béquille, jusqu'alors, elle avait été en la personne de son frère jumeau, se reposant sur lui comme un parasite. Etait-il en train d'en faire de même avec Nyarlathotep ? Une part de lui-même ne pouvait que se fustiger de ses propres faiblesses et l'autre le félicitait de savoir reconnaître et admettre leur existence pour mieux se tourner vers ceux qui pourront se substituer à lui pour un exercice dont il était bien piètre. Prendre le risque de se présenter auprès d'Eurynome lui-même n'avait plus rien de raisonnable, eu égard de son état. S'il n'avait de béquilles, il ne serait plus debout. Il se sentait tel un parasite vivant au crochet de son jumeau, un poids mort que son aîné trainait envers et contre tout. Il ne haïssait, il s’écœurait et les propos de l'Aîné n'avaient fait que de mettre des mots sur ce qu'il n'osait s'avouer à lui-même. Il n'avait pas grandi comme un Earl, il n'avait pas même la carrure de celui qui évolue dans les Hautes Sphères de l'Envers et pourtant, pas son nom, y logeait, et de mérite aucun il n'était couronné. Il devait changer. Il ne pouvait se permettre de poursuivre en cette voie, écraser son jumeau de tout son poids. Il devait se battre, alors il aurait du refuser le contrat qu'on l'enjoignait à signer. Il aurait du y aller lui-même voir Elie Mortimer, il aurait du se gonfler d'espoir et d'assurance... Mais il fut persuadé par une voie qu'on pouvait appeler 'raison' qu'entamer sa volonté de changer en grimpant sur une marche bien trop haute pour lui était le meilleur moyen de se casser le nez. Il prendrait les défis et les responsabilité à sa hauteur, progressivement, graduellement et ne pouvait se jeter dans le vide parce que le désir lui avait fait pousser des ailes. Il serait, lui aussi, un Icare à ce jeu là.

L'Earl saisit la plume aux courbures dorées et d'une encre noire entacha le bas du contrat de sa signature. Il ne paierait jamais sa dette. Non pas par volonté. Tout simplement parce que la vie de son frère avait une valeur telle que rien au monde ne pourrait payer cette dette, même ainsi fractionnée. L'Aîné se berçait d'une illusion sordide et quand bien même il se montrerait patient, croyant même à une vie postérieur, il n'aurait jamais seulement un centième de ce qu'Howard représentait pour lui. « Payer le prix de sa vie à mes yeux. Voilà un tarif bien fluctuent. » fit-il gave et pourtant raisonné : « Si Howard Earl est aujourd'hui tout pour Morghann Earl, comment pouvez-vous vous assurer que sa valeur sera toujours aussi forte dans cette vie ou dans une autre ? L'amour peut s'accompagner de tant de déceptions et s'achever en haine. Vous pourriez vous retrouver vous-même endetté par un tel contrat. » Il marqua une pause avant de reprendre, pensif : « Je pourrais même l'avoir oublié, un jour, dans des siècles, s'il prenait l'envie au destin de me ramener. » Payer le prix que sa vie a à ses yeux n'avait rien de certain. Si pour l'heure, son affection pour son jumeau était brillante, l'éclat pouvait ternir. « Je suppose que c'est ce que vous trouvez amusant dans tout cela. L'impossibilité de payer. Les aléas de l'avenir. Les jeux et les obligations que cela pourrait nous conduire à accepter. C'est justement parce que cela peut se transformer en inimaginable que vous prenez le risque ? » Qui sait aussi ce qu'il serait capable d'accepter si sa dette venait à devenir plus faible et qu'il soit sur le point de la payer intégralement ? Qui sait de quelle étrange acceptation il serait l'auteur avec l'appât d'en finir qu'avec la raison d'une quête interminable ? Là était même un prix pire à payer qu'il ne l'imaginait. Il acheva la signature et il sentit l'entâchement marquer son âme déjà mutilée. Il inspira mais il sentait toujours sa présence, une présence à laquelle il devrait d'habituer à présent.

Dans un même temps, il se déchargeait d'un autre poids, celui que lui avait imposé l'avenir incertain de son jumeau : à présent il était mis sur rail et il n'avait plus qu'à l'attendre à la prochaine gare avec une presque certitude que tout se passerait rien. « En avons-nous terminé ? » demanda-t-il prêt à prendre congés et loin de s'éterniser avec l'Aîné. Pourtant lorsque ses noires prunelles s'accrochèrent à l'Ancestrale créature, elles se teintèrent d'un intérêt pour sa personne, pour l'être qu'il était. Il avait, à son sujet, des questions informulées, des interrogations qu'il ne voulait assouvir trop promptement. Peut-être reviendrait-il le voir, en vérité, il n'avait aucune idée de là où le pousserait sa fascination.

Dim 3 Juil - 16:45
• • • • • •
Meyrick Vetrov
L'étrange sous la normalité :
Créature, disent-ils, se targuant de le classer, de le comprendre et de l'adresser, pensant, sans doute, ses ailes étriquer, son esprit évincer, par l’appellation écrasée… Il ne l'est pas, ne le sera jamais. Les mots, les noms portent plus qu'ils ne peuvent l'appréhender, et son être au chemin lézardé d'impacts de destins aussi divers qu'altérés, porte déjà l'empreinte d'un concept unique : il est un Aîné, l'ailleurs son royaume par tant de vermisseaux occulté.

Tell me More : Douce et délicate petite chose que le secret, comme les ailes d'un papillon qu'il s'amuse à trouer de la pointe d'une aiguille.
PROFESSION : Héraut des Aînés
Crédits : Jovana Rikalo & Altug Elveris
Messages : 81
Points : 3105
Meyrick Vetrov

Ah... Morghann Earl était donc de ceux qui tentaient de connaître ses motivations et ses pensées. C'était une espèce rare sur terre que ces individus. Beaucoup d'êtres ne cherchaient pas plus loin que ce qu'ils recevaient de lui, pour de nombreuses raisons, toutes parfaitement compréhensibles. Certains craignaient ce qu'ils pourraient se voir révéler, d'autres estimaient que ce n'était pas leur place que d'apprendre ses secrets, d'autres encore ne prenaient que l'évidence, instinctivement. Il n'était guère sage de tenter de le comprendre. Même parmi les races au-delà de la Terre, l'appréhension de ses pensées était un jeu joué avec prudence et par des intellectuels à l'esprit libre, capables de saisir insaisissable de ce qui obéissait à un plus grand entendement. Certaines races, lorsqu'elles atteignaient leur Zénith, après un contact prolongé avec les siens, parvenaient parfois à atteindre une forme de discernement à leur encontre. Mais les humains étaient encore très loin de ce stade de grâce, et pénétrer dans ses pensées équivalait à la mort dans le meilleur des cas. A la folie dans la plupart. Et parfois, à une forme de dégénération. Mais il ne cherchait jamais à les en empêcher. Cela l'amusait. « Est-ce ce que vous pensez de mes motivations ? » Il tenait un bon bout de vérité, mais pas totalement. L'ampleur de son investissement lui échappait et c'était très bien. S'il l'apprenait un jour, lui jubilerait de la réaction qu'il aurait, la savourerait presque à la hauteur de la valeur demandée. Ce qu'il venait de s'offrir comme cadeau de Noël en avance, c'était son équivalent des sub-primes. Et il allait en profiter, le moment venu. Le contrat était signé. Désormais il n'y avait plus de retour et cela lui allait parfaitement. Les profondeurs qu'atteindrait son nouvel obligé seraient une découverte fascinante. Et oh comme il espérait que son frère le découvre ! Comme il espérait pouvoir assister à l'explosion de ce dernier pilier, une atroce réalisation de plus pour cet homme déjà bien miné. Ce serait si drôle. « Vous sont-elles importantes ? » Oui… ne serait-ce pas dans son intérêt à lui qu'il fasse un mauvais pari ? Pourquoi se soucier de ce sur quoi il misait ? Redoutait-il déjà l'échéance et ce qu'elle apporterait ? Auquel cas le spectacle commencerait bien plus tôt qu'il ne le pensait. Ce qui était déjà une preuve qu'il faisait bien de prendre les enjeux.

La marque était là, bien en place, et quiconque tenterait de s'emparer de son âme aurait bien des soucis à se faire. Et lui en rirait plus encore. Glissant une main dans l'intérieur de sa veste, il en sortit un petit objet long et rectangulaire. Dans la lumière, il semblait fait de malachite, et son embout était délicatement gravé d'une petite figure d'un animal impossible à identifier clairement, mais dont l'allure était celle d'un oiseau. Le corps de l'objet était également gravé, mais de signes ressemblant à des hiéroglyphes torturés. Il en apposa alors le bout non gravé sur le contrat, le scellant de sa propre essence. Puis, il dissimula de nouveau le sceau et de ses longs doigts, il roula le contrat et appela l'un de ses serviteurs pour le lui confier, ainsi que des instructions données à voix basse. « Cela ne dépend que de vous Lord Earl » répondit-il finalement avec un sourire poli mais d'une chaleur amusée. Il voyait sa curiosité, mais ne cherchait ni à l'encourager, ni à le décourager, attendant de savoir s'il mordrait immédiatement dans le fruit défendu ou s'il lui faudrait revenir le voir. « C'est vous qui avez sollicité cette entrevue après tout, je ne saurais vous priver d'une occasion d'assouvir vos… curiosités ? » Le ton était curieux, délicatement expectatif, à l'insinuation parfaitement dosée. La réaction lui arracha un sourire discret et il inclina la tête sur le dos de sa main, paraissant soudain sensiblement plus âgé. « Oui, c'est bien ce qu'il me semblait » Morghann n'avait pas encore émit un mot, mais il avait fort bien compris et cela ne le gênait en rien puisqu'il serait revenu de toute façon. Se levant, il invita le nécromant à faire de même et lui serra la main avant de le raccompagner sur une partie du trajet, marchant lentement, la démarche posée. Lorsqu'ils se quittèrent, son regard l'accompagna encore un moment avant qu'il ne se détourne avec un rire léger. Voilà qui concluait fort bien cette entrevue.  

Mar 5 Juil - 17:01
• • • • • •
Contenu sponsorisé

• • • • • •
 
Verre | Morghann
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» You can't get rid of it | Morghann
» Ghost story | Howard & Morghann
» Tomber sur un os | Morghann
» Be our guest ? | Morghann
» Flower Duet - Morghann

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Weird Tales ::  :: Refuges aux pensées :: Archives de RP :: Janvier - Mars 2016-