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 Flower Duet - Morghann

Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
PROFESSION : Neurologue
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Howard Earl
Le Sacrifié
Flower Duet
“Aller à l’opéra, comme se saouler, est un péché qui comprend sa propre punition.”


Quand on s'appelait Earl, il n'était pas si dure d'obtenir une loge en balcon, pour bénéficier d'une meilleure vue de la superbe scène du vieil opéra. Dans d'autres circonstances pourtant, il aurait sans doute eut plus de mal à faire accepter cette demande, en raison de la distance qu'il avait prise avec Last End durant des années. Force était pourtant de le reconnaître, s'il avait la ville en horreur, il n'en allait certainement pas de même de ce lieu. L'opéra était l'un de ces séjours du goût et du raffinement qu'il prisait. Et celui-là en particulier. La musique était un domaine pour lequel il n'avait guère de facilités. Pour ne pas dire qu'il était littéralement incapable de produire la moindre mélodie acceptable. Malgré tout, il savait l'apprécier. Et la distinguer, la commenter… Bon public, s'il ne pouvait être bon compositeur. L'opéra était un mélange de toutes les disciplines musicales classiques qu'il adorait et qui, chez lui, produisait ce qui pouvait s'apparenter à une véritable paix. Il aimait les soirées policées, au silence un peu étouffé, et aux lueurs ambrées, sur les bois lambrissés. Un univers de costumes éclatants, de titres ronflants, parfois également. Un univers éclatant dans sa maîtrise artistique, et qui, parmi tous, le réconciliait avec l'humanité. Et en cette soirée, rien n'y dérogeait. Rien ne changeait. C'était un lieu parfait pour se détendre et pour décompresser… au moins un peu. Et il le nécessitait. Entre ses propres plans, son frère et la récente infamie qu'il portait comme une cangue en mémoire de la faiblesse que chez lui, Proserpine avait une fois de plus insufflée. La diablesse, tout comme Mortimer, avait un trop fort ascendant sur lui, et c'était entièrement sa faute. Il lui fallait s'améliorer. Encore. Chercher à se dépasser. Mais avant d'y travailler, encore lui fallait-il chercher à faire table rase de cette ardoise qu'il se traînait.

L'opéra donc. Lieu d'enchantement, d'émerveillement… Quoi que, pas pour tout le monde. Un regard jeté à son frère, tandis qu'ils grimpaient les marches, qui vers l'entrée les menaient. Son frère n'était, aux dernières nouvelles, pas aussi sensibles à ce genre de spectacles, pas aussi appréciateurs de ces beautés. Il fallait le dire, cependant, Morghann n'était pas exactement le modèle type du Earl que l'on s'attendait à croiser. Il était différent. Et son frère voulait croire qu'il y était pour quelque chose, sans pouvoir pourtant rejeter l'idée que son cadet était tout simplement une anomalie. L'exception qui confirme la règle… ou bien était-ce l'exception par la règle confirmée ? Peu importait, il avait tout de même accepté de l'accompagner. C'était un effort… un effort qui n'était sans doute pas totalement étranger à la discussion qui avait résultée de leur première nuit dans le tombeau qu'il avait aménagé.  Est-ce que cela le gênait, de profiter ainsi de ses aspirations, ou simplement d'accepter la possibilité qu'il ne se livre à ce qu'il ne devait concevoir que comme une corvée uniquement pour lui plaire et l'appâter ? Non, pas sur l'heure, bien qu'en définitive cela devrait lui traverser l'esprit, et qu'alors il le ressentirait comme une impureté, une fausse satiété. Mais pour le moment, il s'en satisfaisait. Pourquoi en discuter ? Lui voulait cette soirée, Morghann voulait sa compagnie et voulait le convaincre de ses potentialités. Tout le monde s'y retrouvait ! Et puis quand il y pensait, ce n'était pas si mal, l'opéra en question était suffisamment intéressant pour qu'éventuellement, son cher jumeau puisse y trouver quelque intérêt, s'il se tenait à un minimum d'effort sincère. Un opéra qui différait des habituelles pièces italiennes, et autres habituées.

Lui-même l'avait déjà entendu voilà quelques années, à l'occasion d'un voyage dont il se souviendrait longtemps. Lakme était un compositeur d'immense talent et savait faire vivre ses œuvres au-delà de leurs temps présents. Et surtout, il n'était en rien agressif. C'était l'art idéalisé pour quiconque voulait se changer les idées et, pendant un temps, son noir environnement oublier. Et c'était ce qu'il désirait. Oublier, pendant un bref moment. A la faiblesse humaine céder. Mais était-ce bien une faiblesse que de pouvoir se renouveler ? Son souffle raviver ? A bien y réfléchir, il ne pouvait l'affirmer. Peut-être n'était-ce tout simplement pas une question de force ou de faiblesse, peut-être que ça ne l'avait jamais été…. L'idée se trouvait balayer, d'un revers impalpable dans son psyché, tandis qu'il pénétrait dans le grand hall illuminé, les présents observait. Ils étaient nombreux en cette soirée, sans doute, pour la plupart, dans l'accomplissement d'un but similaire recherché. L'atmosphère de la ville se dégradait, lentement mais sûrement. Cela donnait fatalement envie de s'en évader. Est-ce qu'ils y parviendraient ? Pour une fois, il le leur souhaitait. Soupirant légèrement, il laissa son regard traîner sur un couple à l'apparence raffinée, puis sur son frère, pareillement apprêté, pour l'occasion et sur sa demande motivée. Il ne voulait pas avoir honte de son cadet. Ni de lui-même, c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait prit soin d'être sous 'calmants' pour l'occasion qui se présentait. Les conversations policées bourdonnaient, les groupes s'entrecroisaient. Un employé s'approcha de leur duo, et il présenta leurs tickets avant de confier son manteau. Le froid de Septembre s'était installé.

« Morghann ? » Un instant, il le crut échappé. Pourtant, non, il était bien là, tout près. « Veux-tu bien rester là où je peux te voir ? » Bas il parlait, bien assez pour ne pas l'humilier pour qui que ce soit, avant de reprendre, d'un ton plus conviviale, du moins plus adapté à l'environnement dans lequel ils voguaient. « Nous avons le balcon central, la pièce débute dans un quart d'heure. Le temps de nous installer et de prendre un… thé ? A moins que tu ne m'accompagnes pour quelque chose de plus corsé » Buvait-il à présent ? On ne savait jamais. Et s'il ne faisait nul mention de leurs singularités, ou de celles de leur situation, c'était dans l'optique de faire de leur sortie un fragment de paix dans cet univers tourmenté. Simplement le temps de deux frères partageant un peu d'intimité, de vie commune, comme ils avaient parfois pu le faire par le passé. Des moments qui avec le temps s'étaient éparpillés, qui rares s'étaient faits… Mais là-dessus, pas besoin de s'attarder, le passé était le passé, c'était l'avenir qui lui importait. « Veux-tu attendre encore un peu ? »

Sam 24 Oct - 23:13
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
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Morghann Earl
L'opéra donc. Voilà ce que lui avait proposé son jumeau et que béatement il avait accepté comme s'il se faisait offrir un présent prématuré à sa date anniversaire et qui pourtant, l'enjouait tant qu'il ne pourrait refuser, même s'il l'avait un seul instant pu s'en désintéresser. Les souvenirs des salles de spectacles, ces chants enivrants, mélodie habile avaient fait assaut dans son esprit. Il ne s'agissait cependant pas de ses propres mémoires mais bel et bien celles de son jumeau, abruptement dévorées à leurs retrouvailles. Lui-même n'y avait jamais personnellement mis les pieds, toutefois l'expérience qu'en éprouvait son aîné avait suffi à lui illustrer combien pour lui, il s'agissait d'un havre de paix. Il fut même touché qu'il lui propose de l'accompagner, de partager avec lui cette bulle hors du temps, loin des tourments de leurs quotidiens, une bulle pour eux deux, pour y souffler et s'évader. Alors oui, même s'il n'y connaissait rien, même s'il risquait de profondément s'ennuyer, il avait accepté l'invitation et s'était plié aux exigences vestimentaires de son jumeau. Il avait fait fit de ses habituels jeans sombres, de ses boots boueuses à en faire pâlir ces gens de haut goût s'il se pointait avec dans un opéra. Il aurait été la risée de tous et son frère en aurait probablement eu honte. Son objectif n'était pas ici, bien au contraire, c'était de la fierté qu'il aspirait à contempler dans ses prunelles sombres comme ses lacs d'encre de Chine. Alors il avait fait cet effort et dans son miroir, c'était d'avantage son frère que lui-même qu'il pouvait observer en reflet, ainsi habillé. Un fin sourire avait alors effleuré ses lèvres, constatant une fois de plus l'ascendant qu'Howard avait sur lui. Il s'en satisfaisait sans nul doute.

Son regard sombre comme le charbon flattait l'architecture de la façade. Encore une fois, il s'agissait d'avantage des souvenirs gémellaires qui lui revenaient, mais qu'importe, ils lui appartenaient à présent. Son œil était guidé par la mémoire de son frère, comme si mentalement il lui montrait du doigt ce qu'il y avait de plus beau. Il s'en désintéressait certainement, mais il se plaisait à voir en vrai ce qui donnait tant de plaisir à son aîné. En cela, ses yeux semblaient s'émerveiller. Ils gravirent les marches, avant d'entrer, et une fois n'était pas coutume, son regard était guidé par son aîné vers les tableaux pour lesquels Howard portait de l'intérêt. Il arquait un sourcil parfois devant l'un d'eux. Il n'était pas autant insensible à l'art qu'il n'y paraissait mais de là être transcendé par deux gouttes d'huile qui se battaient en duel pour une teinte de couleur ou une autre... Il se détourna et vers une vendeuse, il s'approcha pour réclamer un paquet de bonbon, ce qui fit rire la dite vendeuse qui ne vendait en général les bonbons qu'aux enfants. Morghann s'était alors étonné qu'il existe des parents capables d'enfermer leur pauvre enfant dans un opéra. Le gamin devait s'ennuyer à mourir... Sauf s'il s'agissait d'un Howard en puissance ou qu'une oreille absolue, futur prodige de la musique. Fier de sa trouvailles, le cadet se déplaçait en ce lieu comme un éternel habitué, prenant toujours pour guide le mémorial de son jumeau, et revint vers son frère qui l'appelait. Il frissonna à son nom de sa bouche prononcé, ses prunelles sombres et fidèles s'inquiétèrent de répondre à son appel. A son ordre, bas, il acquiesça de la tête, laissant sur ses lèvres un sourire joueur naître : « Craindrais-tu que je me fasse kidnapper par un pédophile ? » Il agita le paquet de bonbons pour qu'Howard remarque la présence de son achat et taquin, il ajouta un : « Je t'ai mis le pédophile au frais si tu souhaites le rosser dans la nuit. » susurré au creux de son oreille, loin de vouloir révéler au grand public leurs talents de nécromanciens déjà bien trop soupçonnés. « Sauf si tu préfères t'occuper de moi. » poursuivit-il, murmure espiègle. C'était qu'il avait quelques bêtises à se faire reprocher et gronder. Il avait beau désirer se conformer à la volonté de son frère, il restait lui-même, l'être cynique. Il avait ri de la crainte soudaine de son frère de l'avoir perdu. C'était malvenu, il ne pouvait toutefois s'en garder. Il serait devenu bien terne, sans discussion aucune. L'humour et l'ironie étaient ses langages favoris. Il se mordit la lèvre pour se faire taire, baissa les yeux, d'un air navré et sursauta lorsque l'employé, dans son dos, les salua et leur demanda leurs entrées.

Les jumeaux se défirent de leur manteaux, le cadet frissonna au froid de septembre qui filtrait dans cette entrée par les portes ouvertes pour les clients. Dans la salle de spectacle, il seraient mieux logés. Son regard s'attarda sur la file de personnes qui venaient pour le spectacle, dans leur tenues de soirée. Les femmes rivalisaient de maquillage, de soie, de perles, pierreries et fourrures, les hommes affichaient un élégant raffinement, costume sur-mesure taillé, bouton de manchette exhibés, chausses de cuir parfaitement cirées. C'était à en faire tourner la tête et le mettait certainement mal à l'aise, même si de mondanités il était habitué. Cela lui rappelait que trop la rigidité Earl de laquelle il s'était émancipé. Voilà qui était paradoxal qu'Howard trouvait son aise en pareil endroit. Étourdi, c'est sur son frère que son regard s’agrippa, y cherchant un certain secours au sein de cette fausse aux serpents. Et dire que ceux-ci seraient probablement inoffensifs, loin d'être les pires qu'il puisse rencontrer à Last End. « Bien sûr que je t'accompagne. » répliqua-t-il calmement comme si ses propos étaient imbibés d'une logique implacable. Où il irait, il le suivrait et si cette route était pavée d'alcool, il s'y engagerait tout de même. Il avait connu les soirées étudiantes. Loin d'avoir abusé pour autant, il savait savourer la brûlure liquide qui se déversait dans sa gorge avant de l'emplir d'une chaleur torride. « Je ne suis pas même certain que tu arrives à me suivre sur ces horizons-là. » Un doute dans son sourire qui s'effaçait. Ses yeux s'étaient arrêtés sur une femme richement vêtue et accompagnée d'un gentleman. Elle était brune et lui rappelait terriblement Kessy dans sa façon de se porter, de converser et même de sourire, non pas dans les traits de son visages. Il resta un instant fixé, immobile, absorbé alors que son expression se brodait d'une peine mélancolique. Il était loin d'ici leur cocon, hélas. Il ferma les yeux pour vider son esprit et ne les rouvrit que pour s'inféoder à son frère, se délectant de son autorité et sa présence. « Non. Allons-y. » Moins il verrait cette femme et mieux il se porterait. Il était venu ici pour profiter d'Howard, non pas pour se laisser dompter par des fantômes. Balcon central, loge privé : il s'y rendait, marchant devant son jumeau, pour qu'il reste à sa vue comme il lui avait demandé. Il se dirigeait comme un habitué, comme si ce n'était pas la première fois qu'il se rendait ici... Et pourtant, ses pieds n'avaient encore jamais foulé cette terre par le passé. Les souvenirs de son frère traçaient son chemin et lui offrait une certaine aisance.

La loge était confortable, comme il s'y était attendu, leurs boissons les suivaient, sur un plateau portées. Il avança jusqu'au bord de la balustrade, s'y pencha, vertige habituel, il vacilla, recula, ferma les yeux pour calmer son système vestibulaire et lorsqu'il se retourna vers Howard avec un sourire pour cacher son malaise, yeux brillants... Ce fut pour bredouiller un : « C'est haut. » Ça n'était pas si haut, mais il l'avait perçu comme tel. Il s'installa près de son aîné alors qu'un brouhaha étrangement discret emplissait la salle avant le spectacle. Son regard s'attarda sur la jambe estropiée d'Howard, de ses souvenirs ressurgissait cette sanglantes scène face au wendigo qu'il chassa rapidement, bien trop inconfortable. « C'est... Grisant. Depuis que nous sommes ici, je navigue davantage dans tes souvenirs que dans les miens » confessa-t-il, bas. Il l'inonda d'affection lorsque son regard croisa le sien : « C'est comme si j'étais chez moi. » Un sourire gêné, regard fuyant : « Et pourtant, ça ne l'est pas vraiment... » Il prit son verre, en contempla quelques secondes, visiblement songeur, la liqueur dorée, puis finit par lever sobrement son verre : « A toi. » Propos tendres, veloutés, propos d'un fidèle devant sa divinité.

Sam 24 Oct - 23:32
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié
S’il craignait de le voir se faire enlever par un pédophile ? Non. Par autre chose, peut-être bien, on ne savait jamais. Ce n’était, après tout, pas complètement fou que de craindre ce que son cadet pouvait provoquer, en particulier lorsqu’on gardait en mémoire les raisons de son retour à Last End. Qu’il soit confronté à un pédophile serait bien le dernier de ses soucis, tandis qu’il s’imaginait davantage devoir le secourir d’un vampire, d’un loup-garou ou, pire, d’un démon, pour ne citer que les menaces surnaturelles qu’ils pouvaient rencontrer. Sortant de ses pensées au son du sachet froissé et secoué, il haussa les sourcils, papillonnant un bref instant des yeux, reculant quelque peu la tête pour finalement observer les douceurs présentées. Où avait-il trouvé ça exactement ? Il ne l’aurait tout de même pas volé à un quelconque garnement… Son regard, un instant, se fit suspicieux à cette pensée, imaginant parfaitement son frère se complaire dans ce genre de petits coups navrants…. Avant de chasser l’idée. Non, il ne pouvait être si bassement tombé. Pas même lui. Quoique… « Je pourrais m’occuper de vous deux..  » suggère-t-il alors, à nouveau tout bas, pour que leur conversation de tombe pas dans d’autres oreilles de mauvais aloi. Pourquoi pas ? Si Morghann le tentait, il pouvait très bien à sa faiblesse céder et corriger quelque peu son gémellaire cadet. Une fois qu’ils seraient rentrés, évidemment, puisqu’il n’était nullement question de se risquer à pareil exercice en un lieu si fréquenté. Et même alors, il ne serait pas acceptable de s’adonner à leur échange secret dans la demeure Earl elle-même, par crainte que le reste de leur parenté ne vienne à avoir connaissance de leurs pratiques reprouvées.

Incapable de réprimer l’envie ainsi incitée, il dû se résoudre à contenir le frémissement d’impatience qui le traversait, ses yeux luisant sourdement tandis qu’il l’observait. Quelque chose fit surface en lui, une tension serrant son dos autant que ses entrailles, et il se secoua intérieurement dans l’espoir de se faire revenir les deux pieds sur terre, cillant pour ensuite chercher une solution qui pourrait occuper son esprit à présent émoustillé. Un sourire fin, légèrement pincé, transpirant d’une satisfaction consommée autant que d’une attente connivente, ornait ses lèvres tandis qu’il se livrait à sa quête pleine de saine nécessité. Pour ne pas cingler son frère d’un silence empesé pendant ce temps-là, autant que pour tenter de faire disparaître ce rictus qui marquait ses traits, il chuchota : « Tu sais, j’aurais éventuellement pu t’imaginer aux prises avec un quelconque pédophile, mais non comme tu t’y attendrais  » Il avança d’un pas et demi, frôlant son épaule de la sienne et se penchant avec complicité, ne cachant pas le partage du secret tout en se gardant bien de le révéler à tout autre que celui auquel il le destinait. Et d’un ton chaud et amusé, ou le rire se soufflait, esquissé mais non relâché, il poursuivit avec taquinerie. « Je t’imaginais plutôt sciemment l’attirer et le piéger, une illusion pour compagne de méfait… ou bien simplement une jolie pair de bas et un porte jarretelle ajusté… Pourquoi pas une petite robe pour l’accompagner, histoire de donner le change et te faire chaperon rouge à la chasse aux loups… Prévient-moi si l’idée te tente, je ne saurais la rater  » Et d’une tape amicale sur l’épaule, il se consacra à l’employé qui les interpellait. Comme quoi, lui aussi pouvait faire preuve d’humour… non ? En fait et à bien y réfléchir, il n’était pas certain d’en avoir réellement plaisanté et se prit à observer en coin son frère en se demandant tout ça ne lui irait pas en vérité.

Cependant, la question se dissipa quand il trouva de quoi se concentrer. Dans les tableaux de maîtres ? Dans l’ambiance chaude et apprêtée ? Quelque peu, certainement, mais pas autant que dans l’idyllique vision qui trônait aux milieux des langues de chat, des dragibus et autres crocodiles gélifiés. Il trônait là, comme un seigneur sur son trône, dans tout son croquant, fièrement dressé, et l’arrondi des oreilles parfait… Sublime vision que sa légère coque à peine craquelée, que son petit museau qui appelait à la gourmandise, figure même de la luxure sucrée… sa muse, son ambroisie… l’ours en guimauve recouvert de chocolat ! Mais hors de question de le voler à son frère devant quiconque, il tenait bien trop à sa dignité. Alors, il lui faudrait attendre, comme le dangereux chasseur guettant sa proie dans l’ombre, avant de lui sauter dessus pour l’achever, sans lui laisser la moindre opportunité de se sauver. La seule différence majeur, c’était que lui ne pouvait pas sauter, et que l’ours ne pourrait pas s’enfuir sur ses petites papattes d’ours, seulement sur celles de son frère qui n’oserait certainement pas lui enlever le pain (l’ours) de la bouche à moins de vouloir souffrir de son fiel pendant plusieurs jours. Pour autant, il le garda bien à l’œil, transformant leur progression en une plaisanterie ironique, son frère semblant se concentrer sur les lieux que lui appréciait, et lui-même lorgnant avidement le paquet de sucreries qu’il tenait. Un bref instant pourtant, il l’avait senti, vu hésiter, à la vision d’une femme toute en beauté, sans parvenir à décrypter ce qui l’avait ainsi tourmenté. Pour le moment peu importait, avec son frère à ses côtés, l’opéra pour lieu de repos et cet ours en chocolat qui lui tendait ses petits bras, le monde pouvait bien s’écrouler qu’il s’en guignerait.

Bientôt, Morghann le dépassa, et quelque chose en lui se brisa tout autant qu’il s’en trouvait enchanté. Ainsi, son jumeau il ne pouvait rater, exactement comme il le désirait… de l’autre, son ours lui échappait. Et si Morghann le mangeait ? Malheureusement son cadet avait la patte bien plus leste que lui et semblait parfaitement se diriger, bien que n’étant jamais venu ici séjourner. Curiosité passagère, avant qu’il ne se concentre sur les marches qui se présentaient et qui, fatalement, se transformaient pour lui en des épreuves de forcené. Puis finalement, ils purent jouir du décorum que la loge centrale leur offrait. Magnifique paysage humainement créé. En contre-bas se trouvaient respectivement la scène, large et spacieuse, de bois lustrée, et des sièges les rangées. L’estrade était encadrée de lourdes tentures, le cadre de bois qui les retenait une merveille baroque aux gravures délicates et dorées. Les replis dissimulaient certains des éclairages nécessaires à ce lieu, tandis que le fond de toile de la scène démentait la profondeur de cet espace aux officiants attribué. Elle s’avançait, l’estrade de bois vers les spectateurs projetée, en demi-cercle tandis que les rangs de sièges confortables s’y emboîtaient, augmentant là l’impression de grandeur qui à l’entrée déjà s’esquissée. Le dôme était peint, mais la fraîcheur des couleurs avouait une reprise moderne, sans nul doute pour conserver cette partie sans doute appréciée de la grande salle d’opéra. Le bourdonnement des voix se trouvait sensiblement contrasté, ici, plus sourd et grave, et comme résonné par l’ensemble des lieux. Leur propre loge était caractéristique, avec ses gravures et ses sièges sculptés, son velours et ses allégories peintes.

Il s’installa avec autant de dignité qu’il pouvait en manifester, et étendit sa jambe blessée. D’une main, il prit le verre qu’on lui tendait, tandis que son frère il surveillait. Morghann semblait soudain… et bien, il n’était de toute évidence pas à son aise. Fronçant les sourcils au commentaire, il hocha légèrement la tête et observa la foule en contrebas, qui s’installait. « Oui, c’est vrai  » Il n’allait pas épiloguer pour le moment, mais sans doute y reviendrait-il par la suite, car ce qui troublait son frère, il ne pouvait l’ignorer. Il le regarda approcher, s’installer et l’écouta avec grande attention, penchant légèrement la tête sur le côté, une expression attentive se dessinant sur ses traits. Il naviguait dans ses souvenirs ? Voilà un phénomène auquel il était étranger, et qui l’intriguait. Son domaine de connaissance n’y était pas tant rattaché, et de nombreuses questions émergeaient, qu’il se retenait de poser, doutant même que son frère puisse y apporter une réponse. Leurs regards se croisèrent, et il retint le sien, pour finalement sourire discrètement. Il éleva son propre verre, répondant à son toast, et en savourant le contenu d’une gorgée mesurée, laissant l’alcool dans sa gorge pétiller. Se pinçant un instant les lèvres pour happer une goutte ambrée, il en profita pour pondérer les mots qu’il allait prononcer. « Cela peut être chez toi si tu le fais tiens. Je n’ai guère de précisions à apporter quant aux souvenirs que tu as volés, ou les conséquences de ce larcin, mais je ne doute pas que, si tu décides d’apprécier les lieux, tu n’auras aucun mal à effacer… ce qui est mien  » Pondérant un bref moment la suite de son parlé, il décida finalement de se redresser, déposant son verre sur le plateau qui leur était resté, sur un portant installé.

Ses mains virent se poser sur ses accoudoirs, son corps penché en avant, son front et le sien se frôlant en un geste presque habitué. Prunelles contre les siennes, il poursuivit dans un souffle : « Je suis ravis que tu ait accepté de m’accompagner. Mais je ne te forcerais pas à aimer ce qui, moi, me plait… Si cela doit arriver, je préfère encore que ce soit de ton plein grès, et, plutôt que les miens, avec tes apprêts… Nous verrons bien cela  » Conclusion d’un demi-sourire avant qu’il ne se redresse et ne lui chipe le paquet de sucreries, affichant, alors qu’il se rasseyait, une mine aussi fière que satisfaite. Pêchant enfin son ours tant convoité, il le croqua avec un air de pure satiété, s’appuyant largement dans l’assise. Ce qu’il découvrit, c’est qu’il y en avait d’autres, qu’il piocha tandis que les spectateurs s’installaient. « En y réfléchissant bien, il m’apparaît que nous n’avons pas tant partagé nos personnalités… Tu ne penses pas ? Même lorsque nous habitions ensembles pendant nos études, nous étions plongés dans nos cours ou nos… activités personnelles, mais nous restions largement isolés. Nous savons pourquoi, mais ne serait-ce pas une idée que de changer tout cela ?  » Tout ce qu’il découvrirait, il pourrait l’utiliser. Tout ce qu’il découvrirait pourrait lui servir, et en retour, Morghann apprendrait ce qui lui plaisait de ce qui le répugnait…

« Je crois que la seule chose que j’ai jamais exprimé a été mon appréciation pour les bocaux de cornichons et leur contenu originel  » Il pouffa, fit sa fête au dernier ours et récupéra son verre comme si de rien n’était, nullement troublé… « J’ai d’ailleurs sans doute oublié de te dire que nous n’allons pas rentrer immédiatement après la représentation. J’ai réservé dans un restaurant…  » Son regard, contrairement au reste de sa personne, se fit tranchant. « J’ai également dans l’idée d’y débuter ta punition puisque tu me l’a si gentiment suggéré…  » Voix soudain veloutée, légèrement traînante et suggestive, lacée d’une complicité posée pour accentuer encore sa propre part dans cette décision, ses longs doigts jouant avec le verre. « J’espère que tu apprécieras plus encore que cet opéra… après tout… tu en seras la diva... MA diva  » Léger ourlé de la commissure des lèvres, tout son être adouci, yeux exceptés « Mais ne t'en fait nullement, ce ne sera certainement pas comme la dernière fois... C'est un moment à partager, après tout.... un moment à apprécier »

Dim 25 Oct - 12:01
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Morghann Earl
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Morghann Earl
S'il pouvait s'occuper des deux à la fois ? La mine de Morghann se renfrogna, probablement vexé qu'il ne l'ait pas choisi lui, et lui seul, en proie à sa crainte de ne pas lui suffire. Un sourire taquin avait rapidement reprit place sur ses lèvres alors qu'il répliquait, bas : « Tu es bien trop gourmand Howard. Pour la peine, tu n'auras que le pédophile tout pourri. » Réponse puérile à bien y songer, qui rimait sans se tromper à un 'pour la peine, je ne jouerai pas avec toi', renforçant l'idée d'un enfant piégeable par un pédophile. Il haussa les épaules, observant un instant son aîné, amusé par cette idée saugrenue qu'il lui avait mise en tête et qui, presque imperceptiblement, faisait son chemin dans son esprit. Ça l'amusait, sans qu'il n'aille jusqu'à imaginer que cela puisse réellement se passer, que son frère puisse le punir. Il ne voulait pas anticiper ce qui se produirait probablement un jour s'ils avançaient dans cette voie tout deux. Il voulait le découvrir au moment venu, et trancher des émotions qui le saisiraient en temps et heure. Il avait un instant présent à vivre et il ne comptait pas le gâcher par quelques attentes dont il pourrait être désillusionné.

Contre son épaule, Howard vint se placer pour que d'une réplique délirante, il vienne le cingler. Son sourire, de son visage, s'effaça d'un seul coup, le laissant blême de cette imagination incongrue. Il arqua un sourcil, se demanda d'où l'idée avait pu venir à son aîné avant que vif, il ne réponde des propos acerbes : « Moi au moins, quand je vais à la chasse au loup, je reviens avec mes deux jambes. » C'était petit, probablement autant vexant que ce son son frère lui infligeait, d'ironie sarcastique bordée. Ça ne devrait pourtant pas surprendre son frère : c'était du Morghann tout craché en temps normal. Il n'y avait pas été de main morte, appuyant là où sa faisait mal, l'infirmité fraternelle. Un instant, il se surprit à penser qu'il n'avait été aussi violent que pour donner à Howard les motifs de le rosser d'autant plus tôt. Alors, il poursuivit : « Tu devrais essayer la prochaine fois que tu vas risquer ta vie, les bas à résilles. Ça te portera d'avantage chance, tu ne crois pas ? » Il haussa de nouveau les épaules, ingrat enfant, et passa devant. En chemin, il redevint un peu plus sérieux, révélant un : « Je ne sais pas ce qui doit exactement m'affliger : que l'idée ait germé dans ton esprit.... Que tu m'imagines capable d'un tel accoutrement... » Un regard son son frère par dessus son épaule : « Ou que tu sois en train de te demander si ça m'irait. » S'il l'avait deviné ? Ce n'était pas mal était à s'en douter lorsqu'on se faisait regarder de haut en bas après de tel propos. « Les trois je suppose. » conclut-il avant de disparaître à l'intérieur de la loge.

Toast porté à son aîné, il conduisit le verre à ses lèvres, s'en délecta un instant, les yeux clos, bercés par la voix de son jumeau qui lui répondait. Il n'avait pas tord. Il pouvait effacer les souvenirs qu'il lui avait volé, les remplacer. Comme toutes les mémoires, il n'avait pas tout retenu, certaines choses ne lui revenaient à certains moment, comme l'architecture de l'opéra, les musiques du passé qu'il entendait dans sa tête. « Et si je n'ai pas envie d'écraser ce qu'il y a de toi en moi ? » Sa voix était calme, certainement sincère. Toutes ces années à le repousser, à le refuser, à ne jamais s'octroyer une part de lui... Et maintenant qu'il l'avait, comment pourrait-il vouloir s'en défaire ? Comment pourrait-il refuser ce divin présent qu'on lui offrait ? Il aurait fallu être fou et il œuvrait pour ne pas le finir. « Tes souvenirs m'habitent comme les Voix m'habitaient. Ils me parlent, me montrent, m'ouvrent les yeux sur certaines choses que je ne voyais... Tout comme les Voix me contaient l'histoire des Earl, leurs rancœurs intestines, leurs secrets... Tu me fais regarder ce qui m'entoure avec tes yeux, tes sentiments, tes appréciations. Plus que d'avoir fait couler mes larmes, tu m'as offert... Même si peut-être tu ne le voulais, un sursis. Un sursis dans l'attente d'une autre solution. » Dans l'attente de retrouver ses Voix par exemple. « Je ne veux pas les effacer. Au contraire, je veux les préserver, les protéger, ne pas les laisser m'échapper. »

Surplombé par son aîné redressé, front contre le sien, il se sentait gouverné et dompté. Il était à son aise et sans regrets, il aurait pu l'avouer que son ascendant le satisfaisait. Ne lui avait-il pas plus d'une fois confessé ? Il lui laissait son libre choix d'aimer ou non qui plaisait à son jumeau. Le cadet acquiesça de la tête, bien obéissant dans cette position de soumission. Aussi laissa-t-il s'échapper ce paquet de sucrerie que son frère convoitait. D'un sourire, il gratifia ce qu'il pré-sentait, et plus encore lorsqu'il vit Howard dévorer ces pauvres oursons sans défense. Heureusement qu'il en avait sauvé un, peut-être pour mieux le lui offrir en sacrifié lorsqu'il aurait en quelques secondes englouti ceux qu'il avait dérobés. Il fut étonné de sa proposition, celle qui consistait à échanger sur eux-mêmes, apprendre à se connaître. Touché quelque part qu'il se décide à franchir le pas et briser la glace. Le cadet en resta figé, s'interrogeant sur une potentielle plaisanterie qu'il lui servait. Mais il ne semblait démentir, ressassant même cette vieille histoire de cornichons. C'était affligeant qu'en l'invitant à discuter avec lui, Howard lui avait tout bonnement cloué le bec de surprise et Morghann n'osait entamer la moindre anecdote, de peur que son aîné se ravisse de sa demande pour il ne savait quelle obscure raison.

Il baissa les yeux, songeur, et un tant soit peu dérouté par cette porte grande ouverte qu'il avait toujours refusé de franchir par le passé. Le cadet redressa un regard brillant lorsqu'on lui annonça la suite des festivités. Un restaurant, ainsi la soirée ne s’achèverait pas prématurément. La suite lui arracha un sourire, l'intriguait, sans parvenir à percer ce que son frère préparait. Seule la confiance qu'il avait placée en lui, lui laissait la possibilité d'appréhender cet avenir inconnu de façon sereine et même avec... Hâte ? Il se redressa de son fauteuil, bien qu'assis, il s'orienta vers son jumeau : « Que de mystères, tu piques ma curiosité... Elle est, hélas, plus forte que mon amour pour les surprises. Je vais être obligé de te torturer jusqu'à ce que tu m'avoues ce que tu as en tête et il se trouve... » Il dévoila le dernier ourson qu'il avait sauvé du massacre en lui faisant faire de petit cercle devant le visage de son frère, comme cherchant à l'hypnotiser, un grand sourire malicieux : « … Que j'ai les moyens de te faire parler. » Il cacha l'ourson derrière son dos, à l'abri, taquin : il n'offrirait de monnaie d'échange que s'il avait ce qu'il voulait : « Tu as oublié que je te connais beaucoup à présent et que j'ai une bonne longueur d'avance sur toi. Il va falloir que tu redoubles d'efforts pour te mettre à ma hauteur. » Les mémoires de son frère l'aidaient pour beaucoup, même si sur certains points, il aurait préféré les apprendre de lui de façon plus directe.

« Je suis désolé pour les cornichons. C'était pour ma thèse... Il fallait que j'expérimente des choses et les moyens de ces primates sont plus réduits que les nôtres. Dis-toi que ton sacrifice était pour la science. » Comme si ça pouvait lui apporter bonne conscience : « C'était même frustrant... D'avoir d'immenses possibilités auprès des défunts et être à ce point contraint. » Il haussa les épaules : c'était pourtant cette voie qu'il avait choisie et choyée malgré cette frustration : « A croire que la contrainte me plaît, me pousse à l'investir, épouser ses formes, en découvrir toutes les possibilités. On est parfois plus libre par la contrainte que celui qui, sans limite, ne sait exactement où aller et se perd. » Il le pensait, que son frère s'était perdu, que dans sa quête vers l'absolu, il avait oublié de regarder dans quelle direction incongrue il se rendait, là où lui, avait été toujours parfaitement cadré par son aîné. Le jour où il ne l'avait pas été, il avait commis l'offense au Prince de la Mort et avait été puni. Il avait débordé et c'était éloigné de l'enclos d'agneau qu'on lui avait laissé. « J'avais toujours pensé que tu t'enfermais pour regarder du pornographique... ou que tu avais une petite amie cachée, que tu n'osais montrer par crainte qu'il s'agisse d'une faiblesse que tu devais absolument dissimuler. Que comme moi, tu avais réussi à avoir une vie normale même si tu ne me le disais. Tu n'imagines pas à quel niveau de désillusion tu m'as frappé. » Sourire triste avant qu'il ne reprenne : « Tu es resté enchaîné. Même loin de Last End. Pourquoi ? Pourquoi ne t'es-tu pas avec moi émancipé ? Pourquoi n'as tu pas tout envoyé en l'air ? Ta rancœur pour les Earl ? Ton combat face à ce démon ? Qu'est ce que ça pouvait faire ? Quelle importance cela pouvait bien avoir ? J'ai beau savoir pourquoi... Je peine à comprendre, ça sort de mon entendement. »

Il posa délicatement l'ourson contre les lèvres d'Howard, laissant son sacrifié se faire décapiter en lot de consolation, et cachant à nouveau le reste dans son dos, veillant sur sa monnaie d'échange. « Et toi ? Que veux-tu savoir ? » L'invita-t-il, d'une voix basse, presque enjôleuse, enfant amusé par ce jeu qui pourrait lui dévoiler son jumeau par morceaux de lambeaux. Il se sentait déjà bien, en ce lieu. On entendait le brouhaha sourd du monde et pourtant ils avaient leur cocon à eux deux. C'était un intermédiaire entre la solitude et son contraire, là où deux entités pouvaient coexister sans dépérir : Morghann mêlé aux autres, Howard dans son intimité. Il leva à sa vue le reste de l'ourson comme pour le faire flancher : « Alors ? Tu parles ? Quelle punition pourrions-nous 'partager.... apprécier' ? »

Dim 25 Oct - 13:20
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié

Si jusqu’alors Morghann s’était fait sage, tenu tranquille, ce n’était plus le cas et il n’avait guère à se creuser la tête pour trouver une raison de vouloir le corriger. Il lui en servait plus d’une sur un plateau. C’était de sa propre faute, parce qu’il l’y poussait ? Il s’en fichait éperdument. Peut-être n’en avait-il même pas conscience. Mais cette sourde conspiration intérieure, presque effacée, n’était qu’un fil rouge en pointillés. Une étrange tension anima ses lippes tandis qu’il l’observait, détournant un instant ses yeux de l’espace mordoré. « Tu me flattes, mais t’enfoncer dans mes souvenirs n’est pas sain. Je préfère autant, si tu dois vraiment te perdre en quoi que ce soit, que tu préfères ma personne présente à celle passée » A peine un souffle, parfaitement audible pourtant, dans le bourdonnement présent, sa voix portait… « Je te possède » Une affirmation simple, nette et réelle, presque physique « Je te possède, et ce que tu décris là je préférerais autant l’effectuer moi-même. Te guider, je le puis… » Une vague idée lui venant soudain, presque un murmure dans son esprit serein. Oui, une idée à ce sujet, une façon qu’il pourrait employer. Morghann accepterait-il ? Peut-être bien, mais pour l’instant, il devait rester muet, ne rien en dire tant qu’il ne serait pas certains des risques que cela comporterait. Alors seulement il le lui dévoilerait. Et peut-être, cette fois, que ce serait plus qu’un sursis, plus qu’une passade…

Regard pensif un bref instant, puis de nouveau focalisé. Il ne fallait pas trop y penser pour le moment, pas en cette soirée. Le temps, il l’aurait, plus tard, quand il serait de nouveau esseulé. « Il y a tellement plus précieux que ces souvenirs. Entends au moins mon avis, si tu ne le prends en compte. Il ne fait jamais bon de se perdre dans les rêves, en oubliant de vivre » Sujet balayé, clôt pour la soirée. Il y avait bien plus intéressant, pour le moment. Et même son esprit, même son intellect, déviait parfois, choisissant un sujet plutôt qu’un autre, simplement en suivant une fantaisie dont la logique lui appartenait, à lui et à lui seul. Oui, il y avait plus joyeux et c’était ce qu’il voulait, lui en cet instant, il voulait s’amuser, tout simplement. Marcher sur d’autres sentiers que ceux qu’il cheminait habituellement, moroses sinon délétères. La manœuvre de son frère se prenant au jeu lui arracha une expression amusée, son visage se réchauffant, semblant s’épanouir sur une autre forme de maturité, le coin de ses yeux légèrement ridé, par l’amusement, ses sombres yeux pétillant légèrement. « J’ai toujours été excellent au jeu des challenges inégaux… mais ça, tu devrais également le savoir, n’est-ce pas ? » Il s’était préparé à mener des guerres inégales, après tout.

La suite le rendit aussi curieux qu’il s’était amusé de son chantage. « Tu as parfaitement raison. L’infinie possibilité est une illusion, Morghann, une belle illusion sans aucun doute, mais un mirage inévitable. C’est la contrainte qui libère. Qui réalise. Comme il n’y a pas de lumière sans ténèbres, pas de chaleur sans froideur, il n’y a liberté qu’en naissance de la servilité…. Et tu y es merveilleusement adapté » Sourire ourlé, sombre, serment muet mais renouvelé. Jamais il ne l’abandonnerait. Perdant de sa jovialité, il soupira lentement, profondément, vidant l’air de ses poumons alors que son visage, tout comme ses épaules, s’affaissaient sensiblement. Il ne répondit pas immédiatement, et Morghann poursuivit son questionnement. Avec moins d’enthousiasme, il prit le partit de se laisser charmer par l’endorphine par le chocolat créé. « Hm… ? » Le goût du cacao lacté, transformé, passa un léger baume sur son humeur soudain déclinante, mais pas suffisamment pour lui faire oublier l’obscurité qu’il voulait emmener. « Non, je ne parlerais pas. Tu devras attendre pour le savoir » Et il n’en était pas du tout désolé. Sa jambe se plia légèrement tandis qu’il l’observait. « Non, je ne pense rien te dire là-dessus. Te laisser mariner vaux bien une moitié d’ourson »

Il en ferait le deuil quand son cadet se verrait dévoiler sa surprise, certain que celle-ci serait à la hauteur de ce qu’il attendait et espérait. Satisfait, un peu apaisé, il glissa : « J’aimerais éviter de parler de choses trop sérieuses ce soir. En particulier en ce qui concerne mes… inclinaisons. Nous aurons tout le temps de cela plus tard, si j’estime que cette conversation se doit d’avoir lieu. Nous sommes là pour nous apaiser. Pour nous changer les idées, faisons-le, ne crois-tu pas ? Le spectacle ne va pas tarder à débuter…. » Il se détourna pour pouvoir observer la scène à présent éclairée, tandis que le reste de la pièce s’assombrissait. Il soupira légèrement, cette fois, se déchargeant de nouveau. « J’adore cette pièce » Il changeait volontairement, délibérément de sujet, mais qu’importait. Qui pourrait le lui reprocher ? Qui le pourrait encore davantage, alors que les artistes s’installaient, que les premières notes s’élevaient… cristallines. Il s’installa, tandis une main pour la laisser reposer sur le bras de son cadet, et après un coup d’œil en sa direction, se laissa bercer par les accords si parfaits. Il ferma même les yeux, ne gardant que les plus nécessaires de ses sens… il y avait de la magie dans la musique, et il voulait s’en imprégner.


Dim 25 Oct - 21:57
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Il le possédait. Morghann frémit à ces mots, tâchant de ne le montrer ouvertement mais les poils dans sa nuque et dans son dos s'étaient dressés instantanément, plus encore lorsqu'il en répéta le propos au point qu'il en oublia presque tout le reste de sa réplique, bien qu'il l'entendit et la comprit. Il le possédait et son esprit restait bloqué que cette simple phrase, elle se répétait en boucle dans sa tête, résonnait, s'infiltrait dans son sang, dans sa chair. C'était un bourdonnement, une Voix, vacarme enivrant : c'était son silence apaisant, son sursis vibrant au son grave de sa parole. Il détourna le regard, ébranlé par ce bien-être dérangeant. Il ne le devait : il n'y avait bien que les démons pour réclamer des affidés. Il se renfrogna et sortit de sa léthargie. Eurynome avait eu bien trop d'ascendant sur son aîné, sur bien des points, sa pupille lui ressemblait, quand bien même Howard s'en défendrait. Ce plaisir ardent en la possession d'autrui n'était pas humain, c'était dérangeant et dans un même temps, Morghann peinait à cracher sur son existence. A ses pieds, il se sentait complet. Au fond, qu'importe d'où cela venait, le principal était que leurs penchants réciproques puissent s'y retrouver. « Tu ne peux être en permanence avec moi, quand je le veux, sur le sujet que je choisis, à me guider. M'aurais-tu accordé tes souvenirs dans leur intégralité ? M'aurais-tu laissé accès à tout ce que je désire connaître de toi, de ta joie la plus éclatante à tes heures les plus sombres ? C'est impossible, Howard. Tu ne peux m'accompagner en permanence et quand bien même tu l'aurais pu... L'aurais-tu accepté ? » Ç’aurait été une bien lourde tâche que d'être là pour lui à chaque heure du jour et de la nuit. Il n'aurait pu lui enseigner la patience, il n'aurait pu le contraindre à attendre telle ou telle heure pour le retrouver, il en avait besoin tout le temps. Il avait toujours eu besoin des Voix. « Ce n'est plus maintenant qu'il faut m'en dissuader. C'est dès ma naissance qu'il aurait été nécessaire de me soustraire aux Voix. C'était à chaque fois que je m'endormais sur les tombes de nos ancêtres à les écouter même pendant mon sommeil. » Son ton n'avait rien d'un reproche, il était même désolé qu'il en soit ainsi. Il poussa un soupir. Il n'était pas bon de vivre dans ses rêves, mais Morghann n'en avait pas vraiment eu le choix. Il s'égarait à les écouter, à démêler la cacophonie qui aurait pu le rendre fou s'il ne les avait acceptées. Où serait-il aujourd'hui ? Certainement pas ici.

Il chassa cette pensée, pour s'ouvrir à des réponses que son frère demandait. Il aimait cette contrainte que le Secret lui avait imposé. Il savait ce qui était possible, savait dans quelle direction aller même si par les moyens limités de la science humaine. Il avait été cadré, pas uniquement dans ses études, mais aussi par son aîné qui par ces quelques barrières avait su lui offrir la liberté. Morghann était loin d'être un Earl. Il était l’exception dans cette noble famille, il avait pu vivre différemment et s'octroyer d'autres modes de pensées bien moins vieillots. « J'ai eu un bon maître. » souffla-t-il, amusé par ce double sens. Communément, avoir un bon maître était avoir un exemple sur lequel s'appuyer. Mais il n'avait eu nulle personne aussi contrainte que lui pour en apprécier le guide. En revanche, il avait eu un maître à qui il s'était soumis et c'était à cette appellation-là qu'il faisait référence. C'était à Howard qu'il devait sa liberté, il lui concédait le compliment, même s'il lui en avait fait baver. Morghann n'avait pas été docile mais son aîné avait été patient. S'il peinait à le remercier véritablement, au moins avait-il conscience du rôle que son jumeau avait joué. Il mangea à la vue de son frère la moitié d'ourson, maigre consolation que de savourer la frustration de l'aîné, ce n'était pas ce qu'il avait espéré, mais... Il était vrai que cette guimauve chocolatée avait beaucoup d'attraits. Soit, il abdiquait et découvrirait en temps et heure ce que son frère lui réservait, bien qu'il en soit assurément intrigué.

Le chocolat apaisa sa peine lorsque la porte lui fut claquée, même si aimablement, sur cette question qu'il lui avait posée. Ne l'y avait-il pas invité et voilà qu'il se ravissait ? Morghann baissa les yeux, laissant sa nature servile prendre le dessus et s'installa pleinement dans son fauteuil, les yeux vidés par la déception. Il acquiesça, ne pouvant priver son frère de ce qu'il lui demandait. Il voulait passer un bon moment, que leurs propos soient légers, alors il aurait ce qu'il voulait. L'endroit sombra dans l'obscurité alors que la pièce s'éclairait. D'un léger sursaut, il accueillit le changement de luminosité. Il avait pourtant l'habitude des salles de cinéma, entre amis, sans qu'il ne se soit habitué au noir qui brusquement dévorait tout. Tendu, ses prunelles charbon fixaient les artistes qui entamaient leur œuvre : « Je le sais... » murmura-t-il dans un souffle presque tremblotant lorsqu'Howard lui signala aimer cette pièce. Il s'évertuait à inspirer lentement, relâchant ses épaules, domptant ses peurs et le Seigneur savait combien elle étaient nombreuses chez lui. Il ne se calma vraiment que lorsqu'il sentit sa main se poser sur son bras : l'avait-il fait exprès ? La crainte chuta brutalement et il s'en trouva libéré. Avec lenteur et timidité, il tourna son visage vers lui, en contemplant les traits relâchés, ses paupières closes, le tout faiblement éclairé par les couleurs qui provenaient de la scène. Un sourire tendre s'étala sur ses lèvres, s'abreuvant de son reflet, bercé par les notes lyriques que cette femme parvenait à créer. Il aurait pu passer la séance à ainsi le dévisager, mais il craignait qu'Howard finisse par sentir cela lui peser. Lui reprocherait-il son admiration ? Refuserait-il qu'il le vénère ? Le blâmerait-il de lui être à ce point dévoué ? Il le verrait bien après tout, puisqu'il ne parvenait à trouver la scène plus intéressante que son jumeau. « Je sais aussi quels en sont tes moments favoris... Et ceux qui te donnent des frissons. » Son ton était doux, chaud, il cherchait à co-exister avec la mélodie sans la salir. Il tendit une main vers lui pour la glisser dans ses cheveux, et dégager sa nuque pour que ses frissons puissent lui être perceptibles à la vue. « Là. » fit-il alors tout bas, un large sourire marqua sa satisfaction lorsque son vœu comme prémonitoire se réalisait. Il ne devinait pourtant rien, il se servait des souvenirs de son frère. Il laissa quelques secondes s'écouler, cherchant dans la mélodie des similitudes avec ces brides de passé : « Et là. » Nouvelle satisfaction, le jeu l'amusait, d'avantage concentré à rechercher le plaisir de son aîné qu'à savourer longuement l'harmonie de l’œuvre. Peut-être devrait-il ? Il ferma les yeux et se laissa transporter par elle, la découvrir, cette fois, de lui-même. Il en oubliait l'endroit où ils étaient, les chanteurs, le public, jusqu'au siège sur lequel il reposait. Il n'y avait que son frère et cette harmonie sonore : il devait avouer que c'était plaisant, qu'une telle voix sur de telles notes ne pouvait donner que des frissons. Était-ce une voix vraiment ? Ou un étrange violon ? Ou le son frais d'un hautbois ? C'était prenant... mais il pourrait difficilement rester là, une heure durant, à se bercer de notes quand son frère était à ses côtés... Surtout quand son frère était à ses côtés et lui accordait du temps.

Ses paupières se levèrent, dévoilant ses prunelles noires et enivrées au souvenir qu'il se remémorait, de la nuit de leurs retrouvailles, sous le cimetière. « Me reprocheras-tu de m'en servir ? » poursuivit-il alors, même si les minutes avaient été longues depuis sa dernière parole. Il rechercha dans les souvenirs d'Howard sa prochaine dose de frisson. Assis, droit dans son fauteuil, il reporta son attention sur la scène, bien qu'elle le désintéressait : « Me blâmeras-tu de choisir les bons moments pour... » Un sourire à ses lèvres, attendant Les bonnes secondes : « Te rappeler que ta domination me sied ? » Il jouait, il savait quel effet cela avait sur son frère et il usait des effets de la musique pour le renforcer. Il ne parlait qu'à l'approche des moments opportuns, laissant le poids de ses paroles et le chant cristallin faire leur ouvrage. Il cherchait à lui donner satisfaction. Howard ne lui avait-il pas dit que ce serait à lui de conquérir cette place de roi qu'il convoitait ? Soit, il la prenait. « Je me demande pourquoi tu ne m'a pas contraint plus tôt... Pourquoi ne m'as-tu pas remis à ma place lorsque je me montrais insolent... Pourquoi tu n'as pas disposé de moi directement... Pourquoi as-tu attendu alors que tu le désirais tant, pourquoi ne t'es tu pas approprié ce qui n'attendait que ton emprise ? » Morghann baissa les yeux, perplexe. Son aîné ne le savait, avant, que c'était ce que le cadet désirait.

Mar 27 Oct - 16:14
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Howard Earl
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Bien sûr que non, il ne lui aurait pas tout céder, du moins pas en une fois, pas en un coup. Evidemment, sa mauvaise foi n’aurait pas admis cette vérité. C’était elle, qui haut et fort, s’affirmait : « Peut-être bien » En lui, pourtant, tout n’était pas si net et si bien composé. Certes, pouvoir laisser peser son ombre sur lui indéfiniment lui aurait été parfait, mais il fallait bien le dire, il aurait conservé sa psyché pour lui-même, ou s’il avait dû en user, pour l’appâter ou le sculpter tel qu’il le voulait, il ne lui aurait offert que des fragments, des morceaux bien choisis de ce qu’il était. Pour l’orienter. Par petites doses, petites touches, avec doigté. Il l’aurait poussé sur un chemin ou un autre… Et il savait que jauger de ce qu’il pourrait donner de son intimité comme s’il s’agissait d’un outil bien huilé était loin d’être sain, mais il ne pouvait s’en empêcher. Tout comme il ne pouvait s’empêcher de croire qu’habitué, drogué ou non, il y avait une possibilité de le réhabiliter, de le sortir de sa dépendance spirituelle, même si cela devait être douloureux, long et pénible au possible. Parce qu’au bout du compte, c’était bien ce qu’il envisageait, à défaut de pouvoir les lui rendre, ces voix de lui tant aimées… Etre jaloux d’une simple manifestation occulte était-il envisageable ? Apparemment oui, puisque c’était ce qu’il faisait, vivait. Il n’appréciait pas ces voix, même s’il était, encore une fois, hypocrite de sa part d’émettre un jugement. Il n’avait jamais prêté la moindre attention à cela auparavant. Du moins n’avait-il rien mentionné, le laissant aller dans ses songeries, s’y perdre et à elles s’attacher. Mais à présent, oui, il le voyait comme une menace, ou une rivalité, et il souhaitait résoudre cette contrariété…

De cela aussi, il devrait s’occuper. Plus tard, en une autre journée. Cela étant affirmé, la situation de son frère prouvait encore une fois à quel point sa parenté était coupable et écervelée. « Hm, hm ? » Un bon maître ? Bien entendu, qu’il en avait un. Il était un bon maître parce que c’était sa place et sa vocation que de l’être. Il avait grandi pour être un maître, et il aurait été hypocrite d’affirmer ne pas apprécier profiter de cette place. Il fallait également qu’il s’avoue que la partie pouvant s’avérer encore meilleure venait lorsque son esclave se permettait de le défier, ou de lui manquer… car alors ? Alors il le punissait, ancrait plus encore en lui sa souveraineté. Et sans doute lui faudrait-il éviter de l’avouer, au risque de le voir quelque peu s’en effrayer. Ou bien ne le serait-il pas ? Muet, contemplateur dans le flot musical aussi délicat qu’une sculpture de cristal, aussi précieux que des ailes de papillon… Il laissa lentement son corps se détendre, sous les notes magnifiées, et un fugace rictus vint tordre ses lèvres sans qu’il fasse le moindre geste pour montrer qu’il avait senti le rapprochement de son frère. Il le laissa parler, lui parler, s’amusant sourdement de le voir fourbir de telles armes, et sur lui les essayer. Voilà qui ne lui ressemblait pas du tout, mais qu’il appréciait. Ça ne le dérangeait pas, de se laisser faire, en cet instant, aussi lui accordait-il sa proximité. Lui accordait quelque chose qui sans doute, ne lui était pas familier. Oui, il le laissait faire, et ne cherchait à fuir son regard, que sur lui il sentait posé. Pourtant, ce fut d’une lame parfaitement dosée qu’il vint couper court à sa séduction…

« Parce que tu m’as toujours repoussé » fit-il, les mots tranchants mais calmes, comme l’acier chirurgical qu’il maniait si souvent. Son regard s’ouvrit au monde une nouvelle fois, et sur lui, il le déposa, le cloua, sourcils froncés. « Et parce que la clef de notre monde, mon cher, est la volonté. Tant que tu ne faisais tomber ta sordide révolte il n’y avait rien pour moi à exploiter. Ce qui n’est désormais plus le cas, et c’est parfait» Il était contrarié, de se voir encore revenir sur un tel sujet. Encore plus alors que la pièce avait débuté… fort heureusement pour eux deux, l’entracte approchait, et avec elle une pause dans les moments forts de la musique qu’il chérissait. Bien évidemment, Morghann devait s’en douter… et ça le contrariait encore davantage, en réalité, mais d’une autre façon. C’était plus ironique. Vers lui, il se tourna, faisant jouer sa canne entre ses doigts. « Ne reste pas focalisé sur le passé. Il a été pavé de pertes de temps pour nous, c’est vrai, mais il est désormais terminé, au moins à ce sujet. Mais saches le, Morghann, c’est avant toute chose ton consentement que je voulais, pas simplement ta soumission… il n’y a aucune vertus à obtenir une âme par la force » Sans doute y avait-il du démon dans ses propos, de l’Eurynome, mais qu’importait. C’était tout de même vrai. C’était parfaitement vrai. «Quant à savoir si je te reprocherais de te servir de ce que tu sais de moi… Non, mais bien parce que c’est ce que tout un chacun fait, lorsqu’il possède des connaissances. Tu jouis simplement d’une compréhension plus grande de ma personne, rien de plus… »

Léger sourire, léger rictus, satisfait autant que carnassier. Oh son petit frère… son cher cadet, son beau jouet, son pion noir et enjoué. Il faisait tant d’efforts qu’il était impossible de ne pas apprécier, et de ne pas s’en amuser. C’est qu’il voulait vraiment lui plaire. « Non je ne te blâmerais pas, bien au contraire… je t’encourage » Bien entendu, puisque ça lui plaisait. Etre le centre de son monde, qui ne l’aurait pas souhaité ? Mais il était vrai que la réciproque existait, même s’il agissait différent. Penchant légèrement la tête, il haussa sensiblement le sourcil, suggestif, alors qu’une tension venait étirer le coin de sa lèvre, et que ses yeux pétillaient. « Et maintenant, que vas-tu faire pour te faire apprécier ? »



Dim 1 Nov - 22:38
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann ne lui avait apporté aucune réponse. Qu'il prétende accepter de lui offrir sa psyché dans son entièreté et lui accorder tout le temps dans il désirait, et le cadet n'en crut pas un seul mot. Morghann avait beau être crédule, le mensonge était bien trop gros cette fois pour qu'il puisse y croire. Peut-être était-ce sa fierté qui s'exprimait, sa mauvaise foi ou encore son désir de lui montrer qu'il était le plus fort d'entre tous. Aucune idée lui venait pour expliquer une telle réplique, dans l'immédiat du moins, au risque de le vexer s'il répondait, le légiste préféra se murer dans ce silence que son frère affectionnait tant. Au fond de lui, Morghann espérait que son aîné soit jaloux de ses propres souvenirs qui accaparaient son cadet avec tant de fascination. L'idée était assez amusante et elle lui plaisait. S'évertuant à le remettre sur son piédestal, il le nomma maître, un titre qui lui convenait à merveille et s'amusa à jouer avec son plaisir, s'essayant à l'art de la manipulation jusqu'à ce que son aîné y mette un terme fermement. Il détourna le regard, baissant la tête. Oui, il l'avait repoussé. Il aurait voulu qu'il le contraigne, peut-être que tout se serait passé autrement. « Mon consentement... » souffla-t-il pensif, éclairant les souvenirs de son frère à la lumière de cette idée. Voilà qui faisait sens à ces longues heures à ne rien faire, ronger son frein devant sa désobéissance. Voilà qui animait sa pensée dans un mécanisme pourtant simple mais qui lui avait été étranger. Il n'avait lui-même que très peu songé à la domination pour s'interroger sur son caractère volontaire ou contraint. A en approfondir le sujet, son frère avait raison, probablement dans une majorité des cas.

« Je ne voulais pas t’irriter, Howard. » Ça n'avait jamais été son intention, il s'en trouvait remarquablement déstabilisé par cette porte ouverte à ses interrogations qu'une fois encore il lui refermait. Que ce soit les motivations de son aîné au quotidien, ou le lien étrange qu'ils entretenaient, nulle conversation ne convenait à son frère ce soir. N'avait-il pas voulu qu'il échangent sur leur personnalités ? Il ne s'était alors heurté par deux fois qu'à un mur. Il fallait croire que la tâche serait ardue, même avec une invitation. « Ce qui représente ton passé est nouveau pour moi. Il est mon présent et mon futur pour de longs mois encore. A chaque seconde, je vois mon monde et le tien à la fois. Je ne connais pas l'intégralité de ta vie, que les grandes lignes et... J'explore les détails progressivement. Ce que je vois est... Purement physique, purement descriptif. Je te vois faire tel ou tel choix mais j'ignore par quel raisonnement tu es passé pour parvenir à cette destination. Je ne sais pas ce qui t'a fait hésiter, je ne sais pas à quelles possibilités tu as pensé et que tu as éliminé par choix ou par contrainte. Ça n'est pas aussi simple que cela en a l'air. Tu portes un masque tellement épais qu'il est mal aisé de savoir si ton sourire n'est que de façade ou s'il a une quelconque sincérité. Il est difficile de satisfaire une personne lorsqu'on sait si peu d'elle. On ne sait pas vraiment si on marche sur une mine d'or ou sur notre propre tombeau. Tu me perds. »

Ça l'angoissait, au fond de lui, de ne pas savoir comment agir avec lui pour qu'il en soit enfin heureux. Ça le paralysait alors qu'il aurait du œuvrer. Ça l'effrayait de le décevoir à tout instant, devait-il alors vivre en permanence avec cette boule au ventre ? Ça lui déplaisait au plus haut point. Il appuya ses mains sur les accoudoirs, signalant à son aîné qu'il n'avait qu'une envie : aller prendre l'air et relâcher la pression qu'il se mettait tout seul. « J'aurais aimé être contraint, Howard. Au début au moins. Je ne me serais pas posé toutes ces questions, tout ces 'pourquoi' qui t'agacent, ce passé dont tu ne veux qu'on traite.  Ça me met mal à l'aise. J'ai été pris au Metropolitan Service. J'ai des infos sur le Réanimateur, j'ai des projets à son égard et... Je ne sais pas si ça t’intéresse. Si ça t’intéresse ce soir. Je voudrais... Qu'on discute de là où nous vivrons bientôt, quelles commodités te plairaient, quelles couleurs, quel quartier de la ville, quelle vue, quel... Que sais-je ? Pour trouver quelque chose qui nous convienne à tous les deux mais surtout à toi. Je voudrais te parler de Kessy, de mon fils, de... Tant de choses. Mais j'ignore si cela te plaît comme discussion et je ne veux même pas m'y aventurer parce que je n'ai pas envie de te décevoir. » Il secoua la tête en signe de désolation et se leva. Prendre l'air, oui... Il étouffait.

Jeu 5 Nov - 11:57
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié

Si son sourire était sincère, ou feint ? Sans doute un peu des deux. Voilà que Morghann revenait sur son précédent triomphe. Pas si aisé ? Il en était fort aise, en ce cas. Cela ne pouvait que le soulager. Il ne désirait pas être si vulnérable, si aisément appréhender. Son cadet n’était plus si fier, à présent… « Je te pardonne » fit-il alors, souverain, sans préciser s’il le pardonnait de l’avoir irrité ou de se sentir perdu. « Tu sembles au moins avoir contracté » un mot sous entendant une presque maladie, celle de la façon d’être des Earls « une caractéristique de notre famille, tu noies admirablement bien le poisson » Car enfin, où était donc le but de son palabre ? Oui certes, il était ignorant, et c’était pour cette raison qu’il avait décidé de le convier à le découvrir, autant que lui le nécessitait. Mais au-delà, qu’elle était la tension ? Etait-ce parce qu’il était irrité qu’il lui offrait cette explication ? Oui… à bien y réfléchir sans doute. Il avait sans doute lu quelque chose dans ses mots, mais quoi, cela, il ne pouvait le déchiffrer, alors il restait silencieux, à l’observer. L’entracte sonnait enfin, la salle à nouveau bourdonnait… il n’avait alors nul scrupule à discuter. Oui, à l’entendre, il avait effectivement vu quelque chose. A présent, il était curieux de savoir quoi exactement… Finalement, le voyant se lever, il affirma « Tu ne me déçois pas » C’était simple, sans emphase et sans douceur particulière, mais c’était une franche affirmation, une certitude appuyée.

Coudes sur les accoudoirs, mains jointes, deux doigts sous le menton, pliant légèrement la chair délicate, il observait de nouveau la scène que l’on libérait. « Tu ne me déçois pas. J’aurais dû savoir que cela arriverait. Toi et moi n’avons ni le même rythme ni la perception des priorités pour chaque instant donné. J’ai organisé cette soirée afin que nous puissions nous détendre, nous découvrir sur des sujets, et dans un environnement qui ne rappelle pas au malheur ou à notre probable destinée. Aller de l’avant, n’est-ce pas le proverbe ? Je sais que tu es entré en collision avec ‘mon’ monde, et je souhaite simplement normaliser notre compagnonnage, te montrer que nous pouvons avoir d’autres sujets de conversations, plus légers, et des instants ou la guerre et le secret ne sont pas les seules choses que nous ayons à l’esprit… Si j’ai appris qu’il faut prendre au sérieux les obstacles et difficultés, j’ai également appris qu’il était bon de savoir également respirer » Là, il s’interrompit, sa voix modulée venant s’échouer dans un exercice de diction réussit, donnant un air paisible mais ferme au discourt. Sous ses yeux, les dorures et les gravures flamboyantes se confondaient, s’enlaçaient, lui rappelant les rêves de sang torturés qu’il partageait parfois avec d’autres créatures. Un soupire s’échoua hors de ses lèvres, ses épaules se rehaussant à peine dans le geste, avant qu’il ne les redresse un peu.

« Je serais au demeurant satisfait d’échanger avec toi sur chacun des sujets que tu as évoqué… mais donne-nous le temps. Je te trouve empressé. N’y voit nulle critique, car ce n’en est pas une, pour une fois. Mais c’est bien la vérité... J’aurais sans doute aimé être au courant un peu plus tôt de ta réussite au sujet de ton nouvel emploi, mais il faut croire que je t’ai déstabilisé avec proposition de sortie » C’était loin d’être un véritable mea culpa. Il ne se mettait pas réellement en cause, bien qu’il attende de voir comment Morghann y réagirait. Ce qu’il désirait avant tout, c’était l’amadouer et ne pas l’accuser ouvertement. Mais quelle idée de lui parler de cela maintenant ! Il y avait un temps pour tout, bon sang ! Toujours paisiblement, il reprit, lui accordant de nouveau son regard : « Tu es fébrile… va t’aérer, puis revient me voir. Ensuite, si l’entracte n’est pas encore achevé, nous pourrons évoquer notre future demeure. Ensuite, nous irons diner, et alors, si tu le veux, tu pourras choisir un autre sujet… en gardant à l’esprit qu’il se doit d’être une façon de nous changer les idées » Nouveau silence, mais cette fois, presque une hésitation avant qu’il ne complète « Je ne suis pas certain qu’il soit bon pour nous de discuter de ta femme ou de ton fils pour le moment. Leur perte est encore fraiche, et quoi qu’elle t’inspire, elle est liée à de nombreux délicats faits… Mais si tu te sens suffisamment fort pour le faire, fort bien, je ne t’en empêcherais »

Se détournant de nouveau, il laissa ses traits se détendre, afficher une légère fatigue « Envois moi un employé, si tu en trouve un sur le chemin, je te prie… »

Mar 10 Nov - 19:52
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Morghann Earl
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Morghann Earl
En d'autres circonstances, Morghann aurait roulé des yeux à se voir attribuer un trait typique des Earl. Il fallait bien qu'il ait quelques points communs avec eux car s'il avait passé près de vingt ans loin d'eux, il en avait laissé couler près de vingt autres à leurs côtés. Il n'était qu'à mi-chemin formé et avait pu, à son gré, forger l'autre part sur cette base, la remodelant légèrement là où cela ne convenait pas. Le fait étant qu'il avait beau être très différent, il gardait un socle fondamental. S'il aurait roulé des yeux, ici, il ne le fit, tant parce qu'il parlait au frère dont il était l'affidé et à qui il devait quelques respects, que parce qu'il n'en avait pas le cœur. Son propos suivant, en revanche, le figea, debout, et vers lui il se retourna. Il ne le décevait pas ? Il peinait à se persuader de la véracité de cette parole. Il appuya une partie de son corps sur la rampe avant le vide, fixant son aîné tiraillé et surpris à la fois. Silencieux, il l’interrogeait du regard, incertain de comprendre son propos. Il n'était déçu mais irrité ? S'y attendait-il ? Souverain s'exprimant en discours qu'il buvait, Howard l'éclaira, mais en des mots qu'il avait du mal à accepter. Son frère jouait ainsi, rompant le sérieux et le léger comme deux mondes opposés là où lui-même les vivait par le même temps. Il serra les dents, œuvrant à assommer la bête qui, en lui, refusait d'être dirigé par son aîné. Howard le trouvait trop empressé, Morghann le trouvait trop lent. Peut-être par désespoir de cause, peut-être parce qu'Howard ne pouvait pas sentir cette urgence qui le rongeait depuis le décès de sa femme et son enfant. Ses Voix si chéries le plaçaient dans un état de manque grandissant. Entre sa toxicomanie et son caractère à la fois soumis et insurgé, c'était à se perdre et il se perdait.

Il affronta son regard lorsqu'Howard lui accorda, assimilant ses ordres, ce programme qu'ils suivraient. Il ne broncha pas un instant devant son seigneur, cherchant dans ses yeux quelque chose à quoi s’agripper, se rattacher. Il voulait sortir mais ne pouvant couper son frère dans ses palabres, il se laissa imperceptiblement suffoquer. Ses prunelles remplies de détresse virèrent à la colère lorsque son jumeau se détourna, une colère défensive, mais terrible tout de même, qui n'avait plus de garde pour la maîtriser. Il posa brutalement ses deux mains sur le bouts des accoudoirs de son aîné, là où la place lui était laissée et vint reprendre son regard, son attention entière, le surplombant, révolté. Les lèvres sèches s'ouvrirent sur un lourd silence, un respiration tant brûlante que dévorante. Combat de prunelles sombres, hargne réticente. « Je ne peux pas. » cracha-t-il, amère. Chaque mot avait été prononcé très distinctement l'un de l'autre, comme passant sous le hachoir d'un boucher. « Attendre. » termina-t-il, encore plus difficilement. Oui, il était empressé, autant qu'un drogué privé de sa précieuse depuis quelques semaines. Il était d'ailleurs assez étonnant que Morghann ai gardé le cap, peut-être grâce au substitut fraternel gravé dans son esprit. Mais c'était insuffisant et surtout incomplet. Il ne comprenait pas tout là où les Voix furent fluides, là où elles lui répondaient, il n'avait à présent que des questions sans réponses.

Morghann buvait, de longues secondes durant, les lacs noirs qui lui faisaient face, comme hypnotisé par la souveraineté de son aîné et lentement, son expression changea, la colère et l’insurrection laissèrent place à la détresse et à la soumission. Sa respiration restait, elle, toujours forte. Se calmer, s’aérer. Il se redressa tout aussi brusquement et partit d'un pas pressé, envoyant à Howard l'employé  qu'il avait réclamé. Immense bouffée d'air une fois à l'extérieur. La nuit était tombée, elle serait noire si des réverbères ne la contraient. Elle était fraîche à en juger par le nuage de buée émanant de ses lèvres à chaque expiration. Il frissonnait, lui qui n'avait pas jugé bon d'aller reprendre sa veste. Il s'adossa contre un mur, ferma les yeux, tête en arrière, et desserra sa cravate et son col pour mieux respirer. Il vidait son esprit, chassait ces pensées obnubilantes qu'il avait à l'égard de ces Voix. Ça n'avait rien d'aisé, rien d'un jeu sordide dont il était l'auteur. Ses Voix lui manquaient, il aurait tant voulu les entendre encore. Écouter les morts par un sort ne lui était pas suffisant. Il voulait s'endormir près d'eux, les laisser en compagnie de son inconscient, planant à leurs propos dans un sentiment de bien être comme aurait pu le faire une bonne dose d'euphorisant. Il ne le pouvait : son seul dealer se nommait Eurynome et Howard lui avait refusé. Combien de temps avant qu'il ne craque ? Combien d'instants avant que ses nerfs ne lâchent ? L'envie lui prit de courir, rentrer au château, s'enfermer il ne savait où et hurler à pleins poumons. Il n'était nullement certain que cela serve à grand chose toutefois, si ce n'était expulser la douleur qu'il accumulait en lui.

Il ne le fit cependant, son frère lui avait donné l'ordre de revenir après s'être aéré, mais il ignorait si ce serait suffisant. Il cherchait une drogue, un remède, une compensation et il savait qu'il en avait une sous la main. Les souvenirs de son frère, quitte à se perdre, il pourrait y loger quelques temps, peut-être. Son visage se ferma en une expression déterminée et lorsqu'il revint aux côtés d'Howard, l'entracte était achevée, la salle plongée dans l'obscurité. Il prit place et ferma immédiatement les yeux, plongea aveuglément dans ces souvenirs si nébuleux, l'harmonie de l'opéra aidant et en quelques minutes, nonobstant ce qui l'entourait, il sombra endormi offrant en pâture son inconscient. Il se sentait bien et mal en même temps, c'était un moindre mal si on considérait son état précédant. Progressivement sa tête tomba sur l'épaule de son frère, trouvant probablement un réconfort à son contact. Il ne voulait pas se réveiller, il voulait qu'on le laisse dormir, encore et encore, que les limbes soient son paradis.

Sam 14 Nov - 16:30
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Howard Earl
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Howard Earl
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Ironique comme cette scène pouvait en rappeler une autre. Il n’y avait pas si longtemps d’ailleurs, quand on y pensait, où dans la même position, impatient  il se réclamait là où auparavant il avait besoin de plus de temps…  C’était aussi pour cela qu’il s’était fermé et barricadé, refusant de céder. A présent, en le voyant revenir, il s’en félicitait. Pour autant, il se redressa légèrement, afin de cacher le subtil effet qu’avait la drogue sur son maintien. La dose d’eau dans la substance n’avait sans doute pas été suffisante, mais il n’avait pu faire autrement avec ce gourd d’employé… décidément, cet opéra n’était plus aussi irréprochable que par le passé. Fort heureusement, la salle était plongée dans l’obscurité et son cadet ne semblait pas vouloir jouer les inquisiteurs zélés. De fait, il se retrouva bientôt avec un Morghann endormit et soupira… de soulagement. Péniblement, il entreprit d’approcher son siège du sien, et entoura ses épaules d’un bras, lui offrant une meilleure position contre lui en espérant ne pas le réveiller. Un bref instant, il lui caressa les cheveux, puis reprit son écoute, sans des yeux le quitter, veillant son sommeil troublé. Dans le calme retrouvé, il put profiter convenablement du reste de la représentation, sans pour autant, intérieurement, se dire qu’à l’avenir s’il voulait pouvoir jouir pleinement de la musique, il ferait mieux de venir en compagnie de Lian ou de Mortimer…

Peu à peu, lui aussi finit par se laisser aller, davantage en raison de la drogue cependant, se laissant, dans les limbes, plonger. L’effet puissant de la substance anéantissait la douleur de sa jambe qui, sans doute en raison de ses nerfs, se réveillait. Il parvint même à l’allonger correctement sur le petit tabouret qu’on lui avait apporté. La musique passa comme un rêve, et bientôt sonna la fin de la représentation, rendant son éclat à la salle et son âme à une certaine mélancolie… Non, cela, c’était uniquement l’effet de ce magnifique récital. Un des plus beaux, un de ceux qui lui donnait envie de créer des rêves plus que des cauchemars. Lentement, il se redressa, cligna des yeux, se sentant légèrement froissé, et jaugea de son cadet, il le secoua doucement pour qu’à son tour il s’éveille. « Morghann… » Et bien, c’est qu’il avait sombré… « Morghann » Plus fermement, un brin plus autoritaire quoi qu’il rechigna à user d’un sceau d’eau glacé. Il attendit de le voir s’éveiller, sans cesser de surveiller, du coin d’un œil avertis, la porte d’entrée de leur loge, ne désirant nullement qu’un employé entra pour les trouver en pareille posture. Avec un peu de malchance, Pryam en entendrait parler, et il devrait être enfermé pour l’avoir étranglé au vu et au su de tous. « Comment te sens-tu ? » Pour une fois, il était prêt à certaines concessions… si son cadet préférait rentrer, il ne ferait pas le ronchon.

« Préférerais-tu rentrer ? » Il pencha la tête légèrement, interrogateur, mais dû effectivement le relâcher et se redresser lorsque la porte fit ce qu’il craignait : s’ouvrir. Il l’accueillit froidement, mais courtoisement, comme on pouvait s’y attendre, lui donnant tel ou tel ordre, faisant telle ou telle remarque… Noyer le poisson. Il fallait agir comme si rien d’anormal ne s’était passé. Il appelle ensuite son frère à lui, pour partir, et ce n’est que dans le hall, alors que l’on rend les pelisses, qu’il se rend compte que le toucher ne l’a pas dérangé. Peut-être simplement parce qu’il était absorbé, ou contrarié, mais non, rien à faire, même en y revenant, il ne fait que légèrement frissonner. Rien de bien compliqué. Il n’en fait nullement mention, préférant à son image s’adonner. Il fait l’intouchable, il survole la foule, des petites gens sur son passage et son affidé à ses côtés. Et à l’extérieur, de l’air frais de la nuit il inspire une grande bouffée. « La voiture ne devrait pas tarder » Hors de question de marcher, même avec sa dose de drogue, il ne pourrait faire la route, que ce soit vers le château ou vers le restaurant qui les attendait… Et quelque part, il en était frustré, aurait voulu pouvoir accomplir cet acte simple auquel personne ne pensait.

Pas avant de se le voir refuser. Le vent dans les rues sifflait, tandis qu’il tournait son regard de la côté vers  le large iodé.

Mer 18 Nov - 22:46
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Morghann ne s'y était pas attendu à se réveiller au sein de son étreinte. Il avait même cru que son aîné le repousserait après ce précédent épisode, stupide croyance au demeurant, et qu'il ne lui tolérerait même pas une épaule. Il réalisait alors la raison pour laquelle il s'était senti, de manière inconsciente, en sécurité. Ses yeux noirs s'étaient ouverts instinctivement au son de sa voix, affidé à son maître répondant. Mais il n'avait pas réagi d'avantage pour montrer qu'il ne dormait bel et bien plus. Il s'était figé, incrédule, tête baissée contre épaule, nez respirant lentement dans le creux de son cou, la main d'Howard sur son épaule. Il ne voulait pas partir de là, il y était bien. Il avait cru que sortir des souvenirs de son aîné serait rude mais il n'en fut rien. Il s’enivrait à son odeur, chaude et rassurante. Au deuxième appel, plus ferme, il posa une main sur son torse, mouvement pour lui signifier qu'il l'avait très bien entendu la première fois et qu'il était sorti des songes. Il n'avait toutefois pas l'envie de quitter ses bras, d'affronter la réalité. Si c'était un réveil extrêmement doux, plus tendre qu'il ne l'avait jamais rêvé, il allait falloir affronter de nouveau la réalité. Morghann n'avait au cœur nulle autre envie que de s'y refuser et de se terrer sous l'aile bienveillante de son jumeau. Comment se sentait-il ? Comme au bord d'une falaise de laquelle il devait absolument sauter et dont le gouffre si sombre le terrorisait au point qu'au cœur de son étreinte, il préférait rester. Pouvait-il lui répondre cela ? La salle se vidait, les loges également, il savait qu'il lui faudrait sauter. Devait-il en affoler son frère ? Non, il en avait suffisamment fait jusque-là pour ne pas qu'il lui un impose un nouveau fardeau. Il se sentait comme boulet au pied de son aîné enchaîné. S'il préférait rentrer ? Morghann releva la tête jusque là, dans son cou caché, révélant un visage avec une fatigue de fond et une crainte de front. Et lui qui n'avait pas voulu affliger à nouveau Howard, c'était manqué en beauté. Ses prunelles noires se remplissaient d'un merci qui ne voulait pas sortir. Son jumeau l'aurait pourtant tant mérité ce merci depuis le début.

Étreinte soudain défaite à l'arrivée de l'employé. Morghann inspira brutalement de l'air, suffoquant et tandis qu'Howard avec l'autre conversait, lui, avait détourné son visage vers la scène et tentait de ne pas défaillir. Il ne respirait pas, ne respirait plus, son souffle saccadé aurait alerté l'homme qui, ici, travaillait. Il devint blême et longuement, silencieusement, il soufflait l'air qu'il avait brutalement retenu dans ses poumons, lèvres entrouvertes, regard figé. Puis il inspira tout aussi lentement, tout aussi imperceptiblement, chassant tant bien que mal le flou de ses pensées dévastées. A l'appel de son frère, il le rejoignit d'un pas rapide, peut-être un peu trop précipité sans pour autant sembler trop anormal. Il baissait la tête, le suivait, au cœur de ces gens qui quittaient l'opéra, il ne gardait que l'aîné pour repère, le reste n'existait pas. Il remit sa veste et sur le trottoir, l'air était frais et l'extrayait de l'atmosphère étouffante où il s'était fourré. Grand bien lui en fit. Ses couleurs, malgré le froid lui revinrent. Il aurait voulu crier, hurler à plein poumon pour expulser tout ce qui l'étouffait, mais de quoi aurait eu l'air un Earl avec un pareil comportement. Il devait penser à autre chose et éventuellement répondre aux questions d'Howard restées jusqu'ici sans réponse claire et nette. Il l'observa, longuement, respirant ces senteurs iodées. « C'est déconcertant... Revenir ici. Ce vent, ce sel. Vivre si près de la mer. »  Ils avaient pas connu cela, tout deux, pendant bien des années. Le climat qui avait été bien différent et le dépaysement était tel qu'il était certain d'être de retour sur les terres de son enfance. Il ne savait encore s'il devait s'en réjouir ou en pleurer, mais cette région soulevait, dans son cœur, bien de lourdes émotions.

Il ne mordit la lèvre, se surprit à sourire face à cette enfance ici, passée. Cette partie de l'Angleterre avait un certain caractère, et Last End était de loin le plus mystique des lieux, de magie si brillante enveloppée. Il était né de ce monde. En être parti avait tranché ses racines mais... Elles se reformaient. « Malgré le danger et la peur, je me sens d'avantage chez moi, ici. C'est là ma maison. »  Il le sentait au fond de lui, comme un essaim bourdonnant dans son ventre. Il se sentait mieux lorsqu'il regardait ce monde du bon côté plutôt qu'en énumérant tout ce qui n'allait pas. Son regard vague s'était reporté sur son frère. « Près de l'océan ? »  demanda-t-il, calmé avant de préciser  le sujet dont il traitait. « Notre logement. L'air iodé erre dans toute la ville mais ce n'était qu'aux abords du large que nous aurons les embruns parfumant ce chez-nous, dès que nous ouvrirons les fenêtres. Tu aurais le grondement des vagues en apaisante mélopée et les éclats du soleil capté par la surface miroitante pour ôter de tes yeux, un instant, les ténèbres de notre monde. »  Furtivement, il était passé du 'nous' au 'tu', éclipsant sa volonté pour la soumettre à la sienne. Il avait songé à un appartement, suffisamment en hauteur pour que la vue soit admirable et pour que son aîné, en prince, puisse se sentir, mais à vrai dire, une seconde option, s'était, pour lui, affichée comme plus avantageuse. « Un petit pavillon ? Au loin du sang des pavés, des cris et des yeux. »  C'était au calme et à l'intimité qu'il aspirait. « Avec... Une cave ou tout autre endroit confiné, où tu puisses officier sans devoir au château te rendre et sous le cimetière descendre. Où je puisse te rejoindre et... Simplement t'entendre respirer lorsqu'à l'exaltation, ton œuvre pourrait te pousser. »  Son regard avait dévié sur le vide avant qu'il ne baisse la tête, ne soupire et reprenne : « Pas vraiment grand, rien de plus qu'un nécessaire confort. Peut-être une bibliothèque ? »  Il l'interrogeait, sachant que ça tiendrait probablement plus à cœur pour Howard que pour Morghann. « Et... Que dirais-tu de... Décembre ? »  Hésitant, c'était à mi-chemin entre la raison et la précipitation. Cela restait faisable comme date d'autant plus qu'il avait un poste honorable auprès de Scotland Yard à présent, tout en montrant l'empressement qu'il avait à fuir à nouveau, à ses côtés.

La voiture arrivait, lui arrachant un sourire. « J'avais oublié ce que c'était que d'avoir un chauffeur... Tant que j'en omets de mettre la ceinture lorsque loin du volant, j'en délaisse le danger. Si je pèche, attache-moi. »  Il s'amusa du double sens à son dernier propos. Et monta en voiture, s'installant : « Où dînons-nous ? » Restaurant donc, cela devrait bien se passer.

Jeu 19 Nov - 16:06
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Howard Earl
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Howard Earl
Le Sacrifié

Sa maison ? Grand bien lui fit, ce n’était pas la sienne et il détestait être là. Il haïssait Last End de tout son cœur. Il haïssait profondément tout ce qui la constituait, au bout du compte, même ce qui lui plaisait finissait par n’avoir plus de goût, tournant à la cendre dans sa bouche et l’étouffant, le laissant là, amer et agonisant… Cette ville entière n’était que traitrise et laideur, quand ses yeux passaient le voile, et ce trop souvent. Il aurait voulu ne jamais revenir, rester très loin, ou mieux, en y pensant, il aurait aimé la détruire avec tout ce qu’elle contenait. Rien que d’y penser, il en avait la nausée… Inspirant sous couvert de renouveler son souffle, il détourna le regard sans en avoir l’air, se donnant l’image d’une simple observation de son entourage. Pour autant, il ne le fit pas taire, écoutant simplement ses propos en faisant jouer ses longs doigts sur le pommeau de sa canne. Cette ville attirait comme un aimant malsain, comme le chant d’une sirène, et s’il avait été contraint de revenir, s’il y avait cédé, il ne voulait pas s’y plonger. Il ne voulait pas se laisser bercer par de fausses images, de faux ressentis, des illusions parfaitement bâties mais trop en désaccord avec ce qu’il ressentait pour l’attirer… Par dépit, il avait envie de lui cracher qu’il n’avait qu’à s’y enterrer définitivement, par dépit il aurait pu même s’imaginer… mais non, il ne disait, et n’osait pousser l’idée à son terme même si elle le taraudait. Non, il restait muet, gardait pour lui ce qu’il pensait.

Tout comme il garda pour lui ce qu’inspiraient ses plans de nichée. Habiter à l’écart avait des avantages… mais pour lui qui n’avait qu’une mobilité réduite, qui, parfois, ne parvenait pas à conduire tant il avait mal, ce n’était pas une solution adaptée à moins d’accepter être toujours dépendant d’un autre, hors l’idée le révulsait. Mais avouer sa faiblesse, rappeler son infirmité, il ne le pouvait, ni ne le désirait… il complexait bien assez comme ça. Son regard se posa sur son frère, lourd de tout ce qu’il aurait pu rétorquer, de tout ce qu’il aurait pu dire pour balayer ce que son cadet lui affirmait… et pourtant, il ne dit rien. Il avait voulu une soirée pour décompresser, et elle s’était déjà assez enlaidie sans qu’il ne pousse le bouchon plus loin. Finalement, il se rendit compte qu’il lui faudrait pourtant bien répondre quelque chose, quoi que ce soit, qui ne laisse pas son cadet dans le silence…Ou, si, il aurait pu ne rien dire, avec tout autre il l’aurait fait, mais là encore, cette soirée était censé être un bon moment passé. « Je… » Ses sourcils s’ourlèrent, se froncèrent, et il se fendit d’une expression pensive et contrariée « Je ne suis pas certain de rester, en Décembre… mais pourquoi pas, oui… nous pourrions toujours emménager avant mon départ » Il regarda autours de lui, et vit leur voiture qui, enfin, s’avançait. Elle arrivait sans doute à point nommé, bouger un peu ne lui ferait pas tant de mal pour le moment. Faisant signe à leur chauffeur, il attendit que celui-ci se gare et vienne s’incliner devant eux avant de leur ouvrir la portière.

Il s’installa, attendit que Morghann fit de même et qu’ils soient repartit, puis il reprit, dans le silence inconfortable de l’espace réduit. « J’ai pris une table dans un restaurant du port… sushi, j’ai pensé que tu apprécierais » Ses deux mains étaient scellées sur sa canne, sa jambe blessée à demi étendue. Il l’avait calé pour que les cahots de la voiture ne le fassent pas trop souffrir. Détournant le regard vers la vitre qui laissait apparaître les lueurs du port, bien plus bas, il reprit sur le sujet réel qui le dérangeait, et qui sans nul doute, n’avait pas échappé à son cadet. Tant pis pour la détente, sans doute, lui qui pourtant avait fait l’effort de leur ménager une soirée pour sortir de son caractère habituellement trop enfermé dans ses priorités les plus urgentes. « Contrairement à toi, je ne me sens pas bien, ici. Et comme j’apprécie peu la période des fêtes de fin d’année, je n’ai pas envie de cumuler tout cela. Je vais certainement m’aménager un voyage quelconque, une conférence à donner à l’autre bout du monde, ou que sais-je… tant que je peux être loin de Last End » Il déglutit sur son expiration, mâchant la lourdeur de ses paroles, du moins de ce qu’il en ressentait et qui le comprimait « Nous pouvons tenter d’emménager avant, ainsi tout serait prêt et nous serions tranquilles » Il pencha un instant la tête, un mouvement presque inconscient, avant de terminer « Je ne sais pas si j’aurais besoin d’une cave. Je pense cesser… »

Aussi près d’Eurynome, ce ne serait pas prudent de poursuivre. Et puis, étrangement, rien ne lui faisait envie, là-dedans… sa faute, encore récente, le poursuivait atrocement. Un long silence, puis il avoua « Je vais essayer de remonter mon cabinet. Je pense déjà racheter les locaux de notre cousine, elle met la clef sous la porte et le bâtiment est parfaitement situé… » Il reposa enfin le regard sur lui « Peut-être voudras-tu m’aider à la réfection… »

Jeu 19 Nov - 20:26
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Ce silence, soudain, puis ce regard lourd qui revenait sur lui. Morghann se tut, pinçant sa lèvre inférieure sans savoir ce qui avait déclenché de la sorte cette tension cachée. Il n'aimait pas ce genre d'instant, baissa les yeux, cherchant des mots pour s'excuser d'un mal dont il ignorait la source. Howard lui avait confirmé son accord pour traiter de ce sujet, sur ses mots, est-ce qu'il revenait ? A moins que le contenu ne soit pas approprié aux désirs de son aîné et qu'à deux pieds, dans un plat vaseux, il s'était jeté ? Lui qui cherchait tant à se détendre, respirer, s'en trouvait à nouveau le souffle coupé. Le propos que lui tint son frère n'était pas prêt de lui rendre une respiration adéquate à toute survie. Des prunelles noires, affolées, vers lui, il relevait sans parvenir à trouver le moindre calme face à ce qu'il entendait. Ça faisait déjà dix bonnes secondes qu'il ne respirait pas, s'il poursuivait en cette voie, il ne tiendrait pas. Ne pas rester en décembre ? Départ ? Un jour ? Une semaine ? Un mois ? A jamais ? C'était le pire des scénario que Morghann imaginait. Il partait alors qu'il était venu le rejoindre à Last End ! Il partait alors qu'ils pourraient enfin s'installer loin du tumulte de leur famille ! Non, il ne le pouvait. C'était une plaisanterie, une très mauvaise plaisanterie dont il se trouvait accablé. Son frère n'avait-il donc pas pitié de son état lamentable pour lui offrir de surcroît une pareille angoisse ?

Mécaniquement, il le suivit, montant dans cette voiture, suffoquant en silence au demeurant. Il entreprit enfin d'inspirer de l'air, laissant l'entrée à ses poumons. Là... Lentement. Sushi ? Quelle délicate attention, qui à ses goûts culinaires ne pliaient. De bon cœur, il en aurait souri et l'aurait remercié, si la dernière pilule n'était pas si abjecte à avaler, tant qu'il ne sut montrer le plaisir que cela lui faisait. « C'est parfait, merci. » C'est bref et raide, bien en dessous de ce que cela aurait mérité en temps normal, mais il ne parvenait pas à détacher ses pensées de ce départ que son frère projetait. Même lorsque vint plus d'explications, il ne parvint à freiner le roulement de tambours qu'opérait son cœur. Le pire était évincé, ce n'était pas définitivement qu'il quittait cette ville, mais son départ sonnait toujours aussi mal dans son esprit. Il ne trouvait pas les mots pour le supplier de rester, s'opposer indignement à sa volonté. Il ne le pouvait, se refusant à la désobéissance. Quant aux motifs, ils étaient fondés et le cadet pouvait les comprendre. Il lui était d'ailleurs gré de les lui apporter, Morghann les lui aurait probablement réclamé en un habituel 'pourquoi' qui irritait tant Howard ce soir. « Cesser ? » fit-il, fronçant les sourcils, perplexe. Encore un 'pourquoi' qu'il lui demandait. Cesser cette activité qu'il avait, sous le cimetière ? Il en était assez étonné, décontenancé. Son frère avait toujours eu une quête envers le pouvoir. L'abandonnait-il alors ? Morghann ne savait s'il devait prendre cela avec réjouissance comme le premier pas vers une désintoxication ou avec détresse comme les prémisses d'une intense dépression qui poussait son jumeau à lâcher ce qui le faisait tant fantasmer.

« Oui, bien sûr que je t'aiderai. » fit-il brièvement, sans pour autant perdre son affolement précédant. Il laissa son regard s'évader sur le paysage de la ville qui, sous ses yeux défilait. Le port approchait, les mats se dessinaient, et son expression s'assombrissait à mesure que les mots ne voulaient sortir. Le reste n'avait strictement aucune importance pour lui. Pas pour le moment toutefois. La voiture s'arrêta, ils descendirent, marchant à ses côtés avant de finalement le dépasser, se retourner et d'une main sur son torse à peine posée, il l'arrêtait, laissant une demande enfin franchir le pas de ses lèvres : « M’emmèneras-tu ? » Libération dans son cœur, supplique dans la voix : « Ne me laisse pas ici, s'il te plaît. Avec eux. Devoir les regarder dans le blanc des yeux, désagréables festivités dans notre famille. Quitte à me perdre, c'est dans tes yeux que je préférerais me noyer, si tu me l'accordes. » Il cherchait ses mots, désespéré, parlait si vite, si abruptement, laissant son désarroi prendre le dessus plus qu'il ne l'aurais fallu. « Si ce n'est ta volonté, fais-le pour la mienne. Ces fêtes, que tu n'aimes, sont traditionnellement faites pour être en famille et tu es ma famille. Mon unique. Ne me laisse pas seul au milieu de ces étrangers. Reste je t'en prie, ou laisse-moi venir. Le veux-tu ? » Question en suspens, émotion latente, regard édifiant. Un refus lui ferait bien du mal. Et puis, sournoise idée s’insinuant, crainte plus grande encore, en plein expansion en son cœur déjà trop chamboulé, il s'exprima, baissant des yeux éperdus : « Me fuis-tu ? » C'était un murmure, lui coupant le souffle en cette affreuse expiration. Oui, au fond, peux-être voulait-il souffler et de lui se reposer. Il le rejetait ? L'idée l’asphyxiait et plus encore lorsqu'au pire moment probablement, le restaurateur dans son dos leurs souhaita le bonsoir. Il inspira longuement, figé, raide, laissant ses paupières se fermer en une expression exaspérée à outrance. Était-ce légal de faire des nems à l'asiatique ?! Non, parce qu'il en avait une féroce envie, soudain ! Qu'on ne lui laisse aucun couteau sous la main ou il ne répondrait de rien.

Ven 20 Nov - 18:09
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Howard Earl
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Howard Earl
Le Sacrifié

Cesser, oui. Non sa quête de pouvoir, mais ces expériences damnées, qu’au cœur d’un ancien tombeau il scellait, muettes et dérangeantes preuves qui auraient sans doute laissé n’importe quel mortel l’esprit fissuré. Etait-ce passager, ou définitif ? Il ne pouvait en être assuré, mais ce qu’il savait, au demeurant, c’était bien qu’il n’avait nulle envie de se livrer à de telles exactions en l’instant. L’idée ne provoquait qu’un vague regret, ternis et passé, et une lassitude, une fatigue plus grande encore que celle que son cadet le poussait à expérimenter. Il ne désirait nullement couvrir ses mains de sang, il ne voulait pas se plonger dans la noirceur que sa naissance lui prédestinait. Depuis sa venue au monde, il avait baigné dans l’ambiance sépulcral du domaine des Earl, avait attiré le regard et le tutorat de puissants démons, et attisé la possessivité des créatures de la nuit, mais jamais il n’avait pu jouir de la moindre once de gaité, encore moins d’une quelconque luminosité. Le peu qu’il avait pu expérimenter lui était venu d’une certaine fée, et c’était là son propre exploit. Tout ce qu’il n’avait jamais obtenus qui lui sorte la tête de l’eau, il s’était battu pour le posséder, comme il s’était battu pour son cadet. Il ne savait que cela, se battre, prendre ce qu’il voulait et faire face à la noirceur qui souhaitait l’envelopper et en son cœur le noyer. Du cercle, il était à l’heure actuelle le pilier le plus fragilisé, le plus en proie à l’étouffant et sinistre drapé… et en cette journée, si ce n’était bien qu’elle, son âme épuisée ne désirait nullement faire offrande de plus d’horreur encore. S’il avait pu prier, sans doute aurait-il demandé la paix.

« Oui, cesser » fit-il simplement, confirmant la pensée « Cet exercice ne mène plus à rien » Un mensonge, il aurait pu poursuivre et puiser plus profondément encore dans la révoltante puissance qu’il charmait sans effort. Mais il ne désirait pas le faire, en l’instant cela lui donnait la nausée, et il savait que s’il le révélait, son frère l’asticoterait jusqu’à ce qu’il accepte de s’expliquer. Il ne le désirait pas. Il ne voulait pas poursuivre plus avant à ce sujet, et c’était d’ailleurs pour cela qu’il continuait de parler. Son cabinet, ou même son futur voyage, voilà qui, déjà, était plus acceptable et moins épuisant à relater. Il voulait absolument pouvoir travailler de nouveau de ses mains, opérer et sauver des vies, contrebalancer celles qu’il avait prise sans la moindre équité. Et puis, cela lui rapporterait davantage qu’un simple travail de diagnostic et de consultant. S’il pouvait de même rebâtir un cabinet, et s’établir à son nom et pour ce qu’il était, ne plus dépendre de sa famille, il le ferait sans hésiter, n’aiment nullement l’idée de vivre à leur crochet, bien qu’il soit loin d’être un dépensier des biens familiaux. Ce qu’il désirait, il savait l’obtenir autrement, quand Eurynome ne s’amusait pas à le combler pour quelque étrange et malsain caprice. Le démon se montrait bien trop agréable avec lui, bien trop parfait dans son approche de gentleman cultivé et sans arrière-pensée. Il en avait, il ne pouvait qu’en avoir, le contraire était impensable, et pourtant il se laissait déjà trop amadoué, même dans sa méfiance largement raisonnée.

Eurynome… Il aurait soupiré de se savoir, une fois de plus, sous son regard attentif et patient, un regard qu’il haïssait autant qu’il le désarçonnait. En revanche, la réaction de Morghann, elle, ne l’étonnait pas le moins du monde, même s’il ne savait exactement s’il devait s’en réjouir ou s’en irrité. Son cadet était de toute évidence affolé, chose qui, inévitablement, lui fit froncer les sourcils tandis qu’il l’observait. Tant d’émois et d’empressement… Il ne répondit pas immédiatement. Le problème n’était pas exactement celui qu’il s’imaginait sans doute, à l’entendre son départ évoqué. Il restait là, la chair de poule venant grimper le long de ses bras, issue du passage de l’habitacle chauffé à l’extérieur froid. Il l’observait sans un mot, le laissant parler, s’appuyant sur sa canne pour soulager sa jambe, son frère l’ayant arrêté au beau milieu d’un pas du mauvais côté. Il ne se décidait toujours pas à répondre, alors qu’ils étaient interrompus par le propriétaire venu les saluer. Rompant l’échange, il contourna posément son frère et vint faire de même auprès de l’individu, dans sa langue natale, pour lui faire plaisir. Et il rencontra un franc succès, qui leur offrit une entrée plus cérémonieuse encore, et une place à la meilleure table de l’établissement, pour son plus grand plaisir. Le salon était un peu à l’écart du reste des invités, nombreux en cette soirée, et disposait, outre ce calme, d’une superbe vue sur la proche jetée. L’ensemble était suffisamment confortable pour son pauvre corps, pour ne rien gâcher.

Enfin, installés, servit d’un thé puisqu’il avait refusé le saké, il consentit à reprendre la parole et, enfin, le sortir de son bain d’angoisse exacerbée. « Je ne te fuis pas. Il ne tient qu’à toi de me donner une raison de le faire, tout comme je t’ai dit qu’il ne tenait qu’à toi de prendre ta place de roi. Tu as toutes les cartes en main pour choisir ta destinée à mes côtés. Mais apaises-toi pour cette fois, cela n’a rien à voir avec toi… Je te l’ai dit, c’est cette période et ce lieu que je ne puis supporter en combiné. J’ai besoin de prendre l’air moi aussi… » Il prit la petite tasse délicate de porcelaine peinte et la porte à ses lèvres, buvant pour achever de se réchauffer, la peau piquetant encore un peu. Puis il reposa l’objet avec délicatesse et tamponna ses lèvres du tissu brodé posé à sa gauche avant de poursuivre « Tu es occupé, avec le Met, non ? Je ne pensais pas que tu voudrais m’accompagner… même si je dois avouer que ce n’est pas là la préoccupation principale qui m’a accompagné. Je risque simplement d’avoir de la compagnie et… une compagnie qui ne pourrait t’accommoder. Voilà simplement la raison. Je m’efforce de te ménager » Il eut un mouvement de tête autant que du buste, accompagnant les paroles autant que pour remplir son besoin ponctuel de bouger, se replaçant correctement dans l’espace qu’il s’était octroyé. « Désires-tu tant que ça m’accompagner ? Si c’est le cas, je crains qu’il ne faille sans doute régler quelques questions avant cela »

Le ton était prudent, ponctué et la lente énonciation, précautionneuse, s’attelait à ne pas s’avancer en terrain délicat billet en tête, sans même considérer les réactions disproportionnées qu’il n’avait cessé d’avoir et qui risquaient bien de ne pas manquer.

Ven 20 Nov - 20:43
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Pas de nem à l'asiatique, de toutes évidences et pas non plus de réponse de la part d'Howard qui préférait les petits japonais ! Devait-il perdre totalement le contrôle ? Hurler à plein poumons, taper sur tout ce qui bouge ? Sa toxicomanie macabre le fragilisait, pourquoi son cher frère s'amusait-il alors à le contourner alors qu'il voyait bien l'état dans lequel il se trouvait ? Morghann s'interrogeait sur les raisons qui avait bien pu le pousser à accepter ce dîner alors que son aîné lui avait octroyé la possibilité, un peu plus tôt, de se retrancher. Parce qu'il avait réussi à se sentir un peu mieux, à respirer, à envisager que cette maudite soirée puisse bien se terminer ? Parce qu'il aimait son jumeau et qu'il avait programmé cette soirée, pour lui, avec lui tout au moins, que le cadet n'avait pas le cœur à briser ce qu'il avait édifié ? Foutaise ! Ça ne faisait que gratter d'avantage ses nerfs à fleur de peau, et déjà, il s'accablait de son manque de solidité, là où Howard avait peut-être espéré autre chose de lui. Il n'avait pas su l'apaiser, pas su lui apporter la distraction plaisante qu'on lui avait réclamé, pas su caresser, en surface seulement, les contours flous qu'on lui autorisait, ne pas gratter comme il le faisait. Il était empressé, franchissait les étapes sans s'y arrêter, allant bien trop loin que son frère ne pouvait le supporter... Alors oui, cela donnait cette soirée, ce fiasco dont il s'affligeait.

C'était abattu qu'il prenait place dans le salon. Yeux bas, silencieux, ne relevant le regard que pour remercier le serveur du thé qu'on leur apportait avant qu'entre ses mains la tasse soit glissée et que ses prunelles, dans le liquide brun, s'en trouvent hypnotisées. Las, tout retombait et le décor qui l'entourait n'avait aucun attrait, ce fut à peine si les premiers propos de son frère marquèrent ses lèvres d'un pâle sourire. Maigre consolation à ce qui suivrait. « Je suis occupé, certes. Rien toutefois qui puisse faire obstacle à une demande de repos. » souffla-t-il, si bas qu'ils pouvaient s'estimer heureux d'être dans ce calme salon et non dans la grande salle de réception auquel cas, Howard ne l'aurait probablement pas entendu. Pour le reste, ce n'était qu’indigestion que son estomac déjà fort noué accueilli sans plus de discernement. Un à-coup parmi d'autres qui ne pouvait le descendre plus bas qu'il ne l'était. Ses pouces frottaient la porcelaine délicate de la tasse qu'il tenait, le nez au dessus de la vapeur aromatisée qu'il s'en élevait. « C'est inutile. » souffla-t-il alors, comme s'il s'était assommé bien trop fort. Si Howard voulait prendre l'air à l'étranger et n'avait pas pensé y emmener son frère... Préférant cette inconnue compagnie qu'il ne pouvait qu'observer avec une posture défensive. Son frère ne l'avait pas demandé.

Soupir et de sujet changeant, il releva les yeux vers les siens : « Quel est le but de cette soirée, Howard ? » Elle n'en avait aucun, si ce n'était les avoir placés d'avantage en antagonistes que protagonistes. « Voyons les choses en face... Tu as exprimé ton souhait de te détendre et d'échanger sur nos personnalités. A mes questions, tu te retranches dans tes secrets. A l'expression de ce qui me sied, tout n'est plus qu'un silence. Quel échange, quel franc succès. » Il aurait voulu être cynique, comme à son habitude et si ses mots l'étaient, sa voix se refusait à d'avantage d'opposition. Son expression était peinte d'une pénible déception et d'une culpabilité oppressante contre lui-même. « Comment suis-je censé réagir à cela ? Je m'interroge sur tes non-dits, sur ce que tu caches, ce à quoi tu penses. Je me remets en cause, recherche mes péchés. Dis-moi Howard, comment pouvons-nous échanger lorsque face à moi, de ce masque, tu tiens tant à te parer ? Quand tout ce qui sort de toi est filtré, y a-t-il encore seulement quelque chose de vrai ? Je brûle les étapes, c'est vrai. Peut-être devrais-je m’accommoder des limites que tu m'imposes et trouver de quoi te distraire en respectant cette distance pour progressivement me rapprocher. Mais je ne n'arrive pas à être aussi impersonnel et je n'arrive pas non plus à accepter que tu le sois avec moi. » Hier encore, ils ne se disaient que si peu et Morghann lui réclamait, là, une conversation à cœur ouvert, du jour au lendemain ? C'était trop, mais le cadet n'avait pas de jeu intermédiaire, trop peu habitué à ces mondanités, ces mots-couverts. Il n'avait qu'un masque ou il n'en avait pas.

« Quel sens dois-je donner à cette guerre, qu'au sein de notre famille, tu veux mener alors que d'une similitude à nos ennemis tu es tant doté ? Que ce que je suis, à leur opposé, t'inspire tant de dégoût et pour autant, est ce que tu veux sauver ? … Et est ce que tu aimes à posséder ? Quel sens dois-je donner à ta relation avec Mortimer ? Qu'à le détrôner tu œuvres, tout en laissant de bon plaisir ses propos t'amadouer et que si semblable, ta manière de gouverner ne changerait rien à ce qu'il faisait ? Es-tu donc cet éternel insatisfait, qui, enviant ceux d'en haut, ne sait que regarder ce qu'il possède déjà avec un dédain amère sans pouvoir s'en contenter ? Et ne voir son monde qu'en nuances si sombres, déçu et chagriné ? » Paradoxes et utopies qu'il ne comprenait, même s'il savait qu'il devait les accepter sans broncher. Il secoua la tête de gauche à droite, baissant à nouveau les yeux, tant fatigué que résigné. « Tu t'efforces de me ménager, je t'en suis gré. Tu n'aurais pas eu à le faire si c'était ma compagnie que tu avais réclamée ou qu'à défaut, tu ne t'entoures d'une personne dont je ne pourrais m’accommoder. » Comprenait-il qu'il puisse se sentir doublement exclu de ce voyage ? Que s'il avait de projets si précis, il ne voulait pas s'y poser comme un cheveu dans une soupe ? Sombre, il répondait : « Pars. » Syllabe abjecte. « Si tu souhaites prendre l'air, pars. » Regard alerte, emprunt d'aberration. Il n'avait plus envie de lutter, essayer de comprendre le sens de ses décisions. « Mais ne me fais pas croire que c'est avec Mortimer que tu le pourras. Je ne te crois pas. » Qui d'autre pouvait être cette compagnie qui l'indisposerait ?

Sam 21 Nov - 21:55
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié

Silencieux, il l’observait d’un regard posé et lisse, souhaitant ne pas se dévoiler, souhaitant conserver intérieurement ce qu’il pouvait, de tout cela, tirer. Ses doigts tapotaient la porcelaine avec lenteur, semblant plus longs encore, contre la petitesse de l’objet, semblant être un piédestal pour tout l’art naturel que sa main contenait. Un long, un très long moment, il resta parfaitement silencieux, l’observant, encore et toujours, mais sans répondre, sans rien dévoiler, sans aucun voile levé. Ses sentiments étaient mitigés, et il commençait, cette fois, à réellement souhaiter disposer d’un peu de solitude et de tranquillité. Mais il ne le renverrait pas, sauf si cela devenait une absolue nécessité. Et bien entendu, il espérait ne pas avoir à en arriver à une telle extrémité. Quand il eut enfin décidé qu’il était temps d’énoncer, il le fit, d’une voix claire, sans s’embarrasser. « Libre à toi, effectivement, de ne pas me croire. Tu n’es pourtant guère en mesure de pouvoir te permettre la moindre intransigeance dans tes avis, quand tu n’as aucune matière sur laquelle t’appuyer pour les supporter. Tu l’as toi-même avoué plus tôt, tu ne sais rien de ma façon de raisonner » Ce n’était ni irrité, ni critique, mais une simple affirmation, calme et détachée. Un nouveau silence, sans que son regard ne vacille ou ne le lâche. Toujours, il l’observait, n’ayant pas bougé de la roide posture qu’il avait adoptée. « Et je ne pense pas que cela soit un mal. Tu sembles déjà peiner à te comprendre toi-même et à clarifier tes propres ambivalences » Léger, son ton n’hachurait jamais, se relevant sur la fin de sa phrase qui alors se parait des airs d’un soupire retenu et transformé. Enfin, il se permit un mouvement, changea de position afin d’assouplir ses muscles crispés.

Pour autant, il n’en resta pas là, mais menant son discours avec une ligne simple, retenant la parole à lui sans la forcer, parlant sans rien asséner. « Tu savais déjà que j’étais entouré, et quoi que tu te sois réclamé d’une place dominante, je t’ai dit que tu devrais la prendre, comme je t’ai dit que ces autres, tu serais contraint de les accepter, pour le temps de leur service à mes côtés. Je n’entends pas que cet agrément soit remis en question, comme je n’entends pas que tu puisses faire fi de l’essence même de ce que tu m’as offert » Il reprit son souffle, sur un geste léger de la tête, presque une dénégation, mais vague, sourcils se fronçant un peu, brièvement. « Tu souhaites être à mes côtés, mais tu sembles également très enclin à vouloir de moi avec une autre personnalité. Je ne puis en changer. Elle est mienne, elle est ce qu’elle est à l’instant présence, et si elle doit changer, dans quelque sens que ce soit, ce sera à son rythme à elle et pas par ta volonté. Je ne vais pas cesser d’agir comme il m’est coutume de le faire du jour au lendemain » Il expliquait, avec une patience renouvelée pour l’occasion, mais dont il ne parvenait pas à trouver la source exacte tant lui-même en était étonné. « J’ai effectivement émis le souhait de me détendre, que l’on m’interroge sur des sujets lourds de conséquences et aussi délicats à aborder ne me parait nullement l’essence même d’une soirée de détente, ce que j’ai déjà par une fois exprimé. Il y a de même bien des façons d’en apprendre plus sur une personnalité, je le fais d’ailleurs en l’instant… »

La phrase, un instant, resta en suspend, tandis que son regard tranchait silencieusement, puis, perdant son éclat de lame irréelle, ternissait. Il inspira longuement, expira de même, avant de s’autoriser à poursuivre. « J’ajouterais » fit-il alors, semblant reprendre le fil de ses paroles, la voix se relevant dans un souffle bien étudié « que je t’ai répondu. Tu as peut-être l’habitude d’obtenir d’immédiates paroles, je le conçois tout à fait, mais j’ai toujours pris mon temps, avant de répondre, d’autant plus quand il s’agit d’une affaire d’importance… » Nouveau signe de tête, un peu vers l’avant, ses traits affichant une expression d’engagement, dans l’expectative d’une réaction de son cadet. « Et d’autant plus lorsque nous attendons sur le pas d’un restaurant, que l’on nous salut, et, qu’accessoirement, je dois m’appuyer sur une canne longuement pour soulager les tiraillements et douleurs lancinantes qui émergent lorsque je m’immobilise » Un fantôme de sourire sensiblement ironique rampa sur ses lèvres, alors qu’après un instant de flottement, il ajoutait, à demi comme une plaisanterie, à demi sérieusement, et avec un soupçon de dérision : « Il est naturel que tu t’interroges sur mes motivations et mes pensées, mais n’est-ce pas quelque peu… étrange… de tant tenir à aborder tous les sujets les plus éloignés d’une vie simple comme tu prétendais vouloir me la montrer ? » Question douce, presque sucrée, presque seulement, mais parfaitement piquée.

Cette fois, il secoua bien la tête, dans un signe de déception, ou bien simplement de sourde et profonde dénégation, prenant sa tasse pour la vider d’une gorgée avant de la reposer, la tenant par les bords, un doigt sur chaque arrondi, la faisant un instant tinter. Un long silence, à nouveau. Un très long silence. Presque douloureux, certainement, alors que, pourtant, il se montrait parfaitement poser. Il le tranchant néanmoins, d’une voix plus ferme, l’énonciation d’une netteté calculée pour appuyer sur son dialogue. « Tu ne me connais pas, Morghann, c’est vrai. Par trois fois déjà j’ai essayé de donner cette soirée un ton moins sépulcrale que celui que nous aurions subit au diner de notre parenté. Par trois fois tu t’es entêté, très bien, je ne vais pas perdre mon temps davantage, mais ne compte pas non plus sur moi pour renouveler l’expérience. Je n’ai jamais été homme à me complaire dans un échec aussi retentissant » Regard vif et éveillé, sur lui posé, mais un regard où sourdait autre chose… une chose plus ténue et distante, sous cette fermeté naturelle. « Je suis un Earl dans le plus pur sens du terme. Ton aîné, mon frère, forgé pour hériter du trône de Pryam, ce trône que nos ancêtres, chacun à leur tour, ont forgé. Beaucoup de ces valeurs me correspondent, non seulement parce que j’ai été ainsi élevé, mais parce qu’elles raisonnent avec ma manière d’être. Ma manière de penser, mes expériences et la manière dont je me suis consolidé »

Un temps bien coordonné, presque universitaire ou politique tant il était minuté, avant qu’il ne reprenne : « Famille, Dignité, Secret, Travail, Pureté, Devoir, Noblesse. Voilà les valeurs de notre famille, dans quelque ordre qu’on les prennent. Et elles sont positives. Il y en a pourtant également qui ne le sont pas. Des mœurs, et des façons, qui nous enlisent et nous noies, nous attaches au passé. Et bien d’autres encore. Je suis un Earl, mais je les vois. Sans doute suis-je le seul d’entre eux à les voir, ces défauts, ces menaces, cette pourriture dissimulée. J’ai ouvert les yeux, j’ai su où était ma responsabilité » Le mot s’appuyait de lui-même, dans son importance était grande à ses yeux « Mon Devoir était envers ma Famille. Son concept plus que son incarnation de chair et de sang. C’est pour ma Famille que je me bats, que je me suis toujours battu et échiné. C’est pour ma Famille que j’ai souffert et qu’à l’avenir je souffrirais. Pour que toi, et tes descendants vous puissiez vivre sans cette cangue sur vos épaules, pour que vous ne vous épanouissiez pas à l’ombre d’un antique château tombant en désuétude et proches d’un parc emplit de cadavres et exsudant la nostalgie de la tombe profonde… oui, pour vous » Et sur ce mot, il appuyait plus encore « Je pourrais sacrifier toute cette ville sans hésiter. Mais ce n’est pas mon but…. » Il sembla se détendre, quelque chose de viscéral, dans l’air, sembla se détendre, alors même que son corps ne paraissait pas crispé.

Sa voix ne tremblait pas un seul instant, alors qu’il assénait… « Mon but est de faire enfin entrer ma Famille dans le futur, avec ce que je pourrais en récupérer. Je couperais les membres pourrissants pour ne laisser que la chair saine, et je l’aiderais à se reconstruire. Parce que, bien qu’étant un enfant du passé, j’ai vu l’avenir et j’ai su le jauger. Pas en tant que personne… » Il soupira profondément, ferma un instant les yeux, détourna la tête, revint à Morghann, et souffla plus bas, presque lassé « Non… pas en tant que personne… » Un instant, il s’interrompit, sa mâchoire jouant tandis qu’il réfléchissait, puis il reprit, relevant le buste et la tête, noble et digne, et parfaitement serein et en paix. « Mais en tant que futur patriarche, et en tant qu’entité intellectuelle, et humaine. En tant que membre du Cercle également, pour les valeurs que j’ai aidé à lui insuffler et que j’ai adoptées. Parce que j’ai toujours été capable de partager mes ressentis personnels et objectifs, je sais faire la différence entre ce que moi, je peux vivre et supporter, et ce qui peut être bon pour ceux qui ont une importance à mes yeux » Son regard sérieux revint, et il énonça posément, mais toujours penché vers l’avant. « Et je te demanderais à ce titre comme à beaucoup d’autres de ne plus porter de jugement sur ce qui peut me satisfaire ou non. J’ai souvent sacrifié ma satisfaction au profit de la tienne Morghann, et le peu que j’ai pu obtenir, que je me suis accordé, je l’ai savouré à sa juste valeur » Et il n’avait jamais aussi peu douté d’un adage que de celui-ci : Ce que l’on ne possédait qu’en petites quantité était d’autant plus apprécié et cher à un cœur.

Un long moment, il digéra lui-même tout cela, se massant l’arête du nez, puis venant un instant frotter ses yeux, inspirant et expirant le plus normalement possible. Finalement, très doucement, il finit par revenir au présent, toujours dans ce lourd silence, tandis qu’on les servait enfin de leurs sublimes bateaux. Il attendit que la maîtresse de maison se soit éclipsée avant de reprendre, tout aussi doucement, presque avec douceur. « Elie fait partie du peu de choses qui m’ait donné de la satisfaction. Il m’a donné une sincère attention, a accepté de me tutorer, m’a permis de nourrir d’autres visions que celle, étriquée, de nos parents. Le voir était une échappatoire. Près de lui… je n’avais plus peur de mon père, je n’avais plus à supporter la pression qu’il m’infligeait et les attentes dictatoriales. Oh, Elie a toujours attendu de moi… mais je l’avais choisi. C’était toute la différence, il a été mon tout premier choix et m’a donné goût à me battre pour ce que je voulais. Je sais parfaitement ce qu’il est, ses défauts, ses dangers, et je commence à cerner, je pense, ce qu’aujourd’hui, il voudrait de moi… mais je retrouve encore en lui, quelque part, tout ce qui m’a jadis charmé et émerveillé… » C’était presque d’amertume et de nostalgie, de regrets, que sa voix se lacée «Et il m’acceptait. Il ne m’a jamais rejeté. C’est moi qui suis parti, qui l’ai quitté… je savais que c’était la meilleure solution, que si je restais je serais à sa merci, je n’étais pas encore assez mûre pour l’aborder sur un pied d’égalité. Aujourd’hui je le suis et je brigue sa place… »

A nouveau, il se força à être ferme, sérieux et il termina, plus haut, plus clairement « Tu veux savoir ma façon de penser ? J’escomptais profiter de notre départ à l’étranger pour lui parler de toi et le persuader de te rendre ce qu’il t’a enlevé. Je comptais également pouvoir baigner dans l’atmosphère qui me sied, parce que crois-le ou pas, mon frère, pendant que tu t’occupes de Scotland Yard et du Réanimateur, je ne me tourne pas les pouces en attendant ton retour comme une princesse exilée. Rester en cette ville est un suprême effort en soi-même, encore plus frayer avec sa populace, et encore davantage mettre les alliés de notre père de mon côté en prévision du nettoyer que je compte infliger au château familiale. Je t’ai fait part de ma réponse concernant ta venue avec nous, à présent fait-en ce que tu veux, mais je partirais effectivement quoi que tu en penses » Il attrapa enfin ses baguettes, concluant là sur ce chapitre pour le moment. Il avait faim, il était réellement revenu de son idée de passer du temps avec lui, et il n’avait pas la moindre envie d’épiloguer sur le cas d’Elie Mortimer. Pourtant, une pensée fugitive lui vint, et avant croquer dans sa prise, il pointa son cadet du sushi en ajoutant, en décalé : « Et je doute que ton patron accepte de te voir demander des congés moins de trois mois après ton embauche, en pleine période de crise. Nous ne sommes pas chez les français…. »

Et pour conclure cette longue diatribe, il croqua enfin dans le sushi. D’abord parfaitement calme, il fronça pourtant les sourcils en reculant sensiblement le cou, tête se baissant quelque peu, alors qu’il dissimulait ses lèvres derrière sa main libre et reposait ses baguettes. Lentement, muet, il perdit une demi-couleur puis ferma les yeux et déglutit sa bouchée. Lorsqu’il les rouvrit, ils étaient pleins de larmes et légèrement vitreux. Son corps sursauta comme s’il était pris d’un hoquet dont on aurait retiré la sonorité, une fois, deux fois, il referma les yeux, chassa les larmes en retirant sa main et inspira avant de boire une gorgée de thé en essayant de se donner contenance. Il se dissimula pourtant de nouveau derrière sa main, se mettant légèrement à tousser tandis qu’il lâchait, entre deux quintes : « Wasabi…. » Le sushi était entièrement trempé dans du wasabi…

Mer 25 Nov - 19:45
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
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Morghann Earl
« Non. » Ils n'étaient pas chez les français, c'était une évidence. Morghann avait eu du mal à supporter qu'ils râlent tant, dans un premier temps, avant de les accepter. Comme Howard, ces français ne changeraient pas, ou si peu. C'était comme si la protestation était inscrite dans leurs gènes. « Nous sommes à Last End et je suis un Earl. » Ça lui ouvrait beaucoup de portes. En près de vingt années à l'étranger, il en avait presque oublié ce que c'était. Ce pouvoir, cet ascendance, ce désir palpable de ne pas faire quoi que ce soit qui puisse décevoir le patriarche Earl. Pryam pardonnait très difficilement. Morghann n'était pas du genre à aller se plaindre dans les jupons de son père, mais peut-être était-ce que les gens de cette ville avaient en tête. Tout semblait alors plus facile. Mais à en juger par l'argument de son frère, c'était à croire qu'il semblait mettre un point d'honneur à ne voir que des obstacles à sa venue. « Je suppose que mon nom n'aura pas suffisamment de poids. » Une dernière façon de lui dire qu'il ne viendrait alors pas. C'était ce qu'il avait implicitement compris de son jumeau, bien qu'il en soit déçu, il abdiquait.

Il baissa les yeux, pensif à tout ce que lui avait répondu son aîné. Il se sentait à la fois coupable et éclairé. Les souvenirs de son frère, dans sa tête, se bousculaient, offraient à ses yeux une version nouvelle de ce qu'il avait assimilé. Il se sentait responsable de ce dans quoi il baignait, quand bien même il n'aurait rien pu y changer. Lorsqu'ils étaient tout deux partis de Last End, Morghann avait fait le choix de ressembler aux autres de l'université et Howard de s'en distinguer. Son jumeau s'était senti investi d'une mission, d'un devoir envers lui, envers cette famille, et avait été le rempart protecteur. Il l'avait laissé vivre, ne s'était pas opposé à son mariage, bien qu'il n'en avait nullement apprécié l'épouse. Quant à l'enfant, il dérogeait aux règles de pureté établie chez les Earl depuis bien des siècles. Lui-même était le fruit d'une union savamment calculée. Morghann avait été loin dans la distinction avec sa famille, et sûrement était-ce à son frère qu'il le devait. Il lui était reconnaissant pour cette liberté qu'il lui avait offert et qui allaient au delà de tout ce qu'aurait pu imaginer un adolescent Earl. Personne n'avait jamais su ses déboires, sa vie étudiante, son mariage impur, sa paternité souillée. Juste Howard et c'était bien assez. Pour les autres, cela avait été occulté. La vérité était qu'à le couvrir, Howard était resté ancré dans les préceptes de leur famille là où le cadet avait pu s'en émanciper.

De ses pensées, il fut extirpé lorsque son frère lui parut en difficultés. Il fronça les sourcils, perturbé, cherchant ce qui n'allait, puis dans un geste rapide, d'une protection il le parait, invisible pour ces autres à l'envers du Secret. Inquiet et surpris, rien ne venait frapper son bouclier, ne serait-ce qu'un peu. La menace ne semblait pas venir de l'extérieur : « Howard ? » interrogea-t-il, fixant ces yeux pleins de larmes, de le voir prendre du thé puis tousser à nouveau. S'étouffait-il avait un sushi ? Il s'apprêtait à se lever, tout médecin qu'il était, pour lui faire recracher ce qu'il avait avalé quand la réponse tomba, le soulageant pour moitié. Il fit retomber le bouclier, avec la même discrétion qu'il avait eue pour le créer et il saisit la théière pour resservir son jumeau accablé. La boisson chaude serait d'un bon effet pour apaiser l'agressivité de cette substance verte dont les japonais semblaient raffoler. « Lord Howard Earl défait par un sushi. » railla-t-il une fois que son frère ait repris le dessus à grand renfort de thé. Il avait envie d'en rire, une fois la peur retombée, mais probablement lui restait-il un tant soit peu de respect pour ne pas y céder, quand bien même sa moquerie avait déjà été annoncée, mais son frère n'avait-il pas dit qu'il le punirait ? Une raison de plus ou de moins ne ferait nul effet. « Quand j'y pense, ce n'est pas la première fois que le wasabi te fait des misères. » Il faisait référence à un épisode de leur périple à l'étranger où son frère était déjà tombé dans le piège du sushi maudit.

« Tu devrais plus te rabattre sur le classique au saumon. » fit-il en pointant d'une baguette l'un des sushis dans le plat de son aîné : « C'est sans surprise certes, ça fait partie de ces choses auxquelles on s'attend, un peu comme la routine. Si préfères un peu de douceur, il y a le celui teriyaki. » Il désigna un autre sushi à l’apparence laquée : « Ils font griller le poisson dans une sauce soja sucré au mirin. C'est doux, c'est savoureux et probablement une très grande satisfaction. Celui-là... » Il pointa un maki aux couleurs chaudes : orange, rose et rose pâle. « Mangue et saumon, relevé avec un sauce épicée. Il est joli à l’œil, en général il plaît. Il feinte la douceur par son fruit sucré et puis poignarde dans le dos par sa sauce épicée. Ça surprend, ça fait un peu mal et puis finalement, on trouve ça bon. C'est un défi dont on savoure la victoire. Un peu comme notre père, tu vois ? » Il releva ses prunelles noires sur Howard : « Et puis il y a celui au wasabi. Il a l'air simple, on s'attend à y trouver quelque chose de bon, il est même suffisamment attrayant pour que tu l'ai choisi en premier... mais au final c'est celui qu'on ne mange qu'à moitié et qui nous fait verser des larmes plus qu'on ne voudrait. » Il marqua une pause, calme, comme pour laisser à son frère le temps de voir où il voulait en venir. Il avait noyé le poisson... Enfin là, le sushi. Mais il savait ce qu'il voulait aborder : « Je ne te connais pas c'est vrai. Je n'ai nul droit de jugement sur ce qui te satisfait ou non. Mais j'ai peur pour toi. J'ai entendu ce qu'il t'a dit au cours de son tutorat, je l'ai entendu t'offrir cette vision novatrice que tu as sur l'avenir de notre famille. Si cela t'a forgé, a été ton premier choix, je peux l'entendre, le comprendre même. Peut-être devrais-je le remercier de t'avoir mis sur cette voie. Mais aujourd'hui, il me tue. » Le pire était certainement qu'il n'exagérait pas. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne s'éclate la tête contre un mur, dans un élan de folie. Ça le détruisait à petit feu, il lui était difficilement acceptable que son frère puisse encore de la sorte s'extasier à la compagnie sucrée du Prince de la Mort.

« Alors, je t'en prie. Ne fais pas l'erreur de le prendre pour du teriyaki. Motimer, c'est du wasabi et le jour où tu te décideras à le manger en entier... Je ne sais pas dans quel état je te récupérerai. » Il avait peur et ça grondait dans sa poitrine, c'était encore plus fort que la jalousie qu'il pouvait éprouver à l'égard de Mortimer. C'était bien plus profond, bien plus ancien : « J'ai promis d'obéir à Howard Earl, pas à un affidé d'Eurynome. Tu m'as demandé de prendre et gagner ma place. Je la garderai. Je ne veux pas te regarder choir et perdre mon maître. J'ai peur, tu sais... » Il reposa ses baguettes dans un long et lourd soupir. « Tu m'impressionnes. Tu m'as toujours impressionné, depuis ce jour où tu m'as demandé de te suivre à l'étranger. Je l'ai fait, même si ça ne plaisait pas à mon père, je préférais marcher dans tes pas que dans les siens... Mais j'avais peur, je ne savais pas ce que je faisais exactement, ce qui nous attendais, la vie que nous allions mener. Dans l'avion, je n'osais pas t'interroger, je te regardais et je ne disais que si moi, j'ignorais la suite à venir, toi, tu le savais, tu avais cela en main et... Ça me suffisait pour être certain que tout se passerait bien. » Regard calme, posé. « Quand tu me parles de notre père, je suis convaincu que tu parviendras, que tu ne perdras pas ta ligne de conduite en chemin, tu marcheras droit. Je sais aussi que tout se passera bien. Il me plaît de t'y voir triompher. » Il nourrissait en lui une confiance absolue sur ce sujet, tout comme il avait été certain qu'Howard maîtrisait parfaitement leur départ à l'étranger. Pour Elie, la situation était différente, et à juste titre. Sa relation est si ambiguë et il pouvait le comprendre à présent. Il avait été sa première liberté, le déclencheur de sa réflexion. « Que tu portes envers Elie un certain émerveillement est assez... Normal en fin de compte. J'ai peur que ce sentiment altère ton jugement à un moment ou un autre. J'espère tellement me fourvoyer. Je te suivrai, si tu es certain de la voie que tu veux emprunter. Je te suivrai... Et je te remercie d'avoir répondu à mes questions. »

Il baissa les yeux, secoua la tête de gauche à droite comme pour en chasser le sujet indésirable. Il reprit ses baguettes et entama enfin son repas, fixant celui au wasabi de son assiette comme une bête dont il ne s'approcherait pour rien au monde. C'était aussi pour ça qu'il ne voulait pas venir. Elie était son assassin, Morghann aurait infiniment de mal à obéir à son frère et à se montrer poli. Il se tairait, c'était certain. Mais il ne voulait pas faire subir ces tensions à son frère alors qu'il réclamait du répit. Il se mit à songer à sa longue attente, ici, à Last End, à se demander si son frère n'avait pas cédé aux perfidies du démon. Il se demandait également comment il tiendrait, si les choses venaient à déraper dans sa tête. Il n'aurait pas Howard pour le contenir, le rappeler à l'ordre, il devrait le faire seul et s'imposer une discipline à laquelle son aîné devait sûrement s'attendre de sa part. « Tu avais accepté de manger avec mes amis ce jour-là. On avait commandé des sushis à la maison et tu étais là. J'étais heureux mais eux, ils te regardaient comme un phénomène de foire lorsqu'ils ont constaté combien le wasabi te menait la vie dure. Ils riraient. Et... J'étais gêné de cette moquerie. Oh, c'était drôle certes, ce serait arrivé à un autre que toi, j'aurais probablement été hilare. » Il haussa les épaules avant de poursuivre : « Tu as finis ton repas, dans un silence assez habituel et tu es parti dans ta chambre. Pour étudier, sûrement. Mais je n'avais pas pu m'empêcher de me sentir coupable. Je suis passé devant ta porte, mais je n'ai pas osé toquer. Je ne savais pas comment t'approcher, comment discuter avec toi vraiment... Et en fait, ça n'a pas vraiment changé. Je ne suis pas la meilleure compagnie que tu puisses t'octroyer. »

Non, il n'était rien de tout ça, Elie savait lui parler, savait quel sujet aborder avec lui, quels mots doux lui susurrer pour le charmer. Pas étonnant que ce soit avec lui qu'Howard voulait s'envoler. « Avec un peu de recul, je me dis... Que Math parlait peut-être trop fort pour toi. C'est vrai que sa voix portait, il pourrait faire un bon marchand de poisson. » Fin sourire, moqueur, sur ses lèvres : « Ou que les accords de guitare de Charlie te déplaisait. Elle vivait en permanence avec son instrument. Peut-être n'aimes-tu pas les musiques tziganes ? » Nouveau sourire : il voyait mal Howard danser et chanter sur des airs tziganes comme Morghann l'avait fait par le passé. Il ne voyait pas Howard danser tout court en fait. « Elle avait aussi toute une série des mélodies dépressives pour les fins de soirée. » railla-t-il « Aurais-tu d'avantage apprécié ? » Il se mordit la lèvre : « Enfin, pour être honnête, je pense que tu es parti parce que Jen' essayait de te faire du pied sous la table. Mais, je ne l'avais pas vu à l'époque. » Non, c'était dans les souvenirs d'Howard qu'il avait retrouvé cela, à l'instant même. Morghann fronça rapidement les sourcils, songeant brutalement à un autre sujet en rapport : « Rassures-moi, Pryam n'a pas décidé de mon mariage avec une cousine plus ou moins éloignée pour que tu me parles de ma descendance un peu plus tôt ? » Oui, parce que qu'aux dernières nouvelles Andrew était mort et quand bien même il serait vivant, il n'était en rien acceptable en matière de pureté familiale.

Dim 29 Nov - 15:22
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié

Il resta un long moment silencieux, l’observant fermement, sans bouger, le décortiquant du regard, et jaugeant en silence mais sans agressivité. Ses prunelles, pourtant, étaient vides, et d’émotions débarrassées. Cela lui demandait un effort étrangement plus conséquent qu’il ne l’aurait pensé. Sans doute simplement parce qu’il avait précédemment tenté de sortir de ses habitudes, et qu’il s’y était tout entier dévoué. A présent, il avait bien du mal à agir comme il savait le faire, ou peut-être était-ce simplement qu’il sortait tout juste d’une tentative d’homicide par sushi. Sa bouche brûlait encore, atrocement, et il s’était vraiment vexé de cette humiliation en bonne et dûe forme, et surtout en public… C’était même tout son esprit qui brûlait, appréciant très peu de manque de dignité. Heureusement que son frère avait eu le bon goût de ne pas trop insister. Le Wasabi, il n’avait jamais réussi à y résister. Il n’aimait pas ça, ou plutôt, il ne savait même pas s’il aimait le goût, parce que ça brûlait beaucoup trop son palais délicat pour qu’il parvienne à en comprendre exactement les éléments gustatifs. Et ça avait toujours été ainsi, effectivement, ce qui aurait dû l’inciter à faire attention et à se montrer plus calme, comme il l’était à présent. Maintenant, il ne savait pas s’il réussirait à apprécier la saveur d’un seul sushi… ou même du thé, dont il avait vidé la théière. Il n’en restait pas moins que Morghann lui permettait de gagner du temps utilement. Avec un peu de chance, lorsqu’ils auraient finit de discuter, il aurait retrouvé l’usage de ses papilles, à moins qu’il ne soit mort d’un anévrisme, ou de faim. Quelle triste fin.

En attendant, il avait fini par retrouver un semblant de contenance et observait, le palais défait. Quelque chose de lancinant semblait se jouer, entre eux, pulser comme une blessure fine et profonde, une certaine morosité. La question finale lui arracha un profond soupire, et il lui fallut toute sa force pour ne pas afficher un air de lassitude profonde. Légèrement, il secoua la tête, un geste éphémère de dénégation, le visage grave. « Non, c’est moi qui risque probablement d’y passer. Il n’a pas encore trouvé chaussure à ton pied. Non… si je mentionne tes héritiers, c’est que tu seras sans doute le seul à en avoir, de nous deux » Instant de flottement, de silence, ses yeux se fermant brièvement, avant qu’il n’avoue, avec beaucoup de réticence. Mais il n’était plus à une honte près, non ? « C’est… amusant, Que tu mentionnes cette soirée sushi et mon départ, puis que tu me demandes si tu auras à te marier » Il soupira doucement « Je suis incapable de produire un héritier. Je l’étais déjà, à l’époque… sans doute cela a-t-il largement contribué à mon départ » Mais à dire vrai, s’il examinait ses propres souvenirs de l’époque, il avait sans doute était davantage motivé par les moqueries. Ce n’était pas un fléau auquel il était habitué. Personne n’osait se moquer de lui, dans son monde, dans son entourage… ou alors, il s’agissait de Nakthi, et c’était alors parfaitement dosé pour ne pas le froissé durablement. Ce soir-là, il avait déjà été déstabilisé, n’étant pas dans son univers habituel, le reste n’avait fait que fleurir sur ce terreau propice à l’amertume.

« Je ne l’ai pourtant pas regretté, de t’avoir offert ma présence à cette soirée » Son regard trouva le sien. Ce n’était pas un mensonge loin de là, comme la suite ne l’était pas tout à fait. « J’étais là pour toi. Quand j’ai constaté ne faire que troubler ton repos de ma présence, je suis parti. Un petit mal pour un bien. J’ai tendu l’oreille toute la soirée durant, pour être certain qu’on ne te reprochait rien. Puis j’ai constaté que tout allait, alors je suis retourné à mes études » Les influx électriques dans le système nerveux… un sujet passionnant. Les mémoires de Comode du temps de son empire également. Avait-il vraiment étudié ? Il ne se souvenait plus entièrement de cela. Étrangement, Morghann aurait peut-être pu l’affirmer avec plus de fermeté que lui ne le faisait. Nouveau soupire, aussi lourd que la cangue sur ses épaules. « Oui, je sais qu’il est dangereux… » Eurynome, évidemment, qui d’autre ? N’était-ce pas de lui, que Morghann craignait l’influence sur son aîné ? Il avait raison. Lui aussi se méfiait, du moins, une part de lui se méfiait. Une part de lui voyait Eurynome comme une menace réelle et une menace à prendre en considération. Une part de lui objective. Mais objectif, il ne l’était pas foncièrement, du moins pas totalement. Une part de lui, parfaitement humaine, était charmée, encore aujourd’hui, par le démon. Charmée, si en confiance ce n’était… il ne parvenait pas à se dédier entièrement à son ambition démesurée, son trône lui voler. « Je sais aussi que je devrais sacrifier pour obtenir ce que je veux, si je parviens à mon but. Et je peux comprendre ta peur… »

Il regarda un morceau de sushi et se demanda s’il serait capable de le manger. Sa bouche brûlait, mais il y avait autre chose qui, en l’instant, son estomac tordait. Il ne pouvait pas se confier, lui dire que lui aussi, parfois, avait peur de ses propres réactions. « Le craindre est une preuve de sagesse. Se méfier de lui également. Je ne suis pas dupe de ce qu’il est… mais ce qu’il a fait, à mon égard, n’en ressort que davantage… » Son ton ne retomba pas, il poursuivait après un instant « Ce qu’il t’a fait également. Mais taper du poing sur la table ne servira à rien. Je veux essayer de lui arracher ce qu’il t’a retiré. Et je ne lui pardonne pas cela, Morghann, n’en doute pas » Ce n’était d’ailleurs pas parce qu’il lui en voulait que son sentiment à son égard changeait, il était toujours ambivalent. Il était attiré, et repoussé, reconnaissant et ambitieux, respectueux et méprisant. Finalement, peut-être serait-ce une bonne idée de lui parler immédiatement de son dessein… Il l’observa encore, inquisiteur, puis se redressa sensiblement, une main sur les lèvres, doigts courbés. « Tu pourrais venir et veiller, si cela te tient à cœur. Mais j’ai pour toi une autre idée. Une idée que tu m’as inspirée un peu plus tôt. Nous pourrions la tenter, cela pourrait avoir son mérite… s’il est bien maîtrisé. Je pensais à un lien psychique, entre nous. Que tu puisses venir te réfugier près de mon esprit, et auprès de moi trouver ce qui te manque, quand à toi, cela te permettrait de te rassurer sur ce que je pourrais vivre avec Elie…. Qu’en dis-tu ? »

Lun 30 Nov - 22:57
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Visiblement, plus aucun sushi ne semblait pouvoir tenter son frère, à moins qu'il ne se remette que trop difficilement de son aventure farouche avec celui au wasabi. Morghann pouvait alors aisément le comprendre. Il en aurait probablement était assez perturbé si son palais avait été de la sorte brûlé. Il se mordit la lèvre, pensif et désigna sereinement le petit tas de gingembre qui trônait en offrande. « Essaie. Il semblerait que ça nettoie le palais. » fit-il avec un sentiment presque inquiet à l'égard de son aîné. On disait beaucoup de chose sur le gingembre. Les japonais l'utilisaient entre deux sushis pour sentir la saveur de chacun d'eux, d'autres attribuaient à ce produit quelques vertus aphrodisiaques dont le cadet ne répondrait si elle s'avérait être véritable. Howard le soulageait, dans un premier, du poids d'un mariage qui se profilait, mais ce ne fut que pour mieux porter ce fardeau alors que l'affidé s’emplissait d'une intense jalousie à l'encontre de cette épouse qui osait entrer dans la vie de son jumeau et de s'en réclamer l'alliée. Il en grondait intérieurement et ses yeux s'étaient voilés d'une certaine peine. La suite de sa réponse l'étonna un instant, avant qu'il n'en soupire. S'il devait avoir une descendance, il faudrait qu'il se remarie. Il ignorait encore avec quel genre de compagne il se verrait attribuer, il y avait de fortes chances pour qu'il s'agisse d'une belle lignée et que sa liberté trouvée avec Kessy ne soit qu'un sombre fantôme à oublier.
Mais ce n'était pas la seule chose qu'il avait retenu. Une part de lui jubilait à l'idée qu'Howard ne touche jamais au corps de cette femme. Il ne semblait que peu apprécier ce genre d'attraits et si Morghnn ne pouvait le comprendre, il avait fini par l'accepter. Howard n'était pas vraiment une entité physique. Il était un être intellectuel et spirituel, il en avait fait l'expérience le jour de leurs retrouvailles. Il frissonna et baissa les yeux à ce souvenir. Si cette femme, inconnue au demeurant, ne parvenait à obtenir un enfant d'Howard, il y avait fort à parier que quelques tensions naissent dans ce couple à venir. A moins qu'Howard ne lui fasse partager sa façon de penser et qu'elle l'accepte simplement, des remous dans cette union se feraient sentir et c'est ce point qui, étrangement, soulagea Morghann. Elle n'aurait jamais une place plus importante que lui. Passée l'instant égoïste et d'une jalousie maladive, il en venait à quelques sentiments altruistes. Ni Howard, ni son épouse, ne pourraient trouver du calme dans leur mariage et pourtant, ils devraient régner sur leur famille en concordance. Morghann craignait quelques magnigence de cette épouse si elle n'obtenait pas ce qu'on pouvait attendre d'Howard, à savoir un enfant, un héritier. Il la garderait à l'oeil, peut-être. Il serait toujours temps de s'en méfier en temps et heure.

« Et bien... J'ai pensé à l'éventuelle union entre Jen' et toi puis je me suis interrogé sur mon propre avenir en la matière. Là est le fond de ma pensée, Docteur Freud, mais si vous avez quelques autres suppositions sur les phénomènes inconscients qui soustendent mon raisonnement, le lien entre un sujet et un autre, je serai ravi de vous entendre en expliquer les théories. On trouve des choses surprenantes dans l'inconscient, inavouables et troublantes. » répondit-il à son aîné, un fin sourire sur les lèvres, les yeux presque pétillants de malice et d’espièglerie. Il laissa le reste du sujet de côté, la mort d'Andrew était bien trop récente pour qu'il puisse se projeter un avenir en la matière. Son sourire se crispa lorsqu'Elie redevint le sujet de leur discussion avant de disparaître pleinement. Il en combla sa contrariété en mangeant un sushi, profitant de sa saveur pour étouffer la peine. Sacrifier... Encore ? Qu'est ce que son aîné pourrait être encore amené à sacrifier ? Cette vision de dérangeait, accentuait sa peur sensiblement. Tout comme il fut rassuré de la pleine conscience qu'Howard avait sur les enjeux de cette quête dangereuse. Il s'en trouvait avec un sentiment mitigé, tendu et apaisé, serein et pourtant affolé. Il n'aimait pas cet état d'esprit qui le tourmentait et qui, en surcroît de son manque drogué l'affligeait d'une crainte mal mesurée.

Le seul point qui apaisa ses nerfs fut cette rancœur qu'Howard manifestait à l'égard d'Elie pour la punition dont Morghann se trouvé infligé. Il ne l'oubliait pas, ne le perdait pas de vue et le cadet espérait que jamais rien ne puisse effacer ce grief qu'au Prince de la Mort il portait. Il ne voulait pas que son frère oublie, même bercé par quelques cajoleries, quelques douceurs perverties dont le démon se trouvait maître. Il ne voulait pas que son aîné en soit berné, trompé, apaisé et qu'il perde de vue le mal qu'il lui avait fait. Morghann lui ne pouvait l'oublier. Il sentait ce manque au quotidien, il l'étouffait, le calmait tentait de l'oublier mais par assaut sournois, cela revenait, cela le rongeait et pas à pas, le tuait. Il acquiesça d'un signe de tête, bannissant ses doutes lorsque son frère lui imposait. Il ne restait que la peur du danger qu'Elie représentait et sa confiance auprès d'Howard qu'il renouvelait. Son frère ne le trahirait d'aucune manière. « Sois prudent alors. » souffla-t-il, voix basse, sournoisement angoisse. « Je ne veux pas que tu lui sacrifies quoi que ce soit, Howard. Je ne troquerais pas ma liberté retrouvée pour t'en imposer les fers. Je ne l'ai déjà que trop fait. Toutes ces années pendant lesquelles nous nous sommes exilés à l'étranger. Je peine à ouvrir les yeux sur ce que tu as concédé pour que je puisse être libéré, tant j'ai honte, tant je m'en sens coupable. Je ne saurais supporter un blasphème supplémentaire." C'était sa peur qui transparaissait, encore une fois, bien au dessus de toutes les autres émotions. "Ne t'y rends pas en mesure désespérée. Nous trouverons d'autres solutions, d'autres remparts, d'autres compensations pour pallier à ce problème. » Il ne voulait pas qu'il concède plus qu'il n'en faudrait.

Il poussa un nouveau soupir avant de reprendre son repas, se livrant au teriyaki avec plaisir tant la douceur qui s'en échappait semblait vouloir panser les maux dont il se sentait accablé. Et puis il y eut cette proposition qui mit du temps à frapper son esprit tant elle lui semblait irréelle. Il en avala sa bouchée, pensées déroutées et relevait ses noires prunelles vers son frère, cherchant dans son visage quelques traits qui puisse annoncer qu'il s'évertuait à plaisanter... Mais il n'en avait pas l'air et c'était assez difficile à deviner tant le masque dont son frère se parait quotidiennement lui semblait fort épais. "Vraiment ?" demanda-t-il à la fois touché et intrigué. « Je pensais qu'il n'existait qu'une sorte de télépathie gémellaire présente chez certains jumeaux... Mais c'est en général un don de naissance. » Il n'était pas impossible de supposer que ce lien aurait pu exister entre les deux Earl mais qu'il ait été tranché soit par la malédiction aux Voix macabres, soit par Morghann faisant le tri, désespérément pour ne pas sombrer, dans les Voix qu'il entendait. Étrangement, cela aurait pu justifier qu'Howard se soit senti investi d'un si grand besoin de protéger son cadet alors que celui-ci l'avait si longtemps repoussé. Voix manquantes à présent et c'était ce lien qui entre eux se reformait, cette union tronquée. Le départ de ses Voix laissait la place à ce lien psychique. Peut-être ne faisaient-il que réparer ce qui avait été injustement tranché, d'une façon ou d'une autre.

En son for intérieur Morghann agréait cette idée, comme une évidence, comme un besoin naturel, par lui tant attiré. « J'en serai comblé. » fit-il, encore estomaqué. « Comment penses-tu faire ceci ? Et... » Il baissa les yeux : « Es-tu certain que je ne t'indisposerai ? » Qu'il ne serait pas trop envahissant dans la vie de son aîné : « Je veux dire... Ce serait une bénédiction pour moi, vraiment. Je ne veux pas que ça devienne ta malédiction, en contrepartie. » Culpabilité, encore, de lui imposer sa présence peut-être plus qu'Howard ne le voulait.

Jeu 3 Déc - 22:28
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Howard Earl
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Expression fugace de lassitude hautaine, tandis qu’il lui décochait un coup d’œil acéré. Si union il devait subir, ce serait avec quelqu’un digne de lui, de son pedigree, de son esprit, de sa personne toute entière. Et il ne parlait pas seulement de son potentiel mariage à une femme de bonne famille, qui contenterait certainement chaque Earl de leur château ancestral jusqu’à l’autre bout du pays en passant par la tombe. Une femme de haute lignée sorcière, au sang aussi pur que le sien, qui, comme lui, aurait été élevée comme on le ferait d’un animal de concours, avec un soin maniaque mais sans sentiments outranciers. Une Sihvonen sans doute, quoi qu’une Earl serait plus probable encore… Aucune délicatesse ou inquiétude à l’égard de la femme en question, dans ce qui ne serait rien plus qu’un acte commercial comme un autre. On ne la lui donnerait pas par soucis d’elle, mais de lui. Pour qu’elle ne le salisse pas. Non, il ne parlait pas uniquement de cette odieuse perspective, qu’il aurait toutes les peines du monde à supporter et contrôler. Il parlait également de ces unions plus informelles et plus physiques qui devaient sans doute être, pour son plus grand dégoût, l’apanage de son frère. Il était parfaitement incapable de produire ce genre d’actes, et n’en serait probablement jamais capable puisque la seule idée de toucher de cette façon qui que ce soit lui donnait la nausée… mais dans l’absolue, si cela devait arriver, il lui fallait quelqu’un qui lui agréa parfaitement. Quelqu’un qui put satisfaire à son besoin de perfection. Et l’éducation n’était pas la seule donnée qui y pourvoirait. Il y avait sans doute d’autres critères, et il se sentait perturber de ne trouver de concordance qu’en des individus dont une compagnie de cette sorte ne pourrait être envisageable. En dehors de son frère, il n’y avait qu’Elie Mortimer… ce qui exprimait parfaitement l’impossibilité totale pour lui de trouver un partenaire même si son état psychologique venait à s’améliorer. « J’en vois plusieurs, mais en revanche, je ne vois nulle raison de les énumérer » fit-il simplement, à la demande de son cadet de lui offrir d’autres explications sur le chemin de ses pensées. A la place, il poursuivit le sien, de chemin de pensées.

Et la crainte que son frère pour lui éprouvait le contentait autant qu’elle le vexait quelque peu. « Je le serais » répondit-il pourtant sans hésitation. Oui, il serait prudent, nul doute là-dessus. Il l’avait toujours été, de différentes façons. Ce monde été trop dangereux pour oublier les plus élémentaires usages de sûreté. La suite, pourtant, le laissa totalement silencieux, car le sujet était extrêmement délicat. Oui, il avait énormément sacrifié, par le passé, pour le bonheur de son frère, et une part sombre de lui, une part amère, lui en avait toujours tenue rancune. Cette rancune avait jaillit comme une éruption, lorsque Morghann était réapparu à Last-End, au point qu’il s’était sentit proche de la folie. Ainsi, il avait commencé à prendre conscience de ce qu’il avait accompli toutes ces années ? Dire qu’il n’en était pas satisfait aurait été mentir, il en était effectivement satisfait, et plus encore. Il était soulagé. Quelque chose aurait continué de pourrir entre eux, même s’il ne l’avait pas désiré, si son cadet n’avait pu ouvrir les yeux. Oui, il avait énormément sacrifié, sans doute plus qu’il ne pouvait lui-même l’imaginer dans le réseau de conséquences que ses choix entraînaient. Mais hélas, ce monde était un lieu de sacrifices, lorsque l’on voulait obtenir quelque chose. Depuis le simple sacrifice d’un peu de temps et de travail jusqu’à celui de son âme… oh, il comptait garder la sienne, ou ce qu’il en restait, et même la santé mentale de son frère ne vaudrait pas de s’en séparer. Mais il était prêt à beaucoup de choses, y compris à donner à Mortimer un peu de ce que celui-ci semblait désirer… sa compagnie. Si cela permettait d’avoir en retour ce qu’il désirait lui, il pouvait le faire et n’aurait pas tant à en souffrir. Il avait déjà côtoyé le démon plus d’une fois, après tout, et n’en avait conçu aucun traumatisme, du moins aucun qui, à sa connaissance, n’ait duré. Il s’agirait donc simplement d’un moment aussi agréable pour l’un comme pour l’autre. Car il doutait que le prince de la Mort perde subitement ses bonnes manières, même s’il s’affamait de plus qu’il en recevrait.

Et comme sécurité supplémentaire, il aurait probablement Morghann, comme il le lui proposait. A la question, il confirma d’un signe de tête sec et irrité. Et bien quoi ? Pensait-il qu’il plaisantait ? Il n’était pourtant pas vraiment le genre d’individu qui plaisantait ! C’était même plutôt l’inverse, en vérité. Il l’observait, encore silencieux, contemplant tout comme lui, certainement, cette proposition qu’il avait lancé. Il était parfaitement sérieux dans sa proposition, et il pensait réellement que cela pouvait les aider… comme il était parfaitement conscient qu’il faudrait aussi des limites à leur partage. Il ne voulait pas que Morghann puisse avoir accès à des moments… intimes, de sa vie, ou simplement, des moments qu’il désirait pour lui seul conserver. Et Morghann faisant l’inverse ? Ah ça non, ce n’était pas la même chose. Du moins, il lui laisserait ce qu’il voulait bien lui laisser, mais il était son maître, et c’était sa prérogative que de jouir de tout ce que son cadet expérimentait comme il l’entendait. Son frère lui appartenait, était sien, intégralement, de cœur et d’âme, d’esprit et de loyauté, tout entier, sans qu’aucune parcelle ne lui échappe, il le possédait. Ce lien mental renforcerait également sa domination sur lui, autant qu’elle leur permettrait de compléter leurs gardes fous. Finalement, il soupira doucement et consentit à répondre en se détendant sans doute pour la première véritable fois depuis leur départ de l’opéra, si ce n’était avant… « Nous établirons de claires barrières, ne t’en fait donc pas. Tu ne m’indisposerais pas le moins du monde, bien au contraire » Sa voix s’était adoucie, comme pour accompagner le nouveau ton de leur conversation. « Je peux atteindre ton corps de ma voix, de mes mains, ou de mes outils… mais ton esprit, et ton âme avec elle, me sont des horizons plus éloignés, et diffus. Si je te possède, il me parait naturel d’y avoir accès… et comme nous sommes frères, et bien davantage, il me parait naturel que la délicatesse te soit retournée. Tu auras accès à mon esprit et y sera invité, tu pourras m’y rejoindre lorsque ce n’est pas moi qui le fait… »

D’un geste posé, il désigna sa canne, au coin de la table posée. « Ma capacité à me déplacer est limitée, même si je le désirerais, je ne pourrais être partout et te suivre. Mais ainsi, je t’accompagnerais, et je chasserais tes souffrances et tes doutes. Tu pourras sur moi te reposer, tu pourras te donner à moi et en retour, tu pourras m’empêcher de sombrer dans les rets de quelques démons… » Du moins, si ces rets étaient néfastes et non point désirés. S’appuyant sur la table, il écarta péniblement sa chaise et se releva, contournant le coin de table pour s’approcher de lui. Posant les mains sur le dossier de sa chaise, il soulagea le poids de sa jambe tandis que, proche de lui, il se penchait, le frôlait, sans jamais vraiment le toucher, abordant l’intimité sans la compléter, à mi-chemin entre son désire et le sien, et entre ce que, parfois, il taisait de ses attraits. « Je construirais un rituel qui restaurera notre unité, puis je la compléterais de mes mains… ou devrais-je dire, de ma magie » Son souffle vint caresser son oreille tandis qu’il baissait la voix « Je me glisserais lentement dans tes pensées, et tu m’y accueilleras, tu me laisseras prendre toute la place que je désire, tu me laisseras t’imbiber lentement, volontairement. Puis je m’ancrerais en toi, comme une empreinte, comme ta propre chair » Une main sur son épaule, à la fois ferme et légère, prête à se retirer, puis un doigt sur son menton, son visage que vers lui il tournait avec souveraineté, plongeant son regard dans les siens, deux pairs d’obsidiennes polies et luisantes, profondes comme la mer australe. « Ensuite, je te guiderais vers moi » Un léger signe de sa tête, comme une dénégation, et pourtant c’était de l’ombre d’un sourire altier dont il fleurissait « Je t’ancrerais en moi, et ce que tu as expérimenté dans ce caveau pâlira en comparaison de ce que tu verras en moi. Je dispose de bien plus de pouvoirs que ce que Pryam pense, de bien plus de connaissances qu’en seule nécromancie. J’ouvrirais ce coffret pour nous, avec toute l’habileté que j’ai gagné avec ces années. Tu seras entre les meilleures mains du monde… » Sa main frôla la chair, le long de sa gorge, et s’y posa.

Sam 5 Déc - 20:53
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Fin sourire sur ses lèvres alors que son frère écartait de leur discussion les explications Freudienne sous-jacentes à son raisonnement. Mieux valait peut-être ne pas épiloguer sur ce genre de choses : elles n'étaient pas forcément vraies, ni forcément intéressantes. Morghann saisit à un nouveau sushi, fixant l'assiette intouchée d'Howard depuis sa défaite. Etait-il à ce point déstabilisé ? La wasabi était très fort pour cela... Mais son frère serait prudent. Il lui promettait. Le cadet baissa les yeux, silencieux autant que pensif. Il ne pourrait faire d'avantage pour le mettre en garde contre les malveillances d'Elie. Pour le reste, il devrait lui faire confiance, aveuglément et prier pour que les événements s’enchaînent avec une application certaine à leur réussite. Son aîné n'en resta toutefois pas sur ce point, éveillant la curiosité du plus jeune, par ce lien qu'il lui exposait, psychique. Ses inquiétudes premières lui avaient été exposées, là où son aîné le gratifiait d'apaisement avant qu'à ses mots, cet avenir puisse prendre l'aspect concret qu'il attendait. Des barrières seraient nécessaires, il y agréait. Au moins pour que son aîné puisse le repousser si Morghann devenait trop encombrant. Il n'y voyait rien de plus, rien pour se protéger lui de ce que pourrait lui faire son frère. Il partait avec cette possibilité au cœur, celle de lui appartenir pleinement. Le médecin l'observait, buvant ses propos un à un, sans mot dire. Il trouvait cette perspective réjouissante, échanger d'esprit à esprit, au delà des distances physiques, proches même à des milliers de kilomètres. Il se berçait peut-être d'illusion, mais cela lui paraissait être un présent merveilleux dont il se trouvait gâté. Il avait toujours été capricieux, depuis sa plus tendre enfance. Il aimait qu'on lui fasse des cadeaux, surtout d'une telle valeur. C'était inestimable. Il ne s'était pas attendu à cela de leur soirée. Elle avait pourtant rudement mal commencé, l'un et l'autre dans leur univers refusant d'y décamper et œuvrant avec ardeur à déloger l'autre alors qu'ils devaient tout deux faire un pas.

Howard l'aiderait alors à échapper aux griffes de sa malédiction disparue, Morghann œuvrerait à ouvrir les yeux de son frère lorsqu'un démon malintentionné aurait quelques vues sur l'âme de son aîné. Cet horizon là lui convenait. Il s'y sentait pleinement investi et accommodé, tant qu'il ne lui refuserait rien, non, jamais. Ses perles noires avaient suivi son frère se levant, approchant, vers lui, se penchant, là, si près qu'il sentait sa respiration le caresser. Décontenancé, il baissa les yeux et la tête alors qu'Howard poursuivait ses explications, le surplombant royalement. Il n'aurait jamais osé lui dire combien il aimait le sentir de la sorte au dessus de lui, poignant et dominant, plus encore lorsque ces mots, il prononçait, bas, à son attention, appuyant le poids tout entier de sa puissance sur le cadet. Son cœur s'en était emballé, palpitant sans mesure, sans limite au creux de sa poitrine alors que, la tête baissée, il dissimulait son trouble, son exaltation pure. Oh comme il adorait cette idée, son souffle se faisant plus prononcé, agréant chacune des intentions de son frère à son sujet. Main sur son épaule, doigt sous son menton, ses perles noires se relevaient, laissant paraître une expression démesurée et fanatique. Les flammes, dans ses yeux, dansaient, le dévoraient d'une candeur idolâtre. Oh qu'il s'ancre en lui, qu'il y laisse sa marque et autant qu'il le voudrait. Rien ne lui ne s'y opposerait. Il était, à son jumeau, dévoué, laissant son propos le caresser alors qu'Howard poursuivait. Il aurait droit, l'accès, il y serait guidé, privilégié d'entre tous dans l'esprit de son frère. Ses lèvres s’entrouvraient non pour parler mais pour laisser son souffle s'échapper, un souffle qu'il ne parvenait que trop difficilement à contenir, chaud, plus rapide qu'il ne le voudrait. Il posa une main sur celle qu'à sa gorge on portait, comme l'ombre d'une contrainte ou d'une affection. Peut-être les deux.  Ses doigts sur sa peau tremblaient. Ça ne se voyait mais, au toucher, se percevait amplement. Il savait qu'il ne pouvait le cacher : « Oh Howard... Sens-tu comme j'en tremble ? » fit-il bas, resserrant ses doigts sur ceux de son aîné, peinant grandement à se calmer, comme un toxicomane à qui on venait d'injecter une bonne dose. Des fourmis, au corps, le picotaient, l'engourdissaient, l'euphorisaient.

« Je n'ose qu'à peine imaginer quels sentiments me saisiront lorsque tu m'imposeras ton sceau... » souffle pâle, sensible alors qu'il baissait de nouveau les yeux, savourant sa présence dominante à ses côtés. Oh non, il n'osait y songer, par peur de gâcher ce moment ou même d'en fantasmer par avance. Mais il savait, sans nul doute, qu'il ne saurait éviter cette jouissance qui se profilait. Sa seule réaction présentement le laissait présager. « Tu prendras tout ce que tu veux... » fit-il, tête baissé, non comme une fatalité, mais comme une libération. Il lui donnerait sans compter, sans opposition aucune. Ce que son frère verrait risquait de ne pas lui plaire... Sa vie avec Kessy, son pacte avec Meade, sa relation naissante avec Ayzebel, sa vie loin des bonnes mœurs Earl. « Je te donnerai tout ce que tu désires quand tu... » Brusque pause, pensive alors que son esprit percutait : « Répareras... » Il releva son regard, de crainte teintée, terreur violente sur son cœur attaqué : « Seigneur... Non, Howard... » Désespoir, désolation, dégoût, écœurement sans nom. Lentement il déglutit : « Je n'ai pas brisé ce lien, n'est-ce pas ? L'ai-je fait ? Ai-je tout détruit ? » C'était stupide de lui demander. Bien sûr que c'était de sa faute, à lui, qui avait toujours repoussé son aîné, lorsque de Voix assailli, il avait tranché, les yeux bandés, le lien qui, à son jumeau l'avait toujours noué, laissant Howard dans un appel sans réponse qui s'était retrouvé dans leur relation : l'aîné à le couver, le cadet à le repousser. Il secoua la tête, chagriné, baissant encore les yeux, masquant sa honte, terrible, qui l'affligeait. Il avait du mal à encaisser, contemplant ces longues années derrière lui, ce temps gâché qu'il aurait du lui dévouer. Tant d'heures infinies, de moments ratés, d'échecs cuisants. Il avait fallu ce silence dans sa tête pour qu'il n'accourt à Last End, rejoindre son frère. Au fond, Howard aurait du s'en douter.

Il lui fallut quelques secondes pour se reprendre et poursuivre. Il ne pourrait pas changer le passé, mais il pouvait agir sans réticences sur l'avenir. Il n'était plus temps de se poser des questions quand tout son être réclamait son maître. « Je suis tellement désolé... Maintenant, tu auras ce dont tu devrais disposer depuis des années... Je te le promets. » Duo d’obsidiennes face à face au serment renouvelé. Il annihilait ce passé qui ne lui apportait que des déceptions, tant au niveau de ses propres erreurs que par l'exposé des si nombreux sacrifices auxquels son jumeau avait consenti pour lui. « Si tu as besoin d'une quelconque aide pour préparer ce rituel... S'il y a des actes à accomplir antérieurement. » Il serra plus fort sa main. Il tremblait encore, comme si la douche froide de la réalité n'avait pas pu avoir raison de la drogue puissante que son jumeau représentait. « Je t'appartiens et t'appartiendrai plus encore. Je t'aime... » propos plus bas encore, alors que son regard s'évadait sur le salon où ils se trouvaient, par crainte que son état fébrile ne soit remarqué. Il ne s'en inquiéta que peu, au final. Seul son corps frémissait, ça ne transparaissait pas à la vue. « Je t'aime tellement Howard. » Son frère, son jumeau, son maître. Il faisait de lui le centre de sa vie, son pilier. Aussi lentement qu'il le pouvait, il laissa son corps se soulever d'un soupir sans que cela ne change rien à son état : « Je n'arrive même pas à me calmer... » Bon au moins, il ne risquait plus de faire une crise de manque, c'était même l'overdose qui le menaçait à présent. Il amena les doigts de son jumeau à ses lèvres pour y déposer un unique baiser avant de le relâcher et de se risquer à un timide sourire. « Tu as une drôle de façon de me punir, j'aime beaucoup. » finit-il par railler, plus pour chercher un moyen de faire redescendre l'euphorie que pour imposer son ironie, même si elle convenait très bien à la situation.

Dim 6 Déc - 18:49
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié

Aveugle il s’avouerait s’il se trouvait incapable de noter les effets que ses paroles sur son frère avaient. Oh il voyait, observait et jubilait, satisfait. Pouvait-on espérer plus parfaite réaction, plus parfaite acceptation de sa domination et de leur lien ? Il pouvait bien se montrer défiant et rebelle, mais c’était ces instants de complet abandon qui ancraient la vérité… et la vérité était aussi simple qu’elle était savoureuse, exsudant de son souffle et de son expression, de ses yeux et de son âme, doux parfum de reddition qu’alors il humait. Le léger tremblement de ses doigts contre sa main semblait le faire vibrer, comme il s’était sentit vibrer cette nuit-là avec lui, dans ce glacial tombeau abandonné. Simple sourire à cette question essoufflée, oui il sentait. Il sentait même très bien et il en triomphait. Toutes les irritations du monde valaient bien cela… oh certes, sur l’instant ce n’était certainement pas le discourt qu’il tiendrait, mais peu importait. Pour le moment, son esprit était entièrement tourné vers cet esclave qu’il possédait, charmait et faisait sien, lentement et avec doigté. Son intention originelle avait été entièrement pétrie de bonté, d’altruisme forcené envers son cadet, pourtant le concept avait dévié, sans même qu’il le remarque, vers une nouvelle forme de domination qui renforçait son emprise sur lui, et d’une nouvelle autorité le couronnait.

Mais au travers de cette gloire retrouvée, renforcée, il ne pouvait s’empêcher de remarquer à quel point son frère bien-aimé avait l’air d’un camé, d’un drogué… Cruel humour alors, cruel cynisme, que de l’admirer et d’en jubiler alors même qu’il montrait tant de signes inquiétants, tant de preuves de son manque dont il aurait dû s’alarmer. Mais non, il ne le faisait pas, jamais. Il l’encourageait, au contraire, car cela voulait dire que c’était à lui qu’il s’attachait désormais, que, peut-être, c’était de lui qu’il manquerait… une réussite oui, et d’infinies possibilités qui à lui s’offraient. Un nouvel horizon, qui levait la barrière de l’influence physique sur leur relation. Et quelque part, il le savait, ce lien qu’il comptait créer, recréer, aiderait à apaiser sa jalousie… ou à la venger, si elle le nécessitait. Qu’il serait simple de créer en lui un manque, de l’emplir puis de le laisser, de le regarder se consumer et le supplier de lui retourner… que ce serait doux d’envahir son être en ses moindres recoins, de laisser sa marque au plus profond de son âme, de son être, comme s’il était son réceptacle désigné. Et s’il voulait le remercier, le gâter ou simplement le récompenser, il le pouvait tout autant, il pouvait se montrer bon seigneur et le mener à l’idylle sucrée qui le comblerait… ou encore pouvait-il allier les deux, faire de sa souffrance son plaisir le plus exquis… Oui, il le pourrait, le pouvait.

Lentement, presque imperceptiblement, ses doigts caressaient la peau de sa gorge pâle et découverte, tandis qu’il osait, oui, osait, lui, imaginer ce qu’il ressentirait dans l’esprit de son cadet, lorsqu’il le marquerait. Serait-ce plus exaltant encore que de le sentir lui chuchoter qu’il lui appartenait ? Serait-ce plus vivifiant, plus jouissif ? Il l’espérait, car alors, il goûterait tant ses propres sensations que les siennes, décuplées. Silencieux, il l’écoutait, des yeux le dévorait, attendant, assuré que ce n’était pas à cela qu’il s’arrêterait. Et effectivement, il ne s’arrêtait pas, mais ce n’était pas exactement ce à quoi il s’attendait… Froncement de sourcils léger, plus interrogateur et expectatif qu’irrité. Lorsqu’il réparerait ? Il ne répondit pas immédiatement, le laissant aller au bout de son idée, de sa réalisation, le suivant sur ce chemin qu'il découvrait. Oui… oui peut-être avaient-ils été ainsi liés, peut-être avait-il effectivement brisé ce lien. Il était envisageable qu’un tel sceau ait pu les marquer, et qu’il ait disparu par la faute de son cadet. Il ne l’en blâmerait pas pourtant, pas cette fois. A la place, il s’en servirait pour ressusciter ce qu’il avait perdu, ce qu’ils avaient perdus. Réprimant un sourire, il plongea son regard dans le sien… « Je t’entends » Il aurait ce que, de droit, lui revenait. Du moins, c’était lui qui le promettait. Mieux valait que cette promesse soit respectée… ou cette fois, ce serait de force qu’il le prendrait.

Doucement, il lui serra la main tandis que son regard luisait sourdement. Il lui appartenait, il était hors de question que cela change. Il lui appartenait… complètement, totalement. Il l’aimait. Du moins était-ce ce qu’il affirmait. Et il était prêt à le croire. A lui faire confiance, de cette confiance qui pourtant lui manquait, méfiant qu’il était. De la pulpe des doigts, il lui caressa les lèvres, avant de reprendre sa main et de se soulever, se redressant et s’éloignant lentement. « Ce n’était pas ta punition… » Il s’installa de nouveau à sa place et reprit ses baguettes. « Cela, c’était mon pardon… je garde la punition en réserve pour une autre occasion.. » Ils auraient le temps de batifoler. Pour le moment, ils en avaient bien assez fait et lui commençait sérieusement à avoir faim. Autant que son frère nécessitait de se calmer. Aussi croqua-il dans un sashimi, un semblant de sourire matois aux lèvres et dans les yeux, prunelles pétillantes… Il aimait le voir ainsi, aimait le voir si excité. Ça lui donnait envie de le titiller, de jeter de l’huile sur le feu de sa passion malsaine. Et d’ailleurs, c’était à demi ce qu’il fit, en reprenant la parole presque innocemment. « Quand à ce que tu pourrais faire pour m’assister… oui, il est probable que je puisse t’inclure dans les préparatifs. Si tu es sage, je te le susurrerais à l’oreille, mon frère… »

Dim 13 Déc - 14:24
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Le sourire qui étalonnait les lèvres de son aîné fut pour Morghann un euphorie allégement aux airs lointains de son tourment. Il sentait... oui, il sentait combien le cadet tremblait et il s'en trouvait satisfait. Voilà qui le comblait, et en son for intérieur, le nécromant pétillait d'une certaine fierté, celle d'offrir à son jumeau l'exacte incarnation de ce qu'il attendait. Son plaisir se décuplait, sa soumission tout autant. Il éprouvait déjà une certaine jouissance dans la dominance par son frère, mais plus encore lorsqu'il voyait en miroir ce comportement être agréé favorablement par son maître. L'un renforçait l'autre, comme un cercle vicieux dont il ne parvenait à sortir... Il n'en avait d'ailleurs aucune envie. Il se sentait bien, là, sous son joug et son contentement, dans ses chaînes et sa complaisance. Il réalisait à quel point leur relation était devenue anormale, loin des sentiers battus d'une pure relation fraternelle. Il y avait une hiérarchie entre eux extrêmement marquée et marquante, il y avait cette asymétrie qu'un œil extérieur aurait trouvé malsain. Morghann le savait, il l'entrevoyait cette situation scandaleuse, à peine avouable, des jumeaux, pour l'instant, un secret... mais tôt ou tard, peut-être qu'on le saurait. Peut-être lorsqu'Howard marcherait sur le trône familial et qu'à ses côtés, dans son ombre, une âme dévouée, pour lui, agirait, obéissant au moindre ordre, la moindre incitation. Que diraient-ils ? Rien de front, mais sous cape, riraient-ils ? Morghann balayait ses pensées : ils ne sauraient et s'ils savaient, qu'ils soient jaloux de ce qui les unirait.

Il le dévorait du regard, lui-même, dévoré de son regard, un flottement songeur lorsque, bref, il envisageait, de ses doigts, la proximité de ces lèvres. Morghann aurait voulu qu'il continue, qu'il reste là, à le surplomber, que sur lui il imprègne encore son pouvoir, son influence, qu'il serre ses doigts, sa main, même ses poignets s'il le voulait. Il aurait voulu qu'il reste, il aurait voulu qu'il soit seuls, il aurait voulu le retenir. Son regard suppliant n'avait su quitter son maître lorsqu'on lui retira sa drogue, lorsqu'Howard reprenait sa place, que la situation se rééquilibrait et que Morghann retrouvait une certaine liberté. Une liberté dont il ne voulait pas, donc il ne voulait plus, qu'il trouvait bien trop vaste : il s'en trouvait perdu. Déchirement puis un pardon naissait. A sa bouche, une véritable liqueur. « Merci... » Il appréciait tant cet ambiance qui, enfin, naissait ce soir. Il était gâté, l'enfant capricieux, en lui, jubilait bien qu'il n'ait pas pu conserver la proximité surélevée de son jumeau. Il put toutefois se calmer et lentement la pression redescendait jusqu'au propos sournois d'Howard qui ne fit que la ranimer, laissant vains les efforts jusque là accomplis. Son aîné maintenait, par petite dose ponctuelle, ce niveau d'ivresse, comme un verre d'alcool qu'on reprenait après quelques heures pour ne rien perdre de l'euphorie. Morghann devait bien l'avouer : son frère jouait avec précision et doigté, là où tout semblait lui échapper, jusqu'au contrôle de ses propres tremblements. « Je te le réclamerai, tu sais. » fit-il, faussement calme. Il l'entrevoyait, cette dépendance qu'il développait, alors oui, il y avait fort à parier qu'il lui réclame encore cette proximité, celle qu'il sous-entendait, celle dans laquelle le cadet se sentait tant à son aise. Il lui réclamerait, sa drogue, sa dominance. Il solliciterait sa contrainte, invoquerait se ordres, implorerait sa pression, s'il ne la lui donnait de lui-même. « Je sommerai ta souveraineté à se manifester. » d'une façon ou d'une autre au fond... Il n'était pas même certain que le manque, les punitions de son frère lui soient désagréables. Il était même persuadé que quoiqu'Howard fasse à présent, il aurait beaucoup de mal à ne pas satisfaire le cadet. Ses décisions, qu'elles soient punitions ou récompenses, resteraient des ordres. Il s'interrogeait alors sur sa capacité à prendre plaisir même dans la souffrance, dans le manque, dans les châtiments que son frère pourrait lui infliger.

Le sorcier reprit ses baguettes abandonnées avant de reprendre un sushi, mais pas n'importe lequel, celui trempé au wasabi. Il l'engloutit d'une bouchée. Il y avait une chose dont Morghann était certain : Howard n'avait que trop laissé son palais s'adoucir pour la sévérité du wasabi. Le cadet avait, pour sa part, eu un certain entraînement, dans ces soirées étudiantes, où il avait pu gober tout et n'importe quoi. C'était d'ailleurs ainsi que, bien qu'il n'ait jamais eu la moindre relation homosexuelle, il s'était retrouvé avec en bouche quelques fluides des plus virils. C'est avec un sourire vainqueur face au sushi qui avait défait son frère qu'il le contemplait, taquin, ses yeux brillants d'une lueur espiègle et insolente. Il le narguait et le bravait. Oh oui, il avait aimé cette soirée. Elle avait été tendue mais en définitive... Leurs liens s'en étaient resserrés.

Mer 16 Déc - 23:59
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Flower Duet - Morghann
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