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 De sang, de corps et d'âme

Pryam Earl
L'étrange sous la normalité : Je suis Sécrétaire Général du Cénacle, patriarche de la famille Earl.
PROFESSION : Architecte
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Pryam Earl
Patriarche Earl

2 Mars

Ah, le mois de Mars ! Ses giboulées, son froid, sa neige boueuse, ses messages d'Anthony… Le patriarche Earl avait enterré le corps et libéré l'âme de son temps de repos. Néanmoins, l'inquiétude l'occupait moins que le travail. Face à ce soit-disant ultimatum, Lord Earl restait confiant. Ç'avait d'ailleurs été très gentil de la part d'Anthony de prévenir de son arrivée. Une invitation sous forme de jolie lettre calligraphiée eut été plus esthétique, et moins ennuyeuse. Pryam n'avait pas pris la parole publiquement, pour ne pas offrir davantage de crédit au petit Evans. En sous-main, il gérait toutes les informations rapportées par ses Hommes sur l'impact de cet appel, la fidélité de ses sujets, et préparait l'accueil de son cher Anthony au sein du Cénacle.
En plus de cela s'étalaient tous ses autres travaux habituels. Non, vraiment, il ne craignait pas l'ennui. Lorsque les dix-huit heures sonnèrent, ce fut sans regrets ni remords que Lord Earl abandonna son bureau, ses correspondances achevées tout juste dans les temps, pour se diriger en lieu et place de son prochain rendez-vous: les sous-sols de son château.

Isha Carter n'allait sans doute pas tarder. Il faisait partie de l'emploi du temps, comme bien d'autres personnes. Il était… Une opportunité plus qu'intéressante, que Morghann avait proposée. Leurs négociations avaient été fructueuses. Si le Seigneur de l'Envers aurait pu se passer de lui, il devait reconnaître que l'échange convenu était, au final, tout à son avantage. Il avait bien hâte de voir comment son cher Réanimateur réagirait au retrait de son âme… Et au marchand qui la lui avait vendue.
Suite à leur entrevue, il avait prévenu Morghann, lui avait affirmé qu'il n'avait plus à s'occuper de rien concernant le retrait de l'âme d'Anthony Evans. Ç'avait été également l'occasion de démontrer à ce fils combien ce qui pouvait lui paraitre complexe était aisé à son géniteur, combien il avait tout intérêt à marcher avec lui. Au final, il lui avait fait une nouvelle proposition: venir assister à la "punition" d'Isha Carter et, lorsque celui-ci serait inconscient, y participer. Une leçon de nécromancie comme nul autre ne saurait lui en offrir, un rituel rare, puissant.

Arrivé dans la pièce qui allait abriter leurs méfaits, le Lord prit le temps de vérifier que tout était en place. L'endroit était sombre, aux murs et sol de pierre nue et glacée, d'anthracite. En son centre, un autel impeccable attendait le jeune Carter. Des gravures le couvraient, continuaient jusqu'au sol, où elles dessinaient un immense cercle empli de symboles, géométriques ou ésotériques. Ici et là, de petits feux crépitaient, à même le sol. Ils étaient nécessaires, et seraient leurs seuls éclairages. Dans d'autres recoins du cercle se trouvaient des reliques: bijoux, ossements.. Dans chaque gravure qui composait cette immense cercle coulait du sang. Sur une table, à l'extérieur, un coffre avait été déposé. Pryam l'ouvrit, en vérifia le contenu. ses outils étaient là, sages, prêts à l'emploi: couteaux rituels, poudres et liquides aux diverses propriétés. Sous la table, il y avait un coffre, couvert d'un drapé noir. Silencieux.
Tout était en place, il n'y avait plus qu'à accueillir leur invité ! Un bruit de pas dans le couloir… Un bruit que le nécromant reconnaissait entre mille.

"- Ah, Morghann…" Il se retourna vers son assistant et élève. "Pour le moment, tu ferais mieux d'aller à l'étage supérieur. Je t'ai préparé un miroir. Pose-le au sol, et tu nous verras et entendras à travers lui. Je t'appellerai lorsqu'il sera temps pour toi de venir. Prêt ? Des questions ?"

Leur échange achevé, il laissa à Morghann le soin de se rendre là où il le devait. Lui, pendant ce temps, se rendait dans le hall, prêt à accueillir Carter -en personne, s'il-vous-plait !-. Pourtant, quand le marchand d'âme passa la porte, son accueil n'eut rien de particulier, si ce n'était ce ton grave, plus profond qu'une tombe.

"- Bonsoir, Monsieur Carter. Si vous voulez me suivre…" Sans plus attendre, il guida son invité à travers les couloirs, à travers les escaliers, vers la pièce qui lui était dédiée. "Tout est prêt. Il ne manquait plus que vous." Même le serment était prêt, la statuette de justice en avait été témoin.

Dim 12 Juin - 17:51
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Voir le patriarche Earl à sa porte, lui demandant des informations, l'avait amusé. Négocier avec lui l'avait carrément divertit. Etait-il fou ? Peut-être bien, nombre de ses actes étaient considérés comme vides de raisons. Alors peut-être était-il bien fou… Pour autant, il n'y accordait guère d'importance. Il avait été fou, autrefois, dans sa vie précédente. La folie il connaissait. La peur aussi. Une peur absolument monstrueuse, plus terrible que tout le reste. Plus terrible que ce que le nécromant pouvait lui causer. Mais ce n'était simplement pas du même domaine. Aussi prépondérant que Pryam Earl pouvait l'être, il restait un être humain, et lui avait eut le malheur de contempler les Aînés dans leur vérité la plus nue. Un honneur douteux qui lui avait valut le confort, la santé et la vie et qui encore aujourd'hui le marquait profondément… Il ne pouvait en être autrement. Lorsqu'on vivait le pire, tout le reste pâlissait en comparaison. Ce n'était nullement une excuse, simplement une explication à sa façon d'être. Il ne pouvait simplement pas avoir réellement peur, profondément peur, d'autre chose que de l'ultime promesse laissée par les divinités venues d'au-delà des étoiles, alors qu'il trépassait. Celle de le retrouver. Cette promesse était restée gravée et l'avait suivit tout ce temps, restant là, dans le recoin de son regard et de son esprit, toujours présente, même au second plan, comme un filtre sur tout le reste. Pryam avait dû banquer, pour obtenir ce qu'il voulait, et rien ne l'avait fait changé d'avis, rien ne lui avait ôté son sourire alors qu'il répondait constamment 'non' à l'homme le plus influent de l'Envers officiel. Et il avait dit non jusqu'à ce que le nécromant commence à devenir intéressant comme seul un homme de sa stature pouvait l'être. Oui, Pryam avait sans doute de quoi offrir, si tant est qu'il prenne la peine de le faire. S'il ne la prenait pas, pourquoi lui aurait-il fait l'effort de partager l'un de ses plus précieux petits secrets.

Leur contrat avait finalement été conclut, mais il garderait le silence jusqu'à ce qu'il obtienne ce que Pryam lui avait proposé. Hors de question de parler avant cela, car après tout, il ne lui faisait pas confiance pour cela. C'est qu'il était aussi fourbe qu'une belette, le père Earl ! N'importe qui à la tête d'une dictature l'était forcément un peu, mais allons, il suffisait de voir sa trogne pour comprendre que celui-là déterrerait les os de sa grand-mère pour satisfaire l'appât du gain. Il ne lui faisait toujours pas confiance d'ailleurs, mais ça ne l'empêchait pas de lui faire un petit sourire, mains dans les poches : « Bien le bonjour, Mister Earl » Comme si cela venait juste de lui venir, il pencha la tête et glissa nonchalamment « Dites c'est pas un peu redondant comme nom ? Earl pour un Lord… Il avait un drôle d'humour votre ancêtre » Il suivit l'homme à l'intérieur en agissant comme un touriste, observant la décoration et le chemin suivit avec une curiosité guillerette. Ben quoi ? Ce n'était pas tout le monde qui entrait dans ce château non ? Autant qu'il fasse baver les autres après ça ! Enfin ils n'en étaient pas là. Pour le moment, ce qui lui importait vraiment était de savoir ce qu'on avait prévu à son intention. Faisant quelques pas dans la pièce, il laissa son regard vagabonder sans paraître impressionné. Oh il l'était sisi et flatté, touché ! « Tout ça pour moi ? » Il lui jeta un regard en biais puis s'avança jusqu'à la statue de justice, l'observant avec attention. Ouaip, il se souvenait avoir usé d'une statue semblable sur un démon voilà longtemps… le cornus n'avait pas apprécié. Mais c'était de bonne guerre. Qui pourrait le lui reprocher après tout ? Aucun de ceux qui avaient un jour eut des soucis avec un démon. S'arrêtant finalement près d'une relique. « Il ne manquerait plus qu'un bon vieux vinyle et une Lacryma Christi et on s'y croirait… alors ? Quel est le programme ? »

Mer 15 Juin - 16:44
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Pryam Earl
L'étrange sous la normalité : Je suis Sécrétaire Général du Cénacle, patriarche de la famille Earl.
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Mister Earl ? Parfait. C'était une raison largement suffisante pour faire fi de la potentielle anesthésie qu'aurait pu offrir le nécromant à sa victime. Oui, il avait songé à protéger ses oreilles des cris de douleur de ce maudit commerçant, mais… Au final, ces cris seraient de véritables encouragements. S'ils venaient à se faire gênant, un sort d'apaisement du son suffirait, et il pourrait toujours se délecter de la douleur de celui qui avait osé le amener au rang d'un simple roturier, niant et dénigrant les pouvoirs dont il désirait profiter, que des siècles de sorciers avaient oeuvré à façonner.
La seule présence de Carter insupportait le Lord, titillait en lui ses envies de jouer à décortiquer les êtres. Mieux valait qu'ils aient tôt fini leur affaire, et que cet humain puéril et manifestement stupide ne devienne à nouveau qu'une information, distante. Pour le bien de tous, Pryam n'offrit aucune réponse aux premières questions d'Isha, laissant un silence glacial et lourd se glisser entre eux et durer, au ralenti, à travers les couloirs et les escaliers, amplifiant le bruit de leurs pas. Intérieurement, l'agacement du Seigneur de l'Envers prenait forme de mille plans pour faire ravaler à son invité ce petit sourire confiant, et ses pseudo-plaisanteries d'humain ignare, assurément suicidaire.

Ils pénétrèrent enfin dans la pièce que le patriarche avait préparée pour le rituel. Son visage resta de marbre devant la remarque de l'humain. Non, tout cela n'était pas pour lui. Tout cela était pour le Secret et pour son fils. Etait-il déjà installé, à les observer ? Il avait encore le temps, avant que ce soit à lui d'entrer en scène. Le temps de s'installer, et…

"- Vous n'aurez ni l'un ni l'autre."

C'était sorti tout seul, une phrase sèche et nette.
La désinvolture d'Isha ne le dérangeait pas le moins du monde. S'il prenait trop à la légère la manipulation qui allait avoir lieu, s'il ne comprenait pas ce qui allait se dérouler… Soit. C'était son souci. Pas celui de Pryam, que tout cela arrangeait. Mais ce temps de survie que le Lord avait gracieusement accordé aux futiles palabres de ce garnement des trolls n'avait que trop duré. C'était une souillure des airs de sa demeure, un heurt pour ses sensibles oreilles. L'instant était désormais sien, ses mains se raffermissaient sur les rênes.

"- Le programme est simple: vous vous déshabillez, vous vous allongez sur l'autel, et vous vous laissez faire. Rien qui soit hors de votre portée."

Ou alors, cela signifiait que ce garçon n'avait vraiment rien pour lui. Le Seigneur de l'Envers se retourna pudiquement le temps de laisser son invité se déshabiller, le temps pour lui d'achever de préparer ses instruments. Sitôt qu'Isha se fut installé sur l'autel, d'étroites menottes de pierre vinrent encercler ses poignets, ses chevilles, sa gorge, ainsi que le haut de ses cuisses. Lorsque Pryam revint dans le champ de vision d'Isha, ses doigts caressaient le pommeau d'un couteau rituel couvert d'un liquide noir d'encre, visqueux.

"- Cela risque de piquer un peu. Que voulez-vous, je suis nécromant, pas infirmier… Et nous ne sommes pas ici eour vous faire du bien."

L'instant suivant, la lame venait ouvrir la peau d'Isha, mêler son encre à son sang. Une encre brûlante telle un acide, qui allait permettre au patriarche de manipuler son âme à loisir. Quelques objets déposés là s'embrasèrent. La voix grave du Seigneur de l'Envers s'éleva, au son d'une incantation antique, d'une langue disparue. Peu à peu, la magie emplit la pièce, oppressante au point d'en devenir presque palpable. Sa maîtrise et sa direction ne tenaient qu'aux efforts du maître de cérémonie, qui récitait encore, inlassablement, mécaniquement. Tous aussi mécaniques étaient ses gestes, appliqués et précis, ses tracés au couteau dans la peau d'Isha.
Au milieu de cette danse macabre, un geste qui n'était en rien inclus dans les textes originels: un signe de la main, à leur observateur invisible, celui de le rejoindre. Quelques mesures plus tard, quelques feulements d'incantation passés, lorsque la porte s'ouvrit, Lord Earl tenait entre ses mains le crâne d'Isha Carter, comme s'il craignait que ce dernier ne lui échappe.

"- Morghann, saisis-toi d'une fiole, et rejoins-moi. Je te laisse le plaisir de lui ôter son âme." D'une ébauche de geste, il indiqua à son fils et élève comment extraite l'âme du corps d'Isha, avant d'ajouter: "Si tu le peux, dépose aussi le contenu du coffre au pied de l'autel." Pas plus d'indications nécessaires. Tout de même… Morghann devait bien savoir reconnaître un emplacement à sacrifices.

Mar 21 Juin - 22:50
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Un brin de sourire lui écorna les lèvres, un brin amusé, un brin surpris. Et bien dit donc, il l’avait déjà perçu comme étant sacrement orgueilleux et coincé, le bonhomme mais c’était maintenant prouvé et définitif ! Aussi coincé qu’une vieille héritière Bordelaise ! Et ce n’était vraiment pas peu dire. La rebuffade soudaine ne le perturbait pas vraiment, il le prenait fort bien. Ce n’était pas comme s’il s’attendait à ce qu’on lui serve ce qu’il demandait sur un plateau, avec un sourire et un ‘autre chose monsieur ?’, oh non, pas chez les Earls ! Ça aurait même été très suspect s’il l’avait eu… « Détendez-vous, je n’étais pas en train de vous passer commande. Personne ne s’attend à se faire offrir le thé chez vous » S’il savait qu’il hérissait l’autre ? Certainement. Le fiston avait déjà eu la même réaction, en plus modéré. Et il s’en moquait. Pour le meilleur et surtout le pire. Sa venue n’était pas une visite amicale et certainement pas une tentative de devenir copain avec la vieille branche. Il était là pour les affaires et uniquement pour les affaires. Ce qu’on pouvait penser de lui lui importait autant que ce que lui pensait des autres.

Son sourire s’élargit encore et il retint un renâclement de rire, les épaules frémissant pourtant. Est-ce qu’il allait oser ou pas ? Oh aller… ça ne faisait pas de mal de détendre l’atmosphère. Enfin pour lui, il la tendait certainement pour le noble. « Oh, allons My Lord, dis comme ça, ça prête à confusion » Se déshabiller, se laisser faire… oulala, mais ça allait couter plus cher là ! Il allait craquer ou pas ? Pas dans le sens craquer pour lui évidemment, plutôt dans le genre craquer et vouloir l’étrangler. « Mais non, je plaisantais, voyons. Vous n’êtes pas mon type » Et il entreprit de faire son strip. Chaste, le strip. De toute façon sans la piste, les lumières et la barre, ça ne servait à rien de faire du moins chaste.Il s’installa sur l’autel et cligna des yeux en s’y trouvant attaché. Il en cligna de nouveau en voyant le liquide noir sur la lame de la dague avec laquelle le sorcier faisait joujou. « Oh… on dirait de la bave de Shoggoth, beurk. Hm… »

La brûlure de la peau entamée lui tira une grimace qui se transforma de nouveau en sourire « Oh aller, je suis certain que vous ne seriez pas si mal avec la petite robe moulante des infirmières et le petit chapeau » Quoi qu’il puisse dire, si, ils étaient là pour lui faire du bien. Tout ce qui l’éloignait du Chaos Rampant lui faisait du bien. CQFD. Il préférait mourir de nouveau que de se retrouver entre les griffes des Seigneurs de l’Ailleurs. Pour il ne savait quelle raison, Pryam Earl semblait décidé à un quelconque jeu BDSM et il n’allait pas lui casser son trip. Hey si chacun y gagnait… pourquoi pas ? Il s’en fichait lui au final. Enfin il n’était pas certain de réussir à arrêter les blagues vaseuses mais il pouvait toujours essayer. Enfin s’il en avait envie. Hey il avait un peu peur tout de même, c’était une demande de cinglé qu’il lui avait faite !

Fort heureusement, en un sens, il fut contraint de se taire un peu face à la brulure qui se propageait après quelques instants dans son organisme. Il savait à quoi cela servait. C’était une technique de barbare pour accéder à une âme mais il était trop occupe à supporter pour lui conseiller de raffiner son jeu. Et puis, ce sadique ferait sans doute exprès de se montrer encore moins délicat ! Il se vexait trop vite, ce Lord… Fermant les yeux, il se força à se détendre et se laissa porter. Combattre la douleur ne servait à rien. Il lui fallait se faire aussi coopératif que possible pour rendre la manipulation d’énergie plus aisée. S’il rendait les choses difficiles, non seulement il allait souffrir dix fois plus, mais il risquait de tout faire rater. Hors, il fallait que cela réussisse. Absolument. Son cœur battait à ses tempes et progressivement, sa conscience physique s’effaça….



Mer 22 Juin - 13:11
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
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Morghann Earl
Meyrick avait fait un travail remarquable. La finesse de son argumentation, l'adéquation de sa proposition. Le prix de ce service restait encore à payer, Morghann avait fait le choix de l'accepter. Sa dette envers Nyarlathotep était grande, celle envers le Démon le serait aussi. Il aurait à payer deux fois le prix de la vie de son frère. Mais cela n'avait aucune importance à ses yeux pour l'heure. L'état de son jumeau le nécessitait. Et s'il ne le faisait qui d'autre agirait ? Qui d'autre le tirerait des limbes du trépas ? Le cadet des héritiers Earl avait patienté, longuement. Trop longuement. Les cris de son aîné retentissaient dans sa boîte crânienne depuis un mois à présent et ses hurlements se faisaient de plus en plus fort chaque jour. Morghann avait patienté que l'Aîné de l'Ailleurs vienne à nouveau vers lui pour lui porter le fruit de ses négociations avec le Démon, celui que le nécromancien voulait tant éviter. Il avait patienté qu'une solution vienne d'ailleurs, que son paternel se penche sur le cas de son héritier, qu'il trouve un remède à sa portée et qu'Howard se réveille dans sa chambre d’hôpital. En lieu et place de cela, son corps immobile reposait encore dans cette chambre blanche qu'il visitait chaque jour. Penché sur son chevet, Morghann vint déposé un baiser sur son front pâle, promesse que ses souffrances touchaient à leur terme. Ce soir, il marcherait vers la demeure d'Elie Mortimer. Ce soir, il conclurait ce pacte, il lui vendrait l'âme de son père. Ce soir, Howard serait libre et il ouvrirait les yeux. Morghann n'avait aucune idée de l'état dans lequel son aîné gémellaire serait, mais à en juger par son propre état, le cas de son frère ne pourrait qu'être pire. Morghann avait les joues creusées, le teint pâle, le visage soucieux, les traits tirés. Il était usé, comme frappé par vingt années qu'il n'avait vécues mais qui rendaient l'apparence de son visage moins jeune qu'il ne l'était. Chaque jour avait été un supplice. Les hurlements d'Howard ne lui permettaient que peu de sommeil, il se retournait et se retournait encore dans ses draps maculés de larmes. Il lui arrivait d'hurler dans la nuit et ne mangeait que ce que Johan l'incitait à consommer. Sans les bons soins de l'écuyer, Morghann serait probablement dans un lit d'hôpital, agonisant le trépas à venir de son frère qui l'emporterait avec fracas dans l'autre monde avec lui.

Son front reposa sur le sien quelques secondes alors qu'il serait les mâchoires en l'entendant encore hurler, dans sa tête. Il fallait que cela cesse. La clameur des cris de son frère lui arracha un violent sanglot et il manqua de rendre son repas. Il les haïssait. Tous. Tous autant qu'ils étaient de ne rien faire ! Son frère Anthony qui n'avait rien trouvé de mieux que de déclencher une guerre ! Oh non... Son message ne lui avait pas échappé, mais sur fond de cri de son jumeau, les mots avaient eu grandement du mal à passer et le répugnaient ! Son père qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'aller négocier avec Carter et lui glisser une punition ! Oh oui... Il voulait lui faire payer à ce vendeur d'âmes. Si son marché n'avait existé, Anthony aurait eu d'autres préoccupations et le sort d'Howard n'aurait pas été de la sorte précipité. Ils auraient eu le temps de trouver une solution, un moyen... Mais non. Alors il prendrait un terrible plaisir à le voir être puni. Il voulait le massacrer et le réduire en cendres ! Hélas, cela ne ramènerait pas Howard à la vie. Son corps frémit, trembla, se crispa aux vociférations gémellaires et Morghann étouffa du mieux qu'il pouvait le gémissement de douleur que lui imposait cette torture. Il se redressa et son corps lui semblait si lourd. Il sécha amèrement ses larmes et tâcha de se recomposer. Il serrait les dents, se tendait, tâchait de respirer convenablement. Pryam l'attendait. Son visage et son expression se fermèrent, ses prunelles vacillèrent vers un noir brûlant, écrasant et meurtrier. Son regard se perdit sur le corps étendu, si calme, si paisible en comparaison de la tempête que Morghann savait au dedans. Il quitta la chambre, entra dans le ténébreux château, trouvant son père affairé au sous-sol. Ses mains gantées de cuir caressèrent la pierre de l'autel sur lequel une part de sa vengeance se tiendrait. Il ne décrocha pas à un mot à Lord Earl. Pas un bonjour, pas une question. Pas une réflexion. Il ferait ce qu'il y avait à faire et la froideur de son comportement ne faisait que témoigner des propos accusateurs et violent qui réprimait plutôt que de les cracher au visage de son père. Les ténèbres avaient englouti son regard et Morghann n'avait pour lui qu'un sentiment semblable à celui qu'on peut avoir à l'égard d'un porcinet qu'on enverrait bientôt à l'abattoir.

Dans dix ans, les chiens de l'enfer d'Eurynome viendraient déchiqueter le corps de son père pour dérober son âme et la ramener à leur maître. Ça me touchait pas le cadet, il n'en éprouvait aucun remord. Peut-être verrait-il les choses autrement lorsque les hurlements d'Howard se tairont dans sa tête. Peut-être réfléchirait-il plus justement, peut-être agirait-il même pour annuler ce qu'il avait fait et pour libérer l'âme de Pryam.... Mais pour l'heure il savourait. Il savourait la pièce de jeu cachée qu'il plaçait silencieusement sur l'échiquier qui l'opposait au Patriarche. Son regard sur lui se fit perçant, l'écoutant avec une patience détachée. Il acquiesça d'un signe de tête et se détourna pour se rendre à l'étage supérieur où le bruit de ses pas cessa. Il ferma les yeux, tâcha d'isoler son esprit des cris incessants. Au cours de la prochaine heure, il devrait détacher son attention de celui qu'il aimait. Le miroir se souleva du sol et se positionna de façon horizontale à hauteur d'homme, flottant dans le vide et maintenu par sa magie en parfait équilibre. Ses prunelles sombres plongèrent sur la vision qu'il avait en contre-bas, observant son père, le toisant, comme s'il avait été un vermisseau à l'étage inférieur. Quant à Isha et son humour aussi grotesque que déplacé, il n'était qu'un moins que rien, une petite fourmi qu'il rêvait d’écraser, un papillon duquel il voulait, sadique, arracher les ailes et le contempler se débattre en pleine tourmente de souffrance. Il le méprisait... Et bientôt il ne serait plus un soucis. Les signes tracés sur le corps du vendeur d'âmes se gorgeaient de sang et d'encre noire, chacun de ses tressaillements de souffrance sous les méfaits de la lame accordait au nécromant un plaisir malsain. L'hymne en langue ancienne que proférait le Patriarche emplissait la pièce d'une aura plus sombre encore et Morghann se laissait bercer par cette noirceur extrême, pansant ses plaies à coup de magie noire. La litanie était grave et les accents en abîmes. Il détestait son père et pourtant, l'envoûtement était intense. Comme par un anesthésiant qu'il attendait depuis un mois déjà, il se consolait, se relâchait. Les membres de son corps perdaient de leur crispation. Les cris d'Howard et l'office de son père se mélangeaient, et Morghann avait le sentiment d'entendre à nouveau Howard dans le caveau, le torturant la première fois et liant son âme à la sienne la seconde. Il l'entendait prononcer ces occultes incantations, pour lui, rien que pour lui. Le son d'une langue morte depuis longtemps avait pris tellement de sens dans la bouche de son jumeau.

A l'appel silencieux de son père, Morghann délaissa le miroir au sol pour le rejoindre d'un pas lent. Il referma la porte derrière lui, puis ôta gants et veste en cuir. Il faisait frais mais c'était supportable. Près de l'autel il avançait et laissa son regard se perdre sur le visage d'Isha. Le cadet pris une fiole, suivant à la lettre les instructions de son père affairé à tenir la tête de leur victime. Sa magie, de noire couronnée, vint à s'étendre et à envelopper les lieux que l'aura de son père avait déjà tant remplis. Le pression était forte, la tension plus grande, palpable, ensorcelante. Il tissait des liens au travers du rituel imposant de son père, s'infiltrant dans les interstices qu'on lui avait laissé. Il s'introduisait au cœur de Carter, caressant les contours de cette âme si brillante, plus encore que ne l'était la jumelle qu'il entrevoyait chaque jour. Isha avait une âme réincarnée et l'éclat qui s'en dégageait en faisait un joyau que Morghann aurait volontiers broyé. Les créatures n'avaient pas d'âmes... Mais Pryam semblait vouloir conserver celle-ci pour d’autres dessins. Alors, de filaments de magie, il l'encercla, l'agrippa, ne craignant de la mutiler au passage. Le nécromancien était bien placé pour savoir combien cela faisait un mal de chien que de se retrouver avec des lambeaux. Avec force et violence, il l'arracha à son corps. Il ne fallait pas moins que cela pour l'en extirper de force : elle résistait et Morghann redoubla d'effort et de férocité. De pitié, il n'en avait aucune, il se faisait inhumain et se perdait. Sans Howard pour le gouverner, il n'était qu'un radeau à la dérive et s'approchait dangereusement de rochers acérés. L'âme vint se loger dans le réceptacle, dirigée et contrôlée par son père, Morghann n'avait fait que tirer dessus de toutes ses forces comme on pourrait s'acharner à retirer Excalibur de son roc. Il clôt la fiole, observant l'entité qui flottait à présent à l'intérieur avec un désir palpable dans le regard d'en détruire le contenu. Il s'en détourna pour la placer dans un coffret de bois. Une boîte qui pouvait la contenir et la protéger. « Pourquoi lui accordez-vous tant de clémence, père ? Je vous ai connu plus prompt, autrefois, à ne laisser passer aucune des jérémiades qu'on pouvait vous servir. » Des mots alignés les uns derrière les autres. Si dans leur précédente conversation Morghann s'était montré invectif, toute trace de rancœur s'était étrangement envolé. C'était comme s'il ne ressentait plus rien.

Ses prunelles aussi noires que les siennes vinrent se plonger en elles. Il savait pourquoi : tout venait à point à qui savait attendre et la punition réservée à Isha pouvait nettement justifier une telle clémence. Morghann avait seulement voulu amorcer un semblant de discussion entre eux. Il secoua la tête de gauche à droite : il ne voulait finalement pas de réponse. Il saisit dans la boite drapée la créature assommée et la déposa sur l'emplacement à sacrifice. Il reprit sur un ton sans émotion, terne et vide : « En vérité, j'ai cru vous connaître. J'ai cru savoir qui était l'homme que j'appelle ''père'' jusqu'à ce que je découvre les abysses desquelles Howard m'a protégé, éloigné. » Sa voix devint un murmure absent et fragile : « Je ne suis pas même certain de savoir qui vous êtes malgré tout. Malgré les bribes que j'apprends de vous. Malgré les horreurs et les abominations. Vos choix, vos décisions. » Son radeau n’explosait sur les rochers, son regard vacilla et il posa ses deux mains à plat sur l'autel, serrant les dents avant de reprendre, tête penchée en avant. « Howard avait six ou sept ans lorsque vous lui avez remis entre les mains un livre antique qu'on nomme 'Les Mystères du Ver'. Vous lui avez montré le chemin du pouvoir, le goût de la puissance et il s'y est perdu. » Il avait semé les graines de sa déchéance. Son éducation avait été un gouffre duquel son jumeau ne sortirait probablement jamais. Si Howard avait cru tourner le dos à son père en devenant le pupille d'Eurynome, il n'avait, en vérité, fait que se corrompre d'avantage, embrassant les savoirs que le Démon pourrait lui transmettre. Morghann releva la tête vers son père et son regard s'était rempli d'une peine désolée : « Maintenant qu'il est sur son lit de mort, vous m'appelez. Vous m'apprenez. Vous m'éduquez. Vous m'offrez des ''cadeaux''. » Johan dans un premier lieu. Et maintenant le moyen de retirer l'âme-énergie d'Anthony et la punition d'Isha. Des ''cadeaux'' qui servaient tout aussi bien le Patriarche et l'intéressement qu'il avait dans ce qu'il lui offrait répugnait le fils. « Quand agirez-vous de manière désintéressée ? Quand sortirez-vous notre famille de son calvaire de secrets et de mensonges ? Quand serez-vous un père ? » C'était de l'insolence, en apparence. Mais au cœur de ses propos régnait une souffrance palpable.

« Howard est mon jumeau. Ce qui l'emportera dans sa tombe m'arrachera la vie. » Une inspiration, difficile et silencieuse. Ce n'était qu'un aveux pour moitié. Johan avait déjà du aller baver sur son état auprès de Pryam et Morghann ne survivrait pas à la perte de son frère. « Il ne vous restera pour seul enfant que celui qui vous déclare la guerre. » Ça n'était pas plus un aveu, au sujet d'Anthony. Son père devait bien se douter que les jumeaux avaient mis la main sur ce secret longtemps gardé. Un secret qui n'en serait plus un le 31 mars quand la vérité exploserait à la face de l'Envers tout entier. Alors... Était-ce vraiment important que de lui annoncer qu'il avait vu les avants-premières du film ? « Qu'avez-vous fait à Anthony pour qu'il mène une telle croisade ? »

Ven 1 Juil - 17:45
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Le liquide rouge noirâtre s'étalait en cercles et en symboles, auréolant l'humain sans âme, courant le long de son torse et de la pierre qui le soutenait, jusqu'à rejoindre la surface sacrificielle. Le patriarche avait pris le temps de tout tracer, à son rythme, ses lèvres murmurant les mots abyssaux des ouvrages interdits. Autour de lui, la magie des morts pulsait, régulière, sourde, puissance retenue, bride tenue par une main de fer. Pas un seul mouvement de cette invisible puissance n'était gauche, et sa main était assurée, régulière. La vie était irrégulière, mais il n'était pas ici pour elle. Il était le tendre ami de la mort. Son aura était saturée de cet appel d'où nul ne revenait, de ces forces issues de ceux qui s'étaient tus à jamais.
Il avait paru n'offrir aucune attention à son fils, tout à son oeuvre, l'air naturellement inaccessible par les traits durs qui étaient siens. Pas un geste, froncement de sourcil… Pourtant, il avait tout très bien entendu. De même, les changements dans l'apparence de Morghann ne lui avaient pas échappé. Distant ou non, il restait un père, et gardait le souvenir de l'entrevue durant laquelle ils avaient établi d'ainsi aller chercher Isha Carter. Avec grand soin, Lord Earl s'attacha à mettre le rituel en suspens, puisque visiblement son assistant avait trop de reproches à formuler pour pouvoir les garder plus longtemps. Il eut été dommage de le laisser sans réponse, sans os à ronger pour sa rancoeur.

Lentement, Pryam Earl se redressa, silencieux. Ils allaient pouvoir "discuter". Morghann avait posé son ultime question depuis un moment déjà lorsque les prunelles d'ombre de son père vinrent appuyer sur lui le lourd poids d'une épée de Damoclès. Presque inconsciemment, sa magie vint enserrer son fils, comme autant de liens étroits. "Garde ton insolence pour de plus pertinentes paroles." Le ton était neutre, glacé, aussi régulier que ses précédentes paroles. Cependant l'impératif derrière chacun de ses mots, la hiérarchie et les pouvoirs qui lui étaient conférés, rendaient sa voix pesante, écrasante. "Je vais t'offrir tes réponses, Morghann Earl. Mais dis-moi: pourquoi vais-je ainsi délivrer des informations à un fils qui, de toutes évidences, me considère comme un monstre, et un coupable parfait pour ses malheurs ?" Il laissa à Morghann le temps d'agiter les neurones fatigués qu'il devait avoir, pas celui de répondre: "Vous avez été absents longtemps. Autant d'années durant lesquelles je n'ai rien pu vous apprendre. J'imagine que tu comprendras que le père que je suis veuille rattraper ce temps perdu, et que tu comprendras également que cela est plus aisé avec toi qu'avec ton jumeau." Il lui fallait des successeurs. Il était le gardien de trop de savoirs pour qu'il soit acceptable de les enterrer avec lui. Il lui fallait des héritiers, pour le trône de fer qu'était celui de l'Envers. Des héritiers puissants, qui sauraient régner pour le bien de ce monde de fous. Et les morts seuls savaient combien cela s'annonçait difficile, au vu du manque de perspective dont faisait déjà preuve le cadet gémellaire.

"Je vais te laisser répondre à ta propre question. Howard et toi êtes partis pendant presque vingt ans. Vous revenez, prenez un appartement pour vous, sagement à l'écart du château… Dis-moi: quand pourrai-je être votre père ?" Là. Sentait-il combien sa remarque avait été aussi stupide qu'injustifiée ? Si Morghann avait vraiment désiré se mêler aux secrets de sa famille, il n'avait qu'à ne pas s'enterrer dans dix-huit ans de secret. "Daigne seulement imaginer que tu ne sais pas tout ce qu'il y a à savoir par la couverture du livre que tu effleures. Ce qui te semble illogique a une raison d'être. C'est parce que Les Mystères du Ver ont été transcendants pour moi que j'y ai guidé Howard. C'est parce que j'ai osé avoir l'envie de lui offrir le même goût pour la nécromancie que je le lui ai remis. Quant à ces abominations dont on m'accuse…" Il s'était rapproché de Morghan. S'il imaginait qu'Isha les entendait ? Il s'en moquait un peu, sur ces histoires-là. De son côté, Isha devait être occupé à souffrir, encore, le feu qui coulait dans ses veines… Ou à défaillir lentement sous les effets de la perte de sang. Rien de dramatique, donc. "Sache que protéger l'Envers a un prix. Qu'une abomination protège souvent d'une plus grande horreur." Que le pouvoir avait son prix, aussi. Celui des Earl ne venait pas de nulle part: mais ne fallait-il pas quelqu'un pour diriger tout ce beau monde ? Et ne fallait-il pas que ce quelqu'un soit idéal ? Idéal, donc Earl. "Et Anthony… Ce cher Anthony. J'imagine qu'il t'a raconté combien j'avais été horrible avec lui ? Combien je l'avais malmené ? T'a-t-il seulement évoqué mes tentatives pour me lier à lui ? T'a-t-il parlé de touts ces fois où j'allais le voir, dans l'espoir d'avoir un fils, si caché fut-il ?" Ou du moins, un allié. "Bien sûr que non. Son image d'être irréprochable en pâtirait." Il leva les yeux au ciel, entre la lassitude et l'agacement. Se saisissant d'un couteau rituel, il se tourna à nouveau vers l'autel, et la créature déposée en lieu et place de sacrifice. "L'âme d'Isha nous sera plus utile enfermée que détruite. C'est un bien qui se vend et s'échange, il nous est inutile de le gaspiller par colère."

L'instant suivant, il sortait le rituel de son hiatus. Aussitôt la magie s'anima à nouveau, furieuse et oppressante, tandis que la voix forte du patriarche scandait une litanie funeste, l'arme levée au-dessus de la malheureuse. Ledit couteau s'abattit d'un coup, net et précis, violent. Le sang vint salir le beau costume du Lord, tandis que, brusquement, la vie quittait ce corps frêle. Les mots continuaient à défiler, vides de sens pour ceux qui n'approchaient jamais les sciences occultes. Ils modelaient Isha, à l'image de celle qui venait de servir de sacrifice, celle qui insufflait ses pouvoirs au rituel. Petit à petit, le cerveau de l'humain allait changé. En son coeur, une marque allait être apposée. À nulle autre pareille, elle était une marque d'allégeance forcée, de soumission non consentie. Elle était la marque du contrôle que Pryam s'appropriait sur cette créature neuve.

Mer 6 Juil - 22:58
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Le silence durait et perdurait plus que d’ordinaire et Morghann serait les mâchoires, rongeait son frein pour ne pas venir, sur lui, à l’assaut. L’attaque ne pourrait atteindre sa cible et il n’aurait été que le vermisseau en perte de crédibilité. Là aurait été l’action contre-productive, si tant est que son cri du cœur ne le soit pas déjà. Il n’était pas le moins du monde courant que de s’exprimer ainsi au sein de leur famille. Les émotions, la fragilité, les cris n’avaient aucune place dans cette lignée prestigieuse. La première réponse qu’il eut ne lui fit que confirmer cet attribut et l’aura autoritaire de son père vint l’écraser de sa supériorité, le fils était comme un chien mordeur mis en laisse après avoir démontré qu’il ne savait que trop aboyer. Howard, s’il avait été en meilleur état, l’aurait depuis longtemps dissuadé de cette discussion épineuse et dangereuse. En lieu et place de cela, c’était un Morghann qui avait un peu trop grandi loin des Earl qui s’exprimait, loin du splendide éclat que ces nécromanciens savaient brillamment afficher. Oh pitié, son père lui jouait la sérénade de l’innocente victime ! Qu’il garde cela pour le Cénacle, pour endormir les consciences de ses fanatiques sbires, mais lui… Ne lui demandait-il pas autre chose que cette exhibition de pseudo-blancheur ? N’avait-il pas réclamé autre chose, de réels sentiments ? Bien fou qu’il était de croire qu’on pouvait gratter le masque de son père, pour y trouver un homme dans toute sa splendeur, avec ses forces et ses faiblesses, ses qualités et ses défauts ! Bien fou qu’il avait été de croire qu’on lui servirait la vérité crue et nette sur un plateau. On lui servait un repas badigeonné dans une sauce douce, destinée à étouffer l’amertume et l’acidité. Comme il avait envie de lui hurler dessus, de lui cracher au visage combien il le haïssait et le méprisait, mais plus que la crainte d’un violent et douloureux retour, quelque chose en lui l’empêchait d’un tel comportement. Il se découvrait cette faiblesse, cette incapacité, quand bien même il s’en était réclamé auprès d’Howard. Pryam était son père. De la même manière qu’Anthony était son frère. Morghann avait des freins, encore, malgré les  griefs qu’il avait à leur encontre. Il ne parvenait à les mordre, à les réprimer.

Il y avait de bon arguments et il savait son père parfaitement apte à les user de la manière la plus adéquate pour obtenir l’adhésion de l’entourage. Il lui retournait la faute, s’empressait de lui reprocher son absence  tant passée que présente, comme un bouclier de victime dernière lequel il se cachait. Puis d’innocence il se paraît lorsqu’entre les mains d’Howard il avait remit les ouvrages de la curiosité, du pouvoirs. Que oui, ça avait du transcender son père ! A voir combien il baignait dans les machinations et dans une quête infinie de puissance ! Oui, il devait apprécier le pouvoir ! Était-ce alors utile de précipiter son fils dans les mêmes abysses où lui-même était tombé plutôt que de l’épargner et de lui laisser toutes ses chances !? Tous les choix qu’il désire !? En lieu et place de cela, il l’avait condamné, il lui avait montré la voie qu’Eurynome avait achevée, s’engouffrant dans la brèche comme un serpent perfide ! Et son père lui opposait sa bienveillance, un acte de bonté et de générosité !? Qu’il aille au diable ! Qu’il brûle en enfer pour ces babillages odieux ! Comment pouvait-il lui dire cela ?! Comment pouvait-il un seul instant ne pas accepter sa faute, sa responsabilité dans la déchéance de ses aînés et la sienne !? L’agression vindicative des prunelles du fils atteint son paroxysme avant de décroître, rongé par de désespoir et la douleur, celle d’avoir perdu un père véritablement. Son cœur en faisait le deuil et ça lui faisait un mal qu’il n’était pas en état d’encaisser pour l’heure. Protéger l’Envers avait un prix, si Morghann l’agréait, il le pouvait se défaire de la peine dont il était inondé et aux mots, au sujet d’Anthony, il se noya, perdu et égaré qu’était son esprit influençable. Entre les propos de Johan et ceux de Pryam, il ne savait comment regarder celui qu’il accueillait comme un frère, de bonnes grâces. Il se sentait de plus en plus trompé et abusé et si Howard n’avait pas été dans un état critique, le cadet aurait été se loger dans ses jupons, s’écriant comme un adolescent en pleine crise que ce monde était pourri et qu’il en avait marre. Il voulait, tel l’autruche, s’enterrer la tête et ne plus rien entendre de tout cela.

Le rituel reprit et Morghann mit quelques secondes avant de s’ancrer en son sein, appuyant et assistant son père, comme une canne sur laquelle se reposer. Morghann avait toujours été ainsi, un homme passif dans l’ombre d’un autre, plus grand. Il n’était pas un roi, ni un prince, il était un soldat fidèle et solide. Il sentait les essences d’une transformation étrange dans les fluctuations de la magie et là, dans ces inflexions, le goût de la trahison et des chaînes dont il liait l’humain sur l’autel. Là était la punition était c’était ce qui arracha à Morghann, enfin, un peu de satisfaction, le sentiment d’une vengeance et d’une justice. Cruelle justice mais il en avait cure. Howard était plongé dans un coma et Anthony était devenu un drogué. S’il y avait bien un homme dont il n’était impératif d’échapper à la domination, c’était Pryam Earl et aux yeux du fils, cela était une juste punition. C’était la fin du marché des âmes à Last End. Il ne voulait plus de ces monstres destructeurs qui lui avait arraché ses deux frères… Et pourtant, une part de lui-même se rendait à l’évidence : si ce n’était Carter, ce serait d’autres et en cela, ce qui remuait dans les tréfonds était immuable. Il vibrait à l’exaltation magique qui fourmillait dans ses doigts, traversait son corps. Il s’amourachait de la puissance qui emplissait le lieu, générée par deux figures de la famille Earl. Il affectionnait ces vibrations, ces langues inconnues et si ésotériques, il caressait ces enchantements comme une tentation dont il avait été tenu par Howard éloigné bien longtemps. Et son père lui montrait, lui faisait goûter, comme on précipite un être cher dans la quête interminable d’un pouvoir plus grand encore. Les entrelacs complexes des flux d’énergie l’entraînait vers une fascination certaine et coupable. Il sentait tout son être graviter autour de ce noyau, de ce cœur pulsant à merveille. Et puis les ondes retombèrent sans qu’il ne sache depuis combien de temps il était là, les sens engourdis pas les attraits de la grandeur, la couronne de l’immensité. Quelques minutes ? Une heure peut-être passée dans le silence, sous le joug de la litanie paternelle et des nœuds surnaturels du rituel ?

Sur l’autel, étendu, ça n’était plus vraiment Isha. Autour de lui, les deux nécromants, mains posées sur la pierre qui soufflaient l’effort fourni pour tenir la pleine transformation jusqu’à son terme. Sous leur conjoint labeur, la créature nouvelle reposait, ankylosée et assommée pour l’heure. Elle se réveillerait à la solde de son père. Le silence et le vide retombait, créant cette sensation de manque dans laquelle Morghann ne devait tomber, au rire que finir avec les mêmes travers que son aîné gémellaire. Il résistait à l’appel de la puissance, pour l’heure du moins, et il relevait ses noires prunelles envoûtées vers le père qui lui faisait face, de l’autre côté de l’autel. Il avait apprécié la leçon. Prétendre le contraire aurait été un mensonge mais l’avouer comme le faisait ses yeux était une faiblesse à laquelle il cédait. Puis il sentit les tremblements infimes de son propres corps, la douleur dans son être vidé de son énergie. L’état dans lequel il se trouvait eu égard de l’état d’Howard ne le plaçait pas dans les meilleures conditions pour le rituel qu’il avait suivi. L’adrénaline s’évaporait, cette adrénaline qui l’avait maintenu, debout et exalté, elle lui fuyait d’entre les doigts et le laissait vide. Son regard vacilla et ses genoux ployèrent sans qu’il ne le veuille vraiment. Il aurait voulu garder sa fierté, surtout devant Pryam, mais c’était son être tout entier qui protestait contre. Front contre la pierre froide, il tâchait de réunir ses esprits et il lui fallut quelques secondes pour faire signe à Pryam qu’il allait s’en remettre, qu’il avait seulement besoin de récupérer. Son reste de fierté lui imposait l’idée qu’il devrait s’en sortir seul et qu’il devait refuser l’aide de son père. Il se retourna et s’adossa contre la pierre, assis au sol. Il ferma les yeux et ramena ses genoux contre lui. Il sentait son esprit s’engourdir mais refusait de s’évanouir et de se pâmer devant son père.

Il lui fallut quelques minutes pour se ressaisir, la douleur l’inondant peu à peu, à nouveau, comme si le rituel avait été mis entre parenthèses pour l’heure. Morghann en avait gros sur le cœur. Le seul frère qu’il aimait vraiment était entre la vie et la mort, l’autre l’avait manipulé avec aisance, et son père le plongeait dans le goût pour le pouvoir comme on écrit sur une page vierge. Il avait envie de fondre en larmes, se rouler en boule, en position fœtale et qu’on le laisse tranquille. Il se savait tant influençable mais réaliser combien il se faisait berner même par ceux à qui il tâchait de tendre la main était une claque monumentale. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix était faible mais dans le silence qui régnait religieusement, le son se propagea sans peine : « Howard est entre la vie et la mort. Qu’avez-vous fait pour lui ? Qu’est ce que les siens ont fait pour lui ? Ça le détruit, chaque jour un peu plus, ça le ronge et je l’entends… » Un aveu pour moitié. Il ne lui disait pas comment mais chez certains jumeaux de l’envers, on retrouvait des liens psychiques très forts qui se formaient naturellement. « Je l’entends hurler et c’est insupportable. Le sauver a un prix et si vous êtes le père que vous réclamez être auprès de chacun de nous trois, entravé dans son rôle par les agissements de ses fils… Paierez-vous seulement pour lui ? Consentirez-vous un sacrifice,  quelqu’il soit pour que parmi nous, il puisse demeurer, en vie et entier ? Pour que votre rôle vous puissiez assurer, dévoué et désintéressé ? » Ses paroles étaient un souffle et derrière elles, la promesse silencieuse mais certaine de l’accepter comme son père. S’il l’acceptait… S’il lui démontrait, s’il payait, pour quelle raison encore devrait-il lui refuser le pardon ?

Dim 10 Juil - 10:49
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Il avait dû, à l'image de son fils, faire fi de la notion de temps. Pire qu'inutile, elle aurait souillé ce rituel, cette danse avec celle qui se moquai du temps. Le patriarche avait murmuré, hurlé, ces mots qui faisaient ployer la magie devant lui. Il avait répandu le sang et les organes,  comme des offrandes aux puissances qu'il brûlait dans les liens sombres du cercles, dans les ténèbres étouffantes de ce lieu saturé des funestes pouvoirs qui étaient ceux des Earl. La tâche était ardue, subtile, et éreintante. Le soutien de Morghann n'était pas un luxe. À eux deux, ils purent voir l'essence de la créature leur céder, et s'offrir à leur création. Ils purent voir leurs forces maîtriser la puissante magie en ces lieux, l'asservir, quand la contenir seulement aurait été impossible pour nombre de sorciers. À eux deux, sous le poids glacial qui les entourait, ils purent façonner Isha, façonner cette marque en lui, graver en ce monde un lien entre lui et son nouveau maître. Le temps asséchait la bouche du Lord, sa voix lui parut plus rauque, ses tempes et son dos humides, collant à ses vêtements et cheveux. Des détails, quand son coeur battait au rythme de l'adrénaline, de ce danger qui tenait dans la seule élocution des mots anciens, dans les seules inflexions qu'il appliquait à la magie. Un appel enivrant, de ceux qui l'avaient poussé à suivre sa voie, et de ceux qui le poussaient par-delà ses propres limites.

Les limites de son corps et de ses pouvoirs menacèrent d'être atteintes. La fin du rituel approchait, Isha était presque prêt, une créature complète, une créature à sa merci. Il avait arraché son humanité sans remords, sans même se questionner. Réciter encore lui paraissait une épreuve à son esprit et à son corps. Maîtriser la magie devenait plus complexe, et l'aide de Morghann faiblissait également. Un bref instant, Pryam songea à ponctionner le Nexus… Et étrangement, cela l'aida à tenir jusqu'au bout. La perspective qu'il puisse être nécessaire de toucher à son précieux Nexus pour ce rat de Carter devait être suffisamment repoussante.
Le Lord tint bon. Jusqu'au bout. Jusqu'à ces instants où, naturellement, sa voix avait devoir de faiblir, de s'atténuer. Jusqu'au moment où, autour d'eux, l'air parut plus léger, et moins emprunt à les happer, eux et leurs âmes, dans les méandres d'un flux meurtrier. Jusqu'à l'instant où le repos lui parut comme un manque, le pouvoir et la mort l'appelant, l'appel s'étant tu. Appuyé à l'autel, il s'y assit, ses coudes appuyés sur ses cuisses, maintenu par sa dignité seule.
Il s'accorda quelques instants de repos complet, laissant enfin son pauvre cerveau loin des mille savoirs qui lui avaient été nécessaires. Le naturel reprit tôt le dessus, lui imposant de réfléchir à la suite: réveiller Isha, le laisser attendre…? Mieux valait le faire reconduire chez lui. Il n'avait nulle envie que la créature les voie ainsi. Quant à Morghann et lui… Ils allaient devoir endurer les ultimes efforts qui mèneraient à un repos bien mérité. Mais si ces réflexions étaient encore basiques, simples, son fils sut rapidement mettre à nouveau ses neurones en effusion, en quelques mots seulement. Quelques mots qui suffirent à comprendre, par un jeu de liens. Il l'entendait.. Télépathie, ou autre lien d'âme ou d'esprit. Pas rare chez les jumeaux. À faire creuser par Johan. À prendre en compte à l'avenir. Les hurlements, en revanche… Ils n'étaient pas compatibles avec les informations déjà présentes, celles indiquant Howard dans le coma. Un coma impliquait le silence de l'âme. Quelque chose n'allait pas.

Le patriarche massa instinctivement ses tempes, dans l'espoir de réfléchir plus aisément. Dans son état, il allait de toutes façons être compliqué de faire quoi que ce soit, y compris se rendre à l'hôpital. Mais il n'était pas question qu'il ne porte pas un coup d'oeil là-dessus. Cela était décidé bien avant que Morghann lui ait réclamé quoi que ce soit. Par habitude, il n'aimait pas que quelque chose lui échappe. Pouvoir, information, situation, ou enfants. Qu'il n'eut pu s'occuper de cette grippe magique l'avait fortement agacé. Si ladite grippe était particulière, peut-être pouvait-il tenter à nouveau, chercher davantage.
Morghann avait encore la force de l'accuser, et de cracher son désespoir comme un mauvais venin. Il avait bien de la chance que son père soit ainsi épuisé, lui qui avait supporté le plus gros du rituel. Au lieu de le remettre proprement à sa place, l'aîné allait se contenter du strict minimum. "Je vais voir ce qu'il m'est possible de faire pour Howard." C'était direct, concis, et purement informationnel. Il n'avait pas de pseudo-promesses à faire à ce fils qui lui avait réclamé la vérité. Avec un soupir, le patriarche se releva, appuyé à l'autel. "Isha va retourner chez lui. Mieux vaudrait pour toi te reposer également." Il ne prenait pas la peine de l'inviter explicitement à rester. Ce gamin était capable de ramper à travers Last End, par cette fierté mal placée qui soutenait les rébellions adolescentes. À son rythme, un peu hébété par la fatigue, le patriarche quitta les lieux.

Mar 12 Juil - 22:45
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La douleur était réelle, pas celle de sa chair sur laquelle les inscriptions pulsaient, mais celle de son âme qu'une main gauche et peu expérimentée détachait. C'était un viol, mais un viol consentit, et qu'il laissait se produire… son âme, hélas, ne pouvait l'accompagner, mais elle serait remplacée. De son écrin, la substance se détachait, mue par une volonté propre, encouragée par les sorciers. Le liquide visqueux et grisâtre glissa le long de l'autel, pour se répandre sur son corps et le pénétrer lentement, ajoutant à la douleur de son âme une torture de plus. La sensation était étrangère et horrifiante, réveillant ses plus profonds cauchemars, ses seules terreurs… et pourtant c'était lui qui l'avait désiré et demandé, et il ne pouvait plus revenir en arrière. Allongé sur cet autel, il allait devoir passer au-delà de ses peurs les plus terribles, à commencer par celle d'être possédé et assimilé par une essence de l'Ailleurs. Les tendrils glaciaux provoquaient en sa chair des spasmes violents et incontrôlables. Défait des filins de mouvance de sa personne, il était forcé de subir, se sentant lentement emplit jusqu'à l'explosion, sentant le fluide couvrir l'intérieur de son corps physique, puis son esprit et enfin s'écouler dans la brèche que le retrait progressif de son âme avait commencé à créer… mais qui, du fait du manque d'habitude de l'officiant, le martyrisait plus encore qu'il n'aurait dû. L'essence étrangère était dotée d'une impérieuse volonté et voulait son dû, le voulait lui, il le sentait, le savait, spectateur alors d'une atroce objectivité, la clarté de son regard dépassant sa propre vision, comme si, subitement, il était devenu spectateur omniscient. Elle forçait pour s'infiltrer davantage dans la béance et le retrait de l'âme n'allait clairement pas assez vite pour elle quant bien même l'officiant tirait de toutes ses forces. La brillance de son âme le quitta enfin pleinement, laissant la nouvelle essence achever de se nicher en lui et s'échiner à couper les liens de son corps et de son cortex magique aride avec le don de dieu. Il ouvrit les yeux, alors, sous une impulsion des nerfs, mais ceux-ci étaient aveugles et dépourvus de couleurs… le cri sur lequel ses lèvres s'ouvrirent fut silencieux, cordes vocales tranchées tandis qu'une euphorique démente le parcourait, s'ajoutant à la soudaine froideur de son esprit dépourvu de sentiments. La conscience primaire qui absorbait son être était entrain de le connecter au Nexus, créant le nouveau Cortex magique qui sustenterait… quoi ? Il n'arrivait soudain plus à penser, la clarté de vision qu'il avait eut s'effaçait, se déchirait, lambeau par lambeau sous le chaos qui rugissait en lui, sous l'ultime jouissance de ne faire soudain qu'un avec la magie.

Le corps qui avait été celui d'Isha Carter s'arqua, tremblant de la tête aux pieds, secoué dans chacun de ses atomes avant de s'affaisser de nouveau, enveloppé dans un cocon lisse et argenté. Quelque chose, sous cette fine pellicule, palpitait, et aspirait, non seulement la magie offerte par les nécromants, mais également par le nexus alentours, gourmande… Mais pas uniquement. Un tendril impalpable s'éleva lentement, glissa et vint passer au travers de Morghann pour aspirer de l'énergie venue de ces portes follement ouvertes voilà de cela plusieurs mois. Le lien était toujours là, l'officiant en était un portail, et lui permettait de rejoindre les infinies glacées d'où les siens provenaient. Il y puisa une autre forme de nourriture, ponctionnant les forces de l'humain sans merci. Plus le rituel avançait, et plus sa stature et sa présence s'affirmaient, remplaçant la Réincarnation par sa propre identité, savant mélange de son support humain et de la potentialité de son être nouvellement formé. Puis enfin, le rituel s'acheva, et la pellicule qui l'entourait comme un cocon s'effeuilla sous un vent invisible, révélant un corps encore vierge de caractère. Ni mâle ni femelle, de menue stature, la taille d'un enfant pour l'instant, sans cheveux ni aucun poils, la peau pâle veinée de vaisseaux sanguins comme une fine dentelle. Aucun souffle n'élevait sa poitrine vulnérable, mais la créature était inconditionnellement en vie. Yeux fermés, elle reposait sans bouger, froide. Une réussite éclatante pour la section de recherche qui avait réussit à synthétiser une essence de créature de l'Ailleurs viable et compatible avec un corps humain. Et qu'était-ce qui la força à se réveiller ? L'agacement d'un maître qu'elle ignorait posséder, ou bien l'appel lancinant des portes de l'officiant ? Ou peut-être simplement le chaos, celui de cette famille déchirée ? Toujours est-il que, soudainement, ses yeux s'ouvrirent et il tourna lentement la tête pour observer les deux hommes sans émettre un son. Bientôt, le plus vieux prit la direction de la sortie. Homme… humain… ils étaient humains… La conscience unie de l'ensemble auquel il appartenait désormais l'informait sur leur nature. Des humains. Des créatures terrestres. Friables. Des proies. Ses yeux aux pellicules aveugles se posèrent sur le plus jeune. Le plus faible. Et malgré la cécité, il le voyait. Son regard, sur lui, pesait lourdement, celui d'une intelligence ancienne et inhumaine, une intelligence dépourvue d'appréciation et de douceur à son égard. Pourtant, la chose ne fit aucun geste pour l'attaquer, se contenta de se redresser lentement, avec une lenteur presque languide.

Son regard tomba sur l'une de ses mains, puis sur l'autre, toutes deux portées à son regard, examinées avec attention. Des membres humains. Ils avaient l'air faibles, et pourtant, il capta rapidement la présence des menottes qui avaient restreint son hôte. Elles étaient éventrées. Son fait. Il ne l'avait pas même sentit. De nouveau, il observa l'humain, yeux dans les yeux, humant sa faiblesse. En l'instant, il aurait certainement pu le tuer… mais l'idée était loin de son esprit. Penchant la tête, il cligna lentement des yeux et soudain, leurs esprits étaient connectés, son esprit déjà terriblement fort pénétrant dans celui de l'humain comme dans du beurre. Le pliant à sa volonté, il le fit s'avancer vers lui, jusqu'à pouvoir le toucher, et le relâcha alors, se retirant aussi vite qu'il était entré et avec une aisance qui ne laissa aucune autre séquelle qu'un choc, sans doute, de se voir utilisé comme une marionnette. Ses mains délicates et froides se posèrent sur la peau fiévreuse. Après quelques instants de plus à le regarder sous tous les angles, les yeux de la créature devinrent sombres comme ceux du nécromant. Mais ça ne s'arrêta pas là… ses doigts furent soudain pourvus de petits crochets de chair qui piquèrent dans le derme humain, cherchant dans son ADN, apprenant lentement. Son histoire était brève, aisée, et il en dévora les détails avant de le relâcher, rendant à ses doigts leur douceur. Son expression lisse se fit plus pensive, et un instant plus tard, il se dotait d'une lourde chevelure blonde, copiant le brin de son ADN qui contenait cette possibilité…


Mar 2 Aoû - 15:18
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
La promesse de son père ne lui suffisait. Elle était faible et médiocre. Howard allait mourir. Une semaine, peut-être deux avant que son agonie touche son terme, emportant l’aîné puis le cadet dépendant du premier. Ne quittant nullement le confort de sa position rétractée, il observa son père quitter les lieux d’un pas lent : « Je suis désolé... » Un souffle, pâle, à peine audible et pourtant, peut-être que le Patriarche avait pu en saisir le son désespéré. Probablement l’était-il sincèrement, autant qu’il n’en avait d’autres alternatives. Les solutions ne courraient pas les rues et l’unique en sa possession se verrait, ce soir, scellée. Peut-être que Pryam ne comprendrait a posteriori l’ampleur de ces trois petits mots, prononcés si bas. Pour l’heure, devait-il comprendre que Morghann réclamait un pardon pour l’éloignement dont il était coupable. Il y avait une part de vérité là dedans et pour autant, il ne l’acceptait nullement. Il lui demandait pardon pour l’âme qu’il vendrait à Elie Mortiner. Pour l’acte odieux contre son propre père, aussi défaillant puisse-t-il être à ses yeux. Le temps s’égrainait et le nécromant n’avait pas quitté sa place. Adossé contre la stèle, il récupérait les forces dont il avait été vidé, fermant les yeux pour un semblant de sommeil. Il n’aurait peut-être pas du avoir confiance en cette chose qui lui avait parut immobile et qui, de toutes évidences, s’était éveillée pour le mouvoir, contre sa volonté et celle des ses muscles endoloris et engourdis. Face à la chose, il avait ouvert les yeux, tremblant intérieurement d’avoir été ainsi pénétré et utilisé comme une marionnette. Ses mains se posèrent à plat sur la stèle, trop épuisé pour parvenir à une tenue debout. Il fusilla la créature du regard. Il était un Earl tout de même ! Aurait-ce été pénible que de lui demander de venir lui faire face ? Il tressauta au contact glacé de l’être informe si ce n’était ces prunelles ténébreuses qu’il plagiait comme s’il s’en octroyait le droit. Morghann fronça les sourcils, cherchant à comprendre la manière de fonctionner ce cette chose qui prenait en lui les apparences qu’il désirait.

La rancœur fit rapidement place à la curiosité. Une curiosité instinctive, comme prédéfinie à l’avance par la main d’un destin parfois étrange. Il se souvenait avoir eu le même type de fascination à la fois plaisante et déplaisante à l’égard de Nyarlathotep. Une attirance sournoise pour cet Ailleurs inconnu et pourtant si présent en son cœur d’humain.  La crainte qui l’avait étreint lorsqu’il avait été manipulé, s’effaça avec une lenteur prudente. Si cette chose avait voulu le tuer, ce serait acte prématurément fait. Sans qu’il n’ait vraiment rien à craindre de lui, sa présence s’en trouvait tolérée. Il contempla la lourde chevelure blonde naître et s’agrémenter d’une familiarité à son sang Sihvonen. Morghann entrouvrit les lèvres, non pour parler mais parce que la mâchoire lui tombait légèrement, surpris par le troublant phénomène. Il n’avait vu que des change-peau capables d’une telle copie d’ADN. De toutes évidences, ils n’étaient pas les seuls… Et ils ne pouvaient, à l’instar l’être face à lui, ne sélectionner qu’une si infime partie du corps. D’ordinaire, il émergeait de parfaits clones. Le nécromant baissa les yeux pour saisir les mains froides restées contre sa peau, observant silencieusement et caressant la pulpe de ses digits. « Pourquoi le blond ? » demanda-t-il en redressant ses noires prunelles dans ses yeux sombres de l’autre. La question était anodine, il cherchait à comprendre les affects dont la créaturine pouvait être détentrice. Ce choix, cette préférence. Les humains la faisait par goût, affection. D’autres pour les valeurs que cela pouvait incarner, le caractère que cela pouvait refléter. Il relâcha ses mains pour s’appuyer à nouveau sur la stèle. Il se sentait si faible, si vide. Il ferma un instant les yeux, laissant sa respiration prendre un cours plus correct. Etait-ce la crainte qui l’accélérait pour l’heure ? « Je ne pensais pas que la punition d’Isha Carter, prendrait cette forme. » La punition d’Isha Carter. C’était ainsi que son père lui avait annoncé cette entrevue. Il n’avait eu connaissance des aboutissant à cela. Voir l’âme de cet homme être arrachée lui avait suffi pour accepter. « Vous nommez-vous toujours ainsi ? Isha Carter ? Ou... » Plus logiquement, du moins : « Avez-vous un autre nom ? »

Dès qu’il s’en sentit la force, il se redressa, reculant prudemment de l’être, sans le quitter du regard toutefois.

Mer 10 Aoû - 15:17
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Pryam Earl
L'étrange sous la normalité : Je suis Sécrétaire Général du Cénacle, patriarche de la famille Earl.
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Songeur, Pryam avançait à pas difficiles dans ces couloirs gelés par la mort. Les excuses de Morghann lui paraissaient étranges. Fausses, dans le sens où elles ne correspondaient pas à celles qu'il attendait. À quoi s'était-il attendu ? Son père n'était pas l'être tout-puissant qu'il pouvait s'imaginer. Il s'était refusé à lui donner de faux espoirs, et voilà comment il était remercié ! Définitivement, ses enfants pêchaient tous sur un point: la notion de reconnaissance. Cette seule pensée le lassait, et il savait pertinemment que ce n'était pas un effet de la fatigue.
Ses pensées batifolaient, se baladaient enfin, maintenant qu'elles le pouvaient. Mais elles revenaient, d'elles-mêmes, vers ce qui le troublait: ses fils, leur état, l'avenir qui s'offrait à eux. Celui d'Howard était compromis. S'il avait su que faire, il l'aurait fait. Mais là où même les familles sorcières les plus amoureuses des soins s'avouaient vaincus, qu'aurait-il comme possibilités à sa portée ? Il aviserait. Il irait le voir, sur place.

Ce n'était pas le seul point qui troublait le nécromancien. Il s'était passé quelque chose, pendant le rituel… Quelque chose auquel il ne s'attendait pas, et qui n'avait rien empêché. Au contraire, ç'avait été comme si la créature cherchait à naître, à sa façon. Ahlala. Même pas née, et déjà pleine de vie.
Songeant à cela, Pryam marqua un arrêt, net. Il fit demi-tour plus prestement -autant que cela était possible, avec la fatigue de ses jambes. Il ignorait ce qu'il avait créé exactement, mais il refusait que cette créature touche un seul cheveu de Morghann, abusant de la faiblesse de ce dernier.

Lorsque le patriarche arriva sur les lieux du crime, il ne prit pas le temps d'observer plus attentivement la scène. Morghann s'était levé, reculé, et la créature était debout. Ca lui suffisait. Maudite bestiole, si jeune et déjà si vicieuse, d'avoir attendu que sa proie soit seule ! Tant pis pour elle. Elle découvrirait plus tôt que prévu le joli cadeau que lui avait fait son créateur.
Armant à nouveau sa volonté et sa magie, le Lord visa et tira. Là,dans le cerveau de la créature, l'ordre s'imposa: "Couché !", comme on le demande à un chien. Pryam voulait la voir s'allonger, inoffensive. L'esthétique de la situation, il s'en moquait totalement. Seule comptait l'efficacité.

"- Tout va bien, Morghann ? Rien de cassé ?" demanda-t-il, d'une voix incroyablement sobre et posée pour quelqu'un qui venait peut-être de sauver une vie. Une voix incroyablement neutre pour celui qui s'était inquiété.

[HJ: Petite rep, je n'ai pas trop osé avancer sur ta réaction, Isha catkiss Oh, et bien sûr, Pryam peut débarquer après que tu aies répondu à Morghann !]

Sam 20 Aoû - 20:14
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Qu'était-ce, ce que l'humain, le sorcier, lui montrait, cette expression et cette saveur qui parfumait son corps comme un fumet trahissant son état émotionnel. N'était-ce pas une réponse à ce qu'il avait fait, à ses actes ? Il y avait eut le goût piquant de la colère et l'aigre de la peur, puis celui-ci, plus rond, plus fruité, de… il ne savait pas exactement, les connaissances humaines étaient encore flottantes, non fixées dans son intellect étranger, aussi peinait-il à en saisir certaines subtilités, comme les noms. Il savait ce que cela représentait, de façon instinctive, sans pouvoir creuser ou le nommer. Mais cela ne le dérangeait pas. En essence, sa proie n'allait pas s'enfuir et c'était tout ce qu'il lui était suffisant de connaître. Les réactions de l'humain étaient peu courantes, cependant, d'après ses sens. Il n'aurait pas dû rechercher davantage le contact avec lui, comme il le faisait pourtant, ce n'était pas à cela que sa programmation primaire aurait dû le pousser. Impossible de l'expliquer, mais il ne cherchait pas à le faire, l'observant attentivement, étudiant toujours son corps et ses réactions. La sensation de fragilité des dextres mortels comparés aux siens fit naître ce même goût indescriptible mais interrogateur qu'il avait sentit chez l'humain. Il était tellement fragile que bouger en l'instant lui aurait certainement brisé quelque chose. Et puis, le contact sur la pulpe de ses doigts lui donnait envie de… de bouger, cela le faisait bouger les doigts. Ce sorcier avait la peau chaude et rêche en comparaison de la sienne, aussi chercha-t-il à élever sensiblement sa propre température corporelle, en séchant ce qui restait de pellicule humide et amorphe sur sa peau.

Pourquoi… ?

Il releva ses yeux d'encre pour sonder ceux de l'humain, cherchant le sens des mots, la logique, le rythme. Ces sont étaient étranges, rauques et confus à ses oreilles ultra-sensibles, des borborygmes indescriptibles. Pourtant il semblait bien que cela lui était adressé. L'humain tentait de communiquer. Ces sons étaient leur façon de communiquer. Ils échangeaient ces sons. Dans son cerveau, il y avait certainement la clef de cette forme de communication inconnu de lui. Ne restait plus qu'à chercher et trouver ce dont il avait besoin. Il émit de nouveaux sons mais il lui fallait quelques instants de plus pour pénétrer de nouveau en lui, et lui prendre ce qu'il désirait, s'ajuster. Fort heureusement, le langage était si primaire qu'il était plus simple à intégrer que ce qui secouait l'esprit de la chose face à lui. Bientôt, il fut capable d'ouvrir la bouche avec l'intention de mots, ayant comprit ceux qu'on lui adressait. Isha Carter…. Il s'agissait de lui avant, il s'agissait de l'humain qui avait demandé à devenir lui, il se nichait là où une âme humaine avait reposé. L'âme d'Isha Carter, de H.P Lovecraft. Le nom ne lui était pas inconnu, l'esprit commun de sa race lui transmettait ce que les siens savaient à propos de cet humain que leur maître devait éliminer. Mais sa position perturbante à cet égard serait à examiner plus tard. Isha Carter…. Il avait été Isha Carter. Qui était-il à présent ? Il était un membre de la volée. Mais il y avait les souvenirs d'Isha Carter en lui, et… des choses, humaines, des… vagues… affects, était le mot. Ils étaient lui, et pourtant, il en était totalement détaché, comme s'il s'agissait d'un membre dont il pouvait se passer à loisir et l'idée était aussi amusante qu'étrange.

Amusante

C'était un goût d'humain, un goût terrestre. Mais il en prenait conscience comme d'une aurore nouvelle. Non, il n'était pas Isha Carter, le nom n'éveillait rien de vif en lui. Alors c'était ce qu'il devait dire. « Non... » Il n'avait pas de nom, mais il n'était pas Isha Carter. « Pas… de… nom » Sa voix avait une acoustique étrange, même à son oreille propre. Elle n'avait pas de ton. Plate, neutre, monocorde et difficile à produire, elle n'avait aucune forme de personnalité. C'était normal. Il n'était pas fait pour produire ces sons, il le savait d'instinct. La télépathie était sa façon de communiquer. Mais il y avait fort à parier que ses pensées ne seraient pas compréhensibles pour l'humain, pas à moins qu'il ne les… rende accessibles et il ne savait pas comment, ni s'il le désirait. La conscience était une chose étrange, elle lui était naturelle, et en même temps, enfermé dans ce corps, dans cette existence soudaine qu'il ne connaissait pas, il était encore peu assuré. L'humain se redressait et voulait s'éloigner. Cela ne le dérangeait pas, ce qui l'animait à son égard l'empêcherait certainement de le quitter pour le moment. Quoi qu'il eut put se passer par la suite, l'ordre qui emplit son crâne le balaya. Il lui faisait mal. Il n'avait pas à être là. Sa bouche s'ouvrit sur un son inhumain, un crissement sub-phonique qui craquela les surfaces en verre pouvant se trouver là, vrillant les tympans, y comprit les siens, la part de son esprit qui pompait le langage humain dans l'esprit de l'humain se durcit, les tendrils impalpables se faisant glacés et durs, tandis qu'il les retirait, en espérant se protéger de l'agression. Pourtant, il fut impuissant contre la force qui fit bouger son corps et qui le fit s'allonger par terre contre sa volonté.

Son corps frémissait, mais pas de froid, d'indignation. Il ne comprenait pas ce qui se passait, ce qui l'avait atteint, et il essayait de se relever sans y parvenir, bloqué au sol, prostré. Sa chevelure fine lui tombait devant le visage et sur le haut du corps. Feulant, sifflant des sons qui n'avaient de sens que pour lui, en des torsions de l'air que seuls les siens pouvaient produire, il se tortilla, se refusant à abandonner si facilement. Un bref instant, le bourgeon de ses ailes apparut sous la peau des omoplates, puis sa peau sembla ondoyer, tandis qu'il en changeait les caractéristiques, adoptant la forme d'un enfant d'une dizaine d'années, aux traits typiquement Earls…

Dim 21 Aoû - 13:54
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Morghann Earl
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Morghann Earl
La situation était étrange, faites d’observations de l’un vers l’autre. Pas les mêmes. Pour Morghann, il s’agissait plus de curiosité, dévorante et battante. Pour la créature… Et bien, il était difficile d’imaginer qu’elle puisse nourrir également de la curiosité. Il avait peu lu à leur sujet, mais le maigre savoir dont il disposait, il permettait d’être certain de ce point. Le contact s’était fait chaud, sur la pulpe de ses doigts froide au début. Ce qu’il avait devait lui était doué d’un très bon niveau d’imitation, que ce soit pour recopier la teinte de cheveux maternelle que pour mimer la chaleur vraisemblablement hors du naturel à ce qu’était devenu Isha. Il s’interrogeait, aurait voulu l’interroger, lui poser toutes celles qui dévoraient ses lèvres, grignotant un peu plus son pas sans parvenir à le franchir, étouffant dans un silence remarquable alors que l’autre lui répondait. Il n’était plus Isha Carter. Il disposait de son histoire mais ce qu’était l’être ne se nommait plus Isha Carter. Étrangement, lorsqu’il inspira l’air pour la faire pénétrer ses poumons, l’acte fut plus aisé, plus léger. La haine vindicative qu’il avait pu nourrir à l’encontre de l’humain s’évaporait. Il restait l’âme, sur la table à côté de lui dont il saisissait lentement le coffret. Il restait cet âme, là, dans son écrin prisonnière, et il la garderait en bon soin jusqu’à ce qu’il lui trouve soit un usage soit une punition à la hauteur du mal que le marché des âmes avait fait à ses deux frères. Il sentait la cruauté de ses aïeux violenter ses veines avec ardeur, comme si parvenir à punir cette âme serait l’affront qui viendrait corrompre son être, le salirait irrémédiablement, l’écartant de la bonté dont il avait toujours cherché à faire preuve, malgré sa maladresse. Il prenait contre lui ce coffret, il y sentait l’âme palpiter de son éclat singulier.

Ses prunelles d’obsidienne qui avaient été copiées se portèrent vers la créature : « Vous devriez peut-être en trouver un autre qui vous sied. » Un autre nom, pour se mêler à l’humanité dont il ferait à présent parti, du moins en apparence. Même s’il le refusait, il n’aurait pas d’autres issues. Voilà bien longtemps que les créatures se l’ailleurs se voyaient prises au piège dans ces corps humains. « Qu’êtes v... » Il n’eut guère le temps de poursuivre que la porte s’ouvrit à sa gauche, laissant entrer à nouveau la silhouette bien connue de son père. Avait-il oublié quelque chose ? Morghann arqua un sourcil, reporta son attention sur la créature tout juste née, avant d’ouvrir ses yeux tout gros sous l’effet de la surprise voyant ce qui avait été Isha se jeter à plat ventre au sol, comme s’il y avait été attiré, aimanté. « Qu’est-ce qu… ? » Son esprit fit rapidement le lien entre l’arrivée de Pryam et le comportement atypique la créature, ainsi que la laisse qui avait été placée au cours du rituel. De toutes évidences, c’était terriblement efficace. Mais si un peu plus tôt, il avait été satisfait qu’une telle mesure ait été prise à l’encontre d’Isha, il était écœuré de voir cette créature qui n’était plus Isha être aux mains paternelles. « Oui, je vais bien, il n’a rien fait. » fit-il rapidement, espérant pour que ces explications suffisent à faire relâcher la pauvre chose qui se débattait au sol. Il reposa l’écrin de l’âme sur la table et retira sa veste rapidement en voyant les formes encore enfantines se dessiner aux traits de sa famille. « Je crois qu’il apprend… Et s’adapte très rapidement. Relâchez-le, je vous en prie, il n’a rien fait. » Ses sourcils se fronçaient aux cris stridents et inconnus que poussaient la créature, sortant parfois du spectre de l’audible pour un humain.

Il s’agenouilla près la créature, passa un bras sur son torse pour l’aider à se redresser assis et à le maintenir, malgré l’ordre du père qui lui imposait de se coucher. « Horreur chasseresse, vous croyez ? » supposa-t-il à la vision de ce bourgeon d’ailes qu’il recouvrait de sa veste, par pudeur pour elle… Ou du moins plus pour eux que pour elle. Il n’était pas bien certain que l’ailleurs ait la moindre notion de pudeur, si ? « Calmez-vous, c’est fini. Il n’a agi que par... » Affection à l’égard de son fils ? Craintes viscérales pour lui ? Les mots lui auraient brûlé les lèvres que les prononcer : « Il a cru que vous m’aviez blessé, mais ça n’est pas le cas. C’est une méprise. »

Ven 2 Sep - 14:50
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Par la Faucheuse, cette créature qu'ils avaient créée allait vite devoir apprendre à se taire ! Pryam tenait à son audition, il en avait régulièrement besoin ! Ce cri donnait l'impression d'une aiguille qui traversait le crâne, d'une oreille à l'autre, sans jamais réduire son allure. Par chance, cela ne dura qu'un temps, durant lequel le patriarche grimaça d'un mélange de douleur et de dégoût. L'instant suivant, la créature était au sol, sifflant et feulant comme un chat prisonnier. Si Pryam aimait voir les chats souffrir ? Aucune idée. Mais cette créature, à terre, lui apporta une certaine satisfaction. La voir se soumettre était un plaisir dont il doutait pouvoir se lasser. L'entendre souffrir de sa servitude, et s'en sentir comblé... Il savait que ce n'était pas raisonnable. Mais comment résister ? Elle était si pathétique, ses sifflements si vains... Le Lord adorait, et se délectait du spectacle. S'octroyer ce nouvel atout était un cadeau qu'il se faisait. Il n'avait pas pensé qu'il en serait aussi ravi.

La voix de son fils le tira de cette contemplation de ses propres pouvoirs. Le relâcher ? Alors que Morghann était si proche de lui ? Hors de question. L'ordre resta bien en place. Le patriarche se rapprocha de sa progéniture, et de sa création, observant dans un premier temps la première pour vérifier ses dires. Il semblait effectivement en bon état. Son regard passa ensuite sur sa création, laquelle avait pris les traits d'un enfant Earl. Mais un enfant Earl bien trop bruyant, bien trop insecte pour l'être véritablement. Si elle avait espéré s'attirer sa sympathie par la fibre paternelle, c'était manqué.
En revanche, Morghann paraissait plus... Touché, par cette chose hurlante. L'espace d'un instant, le Lord se demanda s'il devait cela à la perte légèrement prématurée d'Andrew. Cette réflexion ne lui fit ni chaud ni froid. Son expression aussi close qu'à l'accoutumée, il eut un signe de tête positif à la question de son fils veuf. "Ça en a tout l'air." Il laissa Morghann couvrir la pauvre petite chose, qui n'en avait sans doute pas besoin.

Un sourire s'étira en lui, une nouvelle satisfaction mêlée de frustration. Il aurait aimé entendre ces mots de Morghann, ne pouvait que les deviner. Son fils avait douté, nié, il niait sans doute encore. Mais au fond de lui, désormais, il savait, ce qu'il était aux yeux de son père. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il était un fils. Un fils aimé et regretté, un fils auquel il tenait. Un fils qui lui échappait et qui prenait un plaisir fou à jouer avec le danger. Le silence et le regard appuyé de Pryam sur Morghann lui signifièrent qu'il avait bien perçu son hésitation, sa reformulation.
Ceci fait, il était temps d'apaiser leur ouïe malmenée. "Il ne t'a pas entendu." Signala le Lord. L'ordre fusa, à nouveau, et Pryam prit grand soin d'y mettre la force d'une bonne gifle, celle que méritaient les enfants qui ainsi se permettaient de se donner en spectacle. L'ordre était un "tais-toi" clair et direct. "Je suis ravi de voir qu'il apprend vite. Cela lui permettra d'apprendre ses premières consignes. Ecoute-moi." ordonna-t-il à la créature, sans y mettre de magie tant qu'elle se montrait coopérative. "La première de tes consignes, la voici: tu ne porteras point la main sur mes fils. Tu les protégeras, tu les respecteras, mais la mort te semblera une douce libération en comparaison à la punition que je t'infligerais si tu touches à un seul de leur cheveu. Deuxième consigne: tu es sous mes ordres. Obéis-moi par toi-même, et tu seras remercié. Montre-toi réticent, et je devrai à nouveau user de magie, comme je viens de le faire. As-tu compris ?" Ses yeux de nécromant avaient capturé ceux de la créature. Il relâcha l'ordre de se taire, le remplaça par un ordre pour l'instant sans magie, désignant les habits qu'Isha avait délaissé. "Habille-toi donc. Tu es ici parce que l'âme qui habitait ton corps a demandé à ce qu'il devienne celui d'une créature. Ton nom est Isha Carter, et tu dirigeais le marché des âmes." Il laissa à la créature le temps de montrer si elle préférait subir l'humiliation des ordres magiques, ou si elle  était assez raisonnable pour servir convenablement celui qui lui avait donné naissance. Il la débarrassa de l'obligation de rester couchée.

Lun 5 Sep - 13:51
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Son corps tremblait, mais pas de peur. C'était de la violence qui courait sous la peau, tendait les muscles comme les cordes d'un arc. Une violence entièrement dirigée contre celui qui le maintenait au sol, qui osait lui imposer des ordres. Un humain ! Un simple humain, un moins que rien, un petit morceau de chair friable et une âme à peine attirante ! Et c'était cette chose, cette chose minuscule, qui croyait pouvoir se dresser devant lui et forcer son être ? Il la tuerait. Il ouvrirait ce corps faible en deux de ses griffes pour en extraire toute la matière molle et puante et détruirait son âme, l'écraserait comme de la pierre pour la répandre aux vents. Serait-elle encore aussi orgueilleuse quand il la noierait dans son propre sang ? Il en doutait. Elle supplierait et couinerait, elle se tordrait avant de mourir et appellerait une pitié qu'il ne possédait pas. Cette chose ne pourrait maintenir éternellement le sort placé sur lui, c'était impossible… Sifflante, grondante, il ignora totalement le plus jeune des deux humains, trop concentré sur l'autre et ce qu'il comptait lui faire subir. Cependant, la subite sensation étrange sur son corps présent le fit se tendre, boule de muscles puissants  prête à bondir pour s'en prendre à ce qui le touchait. Courbé sur lui-même, il émit un grondement bas qui vibrait dans la gorge, menaçant, avant qu'il ne tombe dans le silence, rendu muet par l'ordre mental qu'on venait de lui donner. L'outrage flambait dans son esprit autant que dans ses pupilles devenues noires, devant cette insulte répétée. Il parlait, parlait, mais les mots n'avaient pas de sens, tout ce qui avait de sens était le défi qu'on lui soumettait.

L'ordre honni soudain levé, puis sa prostration à son tour, il se redressa lentement sans le quitter des yeux. L'autre humain était insignifiant à ses yeux, il aurait tout simplement pu continuer de l'ignorer mais il semblait dans cette situation lui être un allié ou un serviteur, alors pourquoi se priver de cela ? La chose, le.. tissu, qu'il avait posé sur ses épaules, glissa légèrement dans le mouvement mais il n'y fit pas attention. Quelque chose, un appendice invisible, vint presser contre le ventre du plus jeune des deux humains avec fermeté, l'écartant juste assez de lui pour qu'il cesse de l'enserrer et surtout pour qu'il ne souffre pas de la détente de son corps. Un instant plus tard, il plaquait le plus vieux au sol avec un feulement sauvage, sans prendre la peine de contenir sa force. L'autre avait de toute façon un bouclier honorable, dans le pire des cas le choc initial ne ferait que lui broyer les côtes. Mais il n'avait de toute façon pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin. Aucun lien ne l'empêchait de le tuer, alors pourquoi s'en priver ? Sans violence mais avec une précision chirurgicale et une fermeté dépourvue d'hésitation, il plongea son esprit dans celui de l'humain…. Assit sur lui, mains sur ses épaules, forçant lentement son bouclier, corps arqué comme celui d'un prédateur, et pourtant bien plus que ne devrait le pouvoir un corps humain, sa colonne vertébrale proéminente sous la peau fine, les omoplates distendus par le bourgeon des ailes… L'humain le répugnait, son odeur le répugnait, le toucher de son corps le répugnait, et la servilité imposée lui répugnait plus que tout le reste.

« M'ellmnomnothnath... » feula-t-il en dévoilant des crocs en aiguilles…  

Jeu 8 Sep - 16:41
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Pryam Earl
L'étrange sous la normalité : Je suis Sécrétaire Général du Cénacle, patriarche de la famille Earl.
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Ç'avait été violent, et rapide. Plus rapide que les réflexes de l'humain qu'il restait, malgré tout la magie qui pulsait en lui. Il perçut le bruit de son propre choc contre le sol, ce bruit mat et dur. Son instinct de survie devait rester bon car, dans sa chute, il avait veillé à baisser la tête, amortissant relativement le choc de cette dernière. Pryam fut néanmoins étourdi par l'aventure, lui qui, quelques instants plus tôt, s'épuisait dans le rituel qui donnait naissance à cette créature.
Une vive douleur s'emparait de son torse, comme un étau. Il mit sur l'instant cela sur le compte du poids qui s'écrasait sur lui. Une autre douleur pinçait ses épaules. La créature... Le Lord émit un grognement fort mécontent, qui devait être une insulte retenue. Ce n'était pas parce qu'il était dans une posture compromettante qu'il fallait en perdre ses bonnes manières. L'aiguille qu'était l'esprit de sa création s'infiltra dans le sien. C'était plus que suffisant pour faire bondir la conscience du patriarche.

Ce dernier eut pour premier réflexe de repousser l'esprit de l'ex-Isha, sans douceur. Croyait-il vraiment mériter sa douceur ? Il avait désobéi. Il avait osé s'en prendre à son créateur. Pryam n'avait désormais plus aucune raison d'être tendre avec lui. Un nouvel élan de douleur au niveau des côtes lui rappela que ce n'était pas ainsi qu'il se libérerait. Une autre sensation l'alerta: son bouclier commençait à être rongé. Plus de temps à perdre. Le Lord projeta un ordre magique furieux vers Isha:

"- Recule !"

Il s'était même donné la peine de le prononcer à voix haute. Le spectateur de la scène devait avoir pu deviner à la rage de ce mot que la créature allait passer un sale quart d'heure. Un très mauvais moment. Pryam avait l'intention de la marquer à vie. S'il n'avait pas hurlé, sa voix avait néanmoins été forte, et le ton ferme.
Lorsque la créature eut obéi, il changea l'ordre:

"- Ne bouge plus."

Bien. Difficilement, il se redressa, appuyé sur ses bras. Il ignorait si ses côtes étaient brisées ou non. Elles étaient douloureuses, c'était la seule information qu'il avait pour le moment. Elle lui suffisait. Elle suffisait à alimenter sa colère. Encore sans souffle, il se remit debout sans plus de facilité. Son regard se tourna vers Morghann.

"- Vois où me mènent la miséricorde et la mansuétude."

Ils étaient tous les mêmes. Tous. Offrez-leur une opportunité de vous blessez, et ils vous blessent. Prétendus alliés ou ennemis. Même la famille. Mais la famille, mais ces fils... Pryam se refusait encore à les écarter. Il avait trop à gagner à les laisser le blesser. À nouveau il observa Isha. Sa voix devint rauque, ses ordres étaient presque feulés, crachés, tant en émanait le mépris.

"- Souffre."

L'ordre magique prononcé, Pryam attendit un moment. Un long moment. Aussi longtemps qu'il le fallait. Il voulait sentir la souffrance de la créature. Il voulait que la souffrance s'enfonce en elle, qu'elle le brise, qu'elle aille la briser sans abîmer son corps tout neuf. Il voulait qu'elle souffre, puisque lui souffrait. Il voulait que l'espoir l'abandonne, qu'il ne reste que des suppliques. Il attendit, avide de douleur, affamé de la douleur de la créature, comme si elle était l'eau de sa rage assoiffée. Lorsqu'il en fut repu, il relacha cet ordre-là, et prononça les autres, y mêlant la magie, d'une voix qui suait de violence retenue:

"- Tu ne porteras la main sur aucun membre de ma famille, moi compris. Tu nous respecteras, nous protègeras. Tu es sous mes ordres. Tu m'obéis prestement, et ma satisfaction est ton souci premier. Tu es heureux de m'obéir, tu souffres de me désobéir." Il cessa enfin d'user de magie. Il avait tant besoin de repos... Se tournant à nouveau vers son fils, il conclua: "C'est une arme puissante que nous avons créée. " Devinait-il combien leur alliance pouvait être profitable, après avoir vu la force d'Isha à l'oeuvre ?

Jeu 8 Sep - 17:59
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Les feulements cessèrent, le grondement sourd également affichant clairement le doigté de son père sur son nouveau jouet. Pas étonnant que la bête ne le prenne pas de façon cordiale. Et pourtant, cela aurait pu être pire à bien y songer. Il fallait croire que son père avait écouté sa demande et offrait à l’entité l’opportunité de le servir de bon gré. Étrange espoir, mais il y avait des êtres de l’Envers sur lesquels une menace telle suffisait à acquérir leur loyauté ou au moins l’acceptation contrainte d’une servilité. Mais la bête ne semblait approuver. Il sentit quelque chose d’invisible le repousser, l’éloigner, comme le présage d’une violence à venir. Un instant, il regarda son père, puis l’autre qui se tendait comme un corde d’un arc pincée à outrance avant qu’on ne la relâche, chargée de frénésie. C’est en cet instant, cette fraction de seconde avant la véhémence, qu’un « NON ! » s’échappa de ses lèvres, le cri d’un fils pour un père, un cri qu’il aurait préféré retenir et taire s’il avait écouté son orgueil. Un cri qui n’empêcha pas la créature de s’enfoncer avec brutalité dans le bouclier de son père et Morghann put très distinctement entendre les côtés se briser dans un craquement peu agréable. Il n’eut le temps d’intervenir que l’ordre de reculer fut donné, suivi d’effet, stoppant le cadet dans l’ébauche de son avancée. Qu’avait-il cru pu faire ? Attraper ce qu’était devenu Isha et l’écarter de son père ? Il n’en aurait jamais eu la force. Il aurait même eu l’air parfaitement stupide et inutile. Figé, ses prunelles noires alternaient son observation entre l’horreur chasseresse et le patriarche qui se relevait tant bien que mal. Il ne l’aida pas, ç’aurait été reconnaître que son père était faible et qu’il nécessitait un soutien. Une insulte qu’il ne comptait pas lui faire subir pour l’heure. Il n’aurait pas fait mieux si la créature ne l’avait pas… Épargné ? Pouvait-il considérer son geste comme tel ?

Son attention s’arrêta plus longuement sur Isha, scrutant ses traits d’enfant Earl qui avaient été adoptés. Il se voyait lui, plus jeune, son jumeau, ses cousines, dans son visage. Cela avait quelque chose de troublant, plus encore lorsqu’il songea à Andrew. Il déglutit puis frémit à l’ordre de souffrance que léguait son père à son assaillant. Une punition à la hauteur de l’affront. Il était persuadé que c’était ainsi que son père et bien de ses sbires le percevraient. Morghann ne pouvait qu’en sentir l’effroyable supplice et les cris et feulements d’Isha n’arrangeaient pas les choses. Il était gêné par le spectacle dont il ne détourna pourtant pas le regard. Il était gêné mais son éducation le poussait à ne pas intervenir, à ne pas contrevenir à la décision qu’avait prise Pryam quand bien même il n’appréciait nullement… Au contraire du Patriarche qui s’en abreuvait. Il déglutit, revint sur Isha. Lorsqu’enfin cela cessa, ses noires prunelles ne quittèrent pas l’enfant, troublées et pensives. « Oui, Père, sans aucun doute. » se contenta-t-il de répondre, voix lointaine, finalement, avant de diriger ses pupilles vers celui à qui il s’était adressé. Il fixa la main qui tenait les côtes, latéral droit. Un mouvement, une position instinctive face à la douleur : « Je vais vous chercher de la glace. » Pour calmer la douleur et éviter que ça n’enfle. Un médecin n’en ferait pas plus. Calmer la douleur et laisser au temps la soudure nature de ce qui avait été brisé. « Et un guérisseur. » Un Khan comblerait ce que le temps nécessitait. Leur magie remettrait son père d’aplomb. Eu égard de la bataille qui viendrait en fin de mois, il n’était pas opportun que Pryam soit dans un piètre état. Ou peut-être que si. Tout dépendait du camp dans lequel on se plaçait, mais pour l’heure il n’était pas question de camp. Il était question d’éducation et de ce qu’un fils devait à son père. Il quitta la salle un instant, ordonnant qu’on lui apporte de la glace tandis qu’il portait son téléphone à l’oreille.

Il revint rapidement toutefois, glace en main, s’approchant de Pryam : « Vous permettez ? » demanda-t-il avant de défaire le bouton qui retenait la veste de son père close. Il n’alla pas plus loin et appliqua le sachet de glace pilée contre la chemise. Le froid passerait au travers et cela suffirait jusqu’à l’arrivée du Khan. « Tenez. » fit-il pour être remplacé : il n’allait pas rester si proche de son père aussi longtemps. Qu’il s’occupe de lui était déjà bien assez contre son orgueil, il allait la tenir tout seul sa glace ! Comme un grand ! Il retira ses mains, s’éloigna autant que le respect l’imposait et posa son regard sur l’enfant : « Une arme capable de penser est une arme qui peut se retourner contre vous. Il sait pénétrer les esprits et vous l’avez contrarié. Il va frôler les limites de vos ordres jusqu’à trouver comment les contourner et s’en affranchir. » Il poussa un soupir. Il avait vécu dans un enclos, dans une tour d’ivoire : il savait parfaitement de quoi il parlait. Il haussa finalement les épaules. Pryam avait sûrement une solution de secours et s’il n’en avait, il trouverait. On ne se débarrassait pas si facilement de Lord Pryam Earl. Passée l’inquiétude, le poids de la situation présente lui revenait. Il laissait sa veste à la créature. Si elle était bien éduquée, elle viendrait la lui rapporter et ils auraient l’occasion d’échanger à nouveau. Il prit toutefois, en partant, le coffret qui contenait l’âme d’Isha Carter. Si Pryam y avait une objection, elle ne tarderait pas à tomber. Dans le cas contraire… Il lui trouverait une utilité.

Dim 11 Sep - 18:16
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Encore nouvelle-née, la créature fut incapable de conserver sa prise sur l'esprit qui le repoussait et siffla en appuyant davantage sur sa prise, décidé à l'écraser. Elle en fut pourtant incapable, repoussée par la magie qui la liait à ce sorcier. Furieuse, mais contrainte de s'exécuter elle recula en grondant, ne lâchant pas sa proie des yeux. Immédiatement, il tenta de revenir à l'assaut, car après tout, cet ordre ne le liait pas plus de quelques instants. Ce n'était pas ce qui sauverait le sorcier. Mais celui-ci n'en avait pas finit et elle se trouva bientôt incapable de bouger. Frémissant et les muscles tendus, l'enfant de l'Ailleurs observait l'humain avec un éclat de ce qui s'apparentait sans doute à de la morgue devant la faiblesse de ce corps aisément brisé. Si elle n'avait pas été à peine éveillée, et s'il n'y avait pas eut son bouclier, elle l'aurait cassé en deux sans plus d'efforts et sans scrupules. Elle ne savait pas ce qu'était un scrupule. Grondante, l'horreur se courba en serrant les yeux, attendant une occasion qu'elle n'eut pas. La sensation qui parcourait son enveloppe physique était inconfortable et déplaisante… C'était une sensation tout aussi étrangère que les autres, et si son corps réagissait en tremblant et en se tordant, son regard restait froid et posé, car il ne savait pas comment la gérer. C'était une sensation qui le perdait, et en appelait d'autres, transformant son ancrage terrestre en une cacophonie à laquelle il ne comprenait plus rien et qu'il n'arrivait pas à contrôler. Son corps lui échappait sans qu'elle ne sache pourquoi. Puis de nouveau plus rien. Rien si ce n'était son sombre regard posé sur l'humain, lui promettant le trépas dès que l'instant serait sien… Elle ne savait pas ce qu'il lui avait fait mais elle savait de pas l'apprécier, car dans sa voix se modulait sa soif de chaos et cela elle le comprenait fort bien. Il faudrait cependant bien plus pour la briser, que cette chose qu'il lui avait infligé sans qu'elle n'en comprenne le sens. Et pourtant l'autre ne semblait pas le voir… il voulait encore s'imposer, encore lui donner des ordres, encore la contrôler. Elle ne comprenait pas, tout ce qu'elle savait c'était qu'il voulait la contrôler et qu'elle s'y refusait. Qu'elle y était pourtant obligée, mais rien ou presque n'avait de sens. Satisfaction, heureux, souci, souffrir ? Ça lui était étranger, c'était terrestre, humain… Ce qu'il avait prit aux siens et dans l'esprit du jeune humain lui donnait la définition de ces mots, mais il ne parvenait pas à en avoir le sens, l'essence, tant son esprit était autre.

La chose resta là, cherchant, tâtant, se fichant éperdument de ce qu'elle avait causée. La laisse l'intéressait davantage, et il en prenait conscience, sens, tout en le rejetant. Par dépit peut-être, ou simplement par instinct, il ne s'attardait pas sur les concepts, ne semblait pas le pouvoir, et pourtant y revenait. Pour comprendre sa laisse, il fallait qu'il comprenne les idées de cet humain. Et quand elle aurait comprit, il ne serait plus jamais en sécurité…  

Jeu 15 Sep - 1:29
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Le Lord n'avait pas bronché en entendant son fils l'avertir des soins qu'il voulait lui prodiguer. L'idée d'en nécessiter ne lui plaisait pas, la perspective qu'un guérisseur le voie avouer que son corps puisse être abîmé encore moins. Il fit néanmoins confiance à ce fils qui avait offert son temps à la médecine. Après tout, ce dernier ne voyait sans doute que sa raison guider ses mots. Comme il semblait le souhaiter, l'affection et la crainte envers un être cher ne pouvaient avoir de place en ses choix. Le regard de Pryam suivit son fils, ce grand enfant, tandis qu'il sortait. Un faible sourire se dessina en son coeur. Il avait du travail, avec celui-là. Mais tout n'était pas perdu.

Resté seul avec la Chose, leur création, il l'observa, en silence. Aussi au retour de Morghann, il ne semblait pas avoir bougé d'un poil, si ce n'était pour respirer. Et encore, il essayait de son mieux de réfréner les mouvements de ses côtes, ces derniers ne lui étant pas spécialement agréables. Un hochement de tête, il laissa son fils l'approcher. Là. Cet enfant constatait-il que son père ne le mangerait pas ? Qu'avec lui, il pouvait être docile ? Le Lord n'alla pas beaucoup plus loin, laissa la poche de glace l'apaiser à travers sa chemise, détrempant celle-ci.

"- Crois-tu que je ne dispose pas d'ores et déjà d'armes qui peuvent me tuer, pour une erreur de ma part ?" Le Lord avait depuis trop longtemps abandonné l'histoire de pouvoir lâcher même brièvement la bride, avec ces armes-là. Isha ne ferait pas exception. Il savait comment faire. Il espérait en désespérant qu'un jour ses fils sauraient faire de même, qu'ils auraient la même poigne. Qu'Howard, au moins, it le perfectionnisme suffisant, pour les protéger. "Si tu estimes vraiment qu'il est trop dangereux, je peux nous en soulager. Il n'aurait été qu'une expérience." Le ton s'était fait plus distant, comme s'il parlait d'un fait de moindre importance. C'était le cas. La vie de cette créature ne valait rien. Celle d'un Earl était précieuse. Les conséquences de ces morts différaient.

D'un regard appuyé, le Lord fit comprendre à Morghann qu'il le voyait très bien se saisir de l'âme d'Isha, et qu'il y consentait. Une sorte d'accord tacite. Il laissa son fils sortir. Il offrit à la Créature quelques ordres pour sa nouvelle vie. Seul, à nouveau, il prit le chemin qui lui permettrait de recevoir les Khans, tenant sa poche de glace comme un Napoléon moderne.

Mer 28 Sep - 22:14
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De sang, de corps et d'âme
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