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 Not even death can make us part | Howard

Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
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Morghann Earl

4 mars 2016

La porte de la chambre d’hôpital s'ouvrait avec un calme mesuré, un calme que Morghann retenait, par dignité, pour les apparences. Qu'aurait-on dit si un Lord de la famille Earl avait traversé le lieu en courant à toute hâte pour retrouver un frère qu'on lui annonçait s'être réveillé ? Ses visites avaient été fréquentes : il ne s'était pas passé une journée sans qu'il ne passe un peu de temps à son chevet. Bien souvent, il se murait dans un impaccable silence, sa main serrant le sienne dans l'espoir désespéré de lui transmettre de sa force. Mais de la force, lui-même, en manquait. L'état de son jumeau le détruisait à petit feu, l'enfonçait. S'il n'y avait pas eu Johan pour veiller à son alimentation et à ses carences, Morghann serait probablement lui-même étendu dans un lit d’hôpital et la mort d'Howard aurait assurément entrainé la sienne. Il n'en demeurait pas moins vrai que le cadet était affaibli physiquement et dévasté psychologiquement. Le pacte scellé avec Mortimer avait terminé de l'achever.

Le corps de son jumeau était encore étendu sur le lit, mais déjà bien moindrement relié à ces machines palliatives destinées à lui laisser un semblant de vie au cours de son coma. Sa perfusion était moindrement chargée et bientôt son aîné pourrait retrouver sa mobilité. Nul doute qu'un kinésithérapeute serait à ses côtés pour la rééducation de ses muscles. Il inspira, le cœur comme libéré, un instant, lorsqu'il vit ses noires prunelles ouvertes. Un sourire fit lentement son chemin sur ses traits fatigués, il se sentit déchargé du pénible poids reposant sur ses épaules depuis un mois. Un poids qui n'avait jamais cessé de s’alourdir à mesure que la prise de décision approchait. En son for intérieur, il ne pouvait que se sentir remué par l'accord qu'il avait scellé mais pour l'heure.... Il voulait profiter de ces retrouvailles avec celui qu'il aimait tant et le reste s'évaporait. Il aurait le temps de lui expliquer ce qu'il avait du faire pour le sauver... Et ce que cela impliquait. Il ne serait même pas étonnant d'entendre Howard le lui demander.

Morghann ferma la porte derrière lui, approchant du lit où son maître éveillé reposait. Il s'assit sur le rebord, sans prononcer le moindre mot, craignant de détruire cet instant pur de soulagement. Il vivait. Il ne voulait rien entendre d'autre que cela. Il vivait, il se relèverait et bientôt ils marcheraient de nouveau ensemble. Il vivait : c'était tout ce qui comptait à ses yeux et à aucun moment, il n'aurait envisager de le perdre ou le laisser mourir. Peut-être aurait-il du, peut-être aurait-ce était ce qu'Howard désirait, mais il n'avait pu se résoudre à le regarder périr sans rien faire. Il l'aimait plus que tout autre au monde et restait persuadé que son jumeau aurait remué ciel et terre pour le ramener si l'inverse c'était produit. Le cadet tendit une main vers son frère, effleurant à peine quelques mèches de cheveux, craignant de perturber l'aîné à son contact. Le geste n'en demeurait pas moins tendre et la tension palpable de son corps épuisé ne pouvait ternir le bonheur qu'il avait de le retrouver.

Il ne parvenait à ouvrir ses lèvres sèches pour formuler les doléances et remerciements qui pesaient sur son cœur. Il savait ce qu'Howard avait traversé, son déchirement, sa douleur. Il l'avait sentie, ressentie comme un écho dont son frère le protégeait... Un peu comme si Morghann avait été derrière une forte tenue fermée et que de l'autre côté Howard était torturé. Désespéré, il avait cherché la clé, le moyen d'entrer, de le défaire de son bourreau. Sa souffrance l'avait tourmenté. Et si sauver Howard aurait pu être un geste égoïste pour assurer sa propre survie, la vérité était plus sinistre. Il n'avait pas supporté entendre son agonie à travers cette porte close. Il n'avait pas supporté de l'entendre hurler, pas supporté ces cris qui l'avait fait frémir à chaque heure du jour ou de la nuit. Morghann chassait cette pensée et enfin ses lèvres laissaient passer un murmure : « C'est fini... » Des mots tant pour apaiser son frère que lui-même. La torture avait pris fin. Il faudrait à présent se relever et faire face.

Dim 26 Juin - 13:22
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié

Son corps était lourd, douloureux. Il avait l'impression d'avoir été piétiné par des trolls. Chaque mouvement était difficile, presque une torture tant il avait l'impression que son corps avait été simplement broyé… Pendant des heures, il avait subit des auscultations, des tests, ses médecins se questionnaient, et voulaient s'assurer de sa santé, de son réel rétablissement. Ils auraient fait de même avec n'importe qui mais qui pouvait douter qu'ils y mettaient plus de zèle encore sachant qui il était ? Qui aurait été assez fou pour ne pas porter le plus grand soin à l'héritier de la lignée Earl ? Pourtant l'inique de la chose lui passait très loin au dessus de la tête. Il ne l'observait que d'une passagère pensée. Ces premières heures, il les avait passé dans le brouillard, engourdit et oscillant entre conscience et inconscience, se contentant d'une faible grimace lorsque les manipulations lui causait une douleur trop prononcée. Il savait qu'il se trouvait à l'hôpital, mais en même temps, tout paraissait tellement lointain, tellement irréel, comme s'il voyait le monde au travers d'un voile blanc qui ternissait tout. Marionnette silencieuse, il se laissait faire, en somnolant, sans réussir pourtant à s'endormir totalement. Lorsque ses yeux noirs et cernés s'ouvraient, il regardait simplement devant lui sans manifester de réaction particulière. On ne lui avait pas encore permit de manger quoi que ce soit, l’intraveineuse gouttait lentement à son côté gauche mais il n'y avait guère à craindre qu'il bouge au point de risquer la déplacer et se blesser. Les rares mouvements qu'il parvenait à faire n'étaient que vagues, un frémissement des bras, une légère courbe des doigts. Bientôt, il fut laissé seul, le remarquant à peine. Son esprit voguait loin, comateux, où les pensées n'étaient que des nuages cotonneux sans profondeur et consistance. Il existait. Il était là. Mais l'attache qui le reliait au monde physique était encore ténue. Un simple souffle, une brise discrète. La sensation d'épuisement était presque aussi impériale que la douleur qui pulsait lentement en lui comme un second cœur. Ça l'envoyait par le fond, l'enfonçait en lui-même. L'idée même de bouger était fatigante.

Le bruit de la porte qui s'ouvrait, le léger cliquetis du loquet, furent des sons d'arrière plan, la présence de son jumeau, une ombre vague qui obscurcit davantage sa vision. Le frôlement sur ses cheveux le fit cligner des yeux, mais il continua de regarder fixement devant lui. Sa peau avait pâlit, et ses traits tirés présentaient une légère maigreur dont il n'était pas coutumier. Les orbes noires de ses yeux étaient ternes, vides ; et ses cheveux encadraient son visage sans leur coiffure si maniaquement composée. Il le sentait pourtant. Il le savait présent, là à côté de lui… mais réagir était au-delà de ses forces. Cela lui coûtait trop. Il n'y arrivait pas. Ni à réagir, ni à le regard, rien. C'était comme si son visiteur n'avait eut de substance que dans cette sordide obligation à laquelle il refusait de se plier, se laissant emplir par cette impression de n'avoir aucune force et aucune volonté, d'être simplement là, présent, à exister. S'il existait encore vraiment. Pourtant, lorsque sa voix résonna dans la pièce froide et aseptisée, quand elle rompit le silence, il trembla. Les sons, les deux petits mots, furent comme un coup de poing terrible qui fit vibrer son corps. Il se crispa, frémit, puis se mit, lentement, à trembler. Ce ne furent que de petites secousses, au début, à peine un tintement contre le métal de l'accoudoir, de la main… pourtant bien vite, ce fut comme s'il grelottait de froid. Ses lèvres s'entre-ouvrir en une exhalaison toute aussi éprouvée, douloureuse, comme s'il expirait. Ses yeux se firent vitreux, aqueux, et des larmes s'y formèrent comme l'affluent en cru d'une large rivière. Deux simples mots, mais qui défonçaient les fragiles barrières que sa conscience avait élevé autour de son esprit et de sa conscience. Il se mit à haleter, cherchant l'air alors que son corps se tendait davantage, et que des sillons humides peignaient ses joues creusées. Ses mains agrippèrent fermement le drap alors qu'il cherchait de l'air, et baissait la tête, le corps vibrant sourdement. La mer calme de son esprit se transformait en orage sous les souvenirs violent qui l'assaillait…

Son état placide n'avait pas seulement été dû à sa sortie de coma, mais bien à la tentative instinctive de son corps pour bloquer ce qui s'était passé loin de sa conscience éveillée. Pour transformer l'horreur en un simple cauchemar passager. En un instant, en un souffle, l'effort s'était brisé, tombé en miette… C'était finit… l'était-ce vraiment ? Il avait l'impression d'être encore là-bas, il avait l'impression de ne pas avoir quitté la prison aveugle dans laquelle il s'était enfermé volontairement. Une peur ignoble monta en lui comme une bouffée fétide et avec un hoquet, il se plia en deux en pleurant, en un autre réflexe pour se préserver. Évacuer. Il n'avait plus ni fierté ni dignité, il n'y avait plus de nom de famille qui tenait, plus devoir, plus d'image à conserver. Il n'y avait plus qu'une bête blessée qui tressautait, tentant de s'accrocher à une réalité qui lui glissait entre les doigts, qui lui échappait. L'espace terrifiant, l'abysse en lui, là où il avait été submergé, sembla l'engloutir et s'il en avait été capable, il se serait roulé en boule pour se protéger pathétiquement. Par instant, sa respiration se bloquait et il étouffait, par instant, il avait l'impression de l'appeler puis de le repousser, le corps prit de spasmes. Ses yeux sombres étaient hantés, et appelaient à la libération, suppliants de faire s'achever cet horrible cauchemar… Il pleurait, pleurait encore, et quand il toussait, tout son corps se crispait, comme s'il ne parvenait pas à décoincer ce qui se trouvait dans sa gorge. Une chose dure qui raréfiait l'air et le percluait d'inconfort supplémentaire. Alors que les infirmières pénétraient dans la pièce, paniquées et inquiètes, et tentaient de demander à Morghann de quitter les lieux, quand il le sentit s'éloigner, même de quelques centimètres, la violence de ses tremblements ne faisait que s'accentuer, et il cessa tout simplement de respirer, les yeux grands ouverts sur une horreur que lui seul discernait mais qui faisait hurler son être et son âme et le noyait sous des années et des années de larmes retenues…

Dim 26 Juin - 17:55
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Cela lui faisait du mal de voir son frère ainsi étendu et vide. Une coquille délaissée là, sur ce lit, en vie, tandis qu'il tentait d'accrocher son esprit, en douceur, pour le ramener à la réalité. Il ne s'était pas attendu à une telle violence quand bien même elle était prévisible. Il avait espéré pouvoir le tirer des abîmes avec la tendresse d'un frère éperdu. Il prit sa main aux premiers tremblements, pour le rassurer et l'assurer de sa présence réelle. Il avait pris sa main avec l’expectance de ralentir la propagation de la peur, mais il avait appuyé sur un frein qui ne fonctionnait pas et les spasmes se firent de plus en plus poignants. Le corps se crispait. « Howard. » fit-il de façon douce pour désamorcer la situation délicate qui approchait à grand pas, mais les chevrotements inquiets de sa voix avaient tari la fermeté qu'il aurait voulu y placer. « Howard. » recommença-t-il dans un murmure pour que les oscillations anxieuses ne puissent percer, un appel plus fort qu'il avait été chercher plus loin dans son cœur. Les larmes qui inondaient les yeux de son jumeau s’insupportaient, et lorsqu'elles dévorèrent ses joues, il sentit monter en lui la fulgurante et sanguinaire envie de les lui arracher, de les effacer d'un visage où elles n'avaient pas leur place. Il voulait qu'il soit heureux et sa souffrance lui était insupportable. Il la sentait, imbibée de démence. Il la sentait sa douleur, celle dont il avait été écartée. Il la sentait avec un tel bellicisme qu'il en resta coi quelques secondes sans pouvoir réagir. Ça étouffait, ça l'asphyxiait, ça résonnait dans toute sa tête comme un vacarme assourdissant. Ça brulait sa chair de l'intérieur, ses entrailles. Il lui fallu quelques temps pour se reprendre et réaliser que l'infirmière et les aides-soignantes étaient entrées dans la chambre et lui demandaient de se reculer. Il amorça un premier pas en arrière mais lorsque son frère cessa de respirer, il se figea dans sa démarche avant de se pencher vers lui. « Tenez-le. » fit-il alors au personnel médical et c'était la voix claire et ferme du médecin qui s'exprimait alors que son regard se détacha enfin du visage souffrant de son aîné pour observer ses constantes sur l'écran qui les mesurait. Il ne savait pas si ces femmes allaient pouvoir tenir son frère en place, mais dans la violence de ses spasmes, Howard risquait de se blesser.

Il vint poser une main sur le front de son aîné et la seconde sous son menton pour basculer et maintenir sa tête en arrière. Ainsi, il libérait ses voies respiratoires. Le personnel médical pourrait tenter de le mettre dehors, Morghann leur assena d'un regard que tenter quoique ce soit contre un Lord serait terriblement mal pris. « Respire, Howard. » souffla-t-il, avec une douceur que les Earls avaient appris à ne pas afficher en public et un sang-froid de médecin qui démontrait qu'il savait a minima ce qu'il faisait et qu'il ne représenterait pas une entrave aux bons soins du patient. Son regard vint se loger dans celui de son aîné, affairé au dessus de lui. Il y avait deux gros risques dans la situation actuelle. Le premier était purement physique : si l'arrêt respiratoire perdurait, un arrêt cardiaque suivrait et si Morghann appelait à ce qui restait encore de conscience de son frère pour qu'il relance, lui-même, le mécanisme, c'était pour éviter d'avoir à le faire médicalement. Le second était d'avantage lié à sa nature sorcière : il craignait que les pouvoirs de son jumeau lui échappent et cela ne serait ni bon pour le Secret... Ni bon pour l’hôpital lui-même en fait. « C'est fini, ça l'est vraiment. » *J'ai fait ce qu'il y avait à faire pour te sortir de là, je paierai pour cela et pour l'heure... Reste avec moi.* Son pouce caressait l'angle de sa joue avec douceur tout en le maintenant dans la même position, penché au dessus de lui. Son âme s'extirpa du doux cocon qui l'enfermait, en sûreté depuis un mois déjà. Il sentait la douleur de la plaie, de la déchirure que l'âme du marché de Carter lui avait infligé. Il s'extirpait pour s'étendre autour de celle de son aîné, l'envelopper dans la douceur et l'amour sincère qu'il lui portait. Il emmitouflait d'affection et d'adoration, gagnant du terrain pour l'enserrer et faire ce qu'Howard faisait chaque jour pour lui : l'isoler du reste du monde, l'isoler du mal et de la souffrance, le protéger et le garder sauf, hors de la portée du monde perfide dans lequel ils évoluaient. Il devenait son bouclier, pour l'heure, l'aile sous laquelle il pourrait s'abriter et se reposer, la cloche de verre où il pourrait reprendre des forces sans craindre les autres.

Son âme formait une coquille hermétique, il le recouvrait et lorsque l'heure serait venue, lorsqu'Howard aurait combattu ses propres démons, il lui ouvrirait la porte avec le reste du monde, petit à petit et pas à pas. C'était douloureux de le protéger, de porter ses fardeaux à sa place, de laisser son âme mutiler affronter Last End et ses déboires... Mais il n'avait pas fait tout ce chemin, n'avait pas conclu ses pactes, pour voir Howard lui filer entre les doigts dans une terrible agonie. Il ne voulait pas qu'il souffre, il ne le supportait plus. Il l'avait tant entendu hurler que d'y penser seulement le mettait en horreur. Il lui dressait une tour d'ivoire, en rôle inversés. Il érigeait un refuge et un havre de paix, pour lui et lui seul. *Je sais ce que tu as traversé, je t'entendais... Je te sentais... Et je ne te laisserai jamais y retourner. Tu m'entends ? Jamais. Aies confiance en moi et reste à mes côtés. Je te garderai en sûreté tout le temps dont tu auras besoin.* « Respire, Howard, s'il te plait. Tu n'as rien dans la gorge, tu le peux. » Ses voies respiratoires étaient dégagées. Ce qui l'empêchait de respirer était purement psychologique et il espérait que sa protection puisse le libérer de cette angoisse. *Ne m'abandonne pas.* Angoisse terrible et son âme resserrait son étreinte sur la sienne. Il avait mal, il avait si mal, mais l'urgence de la situation lui permettait, pour l'heure, de nonobster la souffrance que la mise à l'air libre que sa blessure lui infligeait.

Sam 2 Juil - 22:31
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Howard Earl
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Howard Earl
Le Sacrifié

Il le sentait, il sentait sa présence dans le chaos embourbé de son esprit, mais il n'arrivait pas à s'y accrocher, il n'arrivait pas à se focaliser dessus pour cesser de se noyer. En réalité, il était une part de son tourment, comme une lumière trop vive après le noir absolut, qui l'attirait impérialement tout en le torturant de sa clarté, l'aveuglant et le perdant. Il voulait l'approcher tout en voulant l'éloigner, une part de lui, encore prit dans la tourmente, ne cherchait qu'à le protéger en le repoussant, tandis que tout le reste de son être fragilisé voulait simplement le sentir et se laisser, à son contact bercé. Envolée sa dureté, sa dignité et ses manières, sa distance composée et nécessaire, il était un enfant perdu et souffrant qui avait besoin d'aide, besoin qu'on vienne chasser l'horreur qu'il ressentait, car il était incapable de le faire lui-même. Il ne restait de lui qu'un animal blessé. Perdu. Pourtant soudainement, l’asphyxie blanchissait son esprit, aveuglant une partie du calvaire et c'était si doux, si bon… Une moitié de lui hurlait de terreur, l'autre pleurait de bonheur à n'avoir plus autant de ces atroces pensées qui le submergeait. La sensation n'était pourtant pas plaisante en elle-même, et lorsqu'il sentit un corps contre le sien et une poigne chercher à le bloquer, il fut secoué plus encore, comme si un choc violent s'était propagé en lui. Comme si quelque chose l'avait heurté. Son coeur battait à tout rompre, et le bruit se répercutait dans son crâne de façon assourdissante, le perturbant encore davantage, comme si son corps était devenu une boîte de résonance. Brûlant d'une fièvre subite, il ouvrit grand les yeux, les orbes injectées de sang et vitreuses de larmes toujours plus abondantes… Ses spasmes se firent plus sourds, plus profonds. Il n'était plus ballotté mais, tout contre lui, Morghann pouvait sentir son corps être secoué avec la violence d'une attaque de troll. Son corps semblait se briser un peu plus à chaque secousse, et ses yeux s'agrandissaient, alors que son visage se peignait de panique et de frayeur. Les mots n'avaient aucun sens, et il ne cherchait pas à en trouver un. Il n'arrivait pas plus à parler lui-même, il émettait un hoquet poussif qui ne faisait qu'accentuer les tremblements de son corps et lui faisait terriblement mal. Et quand il sentit son âme lui échapper, il manqua devenir bleu. Une panique plus funeste encore l'étouffa et il chercha à se débattre, à se libérer tant mentalement que physiquement, voulant à tout prix le protéger lui, fixé sur la dernière pensée réellement cohérente qu'il avait eut. Il devait le protéger…

Et pourtant, l'énergie le quittait de nouveau, il s'affaiblissait, glissait jusqu'au bord du précipice, poupée dont on avait coupé les fils. Lentement, il s'affaissait, s'engourdissait, son teint se faisait cendreux… Même la lueur terrifiée de son regard s'éteignait pour ne laisser que le vide. Lui qui, pourtant, affrontait l'univers la tête haute se laissa lentement aller, niché dans cette tour qui du monde l'isolait. Mis à nu, totalement, intimement, il n'avait plus de raisons, ni les moyens, de dissimuler son immense fatigue, la déprime constante, la désillusion triste, terriblement tristes, qui avaient autant été le terreau de son agonie que la folie des grandeurs qui l'avait fait manipulé l'énergie du nexus même. Il était moralement, psychiquement et physiquement effondré, et n'aspirait qu'à une chose, instinctivement, un havre qui l'isolerait, le consolerait et le soignerait. Le temps s'étirait et s'étiolait toujours, mais il n'en avait pas conscience. Ce furent des minutes, puis des heures, alors que sa respiration libérée n'était qu'un filet à peine perceptible, son torse se soulevant à peine. Le passage de l'air, le mouvement des muscles lui faisaient terriblement mal. Mais ce qui était le plus douloureux restait l'idée même de respirer, la force instinctive qui le faisait inspirer et expirer ressemblait à une blessure dont le sang s'échappait lentement, goutte après goutte… Puis subitement, il se remit à pleurer, se contractant de nouveau, sa gorge émettant des sons rauques et bas, presque fricatifs. Ses yeux s'étaient refermés, comme si voir l'insupportait, et à l'intérieur, dans l'espace énergétique, métaphorique, psychique de leur lien spirituel, Morghann pu sentir la force qui émanait de l'âme de son frère s’effranger lentement, comme un tissu mité. Elle semblait rapetisser, lentement, oh si lentement, jusqu'à n'avoir plus que la taille d'une graine de coriandre. Le froid vint de l'intérieur, mais son corps ne bougeait plus, lové contre celui de son frère. Le temps s'écoula encore. Le soleil se couchait quand il semblait à nouveau s'éveiller de la transe hiératique dans laquelle il semblait s'être plongé, parcourue d'intenses moments de fièvre douloureuse et paniquée, issues d'une peur monstrueuse qui pulsait, loin en lui, comme une tumeur cancéreuse.

Le mouvement était infime, discret et précautionneux, la main glissant lentement, les doigts tremblant, pour se glisser contre la sienne. Lui prendre la main. Simplement. Ses yeux s'étaient ouverts, à demi, observant le vide et les draps sans rien y voir. Puis ce fut un contact léger, un effleurement si fragile qu'il semblait prêt à se briser, contre son âme avant qu'il ne se retire, comme si le simple geste l'avait épuisé. Les allées et venues autours de lui ne furent qu'un lointain murmure, auquel il n'accorda strictement aucune importance. Un bref instant, son corps se crispa, puis, il essaya vaguement de se relever, les gestes et l'expression vagues et engourdies, épuisés. Tout lui coûtait, et il semblait dépourvu d'équilibre et de sens de la distance, mais il parvint finalement à se redresser et observa son frère de ses yeux morts, les cernes si sombres qu'elles en étaient violacées. Pendant de longs instants, il l'observa simplement, avant d'abaisser sa tête, défait, soupirant. Sa main n'avait pas quitté la sienne, comme une ancre… mais ses yeux, même baissés, se firent plus ternes encore. « Morghann... » Le son de sa voix, quand il résonna finalement, était un simple souffle, si léger qu'on eut pu l'imaginer. Sa main libre se porta lentement à sa gorge, comme si quelqu'un l'étranglait et il se plia légèrement à nouveau, et inspira brusquement. Il essayait de parler, une urgence subite l'y poussait mais il n'y arrivait mais, il n'y arrivait pas du tout… Une supplique angoissée vint poindre dans ses prunelles, qui mourut aussitôt alors qu'il inspirait de nouveau… « Porte... » fut tout ce qu'il parvint à dire, alors il se rejetait de côté, par dessus le bord du lit d’hôpital, pour vomir une substance noire et huileuse…  

Mar 5 Juil - 16:53
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Morghann Earl
Son frère lui échappait, il le sentait. Morghann avait beau appuyer sa présence, lui tendre la main de son âme pour qu’il s’y accroche fermement, il ne parvenait à l’agripper solidement et Howard trébuchait pas après pas. Il sentait son esprit s’évanouir par l’asphyxie à un point tel qu’il songea sérieusement à la réanimation médicale jusqu’à ce qu’il sente, son corps au contact du sien, le choc violent qu’il subissait, comme si, sous ça peau, cela se disloquait, se détachait. La terreur qu’il lisait dans les yeux exorbités de son aîné ne le rassurait pas le moins du monde sur la situation. Quand bien même il savait Howard fort peu objectif sur sa survie pour l’heure, le cadet n’en demeurait pas moins inquiet : ça n’était pas prévu cela ? Si ? N’était-on pas sensé sauver son frère ? Pas le réveiller pour lui faire vivre une agonie  destructrice. La mort était-elle seulement au terme ? Il ne le voulait et dans un même temps, s’inquiétait d’imaginer ce qu’il pouvait y avoir de pire que cela. Il rassembla ses esprits et s’extirpa de son appréhension instable. Il devait être un terreau solide pour son jumeau. Si lui-même s’écroulait, comme pouvait-il servir de repère et d’ancre pour cet homme qu’il aimait tant et qui s’égarait ? Une part de lui-même se solidifia d’assurance, rendant les murs de la tour d’ivoire impénétrables. Il saisit l’âme son jumeau, l’y porta et l’acte était d’autant plus aisé que le corps semblait prendre son repos après l’horrible tempête. L’infirmière avait fini par quitter la chambre mais Morghann demeurait à son chevet, garantissant leur intimité. Sur le lit, mi-allongé, mi-assis près de lui, il le préservait en son sein, comme le veilleur de ses rêves, comme s’il pouvait lui murmurer ces berceuses qui endormaient les enfants. Il logeait son nez dans les cheveux de son frère, quelque part près de son front et pâle, frêle, le son de sa respiration lui parvenait comme le rythme douloureux mais pourtant présent de sa vie.

Parfois, une infirmière passait pour examiner l’état du patient. Morghann se redressait, silencieusement, le temps de sa présence, et lorsqu’elle s’en allait, les laissant à eux-mêmes, le sorcier revenait se lover à ses côtés. Une heure, peut-être deux, il parvint même à dormir. Howard ne hurlait plus comme il l’avait fait continuellement au cours du dernier mois, le silence l’avait apaisé et il s’était laissé porter dans les limbes d’un sommeil réparateur. L’un comme l’autre se reconstruisaient, se reposant sur le bien-être de son lié gémellaire. Il s’éveilla au malaise, aux premiers souffles rauques de sa fragile respiration. Nouvel élan de terreur, il sentit entre ses doigts s’émiéter de larges pans de l’âme de son frère, qui lui échappaient, comme de l’eau insaisissable qu’il tentait de retenir en vain. Cela disparaissait et lorsqu’il vint recueillir ce qu’il en restait, il resserra son étreinte, les yeux si pleins de larmes. Nyarlathotep l’avait prévenu : ce qui était détruit l’était définitivement, et il n’y avait rien au monde qui pouvait remettre Howard en état. Les parties de lui avaient été corrompues, détruites et ce qui restait de son âme était affolant. Il saisit la petite graine entre ses mains avec douceur et tendresse, comme s’il s’agissait d’un joyau aussi précieux et fragile que le cristal. Il l’entourait d’un cocon de réconfort, lui promettait que tout cela allait s’arranger, il le consolait, le berçait, lui soufflait combien il l’aimait, qu’ils se battraient tout les deux et ensemble quoiqu’il advienne. Il caressait ses contours et se faisait écrin de velours pour cette si petite chose. Il plantait la graine, dans le meilleur terreau qu’il soit, pour que l’arbre puisse pousser aux rayons du soleil. Il grandirait et  en ressortirait plus fort, tôt ou tard. Morghann s’en persuadait autant qu’il arguait en ce sens auprès du principal intéressé de ces espoirs.

Il s’allongea, cette fois, resserrant son étreinte tant physique que spirituel. Il aurait tout relâché à la moindre demande de son frère : il ne désirait pas l’emprisonner, uniquement le protéger du reste du monde, et s’il devait être son seul horizon pour qu’Howard reprenne, au calme, ses forces, alors il le serait. Il sentait l’animal blessé, en lui, faible. Il le savait en sûreté dans sa tour d’ivoire. Il avait encore des épreuves à traverser… Mais il le ferait en lieu infaillible et dévoué à son bonheur. Morghann dormit à nouveau, savourant le terme des cris de son aîné. Il appréciait cela, dans la tourmente de leur journée : c’était fini. C’était enfin fini. La main d’Howard était venu prendre la sienne et le cadet sentit les papillons dans son ventre s’extasier à son contact spontané. Les choses étaient pas toujours ainsi et il se satisfaisait de l’affection qu’on lui portait. Il serra un peu les doigts, pour retenir son étreinte, et son pouce naviguait en un geste lent sur sa peau. Le chaos ne s’achevait, tel un processus long la décontamination et reconstruction de son frère, prendrait des heures si ce n’était plus. L’entendre prononcer son nom… Cela faisait bien des semaines qui ne l’avait pas perçu autrement qu’en hurlement et c’est d’un dévoué « Howard ? » qu’il répondit à son appel, se redressant, assis, mais toujours à ses côtés, toujours la main dans la sienne et toujours la même attention, sur lui, portée. Son jumeau avait l’air d’un homme qui avait traversé le désert et quand il tenta de se redresser, Morghann l’y aida d’une main placée à son épaule. Et… Porte ? Fermer la ‘porte’ ? Ap’porte’r quelque chose ? Le cadet fronça sensiblement les sourcils mais ne resta pas dans l’expectative bien longtemps. Instinctivement, sa magie avait retenu le liquide noirâtre avant qu’il ne touche le sol et ne salisse la chambre. Ce ne fut que là qu’il comprit la raison pour laquelle son frère s’était agité. La porte était fermée, là était le respect que l’infirmière avait laissé à leur intimité, mais elle pouvait s’ouvrir à la volée si quelqu’un venait…. Il serait difficile d’expliquer ce qu’était concrètement ce liquide noir à un personnel borner scientifiquement. Un appel vers l’au-delà fut nécessaire pour canaliser la situation.

Ses fantômes tenaient la porte close, un autre avait été chercher un bassin dans la salle de bain privative pour recueillir le rejet malsain qu’Howard vomissait. Morghann se logea derrière lui et passa un bras sur le côté pour que d’une main ferme à plat sur le torse, il puisse le tenir et le maintenir contre lui sans que son frère ne s’épuise dans une position assise difficile à maintenir dans son état et ne s’écroule au sol. Par dessus l’épaule gémellaire, il ne pouvait que déplorer ce qui était en train de s’échapper de lui et Annabelle, apparue dans l’urgence de la situation, ne fit que lui confirmer ce qu’il craignait avoir compris : *C’est… Lui.* fit l’entité, cherchant de toutes évidences ses mots. C’était lui, son corps en lambeau, son âme, son esprit dans un amas noirâtre et putride. C’était lui, ce qui avait été endommagé, détruit, au cours de ce long mois. C’était le fruit de sa souffrance, la raison de ses cris et Morghann serra les dents, le front contre l’une de ses omoplates. Il le laissa se vider de tout son saoul, extraire de lui-même la maladie qui l’encombrait. C’était fétide et putride… Mais cela semblait être une étape obligatoire vers la guérison. Il murmurait des encouragement apaisant, cajolant son âme pour lui faire comprendre que ça n’était qu’un mauvais moment à passer. Lorsque les spasmes de haut-le-cœur trouvèrent un terme, il l’entraîna avec lui, allongé, sans le lâcher un seul instant. Ses sbires fantomatiques iraient jeter cela dans les toilettes pour que le personnel médical ne mette la main dessus, préservant un Secret qui volerait peut-être bientôt en éclat. Le message d’Anthony ne lui avait pas échappé. Le visage contre sa nuque, il soupirait, patientait sagement qu’Howard se remette de cette nouvelle salve douloureuse. Il n’y avait plus que la reconstruction. Défaits des morceaux irrécupérables et corrompus, la place était libre pour des membres sains. « Ça va se reconstruire… Rassure-toi… Laisse-toi le temps qu’il faut. » Il valait mieux que cela vienne par étape progressive, les convalescences ne se faisaient jamais en un claquement de doigts et celle d’Howard n’échapperait pas à la règle.

Dans l’obscurité relative de la nuit tombée à présent, Morghann le relâcha, laissant Howard quitter cette position latérale de sécurité pour une allonge sur le dos. La cadet s’assit à ses côtés, observant ses traits pour moitié effacés dans l’obscure clarté de la pénombre. Les lumières de la ville et de l’hôpital n’étaient pas propices aux ténèbres totales. Il vint déposer un baiser contre l’une de ses tempes, entrevoyant, enfin, une période de calme et de lente fortification, pour lui expliquer ce qui s’était passé. « Eurynome. Il était le seul qui puisse te guérir. T’ôter ce qui avait été rongé et détruit par la maladie… Par la magie. Pour t’offrir des membres sains. » Ça n’avait pas été gratuit. Rien ne l’était avec un démon, surtout celui-ci. Howard devrait se douter qu’il y avait quelque chose entre les lignes de ses aveux. Un prix qu’il avait doublement payé pour s’assurer de la parfaite réussite de cette action. Il n’avait pas eu le droit à l’échec. Il n’était pas plus certain qu’il aurait pu avoir une seconde chance face à Mortimer. Faiblement, il n’avait pu accepter l’idée d’un pari où la vie d’Howard était en jeu. Nyarlathotep avait fait des profits. Deux âmes marquées pour sauver l’existence d’une autre. « Tu vas aller mieux maintenant. » souffla-t-il, bas, un espoir et un objectif qu’il se fixait. Il tendit une main pour caresser quelques mèches de cheveux éparpillés autour de son visage. Il savait le prix qu’il lui restait encore à payer et celui qu’il avait consenti pour le Patriarche. Si Pryam voulait tant avoir ce statut de père, il comprendrait la décision que Morghann avait prise pour lui. Il saurait pour qui il l’avait fait et… Probablement trouverait-il le moyen de payer à la place du Lord. L’urgence dans laquelle se trouvait Howard ne lui avait pas permis d’attendre là où Pryam avait encore dix années de vie devant lui pour trouver une solution. Un compromis aussi affreux que judicieux.

Il secoua doucement la tête de gauche à droite, pour chasser ses pensées. Il s’était promis de tenir Howard éloigné de cela pour l’heure. Il ne lui avait dit que la vérité à demi-mots, uniquement celle qui devait le réconforter et l’assurer de la stabilité de la situation pour l’heure. « Est-ce que tu veux que je t’emmène prendre une douche ? » Son jumeau avait été lavé, par les aides-soignantes sans nul doute, mais on ne pouvait pas vraiment, pleinement nettoyer un poids mort allongé pendant un mois. S’il pouvait l’aider à se recomposer peu à peu, au moins physiquement, Morghann avait l’espoir que son frère se sente mieux. « Cela te fera du bien de te laver de tout cela… Cela te permettra de repartir sur des bases saines. » Il parlait de ce qu’il avait vomi et il s’attachait à l’idée qu’Howard devait se sentir bien poisseux et que sentir l’eau purificatrice sur la peau l’aiderait en ce sens.

Jeu 7 Juil - 20:27
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Howard Earl
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Howard Earl
Le Sacrifié

Vomir le soulageait progressivement d'un horrible poids et pourtant la sensation était viscéralement affreuse et inconfortable. Les renvois soulevaient son corps et emplissaient sa bouche d'un goût atroce, indescriptible, où la pourriture n'était sans doute que la note la plus familière et où le reste était aussi étranger et inquiétant que terrible. La matière noirâtre n'avait rien d'agréable et sa texture huileuse et pourtant semi-fongique le terrifiait. Comme si cela ne suffisait pas, l'infâme substance bougeait, à l'image d'un ferrofluide que l'on aurait magnétisé, il le voyait se hérisser et ondoyer par instant avant de s'assagir lorsqu'une nouvelle salve de haut-le-cœurs le saisissait, le faisant relâcher une nouvelle quantité de matière semi-ectoplasmique. Car c'était bien ce dont il s'agissait là, un mélange infernal constitué de son intégrité. De la chair, de l'esprit et de l'âme, le tout transformé en cette bouillie fétide par une force impossible à exprimer. Le douloureux processus dans lequel il était prisonnier, destiné à instinctivement vider son corps encore vivant de ce dépôt funèbre, lui coûtait le peu de forces qu'il avait encore, et le peu de conscience qu'il avait manifesté jusque-là. Le flot semblait ne vouloir jamais tarir mais sa panique était noyée lentement par la faiblesse, ne lui laissant bientôt qu'un esprit blanc et un corps soumis à son besoin primaire. Si la moindre pensée cohérente pouvait encore exister dans son mental ravagé, elle serait immanquablement tournée vers le haut-le-cœur suivant, l'espérant et le redoutant. Son corps tremblant se couvrait de la sueur de l'effort autant que de celle d'une légère fièvre. Aveugle à tout ce qui n'était pas son épreuve, il resta ainsi de très longues minutes tant le processus cherchait loin en lui. Son visage baigné de larmes restait figé, crispé sous l'effort fournis pour se vider entièrement du mucus de mort qu'il avait porté, qui s'était entassé en généreuses quantités dans son corps réceptacle. Par instant, il hoquetait ou râlait, sa gorge produisant un son rauque ressemblant vaguement à un croassement affligé. A d'autres instants, il suffoquait lorsque le liquide visqueux le quittait en trop grande quantité. Puis peu à peu, cela sembla se calmer, la source se tarissant lentement. Les derniers instants furent les pires, car le mécanisme naturel qui lui permettait de vomir l'horreur allait chercher très loin en lui, le faisant se tendre et raclant sa gorge comme s'il s'était agit d'un morceau de papier de verre. Du sang se mêlait à l'immonde mixture, rouge sur fond noir, choquant. Il se mit à chercher de l'air, à haleter, crachant ce qui restait encore dans sa bouche, et un fond de bile aigre.

Après la vision et le goût venait l'odeur, et il se borna à respirer par la bouche pour s'épargner le bouquet fétide qui s'échappait de l'amas informe. Prit par l'horreur, il essaya faiblement de s'écarter du corps de son frère qu'il sentait à présent contre le sien. Cesser de se vomir lui-même apportait un immense soulagement, mais il n'était pourtant que minoritaire face à l'ampleur de ce qu'il venait de subir. Il se laissa retomber sans cesser de trembler et de chercher de l'air, l'esprit ankylosé. Dormir lui semblait une panacée, et pourtant une partie de son être s'y refusait, prit de crainte révérencielle. Dormir signifiait céder à l'obscurité et il avait été enfermé en elle si longtemps… Pourtant son corps le réclamait à grand cri, la fatigue comme une cangue d'argent sur ses épaules affaiblies. Les paroles de son frère étaient des murmures flous et lointain et nul n'aurait su dire s'il avait réellement entendu et compris ce qu'on lui confiait. Ses yeux fermés ne pouvaient en témoigner. Pourtant, la mention d'une douche sembla passer le voile de son épuisement et il hocha la tête, brièvement. Il lui fallut de longues minutes pour parvenir à reprendre un semblant de conscience, et il effaça les larmes et la sueur de ses yeux d'un revers gauche de la main avant d'essayer de se soulever. La sueur le noyait complètement et il se sentait affreusement sale. Non, sale n'était pas même le mot. Souillé. Il était souillé. Incapable, cependant, de se déplacer seul, il fut contraint de laisser son frère le soutenir, presque le porter tant il manquait de force. Intérieurement, Morghann pouvait sans mal constater l'appréhension que son aîné avait à l'idée de puiser de nouveau dans le flot du Nexus pour suppléer à ses propres forces manquantes. A la place, il se laissait soutenir et transporter, sa jambe blessée presque inerte sous lui, l'élançant chaque fois qu'elle frôlait le sol. La pointe de souffrance l'envahissait, pénétrant en lui et se distillant jusqu'à ses orteils et sa nuque en de petites vagues acides avant de disparaître, laissant place à de légers picotements, puis à l'attente de l'inexorable prochaine pique. Le reste fut un ensemble flou de ces pointes de douleurs, de la fraîcheur de l'eau sur son corps outragé et qui, une fois dévêtu, s'avéra en partie collé par une substance visqueuse semblable à celle qu'il avait régurgité et que ses pores avaient, de toute évidence, exsudé dans le même instinct de nettoyage. La fatigue le rendait ivre pour moitié et sa compréhension de ce qui lui arrivait était trouble, il se laissait guider.

Revenu finalement à son lit, tombe hospitalière, il s'allongea et se laissa sombrer sans guère plus qu'une faible traction des doigts de son cadet. Un message en partie involontaire mais pas moins sincère. Reste s'il te plait. Qu'il ne le laisse pas, ne l'abandonne pas à l'obscurité. Sombrant profondément, il sembla jouir d'un sommeil semblable à la mort pendant de nombreuses heures. Son souffle léger soulevait à peine son torse, et sa pâleur trahissait la longue 'maladie' qui avait manqué le trépasser. Pourtant juste avant l'aube, son corps tout entier se crispa, prit d'un spasme qui contracta le moindre muscle de son corps avant qu'il n'ouvre les yeux… Pendant un bref instant, les orbes se tournèrent vers Morghann, sombres, profondes, leur intelligence exacerbée comme la souffrance d'une plaie à vif ou une couleur trop saturée… une intelligence immémoriale, ancienne, et dépourvue de bonté. Quelque chose l'observait, quelque chose de lointain et de proche tout à la fois, dont la perplexité se sentait comme une caresse fantomatique sur la peau. Comme une ombre froide et creuse au pied du chemin qu'était leur lien spirituel. Aucune expression sur le visage devenu lisse, aucun frémissement des yeux alors qu'il ne cillait pas. Aucun mot d'échangé. Il l'observa, puis sa tête se tourna de nouveau vers le haut et il ferma posément les yeux, replongeant dans le sommeil comme si de rien n'était. Les heures passèrent sans qu'il ne réagisse de nouveau, mais quand vint l'aube poudrée, il s'éveilla réellement, et vint lentement enserrer la main de son frère, les doigts mêlés aux siens. Il resta sans s'exprimer, laissant leurs dextres joints convoyer tout ce qui pouvait signifier le geste. La conscience lui revenait lentement, comme s'il émergeait progressivement des limbes de l'animalité. Les mots de la veille trouvaient enfin un sens dans son esprit et l'étreinte d'une légère angoisse l'habitait. Eurynome… Morghann avait fait appel à Eurynome, le prince démon de la mort, la créature qu'il jalousait. Pour lui. Mais que lui avait-il promis ? Après quelques instants à se le demander, il se rendait compte qu'il n'avait pas forcément envie de le savoir… ou peut-être n'avait-il pas la force de le savoir. Expirant lentement, il essaya de se rapprocher de lui en toussant un peu. « Morghann... » Sa propre voix lui semblait étrange, faible, lointaine et dépourvue de ce qui la caractérisait. « Morghann… tu es… sauf ? » Avait-il réussit à le protéger ? Avait-il réussit à le garder loin de cette âme meurtrière ? Il ne se souvenait plus… Il se souvenait l'avoir prit en lui puis… plus rien, si ce n'était la douleur…
 

Jeu 14 Juil - 21:28
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
A l’approbation, Morghann se redressa, entraînant avec une douceur maîtrisée, son frère trop affaibli pour opérer de lui-même. Il supportait son poids sans broncher, malgré son propre état d’amaigrissement. Le peu de sommeil semblait lui avoir donné des forces et de magie il s’entoura pour rendre l’action plus aisée. Cela prit quelques minutes, mais ils n’étaient pas pressés par le temps. Ici et maintenant, cette notion n’avait plus aucune importance. Le cadet s’effaçait du monde réel pour veiller sur la tour d’ivoire, en gardien fidèle. Il l’avait conduit dans la salle de bain privative, l’avait déshabillé et assis sur la chaise en plastique, blanche, comme de celles qu’on trouvait dans les salons de jardin. Le filet d’eau qui coulait de la douchette fut froid, mais lorsqu’il prit une température convenable, il le dirigea sur le corps sale de son aîné vaporeux. Petits cercles de sa main gantée pour ôter à force de mousse, de savon et de patience la matière visqueuse que ses pores avaient exsudée, autant que des reliquats du mois entier qu’il avait passé allongé, sans qu’il ne soit possible pour les aides-soignantes de pleinement le nettoyer. L’écume savonneuse balayait sa chair avec précaution. Il ne le touchait jamais pleinement de peau à peau, il y avait entre eux le respect et la barrière qu’il savait présente dans le cœur meurtri de son aîné. Ainsi fut-il aussi tendre que méticuleux, veillant à ne pas générer la moindre révulsion. Les nausées n’étaient pas si lointaines et il se refusait à être l’auteur d’un haut-le-cœur supplémentaire. L’exposition de sa nudité devait être une épreuve suffisante pour Howard sans que le cadet n’aille au-delà. Il le guidait, dans ses gestes, dans ses mouvements, il l’entraînait dans la danse pour que la pluie purificatrice ait raison de la souffrance de ces heures. Le seul moment où Morghann ôta le gant fut pour laver ses cheveux, massant son cuir chevelu pour en décoller la peine du mois et des dernières heures. Il les démêlait avant de les sécher par pression de serviette immaculée lorsqu’il avait laissé à son frère le soin de trouver la force pour se brosser les dents. Les vêtements étaient propres, bien qu’il ne s’agisse que d’une tenue de nuit, Howard se sentirait plus confortable qu’à baigner dans sa propre sueur. Devait-il partir pour le laisser se reposer ? Son cœur n’attendait qu’un signe contraire de lui, comme une excuse à sa faiblesse. Il s’allongea près de lui, dans le lit, après avoir ôté ses chausses. Il s’introduit dans ses draps, se moquant pleinement de la manière dont l’infirmière pourrait bien les retrouver au petit jour et ce qu’elle pourrait en penser. Il ne le colla pas, toutefois, veillant à laisser quelques centimètres entre son corps et le sien…

Ce qui lui donna quelques courbatures lorsqu’il s’éveilla peu avant l’aube, sentant la contraction des muscles de son frère comme s’il avait été placé en veilleuse des moindres signes de son être. Ses noires prunelles s’ouvrirent sur lui et il marqua un léger sursaut. Le genre de surprise à laquelle on ne s’attend pas et un instant, il fut terrorisé d’être ainsi regardé. Il n’osa parler ni bouger, comme un animal effarouché par un prédateur. C’était si… Froid. Quand Howard ferma à nouveau les yeux, Morghann resta quelques secondes hébété, tendu, perplexe, sans savoir ce qu’il devait penser de cela. Il n’avait nullement lâché sa main et il vint nicher son nez contre l’épaule de l’aîné. Son frère devait être perturbé, déboussolé. Voilà ce qui expliquait son regard… Rien que ça. Il tâchait presque vainement de s’en persuader. Nouveau sommeil, bien que tendu et à peine esquissé. Il sentit les doigts de son frère, sa proximité. Malgré lui et malgré le respect porté à l’intégrité de son jumeau, il ne put s’empêcher de venir faiblement se lover contre lui, jouissant de sa pâle chaleur pourtant si importante à ses yeux. Il leva ses prunelles pour rencontrer les siennes lorsque l’étreinte de sa main se fit sentir comme une vague de bonheur à l’état pur. Morghann n’avait bougé, si ce n’était pour répondre à la douceur de ses doigts, le rassurer, l’apaiser, à mesurer qu’il sentait son aîné cogiter sur ses propos de la veille. « Oui, je pense. » répondit-il dans un murmure, une confidence sur l’oreiller, tout bas, comme s’il craignait qu’on les entende. Les premiers rayons du soleil mettaient en évidence les traits tirés de son jumeau, la pâleur de sa peau. Mais c’était un visage qui bougeait, des lèvres qui formaient des mots même s’ils étaient difficiles. C’était  un homme qui vivait, le reste s’effacerait avec le temps, alors là était sa satisfaction. Il entreprit de répondre à ses questions informulées, lentement, sans dépasser le ton du simple murmure : « C’était douloureux… L’entaille. C’était différent de la première fois, je n’ai pas eu le temps de sentir le tourment, l’aliénation. J’étais en toi et je me sentais juste… Bien. Comme jamais de toute ma vie. » De toutes les extases, celle-ci avait été certainement la plus puissante… Et la plus brève de son existence.

« J’étais sauf. Je crois. Mais toi… Toi tu ne l’étais. » Ses prunelles avaient lâchées les siennes, dévorées par le trouble qui s’insinuait en lui. « Tu passes ton temps à pallier à mes faiblesses, à te perdre par pans entiers de ton existence pour… à cause de moi. Je t’ai demandé ce lien, je te l’ai réclamé, parce que j’étais trop faible pour affronter ce monde sans toi. » Il l’étais toujours, il n’y avait qu’à voir dans l’état dans lequel il se trouvait actuellement, amaigri et sans sommeil. Il n’y avait qu’à voir l’aide à laquelle il avait consenti, scellant avec Nyarlathotep ce pacte cruel mais nécessaire. « Tu l’as fait, t’endettant d’une maladie qui te détruirait progressivement, jour après jour, année après année. Ce que je t’avais réclamé t’avait condamné. » Les yeux baissés, son visage proche du sien, sans pour autant le toucher, il se sentait mal à l’aise et… Coupable. Il serra les mâchoires, durement, avant de pouvoir continuer : « Et sur la falaise, ma faiblesse… Mon incapacité à résister à l’intrusion de cette âme, a accéléré le processus d’une maladie que j’avais fait germer. Je t’ai brisé. » Il serra sa main sur la sienne, tendu : « Je t’ai tué. » Rien de ce que pourrait lui contrer Howard ne lui ôterait cette idée de la tête. Elle avait mis un mois entier à s’ancrer, à coup de hurlements de son aîné. On ne pourrait le détourner de cette culpabilité qui le rongeait. « Je sais que j’ignorais, par avance, ces conséquences. Je sais que je ne les désirais mais ça ne retire rien à la réalité. Je tue ceux que j’aime, ceux que j’essaie d’aider. Je les enferme dans la mort, peut-être est-ce là le prix à payer pour autant de magie noire. La nécromancie. » Il ne parlait pas que d’Howard, il y avait aussi Ayzebel dont il avait fini par apprendre la vérité, et Anthony qu’il corrompait dans ses projets à coup d’affection à son égard. La liste pouvait être longue ainsi : Kessy et Andrew, même si Morghann l’ignorait, n’étaient-ils pas morts pour l’avoir trop côtoyé ? N’étaient-ils pas morts parce que le Patriarche voulait le voir retourner à Last End ? En faire le décompte serait trop violent.

Il leva une main, celle qu’Howard ne tenait pour venir effleurer les contours de sa joue, sans trouver le courage d’une pleine caresse. « Tu étais dans cette pièce, cet endroit. Je ne sais pas ce que tu as exactement subi, la violence de... » Quoi ? Il n’en avait aucune idée. « J’étais en toi et pourtant tu m’isolais de ce que tu vivais. Tu continuais de me protéger et je voulais te dire, te supplier de m’abandonner. Je crois que tu ne m’entendais pas. Ou peut-être m’entendais-tu… Mais tu le refusais. En fait… Je préfère croire que tu ne m’entendais pas. » Il déglutit à l’idée contraire et lentement, ses doigts se posèrent sur sa joue après lui avoir laissé le temps d’appréhender le contact. « Il y avait cette porte. Toujours close. J’avais beau frapper, chercher la clé pour entrer, te sortir de là par je ne sais quel moyen. Je savais que tu étais derrière. Je t’entendais... » Il frissonna au souvenir qu’il souhaitait tant effacer de sa mémoire mais qui ne le quitterait plus jamais… Comme le risque latent de ce qui pouvait encore se produire par sa faute. « Je t’entendais hurler. Chaque heure du jour ou de la nuit, ça ne s’arrêtait jamais et je ne savais pas quoi faire pour toi. » Sa main, sur sa joue, tremblait sensiblement alors que son pouce parcourait sa peau d’un geste lent. « De toutes les morts que j’aurais pu t’offrir, il avait fallu que je te serve cette longue agonie. Chacun de tes cris me rappelait ma culpabilité et plus d’une fois, j’ai pensé venir ici… Et en finir. Te donner la mort que tu méritais, brève, propre, sans douleur, et te suivre. » Il stoppa son geste alors qu’il relevait son regard vers le sien, s’y accrochant avec un certain désespoir éperdu : « Mais je n’ai pas réussi. J’avais toujours, malgré tout ce que c’était passé, le désir de t’aider. De te sauver. Comme un poison en mes veines qui n’acceptait pas que tu puisses t’éteindre. » Sourire, amère et triste. « Et te voilà. En vie. Et j’ai peur, si peur, si tu savais… J’ignore vers quels pires horreurs je vais te conduire, dans quels tréfonds je vais te précipiter. »

C’était ce qui le terrorisait, plus que le prix qu’il lui restait à payer pour le présent sauvetage. « C’est pourquoi je vais partir. Quand tu te serras remis, lorsque tu n’auras plus besoin de la tour d’ivoire… Lorsque tu seras prêt. Je refuse que tu souffres encore par ma faute. » Ça pourrait prendre un mois, peut-être deux. Il resterait tant qu’Howard le nécessiterait et il quitterait Last End. « C’est ce que tu voulais en décembre. Maintenant, je crois comprendre pourquoi... Ça n’était que pour moi. » C’était pour se préserver de Morghann et probablement que le cadet n’était pas au bout de sa compréhension sur le sujet. Mais quoiqu’il en soit… Il semblait être temps.

Sam 16 Juil - 12:39
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Howard Earl
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Howard Earl
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Il écouta sans un mot, coi et discret, comme il en avait l'habitude, préférant toujours laisser les autres pleinement s'exprimer avant d'enchaîner. Pourtant, en cette circonstance, l'habitude prenait un autre aspect, presque étrange, et un peu ironique, tant sa présence était diminuée. Et alors que Morghann s'ouvrait à lui, succin et pourtant sincère au sujet de ce qu'il avait vécu, du déchirement de son âme par l'être désincarné, il eut un léger tic de la main, son étreinte se refermant sur son dextre avec un peu plus de fermeté, pendant l'espace d'un instant, avant qu'il ne relâche à demi pour retourner au repos qu'il nécessitait. Impossible cependant de s'empêcher de réagir, alors qu'un tremblement lui parcourait le corps et qu'une vague amère l'éclaboussait. Ainsi, il avait échoué ? Il n'avait pas réussit à le protéger comme il l'aurait voulu. Peu importe ce qu'il avait fait, son frère n'en était pas moins brisé et défait, l'âme marquée une nouvelle fois et par sa faute. Sa respiration frémit brièvement et il cilla, sans cesser d'écouter, mais pas moins éprouvé par ce qu'il entendait. Ses yeux sombres se troublèrent un bref moment, lorsqu'il évoqua le bouclier qu'il était devenu pour lui et ce dont il l'avait isolé. Toujours muré dans le silence, il n'en était pas moins désolé, car la vérité, Morghann la connaissait déjà sans vouloir l'admettre : il aurait refusé de le laisser sortir de l'étreinte de son âme dans tous les cas. Ça avait été son ultime volonté, sa dernière pensée consciente, que de protéger son frère, et il l'avait agrippé, s'entêtant malgré… il ne voulait pas y repenser, encore trop effrayé, perclus de l'idée qu'il subirait cela une nouvelle fois, l'attirerait, s'il y pensait pleinement. En vérité, il avait bien échoué. S'il l'avait put, jamais Morghann n'aurait su quoi que ce soit de son état, il n'aurait rien entendu, et aurait continué simplement à vivre, certes avec de la peine, mais sans la mesure, même biaisée, de ce qu'il vivait. Et quand son frère en termina avec ses douloureux aveux, il le regardait mais… ne ressentait rien. Il cherchait et imaginait ce qu'il aurait dû ressentir, mais ne trouvait rien. Pourtant cela ne l'inquiéta pas. Ne s'était-il pas sentit coupable un peu plus tôt ? Ne rien sentir maintenant était peut-être simplement dû à l'état de fatigue qu'il subissait et pesait sur lui.

Un soupire aussi lourd que douloureux le quitta, et il fit un seul geste, de dénégation de la tête, un simple mouvement, de droite à gauche. Il n'avait pas envie de s'expliquer,  pas envie de trouver ou éclaircir les raisons sous-jacentes à son geste. Ça ne l'intéressait absolument pas. Il était épuisé, venait d'échapper à la mort, et hanté par ce qu'il venait de vivre ; et dans ces conditions, il se fichait de devoir se trouver une raison. Dans l'intimité de son esprit, il pouvait, au moins une fois, au moins pour cela, être complètement honnête, et simplement humain, sans se forcer en rien. « Non » parvint-il à émettre dans un premier temps, avant de se laisser un silence salvateur à ses forces vacillantes. En vérité, il ne savait guère que dire. S'installant de nouveau pleinement, il déglutit et éleva sa main libre pour écarter avec des doigts tremblants une mèche lui tombant sur le coin de l’œil droit. « Je voulais que tu partes, parce que... » Il n'avait pas envie d'en parler, il était épuisé, et tout ce qu'il espérait c'était pouvoir se reposer sans dormir. Loin de l'obscurité. Mais il se forçait à parler, la voix encore faible et enrouée. Un mois sans émettre un son compréhensible… « Ce n'était pas juste » C'était tellement évident, pour lui. Et ça lui semblait tellement stupide, maintenant. « Tu n'avais pas le droit de m'infliger ce que tu me faisais subir. Tu ne pouvais pas… te pavaner avec elle et oser me dire que tu m'aimais… ce n'était pas… pas possible » Il toussa légèrement et tendit la main vers la bouteille d'eau, demandant silencieusement un verre, afin de s'adoucir la gorge et s'hydrater après ce qui lui était arrivé. Remerciant Morghann d'un signe de tête, il bu doucement pour éviter de s'asperger. Une fois finit, et lui rendant le gobelet, il passa le dos de sa main sur ses lèvres, puis reprit, avec plus de clarté, une légère chape de fraîcheur passant brièvement sur son corps grâce au précieux liquide. « Je n'avais pas envie de vous voir ensemble. Parce que ça me faisait mal, à trop d'égards. Je suis… forcé d'accepter, mais je ne voulais pas vous avoir sous les yeux » C'était la vérité, et il ne voyait pas pourquoi il aurait dû le cacher. Mais il fallait avouer qu'il ne savait plus bien lui-même pourquoi il agissait, ou avait agit de telle ou telle façon. Il était trop épuisé pour se poser la moindre question réelle sur ce qu'il faisait.

« Ce que tu voulais… veux… je ne peux pas le donner, pas vraiment, pas à toi, pas à… quiconque… alors je me suis dis, simplement, que tu devais partir, que je pourrai t'oublier. J'aurais avancé, et… ça aurait été tout. Mais tu n'es pas parti » Il secoua légèrement la tête, un geste à peine contrôlé « ça n'était pas parce que étais dangereux » Il y eut un long silence, alors qu'il contemplait de nouveau le plafond. Il ne pensait pas vraiment, se reposant simplement avant de poursuivre. Il avait simplement besoin d'un moment, d'autant que ses tempes battaient d'une légère migraine. Lorsqu'il reprit la parole, ce fut d'une voix distante, toujours éreintée. Il lui faudrait certainement beaucoup de temps pour retrouver son mordant. « Si tu décides de partir quand j'irais mieux, alors tu ne partiras jamais… parce que je n'irais jamais mieux » Quoi qu'il fasse, il n'irait pas mieux, c'était impossible. Son corps se remettrait, oui, mais son esprit et son âme resteraient marqués. Il en était aussi certain qu'il était certain d'être en vie. Cette conviction souveraine le faisait même trembler. Rien ne pourrait imaginer son calvaire et rien n'en donnerait la pleine mesure à qui que ce soit, il serait pour toujours seul avec la vérité… mais c'était bien ainsi. « De toute façon… ce n'est pas ton destin, ou… je ne sais quelle… connerie… de ce genre, c'est juste que tu... » Une quinte de toux, puis il poursuivit, la voix un peu rauque « Tu as la délicatesse d'un buffle, avec la magie » L'ombre d'un sourire « Alors reste… comme ça je pourrais te surveiller » S'il n'avait pas envie de cacher ses raisons il n'avait pas non plus envie de lui dire simplement qu'il voulait le garder avec lui. Ça il le gardait loin de Morghann, là où il ne trouverait pas sa volonté. Redevenu sérieux, il répéta simplement, alors que les infirmières arrivaient. « Reste... » Il était largement temps que la visite se termine, hélas, mais il continuait de fixer son frère sans rien dire, certain qu'il ne lui refuserait pas. Il ne le pouvait pas, pas après tout ça, non ?
 
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Ven 29 Juil - 21:50
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Sa main qui se serrait sur la sienne, ses tremblements, Morghann sentait tout. Il le sentait contre lui mais aussi dans les frémissements de son âme. Sa culpabilité était palpable autant que ses regrets, des contritions qui allaient et venaient, de l’un comme de l’autre, comme des vagues de peine et de douleur qui les libéraient et les noyaient en même temps. Son pouce caressait lentement la peau de sa joue, à peine perceptible et pourtant Howard ne le rejetait pas. Repoussant le drap immaculé de leur nuit éthérée, il se redressa assis, sans chercher à réajuster sa chemise qui était de toutes manières froissée par son sommeil. Il saisit un gobelet, veillant avec attention à l’hydratation de son aîné. Il laissa ses jambes tomber du lit, elles étaient engourdies par la position fixe et raide. Il grimaça à ses muscles qui reprenaient vie. Restant assis toutefois, il s’orienta vers lui, mine sombre, il l’observait, ravalant sa peine, un sourire ornant un instant ses lèvres devant la plaisanterie fraternelle. En entendant les infirmières toquer à la porte close il sursauta et se leva du lit, se parant d’une illusion magique de lui-même, les vêtements impeccables, reflet de grandeur de la famille à laquelle il appartenait. Lorsqu’elles entrèrent, il était debout et droit, tenue impeccable à leur yeux, loin de ses habits qui étaient en fait froissés et ses cheveux défiant les lois de la gravité. Il maintient l’illusion, en silence jusqu’au départ du personnel de santé, ses prunelles d’obsidienne rivées sur son aîné. Il ne le lâchait pas du regard. Pour rien au monde. Il restait, inébranlable. On aurait voulu le mettre dehors qu’il aurait fusillé du regard celui ou celle qui le lui demandait.

Seuls à nouveau, il appela Johan pour que l’écuyer vienne lui porter des vêtements. Il ne pouvait pas sortir comme cela et maintenir une illusion n’était pas une solution. Il s’était échappé longuement et il était temps qu’il reprenne son travail. Éreinté, fatigué, il vint de nouveau s’asseoir sur le rebord du lit de son jumeau. « Ayzebel est partie à présent. » La rupture était loin maintenant, elle avait été dévorée par l’état de son frère. L’avenir prendrait un nouveau tournant, il en était certain. « Si tu es tant jaloux, prends-moi. Garde-moi pour toi. Ne me laisse pas partir, ne me demande pas de partir. Ni avec elle, ni avec Kessy, ni avec personne d’autre. » Ses noires prunelles se firent brûlantes et dévorantes alors qu’il le fixait, grondant d’adoration à son égard. « Je veux que tu me possèdes. Je veux t’appartenir. Je veux que tu jouisses de cela véritablement, pleinement, que tu refuses de me laisser à d’autres parce que… Parce que ça ne sera pas seulement égoïste de ta part. Parce que tu m’épargneras ce temps perdu à aller panser mes plaies avec des remèdes insuffisants.  » L’expression était mauvaise, et pourtant tellement proche de la réalité. Il s’était raccroché en vain à Ayzebel, cherchant un réconfort aux refus gémellaires, un moyen de parvenir à se détourner de lui.

« Je ne te demande ni baisers, ni étreintes. » Étreintes était un euphémisme pour transcrire ce qui s’apparentait de la simple accolade à l’image de leurs corps nus s’offrant l’un à l’autre. Il n’avait pas trouvé mieux pour que l’imaginaire d’Howard ne frémisse à son évocation. « Je sais que tu ne peux me les offrir. » Quand bien même il les désirait personnellement, par amour, il était tout aussi bien capable de mettre de l’eau dans son vin et accepter l’autre tel qu’il était. « Je sais aussi qu’il y a d’autres moyens de ressentir cela. D’autres moyens de sentir que tu tiens à moi. Si je t’ai embrassé une fois, c’est parce que j’étais perdu et que j’ignorais comment te faire comprendre que la seule personne que je désire, le seul être que j’aime, que je veux… C’est toi. » Il frottait lentement ses deux mains l’une contre l’autre, comme pour évacuer un stress, une peur, celui du refus de son aîné. « Ne sois pas effrayé, je sais que… Ça doit te paraître délirant et je… N’en sais rien, c’est que... » Le mouvement de ses mains devenait plus raide, nerveux. Il était terrorisé à l’idée de se prendre une nouvelle gifle psychologique. « Ne pense pas que tu ne puisses me le donner, que tu en sois incapable. Si… Si donner ta vie pour la mienne peut passer pour un amour purement fraternel… La jalousie, Howard, cette jalousie que tu ressentais envers elle, ce n’est plus un sentiment qui s’éprouve entre frères. Pas lorsque tu viens à devoir me demander de partir avec elle pour ne plus avoir à souffrir de notre image. »

Il se tendait, il avait fini par baisser les yeux sur ses mains. Ça n’était jamais facile d’avouer de tels sentiments, surtout lorsqu’on avait eu l’éducation qu’on apporte aux enfants de la lignée Earl. Il sentait la raideur de chacun de ses muscles et plus encore, il avait même le sentiment qu’on tirait sur son âme, de chaque côté de sa déchirure, comme si on voulait la séparer plus encore. « J’aimerais que tu t’écoutes, que tu cesses d’étouffer tes sentiments parce que… Ça n’est ni bon pour toi ni pour moi. » Il inspira profondément, lentement, pour réduire la tension qui malmenait tant son corps que son esprit et son âme. « Promets-moi… Que tu y réfléchiras au moins, à ce que je viens de te dire… On peut… On peut s’appartenir. On peut arrêter de se massacrer mutuellement. » Il releva ses yeux comme de noires pierres polies vers lui, laissant un silence s’installer avant d’ouvrir à nouveau les lèvres : « Repose-toi. Reprends des forces. Je reviendrai te voir ce soir, après mon travail. » Il ne bougea pas toutefois. Il veillerait sur son sommeil le temps que Johan arrive. Il pourrait ensuite se changer et aller travailler. Ce soir, il serait à nouveau à ses côtés, autant de temps qu’il le faudrait, son âme englobant celle de son aîné pour le préserver.

Sam 30 Juil - 13:14
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Howard Earl
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Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
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Ce n'était pas si simple, et c'était biaisé, hypocrite en un sens de la part de Morghann de présenter les choses sous un tel angle, quant bien même il tentait de verser de l'eau dans son vin. Parce qu'il avait commencé à fréquenter cette donzelle bien avant de lui avouer ses sentiments, alors que, justement, il essayait, faisait des efforts pour se rapprocher de lui, pour effacer une partie de la distance que le temps et leur différence avait instaurée. Ce n'était pas sa distance qui l'avait poussé dans les bras de la Tenak… il l'avait fait de sa seule volonté, et c'était ça, et cette intenable situation qui l'avait contraint à lui dire de partir. Au moins pour préserver un semblant de paix. Il pouvait prétendre ce qu'il voulait, mais dès qu'il était en sa compagnie à elle, il changeait de discourt et lui ne pouvait le tolérer… mais il ne l'avait jamais retenu, parce qu'il n'en avait pas le droit. Et pour lui donner quoi ? Il ne ressentait pas ces choses pour lui. Morghann était son frère, il tenait énormément à lui, il était la seule personne réellement proche de sa famille, celui à qui il s'était consacré pendant toutes ces années, mais il ne pouvait pas affirmer le désirer, l'aimer… pas de cette manière là. Pas alors que l'idée même de ce baisé imposé le révulsait encore. Cependant, il ne pouvait pas non plus réfuter le fait que ça jalousie viscérale envers l'amante de son frère était malsaine et déplacée. Jamais pareille pensée n'aurait dû l'habiter, mais c'était pourtant le cas et c'était ce qui avait fait de son présent à Morghann, ce lien d'âme qui les unissaient… une torture pour lui, une source de souffrance et de méfiance, et rien d'autre. Rien de ce positif qu'il avait voulut insuffler à sa création à l'origine. Rien de cette lumière qu'il destinait à ce tour de force. Il s'était prit pour Icare, avec l'envie d'éclairer la mer s'il devait brûler, mais c'était dans les abysses qu'il avait piqué tête la première. Il en était venu à vouloir esquiver Morghann, ne jamais lui accorder l'ouverture de ses pensées, tout en lui reprochant son absence, sa fuite vers cette femme stupide. Si stupide ! Il avait presque envie de lui hurler toutes les bêtises dont elle l'avait abreuvé… mais il n'avait la force de rien, en l'instant. Parler l'avait épuisé. Ils auraient tout le temps de converser lorsqu'il serait un peu plus endurant, dans une semaine, peut-être deux. Pour l'instant, il se sentait sombrer, et ne pu que marmonner vaguement un « je réfléchirais » sans doute difficilement intelligible. C'était néanmoins tout ce qu'il pouvait lui offrir pour le moment, ses yeux se fermaient déjà et à peine un instant plus tard, Morphée était passé. Même au repos, son esprit souffrait, pesant sur son corps, mais le sommeil était néanmoins salvateur, au-delà des cauchemars prodigués. Il avait affreusement besoin de repos, de dormir, car ce mois dans le coma ne lui avait été nullement un apaisement, bien au contraire. Et lorsqu'il s'éveilla de nouveau, Morghann était parti. Seul dans sa chambre, il ruminait, cohérent seulement pour moitié. Après plusieurs heures, il tenta lentement de s'approcher du flot de magie du Nexus… uniquement pour se trouver en proie à une crise de panique qui le renvoya au pays des songes rapidement, et qui affola les infirmières. Lorsqu'il ouvrit les yeux une seconde fois, son corps était trop engourdis et lourd pour qu'il bouge, et sa seule pensée, dans un flot de morosité ambiante, fut qu'il n'était pas près de sortir de l’hôpital s'il continuait ainsi…  
 

Ven 5 Aoû - 19:25
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