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THE PALE MAN
Faux-Homme, chose de carnation pâle, de cette blancheur laiteuse et maladive des créatures de l'abysse que le soleil n'atteint jamais. Aveugle, presque, pour un homme qui voit de ses paumes ce sens n'a que peu d'intérêt. Le GOÛT avant toute chose est primordial, le goût pour déguster et jouir de la saveur d'une chair fraîche depuis peu récoltée. Tel le Roi des Titans Cronos qui tortora une part de ses enfants et envoya les autres au Tartare. Sauf que, si pâle, lui ne dévore pas sa propre descendance mais la dompte. Un appétit gargantuesque, pourtant, le tiens en son sein et hurle s'il n'est contenté. Et c'est ce pourquoi il soupe des rejetons des autres, se complaisant dans leur diversité et déterminant ses proies comme on choisirait, par caprice, les mets les plus fins d'une carte.
ALEXANDER J. MEERY
Ah, le grand patriarche, l'intimidant patriarche dans ses costumes taillés à mesure et cet air de vieille noblesse. De celle qui ne s'acquiert qu'au fil des générations, comme un bon vin qui gagne en prestige cuvée après cuvée et fort de son âge. Autorité naturelle, pas de pitié pour son prochain et requin de l'économie. Qu'est-ce qu'il l'aime ce siècle, les humains ont enfin développé des dents capables de rivaliser avec celles de certains monstres, ils ne se cachent plus du danger la nuit mais le cherche. et dans leur course à la technologie et à l'armement, ils plongent dans l'auto-destruction. Et pourtant ils sont si fiers de leur pensée évoluée et moderne alors qu'ils sont toujours autant, si non davantage, méprisants les uns des autres.
D'ailleurs, lui, les encourage dans ces folles entreprises du progrès. Il n'est aucun dragon à garder l'or sous ses pieds, le réinvesti dès que ses griffes en amassent en suffisance. De la technologie et des sciences, bien qu'il se fasse aussi mécène et collectionneur d'art. La curiosité le guide dans ses choix, les relations que cela crée les appuient. De plus et surtout, il a l'ardent souhait de voir jusqu'où l'esprit des Hommes - souvent loin de Dieu et de toute croyance - a la capacité de les mener. Et pour cela on le défini ''humaniste'', ce qui est, à son amusement, d'une savoureuse ironie.
EXTRAIT DE CONVERSATION SUR LE SECRET AVEC ANONYME
« Monstres. Ne vous cachez pas des mots dérangeants, c'est ce que nous sommes. Fuyez plutôt la reconnaissance universelle qui n'apportera que le chaos car celui-ci n'est plaisant que dans la mesure. Cette idée de révélation est une hérésie, une pure hérésie à ce que je et vous comme moi définissons depuis la nuit des temps. »
Mesurées sont les paroles du doyen Meery face à tant de bêtise. Que pensent-ils ? Ce n'est pas la première crise que traverse leur grande famille de l'ombre, même si de coutume il ne se mêle de rien. Et puis, en général, il s'agit pour la majorité des querelles entre les fils de Dieu et les minions de leur rebelle frère. Ces Anges agaçants, si imbus de leur propre race et persuadés de leurs actions. Alors que lui, qui depuis toujours a vu les choses de loin, sait qu'il n'y a ni mission ni unité ; seulement la loi du plus fort, le reste n'est que jeu d'égoïsme.
COGITATIONES MONSTRUOSAE
''Les Hommes. Ils ont tourné leur connaissance de l'obscur en dérision, le nomment désormais folklore et ne se méfient plus que d'eux-mêmes. Pourquoi souhaiter que cela change ? Ils sont bien plus divertissants à présent qu'ils n'ont plus peur de la nuit et ne trouvent plus refuge dans des cavernes comme le lièvre fuit le renard en plongeant dans son terrier. Les rongeurs ont, de ce fait, un meilleur sens pour la survie que l'Homo Sapiens. Les humains sont du bétail travailleur et créateur lorsqu'ils sont loin de la frayeur, c'est ce qui fait par ailleurs leur charme, et quel charme ! Ignorants, ils ne sont pourtant pas à mépriser et se définissent par plus que leur chair délicate. Ils font les arts et deviennent petit Dieu lorsqu'ils créent, et pour ça ils sont bien davantage fils de leur Originel Père que les Anges. Mais plutôt que de se rengorger de cette qualité, qu'ont-ils fait ? Ils ont dédié plusieurs de leurs magistrales œuvres à ces derniers, ce sont parfois des créatures d'une fascinante humilité.''
''Être parent ne signifie pas aimer mais prendre la responsabilité de sa progéniture. Les fils et filles, une fois passés l'âge de l'enfance, constitue les soldats les plus fidèles d'un père s'il sait qu'il ne faut leur donner aucun autre choix que celui de la dévotion. La désobéissance arrive parfois, elle démontre le caractère et n'est pas un mal mais sera sévèrement punie si trop sérieuse. Construire ses enfants à son image est un concept datant de la Création de Dieu, et concernant cela, l'éternelle entité a eu l'instinct de la raison. Les humains sont des rejetons si mieux réussis que les Anges, c'est tout à fait indéniable. ''
SOUVENIR
6 Décembre 1999, Manoir Meery, Last EndSituation de crise. Devant le patriarche étaient réunis ses trois fils, en une ligne bien organisée et leurs tenues impeccables. Chacun dans un costume noir, le même qu'ils avaient portés toute la journée en signe de deuil. Madame Meery était morte, pauvre humaine, elle qui n'avait même pas vu cinquante fois sa Terre faire le tour du Soleil. Mais le plus intolérable dans tout cela c'était qu'Alexander, le mari, n'avait aucune idée de pourquoi ou comment elle avait trépassé. Lui qui existait depuis la nuit des temps et avait tout vu du monde n'avait su ce qui lui avait enlevé sa compagne de ce siècle et de cette apparence. Ils l'avaient juste retrouvée ainsi trois jours plus tôt, dans son jardin en hibernation et la joue dans la neige, plus aucun souffle à ses lèvres. L'Homme Pâle, cette infamie revêtue de son charme, croisa les jambes sur son fauteuil de cuir et tira une rageuse bouffée de son Bolivar, cigare cubain d'impeccable qualité. Faim, il bavait derrière sa langue d'une faim de chair et de festin, mais n'était pas bête sauvage à ne pas pouvoir se contrôler encore un moment. Et ensuite. Assouvir.
Il appela son cadet d'un ton calme et imperturbable « Pyrrhus. »
Le garçon avait été le plus affecté par le décès de sa mère adoptive, du haut de ses treize ans, un caractère volcanique d'adolescent en crise et d'orphelin. C'est huit ans plus tôt que Lothar, l'aîné, le lui avait amené. Délicat et blond angelot de cinq ans qu'il avait retrouvé près d'un couple de chasseurs massacrés, tel un cadeau déposé à l'attention de quiconque. Mais lorsqu'il s'était penché, ses longs doigts griffus retenant le torse d'enfant et la bouche pâle dénuée de lèvres près du ventre où gargouillait les viscères, il s'était débattu avec une virulence telle qu'il avait été séduit et décidé qu'il serait son présent d'anniversaire de mariage à son épouse. L'administratif que cela avait engendré n'était rien, ses moyens étaient immenses déjà à cette époque.
Sauvé par ses sentiments mais néanmoins à son service, pour cette semi-victoire sur la vie, il avait prénommé l'enfant, par humour, du nom du Roi des Molosses.
« Père. »
« Que ressens-tu ? »
Sourcil froncés, larmes retenues, et puis comme si on avait fait céder un barrage de haine.
« Ce n'était pas la maladie, pas un accident, père ! Elle était en bonne santé et faisait attention ! Vous le savez, je suis sûr que vous savez, vous devez- »
Un geste de sa main et Lothar saisit son frère, la paume plaquée sur sa bouche pour le faire taire. C'était un homme à présent, vingt-quatre ans, ce fils qu'il avait recueilli et éduqué encore avant qu'il ne rencontre sa défunte épouse. Il était le plus fidèle de ses enfants et dressé à son image. Froid, distingué et bien peu d'empathie. Assez grand, assez mince, de sévères lunettes et les cheveux noirs gominés en arrière. Un homme d'affaire hors pair lui aussi et un chasseur accompli qui nourrissait son père aussi bien que celui-ci le demandait. Il avait fait ses études en économie à Oxford et si Alexander s'était trouvé mortel, il l'aurait choisi en héritier sans once d'hésitation.
« Tu te laisses contrôler par ta colère Pyrrhus, n'oublie pas le respect. »
Le monstre de père se leva et avança d'un pas lent, flegmatique mais élégant, vers ses fils.
« Tu as raison, pourtant, j'ai goûté une trace de magie. Et maintenant que tu sais ça que comptes-tu faire ? Te venger? »
Un rire étouffé et il pivota son corps tout entier pour fixer Byron des faux yeux que le glamour lui accordait. Le jeune homme même pas majeur était le plus dissident de ses enfants, l'artiste, le seul fils biologique de sa femme morte et la raison pourquoi il avait approché et séduit cette humaine seule et pauvre avec ce bébé alors qu'elle avait à peine vingt ans. S'il l'avait faite riche et couverte de présents c'était uniquement pour compter l'âme de ce talentueux, malsain et si cruel garçon au nombre de ses possessions. Le trésor de sa collection, la réincarnation de l'empereur Néron qu'il avait volé à Remiel et gardait précieusement à ses côtés dans son Manoir. Pour cette raison il lui passait parfois certains caprices et écarts.
« Tu oses rire aujourd'hui ? »
Byron s'esclaffa encore, plus librement cette fois, et enleva de son front une mèche de cheveux roux foncé qu'il portait longs aux épaules.
« On dirait un chaton qui se prend pour un tigre, il veut se venger mais il n'est même pas capable de chasser pour toi sans mouiller ses culottes. »
« Et toi ? Tu veux la venger ? »
« C'était une pauvre fille inintéressante, elle n'a servi qu'à me donner naissance. Mais c'était ma mère et ta femme, elle nous appartenait et on nous l'a volée. Je n'aime pas qu'on touche à ce qui est à moi. Alors oui, il faut la venger. »
Il flatta l'épaule de l'adolescent en lieu d'approbation et se sentit fier de ces fils qu'il avait si bien élevés.
RESUME & INFOS
→ Croquemitaine originel, blanche ignominie sur Terre depuis la nuit des temps. L'Homme Pâle s'est déplacé, allers et retours entre les continents au fil des marées. Amérique du Sud et ses sacrifices, Japon où il laissa une trace de son passage sous la légende de Tenome mais l'Europe en résidence principale. Cela fait maintenant une quarantaine d'années qu'il vit à Last End.
→ ''Meery ltd. & fils'' est une entreprise familiale dont les possessions se trouvent principalement dans l'extraction minière de pierres et métaux précieux. Plus curieusement, l'entreprise possède aussi une minuscule maison d'édition de poèmes triés sur le volet. Leur auteur le plus publié signe du pseudonyme
Nero→ Alexander Meery possède trois fils adoptifs.
Pyrrhus, le cadet, est enfant recueilli de Chasseurs décédés. Chasseur lui aussi à temps perdu dans la recherche de l'assassin de sa mère adoptive et adorée, il est militaire de carrière pour les forces spéciales du Royaume-Uni (
UKSF) mais réside désormais à Last End depuis une blessure en mission qui l'a rendu légèrement boiteux (il y a aussi une rumeur comme quoi cela aurait surtout été une excuse pour se débarrasser de lui et de sa tendance à la violence et à l'irrespect envers ses supérieurs). Depuis son retour, il travaille parfois à procurer sa nourriture à son père ou lui sert d'intermédiaire. Vivant surtout entre le Manoir et les pubs à user à outrance du patrimoine familial, il lui arrive parfois de laisser échapper quelques informations qu'il serait plus délicat de taire.
Byron, le second, est la Réincarnation de Néron dont Alexander garde jalousement l'âme auprès de lui et fait tout pour le cacher de Remiel. Il vit aujourd'hui et réclusion dans le Manoir avec son père qui lui offre de nombreux support pour son art et victimes pour soulager sa violence et envies. Il est un être à la psychologie étrange, perturbé, aussi fou que l'était à l'origine l'âme qui l'habite. Pourtant, âgé désormais de trente-trois ans, cela fait quelques années que sont apparues des tensions entre lui et Alexander. La tentation de demander son aide à l'Ange afin de quitter le cocon familial fait de plus en plus de chemin dans son esprit embrouillé.
Lothar est l'aîné. Il seconde son père dans l'entreprise familiale.
→ Son épouse et mère génitrice de Byron a été assassinée en 1999. Aucune blessure visible, pas de poison, une simple trace de magie qu'il a senti. L'accident n'a réellement désespéré que Pyrrhus qui même à présent - seize ans plus tard - cherche la vengeance sur cet assassin mystère. Byron et Alexander ont abandonné la traque au fur et à mesure que le rancune de l'insulte fait à leur possessivité s'amenuisait.
- Spoiler:
Je préciserai ses liens avec les habitants de Last End et notamment avec Ayzebel dans son journal.
La place de meurtrier discret de Mme Meery est à prendre si cela intéresse quelqu'un (Mr a fait suffisamment de malheur durant sa longue existence pour se faire des ennemis).