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 Revendications [TERMINE]

Diederich Von Schwarzwald
L'étrange sous la normalité : La Force est source de toute vie. Mais elle ne permet pas d'oublier.
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PROFESSION : Inspecteur du Metropolitan Police Service
Crédits : Ewan McGregor
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Diederich Von Schwarzwald
C’était un Samedi calme et paisible. Dehors, la neige tombait doucement, telle une pluie de sucre glace recouvrant, grain après grain, un gâteau. La maison était calme. Comme à chaque fois que Noël approchait, Diederich ne pouvait s’empêcher de penser, plus qu’à l’accoutumée, à ce que sa vie aurait pu être si sa femme était encore de ce monde. Il aurait probablement eu un ou deux enfants, qui seraient venus les réveiller, Fanny et lui. Il se serait levé, aurait préparé le petit-déjeuner, et tout le monde serait parti se promener, ou bien les enfants auraient été laissés quelque part tandis que les deux parents seraient partis à la chasse aux cadeaux.

Diederich ferma les yeux, et essaya de se persuader que, lorsqu’il les rouvrirait, un tel monde existerait. Mais non. Bien sûr, cela était impossible. Son lit était toujours aussi froid du côté où Fanny dormait. Alors son regard se porta sur le rebord de la fenêtre, d’où le contemplaient une bouteille et un verre d’alcool vide. Non, il ne pouvait pas commencer à boire maintenant, il n’était même pas dix heures.

Le Réanimateur étant enfermé à l’asile, le rythme de travail du Met avait retrouvé un semblant de normalité. C’était peut-être l’occasion d’en profiter pour aller faire un tour. Cela le changerait, et l’empêcherait de sombrer dans la mélancolie alors que le jour débutait à peine. Il avait entendu des collègues discuter d’un musée… D’histoire des civilisations, s’il se souvenait bien. Sans être féru d’Histoire, Diederich s’y intéressait suffisamment pour trouver l’idée d’une telle visite plaisante. Et puis, son orgueil d’Allemand était toujours satisfait lorsqu’il lisait des choses sur son pays, qu’il les eût su ou non. Vérifiant l’adresse, il prit la route après s’être préparé.

Le parc de stationnement du musée n’était pas bien rempli, mais au vu de l’heure, il n’y avait rien d’étonnant. Ce devait surtout être l’après-midi que les visites battaient leur plein. Pénétrant dans le bâtiment, l’enquêteur au repos paya les droits d’entrée, et entama son parcours. Le musée était extrêmement bien documenté sur les civilisations Irlandaises et, de manière plus générale, celles des Îles Britanniques. Il en allait de même pour les Scandinaves, mais la partie consacrée aux Allemands était… Affligeante de vacuité. Au point que c’en était vexant pour lui. Comment pouvait-on se targuer du nom de “Musée des Civilisations" en parlant si peu de la plus grande d’entre elles qui ait jamais existé sur ce monde ? Quelque peu remonté, l’Allemand se dirigea vers le bureau d’accueil, celui-là même où il avait payé il y avait deux bonnes heures.



« Excusez-moi, Fräulein, dit-il avec son fort accent Allemand. Mais je souhaiterais vivement m’entretenir avec le Conservateur, ou l’une des personnes en charge du Musée ! »


L’hôtesse sembla sur le point de lui demander pourquoi, mais le ton péremptoire qu’il avait utilisé la dissuada, et elle obtempéra. Pressant un bouton, elle s’entretint quelques instants avec sa supérieure, certainement, puis lui demanda de patienter.

Mar 26 Jan - 22:47
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Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
PROFESSION : Membre du Conseil d'Administration d'un groupe bancaire et directrice du musée des civilisations
Crédits : Diana de Luin-Tinuviel (Deviantart), graph de Meri
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Moïra Ní Éireann
Samedi. Un samedi d’hiver, un samedi froid, un samedi ordinaire que la neige recouvrait de ses pétales délicats. Un samedi comme tant d’autres, un samedi qui n’appelait à rien, qui n’offrait rien, un samedi dont l’absence n’aurait marqué personne, et surtout pas celle qui, assise à son bureau, tapait machinalement au clavier de son ordinateur portable. Un samedi comme un lundi, un samedi d’hiver qui pourrait être d’automne. Un samedi paisible, un samedi qui plongeait le petit bureau blanc dans un silence bienvenu, seulement troublé par le bruit sec des touches qui s’enfonçaient à chaque mot qui s’écrivait.

Eclat roux, reflet d’émeraude. D’un geste sûr, une main laiteuse se leva, replaçant calmement une mèche de feu où elle devait être avant de se tendre vers une pile de documents. Tout vérifier, tout revoir, tout faire. Parce que le temps n’était pas ce qui manquait, parce que samedi ne voulait rien de plus qu’une journée de plus à travailler. Il y avait toujours de quoi faire, mais c’était aussi une solution agréable pour lutter contre l’ennui. Après tout, nombreux étaient ceux qui travaillaient en fin de semaine et pourtant… Ce n’était rien en comparaison de quelques années en arrière. Le monde s’endormait, se reposant sur ses lauriers, se repaissant de son oisiveté et s’alanguissant dans sa torpeur. Adieu valeurs, adieu labeur. Tout était dû, tout était exigé sans contrepartie. Le devoir avait disparu, l’exigence avec lui. Les mortels s’enfonçaient dans leur bassesse. Plus de grandioses combats et plus de fierté. La lumière qui brillait autrefois sur cette terre n’était plus qu’une faible lueur blafarde qui disparaissait peu à peu sous la brume de la médiocrité.

Flocon léger, souffle de vent. L’hiver prenait la place qui lui était dû. Yule approchait et très bientôt il faudrait aller cueillir l’aubépine qui ornerait tout lieu de vie respectable en pareille époque de l’année, avant d’y ajouter houx et gui comme pour tout solstice d’hiver qui se respectait. Les chrétiens croyaient obéir à leurs propres règles, fêter leur propre religion, mais savaient-ils vraiment ? Que cette fête qu’ils nommaient Noël n’était rien d’autre qu’un mensonge, qu’une manipulation politico-religieuse de ceux auxquels ils remettaient leur foi ? Ils reniaient leurs racines pour quelques célébrations sans fondements, usant à tort d’anciens symboles puissants et emprunts de magie. Absurdité que tout ceci. Une fois de plus, ils décevaient leurs véritables dieux.

Sonnerie soudaine, écho de cloche. Relevant les yeux, celle qui se faisait appeler Moïra décrocha rapidement, son mélancolique regard fixant l’extérieur enneigé tandis qu’elle répondait d’une voix neutre à cet appel qui rompait le silence. Allons, un visiteur mécontent ? Était-il encore l’un de ces sots qui croyait tout connaitre alors même que seule sa bêtise était réellement étendue ? Voulait-il se plaindre qu’il aurait désiré quelque chose de plus moderne, oubliant que le thème même de l’exposition était basé sur de l’ancien ? Oh, peut-être lui offrirait-il une protestation plus justifiée et réfléchie que la majorité de ses semblables ? Se levant, la rousse quitta son bureau pour se diriger vers le rez-de-chaussée. Elle continuerait plus tard la correspondance avec l’un des professeurs d’histoire qui lui avait gracieusement offert son aide sur les civilisations égyptiennes et asiatiques, il lui fallait avant aller s’occuper de ce visiteur mécontent. Lissant d’un geste rapide sa jupe tailleur, elle redescendit donc de sa démarche vive et souple les escaliers à la rampe finement sculptée avant de parvenir à la réception, où son employée lui désigna un homme de haute stature qui patientait dans l’entrée. La déesse se dirigea vers lui avant de s’arrêter à sa hauteur, un sourire professionnel inscrit sur son visage clair sans que ses yeux n'en soit touchés.

-Monsieur ? Madainn mhath*, je suis la directrice de ce musée. Il y aurait-il quelques détails qui ne vous plaisent pas ? La visite n'est pas à votre goût ?


*équivalent de "good morning" en gaélique

Mer 27 Jan - 22:05
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Diederich Von Schwarzwald
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Diederich Von Schwarzwald
Un cliché tenace voulait que les Conservateurs de musée fussent uniquement des personnes âgées, le visage flétri par des années de vie, les cheveux blancs et des yeux savants cachés derrière d’épaisses lunettes. Diederich devait bien avouer que la personne qui se tenait devant lui faisait voler en éclat ledit cliché. La femme qui se tenait devant lui ne devait pas avoir plus de trente, trente-cinq ans dans le pire des cas. Une opulente chevelure rousse cascadait du haut de sa tête, telle une coulée de feu liquide. Nulle paire de verres devant  ces deux émeraudes qui définissaient son regard, lequel semblait venir du fond des âges. Un regard atemporel. Sublime. Voilà l’adjectif qui vint aussitôt en tête de l’Allemand. Sublime, à l’instar d’un océan en furie. Sublime, telle une éruption volcanique illuminant d’écarlate le ciel nocturne.

Le port altier, la Directrice le regardait, le visage levé vers le sien. Souriante, mais froide elle était. Elle non plus ne souriait pas avec les yeux. Reprenant le fil de ses pensées, qu’il avait perdu en se retrouvant face à la demoiselle – détail qu’il avait noté en constatant l’absence d’alliance à son doigt – Diederich lui rendit son sourire, celui qu’il arborait par pure politesse lorsqu’il travaillait.



« Guten morgen, Fräulein Konservatorin, salua-t-il en s’inclinant légèrement. Je vous prie de me pardonner de vous déranger. Votre musée est tout à fait intéressant, et fort bien documenté. Pour ce qui est présenté, rien ne me déplaît. »


L’enquêteur avait achevé sa phrase sur un ton qui laissait présager qu’il allait poursuivre sur un sujet moins agréable. Bien entendu, il n’y avait nulle agressivité, ni ironie dans son ton. Il était de toute bonne foi en complimentant ce lieu de mémoire, et indirectement en félicitant le travail de recherche et de présentation. Sans laisser le temps à son interlocutrice de répondre, il reprit.


« En revanche, c’est bien pour ce qui est… Hum… Laissé de côté, que j’éprouve l’envie de vous en parler. Un musée des civilisations ne devrait-il pas parler autant que possible de toutes les cultures qui ont marquées l’histoire de ce monde ? Aussi, pourquoi passez-vous au-dessus de la grande civilisation Allemande ? Notre histoire est pourtant aussi ancienne que celles des peuples des Îles Britanniques
Pour tout vous dire, je suis formidablement impressionné par le souci du détail que vous apportez à vos présentations. Vous parlez si précisément de la civilisation Celte que cela donne parfois l’impression que vous avez réellement vécu cette époque.
Mais c’est ce manque d’importance accordé à la civilisation Germanique qui me dérange. Ce ne sont pourtant pas les archives ni les documents qui manquent, et notre culture a marqué l’Europe, dont nous avons toujours occupé une place centrale, fût-elle géographique ou politique. »



Inclinant poliment la tête, Diederich signifia qu’il avait fini de parler. Il était curieux de connaître les raisons de cet état de fait. Etait-ce un choix politico-personnel ? Après tout, nombreux étaient ceux qui continuaient de considérer l’Allemagne comme nation diabolique. Bien que ce point soit discutable, il ne fallait pas oublier que le IIIème Reich n’avait été qu’une petite période de la longue Histoire Germanique, aussi ancestrale que celle de l’Empire Romain.

Ven 29 Jan - 17:20
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Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
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Moïra Ní Éireann
Allemand, à n’en pas douter. Insatisfait mais poli malgré cela ; quel étrangeté que ces deux termes dans la même phrase. Aucun irlandais n’aurait été ainsi, mais après tout, c’était un allemand. Mórrígan n’avait jamais éprouvé une grande passion pour ces pays plus au sud, sur an Roinn-Eòrpa, le continent européen. Ils étaient trop sévères et trop rationnels. Ils plaçaient leur foi dans des hommes qui ne le méritaient pas et n’avaient jamais été très dignes de mériter son attention. Ils n’avaient jamais eu la fougue des irlandais, la force des écossais. Trop plats, trop rigides. Là où le peuple sur lequel elle avait veillé tant d’années ployait souplement pour mieux reprendre forme, les allemands se brisaient pour se reconstruire. Après tout, quand un pays était capable de rendre malade ses écoliers avec des fraises, c’était qu’il n’était pas très fiable. Un tel gâchis de bons fruits sucrés… Et même leurs sucreries étaient dangereuses. La pseudo jeune femme avait le désagréable souvenir d’un talon d’escarpin brisé après qu’elle ait glissé sur une fraise… Tagada bien sûr ! Alors, la faute à qui ? Aux allemands, bien entendu. Et voilà qu’elle en avait eu devant elle.

-Et bien, quelle étrange entrée de matière que celle qui consiste à féliciter pour ensuite laisser place aux reproches. Vous avez une manière impressionnante d’enrober l’amère amande avec de douces sucreries qui adouciront cette amertume.

Elle eut une esquisse de sourire ironique, le fixant sans animosité mais sans non plus une once de bienveillance. Son regard d’émeraude se braqua, insondable, sur les yeux clairs de son interlocuteur. Bleus ou gris ? Difficile de choisir, entre les deux sans doute. Cette couleur lui rappelait le ciel des côtes irlandaises, avant que n’éclate la tempête et qu’il ne se pare d’éclairs d’or. D’un léger geste de la main, elle coupa court à toute possible protestation, enchainant à son tour sans lui laisser le temps d’en dire davantage.

-Peu importe. A dire vrai, je préfère avoir de la qualité que de la quantité. Ces civilisations sont celles que je connais le mieux et pour lesquelles je n’ai pas de crainte d’évoquer le sujet sans savoir si les informations délivrées seront fiables ou non. Mais si vous avez un instant, je vous propose de poursuivre cela dans un lieu plus approprié. Je ne souhaite pas déranger les visiteurs. Suivez-moi.

Habituée à n’être pas contredite, la déesse ne vérifia même pas qu’il la suivait, gravissant de nouveau les escaliers en bois verni. Elle ouvrit finalement la porte de son bureau pour lui présenter un confortable fauteuil où prendre place, allant quant à elle mettre à chauffer l’eau d’une petite bouilloire reposant sur une table basse, dans un coin de la pièce. Il était un peu tôt pour le whisky, dommage qu’il ne se soit pas présenté l’après-midi. La plupart de ceux qui venaient en ces lieux prenaient thé ou café pour échanger ensuite sur des détails de financement ou de travaux de restauration, parfois même sur des demandes d’échanges entre musées, et Moïra avait donc pour habitude de siroter son verre d’alcool en solitaire après leur départ, contemplant souvent le ciel par les larges fenêtres qui s’ouvraient sur le mur. Non pas qu’elle soit devenue dépendante de la boisson, sa consommation était bien trop espacée et son corps ne réagissait guère à l’ivresse, mais elle en aimait le goût, celui de son pays.
En attendant que l’eau finisse de chauffer, elle retourna sur sa propre chaise et, repoussant négligemment les dossiers entassés devant elle du dos de la main, se tourna vers l’étranger.

-Bhuel…*Vous souhaiteriez que l’on évoque également la culture allemande... Je ne suis pas totalement contre cette idée, si je puis améliorer la qualité de ce musée en même temps que je l’agrandirais, alors je peux y réfléchir. Mais possédez-vous les connaissances nécessaires, les vérités historiques qui me permettront d’exposer cette culture sans erreurs ?

Calmement, elle le dévisagea avec attention, observant ses gestes et ses expressions, sondant son âme. L’eau du thé était loin d’être prête et ils avaient encore bien du temps devant eux. S’appuyant sur le dossier de son siège, elle croisa les mains sur le bureau de chêne clair avant de reprendre, ne lui laissant, de nouveau, pas le temps de répondre à sa première question. Elle aimait à ne pas être interrompue lorsqu’elle s’exprimait.

-Votre intérêt pour ce pays n’est pas sans rapport avec votre propre histoire je présume, aussi pourquoi ne me parleriez-vous pas davantage de cette terre lointaine à laquelle vous tenez tant ? Séduisez-moi, envoûtez-moi de vos récits, contez-moi les charmes d'a' Ghearmailt, votre Allemagne, je serais d'autant plus encline à songer à votre demande si vous me convainquez.


*Peut se traduire par « bien » ou « et bien ».

Mar 2 Fév - 20:29
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Diederich Von Schwarzwald
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Diederich Von Schwarzwald
Musique d'ambiance : Gustav Mahler - Piano Quartet in A Minor


Ah, décidément, les femmes étaient toutes les mêmes. Si vous aviez le malheur de les complimenter et d’émettre une critique aussitôt après, elles étaient persuadées que cela n’avait nul autre but que de tout adoucir. Dans les faits, il en était tout autrement. Diederich, malgré son mécontentement de voir l’Allemagne ignorée, restait objectif : le reste du travail fourni pour la constitution de son musée méritait beaucoup d’éloges. Enfin, si telle était sa volonté, l’enquêteur n’allait pas perdre son temps à essayer de lui expliquer cet état de fait. Du reste, elle ne semblait pas vouloir le laisser parler. Il était vrai qu’elle avait une jolie voix, après tout.

Lorsque la Conservatrice l’invita dans son bureau et se détourna afin de l’y guider, Diederich lui emboîta le pas. Vu qu’elle ne semblait pas du genre à mâcher ses mots, s’il lui portait sur les nerfs, il ne doutait pas qu’elle le lui aurait dit. Il était donc possible qu’elle prête une oreille attentive, et non uniquement de courtoisie, à ce qu’il allait lui dire. Lorsqu’il pénétra dans son lieu de travail, ses réflexes professionnels prirent le dessus et son regard balaya l’ensemble de la pièce. L’endroit était lumineux, ce devait être agréable d’y travailler ; certainement plus, en tout cas, que la petite pièce qu’il partageait avec un autre Inspecteur, qui ne possédait pour fenêtre qu’une seule meurtrière horizontale.

L’enquêteur ne s’assit pas immédiatement sur le siège que lui avait indiqué son hôte avant de mettre à bouillir de l’eau. Très vieille école sur certaines choses, il estimait qu’un gentilhomme d’une vieille et noble lignée ne pouvait pas s’asseoir avant une dame ou une demoiselle. Lorsqu’elle vint s’installer dans son fauteuil, Diederich l’imita, la regardant écarter ses dossiers pour dégager l’espace devant elle. Alors que l’Allemand allait répondre à ses questions – il possédait en effet certaines connaissances sur son pays, en quantités très honorables, du reste, mais l’un de ses cousins était une encyclopédie ambulante sur l’Histoire de la Grande Allemagne. Enfin, les archives de la Famille Von Schwarzwald, intrinsèquement liée à l’histoire de la nation Germanique, se trouvaient dans leur Manoir, faisant partie des livres qu’ils avaient emportés de leur demeure de la Forêt Noire. Epurés de toute références sur le Monde de l’Envers, il pourrait lui en transmettre des copies. – la femme reprit la parole. Ainsi, elle le mettait dans la même position qu’un commercial devant vanter la qualité des produits qu’il cherchait à vendre, y ajoutant peut-être une dimension plus… Sensuelle. Soit, malgré que Diederich n’ait plus joué au jeu de la séduction depuis la mort de sa femme, il essaierait de persuader cette jeune directrice que la Sainte Allemagne méritait une place d’importance dans son musée.



« Je vais vous parler, Fräulein, commença-t-il lentement, de sa profonde voix grave aux intonations de conteurs, que sa sœur Swanahilda aimait lorsqu’il lui lisait des histoires, il y avait de cela bien des années. Du rêve d’une nation. Du rêve d’un peuple, héritier de deux des plus grands Empires que le monde n’ait jamais connu : l’Empire d’Occident de la Dynastie des Carolingiens, et de l’Empire Romain.
Ce rêve, Fräulein, fut porté par des générations sur des siècles et des siècles. Il fut d’abord une nécessité. Heiliges Römisches Reich, le Saint Empire Romain Germanique, fut la première manifestation de ce rêve. Entouré d’ennemis, les miens ne souhaitaient qu’une seule chose : vivre et croître en paix. Mais c’était sans compter les volontés expansionnistes des Français, des Italiens, et les disputes intérieures. Beaucoup critiquent l’esprit rationnel des Allemands, mais il faut comprendre que nous n’avions pas d’autres choix que de devenir ainsi, d’autant plus que nos défaites face à Napoléon Ier ont bien failli nous faire disparaître.
Ce rêve, Fräulein, était d’apporter une paix durable et prospère non seulement à l’Allemagne mais également à l’Europe. Nous voulions faire cesser les guerres qui n’avaient eu de cesse de déchirer le Vieux Monde. Oh, bien sûr, nous souhaitions que l’Allemagne soit au-dessus, tel un père dirigeant ses enfants et les éduquant afin qu’ils deviennent meilleurs. Le Saint Empire fut notre première tentative de pacification, et sa chute fut un traumatisme. Soudain, nous voyions s’effondrer notre meilleur espoir d’un monde en paix.
Etrangement, ce fut la tentative d’invasion des Français en 1870 qui permit à la Grande Allemagne de se reforger. Car oui, les Français ne craignaient qu’une seule chose : la résurrection du Reich Allemand, sous l’impulsion d’Otto Von Bismarck. Leur crainte était telle, qu’à chaque conflit qui nous opposa à eux, ils ne purent nous vaincre qu’en s’alliant aux autres puissances Européennes.
Tout au long du XXème Siècle, nous essayâmes d’apporter au monde la lueur réconfortante de la paix, car nous n’avions pas d’autres choix que de réussir ou de disparaître. Tel un arbre millénaire aux profondes racines, nous avons su résister aux tempêtes qui se sont successivement abattues sur nous. Tel le phénix, nous avons toujours su renaître de nos cendres. Et pourquoi, Fräulein ? Parce que nous étions portés par cet espoir qu’un jour, oui, un jour, nous n’aurions plus à craindre pour la vie des nôtres. Et pour cela, nous n’avons jamais reculé devant rien. »



Tel un fait exprès, comme s’il s’agissait d’un film et que cela devait marquer le point culminant de sa tirade, la bouilloire se mit à siffler. Ce sifflement si semblable aux bombes de la Luftwaffe lâchées en Europe. Oui, leurs méthodes ne furent pas toujours les plus meilleurs, mais la fin ne justifiait-elle pas les moyens ?

Dim 7 Fév - 11:20
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Moïra Ní Éireann
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Moïra Ní Éireann
Si elle ne s’attendait pas à un cours d’histoire purement objectif, Moïra ne fut pas déçue. L’homme qui lui faisait n’était que patriotisme pour la nation allemande et l’histoire de celle-ci. Finalement, tout ceci n’était qu’une perte de temps et lui confirmait qu’elle avait peut-être eu raison de ne pas mentionner tout ce qui touchait à a' Ghearmailt dans son musée. Beaucoup d’historiens spécialisés dans cette partie du monde avaient un point de vue trop personnel de la chose, et l’étranger face à elle n’avait sans doute même pas les compétences requises pour pareille profession. Décevant. Il était décevant.

La théière sifflant doucement, Mórrígan se releva, toujours silencieuse, pour l’ôter de son support avant de remplir délicatement la boule à thé qu’elle laissa doucement retomber dans l’eau brûlante pour que le parfum s'imprègne pendant plusieurs minutes. Disposant un petit pot empli de morceaux de sucres sur un plateau d’argent, elle y déposa également deux tasses et leurs soucoupes, deux cuillères, un pot à lait et quelques gâteaux secs, avant d’apporter le tout sur le bureau pour plus de praticité. Cela lui éviterait d’avoir à se relever lorsque le thé aurait infusé. Puis, se rasseyant élégamment, elle posa les deux mains à plats sur les accoudoirs de son fauteuil pour fixer l’étranger de ses émeraudes impassibles.

-L’Histoire est comme l’amour, faite de guerres qui se succèdent les unes aux autres, chacun pensant avoir raison davantage que celui qui lui fait face ; pourtant ce n’est pas votre opinion que je souhaite exposer dans les murs de ce musée. Ce sont des faits, réels, passés, mais surtout précis. Or vous ne m’évoquez que des évènements vagues, complètement empreints de votre propre conception de l’histoire de votre pays. Vous considérez réellement que la paix a dominé les objectifs de vos dirigeants et pourtant… n’avaient-ils pas pour seul but que celui de poursuivre les conflits avec leurs ennemis des précédents conflits ? Comment la paix pouvait-elle se créer en souhaitant détruire toute une partie de la population, non seulement du seul de sa religion mais aussi pour son orientation sexuelle ou son mode de vie ? Quelle conciliation peut-il y avoir entre domination du monde par les armes et paix internationale ? Non, vous me susurrez de beaux contes inexistants, pour la simple raison qu’un pays ne souhaitant que la paix n’a jamais été, ni sera jamais.

Chacun avait connu son lot de violences et de sang versé, parfois plus, parfois moins que ses voisins. Mais parce que les Hommes dominaient d’autres Hommes, ils pouvaient difficilement mettre de côté leurs désirs personnels et c’était pourquoi les évènements se répétaient inlassablement. Que l’allemand tente ainsi de lui faire croire que son peuple n’était qu’innocence, soumis à la violence des autres pays l’entourant, défendant vaillamment son territoire et chacun de ses habitants, était presque amusant. Mais en aucun cas efficace.

-Toutefois, je dois avouer que votre manière de conter est très agréable, pour ne pas sensuel. Pourquoi ne pas recommencer avec cette fois un récit qui serait à la fois fascinant et véridique ? Je ne puis me satisfaire d’une unique prestation et vous n'oseriez tout de même pas me priver de pareil plaisir...

Glissant une mèche de cheveux roux derrière son oreille, elle l’observa avec attention de ses yeux étincelants avant de sortir de son étude de cas humain pour se relever, allant jusqu’à l’armoire en bois qui occupait le fond de la pièce pour l’ouvrir d’un geste décidé. Regardant rapidement chaque dossier, elle laissa filer son doigt sur les couvertures de carton avant de s’arrêter sur l’une de celles qui l’intéressaient, tirant à elle l’ensemble de la pochette pour l’amener jusqu’au bureau où elle se rassit. Silencieuse, elle feuilleta rapidement son contenu avant d’en tirer une fine liasse de feuilles couvertes d’une écriture grossière et sans aucun doute masculine, qu’elle fit glisser jusqu’à l’étranger.

-Il y a déjà quelques années, un historien m’avait envoyé ces documents, portant sur une partie de l’Histoire continentale. Il mourut toutefois avant d’avoir davantage développé ses travaux et je n’ai guère eu l’occasion de poursuivre. Vous qui souhaitez rendre hommage à a' Ghearmailt, qu’en dites-vous ?

Les propos étaient relativement généraux, constituant davantage une introduction au sujet mais certains détails avaient été exploités jusqu’au bout. Et il ressortait du sujet général quelque chose que n’avait pas possédé le récit de l’humain : la vérité historique.

Mar 9 Fév - 18:58
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Diederich Von Schwarzwald
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Diederich Von Schwarzwald
Inclinant élégamment la tête afin de remercier son hôte de lui offrir du thé, il plongea également ses yeux dans les siens, attendant les critiques qui ne tarderaient pas à venir. Son récit avait dû être frustrant pour une historienne telle qu’elle, manquant de dates précises. Et tandis qu’elle parlait, un léger, absolument léger, sourire ironique vint sur ses lèvres, ironie renforcée par l’expression de glace de son regard. Oh oui, certes, la paix n’était peut-être pas l’objectif premier de chacun de ceux qui avaient guidés l’Allemagne à travers le temps, mais… Ne disait-on pas que celui qui voulait la paix préparait la guerre ? En écrasant ses ennemis, et d’abord ceux qui avaient fait le plus de mal, cela permettait d’obtenir ladite paix. Si l’Allemagne avait pu aller au bout, en devenant la première nation au monde à avoir imposé sa force et sa vision au reste des peuples, qui aurait eu le courage, la force, de se dresser face à elle ? Personne. Et c’est alors que l’humanité aurait connu la paix. Enfin, malgré son intelligence et son savoir, visibles à travers ses yeux perçants, cette douce femme ne comprendrait sans doute jamais cet état de fait. Comme tous ceux qui avaient fait de l’Allemagne du XXème Siècle un démon.

Il était difficile de savoir s’il l’ennuyait. Son visage ne montrait rien, si ce n’était un petit quelque chose qu’il avait du mal à définir. Bon, elle ne l’avait pas encore mis dehors, c’était donc qu’il ne l’importunait pas. Elle ne semblait pas du genre à supporter la compagnie de quelqu’un qui l’horripilait pour satisfaire aux exigences de la courtoisie. Tandis que la Conservatrice se levait, Diederich en profita pour examiner le bureau, dans une pure déformation professionnelle, attendant qu’elle revienne pour de nouveau fixer son attention sur la demoiselle. Elle tenait à la main un petit dossier en carton dont elle tira une liasse de papier, qu’elle poussa vers lui. Portant les feuilles à ses yeux, l’enquêteur les lut rapidement, aptitude qu’il avait acquise depuis bien des années. Lorsqu’il eut terminé, il les reposa sur son dossier, et regarda son interlocutrice.



« Ah, la fameuse Weltpolitik du Kaiser Guillaume II. En effet, elle a marqué une rupture avec la Realpolitik de Von Bismarck, qui se voulait plus diplomatique. En effet, cet historien a raison de dire qu’elle fut l’une des causes de la Première Guerre Mondiale, de par les volontés colonialistes du Reich. Grandir ou mourir, seuls les Etats les plus forts survivent… Tout cela découle en effet du principe de sélection naturelle de Drawin.
Mais ce qui est intéressant, c’est son portrait du Chancelier Leo Von Caprivi. De nombreux Allemands le dépeignent comme un faible maladroit, mais je rejoins votre correspondant en ce sens qu’il lui manquait une chose cruciale pour gouverner : des soutiens politiques. Puisque vous voulez que je parle objectivement, soit. Von Caprivi aurait pu être un contrepoids efficace à la volonté autocratique du Kaiser, s’il avait pu s’appuyer sur des alliés. Enfin, aussi efficace que faire se pouvait avec Guillaume II. Il souhaitait plus voir l’Allemagne comme une grande puissance Européenne que mondiale, notamment par le fait qu’elle ne pourrait, à cette époque, défendre de nombreuses colonies.
Et pour sa politique extérieure, toutefois, je suis en désaccord avec cet historien. Il a malheureusement rejoint la thèse selon laquelle Von Caprivi serait responsable de l’encerclement de l’Allemagne, ayant obligé notre pays à mener une guerre sur deux fronts durant la Première Guerre Mondiale. Et je puis le prouver : les relations germano-russes ont commencé à se dégrader dans les dernières années de Von Bismarck, dégradation causé par les sévères taxes d’importation de céréales Russes. De plus, beaucoup de Russes souhaitaient une alliance avec la France ; aussi, reconduire le contrat de réassurance entre le Reich et la Russie n’aurait pas empêché cette séparation diplomatique entre nos deux pays. Aussi, considérer Von Caprivi comme un des responsables de la défaite Allemande de 1918 n’a aucun sens. »



Diederich feuilleta une dernière fois le dossier avant de le reposer sur le bureau, l'air pensif.


« Je suis navré, je n’ai point conté de cette manière sensuelle dont vous me parliez, mais j’ose espérer que vous n’aurez point matière à vous plaindre quant aux vérités historiques, dit-il en souriant. »

Mer 17 Fév - 12:32
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Moïra Ní Éireann
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Moïra Ní Éireann
Imperturbable, et sans porter la moindre attention aux possibles rictus que pouvait avoir son interlocuteur, Mórrígan exprima son mécontentement en attendant une réponse qui lui conviendrait mieux que le récit partial auquel elle avait eu droit quelques instants plus tôt. Oh, il n’avait été dénué d’intérêt, loin de là, c’avait été un conte relaté avec passion et savoir-faire, agréable à l’oreille. Le narrateur avait une voix plaisante et chaleureuse, mais la vérité historique attendue ne s’y trouvait pas, or c’était principalement le but de leur rencontre. Peut-être saurait-il mieux coller à la réalité factuelle s’il avait un point d’appui, quelque chose qui lui fournisse une base car l’Histoire était un bien vaste sujet. Heureusement pour lui, la directrice avait conservé chaque document pouvant amener à une piste présentant un minimum d’intérêt pour son musée, quand bien même n’en avait-elle pas rouvert certains depuis plusieurs années par manque de nouvelles informations. L’un de ces dossiers devrait cependant pouvoir lui servir, bien que cela faisait plusieurs années qu’il avait élu domicile dans l’armoire à archives… Lui laissant le temps d’en prendre connaissance, elle attendit calmement qu’il étudie les détails, déchiffre la fine écriture et mette de l’ordre dans ses pensées avant de l’écouter avec attention, coudes posés sur le bureau et menton appuyé sur ses mains jointes. Finalement, lorsqu’il eut terminé son exposé, elle demeura un instant de marbre avant qu’une lueur d’approbation n’étincelle brièvement dans ses yeux. Voilà qui la satisfaisait davantage. Redressant la tête, elle prit enfin le temps de lui répondre.

-Idir*, votre petit récit m’a fort satisfait. Je ne connais toutefois pas assez bien l’histoire germanique pour me prononcer sur de tels détails, ainsi que vous l’avez fait. Je suis cependant fort aise de constater que vos connaissances sont si poussées. J’aimerais d’ailleurs pouvoir entrer en contact avec un historien fiable, professionnel et ayant du temps à m’accorder pour semblables échanges, peut-être pourriez-vous me donner le nom de l’un d’entre eux, vous qui semblez porter tant d’attention au respect de la présence de votre peuple dans ce musée ?

Elle eut un sourire froid, pur masque facial. Quoi que l’Histoire et le sujet lui plaisent, elle n’avait pas pour autant oublié que la présence de l’étranger signifiait, de façon plus ou moins explicite, qu’il critiquait son œuvre. Et puisqu’il se plaignait, à lui aussi de trouver comment améliorer au maximum, y compris en lui offrant des contacts intéressants et utiles pour développer ce dont il déplorait l’absence.

-Peut-être même un membre de votre famille... à moins que vous ne préfériez conserver l’anonymat plus longtemps, monsieur… ?

Une façon comme une autre de lui rappeler qu’avant même de venir se plaindre, il aurait dû se présenter ainsi que le voulaient les règles de la bienséance. Et s’ils avaient passé outre jusqu’à présent, Moïra désirait à présent savoir à qui elle avait réellement affaire, et d’autant plus s’il la mettait effectivement en contact avec des allemands. Peuple qu’elle considérait déjà peu digne de confiance, l’étranger n’aurait sans doute pas souhaité que ce peu d’estime devienne totalement inexistant.
Bien vite toutefois, elle repartie comme si de rien n’était sur un sujet plus léger, se penchant en avant pour servir délicatement deux tasses d’un thé qui commençait à fleurer bon les herbes aromatiques. Le dosage de cette boisson était tout un art, car les mélanges de plantes séchées qu’elle achetait donnaient rapidement un goût prononcé à l’eau brûlante. Et un thé trop fort n’était jamais très agréable. Poussant le plateau de sucre, crème et autres accompagnements devant lui, elle reprit donc tranquillement, sans lui avoir laissé suffisamment de temps pour se présenter et s’excuser. Il le ferait en même temps qu’il répondrait à sa question.

-Votre manière de relater est fort agréable, et je reconnais volontiers avoir pris à vous écouter. Que diriez-vous de me parler davantage de l’histoire de votre famille le temps de prendre le thé ? Si j’en crois votre façon de narrer et votre… enthousiasme à me parler de l’Allemagne, vos racines sont profondément ancrées dans ce pays.

Laissant la fumée de sa tasse former de délicates volutes au-dessus de sa boisson, la rousse attrapa un biscuit sec qu’elle porta à ses lèvres en reculant son fauteuil pour s’installer confortablement. Il n’était certes pas même midi, mais il était toujours appréciable d’avoir de quoi grignoter tout en conversant. Ce d’autant plus que ces gâteaux maisons, quoi qu’elle n’en fut pas à l’origine, étaient d’excellente qualité.


*"Du tout", en gaélique

Mar 1 Mar - 22:54
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Diederich Von Schwarzwald
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Diederich Von Schwarzwald
Diederich n’avait visiblement pas mécontenté son hôte, cette fois-ci. Malgré que la jeune femme en soit satisfaite, l’Allemand, lui, était déçu. Il comprenait que les historiens cherchent juste les faits, mais cette obsession les faisait passer parfois à côté de nombreuses choses importantes, et les conduisaient parfois à juger durement une population, ou un homme politique, sans prendre en compte la totalité des émotions de l’époque. Le pire étant qu’ils faisaient cela sous le couvert de l’impartialité, laquelle était extrêmement subjective, l’histoire n’étant jamais écrite par ceux qui connaissaient la défaite. Oh, bien sûr, si l’Allemagne avait gagné, Diederich ne doutait pas que le Doktor Goebbels aurait réécrit les faits, mais bon… Tout cela pour dire que parler "froidement" de l’Histoire était une hérésie.

L’un de ses cousins était un passionné d’Histoire, mais ne possédait pas de diplôme adéquat, malgré ses connaissances. Toutefois, il pouvait en effet lui donner son nom, et la Conservatrice n’aurait plus qu’à s’entretenir avec lui. Sa famille fréquentant les hauts cercles de la société, il n’était pas impossible qu’Heiko connaisse un historien proprement dit. Dans le pire des cas, il pourrait entrer en relation avec les plus éminents d’Allemagne. Malgré leur émigration au Royaume-Uni, le nom de Von Schwarzwald gardait un certain prestige dans leur pays d’origine.

Son nom… Par Njörd ! Diederich avait contrevenu à la plus élémentaire des règles de politesse en oubliant de se présenter. Malheur, elle devait certainement le prendre comme un Germain mal dégrossi, à présent. Il était étonné qu’elle ne l’ait pas mis à la porte. La jeune femme avait fait preuve d’une extrême courtoisie. Mais alors qu’il allait remédier à cet état de fait tout en présentant des excuses, son interlocutrice reprit la parole, tout en poussant un plateau garni devant lui. Un léger sourire flotta sur ses lèvres. Parler des Von Schwarzwald était un exercice difficile, tant leur histoire était mêlée de magie et d’apparente normalité. Parler d’une façade sans mentionner l’autre était un gâchis, mais les exigences du Secret étaient impératives.




« Je vous prie de me pardonner, Fräulein Konservatorin, pour mon terrible oubli. Je me nomme Diederich Von Schwarzwald, Inspecteur du Metropolitan Police Service, détachement de Last End. Puis-je avoir l’outrecuidance de vous demander votre nom, Fräulein ? »


Saisissant un sucre qu’il fit glisser dans sa tasse, Diederich prit cette dernière et entreprit de mélanger le breuvage, se donnant ainsi le temps de réfléchir à comment présenter sa famille. Malgré leur discrétion, la demeure familiale se situant dans un domaine à l’extérieur de la ville, il était possible qu’elle ait entendu parler d’eux. Restait à savoir si elle partageait les préjugés répandus parmi les simples humains, et même parmi certains êtres magiques, à l’encontre des siens se souciant de qui vivant dans leur ville.


« Je crains que nous n’ayons guère le temps de parler de ma famille ; notre histoire remonte à bien avant la chute de l’Empire Romain d’Occident. Mais comme vous l’avez deviné, nous sommes depuis toujours des Enfants de Germanie, dont la noblesse fut forgée par le feu et l’acier. De tout temps, la guerre fut le meilleur moyen de révéler des chefs naturels au sang puissant, ainsi que faire tomber ceux qui ne méritaient pas de diriger. Et tandis que de nobles maisons tombaient, que d’autres apparaissaient, les Von Schwarzwald continuaient d’exister, à travers tous les âges de la nation Allemande.
Cela dit, nous faillîmes disparaître, lors des Guerres Napoléoniennes. Ce Français était… Un très grand stratège, un génie militaire, et qui dirigeait une nation unie, tandis que le Saint Empire était… Eh bien… Entravé par les intérêts des différents Etats le composant.
Par la suite, nous recouvrâmes notre gloire et notre prestige, croissant de nouveau en influence, même durant la République de Weimar qui avait aboli la noblesse, encore que nous nous fîmes discret jusqu’à… Jusqu’au IIIème Reich. »



Volontairement, Diederich s’arrêta là. Il voulait voir la réaction de la jeune femme, voir si elle partageait la haine aveugle envers tout Allemand affilié de près ou de loin au régime nazi. Bien sûr, il avait de quoi justifier l’allégeance non seulement de sa famille, mais d’une grande partie du peuple au Reichskanzler ; toutefois, seuls ceux prêts à écouter pouvaient comprendre les raisons qui les avaient motivés.

Dim 6 Mar - 15:21
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Moïra Ní Éireann
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Moïra Ní Éireann
Lui pardonnerait-elle ? Peut-être. Quand ? Il verrait bien. Mórrígan n’aimait guère les offenses et si vivre parmi les humains lui avait enseigné davantage de patience qu’elle n’en avait eue à son origine, il n’en demeurait pas moins qu’elle exigeait le respect qui lui était dû. Malheureusement, nombreux étaient ceux qui n’avaient que les plaintes à la bouche et qui, faisant fi de la plus stricte courtoisie, venaient clamer leurs revendications crânement. Pourtant, décliner son nom pour qui venait d’interpeller l’autre était une norme de la société qui se retrouvait dans nombre de civilisations occidentales. Ces germains… Ils n’avaient vraiment rien de raffiné, ou cet individu était-il particulièrement peu sophistiqué ? Retenant le soupir qui lui venait aux lèvres alors qu’il s’excusait, elle eut un léger geste de la main comme pour balayer ses repentirs. Ils ne changeaient pas grand-chose à la situation, et elle n’allait pas le mordre maintenant. Encore que…

- Inspecteur ? Je suppose donc que vous avez davantage l’habitude de poser les questions que de vous y soumettre, ceci explique peut-être cela.

Portant délicatement sa tasse à ses lèvres, la jeune femme le fixa en silence, le rejaugeant rapidement. Un policier, donc… Un soldat, en un sens, s’il avait l’habitude de braver le danger pour son pays, bien que ce ne fusse pas réellement un combat ; du moins aurait-elle pu songer à cela s’il n’avait eu ce grade d’inspecteur. Il n’était donc rien d’autre qu’un curieux fouineur.

- Et si je vous répondais que non, vous ne le pouvez pas ? Elle attendit quelques secondes avant qu’une lueur amusée ne flotte dans ses yeux. Mais allez-y. Et je vous réponds même avant que vous ne posiez la question. On m’appelle Moïra Ní Éireann, je suis la créatrice et directrice de ce musée.

Nouvelle gorgée, et elle croqua dans un gâteau, époussetant négligemment les miettes qui retombaient sur le bureau, avant de hausser un sourcil en voyant que la suite du récit ne venait pas. Eh bien, qu’attendait-il ?

- Etes-vous scénariste ou écrivain ? Vous semblez aimer les fins à suspens, vous pourriez peut-être avoir du succès dans l’un de ces domaines… Déformation professionnelle de celui qui aime les énigmes ?

Visage impassible, elle attendait tranquillement la suite. La deuxième guerre mondiale, quoi qu’elle n’était pas à proprement parler réellement mondiale, était un sujet tout à fait fascinant, comme tout conflit finalement, pour la déesse qu’elle était ; la complexité du conflit suffisait elle-même d’ailleurs à justifier l’attraction, parfois considérée comme morbide, envers ces combats et tout ce qui les entourait de près ou de loin. En tant qu’historienne, elle souhaitait simplement la suite du récit pour mieux comprendre et analyser cet homme devant elle, se rapprocher de l’opinion d’une famille qui de toute évidence avait une certaine influence dans son pays, étudier leur raisonnement au travers de leur histoire ou du moins ce qu’elle en avait. Et en tant qu’auditoire, elle désirait l’épilogue comme un enfant aimerait savoir ce qu’il advenait à la fin de l’histoire, alors que le conte s’achevait. Pourtant, il semblait encore attendre… mais quoi ? Avait-il peur de ce qu’elle pourrait penser ? Désirait-il donc être rassuré ? C’était fort possible, après tout les humains étaient de plus en plus faibles, de plus en plus dépendants de l’avis des autres ; quoi qu’ils aient toujours été ainsi. Bien, alors, elle tacherait de le rassurer.

-Si vous avez honte de votre famille, alors il était inutile de commencer à m’en parler, mais ce n’est pas le taire qui changera son passé. Si ce n’est pas le cas, parlez sans crainte. Toute guerre a ses vainqueurs, mais n’a pu se passer de perdants. Que les vôtres aient fait partis de la politique d’Hitler ne serait une surprise tout à fait inattendue, je crois savoir que nombre d’allemands l’approuvaient. A présent, accepteriez-vous de reprendre votre récit ? Moïra pencha légèrement la tête, un indicible sourire aux lèvres et une mèche de cheveux roux effleurant délicatement sa joue pâle : Ne vous a-t-on pas appris qu’il ne faut jamais faire attendre une historienne ?

Jeu 17 Mar - 22:40
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Diederich Von Schwarzwald
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Diederich Von Schwarzwald
Juste avant que les yeux de la jeune femme ne s’éclairent légèrement d’amusement, mille et une pensées traversèrent l’esprit de Diederich. Si elle ne voulait pas se présenter, elle ne ferait montre que de susceptibilité par rapport à la faute de l’Allemand de ne pas s’être présenté au début de leur rencontre. Ou bien alors ne serait-ce que la preuve d’un orgueil et d’une fierté démesurés ? Mais il semblait qu’elle plaisantait, autant que cela se pouvait, et que sa réponse n’était qu’un effet de style. Son nom reflétait clairement ses origines Irlandaises, autant que le sien ses origines Allemandes.


« En ce cas, je suis honoré de vous connaître, Fräulein, dit-il en inclinant galamment la tête. »


Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres en écoutant la conservatrice faire preuve d’impatience. Il n’avait jamais pensé à ces carrières possibles, mais il n’y aurait de toute manière jamais rencontré le succès. Son sang Germain le rendait par trop rigide pour cela. Il ne répondit toutefois guère à son interlocutrice, se contentant de laisser passer encore quelques secondes avant d’entamer son récit. Tout en parlant, il ne la quittait pas des yeux, examinant sa physionomie, l’expression de son visage, en quête du moindre indice permettant de traduire ses pensées. Pour le coup, en effet, il s’agissait de déformation professionnelle, car il se livrait à un exercice identique lorsqu’il interrogeait un suspect. Le moindre battement de paupière, la moindre crispation de muscle pouvait indiquer quelque chose d’important. Il continua jusqu’après s’être arrêté brusquement. Bien que se méprenant sur la raison de cette coupure brutale, Moïra lui répondit d’une manière qu’il estima satisfaisante. Elle n’était pas de ces imbéciles à la haine aveugle.


« Je vous en prie, n’y voyez-là point de honte envers les miens. Bien au contraire, je suis fier de mon sang et de mes ascendances. Mais je voulais simplement m’assurer que vous étiez une historienne digne de ce nom, n’affichant pas son parti pris à la simple mention d’Hitler, du IIIème Reich, et de tout sujet les concernant. Regardez le Mossad, qui continue de traquer les anciens officiers et dignitaires du régime national-socialiste ; même ici, au Royaume-Uni, nombreux sont ceux qui souhaiteraient voir les miens périr s’ils apprenaient notre ancienne allégeance. Certes, le Reich n’a pas montré autant de respect pour la vie humaine que les pays de l’Ouest, mais est-ce une raison pour généraliser ses actions à toute la population Allemande de l’époque, et aussi de maintenant ? Assurément pas, tout comme nul ne tient plus rigueur aux nations Antiques de leurs exactions.
Puis, souriant d’un air qui aurait été charmeur, s’il n’avait été démenti par l’habituelle expression glaciale de ses yeux, il reprit : Quant à vous faire attendre… L’attente n’augmente-t-elle pas votre désir d’en savoir plus ? »



Diederich resta ainsi silencieux le temps de prendre une gorgée de thé et de la savourer, puis reposa sa tasse avant de reprendre son récit là où il l’avait arrêté. Après tout, il ne serait pas très correct d’abuser outrageusement de la patience de son hôte.


« L’ère du IIIème Reich, donc. Imaginez : un peuple vaincu, appauvri, humilié depuis presque deux décennies, soudain confronté à la vision d’un avenir radieux, au sein d’une glorieuse et puissante nation. La Grande, l’Eternelle Allemagne ressuscitée. Tous, nobles comme roturiers – si vous me passez l’expression – se relevèrent derrière un seul homme. Les industries Allemandes retrouvaient leur importance, tandis que la misère refluait jusqu’à ne plus devenir qu’un lointain souvenir.
Bien entendu, ma famille fut du nombre, et nos membres occupèrent de hautes fonctions dans de nombreuses institutions du pays. Ce qui nous lia au régime national-socialiste d’une manière forte. Nous ne participâmes point activement à l’extermination du peuple Juif, mais nous avions connaissance de ce vaste projet, ce qui, j’imagine, nous rend d’une certaine manière coupable de ce crime, j’en conviens.
C’est pour cette raison qu’à la fin de la guerre, nous quittâmes l’Allemagne. Rester là-bas aurait signifié la fin de la famille Von Schwarzwald, comme ce fut le cas de nombreuses autres. Le Royaume-Uni fut assez bon pour nous accueillir ; aussi sommes-nous aujourd’hui des sujets de Sa Majesté la Reine Elisabeth II. »



Se passant la main sur la barbe, Diederich regarda longuement et silencieusement la conservatrice, avant d’ajouter :


« Je vous saurai toutefois gré de bien vouloir garder tout ceci pour vous. Certains faits ne sont pas bons à être répandus à la manière du pollen. »

Mar 29 Mar - 18:36
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Moïra Ní Éireann
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Moïra Ní Éireann
Honoré de la rencontrer et de connaitre enfin son nom, du moins celui sous lequel elle se présentait ? Mais elle n’en attendait pas moins. Ce qui ne changeait rien à l’impolitesse dont il avait fait preuve en mettant tant de temps à décliner son identité alors même qu’il était venu de son propre chef se plaindre du musée et du contenu de ce dernier. Laissant passer cette réponse courtoise bien que tardive sans sourciller, Moïra préféra se concentrer sur le véritable sujet de leur conversation : l’Histoire. Et en plus particulièrement celle de la famille de son interlocuteur.

-Avoir honte de ses ancêtres n’est guère une bonne chose même lorsque leur histoire est considérée comme méprisable par les descendants ; en être fier alors même que nombre d’horreurs furent commises n’est probablement pas davantage intelligent. Mais… elle laissa planer le suspens un instant avant de conclure, fixant son regard sur un gâteau levé à hauteur de ses yeux : je reconnais volontiers que cela m’est égal, si ce n’est que cela m’offre une nouvelle vision de celle section de l’Histoire allemande ayant pourtant touché de nombreux autres pays.

Calme comme toujours, elle croqua avec indifférence le biscuit coupable de délit de racolage buccal. Le dénommé Diederich semblait modifier son comportement selon l’opinion de son interlocuteur, n’était-ce qu’une impression ou bien avait-elle raison sur ce point ? Il refusait d’abord de parler pour finalement se glorifier  de ce qu’il avait si bien tut plus tôt.

-L’attente ne l’augmente que lorsqu’elle prête à être reçue par la partie adverse ; frustration engendre colère et déception à moins d’être rapidement comblée. N’avez-vous donc jamais ressenti pareille émotion ?

La joue appuyée sur la main, paupières légèrement baissée, elle fit délicatement tourner sa cuillère dans sa tasse de thé avant de se reprendre pour davantage de sérieux. Elle avait face à elle le descendant d’une famille ayant participé à ce qui était aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands massacres de l’Histoire de l’humanité. C’était tout à fait fascinant. Mais aussi intéressante soit cette morbide période, elle ne souhaitait pas l’intégrer à son musée. Celles qui étaient nommées comme les guerres mondiales avaient contribué à de grandes évolutions, bonnes ou mauvaises, aussi sociales que scientifiques ou de l’ingénierie. Mais il s’agissait de sujets trop précis pour qu’elle les aborde en ce lieu, d’autant qu’elle n’en avait guère la place. Oui, peut-être les développerait-elle davantage si elle venait à évoquer la culture germanique, mais rien n’était moins sûr. Tout ceci n’était encore qu’une vague idée qu’elle devrait retravailler. Sa discussion actuelle avec l’allemand qui lui faisait face tenait plus de la curiosité historique que d’un véritable besoin pour son travail en ces lieux.

-La guerre est le meilleur remède à bien des difficultés, qu’elles soient tensions politiques ou famines nationales. Elle n’est crainte que parce que les morts sont en plus grand nombre en un laps de temps très court et que nombreux craignent de se voir publiquement reconnus comme vaincus. Mais ceux-ci oublient les nombreux remèdes qu’elle apporte à bien de maux. Ne serait-ce que mettre en lumière les plus grandes forces de certains. Sans doute était-ce pour cela que les responsables n’en sont que peu affectés par la suite ; mais pourquoi le seraient-ils quand, génies intellectuels, ils peuvent être d’une grande aide à d’autres Etats plus puissants ? Probablement est-ce pour cela que Sassan* vous a accueilli… Officieusement, je suppose ?

Un peuple qui se pensait si supérieur en tout point aux autres n’avait probablement pas accepté publiquement des proches de l’un de leurs derniers ennemis. Pourtant il était certain que refuser d’en faire ses propres citoyens aurait pu être une erreur stratégique. Les humains voulaient toujours présenter leur réputation tout en y gagnant le plus possible, mais parfois, il était difficile de concilier le tout… Qu’ils étaient faibles, de ne pas admettre simplement ce qu’il était, de craindre et haïr le passé quand c’était ce dernier qui les avait fait devenir ce qu’il était, que ce soit bon ou mauvais.

-Aye, je demeurerais donc la seule dont la connaissance du monde fut fécondée par le pollen de votre histoire familiale. Mais en échange… Elle fit glisser un bloc note et un stylo jusqu’à lui, la voix plus mielleuse : que diriez-vous de m’indiquer comment contacter historien germanique qui m’accompagne dans ma quête des découvertes ?


*l'Angleterre

Jeu 7 Avr - 22:17
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Diederich Von Schwarzwald
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Diederich Von Schwarzwald
Fierté ? Honte ? Qu’éprouvait-il exactement à l’égard du passé de sa famille ? Il était bien difficile de donner une réponse claire et précise. Ses sentiments étaient un subtil mélange, à l’instar de la fragile alchimie du parfumeur concoctant la plus précieuse de ses mixtures. Il est de certaines périodes où les actions commises l’étaient pour le plus grand bien d’un peuple, quitte pour cela à causer la souffrance d’un autre. Il aurait certes pu y avoir d’autres moyens de rendre à l’Allemagne sa grandeur et sa pureté d’antan, mais c’était celui que les Allemands avaient choisi à l’époque. Non, on ne pouvait être entièrement fier de tout ce passé. Mais on n’avait pour autant guère plus le droit d’y tourner le dos, feignant d’ignorer ce qu’il s’était passé. Cela dit, de mauvais actes n’effaçaient pas les bons, et vice-versa. Quelques taches d’encre, aussi tenaces soient-elles, sur la longue histoire de la Sainte Allemagne et des Von Schwarzwald n’ôtaient rien à leur rayonnement passé et présent.

Diederich eut un sourire en l’entendant parler de frustration. Oui, bien sûr, jouer avec l’attente nécessitait beaucoup de doigté, afin de ne pas ennuyer l’autre. Tout l’art était dans le fait de le mener juste à la limite, le moment où le désir allait s’émousser et se transformer en ressentiment, et de s’arrêter à cet instant. Mais l’enquêteur avait comme l’impression que ladite limite n’était pas très éloignée chez cette femme. Typique chez les gens occupant une haute position dans l’échelle sociale.



« Vous me voyez navré de vous frustrer ainsi. J’apprécie beaucoup d’avancer lentement jusqu’à arriver au dénouement. Une déformation professionnelle, sans doute. Toutefois, prenez garde. Comme le disait Maître Yoda, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. »


Cela dit, Diederich entama son récit, s’arrêtant de temps à autre pour avaler une gorgée de ce délicieux thé, regrettant de ne pouvoir siroter un verre de whisky, mais il aurait été inconvenant d’en demander. Lorsqu’il eût terminé, il laissa le temps à son interlocutrice de digérer ces informations, puis écouta ce qu’elle répondit. La guerre… il pouvait être choquant de le dire ainsi, mais en effet, elle était bénéfique. Régulation démographique, relance économique, recherches scientifiques accélérées permettant des bonds technologiques, …

L’Allemand haussa un sourcil interrogateur à la mention de "Sassan", mais le baissa rapidement. A sa manière de le dire, ce mot inconnu devait signifier le Royaume-Uni, ou quelque chose dans ce genre-là. Bref, désigner la nation qui les avait accueillis. Néanmoins, il ne pouvait lui révéler la vérité, car celle-ci impliquait de se présenter comme descendant d’une famille de sorciers, pour la moindre des révélations. Seule l’influence des Earl leur avait permis de s’exiler ici, en remerciement de d’avoir gardé Last End à l’écart de la Bataille d’Angleterre, ainsi qu’en échange d’un serment de vassalité, entre autres.



« Ma famille ne comptait pas de scientifiques, mais nous avons permis à l’Angleterre d’en récupérer un certain nombres à la fin de la guerre, coupant l’herbe sous le pied aux Soviétiques. Cela, ainsi que de l’or, monnaie universelle, ont conduit Sa Gracieuse Majesté le Roi George VI à nous accorder l’asile politique. De manière très officieuse, en effet. »


Jetant un œil sur le carnet et le stylo que la Conservatrice avait poussé vers lui, Diederich secoua négativement la tête et tira une carte de visite d’une poche intérieure de sa veste. Celle-ci était marquée "Comte Diederich Von Schwarzwald", avec en dessous une adresse et un numéro de téléphone. Sa famille était encore très bien introduite en Allemagne, de par la présence de branches secondaires qui étaient retournées s’y installer.


« Appelez-moi dans une semaine, je vous prie, Fräulein. A ce moment, je serai en mesure de vous mettre en relation avec d’éminents historiens du continent. Déposant la carte devant elle, l’Inspecteur se leva. Il est temps que je prenne congé, j’ai déjà bien assez abusé de votre temps. Auf wiedersehen, gente demoiselle. »


Concluant par une légère inclination du torse, l’homme se dirigea vers la porte.

Sam 11 Juin - 14:03
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