Erreurs de jeunesse | Terminé

Elle remua le nez plusieurs fois, fronçant les sourcils sans pouvoir décrisper le visage. Insupportable, cela n’en valait peut-être pas la peine finalement, mais la curiosité était un sentiment encore plus rongeant, alors qu’elle était entrée, il ne lui restait pas tellement avant d’être satisfaite. Le pire était probablement devant elle, l’odeur resterait certainement sur la jeune fille et un bain parfumé n’en viendrais probablement même pas à bout. Elle tenta de se boucher le nez, ne remarquant même pas tout ce qui pouvait envahir sa tête visuellement tellement elle était assiégée par les odeurs. Prendre une respiration pour se calmer n’était pas non plus une solution, alors quoi? S’y faire et tenter d’oublier à quel point c’était dérangeant…Meade secouait la tête, ouvrant les yeux en avançant un peu plus.

Des créatures, dans des cages…c’était triste mais, probablement pour le mieux. La jeune fille n’avait pas vraiment envie de savoir ce qui se passerait s’ils devaient être libérés. Toutes les couleurs, les symboles et les objets, tout était hétéroclite en ce lieu. La petite louve avait du mal à y trouver de la beauté, contrairement à ce qui lui venait en tête lorsqu’elle voyait les décors où l’on savait qu’il y avait des sorciers ou au moins de la magie.

Sa grimace imprimée au visage, Meade se pencha, se retrouvant en petit bonhomme, pour mieux observer au travers des barreaux de fers…peut-être d’acier, elle se ravisa rapidement, reculant le visage à la vue de la gesticulation de la bête. Ça n’avait rien de mignon ou de rassurant. Cet endroit avait la particularité de solliciter tous les sens et de ne donner repos à aucun, si ce n’était le goût. Et encore, la jeune femme ne serait pas surprise de retrouver des dégustations auxquelles elle ne s’adonnerait pour rien au monde. La petite louve avait du mal à se retrouver entre les clients bruyant et se fit rapidement toute petite, espérant voir les choses se calmer. Espoir vain, elle devait retrouver son chemin et rejoindre la boutique dont on lui avait parlé et sortir d’ici le plus rapidement possible.

Une clochette retentit, la petite louve laissa la porte se refermer d’elle-même en la lâchant. Elle souffla un peu, le son s’atténuant légèrement lorsque la porte se referma, mais pouvait encore entendre les nombreuse voix, cris et bruits non identifiés. ''Bonjour’’ prononça-t-elle timidement en voyant la personne tenant visiblement le magasin. Elle aurait voulu lui dire simplement, mais elle n’assumait juste pas l’expérience qu’elle voulait faire…Ou peut-être pas en fait. La petite louve avait apporté un peu d’argent, mais elle n’avait réellement aucune idée du prix qu’une âme pouvait bien coûter. ''J’ai entendu parler du marché des âmes…J’étais curieuse…Et comme de fait je n’y connais pas grand-chose…’’

La boutique bourdonnait agréablement, d'une activité acceptable. Le début de Janvier n'était guère propice aux achats, comme dans le monde des humains normaux, ce qui signifiait que le manque d'entrain de son taux de rotation n'était pas très inquiétant. Non vraiment, tout allait pour le mieux en l'instant, ce qui lui permettait à lui, gérant des Merveilles de Leng, de céder à un autre impératif que le commerce familiale, celui des études. Les examens approchaient, et il lui fallait réviser s'il ne voulait pas se planter joyeusement et devoir rattraper les pots cassés au second semestre. Vendre des âmes s'était bien beau, mais il n'avait pas forcément envie de faire ça toute son existence, ou alors pas uniquement. Sauf que pour se trouver un métier dans le monde de l'endroit, il fallait être sérieux et prendre de son temps pour étudier. Dans son cas, c'était d'autant plus difficile que tenir la boutique n'était pas la seule obligation qu'il avait… son imagination fertile avait souvent besoin de s'exprimer, souvent en des œuvres sans le moindre sens, et qu'il ne pouvait donc pas exploiter. Qu'importait en soi, il ne désirait pas les exploiter comme moyen de vivre, l'ayant déjà fait une fois…. Mais tout de même, ça comptait ! Fort heureusement la journée semblait propice à son élan studieux, aussi pouvait-il souffler en s'occupant du dimensionnement de ses plans. Une partie de son semestre serait validé avec la soutenance d'un plan complet de construction, il se devait donc d'y penser et de le réaliser au mieux… cela signifiait entre autre ne pas avoir de bave de gobelin sur ses brouillons, et encore moins sur les plans définitifs.

Armé d'une calculette, crayon à papier entre les dents, il se tenait au comptoir, le nez penché sur sa feuille, les cheveux relevés en un presque palmier qui lui donnait une allure étrange d'après certains de ses clients. Les plus humains, il fallait préciser, puisque les trolls n'en avaient rien à faire. Par instant, son regard remontait, soit pour surveiller les visiteurs de sa boutique et ses vendeurs, soit pour observer pensivement le flot bigarré et biscornu à l'extérieur des vitrines enfumées. Le bruit ne le dérangeait pas du tout, en revanche, il préférait ne pas quitter les lieux au cas où un gros client se présenterait sans avoir prévenu. Son haut tabouret le faisait se percher près des bocaux de décorations, emplis d'une ribambelles de lueurs et de morceaux de choses diverses. Certaines plaisaient particulièrement à sa bague poulpe qui agitait par instant ses tentacules… Elle lui manquait celle-là, quand il devait aller en cours. Crayonnant sans hâte, il passa un long moment plongé dans ses calcules avant que le tintement de la clochette ne vienne le tirer de ses pensées. Relevant les yeux, il s'apprêta à lancer un bonjour troll lorsqu'il aperçu la silhouette gracile qui venait d'entrer. Allons bon ! Qu'est-ce que c'était que ça exactement ? Il cligna des yeux, surpris, et la regarda approcher jusqu'à lui sans faire un geste. Ben alors qu'est-ce que c'était que ça ? Une humaine ici ? Ne sorcière ? Un regard en coin à son veilleur lui indiqua qu'elle n'était pas une menace immédiate en tout cas, donc pas un démon… ouf. Les démons étaient de bons clients mais ils le gonflait souvent atrocement avec leurs manières.

Lui dédia un sourire, il posa son crayon, mit un bras sur le comptoir de bois et l'écouta. Une sourire qui s'agrandit sensiblement… une nouvelle cliente ? Chouette alors ! « Pas de soucis, je vais vous guider » Il descendit de son perchoir et contourna le long meuble de bois jusqu'à un portique qu'il ouvrit pour passer côté client. Lui faisant signe de le rejoindre près d'une étagère contenant des âmes pour débutants, il fit de la place, poussant un troll dont le séant protubérant dépassait un peu de l'alcôve proche. « Vous avez des questions précises, ou voulez-vous que je vous explique comment cela fonctionne avant ? » La jaugeant sans critique, il ajouta en montrant les objets de verre qui se trouvaient derrière lui : « Ce sont des âmes pour débutants, pour une première utilisation. Vu que c'est votre première visite et à moins que vous ne m'annonciez être une déesse ou un ange, c'est parmi celles-ci que l'on trouvera votre bonheur. Une fois votre curiosité satisfaite évidemment et si vous voulez toujours acheter. Mais ne partons pas perdant, hein ? » Tranquille, il fit un geste pour un de ses employés, un gobelin rabougris qui lui amena une planche de bois, un stylo et une feuille de papier, qu'il prit. « Voilà… Nous adaptons nos services à chaque client, ce qui signifie que j'aurais besoin de quelques informations à votre propos pour vous proposer un produit adapté. J'espère que cela ne vous dérangera pas trop ? » Il n'allait pas essayer de rebuter une nouvelle cliente après tout, du moins pas avant d'en savoir davantage sur elle, ce ne serait pas professionnel. Et puis, il était toujours curieux de savoir ce qui amenait quelqu'un à passer la porte de son établissement…

« Dites moi, avant que je ne commence… comment avez-vous connu cet endroit ? Le bouche à oreille ? »

Il semblait bien occupé, à voir son visage, le vendeur devait être encore jeune et étudiant. La jeune fille songea qu’elle devrait peut-être elle aussi être plus sérieuse dans ses études, mais elle n’avait même pas choisi encore un cursus qui l’intéressait…Juste de quoi dire qu’elle faisait quelque chose de sa vie, le temps qu’elle trouve un domaine qui l’intéresse. Elle comprenait totalement le désintérêt envers sa coiffure, quand les travaux s’empilaient les uns par-dessus les autres, la dernière des priorités était un chignon parfait, mais elle ne pouvait s’empêcher un sourire un peu rieur qui tentait d’être discret.

La jeune fille réagit un peu bêtement, si elle n’avait pas trop su quoi se faire comme attentes, elle ne s’était probablement pas imaginé un sourire et ''pas de soucis’’. Les gens n’étaient pas toujours courtois, même lorsqu’il s’agissait de service à la clientèle et probablement pas dans un domaine comme un marché d’âme. Meade avait peut-être trop tendance à toujours s’imaginer le grand méchant loup. Les gens malveillants pouvaient pourtant prendre des apparences innocentes…Elle était aussi la preuve qu’une petite chose au regard candide pouvait déchirer la chair, les muscles et briser les os. La politesse d’Isha sembla rassurer la jeune fille qui prit des airs un peu moins renfermés. ''Je pense que mes questions sont assez générales… Comment les utiliser, leur effets, leur prix.''

Elle secoua silencieusement la tête lorsque le marchand parla d’ange, de déesse, en souriant poliment. Sans s’énerver, elle ne faisait que lui indiquer que ce n’était pas le cas. La réaction fût presque instantanée, ça sonnait un peu intense, la petite louve n’était juste pas habituée d’en côtoyer…Elle en avait probablement déjà croisés, sans le savoir. ''Je ne suis pas une déesse, ni un ange, je suis un loup garou. '' Quelle espèce d’étrangeté de pouvoir dire ça à voix haute, dans un endroit public. Elle en payait de l’odeur insupportable, alors pourquoi se gêner. Elle sourit à nouveau en guise de réponse, ça ne lui dérangeait pas tellement qu’un commerçant ait des informations basiques sur elle. Que pouvait-il bien arriver de mal de toutes manières? ''Oui, il y avait un ami de mon père qui disait être venu ici. '' C’était plus ce qu’on pouvait appeler du j’écoute aux portes que du bouche à oreilles, mais on ne pouvait pas vraiment la blâmer pour ce qu’elle avait entendu. Et si c’était si confidentiel que ça, il n’avait qu’à pas ouvrir sa grande trappe ou à mentionner que c’était un secret. Ce qu’elle ne disait pas, c’est qu’elle n’avait pas pu entendre tout ce qu’il avait dit au risque de se faire prendre. Ce n’était pas très grave, mais ça ne paraissait pas bien. ''Il n’en as pas dit beaucoup, j’ai cherché l’endroit avec ce que j’avais. ''

Il annota sa page blanche avec un hochement de tête, l'écriture sans doute illisible pour quelqu'un d'autre que lui-même. Ce n'était pas très grave de toute façon, ses employés ne lisaient pas, et il retaperait tout ça à l'ordinateur pour créer sa fiche client lorsqu'il l'enverrait à son père pour la mise à jour mensuelle. L'activité britannique locale était encore nouvellement formée, pendant toute la durée de la première année il devrait suivre et envoyer des rapports tous les mois en Amérique, après quoi, si tout allait bien, ils pourraient repasser à un rythme trimestriel, plus léger et donc moins ennuyant à tenir. Mais même si c'était ennuyant, il fallait bien s'y plier et ne pas faire la fine bouche. « Hm hm... » Il releva un instant les yeux, amusé, puis reprit et termina sa note, son sourire toujours bien présent « Je m'excuse d'avance si je parais un peu bizarre. C'est juste que l'on ne reçoit pas souvent de loup-garous, à croire qu'ils nous boudent un peu » ça n'avait pas vraiment l'air de l'affecter, cependant et pour cause, ça arrivait et ce n'était pas très surprenant, leur clientèle en Amérique était plutôt constituée de démons, de dieux et de trolls. Mais elle était donc une cliente singulière, et c'était toujours bon d'en avoir. Cela diversifiait l'activité et forçait à bouleverser un peu les habitudes, ce qui était toujours nécessaire. Et elle venait par un ami. Un autre loup ? Il n'y en avait pas tant que cela alors il devait s'en rappeler si c'était cela. Mais bon, il n'allait pas non plus demander de précision pour l'instant car ça n'avait pas vraiment d'importance. Ce qui avait de l'importance, c'était elle et ce qu'elle attendait de son établissement. Le client est roi, et il faut bien faire attention à lui, le chouchouter, pour qu'il revienne plus facilement encore. « Bien, alors maintenant passons à votre recherche ! »

Gardant de quoi écrire sous la main il indiqua l'étagère pleine de bouteilles et d'objets derrière lui. « Vous voyez ces objets ? Il y a des âmes enfermées dedans. On les garde liées à des objets neutres pour qu'elles ne se délitent pas dans l'air en disparaissant. Les utiliser et assez simple, vous ouvrez le récipient et vous le verser dans votre bouche, comme si vous étiez entrain de boire un verre d'eau. L'âme passe en vous, dans votre corps, et ensuite, il vous suffit de la laisser se déliter en vous lentement. Du moins c'est ainsi que cela se fait pour les âmes que nous vendons dans l'optique d'un usage de confort et non d'utilité. Dans le cas d'une âme d'utilité, il faut apprendre un petit procédé psychique pour activer le pouvoir de l'âme en question lorsque vous voulez qu'elle vienne soutenir vos forces » Il s'arrêta, lui donnant du temps pour penser à ce qu'il était entrain de présenter. Puis, lorsqu'il estima pouvoir poursuivre un peu, il reprit : « En fonction du type d'âme que vous désirez, les effets seront différents, de même que les effets secondaires évidemment. Les âmes que l'on destine au confort vous procurent des effets comparable à une agréable chaleur, une sensation de légèreté, une bonne humeur exacerbée ou même de l'euphorie. Nous avons également des effets plus ciblés et précis, tels que des âmes destinées aux effets de rêves éveillés. Les âmes utilitaires, elles, permettent diverses augmentations physiques, des muscles, des sens ou des pouvoirs magiques, ou tout à la fois selon la qualité » A nouveau, il lui laissa un moment en attendant de voir si ses paroles étaient bien reçues. Il termina après un instant en ajoutant simplement : « Je peux détailler à partir de là si vous le voulez. Pour la question du prix, c'est assez simple, plus l'âme est puissante et raffinée, et plus elle est chère. Nous ne confions cependant pas d'âmes extrêmement raffinées aux débutants, car elles sont plus difficiles à manipuler et peu adaptées pour leur usage. Lorsque nos clients sont suffisamment habitués, nous montons en gamme, en accompagnant leurs consommations au mieux»

Se décalant un peu pour lui laisser la place de voir l'étagère et de se déplacer, il montra plusieurs bouteilles aux formes biscornues : « Pour un usage personnel sans but précis, je vous conseillerait plutôt une âme de confort de force moyenne. Elle vous permettra d'aborder la consommation d'âmes de façon simple et sans danger, avec plus d'avantages que d'inconvénients et à un prix abordable. Vous préféreriez une âme féminine, masculine ? Je crains de ne pas avoir de genre neutre en magasin pour le moment » Les âmes, même de qualité moyenne, étaient travaillées longtemps. A l'époque, le genre neutre n'existait pas encore vraiment et encore moins de façon officielle. Il lui faudrait encore une petite vingtaine d'années avant de pouvoir en ajouter à son catalogue. Mais ce n'était pas grave, ça faisait des opportunités de croissance à long terme. En attendant en tout cas, il vendait ce qu'il avait. Et justement, là, c'était le moment où il la fermait et attendait tranquillement qu'elle digère tout ça et que d'autres questions se forment. En règle général, il fallait un peu de temps à ses nouveaux clients pour se faire une idée, parfois plusieurs visites et ils discutaient énormément, ce qui ne l'ennuyait pas du tout. Il aimait bien voir les demandes de ses clients, il y en avait parfois de très drôles et c'était ses favorites. Il ne rechignait pas non plus aux demandes plus communes évidemment… mais chacun avait ses goûts après tout, et il préférait le décalé. Qu'est-ce qu'une jeune louve comme elle allait bien pouvoir lui demander d'extraordinaire ? Ah il était terriblement curieux, là tout de suite… mais qui pouvait le blâmer ?

Elle semblait se demander ce qui amusait le vendeur, sans paraitre offensée ou en colère, bien qu’il était difficile d’avoir l’air civilisé avec une odeur pareille de coincée au nez. Elle retint un rire en s’imaginant son frère entrer dans le marché des trolls et tenter de respirer, ça vaudrait peut-être la peine de l’emmener une fois…Mais il ne se rendrait pas jusqu’à la boutique des âmes, trop impatient. Ce n’était pas le moment de se faire des scénarios, elle était dans une conversation, il fallait éviter de trop partir dans ses pensées. Son air lunatique s’effaça, se forçant à être un peu sociable. Habituellement elle exagérait ce trait pour le tirer à son avantage, c’était un peu déstabilisant de devoir l’éviter. ''Si vous aviez l’odorat d’un loup, vous seriez un peu boudeur vous aussi…’’ Ceci dit elle ne savait pas si l’ami de son père était un loup. Meade savait qu’il avait différentes fréquentations au sein de l’envers, c’est pour cette raison qu’il l’avait formé à connaître les noms et visages des différentes familles. Si personne ne lui tenait compte de ses contacts, cela pouvait être différent lorsqu’il s’agissait de ceux de la petite louve. Et après, il se demandait pourquoi elle ne lui disait rien…

Elle passa sa main sur le bout de son nez, le secouant un peu, il y avait quelque chose de pénible à savoir que cet inconfort allait durer longtemps, sans possibilité de pause. Comme lorsqu’on avait un rhume et qu’on ne voulait que respirer un moment, avoir un mouchoir mais qu’on était coincé en classe à devoir écouter le professeur en se tenant droite, sans oser faire de bruit en toussant ou en éternuant. Elle se racla la gorge, un nez bouché l’aurait arrangé plus que les odeurs qui l’envahissaient à présent. Et il y avait ce débat de vouloir sortir, mais d’être conscient que les odeurs étaient encore pire à l’extérieur de la boutique. Et puis définitivement, ces odeurs allaient l’imprégner pour plusieurs jours. Elle voyait déjà ses frères lui crier qu’elle puait en l’ordonnant de ne pas approcher de la table à manger de 10 mètres. C’était peut-être la raison de la distance des loups, la peur d’une ordonnance restrictive?

Meade comprit la grande majorité des mots qu’Isha prononçait, même si ça faisait beaucoup d’information à absorber tout d’un coup et que ses yeux se faisaient grands, cherchant à se souvenir de tout, des détails qu’elle avait entre autres déjà oublié. C’était probablement une mauvaise technique que de tenter d’énumérer par cœur ce qu’il lui avait dit en même temps qu’il parlait. Elle comprit pourquoi l’on parlait souvent des âmes comme de la drogue lorsqu’il expliqua leur usage, songeant tant à l’ecstasy, à la marijuana qu’aux stéroïdes. Elle s’avança un peu pour regarder les bouteilles, penchant la tête sur le côté en admirant leurs formes. Évidemment il allait vite en affaires, elle était un peu mal à l’aise à l’idée d’acheter, tout de suite, puisque l’idée de consommer une âme la rebutait déjà. Elle avait pourtant fait pire, mais ce n’est pas comme si elle ne faisait rien pour changer cela, ou plutôt réparer ses actions.

Elle haussa les sourcils puis tourna la tête, détachant ses yeux des objets transparents, vers le vendeur au nom encore inconnu. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres, amusé, peut-être un peu émerveillé. ''Des genres neutre? Oh ce doit être rare…’’ Ses yeux se firent plus calmes alors qu’elle les posait à nouveau sur les bouteilles, tant qu’elle pouvait éviter le contact visuel, elle le faisait. ''Ça n’a pas vraiment d’importance. Je croyais que les corps avaient des genres…’’ Pas les âmes, mais il s’agissait probablement de celui que leur corps avait avant leur vie. Elle savait que sa curiosité allait-être vilaine à ce moment, mais elle ne pouvait s’empêcher de poser la question, c’était brûlant. '' Comment faites-vous pour les extraire des corps? '' Son regard restait ancré sur l’objet comme si elle pouvait observer plus que ce qu’elle voyait déjà. ''Est-ce que…une âme d’usage pourrait empêcher quelqu’un de devenir complètement timbré?’’

Il pouvait comprendre que l'odeur ne soit pas très agréable pour des loups, effectivement. C'était déjà insupportable pour des humains basiques, en règle générale, alors pour des créatures à l'odorat très développé… ce devait être encore pire. Lui-même avait bien faillit tomber dans les pommes la première fois, mais puisqu'il n'aimait pas les pommes, il s'était trouvé un moyen efficace de ne plus rien sentir pendant les heures de travail. Heureusement qu'on vivait très bien sans odorat, sinon les choses auraient été compliquées. Mais puisque ce n'était pas le cas, il accomplissait son devoir sans sourciller. Peut-être devrait-il proposer à cette jeune louve d'utiliser le même, mais il n'était pas certain qu'elle retrouve un odorat à la sortie puisque l'effet différait en fonction de la race… A la place, et plus sûrement, il présentait ses produits. « Oui, ça l'est ! » Pour lui, ça paraissait plus curieux qu'autre chose, mais il n'allait pas refuser des produits supplémentaires ! Une seule fois, on lui avait demandé une âme de ce style et il avait bien peiné à trouver une solution convenable à cette situation inédite. Apparemment, elle n'avait pas de préférence, et ça lui allait. C'était toujours plus simple comme ça. Ça laissait la possibilité d'adapter le reste, qui était souvent plus important. Plus délicat aussi en un sens.

Les questions étaient pertinentes, mais la curiosité était parfois un vilain défaut… il ne pouvait guère donner de détails, ou alors il n'aurait plus pu la laisser s'en aller. Ça aurait été bien dommage, pour une fois qu'il avait une louve pour cliente. « Et bien cela dépend essentiellement de leur provenance, un peu comme pour différent arbres fruitiers. Vous ne récoltez pas des fruits de cactus comme vous récoltez des poires » La question suivante en revanche lui fit hausser un sourcil. Il l'observa en la jaugeant de nouveau, pensivement, comme s'il ré-évaluait ce qu'il pensait d'elle, mais finit néanmoins par hausser les épaules après quelques secondes à la mirer, ayant conscience que cela pourrait peut-être la mettre mal à l'aise passé un certain cap. « Tout dépend encore une fois je dirais, mademoiselle. Qu'entendez-vous par timbré ? La folie, c'est large après tout » Prenant de nouveau quelques notes, sur cette question aussi délicate qu'étrange, puis poursuivit « Une âme d'usage a plus souvent des effets physiques, mais il n'est pas impossible de leur trouver un usage psychique évidemment » Cela étant dit, il lui semblerait étrange de le faire, même s'il n'allait pas le lui dire. Ça rendait dingue, le plus souvent, et à terme. On vint le déranger un bref instant pour une information qu'il communiqua en troll, puis revint à sa cliente.

« Vous voudriez savoir s'il est possible d'en user comme d'un traitement ? »

Il répondait, sans vraiment le faire, elle s’y était attendue, ce n’était pas bien grave. Elle voulait savoir, mais quelque part elle était bien consciente que ce n’était pas un commerce tout à fait innocent. Si sa conscience n’acceptait pas cela, peut-être pouvait-elle apporter un cadeau pour son père, cela passerait bien avec un grand sourire. Et si sa question était répondue positivement, cela ne ferait que lui faciliter la vie, la petite louve avait plus de temps devant elle que son patriarche, aussi pourrait-elle voir les effets en tant que témoin. . Elle eut un sourire un peu rieur à sa réponse, on ne cueillait pas des poires comme des pommes, mais on ne comparait pas une âme à un fruit non plus. Meade se redressa et croisa les bras, plus parce qu’elle ne savait quoi faire de ses bras que par fermeture physique. Évidemment, ça ne pouvait-être si simple mais si c’était seulement possible, si elle pouvait essayer.

''Désolé, je sais que c’est large. Je ne pourrais pas vous dire jusqu’où cela peut aller. Nous sommes une famille assez nombreuse, j’ai vu des loups devenir, complètement ailleurs, d’autres agressifs et impulsif, c’est un euphémisme… Il y a des vieux loups qui sont complètement …Sénile’’ Le terme était péjoratif et pas vraiment poli, mais c’était difficile à mettre en mots. Aussi la situation se faisait un peu plus lourde. ''Je ne pense pas qu’on puisse appeler ça un traitement. Ce n’est pas vraiment une maladie. Et je sais que ce n’est pas unique aux maudits…Donc pas une malédiction non plus. C’est probablement les conséquences d’être un monstre, ou d’en avoir un en soi. '' Elle tentait d’être délicate, sans avoir une bouille déprimante, elle n’avait pas non plus un grand sourire aux lèvres. ''Peut-être que l’utilisation d’âmes de confort pourrait apaiser les plus dingues et finir par calmer un peu la démence… '' La petite louve haussa un sourcil, son regard toujours posé sur les bouteilles et tous les autres objets qui attiraient son attention. La petite louve regardait par moment le vendeur lorsqu’elle s’adressait à lui, mais détournait souvent les yeux. C’était seulement une hypothèse, de toutes manières elle ‘avait pas vraiment l’intention de régler le cas de la folie le jour même. '' Ce n’est pas grave qui ce n’est pas possible, je me demandais juste… C’est certain que ça m’intéresserait mais sinon, je vais m’en passer. '' Elle sourit poliment, Meade n’avait pas envie de rendre la chose pénible au vendeur, elle savait pertinemment comment le service à la clientèle pouvait-être une plaie et les membres du secrets ne devaient pas toujours être des clients polis ou agréables.

Silencieux pendant qu'elle lui répondait, il ne manqua pourtant pas d'esquisser un ou deux sourires, avant de finalement se décider à répondre : « Se renseigner est toujours intéressant non ? Oui, les âmes de confort pourraient éventuellement servir de calmant évidemment… Mais comme tout médicament ou apparenté, il sera avant tout une béquille et pas un remède miracle, je me doute que vous en avez conscience » Elle n'avait pas l'air stupide, et il n'était pas un menteur, même s'il jouait les commerciaux. Il n'irait pas prétendre qu'ingérer une âme puisse guérir qui que ce soit. Si ça avait pu servir de guérison pour quelqu'un, il aurait développé une gamme adaptée depuis longtemps histoire de se remplir plus encore les poches. Il pencha la tête sur le côté… outre cette histoire d'âme, il y avait tout de même quelque chose qui le dérangeait dans ce qu'elle racontait, presque malgré lui. « Mais vous savez… vous n'êtes pas un monstre, et les autres loups-garous non plus. Et même si c'est facile à dire je parle en connaissance de cause vous savez… j'ai des clients plus que louches. Des monstres j'en ai vu... » De très, trop près même. Il avait vu les anciens, les créatures de l'ailleurs, et il en avait finit complètement maboul. Alors cette jeune femme avait peut-être une grosse boule de poils en elle, une boule de poils capable de démanteler un tank, il n'en restait pas moins qu'elle n'était pas un monstre pour lui. Dérisoire d'ailleurs, il rit légèrement en ajoutant : « Et encore que je ne les qualifierais de monstre qu'avec circonspection. Monstre est souvent un mot qu'on utilise pour qualifier ce qu'on ne comprend pas et qui peut nous faire peur, c'est tout »

Ce n'était pas pour autant qu'elle était autre chose qu'une créature sensée. Après un bref moment de réflexion, il reprit en déposant son écritoire « Écoutez, ce que je peux faire c'est vous montrer un peu la boutique, vous offrir un échantillon et vous laisser réfléchir. Vous n'êtes pas forcée de vous décider sur l'heure, nous n'allons pas nous envoler » Ce serait mieux qu'elle achète tout de suite, mais si elle était entrée, il n'avait aucun doute qu'elle reviendrait, on ne passait pas ces portes innocemment. Et il préférait largement une cliente volontaire et convaincue d'elle-même qu'une cliente qui doutait de ce qu'elle faisait. Ce ne serait pas assez productif si elle se forçait. « Vous pouvez aussi tout simplement me poser d'autres questions, ou repasser si vous le désirez. Moi tout me va, après tout je suis au service de mes clients ! Tant que vous vous sentez à l'aise, je suis content » Surtout qu'elle avait vraiment l'air de ne pas trop savoir comment se comporter. S'attrapant un haut tabouret, il s'installa et lui en proposa également un si elle le voulait… « Vous cherchez donc quelque chose pour une personne de votre famille en plus de votre propre usage ? »

Se renseigner, c’est ce qu’elle tentait de faire, mais les questions étaient plus nombreuses que les réponses et c’était aussi insupportable pour sa curiosité que de se douter qu’il fallait assumer que ce n’était pas un marché blanc comme neige. Un calmant, oui peut-être, le mieux serait d’essayer, c’est que ça se refilait mieux en cadeau qu’une prescription et ça risquait d’être plus puissant. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que si la malédiction était magique, le remède devait aussi l’être. Tout comme les blessures des maudits ne se refermaient que par l’aide des anges, des cachets ne rendraient pas la raison à un loup. L’absence de certitude n’était pas le seul côté négatif, elle n’avait aucune idée sur les prix et si addiction il devait y avoir, elle ne voulait même pas y penser… Faire un cadeau avec l’argent de poche de papa, est ce que c’est vraiment un cadeau?

Meade haussa un peu les sourcils, elle ne doutait pas qu’il devait y avoir des gens louches dans cet endroit, des genres de junkies mais au lieu d’êtres humains, ils étaient vampires, démons, ou ces créatures trop nombreuses pour tous connaître leur nom, ça ne devait pas être toujours beau à voir. Monstre, ce mot était effectivement utilisé de plusieurs manières, elle pouvait dire que les loups n’étaient pas vraiment compris, on le réalisait lorsqu’on voyait toutes les recherches et les questionnements qui impliquaient sa recherche pour le remède. Elle n’avait pas réfléchi à son vocabulaire, il n’y avait pas vraiment d’autre manière d’expliquer qu’une bête finirait par lui voler sa raison en échange des vies qu’elle prenait toutes les pleines lunes. La petite louve n’avait pas l’air d’un monstre, elle n’agissait pas ainsi mais c’est ce qu’elle avait sur la conscience, le sang sur ses mains. Elle aurait eu besoin d’entendre ça, plus tôt. Quelque chose l’énervait dans le fait qu’un vendeur lui dise. C’était les siens qui auraient dû lui expliquer, si ce n’était pas de sa famille, un ami au moins. Elle ne méprisait pas le commerçant, mais il restait toujours qu’un inconnu qui devait faire des profits à cet instant.

''Une bête alors? Ce n’était qu’une façon de parler, parce que c’est difficile d’expliquer ce qui cause la folie des loups. ''

Tout ce qu’elle pouvait faire était emmètre des hypothèses et chercher, probablement dans la vide, des solutions. Si tuer rendait fou, comment pouvait-on en vivre les conséquences lorsqu’on n’en avait aucun souvenir? Et s’il n’y avait aucune certitude qu’elle avait tué? Et si le loup s’était contenté d’animaux, une nuit, ou de quelques humains, sans faire un massacre. Était-ce plausible? La jeune femme prit un tabouret, histoire d’être à la même hauteur que le marchand et de ne pas rester plantée là. '' Un échantillon, c’est une bonne idée. Je crois que je suis à cours de questions’’ Enfin, faillit-elle ajouter ''Mais oui, j’en offrirais un deuxième…’’ Histoire de ne pas trop se faire taper sur les doigts.

Il eut un geste mi amusé mi impuissant. Une bête ? Oui, la connotation était la même le sens différent. Mais était-ce bien de la folie que tout cela ? Il voulait volontiers la croire puisqu'elle était bien mieux placée que lui pour le savoir. Et pourtant, c'était difficile de ne s'arrêter qu'à cela. Le sujet néanmoins semblait l'attrister, ou la déranger, aussi ne s'attarda-t-il pas davantage. Elle n'était pas ici pour une discussion philosophique mais bien pour la marchandise et lui était le vendeur et pas un diplômé es créatures surnaturelles. Et puis même s'il l'avait été ce n'était pas sa place que de commencer à lui chercher les poux. Souriant à la place, il écrivit un petit quelque chose de plus tout en répondant : « Si vous êtes satisfaite évidemment » Sautant au bas de son tabouret il approcha de ses marchandises « Et bien sûr c'est aussi mon boulot que de faire en sorte que vous le soyez » Dans une intense réflexion, il parcourut les divers objets, en attrapa certains, jaugeant du contenu d'un œil de maître et les reposant aussitôt. Il fallait quelque chose de bien spécifique pour cette jeune femme… comme pour les autres évidemment mais tout de même. Petit à petit, la presque totalité des objets contenant les âmes furent écartés et il se retrouva bientôt à vaciller sur les épaules d'un troll pour atteindre les hauteurs de l'étagère de bois. Finalement, il trouva une petite fiole à la forme arrondie et au goulot en entonnoir inversé. Sa couleur de perle enfumée laissait entrevoir une lueur à l'intérieur. Avec précaution, il redescendit et l'apporta à sa cliente, la déposant sur le comptoir. « Et voilà… un échantillon parfaitement adapter à mon avis, et qui devrait vous plaire. C'est une expérience de courte durée mais que vous saurez sans doute savourer à sa juste valeur. Il vous suffit d'ouvrir cette fiole et de la 'boire'… » Elle petite toute petite, tenant dans le creux d'une main, un minuscule objet luisant qui semblait attirer l’œil et l'intérêt. Pourtant, Isha lui ne lui offrait qu'une très faible attention, observant plutôt la jeune femme. « Je peux vous conduire dans un salon privé si vous voulez être tranquille, sinon il vous est possible de déguster votre échantillon chez vous, je n'y vois aucun inconvénient. Dans tous les cas il vous faut un environnement paisible et confortable »

Le regard du vendeur laissait croire à Meade qu’elle n’allait pas s’en sortir comme ça, mais puisqu’elle n’aimait pas ce mot, loup garou, trop long et difficile à prononcer, il fallait trouver d’autres mots, et il ne s’agissait pas de se détester ou de mépriser les siens, mais elle n’était pas la première à se qualifier de la sorte. Les premiers à utiliser ces termes péjoratifs étaient souvent les loups eux-mêmes, les autres étant trop polis pour dire des choses aussi rudes. Ils le pensaient pourtant, même sans se l’avouer, se faisant croire de leur bienveillance. Lorsqu’on se retrouve nez à nez avec un loup garou, il est trop tard pour définir les caractéristiques d’un monstre…

Elle hocha la tête et prit son temps pour descendre, il semblait bien occupé, à quoi bon se montrer pressé? Certes elle avait hâte de sortir de cet endroit pour retrouver un peu d’air frais, elle sentait que si son père ne la jetait pas toute habillée dans le bain ce serait ses frères qui le feraient. Un mince sourire, timide, qui devint bien rieur sous le spectacle de l’humain grimpant sur le troll, à peu près en équilibre sur ses épaules. La petite louve laissa sa tête retomber vers l’avant et ses épaules bouger sous un rire silencieux. C’était peut-être voulu pour rendre le temps un peu moins long, et un peu plus divertissant, mais elle ne voulait pas non plus paraitre impolie ou arrogante.

Son regard descendit sur la petite fiole, intriguée par l’objet, elle l’observait en écoutant Isha conclure sa vente, répétant la procédure. Elle ne pouvait lui en vouloir, avec ses airs aussi distraits, il était normal de s’assurer qu’elle avait compris. Un rire s’échappa de ses lèvres sans qu’elle ne croise le regard de l’humain, puis elle baissa les yeux avant de secouer la tête. ''Vous êtes chanceux d’être habitué à l’odeur… Je ne pourrais pas être confortable ici, mon odorat est en alerte, avec un instinct chasseur je ne veux pas voir ça….’’ Plaisanta-t-elle, s’imaginant un peu dans les vapes à tenter de décoder chaque odeur, c’était tellement une mauvaise idée… '' Je ferais mieux de rentrer chez moi si je veux être tranquille. ''

Il hocha simplement la tête, un léger sourire aux lèvres. Oui il voulait bien croire que ce serait difficile pour elle. Lui avait déjà des problèmes, au début, et il n'avait qu'un nez d'humain classique alors pour elle et son odorat de louve… ouai, ça parlait de soi-même. « Je vous comprend » Il hocha la tête « Attendez alors, avant que vous ne partiez… » Il disparut un moment et lorsqu'il réapparu, il tenait un mouchoir blanc entre les mains. C'était un mouchoir de tissu, rien de bien extravagant, avec un joli motif de fleur. Un mouchoir comme il en existait partout. Il le lui tendis néanmoins, semblant parfaitement sérieux, et expliqua « Quand je suis arrivé ici, j'utilisais ça. Lorsque l'odeur devenait vraiment insupportable, je le mettais sur mon visage. Il ne paie pas de mine mais il possède un petit enchantement qui vous plaira sans doute : il porte toujours une bonne odeur avec lui. Si vous revenez, vous n'aurez qu'à faire comme moi, mettez le sur votre nez et ainsi vous serez épargnée… au moins un peu, je ne sais pas du tout si cela suffira à tout dissimuler » Il s'interrompit, puis lui donna une petite carte, de la boutique. « Tenez, si vous voulez revenir, n'hésitez pas à me demander. Je m'appelle Isha Carter » Il la raccompagna jusqu'à la porte, et en l'ouvrant, lui fit la révérence « Un plaisir de faire votre connaissance, mademoiselle »

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