Les poulains de Last End [Sarah]

Pas la force de se lever pour accueillir Sarah. Pas d'idées même pour l'accueillir. Même pas le goût de chercher une idée pour l'ennuyer, la faire râler un peu. Max attendit qu'elle vienne à lui, ses doigts caressant doucement le plastique finement humide de son hélicoptère, la mine basse. Ce n'était pas la fête, dans sa tête. Et pas moyen de savoir comment arranger cela. La faim se corrigeait en mangeant. La soif se corrigeait en buvant. Mais ça, ça se corrigeait comment ?
Dans la petite bouille qui leva ses yeux d'ambre vers Sarah, il y avait comme une supplique muette. Qu'elle lui trouve une solution ! Qu'elle le sorte de cet état ! Elle devait bien en être capable, elle qui avait toujours réponse à tout, toujours raison, toujours les solutions, ô humaine de plus d'expérience ! Pourquoi ne faisait-elle rien ? Etait-ce si fameux de voir la monture d'Eurynome ainsi ?

L'ultime question de Sarah fit se briser le coeur de l'infernale créature. Pas... Envie de jouer... C'était bien le cas. Enfin, non, ce n'était pas le cas. Une partie en avait envie, retenue par d'invisibles mais puissants liens. Il en résultait cette horrible impression. Pas de jeu... A quoi bon vivre, alors ?
Doucement, Max vint poser sa tête, lourde et lasse, sur l'épaule de Sarah, avec un lourd soupir. Tout ceci était bien trop pour la jeune créature. À sept ans, ces affres-là n'étaient pas de son ressort.
Calme, pour une fois. Maintenu sur place par un coeur trop pesant, par des pensées épuisées de tourner ainsi en rond. Une envie ? Se rouler en boule sous forme équine, dans un lieu bien à l'abri, et attendre que cela passe. Les jours étaient trop longs avec ce fardeaux.

Une vibration, pour troubler le rythme du parc. Encore peu habitué à cet outil, l'each fit un gigantesque bond sur place avec un couinement de stupeur pour se retrouver, par un jeu incroyable de lois physiques, de l'autre côté du banc, dans la neige, les quatre fers en l'air et le coeur battant, l'hélicoptère tout juste maintenu en l'air comme la plus précieuse des reliques. N'avait-on pas idée de faire des frayeurs pareilles ! Fuir, fuir ! Non, ce n'était que le téléphone, que le téléphone... À tâtons, la créature fouilla ses poches, chercher l'objet du délit. Il était là, son petit voyant clignotant comme pour narguer Max, qui lui adressa un rictus méprisant. Apprendre à utiliser cet engin n'avait pas été simple, mais il fallait reconnaître que c'était bien plus facile maintenant que la lecture était presque acquise. Pourtant, le message d'Andrew restait encore sibyllin. Max plissa les yeux, remua le nez, comme si cela pouvait aider sa compréhension, pour finalement se redresser et aller montrer le sms à Sarah.

"- Dis, tu peux me traduire ce qu'il dit ?" Un petit moment passa, avant que soient ajoutées des questions: "Le Manoir Whiteman, c'est chez toi, non ? Enfin, chez ta famille ? Tu as une famille ? Tu nous emmènerais visiter ?" Plus de bêtises, mais toujours l'envie de découvrir ce monde. Et voir à quoi ressemblaient les presque-Sarah pouvait valoir le coup.