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 Une Danse avec le loup | Sarah

La Destinée
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« Ah oui... je t'ai concocté également une surprise, ce n'est pas exactement ce que tu espérais mais tu devrais tout de même apprécier... reste vigilante ! » Et sur cela, Santa disparut par la fenêtre avec agilité.

10 janvier 2016

Ça n'était pas vraiment ce qu'il avait espéré non plus en venant à Last End. Le Cénacle connaissait des difficultés prépondérantes, il était venu représenter sa famille et apporter son soutien. S'il avait su contenir son inimité envers l'homme blanc, fouler les terres anglaises était un sport qui lui réclamait beaucoup d'endurance en de maîtrise de soi. Rien que sa sagesse acquise lors de ses cinquante sept années d'existence ne puisse apaiser. Ça n'aurait du être qu'une visite de courtoisie pour signifier aux Earl leur union dans les instants de tourmente. De l'intérêt, probablement pas de l'amitié sincère. Il détestait les anglais. Les européens de façon générale. Sans compter qu'il faisait froid dans ce pays, ça n'était guère étonnant que cela fasse naître des meurtriers sur les sombres pavés des rues. L'ambiance à Last End était morbide. Tout le monde se contemplait, regard en biais, avec une même question en tête : est-ce qu'il cache le Réanimateur ? Lui, l'étranger, peau-rouge au milieu de ces âmes éperdues, était d'autant plus détaillé, dévisagé. Pourtant, ça n'était pas faute d'avoir fait des efforts : sa famille avait troqué depuis quelques siècles les tenues de sauvages pour quelques habits de bonne facture. Chemise, cravate, sobre de surcroît, ses longs cheveux d'amérindien avaient été tranchés lorsqu'ils avaient entamé leur grisonnement il y a près de dix années, lui laissant des allures du 21e siècle si on s'y laissait abuser. Ne restait que son faciès et sa démarche assurée, visage relevé d'une fierté à mi-chemin entre la sagesse et la bestialité.

Il s'appelait Mongwau Ayita. Et comme disaient jadis ces visages pâles : il était venu en paix, une paix d'apparat. Il n'était pas là pour rappeler aux anglais les massacres de son peuple, il était venu avec un drapeau blanc, invisible, flottant derrière ses épaules comme l'aveu de sa bonne volonté. La vérité... C'était que de l'autre côté de l'Atlantique on s'inquiétait de cette affaire qui s'étirait dans le temps et qui semblait ne pas trouver de solution. Mongwau n'avait trouvé que des non-dits et des mensonges en cette ville enténébrés se cachant sous le blanc manteau de l'hiver. Mais qui croyait encore à ces sornettes ? Il le sentait, lui. Il ne lui avait fallu que quelques jours pour ressentir cette aura malsaine s'insinuant en chaque être comme ces serpents dont il savait tout. Fourbes êtres. Parmi ces gens là, il y avait encore quelques personnes qu'il devait rencontrer. Dont cette femme. Sarah Whiteman. Il l'avait contactée quelques jours plus tôt pour organiser avec elle un rendez-vous. Étrange demande mais à l'annonce de son nom, elle semblait soudain avoir agréé à sa demande. Ce n'était toute de même pas parce que sa famille détenait l'un des plus gros marché financier au monde ? Qu'importe au fond. Il n'était pas certain qu'elle s'échine d'une quelconque manière auprès d'un vieillard tel que lui. Ou peut-être que si. Il n'avait pas demandé un entretien pour cela. Il avait une petite dette envers l'homme que ces gens nommaient Santa Claus et cet entretien lui feraient de la compagnie. Une terrasse y avait été convenue. Il s'y était installé une heure à l'avance, et avait fini déjà deux cafés et quelques cigares, de Cohida, en provenance directe de Cuba. Ses préférés. Il aimait prendre son temps et profitait, en définitive, de la morsure du froid : il ne voyait pas cela tout les jours et probablement était-ce la dernière fois que ses yeux sombres se poseraient sur la blancheur de la neige.

Mar 15 Mar - 19:02
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Pour être tout à fait honnête, depuis la mystérieuse et originale entrée spectaculaire du Père Noël dans sa salle de bain, Sarah avait dormis, mangé, travaillé, s'était lamenté sur la trop grande docilité de Max, avant de manger de nouveau, de dormir, de travailler, encore et encore et encore... Aussi cette promesse tomba dans l'oubli et ce n'était pas cet étrange coup de téléphone qui saurait réveillé sa mémoire.

Alors qu'elle étudiait avec concentration les finances et la gestion de la boutique de son Maître, bien cintrée dans son tailleur bordeaux dont la jupe remontait élégamment sur ses cuisses fuselées, notre rouquine reçut un appel. En soi, cela n'avait rien d'extraordinaire : le nombre d'appel, de contrats, de propositions en tout genre qu'elle recevait à cause du prestige de son maître. Mais celui-là n'avait rien de commun avec les autres puisqu'il n'y avait d'intérêt que pour elle... Plongée dans son dossier, assez conséquent puisque Max avait quitté sa léthargie pour reprendre ses bonnes vieilles habitudes, Sarah faillit raccrocher au nez de la personne avant de se faire couper en plein élan quand la personne se présenta à elle : Mongwau Ayita...

Sérieusement ?! Comment cela pouvait être possible... Il faisait partit de l'une de ses puissantes familles ayant encore grande prise sur le monde contrairement à leurs consœurs décadentes... Que lui voulait-il ? Dans les échos, ils apparaissaient comme ayant fait main basse sur la finance, était-ce son statut d'héritière qui l'avait interpellé ? Curieux. Assez en tout cas pour mettre son dossier de côté et convenir d'avec lui un rendez-vous à une terrasse dans la vieille ville, une qu'elle connaissait suffisamment pour sa discrétion et sa simplicité, histoire pour boucler des affaires. Si tant était qu'il s'agissait d'affaire à régler entre eux.

Prévenant son patron, elle changea de talons aiguilles pour des plus confortables, toujours assorties à sa tenue avant d'enfiler son long manteau afin de se protéger du printemps frisquet. Prête, elle attrapa son sac à main et marcha d'un pas calme et assurée jusqu'au Café de leur rendez-vous, l'esprit pétillant de spéculation et de questions. Sarah avait beau être à cheval sur la prestance et l'apparence, il n'en restait pas moins qu'elle avait un cerveau assez éveillé et qu'elle était loin d'être sotte. Que lui réservait cette étrange rencontre...

Arrivée au lieu dit, elle le repéra rapidement. Le port de tête altier et fier, la peau loin d'être pâle, apparemment fasciné par la neige alors que c'était commun ici... S'avançant vers lui, Sarah le regarda un instant avant de lui sourire légèrement, s'inclinant quelque peu.

« Bonjour. Sarah Whiteman, enchanté de faire votre connaissance. Puis-je m'asseoir à votre table ? »

Autant demandé, ça ne coûtait rien, au cas où il aurait changé d'avis ou s'il était très à cheval sur l'étiquette, tout ça tout ça. Bref, une fois avec son accord, elle s'installe devant lui et croise élégamment les jambes avant de commander une bonne tasse de thé.

« Je vous écoute. Vous sembliez vouloir m'entretenir d'une affaire apparemment importante... »

Elle spéculait un peu mais ses yeux pétillaient de curiosité, ne le lâchant pas du regard alors qu'elle attendait de boire ses paroles.

Lun 21 Mar - 23:19
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Mongwau détailla de son regard brun la femme qui se présentait à lui. Une part de son esprit se soulageait à l'idée de ne pas avoir à faire la conversation avec une dame au visage pâle. Celle qui lui faisait face, souriante et polie, était teintée, métissé. La rousseur de ses cheveux détonnait à ce qu'il avait l'habitude de voir mais les européens avaient tant de déclinaisons de couleurs là où eux, les amérindiens, ne connaissaient qu'un noir profond. D'un geste de la main, courtois, il désigna la chaise qu'elle souhaitait emprunter, l'invitant à se joindre à lui. « Enchanté Madame Whiteman, je vous en prie. » fit-il humblement sans en faire trop. Il n'était pas le genre d'homme à en faire plus qu'il n'en faut et s'était habitué à l'étiquette uniquement parce que c'était ce que faisaient les grands de ce monde quand bien même il n'en voyait personnellement ni l'intérêt ni l'attrait. C'était si impersonnel et devenu nécessaire. Il l'observait en silence tandis qu'elle commandait une tasse de thé. Les femmes d'ici étaient bien différentes, plus entreprenantes, plus féministes. Son épouse et ses favorites avaient des allures bien plus soumises et plus effacées. En son for intérieur, il appréciait toutefois la différence. Cette prise d'initiatives ne cessait de l'épater. « Non, cette affaire n'a pas d'importance définie. Elle n'aura d'intérêt qu'en votre jugement de son importance. Je suis venu honorer une parole faite à un ami. Ce que vous ferez de cette conversation n'a que peu de considération de ma part. Je suis là pour vous mettre sur la voie, vous mettre sur vos pieds et il ne tiendra qu'à vous de décider de marcher ou de vous refuser le voyage. »

Il inspira une bouffée de son cigare. Son visage sans sourire avait pourtant des allures accueillantes, un étrange paradoxe qui l'avait beaucoup servi pour dire posément le fond de sa pensée sans que personne ne s'offusque, croyant à la bienveillance qu'inspirait son faciès. Il avait gagné bien des parts de marché de la sorte, laissant ces pauvres pigeons au visage pâle se faire avoir et s'embourber dans la boue où il les avait précipités. « Mon ami s'appelle Santa Klaus et vous lui avez fait une demande qu'il n'a pu honorer. Il est venu me demander conseil pour la réalisation de votre présent, je n'ai hélas pas pu accéder à sa demande. En lieu et place de cela, je lui ai fait la promesse de venir vous donner un aperçu des tenants et aboutissants d'une transformation animale. Vous n'êtes pas chaman, votre lien avec la nature n'est pas assez fort pour y parvenir, mais peut-être saurez vous trouver en mes propos quelques idées qui puisse rendre votre désir réalisable par votre propre magie, votre propre spécialité. » Une sourire, bref, mais malicieux avait fait son apparition sur ses lèvres avant de s'évaporer comme un nuage. « De tout temps, chaque mage pratique hermétiquement son art. Pour chaque branche, un affilié. La nécromancie, le chamanisme, le vaudou, le druidisme, l'élémentalisme... Dans des compartiments séparés. On apprend de nos parents un savoir ancestral, on s'exerce dans sa propre spécialité, la curiosité nous pousse à découvrir ce que fait l'autre mais sans jamais s'imaginer capable de cela. Au fond, l'essence même de nos magies respectives sont fondamentalement différentes mais pour autant... Est-ce que cela signifie qu'il ne nous est pas possible d'arriver au même résultat en empruntant des chemins différents ? »

Il marqua une pause le temps de prendre une bouffée de son cigare et d'en recracher lentement la fumée : « Je suis chaman, j'ai mon passe-droit, mon raccourci pour prendre la forme d'un loup si je le désire. Rien ne vous empêche d'expérimenter, d'exploiter votre magie vaudou en des recoins jusqu'alors inexplorés par vos pairs pour arriver, de façon détournée, à un résultat similaire au mien. » D'un geste serein, il alla tapoter son cigare au dessus du cendrier pour en faire choir l’excédant. Son regard s'attarda de nouveau sur elle, cherchant à jauger son intérêt pour leur conversation. Cela pouvait tout aussi bien l'ennuyer. Au fond, sa demande initiale au Père Noël était un objet simple d'utilisation qui permettait de se changer à volonté en l'animal de son souhait. La réalité et ses contraintes étaient toutes autres. Elle pouvait tout aussi bien être déçue et ne pas vouloir approfondir le sujet : « Si cela vous intéresse... Évidement. » Une pause, brève avant qu'il ne reprenne : elle l'arrêterait si elle voulait partir : « Procédons par étape. Dites-moi en quel animal vous souhaitez vous changer. Celui qui vous plairait, ou qui vous conviendrait... Et dites-moi ce que vous savez au sujet de l'animal en question. » De part son affiliation au chamanisme, Mongwau était une encyclopédie animale sur pattes. Sans nul doute connaissait-il chaque espèce de la faune et parfois de la flore, dans les moindres recoins. La question était loin d'être anodine, elle était même essentielle et leur servirait de base pour avancer. Son rôle était de combler ses lacune dans son domaine de compétence et de lui apporter le b.a-ba de sa magie.

Jeu 31 Mar - 20:55
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S'asseyant élégamment sur la chaise, elle croisa les jambes et lissa sa jupe avant de poser son sac à main sur la table, Sarah ne le quitta pourtant pas du regard, l’œil vif et pétillant de curiosité, empli de questions qu'elle essayait de contenir pour ne pas le saouler à peine arrivé.

… Ainsi donc ce n'était pas une question d'importance ? Que lui voulait-il donc alors... Se redressant en le fixant avec davantage d'intérêt, Sarah posa son menton sur sa main avant de hausser un sourcil de surprise. Ainsi donc il venait de la part du Santa Klaus ? Mais à quel sujet donc ? Une demande qu'il n'avait pas pu honorer... Mais qu'est-ce qu'elle avait déjà demandé à Noël... Sa boîte à thé hors de prix qui jamais n'était vide, elle l'avait et qu'est-ce qu'elle avait ri quand Max avait fait une indigestion ! Ça lui apprendrait à vouloir lui chiper ses réserves ! En tout cas, ça ne pouvait pas être ça... L'anneau pour se transformer en animaux ? Sa boîte à vaudou ? Hmmm à part c'est trois-là, il y avait la malédiction pour Max qui avait été un succès, malgré un désagrément assez particulier et agaçant. Du coup, à part l'anneau et la boîte à vaudou, Sarah n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien lui vouloir.

« La transformation animale donc... »

Réputé pour aussi appartenir à une famille de puissant chaman, la rousse avait zappé ce léger détail mais maintenant qu'elle faisait la liaison entre ça et le cadeau de noël, ça lui apparaissait clair comme de l'eau de roche.

« … Me transformer en animal... Avec le vaudou ? »

Elle n'y avait jamais pensé... Lancer des malédiction, manipuler les gens, toujours tirer parti des situations à son propre avantage, ça elle le connaissait plus que très bien. Mais aller à ce point aussi loin... Oui ça pouvait, pourquoi pas ? Il suffisait qu'elle lise les vieux secrets de famille pour trouver cela... Ils avaient fait une vraie industrie de leur pouvoir afin de gagner prestige et richesse, aussi avait-il finit par abandonner les vieux secrets. En tout cas, tout ce qu'il expliquait était vraiment plus qu'intéressant...

« Effectivement... Encore faut-il trouver le chemin qui y conduira... »

Pensive, elle se redressa dans son siège et remercia le serveur qui lui apporta une tasse de thé, grimaçant devant le bas de gamme avant de rajouter deux sucres qu'elle dilua dedans.

« Bien entendu que cela m'intéresse. Je m'intéresse à absolument tout, ma curiosité n'a pas du tout de limite. »

Un sourire charmant ourlant ses lèvres corail, Sarah fit brièvement sa mignonne, croisant ses jambes de l'autre jambe avant de prendre une gorgée en plissant le nez de déception face au manque de qualité.

« Je ne peux donc prendre en moi que l'essence d'un seul animal ? Il ne m'est pas possible de faire plusieurs transformation ? »

Ça, par contre, elle devait avouer que c'était quand même décevant. A moins que cela ne soit valable que pour les êtres de type polymorphe ? Là aussi elle devrait creuser la question. Ouh voilà qui devrait l'occuper pendant quelques soirées tous ces sujets, toutes ces questions !

« Étant donné mon caractère et ma vision de l'existence... J'imagine qu'un serpent venimeux ou une veuve noire, une mante religieuse me conviendrait bien, je suppose. Pour être honnête avec vous, je ne m'étais pas assez penché sur le sujet : la question de l'anneau était un projet, ambitieux certes, mais encore en cours d'aboutissement. »

Un peu gêné de son manque de précision, elle détourna les yeux et but une nouvelle gorgée.

« Un animal pourrait-il s'imposer à nous ? Ou est-ce à nous de déterminer celui que nous voulons incarner ? »

Dim 10 Avr - 23:40
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Mongwau ne cessait de l'observer méticuleuse, cherchant dans ses gestes papillonnants le genre de femme à qui il avait à faire. Il la trouvait très entreprenante, parfaitement à l'aise là où bien nombreux étaient ceux qui se faisaient petits devant un sorcier pur tel que lui. Celle-ci ne manquait pas d'aplomb et il appréciait cette franchise si rare en ces jours troublés. L'art du secret était de mise mais il fallait croire que quelques lueurs pouvaient encore percer dans les ténèbres affolantes de leurs jours. Un espoir peut-être alors qu'un semblant de sourire se traçait sur son visage d'amérindien. Ses yeux sombres se chargeaient d'une chaleur savamment dosée. Il la laissa aller au terme de sa réflexion, notant mentalement chacune de ses questions jusqu'à ce qu'elle achève la dernière. Il marqua un silence plein de réflexions, tel le sage qu'il était pour les siens. Le silence perdurait mais cela n'avait pas l'allure d'un vide ou d'un blanc. La présence de Mongwau comblait les défaillances de sa paroles avant qu'il n'entreouve ses larges lèvres pour exposer son propos : « Rien n'est vraiment impossible quand nous traitons de surnaturel. Il appartient à chacun d'en repousser les limites. Vos recherches et vos progrès vous permettrons peut-être de vous orienter vers un nombre plus conséquent de possibilités, de transformations animales. C'est un projet, assurément. Il me semble pourtant important de vous recentrer. Les plus belles constructions de ce monde ne se sont pas faites en un jour. Il vous faudra poser pierre par pierre vos avancées pour bâtir cet édifice que vous convoitez. Si vous mettez toutes les pierres d'un seul coup, vous avez une chance de réussir, oui, cela est vrai... Mais aussi un millier échouer et d'entrainer dans votre chute bien des désagréments que vous n'auriez anticipé dans votre précipitation. »

Il tira une longue bouffée de son cigare, ponctuant sa parole emprunte de vérités. Le chemin serait encore long pour elle, et Mongwau était certain qu'elle y perdrait à ne pas perdre du temps pour contempler son ouvrage, étape par étape. Observer de là où elle venait, agréer à son empire et s'en satisfaire pour un temps, avant d'avancer de nouveau. Son terrain devrait être consolidé pour ne pas craindre à défaite. « Oui, il me paraît possible que vous puissiez obtenir plusieurs animaux, si vous êtes sage, disciplinée et persévérante. Au fond, nous, chamans, en sommes bien capables. Si nous avons une affinité envers notre totem, il nous est aussi possible d'appréhender d'autres espèces. En calquant ceci sur vos projets, il me semblerait logique que vous ayez également une affinité principale. Une affinité où cela sera plus aisé de débuter avant de vous orienter vers d'autres horizons, plus vastes et plus complexes. C'est une extrapolation de me part, j'ignore si ce qui est vrai pour les chamans sera identique pour vous. Alors je vais vous parler de ce que je sais. » L'amérindien écrasa le terme de son cigare dans le cendrier, recrachant une bouffée de fumée. Il s'enfonçant plus confortablement dans sa chaise. « Il existe un rituel chamanique où un être peut accéder à son animal totem. Certains l'appellent le rite de passage, d'autres l'éveil. La vérité c'est qu'il s'agit du moment où le chaman devient mature et va être guidé par son animal totem. Le totem s'impose à nos chamans. Très tôt dans ma famille, vers 5 ou 6 ans, puisque notre lignée est ancienne et pure... Mais pour d'autres cet événement n'intervient que vers 18 ou 20 ans. Il s'impose, on ne le choisit pas. Il est possible que l'animal soit en concordance avec ce que nous sommes, surtout quand le rite de passage est tardif. Parfois, il est une surprise. Et le totem influe sur ce que devient le chaman. Un enfant peureux et pleurnichard peut se gonfler de force et de courage épaulé par l'ours. L'étourderie devient de la sagesse, l'égoïsme du partage... C'est une sorte de fusion, de symbiose, vous voyez ? Nous ne faisons qu'un et comprenons la manière de penser de l'animal qui nous est associé par la volonté de notre Mère, la Terre. Il nous guide dans nos choix, bons ou mauvais. »

Il sonda l'impact de ses paroles un bref instant avant de poursuivre : « C'est parce que nous avons cette proximité avec notre animal totem que la transformation nous est plus aisée. Plus notre connaissance de l'autre et pointue et moins nous aurons de difficultés à la transformation. Il est à envisager que ce soit la même chose pour vous. Que vous ayez à introduire des préceptes chamaniques dans votre magie vaudou. C'est la raison pour laquelle je vous ai demandé quelles seraient vos affinités sans pour autant être certain que ces choix vous faciliteront la tâche. Je ne vous cache pas que vos suppositions me surprennent. Leur points communs ne sont que la destruction qu'ils sèment sur leur passage. Poison et mort : est-ce cela tout ce que vous êtes, Mademoiselle ? Avez-vous une mauvaise estime de vous-même ou est-ce là vos aspirations, vos desseins ? Vous définissez-vous uniquement par ces traits ? N'avez-vous d'autres atouts ? N'avez-vous d'autres désirs d'être ? » Pâle silence éthéré. Un soupir, une reprise : « Comme je vous le disais, l'animal totem apporte son lot de changement sur le caractère du chaman. Il serait sot d'exclure les effets secondaires qui pourraient renforcer drastiquement vos traits ou en créer de nouveaux, agréables ou désagréables. La prudence ne doit être délaissée dans vos manœuvres. Vous n'aurez probablement pas tant la possibilité de faire demi-tour. » Regard acéré, tel le loup à l'affut. Il arrivait parfois qu'on puisse voir dans son regard celui de l'animal qui le guidait. « Je peux vous élever. » fit-il abruptement, comme si la proposition sortait de nulle part. « Je peux forcer votre totem à se révéler, quand bien même vous n'être pas l'une des miennes... Je me dis que si d'aventure vous veniez à Lima, la porte de notre réserve vous sera ouverte pour votre rite de passage. Il vous faudra être forte, résistante et déterminée. L'éveil n'est pas une croisière dans les caraïbes. C'est un sacrifice nécessaire, la porte tourmentée vers la sagesse. Quelque chose que nul chaman ne peut oublier, même des décennies plus tard, je peux vous l'assurer. Vous n'en sortiriez pas indemne et cela changerait beaucoup de choses pour vous. Mais si cela est votre désir, je serai votre guide. Là est tout ce que je peux pour vous Mademoiselle Whiteman. Une invitation. »

Ven 29 Avr - 21:11
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Il était clair qu'étant ce qu'ils étaient, on ne pouvait guère parler d'impossible mais de limites que chacun pouvait repousser à condition qu'ils aient de la motivation et de la volonté. Ce qui était son cas à elle ce qui tombait plutôt bien, non ? Et il était presque frustrant de devoir commencer petit et simple alors que tant de possibilité plus extraordinaire que jamais s'ouvrait à elle ! Peut-être en demandant l'aide du Maître, cela lui serait possible d'aller plus vite et plus loin ? Il était clair qu'en retour, l'énergie qu'elle devrait déployer serait importante et que par conséquent elle serait épuisée, mais les réponses qu'elle recevrait en retour seraient tellement gratifiantes !

Voilà qu'elle s'emballait à présent.

Secouant doucement sa petite tête, elle repoussa une boucle en respirant profondément, se concentrant de nouveau sur le chaman qui lui donnait si précieusement de son temps. Passant le léger agacement d'être pris pour une enfant qui devait être « sage, disciplinée et persévérante », Sarah s'abreuvait de ses paroles malgré une légère jalousie : dès 5 à 6 ans pour les lignées de sang purs ? Impressionnant... Cela ne la motivait que davantage. Et, se connaissant, cela l'absorberait tellement que cela pourrait nuire à son travail et attirer les foudres du Patron, il allait vraiment falloir qu'elle lui en parle du coup.

Mais elle oublia bien vite ses préoccupations. L'animal s'imposait donc à eux, parfois semblable à soi, parfois diamétralement opposé, mais toujours une fusion et harmonie totale. Bien que l'attrait d'en avoir plusieurs était grand, Sarah se demandait bien à quoi ressemblerait le sien si jamais il devait être, serait-il sournois et manipulateur ? Doux et compatissant ? Mais il s'agissait là d'un rite chamanique, comment réussir la même chose en passant par les voies du vaudou ? Cela paraissait tellement improbable... Il allait falloir qu'elle regarde dans les plus dangereux et vieux ouvrages de la bibliothèque familiale, voir aussi dans celle de son Maître qui était très bien fournis également.

Quand il lui avoua sa surprise à ses choix, la rousse ne put s'empêcher de lui sourire, ayant presque pitié de lui pour le coup.

« Je n'ai d'attachement que pour mon Maître et mes merveilleuses petites sœurs. Le but de ma vie est d'avoir toujours plus de pouvoirs pour les protéger des hommes et leurs bassesses, de pouvoir être totalement libre et autonome, indépendante. Et je n'ai aucune limite pour atteindre mes objectifs et satisfaire mes intérêts. Pour être tout à fait honnête avec vous, je suis actuellement veuve pour la quatrième fois en ayant eu jusqu'à présent quatre mari, je vous laisse faire le rapprochement... »

Elle savait très bien pour qui elle passait et, pour être franche, elle s'en fichait profondément : la vérité avait été dite à cet homme parce qu'il venait de lui offrir quelque chose d'inestimable, simplement.

« Donc je n'ai aucune mauvaise opinion de moi-même, bien au contraire : je me trouve belle, intelligente, astucieuse, loyale, habile, patiente, orgueilleuse, vaniteuse, sensuelle, ambitieuse... Tellement d'autres qualificatifs encore. Et j'aspire seulement à avoir toujours plus de pouvoir et de puissance pour protéger mes sœurs et être digne de mon Maître. »

Toujours son sourire aux lèvres, elle put délicatement une autre gorgée de ce thé infecte. Pauvre vieil homme... Peut-être en venait-il à regretter tout ce qu'il lui avait confié présentement à présent. Au moins lui aura-t-il donné assez de nourriture spirituelle pour éveiller sa curiosité et la faire chercher dans les archives pour assouvir sa nouvelle prise de tête.

« Cependant, ne vous en faites pas : je n'ai jamais de regrets et je ne fais jamais demi-tour, je vais toujours jusqu'au bout des choses, je ne lâche jamais l'affaire. »

Son regard se fit brièvement aussi tranchant qu'une lame de rasoir, le bref rideau du charme dévoilant furtivement la femme de fer qui se trouvait derrière avant que ses charmes n'apparaissent de nouveau.

Enfin, ça c'était avant qu'il ne lui propose de lui révéler son totem.

Écarquillant les yeux, complètement déstabilisée par cette offre venue de nulle part, Sarah le fixait, le regard sincèrement perdue. Bon, ça impliquait de faire un voyage jusqu'à Lima mais ce n'était pas ça qui l'arrêterait. Non... Certes... Mais enfin... Après tout pourquoi pas... N'empêche que...

« Si vous êtes sûr de vous, j'accepte votre proposition entièrement. Mais, il ne vous sera pas possible vous non plus de faire demi-tour avec moi, je sais être « sage, disciplinée et persévérante », mais je sais être aussi dangereuse. »

Elle pensait ses paroles mais le trouble de la proposition soudaine du chamane se voyait toujours sur son visage, sur les petites rides inquiètes au coin de son regard.

Dim 1 Mai - 0:32
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L'amérindien ne s'était pas attendu à ce genre de discours. D'ordinaire les personnes qui recherchaient si ardemment le pouvoir ne l'exposait pas de la sorte. Ils étaient discrets et agissaient sous couvert d'une bonne action. Et bien pas elle. C'était probablement ce qu'il y avait de plus déconcertant. Ça et sa longue liste de qualificatifs à son égard. Si bel et si bien que Mongraw en avait oublié de recracher la fumée de son cigare et s'en étouffa, étourdi par la situation. Il toussa quelques bouffées de fumée avant de se ressaisir et la fixer en se demandant un instant si ce n'était pas une blague. Elle était sérieuse. L'homme se racla la gorge : « Je vois. » Pas de commentaire au delà même si souhait, il ne comprit vraiment pas Santa. Il n'avait pas ce culte du Père Noël au sein de sa réserve mais... Ce bon bonhomme ne devait-il pas récompenser les enfants méritants ? En quoi cette femme était-elle à féliciter ? Elle avait éliminé ses maris, cherchait le pouvoir et s'était soumise à un Maître ! Son esprit libre d'amérindien s'en insurgeait et pourtant... Son calme visage n'en démontra rien. « Dans ce cas, il ne me reste plus qu'à attendre votre arrivée à Lima lorsque vous en disposerez le temps nécessaire. Prévoyez deux bonnes semaines en notre compagnie, ce ne sera pas de trop pour appréhender notre manière de vivre, effectuer le rituel... Et vous en remettre. » C'était même un euphémisme de sa part : elle allait être sonnée par le rituel et n'allait pas se remettre à marcher sur ses talons aiguille dès le lendemain.

Plus posément, il reprit une bouffée de son cigare et en laissa échapper la fumée un peu plus dignement que la fois précédente. « J'aimerais que vous preniez note de deux points importants, Madame Whiteman. Je suis le second aîné de notre tribu et par là, le rôle me revient de protéger les miens. S'ils vous venait l'envie de vous approcher de nos mâles, il me faut vous en dissuader sur le champ. Il n'y aura plus de promesse à Santa qui ne tienne et qui que soit votre Maître, je ne le crains pas... Il sera bien loin. » Mongraw avait un aplomb certain. Il fallait avouer que dans sa tribu, il avoisinait les compétences de ce Lord Pryam Earl qui ne craignait nul immortel en cette ville. « Ensuite, vos projets sont louables. Être un bon soldat, protéger les gens que vous aimez. En ce point nous nous ressemblons. Devons alors être des dangers l'un pour l'autre, Madame Whiteman ? Vous sera-t-il seulement possible de ranger vos crocs venimeux, ôter vos œillères et entre les voix de mon peuple ? Il existe des moyens plus purs de s'élever qu'en laissant derrière soit des cadavres. Plus purs et plus fructueux. Peut-être en prendrez-vous conscience à Lima. »

[HJ : je pense que ça sera mon dernier post ^^ Tu peux conclure si tu le souhaite... Suite à Lima !]

Jeu 5 Mai - 21:45
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Pourquoi cacherait-elle ses attentions ? Qu'elle les dise ou non, les hommes tombaient quand même en son pouvoir et ils servaient ses intérêts sans protester aucunement. Sans compter que le vieux chamane ne faisait pas de ses proies donc elle ne voyait pas ce qu'elle gagnait à ne pas répondre sincèrement à ses questions. Le reverrait-elle un jour de toute manière ? Ce n'était pas dit alors autant être honnête : d'autant plus que ça lui permit d'avoir des réponses à ses questions très intéressantes ! Et tant de nouvelles recherches qui lui tendaient les bras à présent !

Mais elle ne pensait pas que sa franchise aussi aiguisée qu'une lame lui ferait lui proposer un séjour à Lima pour lui dévoiler son animal totem. Elle qui pensait l'avoir refroidi... De toute évidence elle s'était trompée. Cependant, Sarah en était ravis parce que leur rencontre et toute la conversation lui avait fortement plut, et il aurait été dommage que cela s'arrête en aussi bon chemin.

« Deux semaines n'est-ce pas... Je préfère prévoir large : je demanderais un mois de congés si cela ne vous dérange pas. Je pense que j'aurais vraiment beaucoup de questions à poser. Et puis... Ca ne fera pas de mal à mon maître de se débrouiller seul avec son autre employé... »

Le regard pétillant de malice, Sarah imagina sans peine Eurynome courir dans tous les sens pour poursuivre un each beaucoup trop enthousiasme pour les objets précieux du manoir. Comme ça il ne penserait plus que sa secrétaire exagérait le comportement de Max ou encore moins le dossier-budget de ses objets de collection... Oui ! Définitivement une leçon très instructive pour eux afin qu'ils comprennent que sans sa personne, rien ne tournait rond dans ce manoir. Pour un peu, elle aurait presque voulu mettre des caméras discrètes dans les couloirs et les nombreuses pièces pour se gausser de leurs difficultés ! Ne jamais sous-estimer « l'inestimabilité » d'une secrétaire !

« Je prends note de votre réflexion Monsieur Mongraw : je ne toucherais pas à vos mâles. »

Un sourire malicieux aux lèvres, Sarah ne courba absolument pas l'échine de crainte ou de contrariété, lui répondant avec légèreté et nonchalance, très sûr d'elle et aucunement intimidé.

« De toute manière, quelque chose me souffle que j'aurais bien trop de choses à penser qu'à me chercher un cinquième époux dans votre tribu. »

Et la « mignonnerie » laissa place à un éclair rusé et curieux dans son regard brillant. Mais le sermon du chaman ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd, aussi Sarah hocha la tête sans le quitter du regard.

« Il ne se passera rien : je n'épouserais aucun de vos mâles et ne chercherais aucunement les ennuis, je serais « sage et disciplinée » comme une élève modèle. »

Et Sarah n'avait qu'une parole : elle était loyale et fidèle après tout.

« Nous verrons donc bien ce que me réservera Lima... »

La rousse finit sa tasse de thé et le salua, lui promettant de le rappeler pour le prévenir de ses dispositions avant de retourner au manoir, pleine d'entrain et de motivation. Elle en connaissait au moins un qui n'apprécierait peut-être pas qu'elle prenne des vacances...
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{hrp: finit pour moi aussi, rendez-vous à Lima ^^}

Dim 5 Juin - 21:57
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Une Danse avec le loup | Sarah
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