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 Un noël loin des regards

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Comme elle s'y attendait, le frigo ne contenait que peu de nourriture.
Morghann avait dû arriver que peu de temps avant elle, sans doute eût-il juste de quoi acheté pour la soirée histoire au moins qu'ils aient quelque chose à manger. Quoi qu'il en soit, c'était largement suffisant. Fermant le frigo à l'aide de son pied, Ayzebel pivota et déposa la viande sur la planche en bois posé sur la table et ouvrit le sachet. Déjà, elle avait sorti le matériel et rapidement la sorcière glissa la lame du couteau à travers la chair de la viande avec une grande habileté. Non elle n'avait jamais tué personne mais la cuisine était un passe-temps qu'elle appréciait presque autant que la lecture. Son regard resta braqué sur la viande blanche qui n'était plus que des petits morceaux quand Morghann fit enfin irruption. Le silence du Earl ne lui avait pas échappé et la sorcière se demandait si ses mots avaient eu un impact sur lui. Un discret sourire se dessina sur ses lippes à cette pensée puis doucement, elle pivota le visage, l'observant prendre son téléphone.

« Tu es parti sans prévenir ta famille.... ? Vilain garçon.»


Un rire soufflé passa les lèvres de la libraire qui secoua sa famille. C'était amusant et en même temps étrange. Comment se faisait-il qu'un homme de son âge et de sa trempe devait-il avoir encore des comptes à rendre à son père ? Il était libre de vivre comme il l'entendait, d'aller où il voulait sans avoir l'autorisation de son père. Et dire qu'elle trouvait sa mère trop contrôlante. Pryam était pire. Quoi que... Galéa avait bien manipulé l'esprit de sa fille en le changeant en gruyère, sans doute se valaient-ils l'un l'autre...

« Eh bien je commence à mieux comprendre pourquoi ton père et ma mère s'entendent si bien depuis quarante ans... Galéa n'a jamais été une femme très joyeuse. Son métier d'avocat ne l'a pas vraiment aidé à s'améliorer et je suppose que la présence de ton père encore moins. Aussi loin que je me souvienne, la seule fois où je l'ai vu sourire sait quand elle a su que j'étais enceinte après le premier sabbat. Elle n'a aucun sens de l'humour et... surtout... Elle déteste tout ce qui échappe à son contrôle. Elle n'aime pas ce qui ne suive pas les préceptes de la déesse sans visage, moi par exemple... Et c'est encore pire avec ceux qui sont contre les Earl. »

Pivotant faiblement, Ayzebel agita son couteau vers Morghann, haussant les sourcils dans une moue amusée et ajouta.

« Si tu croises ma mère un jour, ne lui parle jamais des ennemis de ta famille. Jamais. À ses yeux nous devrions tous s'agenouiller devant vous parce que... si vous n'aviez pas été là pour protéger les Tenak et les intégrer nous serions probablement plus là pour en parler. C'est... c'est dérangeant parfois ! Je veux dire... Tout le monde craint ta famille... Elle, non. C'est de l'adoration. C'est carrément du fanatisme ! Elle ne jure que par les lois des Earl. Aussi loin que je me souvienne de cela aussi... Maman a toujours donné raison à Pryam, sur tous les points. Alors oui, j'imagine assez bien les repas morbides de ta famille... Pour avoir dû supporter ceux de ma mère jusqu'à ce que je sois exilé. » Sur un ton amusé et taquin, la sorcière souffla malicieusement. « J'ai été élevée à satisfaire les ordres des Earl... et regarde le résultat ! Je ne crois pas que maman espérait que cela arrive de cette façon. Seigneur si elle savait, elle aurait une attaque. »

Mais c'était du passé, à présent cela ne l'atteignait plus. L'exil avait été une très bonne chose, Ayzebel en était même soulagé. Ne plus avoir à s'agenouiller devant les hommes, ne plus avoir à pondre leur marmot, flatter leur ego. Être simplement une femme parmi tant d'autres au milieu d'une ville était un cadeau inespéré pour une Tenak. Une idéale de vie qu'aucune ne connaîtrait jamais à par les bannis. Sa vie n'était pas la plus belle qui soit mais au moins Ayzebel vivait libre, pouvait penser par elle-même. Elle n'en voulait pas moins pour Morghann. Lui aussi devait pouvoir vivre comme il l'entendait. Pourtant ce souhait resta muet, les lèvres de la sorcière restèrent closes bien qu'elle aurait aimé le lui dire. Elle n'en fit rien. Cela n'aurait fait que jeter de l'huile sur le feu en souhaitant au nécromant un bonheur qu'il n'atteindrait probablement jamais. Ce serait cruel. Alors bien qu'elle n'en pensait pas moins, cette pensée resta sagement dans son esprit tandit que son couteau revenait découper la viande. Il ne fallut pas longtemps pour que son ami ne la rejoigne, se lovant contre elle avec douceur et sensualité. Ayzebel esquissa un sourire, penchant la tête sur le côté et souffla doucement en sentant les mordillements de Morghann contre sa nuque. Il lui donnait la chair de poule quand il faisait cela. Bon sang, qu'elle aimait...

« Garde moi pour le dessert... Et je te promets que tu passeras une excellente nuit. »

Oh ça, c'est sûr qu'il allait bien dormir. Ayzebel avait toujours hésité à déployer son... savoir, sur lui. Malgré ces moments d'intimité volés, elle s'en était toujours tenu au minimum. Mais si elle osait cette fois? Oui, si elle osait lui faire subir ce qui valait aux Tenak le désagréable nom de Catins du Diable ? Serait-ce bien sage ? Son envie de le satisfaire était très forte mais elle avait peur que cela ne l'enfonce encore plus dans ce rôle d'amante et non d'amie. Ayzebel pinça les lèvres, courroucée à cette idée puis déposa le couteau avant de soupirer et de s'éloigner de Morghann pour poser une poêle sur la gazinière et allumer le feu. Un filet d'huile puis elle saisit la planche à découper et jeta la viande dans la poêle avant de saler et de poivrer, laissant mijoter.

« Dis, est-ce que... tu as déjà réalisé que... quand on fait l'amour, je ne fais rien ? Enfin pas rien mais... Que je te laisse prendre le contrôle totalement ? Tu... me laisserais faire, ce soir ? Juste ce soir Morghann. Je veux juste qu'au moins une fois, ce soit moi qui... te fasse plaisir. »

Hésitante, la femme pivota doucement, croisant les bras sur sa poitrine et appuya sa hanche contre la table de travail. L'amour, il le faisait beaucoup, en parler, nettement moins. Pas du tout même. Ils n'avaient jamais abordé le sujet de leurs ébats, pas même de façon frivole. Ayzebel glissa sa main sur sa nuque là où les dents de Morghann avaient gentiment taquiné sa peau, éveillant son désir puis elle plongea son regard dans le sien et murmura.

« Non, oublies ça. C'est complètement idiot et en plus ce ne serait pas très sain.»

Les Tenak étaient de fabuleuses amantes et pourtant l'Earl, bien que proche de l'une d'elles, n'avait jamais goûter à ce traitement de faveur aurait il pouvait prétendre depuis des mois. Ayzebel eut un sourire gêné puis elle porta à nouveau son attention sur la table de la cuisine, saisissant le poireau qui était posé et commença à le découper en rondelles. D'accord, lui proposer cela était vraiment étrange. Au fond Ayzebel n'avait pas tout perdu de ce qui la liait au reste de sa famille, habitué à ce qu'un homme vienne au sabbat pour avoir ces faveurs en plus de l'espoir d'un héritier. En règle générale, les Tenak n'avaient pas à demander, c'est surtout ce qu'on attendait d'elle. Mais là c'était bien différent, Morghann n'était pas un client du sabbat, il était son amant, prenait soin d'être comme un mari le ferait. Plus elle y réfléchissait, plus Ayzebel se disait qu'elle aurait mieux fait de se taire. C'était étrange comme le fait de parler de leur sexualité avait ce quelque chose d'un peu gênant. Elle avait ce besoin de changer de sujet. Là, tout de suite , avant que sa gêne ne vienne à plomber l'ambiance. Le légume découpé, elle pivota sur elle-même une fois encore, venant remuer la viande dans la poêle et jeta un regard en biais vers son ami et lâcha d'une voix neutre.

« Et pour ce qui est de ma mémoire... comment on va s'y prendre ? Personnellement plus vite ce sera fait et mieux je me porterais. C'est quand même dingue ça... »

Fixant Morghann plus simplement, la sorcière soupira. Oui, voilà qui étaient un bon sujet de discussion et un bon moyen de détourner l'attention qui plus est, ce sujet était bien plus alarmant que leurs ébats. Ayzebel saisit le poireau en rondelle et le fourra dans la poêle avant de lâcher à son ami.

« Morghann, il faut vraiment le faire et vite. Je connais assez ma mère pour savoir que si elle a fait cela c'était pour une bonne raison Elle n'agit jamais sans réfléchir, tout est toujours calculé avec soin. Parmi ces souvenirs effacés il doit forcément y en avoir un avec une importance capitale, il doit être là, caché par les autres. J'ignore comment tu vas t'y prendre mais il faut vraiment que tu arrives à faire sauter tous ces verrous. »


Mar 1 Mar - 13:20
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Vilain garçon. L'expression avait eu quelque chose de récréatif, un instant, comme s'il était cette racaille du peuple, lui, le Lord anglais. L'amalgame suintait d'ironie, mais il était certain que cette fugue pour Noël déplairait à son père qui ne manquerait pas de les convoquer, lui et son jumeau, dans son bureau, à leur retour. Leur diplomatie, leur éducation, leur noblesse ne leur autorisaient pas ce genre de départ inopiné. Il était certain que son milieu social faisait de lui un vilain garçon par ce geste. « Ma famille est avertie. Pryam n'en fait seulement pas partie. » claqua-t-il probablement trop abruptement à l'encontre de la plaisanterie de son amante. Pryam n'était plus son père depuis près de vingt années. Howard avait certainement bien mieux tenu ce rôle, ce qui lui valait de grade de son unique famille. Son jumeau était averti, c'était tout ce qui comptait pour lui. Il ne faisait que lui signaler, de manière indirecte, la rupture qui s’opérait au sein de sa famille... La guerre viendrait. Elle serait douloureuse. « Quant à ta mère... Ce n'est pas à elle de décider du sujet que j'aborde avec elle, que cela lui convienne ou non. » Il parlait avec une majesté sans violence. Pour Morghann, ça découlait du bon sens et il ne voyait pas en quoi il devait se restreindre dans ses sujets de conversation, plus particulièrement envers un sujet qui avait transformé la mémoire de son amante de gruyère à souris. S'il avait envie de lui parler d'ennemis ou de la façon dont le satisfaisait sa fille, il le ferait, probablement pour voir sa tête ahurie. Il ne lui parlerait pas d'Ayzebel toutefois : il était hors de question de mettre le feu aux poudres, la situation s'avérait être déjà suffisamment tendue pour qu'il ait le loisir d'insister outre mesure. Son jumeau n'accepterait que difficilement cet écart de sa part. Quand bien même Howard l'avait toujours couvert, Morghann ne désirait en aucun cas rendre son travail plus complexe qu'il ne l'était déjà.

« Quand Howard succédera à mon père, elle se jettera à ses pieds et pourtant... Il gouvernera tout autrement. Au fond, la grande question est de savoir si son allégeance va à Pryam ou à notre famille. » De ce qu'elle lui disait, Galea avait une reconnaissance sans faille envers les Earl, et dans un même temps donnait raison à Pryam. Pourtant, sur bien des points, cela différait avec la vision de son jumeau. Morghann n'était pas certain que la famille Tenak les suivent obligatoirement à la chute du patriarche actuel. Un instant, il avait songé à ce qu'Ayzebel reprenne se rôle au décès de sa mère... il se ravisa mentalement de cette solution : ça n'était pas la voie que son amante amant avait choisie. Et puis, avec un peu de chance, Galea se monterait raisonnable et ferait honneur à la protection dont ils bénéficiaient depuis quelques siècles. Morghann avait reculé pour s'appuyer sur la table à manger, bras croisés sur son torse. Ça n'était pas une très grande cuisine. Quand bien même elle semblait fonctionnelle, s'il restait dans ses pattes, il risquait d'avantage de la déranger et l'entraver que de lui apporter la moindre aide. Il eut un petit sourire en coin lorsqu'elle traita de leurs ébats. Son regard se posait dans ce cou qu'elle frottait et qu'il avait un peu plus tôt mordillé, parfaitement conscient de l'effet qu'il devait avoir sur elle. Il s'en amusait et en était flatté en un sens : il ne la laissait pas insensible. Il faisait souvent cet effet, parce qu'il était un Earl, mais avec Ayzebel, ça prenait une autre dimension, une autre importance.

« Je vais y arriver. C'est un rituel, et je suis plus puissant que ta mère. » Une Earl de 10 ans égalait certainement Galea, il n'avait pas de doute sur sa capacité à réussir. « On fera ça demain, OK ? Je vais prendre de ce que j'ai besoin, et on s'occupera de tes souvenirs dès demain. Je ferai sauter chaque verrou, un par un, et tu sauras ce qu'il y a derrière... Mais ce soir... Ce soir, c'est juste pour nous deux et rien d'autre, tu veux ? » Il avait envie de lâcher prise, passer du temps avec elle. C'était ainsi qu'il avait imaginé leur escapade hors de Last End. Il prendrait soin d'elle, de ses souvenirs puisque c'était important pour elle, mais il s'en serait passé en d'autres circonstances, d'autant plus que le Réanimateur viendrait écourter leur séjour drastiquement. Ce soir, il avait envie de dîner avec elle, discuter avec elle, l'observer simplement. Il revint dans la cuisine pour prendre de quoi dresser leur table, déposant au passage un baiser sur le front de son amante, en signe d'affection, mais également pour signer une trêve. Leur relation connaissant des hauts et des bas, il n'avait pas envie d'une nouvelle dispute, qu'importe le sujet. Il posait assiette et couverts avec une droiture proche de la maniaquerie, plus par volonté de se vider la tête que par réelle envie de tout soit parfaitement aligné.

Ses noires prunelles s'appuyèrent sur elle, à nouveau, comme s'il s'agissait d'un point d'ancrage sur lequel il lui importait de revenir. Il avait volontairement laissé le dernier sujet en suspens, à la fois pour y réfléchir mais aussi pour observer la façon dont elle y réagissait. Elle s'était exprimée, puis rétractée, noyant la discussion. Il n'avait pas l'habitude d'en parler. Il prenait souvent le contrôle, dans tous les domaines. Il avait été éduqué de la sorte et même Kessy n'avait pas tant eu son mot à dire. Elle avait eu du répondant, Morghann d'avantage. Ayzebel était différente et plus intéressante au demeurant. Il prenait plus de plaisir à la dominer car le jeu s'avérait plus complexe qu'avec Kessy. Il savait son ascendant bien réel toutefois, la royauté lui laissait à penser. Elle ne serait plus ici, elle serait repartie un peu plus tôt, après leur dispute dans l'igloo dans le cas contraire. Il était assez étonnée par sa demande. Elle lui avait toujours réclamé de la considérer comme une femme et non comme l'objet de son désir, comme une Tenak avec ses attraits charnels et... Là, elle voulait lui offrir ? C'était à ne plus savoir sur quel pied danser : combien de fois avait-il été blâmé, combien de colères et de disputes pour ce qu'elle lui sollicitait ce soir ? « Non, ça ne serait effectivement pas sain. » fit-il enfin pour revenir au sujet que, de toutes évidences, elle voulait éviter. Légume et viande cuisaient. Il en profita pour avancer vers elle et prendre son visage entre ses mains, caressant ses joues de ses pouces : « Je ne comprends pas ce que tu cherches mais... Quoique ce soit, prends-le. Si tu le désires. Si c'est ce qui te fait envie. »

Les doigts de l'une de ses mains descendirent sur sa gorge, lentement, sans serrer, sans étreindre. Son regard suivait pensivement leur trajectoire : « Tu sais... Je jugule l'envie de resserrer mes griffes sur toi, d'enfermer mon oiseau rare pour qu'il ne s'évade jamais. Te posséder. Te protéger. » Une envie intense, mais il n'avait connu que cela comme relation. Avec Howard. Il reproduisait instinctivement ce schéma parce qu'il était le seul qu'il connaisse. Il redressa son regard pour le plonger dans le sien, secouant doucement la tête de gauche à droite. « Je ne le fais pas parce que ça n'est pas ce que tu veux. » Contrairement à Morghann qui n'avait que trop désiré appartenir à son jumeau. « Et mon bel oiseau volera toujours mieux en liberté que dans sa cage dorée. » Même si c'était plus difficile à protéger de la sorte. « Et toi... Toi, tu luttes contre tout ce qui pourrait te rapprocher d'une Fille d'Eve. Ça n'est pas ce que tu veux. De la même manière que je muselle ma possessivité, je ne saurais te réclamer... » Il ne savait pas quoi. Ses savoirs charnels ? Son éducation Tenak ? Il vint prendre ses mains, dans les siennes, les serrant avec une fermeté possessive et tendre à la fois. « Quelque chose qui te déplaît. » acheva-t-il finalement.

Dim 6 Mar - 17:17
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Peut-être n'aurait-elle pas dût relancer le sujet de Pryam, encore moins celui de Galéa. La froideur de Morghann lui avait hérissé le poil. La chair de poule qu'elle avait, la sombre sorcière... Ayzebel s'était contenté de détourner les yeux, gardant le silence. Une seconde, deux secondes... Puis comme toujours elle ne résista pas à l'envie de prendre la parole et lâcha à son amant, simplement.

« L'allégeance de ma mère va à ta famille, Morghann. Mais ma mère n'a connu que ton père... Il est son seul point d'ancrage, elle ne connaît que sa façon de faire à lui. Peut-on vraiment la blâmer d'adhérer sa façon d'être, de faire ou de penser ? Vous êtes nos maîtres, vous nous nourrissez, vous nous protégez et cela depuis presque quatre cents ans, il ne serait pas raisonnable de... remettre en question la façon dont Pryam gouverne. Aussi dur puisse-t-il être, ton père n'a jamais renié les Tenak et a continué à nous protéger comme ses prédécesseurs avant lui. Je ne prends pas sa défense, ni celle de maman mais... ma famille n'a sans doute pas la meilleure position dans cette histoire... prendre parti est difficile. Bien que je n'ai pas à le faire moi-même, je n'ose imaginer le fardeau qui pèse sur les épaules de Galéa. C'est triste à dire mais... Tu dois prendre conscience que sans ta famille, les Tenak ne sont plus rien. Notre magie est presque inexistante et la communauté de l'envers nous méprise... Alors d'après toi, qu'adviendra-t-il des Tenak si nous en venions un jour à perdre votre protection ? Soit, si nous nous détournons de Pryam. »

Voilà pourquoi elle était bien contente de ne plus faire partie du couvent des Tenak. D'un point de vue politique, la tension était énorme. Tous savait qu'il valait mieux être avec les Earls que contre eux... Mais à quel prix ? Comme l'avait si bien mentionné Ayzebel avec une certaine subtilité, les Earl étaient leurs maîtres et ce n'était pas en tant que protégé que se plaçaient les Tenak, mais comme des obligées. Presque comme des animaux... Quant à ce qui touchait à aux souvenirs d'Ayzebel, oui il y arriverait c'était une certitude. Cependant non sans mal, dans le bain Morghann avait été durement éprouvé en tentant de lever les blocages de Galéa. De la prudence il en faudrait, aussi bien pour lui que pour elle car la matriarche s'était assuré que même un puissant sorcier ne pouvait accéder si facilement à ce qui se trouvait dans l'esprit de sa fille, qu'elle ne puisse tout simplement pas avoir accès à une tiers personne pour faire ce qu'elle était incapable de faire. Cela, Ayzebel y songeait. Malgré cela, la sorcière adresse un léger sourire à son ami qui confiait vouloir passer une soirée paisible avec elle. Juste eux et rien qu'eux. Oui, c'était tout ce qu'elle voulait aussi pour l'heure. D'un geste machinal, elle ouvrit un pot de crème fraîche et en mit deux grosses cuillères dans la poêle avant de baisser le feu. Elle ajouta le sel, le poivre et remua doucement avant de laisser mijoter quelques minutes le temps que Morghann mette la table. En silence elle l'observa, regardant le lord s’affairer à une tâche domestique basique mais qu'il ne devait pas avoir l'habitude de faire au vu du nombre de domestiques qui devaient être présent au château de sa famille.

Perdu dans ses pensées, Ayzebel ne réalisa pas tout de suite que Morghann la fixait. Elle remua doucement et avant même qu'il n'approche, lorsqu'elle croisa son regard, elle sût immédiatement qu'il allait revenir sur le sujet énoncé plus tôt. L'ambiance devint à nouveau plus lourde, un peu gênante et Ayzebel voulu se tourner vers la gazinière, échapper à son regard mais l'Earl fut plus rapide. Comme toujours. Figée, la sorcière plongea son regard dans le sien, comprenant à travers les paroles de Morghann à quel point elle s'était mal exprimé. Pourtant elle le laissa parler, elle le laissa exprimer comme il serait malsain en effet qu'il se laisse aller à son... savoir. Mais ce n'était pas ce qu'elle voulait, pas comme cela. La femme déglutit lorsque la main de son amant se referma sur sa gorge, sans douleur. Oui, il était possessif, comme elle avait rarement vu. La seule personne qu'elle connaissait à égaliser cet élan de possession était Lucinda. Il y avait fort à parier que si leur route se croisait encore, cela pourrait difficilement bien se passer. Surtout que Morghann savait à présent, il avait vu dans ce souvenir refoulé à quel point Lucinda voulait s'approprier son amante, jusqu'où elle pouvait aller , tout comme lui, pour l'avoir et la protéger. La seule différence était que Lucinda, elle, avait déjà passé la limite à ne pas dépasser en privant Ayzebel de sa famille. C'était aussi effrayant que dérangeant, aussi bien en ce qui concerne Lucinda que Morghann. Lorsque le nécromancien saisit ses mains pour les serrer dans les siennes, Ayzebel poussa un long soupir bien que discret et secoua doucement la tête en signe de négation.

« Je... Je me suis juste mal exprimé, Morghann... Ce n'est pas comme une Tenak que je veux faire cela... Non, c'est sûr que ce serait malsain sinon... »

Lentement, elle libéra une de ses mains pour venir caresser les cheveux de son amant avant de glisser ses doigts fins sur sa joue, caressant sa peau avec tendresse.

« Ce que je veux... c'est simplement partager. Tu comprends? Pas de dominance, pas juste subir ou recevoir... ça ne se limite pas à cela, Morghann. Je veux juste te donner... Une autre perspective. Te faire découvrir autre chose. »

Un doux sourire barra ses lèvres doucement et la sorcière approcha son visage pour embrasser son partenaire avant de souffler contre ses lèvres.

« Je ne veux pas baiser comme ton amante... ce soir, je veux te faire l'amour comme ta compagne. »

Elle était là, la nuance. Celle que Morghann semblait avoir du mal à saisir. Il n'avait pas juste à donner, à imposer et elle à prendre. Ils pouvaient partager, savourer. N'était-ce pas ce qu'ils attendaient de ce séjour ? Ne s'étaient-ils pas éloigné pour vivre cela simplement, sans avoir à se cacher ?

« S'il te plaît, cette nuit laisse-moi être tienne. Tu dis vouloir que je t'appartienne... alors laisse-moi être tienne au moins une fois. Pour de vrai. Laisse-moi t'adorer et te chérir l'espace de quelques heures... »


Ayzebel recula le visage et se libéra complètement de la poigne du Earl. Lentement, sereine, la sorcière se détourna de lui pour couper le feu de la gazinière et saisir la poêle. Calme, elle servit les assiettes doucement avant d'adresser un sourire tendre et chaleureux à son ami.

Lun 7 Mar - 19:06
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
L'allégeance des Tenak était une prison. Si Morghann le déplorait, il ne pouvait en rien changer tout cela. Le sacrifice de ces femmes était grand, mais puissante était la protection qu'on accorda aux sorcières de Salem lorsqu'elles furent dans le besoin. Soumise qu'elle étaient, elle auraient pu être éliminées, pourchassées jusqu'à la dernière par le Vatican. Il ne savait quel destin valait pour le mieux, mais ce ne fut jadis pas à lui de décider pour elles. Beaucoup d'histoires de familles sorcières ressemblaient à celle des Tenak, gravitant dans l'ombre de l'Ombre elle-même pour bénéficier de son aura, de sa parole et de sa sûreté. Les rois ne pouvaient régner sur une terre vierge et stérile, il y avait toujours des hommes et des femmes en dessous d'eux. Il comprenait la position de Galea, et peut-être ouvrirait-elle les yeux à temps lorsqu'Howard entamerait la guerre. A temps pour se ranger promptement à ses côtés. D'un soupir, il balaya le sujet, ne souhaitant nullement s'y appesantir ou même approfondir sa pensée. La route était encore longue avant que le patriarche ne périsse et il craignait de plus en plus cet instant comme l'heure fatidique d'un jugement aux parties opposées armées jusqu'au dents. Frison de crainte et d'extase par sa confiance certaine en son jumeau aîné. Lui seul triompherait, dusse-t-il y perdre la vie pour qu'Howard soit couronné.

Il ne répondit pas non plus à sa demande, de ses prunelles noires il l'avait dévorée avant qu'elle ne se dérobe à sa vue pour aller remplir les assiettes. Elle lui parlait d'une contrée étrange où il n'avait jamais mis les pieds, où il n'avait jamais été conduit, pas même par Kessy. Il avait trop d'orgueil pour l'avouer mais il était terrorisé à cette idée. Il n'avait pour unique exemple d'amour que celui qu'il portait à son frère, le seul qui soit suffisamment fort dans son existence, et ce dont elle lui parlait aurait été comme discuter d'hérésie devant un exorciste du Vatican : à la fois une soif de connaissance et un fléau dangereux. Il ressentait l'envie d'effleurer ce songe inconnu, la laisser lui montrer le chemin, loin de son propre esprit torturé. Et dans un même temps, il craignait d'en finir ébranlé. Quant à l'espoir que cela pourrait éveiller en elle, lui qui avait juré de ne lui laisser entrevoir aucune forme de ces contes de fées. Il ne pouvait si résoudre et pourtant... Pourtant, il ne lui avait pas refusé. Il s'était lavé les mains, silence religieux, avant d'ouvrir une bouteille de vin et de servir leurs verres. Il s'installa à table, en face d'elle et ses prunelles s'étaient mises à la fixer comme il le faisait souvent, demeurant aphone. Le silence, les non-dits étaient l'art d'une famille nécromancienne qui aimait prendre son temps avant de répondre, jaugeant ceux qui leur faisaient face avec grand intérêt. Puis elle se prononçait ou préservait ce précieux silence comme un trésor aux attraits dérangeants. Il finit par lever son verre pour trinquer, sans un mot toutefois, comme s'il n'avait aucune idée de ce qu'il y avait de bon à célébrer en ce monde.

Il ne reprit que très légèrement la parole pendant le dîner pour la remercier et la féliciter du repas. Le reste du temps, il laissait son regard s'attarder sur elle et vidait son assiette. En définitive, il ne parvenait pas à passer ce moment, à deux, sans penser à quoique ce soit d'autre. Sa proposition de dessert lui revenait en tête et le chamboulait, comme si on lui avait fait une demande très sérieuse sur quelque chose qu'il n'avait jamais envisagé. Cela, au milieu d'autres problème qu'il avait actuellement à gérer et qu'il aurait sur les bras dès le 25 décembre. Il avait fini de manger, il avait toujours mangé lentement depuis son enfance, au grand plaisir de sa mère qui avait songé qu'il savourait mieux ainsi les aliments. La vérité, c'était qu'il avait la tête dans les nuages et si jadis, son esprit était plein d'idées extravagantes et enfantines, aujourd'hui il s'agissait de choses plus sérieuses et aux conséquences redoutables. Il finit par se lever pour se servir un verre de whisky qu'il vida d'un trait après une absence où il sembla regarder le mur avec grand intérêt, avant de s'en servir un autre. Ses pas caressaient le parquet alors qu'il revenait vers elle, dégageant d'une main tendre les cheveux qui couvraient sa nuque, tel un prédateur à l'affût préparant le terrain pour mordre. Ses prunelles parcoururent son cou qu'il aimait tant embrasser, il but son verre, le posa sur la table. « D'accord. »

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Il était cinq heures du matin et cela faisait déjà deux heures qu'il fixait le plafond dans l'obscurité, en quête de réponses qu'il n'obtenait d'aucune manière. Il dormait peu d'ordinaire. Il dormait encore moins aujourd'hui. Il revoyait ces paysages inconnus qu'elle lui avait offert, d'une verdure nouvelle où les rayons du soleil éclairaient comme nul part ailleurs. Ses relations étaient chaotiques avec les femmes. Ça n'avait rien d'étonnant, soit elles obéissaient, soit elles déguerpissaient et Kessy avait probablement était la plus sage d'entre toutes pour qu'il la garde à ses côtés tant d'années. Il ne savait pas aimer. Tout ce qu'il avait appris n'était qu'un rapport de domination, une autorité sans égale. Il avait été un prince. Il avait gouverné les femmes comme on maîtrise un royaume, ordonnant, donnant, offrant, persuadé qu'elles s’épanouiraient dans leur soumission autant que lui cherchait à se complaire dans l'ombre de son aîné. Et il ne pouvait pas offrir à Ayzebel ce qu'elle lui demandait. Ce soir avait été une parenthèse hors du temps, un partage qu'il découvrait et... Il était effrayé.

Sans mouvement brusque, il se dégagea de l'étreinte d'Ayzebel, laissant sa belle dormir encore alors qu'il enfilait une tenue de sport... Et alla courir à l'extérieur. La neige rendait la course peu aisée et l'obscurité de la nuit encore régnante n'arrangeait rien mais il avait besoin de prendre l'air et de se dépenser. Sa magie rendait le tout plus agréable. Il vidait son esprit de toutes ces pensées dérangeantes, son âme allant se loger contre celle de son jumeau endormi sans qu'il ne cherche à l'éveiller. Il voulait seulement sa présence rassurante, son aura adorée. Après une bonne heure de course, il revenait au chalet et disparaissait immédiatement sous la douche. Dans le salon, une poche en papier recyclé avait été rapportée par l'un des ses sbires fantomatiques depuis Last End. Morghann poussa canapé et table par magie contre les murs afin de dégager de la place pour le rituel. Il alluma des bougies sacrées et commença à en rependre la cire sur le sol, à quatre pattes, avec une précision et une concentration exemplaire. Il traçait symboles, lignes et cercles pour qu'ils servent de supports conducteur à sa magie. Il allait falloir y aller assez fort : ils n'étaient pas chez eux, et loin du Nexus principal, sa puissance s'amenuisait. Elle restait conséquente, mais il ne voulait pas prendre le risque de faire à Ayzebel le coup de la panne. Deux heures plus tard, il se relevait au terme de son œuvre, courbaturé mais cela en avait valu la peine. Annabelle était assise sur la table et semblait superviser. Un autre fantôme était en train de faire de pancakes pour le réveil de la sorcière. Le nécromancien posa trois ouvrages anciens et puissants au niveau des nœuds de cire, là où les lignes se croisaient pour former un triangle parfaitement équilatéral. Puis il fourra son nez dans un quatrième livre, suivant les lignes, hypnotisé.

Mer 16 Mar - 21:05
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Sans doute aurait-elle dû être anxieuse... Pourtant, ce ne fut pas le cas.
Ayzebel agissait calmement, sereinement, prenant le temps de manger sans se soucier du regard pesant de Morghann rivé sur elle. La libraire avait pris l'habitude d'être ainsi observée par l'Earl, bien qu'au début cela ne fût pas toujours agréable, elle s'y était fait. Quant à sa proposition, qu'il accepte ou non, cela ne changerait rien. Ayzebel faisait cela pur lui, consciente que Morghann avait une expérience très limitée dans son contact avec les gens, surtout intimement. Même son épouse semblait ne pas avoir pu lui apporter ce que toutes personnes devaient au moins ressentir une fois dans sa vie. Oui, c'était pour lui et pour lui seul, qu'il sache, qu'il découvre, qu'il savoure. Elle était en mesure de lui offrir ce moment de répit. Elle aurait préféré le faire avec des mots, malheureusement avec Morghann les gestes étaient plus parlant, alors si c'était dans le confort d'un lit qu'elle devait le pousser à voir leurs relations autrement, ainsi soit-il, elle le ferait. Patiente, la Tenak attendit une réponse, terminant sagement son repas sans avoir pris le temps parler. Le silence aussi était agréable et c'était même une des choses qu'elle favorisait. Quand enfin la fin du repas arriva, c'est avec surprise qu'Ayzebel regarde Morghann s'éloigner pour se servir d'un verre d'alcool puis un second alors qu'elle s'occupait de la vaisselle en silence. La sorcière fronça sensiblement les sourcils en soupirant, consciente qu'elle l'avait mis face à un mur, pourtant s'il refusait, elle n'en serait pas offusquée. Ils avaient posé une limite à leurs relations, un simple refus ne serait pas la mer à boire... Mais à sa grande surprise, c'est l'inverse qui fut prononcé avant que l'Earl ne revienne auprès de son amante pour la gratifier de sa présence.

L'épuisement l'avait propulsé dans un lourd sommeil. Chaudement lovée dans ses bras, la sorcière s'était laissée aller au repos. Pourtant quand Morghann remua pour s'extirper du lit, Ayzebel le sentit aussitôt, continuant de feindre le sommeil, elle resta immobile dans le lit jusqu'à ce que son compagnon ne quitte le chalet. Lentement elle avait repoussé la couverture et s État lever dans la pénombre pour marcher jusqu'à la fenêtre avait d'écarter doucement le rideau et observer la silhouette du Earl qui partait au pas de course. Le coeur de la femme se serra dans sa poitrine, ce qu'ils avaient fait cette nuit... n'avait tout simplement pas de mot. Elle avait voulu lui donner, lui montrer une autre façon de vivre ce qu'ils partageaient... Mais n'avait pas imaginé que cela serait à ce point. Non, clairement... Elle n'aurait jamais imaginé cela. Pourtant son lien avec Morghann était très fort bien que dénué d'amour... Mais alors, que s'était-il passé ? Le creux dans son ventre la faisait terriblement souffrir. Angoisse? Une certitude. Lentement Ayzebel recula et s'assit au bord du lit, fixant le parquet en silence. Chamboulée elle l'était tout autant. Fermant les yeux, elle revoyait ces instants de caresses, les regards échangés, les mots doux prononcés. Dans un écrin de sensualité, le visage de Morghann lui apparaissait comme chimérique dans son souvenir. Cette nuit, ils n'avaient fait qu'un, se donnant pleinement l'un à l'autre. Ce fut beau, trop... Elle comme toujours, elle n'avait pas pensé aux conséquences. Son visage pivota et son regard se posa sur la couche froissée et tiède avant qu'elle ne s'y allonge et ne se laisse aller au sommeil, une fois de plus.

C'est quelques heures plus tard que la sorcière fut arrachée à son repos alors que l'odeur agréable des pancakes vint chatouiller ses narines. À peine eut-elle ouvert les yeux que le creux dans son ventre s'éveilla à nouveau et lui arracha un soupir. Elle détestait se sentir si nerveuse, c'était toujours là qu'elle perdait ses moyens. Pour Morghann, elle ne le devait pas, elle devait se montrer sereine comme la veille. Oui, faire comme si tout allait bien. Mais comment faire ? Ce qu'ils avaient vécu cette nuit l'avait atteint d'une manière qu'elle n'aurait pas soupçonnée... Doucement la femme se leva du lit, sortant un pantalon de pyjama de sa valise et l'enfila avant de mettre un simple t-shirt noir et sortit de la chambre, tout en glissant ses doigts dans sa crinière pour tenter de se rendre présentable. En vain. Dans un silence presque félin, la sorcière appuya son épaule contre le bois du mur, posant son regard sur le sorcier occupé à préparer le rituel qui visait à lui rendre sa mémoire. Elle n'était pas du tout offusquée par son départ durant la nuit, si elle avait eu la possibilité, sans doute aurait-elle exactement la même chose. Croisant les bras sur sa poitrine, la sorcière pencha le visage et souffla doucement avant de sourire et murmura.

"C'est joli ton bidule."

Dit-elle juste pour le taquiner en voyant la perfection du symbole dessiné au sol. Malicieuse, la sorcière se décolla du mur et s'approcha doucement avant de s'accroupir près de son amant et venir poser ses lèvres sur sa joue. Elle resta ainsi quelques secondes, respirant son odeur, savourant simplement sa présence puis recula le visage.

"Heureusement qu'on devait profiter de nos vacances..."

Au lieu de quoi il avait passé une partit de la nuit dehors et dès l'aube s'était mis au travail pour le rituel. À bien y réfléchir, cela la terrorisait, qui sait ce que Galaéa avait enfoui au plus profond de sa mémoire. Connaissant sa mère, la sorcière s'attendait au pire. Lentement, elle tourna le visage et fixa l'espace cuisine et les pancakes sur la table.

"Pitié, dis-moi que c'est toi qui les as fait et pas un de tes fantômes."

Déçu ? Sans doute un peu, rien ne lui aurait fait plus plaisir qu'un petit déjeuner fait par Morghann. La femme se redressa, s'approchant de la table et s'assit sur une chaise avant de fixer son amant et murmura.

"Morghann ? Tu... veux parler de ce qui s'est passé cette nuit ? "

Ven 18 Mar - 19:22
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Son bidule ? L'expression l'amusa et marqua ses lèvres d'un sourire. Sa concentration vacilla, si bel et si bien qu'il cessa un instant de rependre la cire sacrée, le temps de rassembler ses moyen et de focaliser son attention. Il n'avait pas songer à l'idée que cela puisse être une œuvre d'art. En un sens, elle avait raison quand n y pensait. Ces gouttes de cire blanche sur un parquet laqué. Les teintes s'accordaient, les symboles se succédaient dans des rondes et des lignes, originales arabesques illisibles au commun des mortels. Pour Morghann, c'était comme un livre, une histoire, un lien logique les unissaient et bientôt ils apporteraient la délivrance et la mémoire emprisonnée de son amante. Hélas, il ne pourrait pas partir avec sa toile, le bailleur n'accepterait sûrement pas d'avoir un trou dans le parquet de son salon. Il marqua à nouveau une pause lorsqu'elle vint embrasser sa joue. Son odeur... Il l'avait adorée cette nuit, plus que toutes les autres. Elle l'avait enivré comme cet encens des rituels qui envoûtait et trompait les sens. Cette nuit avait-elle été une illusion ? Un souvenir erroné de la réalité, trompé par l'extase de leurs instants volés ? Il avait adoré senti sa peau brûlante contre ses lèvres, avoir la saveur du sucre sur sa langue, le contact avec la chair de poule. Il frémit et leva ses yeux de son ouvrage pour lui consacrer son attention. Profiter des vacances ? Voilà bien longtemps qu'il avait fait une croix dessus. N'étaient-ils pas déjà arrivé au 24 décembre ? C'était leur dernière journée, elle l'ignorait mais le saurait très tôt demain. « Ce n'est que partie remise. » fit-il bas et grave. C'était faux. Il ignorait quand il pourrait se dégager à nouveau du temps pour ce genre d'escapade. Il n'était pas même certain que son père le gracie de celle-ci. Nul doute qu'il devrait en répondre tôt ou tard. Le protocole avait été froissé. S'il se permettait ce mensonge, ce n'était que parce qu'il avait l'espoir encore brillant dans le regard que cela puisse un jour, se reproduire et que cette fois, ils puissent profiter pleinement de leur séjour sans avoir à craindre la moindre catastrophe et sans avoir à gérer quelques épreuves. Doux rêve chimérique. Avait-il oublié qu'il était un Earl et que ne lui était pas permis ? Que cela n'avait pas lieu d'être, qu'il n'en avait que trop joui toutes ces années passées à l'étranger avec son jumeau. Qu'il était temps de faire face aux responsabilités qu'Howard avait affronté pour eux deux tant d'années pour lui laisser sa liberté et son innocence ?

Sourire en coin quand elle protesta contre la cuisine de ses sbires fantomatiques. Elle avait tord de manifester de la sorte sa déception, cela avait de nombreux avantages et Morghann était prêt à les lui exposer mais la nouvelle question posée, au sujet de cette nuit lui coupa le sifflet. Il n'avait pas envie d'en parler, non, mais par respect et effort pour elle, il le lui devait. Ses prunelles noires se posèrent sur son travail, il l'acheva dans le silence avant de finalement se relever et s'approcher de la table. Sa main de posa sur la couverture d'un épais et ancien livre. Il en caressa le cuir et les lettres gravées, comme brûlées, dans le cuir, laissant apparaître un très lisible 'Necronomicon'. Livre extrêmement rare, nul ne savait vraiment s'il s'agissait de l’œuvre originale en sa possession ou l'une de ses très proches traductions, mais la magie nécromancienne qu'elle contenait était infiniment plus puissante que celle qu'on pouvait trouver dans ses pâles traductions qui avaient, avec le temps, perdu tant de saveur et d'intensité. Cet ouvrage-là rendrait fou tout autre qu'un nécromancien à la lecture. Seuls les élus de la Mort avait la conscience de l'au-delà suffisamment grande pour en accepter la noirceur profonde et ne pas se faire dévorer pas ses ténèbres. « Cette nuit... » répéta-t-il sombrement, ses yeux vers elle se relevant, laissant probablement pour la première fois percer une brisure, une rupture en lui-même. Quelque chose s'était cassé, sans qu'il ne puisse réellement mettre de nom dessus, ni même comprendre : « Il n'y a pas de cela chez les Earl. Rien de cela dans mon existence, aussi libre ai-je puis être jusqu'à mon retour à Last End. » Il posa ses deux mains sur la table pour s'y appuyer, son regard se perdait dans l'azur qui lui faisait face, la surplombant, domination inconsciente obligeant. Ce regard qu'elle lui avait offert, rempli d'adoration. Elle l'avait chéri, comme une compagne auprès de son mari et que jamais de toute sa vie il n'avait vu de pareilles œillades. Même auprès de ses couples d'amis, ces regards-là étaient perdus dans l'intime et il n'y avait jamais eu l'accès privilégié.

Quant à ce qu'il avait vécu avec Kessy... Ça n'avait rien à voir. Si cela avait jadis fonctionné entre eux et aussi longuement, c'est parce qu'elle correspondait à ce stéréotype de femme qui acceptait la dominance masculine. Et Howard... Howard c'était un tout autre registre. Immodéré et extrême, de folie latente. « C'était intense. » Il n'avait pas d'autres mots. Son regard se troubla à mesure qu'il baissait la tête et le regard. Appuyé sur ses bras, sa tête retombait dans le vide, abattu, loin de l'homme droit et fier dont il avait offert l'image. Vaincu, il ployait devant sa reine sans nulle doute et pourtant, il ne pouvait pleinement lui céder, retenu encore par ces ficelles, celles qui faisaient de lui un pantin enchaîné au milieu de la fosse aux serpents, celles qui lui donnaient le nom de Earl et les responsabilités d'un Lord. « Mais je n'y ai pas le droit. » Lentement, il relevait la tête. Probablement protesterait-elle contre cette affirmation, innocente qu'elle était. Mais lui savait qu'il avait parfaitement raison. « Mon monde est fait de tromperies, de coup-bas dans le silence, de manigances dans l'ombre. Peut-être ne peux-tu les comprendre comme je ne les comprenais autrefois, alors dans ce cas, crois-moi. Je n'y ai pas le droit. » Il refusait de s'en affaiblir, laisser croître des sentiments qui serviraient à ses ennemis. Il avait tant aimé pourtant, ces sensations. Il y renonçait par devoir et par respect pour son frère aîné, quand bien même était-ce là tout ce qu'Howard désirait pour son cadet. Il le refusait et rejetait même l'idée d'y songer plus encore, de crainte que ça n’aggrave son désir « Nous ne pourrons... Nous ne devons pas recommencer. » Ils le referaient probablement. Car il était faible face à cette douceur et il céderait de nouveau, le regrettant amèrement à chaque fois un peu plus jusqu'au portes de la folie. Il se sentait effroyablement pessimiste et s’accablait de savoir que ne n'était qu'une observation des plus réalistes. Morghann posa un regard sur les deux assiettes comprenant chacune quelques pancakes empilés, arrosés de sirop d'érable. Le couteau et la fourchette étaient une invitation... mais il ne sentait bien incapable d'avaler quoi que ce soit. « Ayze... » souffla-t-il en se redressant, debout : « Je ne suis pas l'homme avec qui tu pourras partager cela, tu le sais... » C'était presque une supplique, pour la ramener à la raison qu'il peinait lui-même à suivre.

De la poche en papier recyclé rapportée, il sortit un coffret de bois finement sculpté qu'il déposa sur le Necronomicon et l'ouvrit avec délicatesse. En son creux logeait un couteau à rituel, gravé de runes, et d'autres symboles étranges. Aussi empathique puisse être la manière dont Morghann gérait sa relation avec la Mort, la nécromancie restait ce qu'elle était par essence : une magie affreusement noire, cruelle et dérangeante. Elle était faite de sang et des ténèbres. Morghann passa la lame au travers de la flamme d'une bougie sacrée et les symboles scintillèrent hypnotiquement. Ce qui était gravé dans la peau de Morghann par Howard, laissant des cicatrices persistantes, n'était d'un très faible aperçu de toute ce qu'on pouvait faire avec ce genre de couteau à rituel lors d'un rituel. N'allaient-il pas justement en accomplir un ? Il était toujours temps pour Ayzebel de fuir en courant ceci-dit.

Sam 19 Mar - 23:55
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Patiente et silencieuse, Ayzebel laissa Morghann approcher.
Elle savait qu'il n'était pas facile pour lui d'aborder le sujet, sans doute que le simple fait d'être confronté à leur acte de la nuit était même trop dur pour lui. Et pourtant il fit l'effort pour elle, d'essayer d'exprimer ce qu'il avait ressenti. Quand l'Earl mentionna sa famille, la sorcière bascula la tête en arrière pour observer le plafond de la cuisine. C'était une certitude que ce genre de chose ne se faisait as chez les Earl. Dans un faible soupir, la sorcière baissa à nouveau le visage et murmura.

"Il n'y a pas de cela non plus chez les Tenak, Morghann. Nous n'avons même pas le droit au sexe hors du sabbat, notre corps est un temple et doit rester pure pour la semence des hommes à qui nous donnerons un héritier. Pas de sexe, pas d'amour, pas de mariage. Le simple fait de poser les yeux sur un homme est un blasphème. Imagine donc ce qui arrive si l'on est surprise à en désirer un..."


Elle en avait fait l'expérience. Le bannissement avait été immédiat. Galéa et la trinité l'avaient purement et simplement expulsé avec une valise de vêtement et sa carte d'identité, pas même un centime en poche. Ce fut Damian qui l'avait recueilli avant qu'ils ne prennent la décision d'aller vivre sur Londres, loin de Last End. Sans argent, sans diplôme, sans rien... Damian lui avait permis pourtant de retrouver une vie normale et à présent elle avait son propre commerce. Si Morghann l'avait aidé à ne pas couler, c'était à Damian qu'elle devait de plaisir qu'elle avait grâce à sa profession. Dans un nouveau silence religieux, la sorcière écouta son amant avouer que leur nuit avait été intense. Elle baissa les yeux, s'enfonçant dans sa chaise avec un soupir. Oui, c'était le cas de le dire, intense... et le mot était juste. Ce qui l'avait le plus surpris fut à quel point Morghann s'était monté généreux de sa personne, combien il l'avait comblé, non pas physiquement mais émotionnellement. Une première, une franche réussite. Ils s'étaient senti bien, en phase. Mais toutes les bonnes choses ont une fin... Et même si le souvenir de cette nuit lui arrachait des frissons, Ayzebel savait parfaitement que cette expérience ne serait pas à renouveler. Quand l'Earl changea de position, s'inclinant, la sorcière se crispa, le regardant avec un air perplexe et mal à l'aise.

"Morghann...?"


Ce fut quand il lâcha ne pas y avoir le droit qu'elle se détendit légèrement mais avec le coeur lourd. Oui, cela aussi elle le savait. Lentement elle tendit une main, hésitante puis caressa les cheveux de son ami avec une tendresse toute nouvelle et de la compassion dans le regard. Ils le savaient depuis le début, l'un comme l'autre et l'avait accepté. Ayzebel savait très bien que leur temps ensemble était compté et elle redoutait l'instant où elle devrait un jour se séparer de lui. Mais le ferait, elle aurait la force de le faire même si c'était à contre-coeur. Morghann avait pris une telle place dans sa vie, dans son coeur... Ce serait sans aucun doute l'un des choix les plus difficiles de sa vie. À n'en pas douter. La voix brisée de Morghann qui la suppliait de ne pas recommencer ce qu'ils avaient fait lui serra durement le coeur. Il se faisait du mal... Il se torturait. Ayzebel se pencha doucement, caressant sa joue avant de poser sa main sur son avant-bras et souffla.

"Morghann, écoutes moi. Je sais que tu ne peux pas, je ne te forcerais jamais. Hier soir je t'ai laissé le choix... Ce que nous avons fait c'était pour toi. Tu comprends ? Je voulais que tu puisses ressentir cela au moins une fois dans ta vie. Nous savons tous les deux qu'il faudra arrêter à un moment où un autre... J'en suis consciente et tu l'as vu dans l'igloo, je suis prête à te laisser... Mais quand je devrais partir... je veux au moins que tu gardes ce souvenir de moi. Je veux que tu te souviennes que pour toi je n'aurais reculé devant rien, je voulais que tu sache combien je tiens à toi. Alors s'il ne plaît, n'est aucun regret Morghann... C'est tout ce que je te demande."

Elle n'en avait pas, aucun. Cette nuit fut unique et belle, elle l'avait adoré comme jamais et elle lui avait bien rendu.

"Tu n'as pas à te justifier, je te ne blâmerais jamais pour les lois de ta famille et je ne te reproche jamais le rôle que tu as à jouer dans notre communauté... en fait, c'est même le contraire. Tu me l'as fait comprendre sous l'igloo..."


Un faible soupir se dessina sur les lèvres de la femme qui frotta tendrement le bras de son ami tout en le dévisageant et murmura tendrement.

"Je suis fière de toi. De l'homme que tu es."

Retirant sa main, la sorcière détourna le visage pour observer les gestes de Morghann. Ce n'est qu'à cet instant que son regard se posa sur le livre au titre parfaitement mit en évidence. Si Ayzebel état naturellement pâle, elle le devint plus encore en réalisant la chose qui se trouvait devant son nez.

"Al Azif..."

Avait-elle prononcé avec un accent Arabe qui frôlait la perfection. Le Necronomicon, le livre des morts. Bien qu'elle n'ait jamais pu mettre le nez dans l'une des traductions de ce grimoire, Ayzebel n'en connaissait pas moins sa renommée, comme tous. Et quoi de pire pour une libraire collectionneuse de grimoire plus fabuleux les uns que les autres que d'avoir celui-ci sous le nez ? Déglutissant difficilement, la femme garda le silence, brusquement mal à l'aise. Lentement elle leva une main, la portant à sa bouche et leva son regard vers Morghann. Pourquoi avait-elle la soudaine sensation qu'elle n'allait pas aimer ce qui allait se passer pour qu'il lui libérait sa mémoire ? Ses craintes se confirmèrent quand l'Earl sortit une lame sacrificiel d'un sac en papier. À lueur d'une bougie, des symboles brillèrent sur la lame et la sorcière se crispa doublement sur sa chaise.

"Morghann... Que vas-tu faire ?"

Lun 21 Mar - 18:29
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann portait sur les propos de son amante une attention certaine malgré ses mains occupées à ouvrir le coffret. Ils étaient nés dans de bien étranges familles, l'un comme l'autre, où leurs existences ne semblaient aller que vers des horizons obscures, ceux où les sentiments n'étaient pas invités et devaient rester à l'entrée de leurs sanctuaires pour y demeurer à jamais. Toutefois, il ne put qu'éprouver une pointe de soulagement et de culpabilité à la fois, à ce qu'elle lui rappelait : elle ne l'avait nullement forcé. Faible, il avait cédé à la tentation et faible, il serait encore à l'avenir. Il n'osa aller plus loin toutefois, son propos n'avait pas été tel. Il l'avait suppliée pour qu'ils ne recommencent pas... Mais ce qu'il craignait n'était pas ses actions à elle, mais ses propres penchants et ses propres faiblesses, celles qui le pousseraient tôt ou tard à lui en réclamer encore et contre lesquels il aurait voulu qu'elle lui refuse. Il aurait désiré qu'elle le protège de lui-même, de ses attraits et que s'il venait à lui réclamer une seconde nuit, elle la lui refuse. Il ne trouva nullement le courage de lui avouer ses propres manquements et encore moins de lui demander de lutter contre. Sa fierté était ce qu'elle était : il était un Earl, c'était comme inscrit dans son code génétique. Cela aurait pu être d'avantage simple pour lui s'il lui avait demandé de jouer les gardes-fous. C'était aussi cruel que de le lui imposer et il le refusait également. Ce qui s'était passé cette nuit, ils l'avaient tout les deux désiré. Il ne pouvait la contraindre à porter le fardeau du refus à sa place. C'était lui, le roi, c'était à lui de prendre ses responsabilité. Il se trouvait entravé par ses propres convictions, alors qu'elles n'étaient ni les plus adéquates, ni les plus saines. Il ne pouvait s'en défaire alors il se taisait, acquiesça lentement de la tête d'avantage pour lui signaler qu'il l'avait entendue que pour valider quoique ce soit.

S'il avait des regrets ? Il en était dévoré quand bien même il s'en était délecté, il ne parvenait pas à s'ôter cette sensation de culpabilité qui le suppliciait. Il aurait du la laisser partir, hier. Il aurait du tourner les talons depuis bien longtemps. Il aurait eu d'autres regrets, et aurait engagé une certaine colère contre les préceptes de sa famille. Il n'aurait pas connu ces instants volés en sa compagnie, ni cette nuit, mais il aurait eu la certitude de ne pas l'avoir mise en danger par ce qu'il était, ce qu'il représentait auprès de la communauté de l'envers. Sa demande d'abandon des remords était louable et pure, mais il ne parvenait à l'accepter, même avec de la bonne volonté, il n'aurait pu. Morghann ne lui signala toutefois pas, loin de vouloir la blesser, il gardait sa douleur pour lui, refermait ses émotions et se mettait à l'abri du monde dans sa carapace et sous son masque au froid glacial du marbre. Fort heureusement, le nécronomicon fit diversion à sa place. Avec un sourire en coin, il l'entendit prononcer le nom de cet arabe fou qui jadis avait rédigé l'ouvrage. Du moins l'ouvrage initial : « J'ignore qu'il s'agit de l'originel en arabe ou l'une de ses très proches traductions grecques. » Il n'était pourtant pas compliqué de faire la différence entre ces deux langues, alors il expliqua : « Ce n'est pas vraiment lisible, comme 'Les fleurs du Mal'. » prononça-t-il dans un français à l'accent d'un anglais pure souche. « Son contenu nous imprègne, sa magie, sa puissance, sa connaissance. » Si la couverture était de cuir, ses pages n'étaient rien du papier et son contenu était écrit au sang. « Et rend fou celui qui n'a pas une conscience de l'au-delà suffisamment large pour le comprendre. En d'autres mots, tout ceux qui ne sont pas nécromanciens. C'est la raison pour laquelle, quand bien même je sais que tu aimes les livres, je ne te laisserai jamais toucher à celui-là. » Une semi-punition pour ne pas pratiquer sa magie, la vérité était qu'il ne voulait que la protéger et il ne pouvait la laisser sombrer dans une folie de laquelle, il ne pourrait l'extirper.

Ses noires prunelles contemplèrent un instant les symboles qui s'y illuminaient, comme le fer rougi dans une forge. Il posa son regard sur elle à sa dernière question. Les pratiques sacrificielles étaient si fréquentes, si courantes pour lui, qu'il n'avait pas songé un instant qu'elle puisse en être à ce point crispée. Au fond, c'était normal. Ce qui faisait si peur chez les Earl, c'était leur magie. Chacune de leurs démonstrations de puissance au cours de l'histoire avait répandu la frayeur à bon escient. Il fallait dire que ça n'était pas aussi attendrissant que la guérison des Khan, aussi envoûtant que les transes chamans, aussi beau que les lumières élémentaires des Sihvonen. Mais c'était sa magie, et Morghann la trouvait belle. Les autres la craignaient parce qu'ils ne la comprenaient, mais elle avait un sens de l'honneur bien plus intense et respectable que bien des magies blanches. Leur puissance était à la hauteur de leur sacrifice. Alors il lui rappela : « Je suis un mage noir, Ayzebel. Ma magie tire sa force dans les ténèbres et dans le sang. » Il posa la lame contre l'une de ses propres paumes et trancha, d'un geste habitué. Posant la lame maculée sur la table, il serra le poing au dessus d'un bol en métal, dans lequel se trouvaient des plantes pilées et des os. Un sang sombre s'écoulait lentement jusqu'à ce qu'il y mette un terme, pansant et bandant sa plaie avec toute l'habilité d'un médecin. « Je te mentirai en te disant que cela ne fait pas mal, j'ai besoin de te marquer pour que tu t’imprègnes de ma magie lorsque j'aurai besoin de forcer ton esprit. C'est ainsi que je parviendrai à investir tes souvenirs sans te blesser. . »

Il reprit la lame dans sa main, s'approcha d'elle et d'un geste doux, il releva la manche de son T-shirt noir jusqu'à l'épaule. « N'aies pas peur. » souffla-t-il avant d'apposer la lame au métal tiède contre sa chair. Fin, précis, il traça le symbole en surface de son biceps, égratignant sa peau. Ses nerfs devaient crier douleur et le sang ne tarda pas à s'écouler des plaies. Il aurait pu lui parler de l'effet que cela avait, mais lui montrer serait plus parlant. Chacun avait sa propre résistance à la douleur, sa propre sensibilité et sa propre abnégation. Achevant le symbole, il reposa la lame sur la table : « J'ai 12 clés telles que celle-ci à tracer. 12 symboles. En voici un. C'est à toi de me dire si tu es capable de supporter les 11 autres. Et ensuite... » Ses doigts effleuraient la peau, sous le symbole, là où le sang s'écoulait et où ses doigts pouvaient y tremper. « Ensuite j'appellerai l'au-delà, j'ouvrirai les douze premières portes du monde des morts, je pense que cela devrait suffire pour ce que nous avons à faire. » Il était possible d'en ouvrir bien plus, tout dépendait de l'usage qu'on souhaitait en faire et de la puissance du mage. Pour quelques nécromanciens de bas niveau, 12 portes étaient déjà un maximum pour eux. Morghann allait bien au dessus. Et son père bien plus loin encore. « Tu verras, des choses comme cela... Mais en plus grandes. » L'étreinte sur son bras, pouce dans son sang, s'était resserrée sans pour autant lui faire du mal. Saisissant les flux de magie environnant, légère aura oppressante l'entourant, il concentrait une part de sa puissance vers le monde qu'il appelait de ses vœux nécromants. Petite main, nécrosée, noire, sortait de la chair d'Ayzebel, au niveau du symbole gravé, sans la blesser. Petit main, comme celle d'un nouveau né, s'extirpait du mucus noirâtre qui la recouvrait.

De sa dextre libre, Morghann tendit un doigt et la petite chose s'y agrippa, comme un fragile enfant auprès d'un père attentionné. Une tête alors émergea du bras d'Ayzebel, une tête chauve, comme un fœtus, au premier jour, quittant le ventre de sa mère. La tête était noire, visqueuse, décharnée, ses yeux étaient des globes blancs aux veinures d’obsidienne et sa bouche s'ouvrait dans un hurlement muet, première bouffée d'air douloureuse. Le monde des vivants ne ressemblait en rien à son cocon mortuaire et la créature humanoïde mais immonde sembla peiner quelques instants avant de porter ses prunelles blanches sur le nécromancien qui l'avait invoquée. La main griffue de la chose s'accrochait à la chair de son hôte, Ayzebel, pour ne pas retomber dans l'au-delà. Ça n'était qu'un échantillon de ce qu'il allait invoquer. Ces êtres de l'au-delà, nécrosés, décharnés, dans une étreinte macabre. Elle allait devoir avoir le cœur accroché pour la suite. « Je sais ce que tu vois. Il m'arrive parfois d'y voir également une sorte de bête repoussante. Mais la plus part du temps, je vois leur vrai visage. Le visage qu'ils avaient jadis de leur vivant. » Lentement, il caressa l'être squelettique et dépouillé avec une tendresse certaine. Ses prunelles n'étaient marquées d'aucune horreur, il avait même l'air... Attendri ? « Je vois un bébé, peau de pèche, des yeux clairs comme les tiens mais... Comme zébré de noir. C'est troublant et... Beau à la fois. Il a une fine couche de cheveux bruns. » Il était difficile d'imaginer ce genre de chose en regardant cet être repoussant. Morghann relâcha le bras d'Ayzebel avec douceur et la créature retourna dans l'au-delà d'où elle venait. Ses prunelles noires croisèrent les yeux de la sorcière, appuyé et patient. « Si tu t'en sens capable... Alors déshabille-toi et abandonne-toi. Je commencerai. »

Sam 26 Mar - 13:50
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Jamais il ne la laisserait toucher ce livre.
En avait-elle seulement envie ? Son amour des livres et sa soif de connaissances ne rendaient pas la sorcière stupide, elle savait très bien que ce qu'elle avait sous les yeux n'était pas de ces grimoires que l'on pouvait posséder et aisément manipuler. Sa puissance faisait aussi peur que son contenu et s'il y avait bien un ouvrage auquel elle ne voulait pas être confrontée, c'était bien le Necronomicon. Bien vite, l'attention d'Ayzebel revint sur Morghann et sa lame alors qu'il trancha dans sa paume pour se servir de son sang. Les ténèbres et le sang, la douleur... La sorcière n'était pas réellement à l'aise face ce qui allait se produire, elle avait un bien mauvais pressentiment. Ou alors était-ce juste de la peur ? Un peu des deux... Son instinct l'avait rarement trahi et elle avait appris avec le temps, à lui faire confiance. Et à cet instant, tout son être lui hurlait que c'était une très mauvaise idée que de se prêter à ce petit jeu de magie.

« Morghann... Ce n'est qu'un sort d’amnésie, si Galéa a pu le faire sans magie noire, tu ne devrais pas pouvoir le défaire... sans magie noire ? »

Douze clés qui donne sur l'au-delà. Ce n'était pas un peu extrême pour un sort d'amnésie ? Pourquoi passer par la mort pour cela ? Pendant un très léger instant, Ayzebel douta, se demandant si Morghann savait réellement ce qu'il faisait. Immédiatement elle se retira cette idée de la tête, il était un Earl et connaissait sa magie, il n'était pas un débutant. La sorcière inspira longuement, pourtant malgré cela, le doutait persistant et se renforçait à chaque seconde qui passait. Elle n'était certes pas une pro de la magie mais elle savait aussi que tout avait un prix... Surtout en magie. Sans compté le cause à effet. C'était comme avec la science, mélangé deux choses et vous en obtiendrez une autre... Alors qu'est-ce qui pourrait bien se passer si l'on mélangeait une magie si sombre à un esprit bridé ?

« Quand tu dis que tu vas m'imprégner de ta magie, euh...»


Très bien, reformulons l'équation. Magie noire, essence d'un Earl, passage vers la mort, le tout à travers un corps frêle d'une sorcière sans presque aucune magie. Non, ce n'était vraiment pas une bonne idée. Ayzebel se crispa en voyant Morghann relever sa manche avant que la lame ne vienne à entailler sa peau. Dans un sifflement de douleur, la femme entrouvrit les lèvres, lançant un regard perplexe à son amant. Surprise par la douleur, la femme baissa les yeux pour observer la marque qui venait d'être gravé dans sa chair alors que son sang s'écoula lentement le long de sa peau. C'était douloureux mais cependant supportable. Après tout, cela ne pouvait pas être pire que son premier accouchement en plein hiver sous la neige, nue et en pleine forêt. Les femmes avaient naturellement un talent prononcé pour résister à la douleur, être une Tenak était synonyme de souffrance. Qu'il fasse donc, elle tiendrait et le savait.

« Fais donc... Essaye juste de ne pas prendre ton temps s'il te plaît, je suis résistante mais pas maso. »

Elle aurait aimé lui sourire mais Ayzebel en fut incapable. Il pensait que ces douze portes allaient suffire? Il n'était même pas sûr de lui... Outre la fabuleuse nuit qu'ils avaient passée, cette fois c'est l'angoisse qui prenait à nouveau le dessus, la méfiance aussi. L'idée d'être un réceptacle à la mort n'était vraiment pas l'idée la plus rassurante du moment. Ayzebel avait beau retourner la question dans tous les sens, elle ne comprenait pas la logique de ce rituel, cela la dépassait complètement et comme tout ce qui était sombre et inconnu, cela était particulièrement terrifiant.

N'aies pas peur....

Alors que les mots de Morghann lui revenaient en tête, la sorcière baissa les yeux doucement, posant à nouveau ses prunelles sur la marque et observa le doigt du nécromant qui glissait sur le sang. Et elle la vit... Cette chose informe et sombre, amas de ténèbres minuscules qui s'accrocha à son doigt. Tout son être fut parcouru d'un frisson, non pas de dégoût mais d'angoisse alors qu'à nouveau elle sentait la magie affluer dans son corps, lentement, mais sûrement. C'était un océan silencieux qui allait et venait en elle, étreignant sa poitrine et son esprit. Ce genre de sensation elle l'avait ressenti une fois seulement, lorsqu'elle avait fait cette fameuse sortie astrale. C'était similaire mais aussi différent, cette fois c'était la sombre magie du Earl qui était à l’œuvre. Les yeux de la sorcière s'ouvrir face à l'horreur qui gisait de son bras tremblant pourtant aucun son ne sortit de ses lèvres alors qu'elle prenait conscience du prodige qui se déroulait sous son regard clair, à travers son corps. Non, pas de peur face à la chose qui cherchait à se frayer un passage vers le monde des vivants, cette petite abomination que Morghann flattait tendrement. Il savait ? Non, il ignorait tout. Si elle n'éprouvait pas de peur c'est parce que son esprit créer en cet instant, un amalgame puissant alors qu'il poussait à faire ressortir ce vieux souvenir vieux de quinze ans. Sa petite fille... Cette chose ignoble à laquelle elle avait donné naissance. L'âme sur son bras la lui rappelait avec une violence terrible. Dans les yeux clairs de la sorcière murée dans un lourd silence, la douleur passa face à la vue de ce bébé suintant de ténèbres avant qu'une larme ne roule sur la joue pâle de la sorcière. Ils n'avaient même pas encore vraiment commencé qu'elle avait déjà mal émotionnellement... À son tour la femme leva sa main et l'approcha de la chose, tendant ses doigts vers elle mais se figea dans son geste alors que la petite créature retourna dans l'abîme. Disparu.

« Et moi... j'ai vu un bébé difforme emporté trop vite dans la mort... Une petite fille sans nom qui aurait dû rester dans l'oubli. »

Rétorqua Ayzebel froidement, presque sur un ton accusateur envers son ami. Il n'y était sans doute pour rien, mais le fait est que cette troublante rencontre avec la nécromancie était particulièrement chamboulant. Ayzebel releva vers Morghann son regard humide et se radoucit aussitôt avant de souffler.

« Pardon... ce bébé... m'a rappelé ma fille... ça fait mal, Morghann. Si mal... »

Est-ce qu'elle voulait toujours de ce rituel ? Un doute, une fois encore. Ayzebel déglutit puis lentement pivota sur sa chaise avant de se lever. Oui, elle devait le faire, savoir ce qui se cachait au plus profond de son esprit, savoir ce que Galéa avait voulu cacher si ardemment. La sorcière doutait même qu'elle ait juste voulu cacher des choses à sa fille, mais à tous. Qu'est-ce qui se trouvait dans ces souvenirs que la matriarche avait même voulu cacher aux yeux des Earl envers qui elle avait pourtant une confiance aveugle ? Dans le silence, la sorcière saisit le bas de son t-shirt et le remonta avant de le faire passer par-dessus sa tête et le laissa tomber au sol. Buste entièrement dénudé, elle retira l'élastique à son poignet et vint saisir son épaisse chevelure bouclée avant de l'entortiller et de l'attacher en un chignon haut, laissant retomber négligemment quelques mèches sombres sur sa peau d'albâtre. Dans un nouveau geste, Ayzebel crocheta son pantalon de pyjama avant de se pencher, faisant glisser le tissu le long de ses cuisses et le relâcha alors qu'il continua sa route jusqu'à ses chevilles. Sans la moindre pudeur, elle était une fois encore exposée aux yeux de son ami et amant dont elle soutint le regard un instant avant de se détourner de lui puis marcher jusqu'au cercle de rituel sur le sol. Ses yeux clairs scrutèrent le dessin un instant puis elle souffla.

« Je ne crains pas la douleur physique. Je ne crains pas tes portes ni même tes morts. Que viennent donc tes monstres... je tiendrais. Ce qui m'effraie réellement c'est ce qui se trouve dans mon esprit... »

Pivotant son visage, Ayzebel dévisagea à nouveau son compagnon avant de murmurer d'une voix brisée par l'émotion et l'angoisse.

« Morghann... J'ai peur de ce que Galéa a caché. Cela me terrorise... Je t'en prie, ne me laisse pas seul avec mes souvenirs... Je suis prête à les partager avec toi. Accompagne-moi. »

Dim 27 Mar - 22:11
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann avait fait sien le silence, rien qui ne puisse surprendre Ayzebel. Probablement s'y était-elle habituée avec le temps. Ses noires prunelles la regardaient, la fixaient, sans qu'un seul mot ne franchisse ses lèvres, sans qu'il ne réponde à ses questions. Il y avait des choses qu'elle devait expérimenter pour comprendre ce qu'était sa magie, ce qu'était la magie noire au sens large du terme et la manière dont le cadet des héritiers Earl l'usait. Il y avait des réponses qu'il ne pourrait lui apporter avec des mots, ce n'était que des sensations diffuses sur lesquels il était impossible de se justifier. Il savait que cela lui faisait du mal, cet enfant parti dans l'au-delà. Il ne s'agissait guère de sa fille, mais l'effet était le même sur la libraire. Il en avait serré les mâchoires sans répondre de vive voix, une nouvelle fois, laissant le temps panser les plaies. Ce qu'elle craignait de trouver dans son esprit, il le craignait également. Raison pour laquelle il l'avait mise dans un état de souffrance, qu'elle sache pleinement ce qui l'attendait au cours du rituel. Il la suivit du regard lorsqu'elle alla se placer dans le cercle, agréant à la poursuite de ces minutes occultes. Sa main se referma sur le couteau et sur son second bras il alla entamer la formation de la seconde clé. « Il n'y a pas de règle définie. Ce qui a été fait par la magie blanche peut être défait invariablement par de la magie blanche ou de la magie noire, à quelques exceptions près. Exceptions qui ne nous concernent pas présentement. Le choix de la branche dépend plus du mage qui défait et j'ai fait ce choix en faveur de ma magie, celle que je connais, celle que je maîtrise et celle dans laquelle je suis le plus puissant. » Il marqua une pause à l’achèvement de la clé, passa dans son dos et plaça la lame au niveau de l'une de ses omoplates, entamant un nouvel ouvrage : « J'ai fait ce choix car c'est ce qui me parait le plus sûr, le plus stable. Je refuse de prendre le risque de t'endommager en usant d'une magie dont je ne suis pas certain du contrôle. » C'était le choix qu'Howard avait fait pour lui, d'user d'une magie blanche. Son choix se justifiait : il ne voulait pas salir son frère et Morghann l'agréait sur ce point. Il n'en demeurait pas moins vrai que son âme avait été gravement atteinte dans le rituel, mutilée en une blessure qui même réparée ne se soignerait jamais complètement. C'était ce traumatisme qui ressortait dans les aveux du nécromancien, un traumatisme camouflé mais pourtant présent. Il n'existait pas pire torture au monde, pas pire punition que de sentir son âme se déchirer.

Il passa à la seconde omoplate : « Ce choix est largement conforté par le fait que nous ne sommes pas dans un nexus. La pratique de la magie y est plus complexe, plus agitée et bancale. » Le sang s'écoulait lentement des plaies, goutte après goutte. Sous les deux signes, parfaitement alignés, il en traçait deux autres, puis deux autres encore en dessous, dans le creux de ses reins. Ses gestes étaient précis, rapides et appliqués, ses études dans la médecine y étaient pour beaucoup. Il veillait à ce que la larme ne soit pas trop enfoncée, juste ce qu'il fallait. « Et je ne souhaite pas prendre de risque. J'appelle l'au-delà car c'est ce qui m'apportera la marge de manœuvre nécessaire à tout dérapage de la situation. Je l'appelle en quantité supérieure à ce qu'il me faudrait parce que je dois puiser d'avantage en elle. Je ne veux pas me présenter aux portes verrouillées de ton esprit comme un cambrioleur et les exploser au risque de transformer en débris plus qu'il ne le faudrait. Je veux me présenter en invité. Je veux me présenter en possesseur des clés et les ouvrir avec douceur. » Il n'était pas à Last End. Qu'il use d'autant de magie ne devait pas la surprendre. C'était normal. Terminant les six clés à son dos, il revint devant elle pour s'agenouiller et tracer les trois suivant sur son ventre, un triangle parfaitement équilatéral. Les deux de la base étaient de part et d'autre de son nombril, légèrement en dessous, le troisième parfaitement au dessus du nombril. « Si je dois t'imprégner de ma magie, c'est que parce qu'il me faut percer jusqu'à ton esprit et... T'accompagner. Tu ne vivras pas cela seule, Ayzebel. Pas un seul instant, je ne l'avais imaginer autrement. » La laisser à la souffrance de ce qu'elle pouvait découvrir : jamais. Il l'avait refusé et s'y confortait. Quand bien même cela pouvait paraître comme de l'intrusion dans sa vie privée, il en avait cure. De toutes façons, elle venait de le lui accorder sans qu'il n'ait à lui demander. « Plus qu'une. » souffla-t-il en achevant la troisième clé, ses doigts passant avec douceur sur ce ventre mutilé : « Ta fille... Je l'ai vue. Tu la verras aussi. Il faut t'y préparer. Je serai là toutefois et s'il faut refermer la porte à clé, si c'est trop rude à supporter, tu n'auras qu'à me le dire et je la verrouillerai, j'y apposerai mon sceau... » Et il mettait au défi quiconque souhaiterait le faire sauter. Rares étaient ceux qui pratiquaient une magie supérieure à la sienne. « Cette porte-ci ou toute autre que tu voudras. Je les scellerai. »

Il se releva, son regard la toisant longuement avant qu'il ne reprenne la parole : « A l'instant où je l'ai vue j'ai su... J'ai su ce qui l'avait détruite. L'homme pâle. » De sa main libre, il vint caresser sa joue avec une grande douceur et une douloureuse compassion : « L'homme pâle l'a dévorée pendant ta grossesse. Il en est capable depuis son manoir, il aspire l'essence des enfants. C'est la raison pour laquelle les aînés de notre famille, mon père et mon oncle Lyssander, protègent le château d'une créature qu'ils ne parviennent à exterminer. C'est un être millénaire, préexistant à l'humanité. Un monstre contre lequel nous ne pouvons que nous protéger à défaut de l’annihiler. » Douce hypocrisie que la prétention des Earl à protéger les Tenak : c'étaient elles qui avaient le plus d'enfants, elles qu'il fallait protéger du dévoreur... Et elles qu'on laissait en délicieuses proies. Victimes nécessaires pour satisfaire l'appétit de l'ogre et l'empêcher de forcer, affamé, les barrières du précieux château des Earl qui tiennent, loin de lui, leurs éminents héritiers.Il avait acheté la dernière clé, tracée au dessus de la onzième juste en dessous de sa poitrine. Il avait fait en sorte de placer chacun des clé à un endroit elle pouvait aisément couvrir. Le ventre, le dos et le haut des bras. Il posa un baiser sur son front et s'éloigna pour aller poser son couteau dans son coffret. Se retournant vers elle, il contempla son corps mutilé de ses marques. Étrangement, il jubilait de la voir avec ses marques à lui plutôt que les crocs des vampires qui, avant lui, avaient entaillé sa peau blanche. Il avait cette enivrante sensation de la posséder. Avançant vers le cercle sans y pénétrer, il fit, bas : « Allons-y. »

Ô Death. Inspirant longuement, il attira les flux de magie sombre à lui, l'atmosphère devenait plus oppressante, plus froide et terrifiante. Ses prunelles étaient d'un noir si profond qu'elles semblaient être des gouffres sans fond, débordant des horreurs de l'autre monde alors qu'il la fixait avidement, comme un animal près à bondir sur sa proie dès qu'il aurait sous sa poigne la force nécessaire. Cette puissance, elle venait, emplissant le cercle et les symboles d'une vibrance magique qui bien que frêle était parfaitement sensible. Officiant de nécromancie, ses lèvres s'ouvraient enfin après ce premier appel silencieux. Paroles ésotériques, propos d'outre-tombe, un dialecte aux consonances arabes sans que les mots n'aient de signification compréhensible. Morghann les comprenait. Les morts également. Leur dialogue s'ouvrait et la propagation de sa puissance exsudait lentement dans les veines de son amante. Partant de ses épaules, la chaleur grisante glissait dans ses bras jusqu'au bout de ses ongles, coulait dans son dos, y caressant langoureusement la cambrure jusqu'à s'étendre lentement jusqu'au sol. Cela se mouvait et serpentait sur sa poitrine, étreignant son cœur comme une fiévreuse liqueur, devant comme l'air dans ses poumons. Rien d'étouffant, rien de douloureux, c'était une séduisante sorcellerie, faisant miroiter à sa proie un bien-être d'excellence avant le réveil cauchemardesque. Les ténèbres grondaient dans son ventre comme le ronronnement charmant d'un chat. Les papillons envahissaient son esprit, étreignait sa conscience, elle devait être engourdie, panacée d'opium. Elle devait se sentir légère, le pouvoir faisait tourner bien des têtes. Il la maintenait consciente, bien présente, mais sans nul doute : elle avait bu un très bon vin. Morghann prononçait ses incantations, ouvrant porte après porte, et une première créature s'extirpa de son dos, aussi décharnée que le nourrisson, aussi noire... Mais bien plus grosse, de taille adulte la femme sortait de là, dans quelques claquements d'os frottés, d'os à nu. Son souffle macabre, glacial, était rauque contre sa nuque. Ses mains nécrosées vinrent se poser lentement sur les tempes de la sorcière. Une autre silhouette plus petite, une seconde femme probablement une adolescente, s'extrayait du ventre d'Ayzebel, ses bras mortifiés enlaçaient sa taille pour sortir et l'une de ses mains gangrenées saisissait son épaule pour faire fonctionner ses muscles dépouillés et arriver à sa hauteur.

Enlacée des défunts réanimés, Ayzebel était prête pour l'accueillir. La première femme appelait ses souvenirs, la seconde n'interviendrait que s'ils avaient besoin de refermer une porte. Morghann avançait dans son esprit, pas après pas, marchant sur le tapis rouge de l'invité, tel un prince dans un royaume qui lui appartenait, dans sa main la clé par magie formée, qu'il présenta pour entrer. Et les verrous, un à un, sautaient dans un cliquetis de serrure. Les souvenirs revenaient et, en roi, il s'offrait le droit de les consulter avec elle.

Sam 2 Avr - 15:05
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La lame passait et repassait sur sa peau, imposant une douleur lancinante mais supportable. La sorcière libérait quelques gémissements, serrant les dents alors la pointe de l'athamé entaillait sa peau pâle et laissait le sang chaud se déverser sur sa silhouette. Ayzebel tentait de rester immobile du mieux possible alors que l'angoisse et la douleur la tiraillaient de toute part. Elle avait mal, dans son corps et dans son esprit, ce qu'ils allaient voir aurait indéniablement des conséquences et qui sait ce que la libraire était encore en mesure de supporter. Gardant le silence, Ayzebel se laissa porter par la voix de Morghann qui expliquait la raison de son choix porté sur la magie noire, qu'il serait là auprès d'elle. Lorsqu'il se glissa devant elle, la sorcière porta sur son amant un regard tendre et triste, levant une main pour caresser sa joue. Le souvenir de leur dernière nuit était encore chaud et si elle n'avait pas eu cette lame qui tailladait sa peau, elle se serait probablement jeté dans ses bras à nouveau. Dans un autre gémissement, elle retira sa main, s'agrippant aux épaules de son ami. Par endroits la peau était plus fine, plus sensible et les clés gravées sur son ventre étaient comme des dizaines d'aiguilles piquant sa peau. Les yeux humides sous la douleur, la sorcière baissa le visage, observant son buste sanguinolent. Sa vue se brouillait par ses larmes, oui, elle avait mal mais pouvait encore tenir. Elle avait le droit de pleurer tant qu'elle arrivait à rester debout et subir cette torture physique infernale mais Ô combien nécessaire. Si Ayzebel avait gardé le silence tout le long du monologue de son compagnon, quand il mentionna sa fille elle se raidit, levant vers lui un regard suppliant et larmoyant avant de souffler.

« Il est peut-être temps pour moi d'affronter ce souvenir, de la laisser partir... Cela me fera toujours mal mais... Je me sais assez forte pour... Passer outre. Surtout si tu es avec moi. »

Quand Morghann se décida à être honnête envers son amie, il expliqua d'un ton grave ce qu'il avait vu. L'homme pâle, étrange créature dont le nom lui semblait inconnu. Pourquoi n'avait-elle pas connaissance de cette chose ? Sans doute parce que Galéa avait verrouillé ce souvenir, souvenir que Morghann avait libéré et qu'elle avait entrevu. Ce nom fut perdu dans les méandres de son esprt, ce prédateur que rien n'arrêtait. L'ogre, cruel et impitoyable qui avait fait des Tenak un mets raffiné. Mais dans ce cas, qu'est-ce qui rendait les Tenak différentes ? La question était légitime surtout quand l'on savait la souillure de leur sang. Cela venait forcément de cette fécondité extrême, cela méritait de pousser les recherches sur le sujet quand l'occasion se présenterait. Une façon de mieux connaître sa famille et de percer le mystère qui l'entourait. Au pire, peut-être que la réponse se trouvait dans son esprit, c'était aussi une possibilité. Reprenant son souffle, la femme ferma les yeux quand le nécromant embrassa son front comme un encouragement et une félicitation pour avoir tenu face à la torture. Le silence retomba, lourd comme une pierre jeté dans le fond d'un lac.

Lorsque Morghann revint dans le cercle, Ayzebel inspira longuement puis bloqua sa respiration pour calmer les battements effrénés de son cœur. Allait-elle souffrir encore ? Elle ne tarderait pas à avoir la réponse mais elle doutait que son corps, aussi solide soit-il, puisse encore se satisfaire d'une éventuelle torture quelconque. Pourtant il n'en fit rien, à travers les paroles du nécromant, sa voix gutturale mais chantante qui crachait dans un arabe parfait une cacophonie empreinte de magie. Une étrange sensation envahit la sorcière, ce fut immédiat mais loin d'être brutale, une caresse veloutée sur sa peau qui tranchait avec la douleur des clés, comme les bras d'une mère avant de rappeler l'étreinte d'un amant. Son corps tout entier était paralysé par cette sensation enivrante et d'une infinie douceur alors qu'un frisson d'excitation remonta le long de son échine. La peur qu'il avait dit, des choses horribles qu'elle verrait et ne pourrait comprendre... Pourtant quand les deux âmes s'extirpèrent des portes gravées sur sa peau pour l’enlacer et la maîtriser, la femme n'éprouva nulle peur. Seule une fascination morbide passa dans ses prunelles alors que son corps se détendit entre les mains squelettiques qui l'étreignaient. Son esprit était vaseux, elle avait cette sensation étrange de ne plus être de ce monde, d'être hors du temps et de l'espace. Les yeux de la sorcière se posèrent sur l'esprit nécrotique issu de son ventre auquel elle avait donné naissance par la magie de Morghann. Non, vraiment aucune peur... L'avait-il seulement soupçonné ? L'avait-il cru faible? Ou bien n'avait-il simplement pas imaginé qu'Ayzebel avait pu accepter ces créatures et vibrer avec elles de tout son être. Un soupir passa ses lèvres, frêle et chantant, plaisir craché au visage de l'immondice suintante. Le silence se brise, entrecoupé de soupirs et gémissements, chaque râle exulte le plaisir alors que la sorcière glisse dans une parfaite symbiose avec les morts et son amant tendit qu'entre ses cuisses, sa matrice se fait moite et que sa bouche ne vomisse un ultime geignement d'extase. L'orgasme la prend, puissant et inébranlable alors même qu'elle perd connaissance pour à son tour, rejoindre le nécromant dans la noirceur de son esprit.

Pourtant nulle trace d'Ayzebel dans le sombre corridor issu d'un autre âge. Les portes étaient nombreuses à travers ce mur de pierre et éclairé t de flambeaux qui déversaient une faible lumière. Omniprésente, contrairement à son amant, la libraire existait à travers chaque élément de ce décor sombre teinté de noir, d'or et de pourpre. Dans un subtil jeu de lumière, chaque fenêtre que Morghann croisait sur l'autre face du couloir donnait accès à une nuit sans lune, gouvernant un hiver sans fin. Glacial était ce décor dans lequel l'Earl évoluait dans le silence tout juste brisé par les clés d'or qu'il tenait en main alors que sur son passage, le feu des torches vacillait à travers le souffle invisible de la sorcière dépossédée de son corps. Il pouvait la ressentir à travers chaque pierre du couloir, dans chacune des portes. Ayzebel était là à chaque instant, en lui et tout autour de lui. Il était en elle, dans son sombre royaume, animé par son cœur gangrené. Si Morghann tendait l'oreille, dans le silence et à travers le crépitement des torches, il pouvait même entendre la voix de sa compagne qui susurrait son nom dans un souffle de sensualité et de désir.

Les serrures sautèrent une à une, libérant les portes et les souvenirs dont elles étaient les gardiennes. La première qu'il franchisse déversa un flot de lumière éblouissant qui chassa l'obscurité du corridor. Le silence fut progressivement remplacé par le tintement répétitif d'une mélodie. Quand l'Earl ne fut plus ébloui, c'est un décor familier qui s'offrit à ses yeux, l'une des nombreuses pièces du château de sa famille. Deux silhouettes s'affrontaient, un homme grand et charismatique qui tournait les pages d'un livre en appuie sur un piano face auquel une adolescente prenait plaisir à appuyer sur les touches noires et blanches de l'instrument. Pryam guidait Ayzebel, patient et bon professeur. Durant ce court après midi d'un mois d’octobre où il avait gardé auprès de lui la jeune sorcière pour juger de sa capacité à régner sur les Tenak et voir quel genre d'allié elle serait. Dans une ambiance intime, loin des regards qu'Ayzebel avait eu le droit de jouer du piano, un plaisir simple mais Ô combien important dans une enfant brisée. Oui, sous les yeux du nécromant, son paternel avait offert à sa compagne l'un des souvenirs les plus lumineux et puissants avant que son enfance ne lui soit définitivement arrachée lors d'une nuit de sabbat.

Si j'avais eu un papa, j'aurais aimé qu'il soit comme vous.

Résonna la voix déterminée et sincère de l'adolescente avant que Morghann ne soit à nouveau éblouie de cette aveuglante lumière et éjecté du souvenir. À nouveau dans le corridor sombre, la porte face à lui grinça avant de se claquer puissamment, son écho résonnant dans le sombre couloir. Sans doute ébranlé par ce souvenir, Morghann n'avait cependant pas le choix que de continuer, d'ouvrir la seconde porte qui lui était offerte, juste là, à portée de main.

Dim 3 Avr - 17:41
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Sombre était le corridor dans lequel il avançait. Pierres si froides que les flambeaux semblaient étouffés par la glace de leur rayonnement. L'hiver au dehors n'était que ténèbres, tant qu'il s’interrogea un instant sur la réussite de son rituel. Etait-il bien en elle ? Tout était si obscure qu'on aurait pu se croire chez les Earls et le souvenir de son extase à l'ambiance nécrotique l'ébranlait terriblement. Il était bien en elle, il ressentait son souffle sur les flammes qui vacillaient à son passage, rendant la faible lumière d'autant plus incertaine. Le nécromancien ranima magiquement ces flammes, forçant la sombre sorcière à des oraisons moins funestes, gravant en elle son désir vibrant de l'élever au delà des tréfonds abyssaux desquels il l'avait extirpée à leur rencontre et dont il refusait la rechute. Ce qu'il découvrait d'elle, cette noirceur qu'il ignorait, il ne s'en inquiétait pas pour autant, persuadé qu'il était qu'en chacun pouvait loger les ténèbres et la lumière. Ses doigts serpentaient sur la pierre, frôlant sa surface avec une douceur sans faille alors que, pas après pas, il avançait. Il n'avait nulle peur, il ne la craignait pas. Il savait aussi qu'elle ne lui voudrait aucun mal d'aucune manière. Il caressait ce mur, ce corridor, à son passage, avec la conscience assurée que c'était son esprit qu'il cajolait et envoûtait. « La puissance... » souffla-t-il pour lui-même, quand bien même il s'adressait à elle. Mais il n'avait nul besoin d'élever la voix plus que nécessaire. Elle était là, omniprésente. Elle était là, dans les murs et jusque dans l'air qu'il respirait. « Est-ce cela qui te délivre par l'extase ? Cette transe enfiévrée... Etait-ce la puissance ? » Sa puissance, celle d'une lignée pure et l'idée l'effrayait certainement. Bien fous étaient ceux qui courraient après le pouvoir et la mort était au bout du chemin. Anthony en ferait les frais. Pryam tout autant. Il refusait cette quête à son amante. Une quête stérile et sans fin, à l'instar du Saint Graal et tout ces pauvres fous avec le désir au cœur de mettre fin aux temps aventureux, au temps des croyances païennes pour que Christianisme s'élève et apporte cette paix si désirée. Une croisade sans heurt, sans coup-d'épée au travers du flanc. Mais à terme exterminatrice de magie. Terriblement destructrice et dévorante. La fin de l'Envers.

« Etait-ce la Mort ? » poursuivit-il à la fois curieux et inquiet. Chacun avait sa façon de voir et d'envisager la mort. Dans la culture occidentale, il s'agissait d'un événement triste et il n'y avait qu'à sentir la douleur d'Ayzebel à l'évocation de son enfant mort né pour comprendre qu'il s'agissait de sa culture à elle. Etait-ce alors par ce qu'il lui avait appris de la mort qu'elle s'ouvrait de la sorte ? Avait-elle ouvert les yeux sur la dédramatisation qu'il en avait fait ? Ou était-elle antérieurement ouverte à cela ? Ou une prédisposition initiale que Morghann n'avait fait qu’accroître depuis leur rencontre ? « Etait-ce moi ? » demanda-t-il encore, conscient qu'il l'avait pénétrée à la fois magiquement et spirituellement ? Il avait imposé sa place en elle, une place non naturelle qu'elle lui accordait pourtant.Glissant la clé dorée dans la serrure, il ouvrit la première porte sans violence, plissant les yeux face à l’éblouissante lumière. Une fois atténuée, il entra dans un décor des plus familiers et lorsque la silhouette magistrale de son père se dessina, il ne pu que sentir la colère monter en lui. Il savait ce que Pryam faisait. Il l’appâtait. Sombre vautour sur une enfant brisée, il apportait un réconfort certain, il l'illuminait et il la trompait. La musique était un leurre et son âtre tout entier s'en indignait, incapable de taire sa rage endiablée. Il était un monstre perfide, un félon ! Sa main se referma si fort sur le dossier d'une chaise, nul doute que son hôte Ayzebel en sentirait la douleur, le pincement, l'alerte. Il ternissait le souvenir et c'était un mal nécessaire, pour ne pas être obligé de verrouiller à nouveau ce souvenir. Il ne voulait pas que les griffes de son père se referme sur elle, mais son visage juvénile, heureux, avait à lui seul su le convaincre que de lui retirer ce bonheur n'était pas une option charitable. Alors, avant d'en être expulsé, il y avait placé une alerte, un ressenti de danger pour qu'elle ne se laisse aveuglément prendre au piège. Elle saurait, elle penserait à lui.

Face à la porte close mais non verrouillée, il resta un instant, cherchant le calme dans son esprit tourmenté, gardant pour lui sa douleur accablante. Il passa ses doigts sur la porte, caressant le bois sombre. Si elle savait comme il désirait apposer son sceau sur cette porte, la refermer à tout jamais.... ou jusqu'à ce qu'un sorcier, plus puissant que lui, fasse à son travail ce qu'il avait fait à celui de Galea. Comme il détestait son père, comme il aurait voulu le massacrer à cet instant, comme il aurait voulu empêcher Ayzebel de voir en lui ce père qu'elle n'avait pas eu. Et que lui avait eu au point de désirer aussi ardemment son trépas. « J'aimerais que ton regard d'adulte éclaire les erreurs de jugement de ton enfance. » Il n'irait pas plus loin sur ce sujet, persuadé qu'elle comprendrait. Pryam ne pouvait être son père, même spirituel. Il le refusait. Pas lent, accablé psychologiquement après cette première porte seulement, il ouvrit la seconde sur un hiver de l'année 1990 et sur un igloo qu'il reconnut être le sien. Souvenir lointain, même pour lui et cette promesse enfantine et si troublante qu'elle lui avait faite. Il expira l'air de son nez dans un rire qu'il étouffait, secouant la tête de gauche à droite. Un sourire sur ses lèvres naissait. Le monde était bien petit en définitive. « Il me semble avoir toujours ce ruban. » A Last End, probablement. A moins qu'il ne se soit perdu dans ses nombreux déménagements. Pincement au cœur face à une promesse qui jamais ne serait honorée, quand bien même il ne désirerait. Il ne le pouvait. Morghann poussa un soupir, lourd d'une fatalité dont il ne pouvait s'extirper. « Poursuivons. » fit-il en tournant le dos à une scène qu'il connaissait déjà lorsqu'il vit son corps d'enfant s'écrouler dans la neige, par les morts accaparé. Son cœur était lourd et il fallait croire que tout ceci ne serait pas une épreuve que pour Ayzebel. Dans le corridor, il marcha vers la troisième porte et y inséra la clé.

Dim 10 Avr - 18:47
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La puissance, qu'était-elle à part un espoir de grandeur ? Toucher l'inespéré du bout des doigts, sortir de l'ombre, ne plus être invisible... Cette puissance dont elle était dépourvue, elle, la femme au sang souillé qui rongeait ses veines comme un acide. Cette grandeur, elle ne l'aurait jamais, même par force de travail, Ayzebel le savait mais au travers de son amant elle avait goûter ce pouvoir immense qui avait électrisé son corps.

Oui, le pouvoir... Il serpente dans mon corps, souvenir d'une grandeur perdu à travers les siècles... désir inavouable de devenir ce que je ne suis pas... ne plus être une ombre parmi les ombres...
Résonna la voix de la sorcière à travers le corridor dans un souffle pure, une caresse sur la nuque du lord. Ici dans son esprit, nul mensonge, aucun faux-semblant. Les murmures qui traversaient les murs étaient de son inconscient, gardien de ses souvenirs. Il ne saurait mentir... La mort fut tout aussi attractive, douce comme le miel.

La mort... Tu m'avais dit que j'aurais peur... Nulle peur dans mon esprit... confiance et soumission... On ne peut vaincre ce qui est immuable... seulement l'accepter... ses bras froids me consolent et m'apportent réconfort...

Ne lui avait-elle pas dit que la mort l'appelait ? Il y avait trop longtemps que la sorcière avait cessé d'avoir peur de la mort. Ce n'était pas de la folie, savoir accepter ce qui était plus grand que soit, ces choses que l'on ne peut changer. Puissance et mort avaient donc apporté l'extase, mais est-ce tout ? N'y avait-il donc que de la noirceur dans cette jouissance morbide ? Il aurait été si facile de se méprendre, pourtant la voix de Morghann anima à nouveau le corridor d'un souffle délicat qui fit vriller les torches. Là, encore et toujours, présente jusqu'au bout. Sans cesse elle le suivait, le caressait d'une étreinte invisible, qu'il ne se sente pas seul dans ce couloir interminable alors que sur les vitres, la neige se déposait et accentuait cette ambiance si froide.

Toi... Je t'ai senti à travers mon corps jusque dans mon âme... Si douce caresse qu'est ton esprit contre le mien... Tu es tout et rien à la fois... Aveuglante lumière et noirceur glaciale... parfaite harmonie... lié par le pouvoir, enlacé par la mort... dans nos corps et nos esprits nous ne formons qu'un... es-tu une illusion ? Hallucination de mes désirs, d'un amour inavoué ? Morghann... Ô Morghann... Pour toi je renierais le pouvoir, pour toi j'embrasserais la mort...

Le corridor vibre une ultime fois avant que le silence ne retombe. Calme et sérénité à travers la pénombre. L'inconscient avait susurré la vérité cachée derrière ce masque glabre qu'affichait incessamment la sorcière qui criait et étouffait à travers une revendication qui n'était que mensonge. Pas d'amour, c'est cela ? N'était-ce pas ce qu'elle lui répétait sans cesse, simplement parce que Morghann ne voulait rien entendre d'autre ? Curieuse façon que de le satisfaire. Renier son propre bonheur pour détriment de celui de son amant, le sauvegarder de sa peur de l'avenir, il se voilait la face. Lui qui ignorait tout de l'amour, comment aurait-il pu comprendre son geste ? Ayzebel avait refoulé son propre amour pour qu'il puisse la garder avec lui en toute sérénité. Mais l'ombre de Pryam planait, jusque dans les souvenirs bridés. Non, non elle ne se laisserait pas tenter par l'infâme patriarche. Howard lui avait dit de se tenir loin, Morghann aussi... Ce n'était là qu'un souvenir. Un beau souvenir malgré tout, une de ces rares après-midi où l'enfant avait sourit, trouver la paix dans son âme. Une illusion... rien de plus.

Pas le moindre souffle face à ce souvenir. Morghann avance, méfiant face au prochain souvenir. À nouveau le corridor pulse, comme une respiration, l'espace se tord sous ses yeux. Le couloir se rétracte puis s'étire avant de retrouver sa forme initiale. Elle aussi craint la suite... Mais quand la porte s'ouvre, à nouveau une lumière éblouissante happe le sorcier, plus forte encore que la précédente. Le froid de l'hiver, la neige qui tombe et virevolte sous les yeux enfantins et émerveillés. À travers ce froid, la chaleur d'un baiser. Chaste et pure, dénué de toute pensée immorale. Seul l'innocence guide les gestes des deux enfants, scellant ainsi une promesse qui ne pourrait jamais être respecté. Ayzebel aussi le sait, un autre espoir qui s'envole, un bonheur qu'elle ne connaîtrait pas. Aussi beau est le souvenir, c'est dans la douleur qu'il se termine.

J'aurais aimé être ce pilier que je t'avais juré de devenir... Mais je suis faible, si faible et inutile... Pour toi, pour tout le monde... Je ne suis rien dans ce monde... La noirceur est mon seul réconfort...

Comme au souvenir précédent, Morghann est immédiatement chassé et repoussé dans le couloir de pierre. La porte grince et se ferme dans un nouveau claquement dont le bruit résonne dans le corridor dans un écho effrayant. À tous les deux, il leur fallait reprendre leur souffle, faire le tri dans les pensées qui se bousculaient. Un souffle envahit à nouveau le corridor, enveloppant l'Earl d'une infinie tendresse. À présent c'est elle qui lui offrait le courage d'avancer. Il le fallait car sans lui, elle n'aurait pas la force d'affronter les souvenirs. Sans l'intervention de Morghann, la troisième porte trembla avant de s'ouvrir d'elle-même. Pas de lumière cette fois, juste un courant d'air glacial qui ne présageait pas un souvenir heureux...

Dans un couloir sombre, le visage de l'enfant était appuyé contre la porte. Sa petite joue rondelette pressée contre le bois, déformait son visage alors que son oreille captait les éclats de voix. Voilà quelques instants qu'elle était là à écouter. La voix de Galéa portait durement, sévère, autoritaire et tremblante de colère alors qu'une voix masculine et grave, plus calme lui répondait d'un ton sec mais suppliant.

« Galéa, sa place est auprès de la branche principale... »
« Jamais ! Tu entends ? C'est ma fille, pas la tienne ! »
« Comment oses-tu ?! Elle aussi mon enfant et j'exige de la voir ! »
« Tu as signé un contrat ! L'accord ne saurait-être rompu ! Tu connais nos lois... Tu n'as le droit à aucun contact avec elle. »
« Les lois je les connais, ce sont les tiennes et non les miennes. Ayzebel est ma fille, Galéa, autant que la tienne. Elle n'a pas à subir cette vie minable que vous vous imposez... Jamais mon enfant ne finira comme ça ! Je ferais appel au patriarche s'il le faut mais ne crois pas t'en tirer ainsi. »

Un tremblement puissant fait vaciller le souvenir avant qu'il ne se disloque et ne disparaisse. Le retour au corridor est plus difficile, non pas pour Earl mais l'esprit omniprésent de sa compagne. Fébrile, Ayzebel faiblis face à l'émotion qui l'envahit. Tristesse, perplexité face à cette vérité alors qu'à nouveau sa voix résonne dans le sombre couloir.

Je croyais ne pas avoir de père... mais il s'est battu pour moi... Morghann... j'ai... un père, là... quelque part...

Dim 10 Avr - 22:09
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
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Morghann Earl
Ces paroles qu'il percevait, de sincérité pleines, sans être jugulées d'aucune manière... Ces paroles-là avaient le don pour le saisir, le transporter. Sans qu'il ne l'ait vu venir, il en était frappé, ébranlé et son visage de marbre, toujours, lui occultait ce qui pouvait le rendre à la fois triste et heureux. La puissance, le pouvoir, rendait bien des âmes malheureuses dans une quête du Graal, éternelle et destructrice. C'était un idéal à jamais inatteignable, et quand bien même une étape pouvait être franchie, c'est plus loin encore que l'on regardait, incapable de se satisfaire de ce que l'on avait. Un concept que Morghann n'avait pas saisi. Un concept qui lui faisait défaut, à l'image égale de l'amour. Sa quête n'était pas le pouvoir. Il poursuivait d'autres buts, au gré de son cœur, se vouant à des caprices et des affects sans qu'il ne puisse être certain que sa quête vaille mieux que celle du pouvoir. Alors, il l'y assimilait, retrouvant en elle les traits d'Howard, en bien moindre proportion et pourtant. « J'aimerais être une ombre. » souffla-t-il à son égard, désir contraire. Elle voulait la lumière, lui cherchait l'ombre derrière son jumeau, pour n'être qu'à lui et s'abandonner, fermer les yeux sur tout le reste, ne rien gérer. Tout ce qu'il offrait à Ayzebel, sa protection, son autorité, n'était que ce qu'il rêvait d'avoir. Une vie hors de ces secrets, de ces mensonges, de ces frères qui apparaissaient dans sa vie après plus de 35 années dans le silence. Il aurait aimé pouvoir vivre loin de tout cela, avec Kessy, avec Howard, avec Ayzebel. Peu lui importait, pourvu qu'il ne puisse jamais plus entendre le mot 'trône' de sa vie.

Serrant les dents alors qu'elle lui parlait de la mort, il baissa lentement la tête, observant ses chaussures dont le son de ses pas lui parvenait comme au beau milieu d'une pièce vide. Cela raisonnait, heurtait les murs puis ses oreilles. Il aurait voulu, qu'à la mort, elle réponde 'pas aujourd'hui'. Il aurait voulu qu'elle délaisse sa peine et sa tristesse, qu'elle retrouve l'envie de vivre. En cela, il était abattu, autant que l'était celui qui échouait dans une mission qui lui était chère. Son aveu d'ouverture envers la Mort était tout autant un aveu de fragilité et de désir funeste alors qu'il œuvrait autant qu'il lui était possible pour la protéger, la préserver. Cela lui serra le cœur, tant, qu'il ne répondit nullement, observant la porte suivante. Il s'arrêta abruptement devant la porte aux propos qu'il entendait, déglutissant avec difficulté, cet amour sans bornes qu'on lui crachait au visage. Il était incapable de comprendre, mais il le sentait. Il avait cette sensation désagréable que cela allait bien au-delà de ce qu'il pouvait lui offrir. « Tu m'aimes... » conclut-il difficilement, un souffle écourté par la peine : « Je t'avais dit de ne pas m'aimer... Je te l'avais dit... » Il secouait la tête de gauche à droite, niant ce qu'il venait d'entendre, ce que son esprit venait de lui avouer alors que pourtant, elle ne le voulait. Elle avait toujours mis cette distance qu'il lui avait imposée... Mais pas là. Il sut alors avec quelle part de son esprit, il conversait. Il se fustigeait de lui soutirer des informations de la sorte, son inconscient ne saurait lui mentir, ne saurait être jugulé par la bien séance. Il franchit la porte suivante, mis au secret d'une conversation étrange entre Galéa et le père d'Ayzebel et alors qu'il quittait ces révélations, il sentait l'esprit de son amante vibrer de toutes parts comme une feuille laissée au vent. Il caressai la porte avec douceur, cherchant à l'apaiser, elle, elle dont il touchait l'esprit. Il voulait la ramener à la raison et au sang-froid.

« De quel accord parle-t-il ? Et quelle branche principale ? » Il existait tant de familles sorcières à travers le monde que de mettre en exergue l'une d'elles parmi tant d'autres étaient un casse-tête sans nom. Ceci sans compter qu'il existait encore bien des familles sorcières, jeunes, qui n'étaient pas répertoriées. La surprise d'Ayzebel l'étonnait : bien sûr qu'elle avait un père, les femmes Tenak avaient beau avoir une fécondité hors du commun, aucune d'elle n'était une vierge Marie. L'impact allait bien au-delà, il pouvait s'en douter. Il avait grandi auprès d'un père et d'une mère et même si ses liens avec eux étaient détériorés, il avait pu les connaître. Ce qui n'était pas le cas de la sorcière. Il demeurait toutefois pragmatique, ses questions étaient claires et sans fioritures. Il n'était pas impossible de croire que le père était toujours en vie, qu'il était là, en ce monde, et que le rencontrer ferait probablement beaucoup de bien à la libraire. C'était en cet optique, au fondement bon, qu'il demeurait avec sa froideur et sa directivité. Il poussa un soupir en se présentant à la porte suivante : il ne pourrait pas maintenir ce sort, hors d'un nexus, très longtemps. Il lui fallait achever de les ouvrir, quitte à décortiquer tout cela ensuite. Mais avant de l'ouvrir, main sur la poignée, rongé à la fois pas une jalousie possessive et la culpabilité d'obtenir des réponses en usant d'un moyen hors de contrôle d'Ayzebel, il demanda : « Tu aimes Anthony ? Pour lui, renierais-tu le pouvoir ? Embrasserais-tu la mort ? » Répéta-t-il pour en mesurer la teneur, avec ses idées qu'il ne concevait pas, mais qu'Ayzebel saurait jauger à bon escient pour lui.

Mer 20 Avr - 18:38
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Me demander de ne pas aimer, c'est comme demander de ne pas respirer...

L'amour ne se contrôlait pas, il ne suffisait pas d'ordonner pour que cela se réalise. S'il y a bien une chose sur lequel Morghann n'avait aucun pouvoir, aucune autorité, c'était bien sur le cœur de sa compagne. Aussi difficile soit cette révélation, il n'avait d'autres choix que d'accepter cette vérité. Cependant, il pouvait le faire dans le silence, sans même jamais la mentionner...

J'ignore de quelle branche parle Galéa... Serait-il possible que la famille Tenak ne se limite pas mes consoeurs ? Ce serait un espoir fou... Ai-je le droit d'espérer cela ?

La mention de principale était ce qui était le plus étonnant dans ce souvenir. Est-ce que cet homme venait de comparer la branche de Galéa à la sienne ? Dans ce cas, cela signifiait-il qu'il était... Un Tenak ? Dans le couloir, les flambeaux vacillèrent en rythme avec l'esprit de la sorcière. Était-il possible qu'il existe une autre branche dans la famille et que celle de Galéa ne soit que secondaire ? Mais dans ce cas pourquoi donc n'en avait-elle jamais entendu parler ? Les Tenak étaient douées pour garder les secrets, mais à ce point, Ayzebel ne l'aurait jamais cru. Cette découverte, si tant est qu'elle soit juste, était tout simplement incroyable. Une foule de questions traversèrent l'esprit de la libraire dont le souffle traverse le corridor, tiède et doux, enveloppant son amant avec tendresse. C'était grâce à lui et sa magie qu'elle savait à présent que sa famille ne se limitait sans pas à ces femmes qui faisaient office de père porteuse. Le silence retomba dans le long corridor, seul le crépitement des flammes entrecoupait ce silence à la fois pesant et salvateur. L'esprit de la sorcière était en paix, tout juste. Ce calme ne régna pas longtemps, bien vite Morghann reprit la parole, osant braver la limite à ne pas franchir. Conscient qu'il avait affaire à l'inconscient de sa compagne, l'Earl cherchait des réponses de façon détournée. Sans honte était le nécromant qui profitait de la situation et de l'esprit embrumé d'Ayzebel dont le souffle résonna à nouveau entre les murs, effleurant les flambeaux, faisant vibrer le sol d'une force invisible. Tout comme la sorcière, le couloir était ébranlé par la question, pourtant la voix résonna avec cette même douceur, libérant un écho empreint de tendresse.

Anthony... Il me comprend... Ses sourires sont purs comme ceux d'un enfant... Son rire est purificateur. Il chasse les ténèbres de mon âme, calme mes peurs, atténue la douleur...

Aucune autre révélation, aucune mention d'amour. Amoureuse, l'était elle? Si oui, pourquoi ne pas le dire, l'inconscient qui ne pouvait mentir ? Dans doute parce que l’inconscient lui-même ne savait pas. Sans doute Ayzebel avait-elle refoulé trop de choses, peut-être avait-elle peur d'affronter ses propres sentiments, ou bien le futur. Malheureusement, avec Anthony, le futur était une chose très abstraite là où Morghann lui offrait un certain réconfort. Le réanimateur n'était plus qu'une ombre planant au-dessus de Last End, son visage elle ne l'avait pas vu depuis des mois déjà... Malgré la main de Morghann sur la poignée de la nouvelle porte, celle-ci refusa de s'ouvrir. Le mur trembla, déversant un son grinçant avant que les briques ne se craquellent. Peu importe le souvenir qui se trouvait derrière cette porte, Galéa avait redoublé de force et de magie pour le protéger. Ayzebel joignit ses forces à celle de son amant, propulsant son esprit invisible contre le bois de la porte jusqu'à la faire céder. La porte s'ouvrit rapidement dans un claquement et une lueur sombre s'abattit sur Morghann, le happant de plus belle à travers un souvenir d'une importance capitale...

« Personne ne doit savoir détient l'oeil.»
« Mais... Et Pryam ? »
« Surtout pas Pryam... Quoi qu'il arrive cela ne doit jamais lui revenir aux oreilles ! »

Siffla Galéa âgée d'une quarantaine d'années. Elle débordait déjà de charisme alors que son corps gracile pivota doucement pour se poser sur un grimoire imposant. Sa taille était purement et simplement inouïe pour un livre. Rapidement, la matriarche feuilleta le grimoire alors que la scène était vu à travers l’entrebâillement d'une porte. C'était tout juste visible, seule les voix étaient quant à elles, parfaitement audible. Lorsque la Tenak cessa de tourner les pages, ses doigts effleurèrent une double page avant qu'un grincement ne se fasse entendre. La femme se figea et pivota rapidement, observant vers l’entrebâillement d'où se déroulait la scène. Sa comparse s'approcha rapidement et ouvrit la porte, dévoilant une enfant d'âgé tout juste huit ans. Adorable fillette aux immenses yeux vert clair, elle arborait une crinière bouclée et un faciès de poupée.

« Ayzebel ?! »

L'enfant se débattit alors que sa tante la tira du placard où elle s'était caché. Galéa fronça les sourcils et s'approcha de sa fille, la saisissant par les épaules avant de la secouer durement.

« Je t'ai dit de ne jamais entrer dans cette pièce ! Quand obéiras-tu ?! QUAND ?! »

L'enfant poussa un cri, tentant de repousser sa mère avant que soudainement son corps ne s'arque et qu'un râle impressionnant ne passe pas ses lèvres. Dans un gémissement de peur, Galéa soutint son enfant, l'empêchant de basculer en arrière alors que la petite se redresse d’elle-même, dévoilant un regard couvert d'un voile blanc. C'est d'une voix grave que l'enfant souffle à sa mère, immobile, l'esprit ailleurs.

« À l'aube de ta soixantième année, quand ton corps de femme laissera place à celui d'une aînée... La maladie t'emportera. Mais tu ne seras pas seule, l'homme à trois jambes te guidera et jusque dans la mort t'accompagnera. »

Galéa observe sa fille avec angoisse. Lentement le corps de l'enfant se détend et chute dans les bras de sa mère qui la réceptionne en douceur avant de la soulever du sol. Épuisée, la fillette gémit contre le cou de sa génitrice au regard larmoyant.

« Tu comprends à présent... ? »
« L'oeil et... la prescience ? »
« Oui... Si cela venait à se savoir...»

Galéa ne termine pas sa phrase, berçant son enfant à demi-consciente dans ses bras alors que le regard d'Ayzebel se pose sur le grimoire dans le dos de sa mère. Le symbole... Elle voit, là sur le page. Un cercle avec un œil, un arc sous le cercle et une lune... C'est la dernière image qui s'offre à Morghann avant que l'enfant ne tombe inconsciente et que l'Earl ne soit chassé du souvenir. Cette fois c'est la fin, le couloir vibre, vrombi alors que l'esprit d'Ayzebel s'épuise. La sorcière n'a plus de force et finit par sombrer. Dans un souffle, les flambeaux crépitement, vacillent puis s'éteignent alors que Morghann est subitement ramené à la réalité. La magie prend fin dans le chalet et les deux morts, pilier de la sorcière la libère, glissant à nouveau contre son corps jusqu'à redevenir un amas de ténèbres, encre fait de noirceur qui serpente sur sa peau pour retourner se lover au cœur des clés sanguinolentes. La libraire chute dès l'instant où les morts cessent de la soutenir et dans un soupir d'épuisement, presque agonissant, elle s'étale sur le plancher, nue et i consciente.

Lun 25 Avr - 18:54
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
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Morghann Earl
Le coup qu'on lui mettait était d'une violence certaine et un instant, il crut être en train de relâcher le sort qui lui permettait d'entrer dans son esprit. Il vacilla, se reprit, pas moins blessé pour autant. Il se haïssait. Il haïssait ses faiblesses et cette douleur qui l’irradiait. Il haïssait ce lien qui, à son jumeau l'unissait depuis sa naissance et qui faisait son incapacité à se projeter dans autre chose que son lié. Il haïssait le mal, qu'à cette femme, il faisait. Il haïssait tout ce qu'il était, tremblait de la tête au pied, écœuré, torturé et mutilé. Elle l'aimait. Elle l'aimait et il ne pouvait le tolérer, l'accepter car il n'avait rien à lui offrir qui ait la même valeur. Il se sentait démuni face à l'aveu et terriblement médiocre. Dans le couloir, il releva la tête, d'un masque paré, celui de l'insensibilité et de la froideur, celui qui faisait de lui un Earl, un homme droit et fier dénué de sentiments, un roi qui affrontait sa douleur et ses propres défaillances tout en montrant à son peuple que sa poigne et son emprise n'étaient en rien corrompus. C'était le faciès du mensonge caché, l'image du secret. C'était le visage du paraître. Il se raccrocha aux propos de son amante pour ne pas sombrer, ceux qui traitaient de cette branche principale. Ses lèvres sèches peinèrent à s'ouvrir pour lui concéder un semblant de réponse : « Je l'ignore... Mais il s'agit du genre d'information que mon père peut posséder, assurément... » Pryam Earl, le grand Lord, ne pouvait ignorer l’existence d'une famille sorcière quelque part en ce monde. Et pourtant, il n'irait probablement pas le demander à son propre père, du moins pas abruptement et en rien il ne souhaitait qu'Ayzebel effectue cette folle démarche. Il n'était jamais bon d'avoir une discussion avec cet homme. « Ainsi que ta mère et la trinité je suppose. » Là était une piste moins dangereuse sur le sujet.

Anthony était son frère et malgré la protestation de son jumeau, c'était ainsi qu'il le considérait. Savoir son amante à lui lié aurait du le réjouir, probablement... Et pourtant, il n'en éprouvait que jalousie et perte d'estime. Il se haïssait à nouveau, blâmait ses propres défaillances et son incapacité à apporter à Ayzebel ces lumières que lui cédait Anthony. Il détourna le regard, fuyant la conversation qu'il avait lui-même initiée pour s'avancer dans ce nouveau souvenir. Un souvenir des plus inattendus et qui expliquait bien des choses sur les raisons pour lesquelles Galéa avait mis sous clé certains des souvenirs de sa fille. Il n'eut guère le temps de s'en appesantir. L'esprit d'Ayzebel s'effondrait, il revint à lui juste à temps pour observer les morts retourner dans l'au-delà. Il la saisit pour ralentir sa chute jusqu'au sol, éteignit les bougies pour qu'elle ne s'y blesse. Elle était épuisée et inconsciente : toutes ses pensées furent chassées et il devint le médecin empli de sang-froid. Imperturbable, il l'étreignait et d'un linge humide, pansait ses plaies, une à une. Il la lavait du sang qui serpentait son corps, ses fantômes l'aidaient en lui portant les outils dont il avait besoin. Douze pansements étaient collés sur son corps, occultant parfaitement chaque symbole d'une compresse blanche. Avec soin et douceur, il la manipulait jusqu'à la couvrir dans une épaisse couverture et l'allonger sur le canapé. Son travail s'achevait et le sang froid laissait place à ses doutes et craintes humaines. Il cala un oreiller sous la tête de son amante, à genoux au sol, il veillerait sur elle. Il le devait, mais avant il devait combattre ses propres chimères. Son esprit se troublait, son cœur se serrait. Elle l'aimait et lui ne voulait l'entendre. Cela ne faisait que lui rappeler combien il ne parvenait à lui rendre tout ce qu'elle lui offrait. Elle l'aimait et lui... Lui ne le pouvait. La culpabilité le rongeait et pire, il se haïssait, il se détestait au plus profond de lui-même d'être à ce point... Malade. Ne lui avait-il pas dit, sous l'igloo, qu'il était malade ? Le front contre son ventre, il fermait les yeux, tremblant de plus en plus bel d'un manque en lui qui se faisait sentir, un manque violent et destructeur.

Rageusement, il se relevait et filait dans la chambre. Il sortit sa valise, fouilla sous ses vêtements pour en sortir une trousse. Elle ne contenait ni matériel scolaire ni nécessaire à toilette. C'était plus funeste et il tremblait affreusement, incapable de se calmer, faible à n'en pas douter. Il ne pouvait pas se ressaisir... Il sentait le manque... CE MANQUE ! Cet horrible manque qui croissait de jour en jour depuis qu'Elie lui avait ôté les Voix, ce manque odieux qui rongeait son être, dévorait ses nerfs jusqu'à ne les laisser qu'à vif. Ce manque qui devenait incontrôlable quand Howard lui échappait ou quand il se rendait compte combien il était MALADE ! Sa respiration s'accélérait jusque ce qu'il s'adosse contre le mur et que, dans son bras tendu, il ne plante l'aiguille de la seringue. Abrupte délivrance qui viendrait bientôt, coulant dans son sang comme un anesthésiant et un poison. C'était une douceur mortelle, un apaisement funeste. Il était faible et n'avait nulle autre voie de recours. Il laissa retomber son matériel, la drogue ferait effet progressivement. D'un pas lent il revenait dans le salon, son regard triste et angoissé sur posait sur la libraire étendue dans le canapé. Son cœur se serrait d'avantage encore. Il ne supportait plus le mal qu'il lui infligeait, la différence flagrante de sentiments qu'il ne parvenait à lui offrir en retour. Premier verre de whisky, gorge brulante, il serrait les mâchoires. Sa tourmente lui faisait perdre tout repère et il n'en sortait. Deuxième verre, il se sentait altéré. Le monde autour de lui tanguait. Il sentait le venin de la drogue le soulager. Troisième verre, il n'y eut pas accès. Annabelle avait posé sa main sur le dessus lorsqu'il avait voulu se resservir. Ses prunelles noires avaient toujours su se teinter d'une autorité ferme et bienveillante. Il reposa la bouteille et s'approcha du canapé pour soulever le haut de corps d'Ayzebel et s'asseoir à sa place. Une fois assis, il reposait la tête de la sorcière sur ses jambes. Distrait, il caressait ses boucles d'ébène. Les yeux fixaient les flammes dans la cheminée alors que ses sbires fantomatiques étaient en train de nettoyer l'endroit du rituel.

Lentement, il s'apaisait et le blanc de ses yeux se veinait, preuve qu'il était sous l'emprise de substances illégale. Pour un membre de Scotland Yard, ça n'était pas l'exemple... Mais jusqu'à son retour à Last End, il n'avait jamais eu besoin de cela. Il cherchait son équilibre et se trouvait assez bancale. Il se laissa aller à une semie-absence, un instant où il cessait de penser, où le venin qui le rongeait le soulageait de ces atroces réflexions. Il ne revint à lui qu'en sentant Ayzebel remuer. Il baissa sur elle ses prunelles noires, yeux rougis par sa consommation. Il ne lui cachait nullement, à quoi bon ? « Comment te sens-tu ? » demanda-t-il d'une voie blanche avant de se pencher pour lui offrir un baiser et ses lèvres avaient encore le goût de l'alcool. « Tu veux manger ? Tu as perdu pas mal de sang. » Il repoussa le stéthoscope de l'accoudoir pour accueillir les pancakes qu'apportait un fantôme. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Il se sentait déboussolé et refusait à son esprit de réfléchir d'aucune manière. « J'ai hâte qu'on aille skier... » C'était soumis à ce qu'Ayzebel soit remise sur pieds.

Jeu 5 Mai - 17:31
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Silence, noirceur... Plus rien n'existait, si ce n'est l'abîme de son propre esprit. Dans ce cet inconscience, Ayzebel trouvait la paix et le repos auquel elle aspirait depuis si longtemps. Était-elle morte, enfin ? Non, malheureusement, la fin n'était pas encore arrivée. Elle le savait, le sentait, encore en proie à des doutes et des peurs qui la tiraillaient de toutes part. Quelle drôle d'expérience fusse là que de se soumettre à la magie d'un Earl. Son entier en était encore ébranlé et son son esprit lui, avait du mal à faire la différence entre rêve et réalité. La noirceur fut rapidement chassé par les souvenirs que Morghann avait déverrouillé. Elle revoyait ces visages, ce lui de Pryam, celui de Morghann enfant, Galéa à son âge et bien d'autre encore. Pourtant, malgré tout cela, l'ombre planait encore... Toujours autant de mystère, la seule différence était que maintenant elle savait sur quoi était porté les secrets et savait ce qu'elle devait chercher. Mais trouver des réponses ne serait pas aisé, était-elle prête pour ce qui l'attendait ? Avait-elle seulement idée de l'ampleur des secrets qui lui avait été caché ?

Quand enfin elle se décida à revenir à la réalité, c'est sur le canapé qu'elle était allongé, tête reposant sur les cuisses de son amant.  La chaleur de l'âtre réchauffait son corps nu et couvert d'une simple couverture. Ayzebel n'avait pas froid, sa pudeur était protégé pourtant son corps se refusait de bouger. Le visage de Morghann fut la première chose qui lui apparut alors que son ombre cacha sa vue et que ses lèvres prirent possession des siennes chastement. Un baiser qui dans le fond était agréable si l'on oubliait le goût de l'alcool. Un vague soupir passa les lèvres de la sorcière alors que sa voix s'éleva faiblement pour répondre à son compagnon.

« Mal... Mon corps me fait souffrir et j'ai une migraine infernale... »

Son esprit était bloqué dans un étaux douloureux. Ayzebel pivota doucement le visage, observant la cheminée et les fantômes occupés à nettoyer les restes du rituel. La sorcière déglutit en voyant son propre sang sur le sol et les restes de cire de bougie...  Oui, elle avait perdu beaucoup de sang, son corps semblait lourd, oui lourd comme une pierre qui coulait au fond d'un lac. Cependant elle n'avait pas faim, son estomac était encore noué par l'angoisse des révélations auquel ils avaient eu accès à travers les quelques souvenirs libérés. Lentement et avec difficulté, Ayzebel se redressa, assise et dos tourné à son amant. Comme son buste et son dos la faisait souffrir, comme une brûlure qui traversait son corps. Quand la voix de Morghann s'éleva, sans joie, Ayzebel pivota doucement le visage pour le regarder par dessus son épaule.

« Skier ? Je crains de ne pas être en état Morghann....  Peut-être.... de la luge, si tu veux. »

Un bon compromis. La sorcière déglutit en le fixant, il avait l'air éteint, faible même. Ayzebel pivota doucement son corps, ignorant sa nudité et pencha le visage pour observer son compagnon. Que s'était-il donc passer durant le rituel ? Elle se souvenait des souvenirs mais hormis cela, c'était le noir totale. Qu'est-ce qui avait mit Morghann dans un tel état ?

« Tes yeux... »

Si rouge, humide. Ayzebel fronça les sourcils et saisit le menton du nécromancien pour le forcer à pivoter son visage vers elle, plongeant son dans le sien. Il n'avait pas bonne mine, semblait aller si mal... Usant du peu de force qu'elle avait, la sorcière glissa sa main libre sur la nuque de son amant avant de le tirer doucement contre elle, le serrant tendrement dans ses bras avec un soupir las.

« Que t'es-tu infligé là, Morghann.... ? Quand comprendras-tu que tu n'es pas seul.... ? »


Fermant les yeux, la femme resserra son étreinte sur son ami, lui offrant la chaleur et le réconfort de ses bras. Le voir si mal lui brisait le cœur... Elle avait besoin qu'il la voit comme un soutient, au lieu de quoi il continuait de la voir comme une chose frêle et précieuse qu'il devait à tout prix protéger. Quel idiot... Elle était si loin de l'image qu'il se faisait d'elle. Ayzebel se savait bien plus forte que cela... Elle le devait. Alors que sa main se glissa dans les cheveux de son amant, les caressant avec douceur, elle souffla d'une voix faible à sont oreille.

« Parles moi Morghann... Que suis-je si tu ne me laisse pas te réconforter et être présente pour toi quand tu vas mal ? Que suis-je.... ? »


En voilà une bonne question. Celle-ci ne concernait pas seulement sa position auprès de Morghann mais son existence toute entière. Le dernier souvenir avait été le plus difficile à atteindre, Galéa y avait mit toute sa force pour le protéger. Pour protéger ce qu'était son enfant. Mais qu'était-elle ? Morghann avait-il la réponse ? Si non, qui l'aurait ? Qu'est-ce qui méritait d'être si durement caché même aux yeux du patriarche Earl ? Le cœur lourd et la voix tremblante, la sorcière murmura à nouveau, effondré contre son compagnon.

« Je... ne comprend rien de tout cela.... Qu'est-ce que je suis Morghann.... ? »

Ven 6 Mai - 15:42
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
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Morghann Earl
L'Earl ne s'était pas vraiment attendu à autre chose. Son corps portait des plaies et avait perdu pas mal de sang. Malheureusement, tout médecin qui pouvait être, il n'avait pas meilleur remède que le repos et la patience. Cela cicatriserait, il avait fait en sorte, sous les pansements, que cela se soigne promptement. Quant à la migraine, il pouvait toujours aller lui chercher un médicament. Mais il avait la jeune femme sur ses genoux et caressait ses cheveux. Pour bien peu de choses au monde, il ne l'aurait quittée, il se sentait à approximativement bien, assommé par la drogue. Il ne pensait à rien d'autre que l'instant présent. Les ennuis, les doutes avaient quitté son esprit pour un temps. Il n'éprouvait qu'un intense soulagement. Il observa son dos avant de déposer un baiser sur sa colonne vertébrale, comme les bisous magiques que l'on faisait aux enfants pour leur faire croire que tout irait mieux et que les bobos disparaitraient. « La luge... Oui, la luge... » souffla-t-il, avec un sourire, l'esprit embrumé. Il lui fallu un petit laps de temps avant de se souvenir de ce à quoi ressemblait une luge. Il devait bien y en avoir une dans le chalet. Sortir faire de la luge leur ferait probablement le plus grand bien. Lorsqu'elle lui parla de ses yeux, il les releva vers elle, ne cherchant nullement à lui cacher. Au fond, rien que dans son comportement ralenti, elle le verrait. Il ne laissa emporter dans ses bras, poupée molle qu'on pouvait déplacer à souhait. Il fermait les yeux, au cœur de son étreinte, il sentait ses doigts passer entre ses cheveux, le nez logé dans le creux de son cou. « Tu es une voyante... » souffla-t-il et il avait la sensation de faire un grand effort pour parler. Il l’étreignit et laissa son dos reposer dans le fond du canapé, entrainant son amante avec lui, sur lui. Il se retrouvait dans une posture plus reposante et reprendre la parole lui coûtait moins. « Tu sais les choses qui vont se produire et... Il est possible d'imaginer que cela va se développer au fil du temps. Et que ce que tu verras aura une importance que tu devras jauger. Mon père... » Il laissa ses yeux noirs, semblables à ceux de son patriarche, se refermer : « Mon père ne doit pas savoir ça, ta mère a raison. Qui sait de quoi il serait capable pour te garder et bénéficier de ton don ? Mon père est un très bon joueur d'échecs. Il a toujours quelques tours d'avance sur tout le monde alors... S'il dispose d'une manière de voir l'avenir et de contrecarrer le destin, il en usera. » Et Morghann n'était pas certain qu'il s'agisse d'une nouvelle réjouissante. Bien au contraire.

« Le soucis... C'est que ça a l'air de se produire de façon complétement aléatoire. Et ne n'est pas particulièrement discret. » Cela pouvait se produire devant n'importe qui. Devant les sbires de Pryam. Devant l'Endroit. « Si tu as quoique ce soit de la sorte qui se manifeste... Préviens-moi. » Il y eut un instant de silence, avant qu'il n'ajoute un : « Si tu le souhaites. » Il l'avait mis en garde de ce que Pryam pourrait en faire, en bien ou en mal. Il se devait de la prévenir de ce qu'il pourrait en faire également, c'était loyal de lui remettre en mémoire qu'il n'avait rien d'un saint. « Quant à l'oeil... J'ignore de quoi il peut bien s'agir. Le dessin, ça n'était pas l'oeil d'Horus, ni celui des Illuminati. » Dans un instant de désespoir, il lâcha un : « Encore heureux... Il ne manquerait plus que tu sois mêlée à une société secrète. On a déjà du calmer les franc-maçons dans leurs ardeurs... » Ça le faisait sourire, au moins quelque chose qui le détendait. Plaisanter. Le nécromancien passait ses doigts dans les cheveux de sa compagne, se satisfaisant des boucles qui ondulaient contre sa peau. Avec cela, il avait esquivé la question du lien qui les unissait. Mais il était fair-play et lentement, son sourire s'éteignit de lui-même. Lorsqu'il n'exista plus, il entreprit de lui répondre : « Je ne supporte pas ce silence. » Les Voix lui manquaient. Celle de son jumeau l’apaisait, le droguait... Mais il ne pouvait lui réclamer sa présence quotidiennement. Il l'avait déjà déranger la veille : « Tu es bonne et bienveillante à mon égard. Je ne l'ignore pas... Et j'aimerais m'en satisfaire... » Il n'y parvenait pas. Ça n'était pas suffisant, ça n'était pas assez intense. « J'aimerais tellement, tu sais. Me reposer sur toi, échanger et partager. » Il savait aussi qu'elle n'attendait que cela. Il aurait voulu l'aider, partir avec elle loin de Last End pour toujours. Il s'accrochait désespérément à elle, à leur couple, priant pour la rédemption. Elle ne venait. Sa vue se brouillait par la drogue, il fermait à nouveau les yeux et respirait calmement. « Reste avec moi... Encore un peu... Et ensuite on ira faire de la luge... » Un sourire presque enfantin naissait en coin de ses lèvres.

Dim 8 Mai - 23:25
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Dans quel état s'était-il mit ? Malgré son étreinte, Ayzebel réfléchissait à ce qui avait mit Morghann ainsi. Elle avait certes sentit le goût de l'alcool sur ses lèvres mais cela ne semblait pas être de l'ivresse ? Peut-être juste de la fatigue à cause de la magie ? Loin d'une nexus,l'énergie utilisée était toujours plus importante. Mais non, cela ne semblait pas être cela non plus... Alors quoi ? De la drogue peut-être ? Ce serait le pire des scénarios... Etait-il possible que Morghann s'abandonne à des substance illicite sans même qu'elle ne s'en soit rendu compte depuis tout ce temps ? Ayzebel sentit une pointe de culpabilité étreindre sa poitrine, elle était si peu attentive... tellement concentrer sur sa lutte contre Morghann lui-même à lui reprocher sa protection excessive qu'elle n'en avait pas vu que lui-même pouvait être en proie à ses propres démons. Elle n'était pourtant pas égoïste, bien loin de la... Mais son aveuglement, la sorcière ne le supportait guère.

Voyante ? Ce mot aussi elle ne l'aimait pas. Elle avait cette sensation d'être de ces charlatant que l'on croise dans les foire et vous prédise votre avenir en échange de quelques billets. Une moue de d’égout traversa le faciès de la sorcière, elle espérait sincèrement valoir mieux que cela. Elle qui souhaitait trouvé une utilité au seins de sa communauté, pour l'envers.... Voilà qu'on lui dévoilait un don aussi étrange qu'incontrôlable. Tout cela pouvoir quoi ? Les peines de cœur ? Prédire la réussite ou chute professionnel ? C'était du pessimisme à l'état pure, Ayzebel était incapable de se réjouir de cela. Pourquoi donc Galéa avait aussi verrouiller ce don ? Il n'y avait rien de glorifiant à deviner l'avenir ? Ou bien la vision qu'elle s'en faisait était bien loin de la vérité ? Etait-il possible que ce don de voyance comme le nommait Morghann, pouvait avoir un impacte plus fort que l'image ridicule dont elle se faisait ? Alors que Morghann l'entrain avec elle dans sa chute, la libraire soupira, tentant de ne pas gémir à la douleur de son corps. Bien vite le nom de Pryam revint dans la conversation.... Morghann semblait lui aussi croire que cette prescience était plus qu'une simple moyen d'entrevoir l'avenir. Pire encore, que cela pourrait être usé à des fins personnels voir malveillant, principalement ceux du Patriarche.

« Ou bien.... Je peux me trouver un boulot dans une fête foraine. »

Non vraiment, elle n'y croyait pas un seul instant. Et pourquoi lui prenait cela avec tant de sérieux ? La prescience, ce n'était même pas une magie que l'on pouvait contrôler. Aux yeux de la Tenak cela n'avait aucune utilité particulière. Ce dont elle avait besoin était de quelque chose de plus fort dont elle pouvait utilisé en tout temps, un vrai moyen de défense... ou bien d'attaque. Déçue, elle n'en restait pas moins curieuse cependant et se promettait de faire plus d'ample recherches sur le sujet, qu'avait-elle à perdre après tout ? Si ce n'est un peu de temps... Lovée contre son amant, Ayzebel observait le feu dans la cheminée, écoutant ses crépitements alors que son oreille collé contre le torse de Morghann lui faisait parvenir les battements lent et régulier de son cœur. Quand le nécromant prit à nouveau la parole au sujet de ce don, Ayzebel soupira longuement et murmura d'une voix peu enjoué et suintant de cynisme à peine dissimuler.

« Aléatoire, pas discret... géniale, encore un truc qui me fera sentir plus pathétique que je ne le suis déjà. Bref, j'ai écoper d'un truc qui va m'attirer plus de problèmes. Remarque, avec de la chance je pourrait m'en servir pour gagner au loto.... »

Morghann continuait de réfléchir à voix haute. Le couple semblait aussi joyeux de motivée, là sur le canapé qui supportait leur poids. Ayzebel pivota le visage, l'enfouissant contre le t-shirt du Earl en émettant un grognement agacé et blasé avant de souffler.

« Pitié tais-toi.... tu me donne encore plus mal au crâne avec tes histoires de société secrète... On parle de moi là, la chose la plus insignifiante et inutile de Last End dont la poisse est aussi légendaire que les bûchers de Salem. »

Et c'était vrai, elle avait cet étau atour de son esprit, cette douleur qui cognait contre les parois de son crâne et ne lui laissait pas un instant de répit depuis sa reprise de conscience. Cette migraine était même plus douloureuse que son buste meurtris et pourtant, celui-ci avait été durement lacéré avec un couteau. Mais rien d'inquiétant, sans doute un effet secondaire de la magie utilisé plus tôt, cela finirait par passé. Relevant le visage,la femme posa ses prunelles claires sur son ami, observant celui-ci qui semblait en proie à des remords qu'elle pouvait comprendre. Ayzebel se redressa sensiblement pour se tracter jusqu'à hauteur du visage de Morghann, venant frotter le bout de son nez contre le sien avant de venir l'embrasser tendrement.

« J'espère juste que cette difficulté à te livrer n'est pas dû à un manque de confiance. Tu sais que je ne te trahirais pas, jamais.... Et je serais là tant que tu auras besoin de moi. Je n'ai peut-être pas de magie comme en a ta famille, mais à défaut de cela j'ai du temps et de l'affection à te donner... C'est ça la base d'une amitié Morghann. Il faut que tu apprennes à te laisser aller quand tu es avec moi... Je ne suis pas là pour te juger, je suis là pour t'offrir mon soutient, une oreille attentive quand tu en as besoin. »

Un nouveau baiser et la sorcière fait l'effort d'offrir un sourire quand son compagnon lui demande de rester encore avec lui avant de partir à la luge.La sorcière soupir et se redresse, s'asseyant au bord ud canapé, non sans mal. Bien que la pudeur n'était pas dans ses principes, rester ainsi complètement nue n'était pas une chose très correcte, surtout quand l'on connaissait la faim de Morghann dans le domaine charnel...

« Je vais déjà aller enfiler quelque chose.... ensuite je pense aller me poser dans le lit... la nuit a été courte, la magie m'a épuiser et 'ai vraiment cette migraine qui me fait un mal de chien. IL n'est que dix heure du matin... je serais donc d'avis que l'on offre deux petites heures de siestes, qu'on prenne notre repas sagement et que nous allions faire de la luge en début d'après midi. »

Un bon plan, sagement organisé. La sorcière se leva doucement, les jambes tremblantes. Un vertige la prit mais resta droite cependant, portant seulement une main à son front. Oui, du repos leur ferait bien à tout les deux. Ayzebel s'éloigna doucement du canapé, prenant la direction de la porte de chambre et lâcha sur le ton de l'amusement, agitant une main.

« Et n'oublies pas que tu m'as promis de m'emmener dîner au restaurant Morghann.... »

Sans un mot de plus, elle entra dans la chambre, enfilant une simple culotte avec un t-shirt et se glissa dans le lit où elle se laissa lourdement sombrer dans le sommeil.

Mar 10 Mai - 20:31
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann rouvrit les yeux en entendant parler de fête foraine. Elle ne prenait pas au sérieux cette prescience comme lui le faisait. Probablement avait-elle tord. Si pour l'Endroit ce genre de stupidité pouvait faire rire, tous dans l'Envers connaissaient l'ampleur de la magie et ses capacités. S'il s'agissait bel et bien de prescience, c'était une donnée à ne pas négliger de la sorte. « Tu n'es pas une diseuse de bonnes aventures. » répliqua-t-il avant de refermer ses yeux : « Ni d'aucun de ces pseudo-devins. Tu fais partie de l'Envers, tu es une sorcière. La magie coule dans tes veines, il n'y a aucune raison de tourner cela au ridicule, Ayzebel. » Ton calme et sérieux. Il se laissait retomber dans une semi-conscience. La drogue ne lui permettait pas de s'accrocher d'avantage à la réalité. N'était-ce pas ce qu'il avait voulu ? S'en détacher pour trouver le repos quelques heures ? Il se tut la la demande de calme, peu enclin à aggraver sa migraine quand bien même le sujet était sérieux. Peut-être auraient-ils le temps de reparler de tout cela plus tard. A Last End sûrement. Le temps qu'ils passeraient ici était compté et leur havre de paix temporaire prenait une tournure bien trop pondéré et raisonnable. Ils n'étaient pas venus là pour cela. Elle se leva, et lui ne trouva pas la force d'en faire autant, cloué au canapé par la drogue. Il avait déjà fait tant d'effort aujourd'hui.

Il serra les dents, la drogue l'aidait à ne pas perdre pieds. Il ne pouvait pas se laisser aller avec elle, pas autant qu'elle le voudrait. Il le faisait déjà beaucoup pour être normal, du moins essayer de l'être. Il avait ses limites, comme tout homme. Son éducation ne lui avait jamais permis de grandir dans un environnement sain, alors... Il était ce qu'on avait voulu qu'il soit. Parler de la sorte avec elle était déjà un effort considérable de sa part. Un effort qu'il faisait depuis le jour où il avait quitté Last End avec son jumeau. Un effort quotidien sur lui-même et il luttait tellement qu'il en était épuisé. Il ne pouvait pas parce que c'était au-delà de ses capacités actuelles, capacités qui s'étaient accrues avec le temps et ces fameux efforts mais qui demeuraient insuffisantes dans la situation actuelle. Il y avait aussi tout ce danger qu'il voulait à tout prix lui épargner. Et enfin, il y avait ce doux barrage que représentait son jumeau. Une solide forteresse, une protection essentielle qu'il adorait au delà du raisonnable. Mais qui n'aimerait pas ces bras protecteurs ? Qui était-il pour ne pas apprécier le bénéfice d'être son roi bien gardé ? « J'ai confiance en toi Ayze' » souffla-t-il, sincère jusqu'en son for intérieur. Oh non, ce n'était pas la confiance, Ô grand jamais. Sa confiance, il lui avait accordée. Mais que pouvait-il lui dire qui ne la détruise ? Pouvait-il vraiment lui crier au visage combien il adorait son jumeau ? Pouvait-il lui donner bien de dangereux secrets ? Il n'avait pas peur qu'elle les divulgue, il avait peur du mal qu'on pourrait lui faire pour les obtenir.

Il agréa à sa demande de repos : lui aussi en avait terriblement besoin. Mais il ne trouvait toujours pas la force de se lever et de la rejoindre dans le lit. Il se sentait comme paralysé et ne faisait rien pour luter. « Bien sûr que je n'ai pas oublié. » Ce dîner, il en rêvait. Cela leur ferait du bien à tous les deux. Il se laissa sombrer dans les limbes du sommeil et ne fut réveillé qu'au son et à l'odeur du repas qui se prépare. Il sortit de sa léthargie et se redressa pour observer ce qui se tramait. Ses fantômes étaient adorables. Ses fidèles savaient le remercier de cette possibilité que le nécromancien leur avait offerte : rester en ce monde. Le salon était parfaitement nettoyé. Plus aucune trace du moindre rituel. La tache était dressée et son chef étoilé s'affairait aux fourneaux, comme s'il revivait à nouveau. Morghann laissa un sourire marquer son visage en l'observant. Au moins, il parvenait à les rendre heureux, eux. Ils avaient une seconde chance. Il sentit chacun de ses muscles crier lorsqu'il se redressa et se leva mais une fois debout, la sensation disparut. Il enfila manteau et bottes pour sortir chercher sous le petit abri s'il n'y avait pas une luge. Il trouva. Une étrange spécimen d'ailleurs. Là où d'ordinaire, il n'y avait que ces choses rouges en plastique, il avait sous les yeux une véritable luge en bois avec ses patins métalliques, éveillant chez lui ses souvenirs d'enfants. Annabelle l'avait poussé plus d'une fois pour le voir sourire dans une glissade depuis le haut de la petite colline au fond du cimetière familial et quand ce n'était pas elle, c'était Prudence qui montait avec lui. Il la laissa dans l'entrée de la maison, tandis qu'il ôtait ses bottes. Son regard se porta sur Ayzebel. Il était midi ? Probablement puisqu'elle était là. Il lui adressa un large sourire, celui d'un enfant ravi de sa trouvaille. « J'en avais une comme celle-ci, quand j'étais petit. Annabelle et Prudence m'aidaient à profiter ce ces instants hors de l'éducation de notre père. J'en avais pris une pour Andrew... » Son sourire se fit triste un bref instant avant de poursuivre : « … Et on faisait la course. Il était plus léger que moi donc il gagnait tout le temps, ça lui plaisait. » Il baisa le front de la libraire. La drogue s'était dissipé. Il devait encore en avoir dans le sang mais le plus gros de la vague était derrière lui.

« Anton a fait le repas. Il est bon de faire les choses soit-même, mais quand on peut profiter des talents d'un cuisinier étoilé, on se laisse facilement tenter. » avoua-t-il. Faiblesse probablement de se part, mais il aurait tord de ne pas profiter de ce qui était bon en ce monde. C'était si rare. Il alla écarter la chaise d'Ayzebel pour l'inviter à prendre place :
« Madame. »

Sam 14 Mai - 13:16
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Son sommeil fut aussi sombre que le corridor dans lequel Morghann s'était baladé. Bien que la magie avait prit fin, l'esprit de la libraire était encore sujet à des vague réminiscence des événements de son enfance, des petits détails qu'elle et Morghann n'avaient pas vu. Ouvrir son esprit avait fait remonter d'autre souvenir à la surface, des scènes qui se heurtaient les unes aux autres, parfois oubliée, devenues troubles avec le temps ou bien d'autre encore qui avait été violemment mit son bride par Galéa. Un sommeil très agité, pourtant Ayzebel avait à peine bouger dans le lit tant son corps était lourd. La magie et la perte de sang conséquente avaient eu raison d'elle. Deux bonnes heures de sommeil avant qu'elle n'arrive enfin à s'extirper de ses songes et que ses yeux ne s'entrouvrent, à demi aveuglé à la lueur de l'extérieur. Il fallu ben quelques secondes à la sorcière pour enfin trouver la force de bouger tant son corps la faisait souffrir. Durant un instant, elle en avait oublié où elle se trouvait et avec qui... C'est avec un long soupir que la sorcière se redressa difficilement alors que chacun de ses gestes était comme des dizaines d'aiguilles plantées dans son buste. Un vertige, encore... Rapidement elle porte une main à son front, fermant les yeux alors que la douleur lancinante revint à la charge, comme un marteau sur une enclume. Bon sang, cette migraine... Elle pensait pourtant que sa petite sieste aurait été suffisante pour l'en débarrasser, visiblement non... Dans un nouvel effort, la libraire se lève et titube jusqu'à son sac de voyage avant de s'accroupir et de fouiller à la recherche de sa trousse de toilette. Un tube d'aspirine... Comme beaucoup de gens, elle en avait toujours sur elle, juste au cas où. Il ne fallut pas longtemps avant qu'une pilule ne soit prise, avaler sans même une goutte d'eau, il n'y avait plus qu'à attendre que cela fasse effet... Toujours en pyjama, la sorcière se redresse et marcha jusqu'à la sortit de la chambre alors que l'odeur de la nourriture vint rapidement chatouiller ses narines. Ciel ! Qu'est-ce que Morghann pouvait bien cuisiner qui sentait si bon ? L ne fallu pas longtemps à la femme pou entrer au salon et s'approcher du coin cuisine et découvrir avec stupeur que Lord n'était pas derrière les fourneaux. Non, c'était l'un de ses nombreux fantôme qui en plus, jeta un sourire ravie à la sorcière dont les yeux e fixèrent avec perplexité.

« Euh... bonjour.... »

Souffla Ayzebel avant de lever une main dans un rapide signe de coucou. Bon sang, comment réagir face à cela ? Une chance qu'elle en savait assez sur pour ne pas avoir peur des morts à présent. Cela n'en restait pas moins une scène dérangeante.... Et une fois encore Ayzebel se dit que les vacances seul avec Morghann était relative à la vision de celui-ci. La solitude n'existait clairement plus. Malgré son état, elle aurait aimer cuisiner elle-même et avec lassitude qu'elle continua d'observer le fantôme s'affairer avec plaisir à sa passion. Il y en avait au moins un qui avait le sourire. Ce fut finalement un courant d'air froid qui arracha la sorcière à ses pensées. La Tenak pivota doucement le visage vers la porte d'entrée pour voir le nécromancien revenir, visiblement tout sourire. Il semblait aussi avoir reprit ses esprit et ce fut une chose qui soulagea la sorcière d'autant que le Earl affichait rarement un tel sourire. Ayzebel lui répondit par un signe de main rapide accompagné d'un sourire fatigué alors que son teint cireux et ses yeux rougit trahissait une fatigue intense et une faiblesse physique évidente.

« Woah, une luge à l'ancienne... On en trouve plus beaucoup des comme ça... Et c'est qui Prudence ?»

C'était une très chouette trouvaille en effet. Ayzebel soupira faiblement quand son compagnon s'approcha pour embrasser son front et cette simple pression lui donna une sensation de chute alors qu'un nouveau vertige la prenait. Un rien aurait pu la faire tomber pourtant la sorcière resta sagement camper sur ses deux jambes un brin tremblante jusqu'à ce que Morghann ne lui écarte une chaise en bon gentleman qu'il était. La sorcière ne se fit pas prier, prenant immédiatement place dessus avant de frotter ses paumes moites sur son pantalon de pyjama. Elle mourrait de fin et se sentait presque capable d'avaler un bœuf entier.

« Oui euh...Enfin tu sais Morghann....On avait quand même prévu de profiter de ce séjour seul tout les deux.... Prendre le temps de cuisiner pour toi était un des plaisirs que je me réservais, justement.... »

Ce n'était tant un reproche mais, plutôt une légère déception. Ayzebel secoua la tête avant de sourire doucement et souffla à son ami, posant sa main sur la sienne avec tendresse.

« Oublies ce que je viens de dire.... Je ne veux pas que tu culpabilise de quoi que ce soit. Je passe un bon moment tu sais... »

La femme souffla et observa le fantôme qui servait le repas dans les assiettes et il ne lui en fallait pas plus pour qu'elle s'empare de sa fourchette et que ne délecte d'une première bouchée. La sorcière poussa un gémissement de satisfaction et c'est avec la bouche pleine et lâcha en levant sa main libre en signe de paix.

« Je retire ce que j'ai dis... Il peut cuisiner à ma place autant qu'il veut. Seigneur c'est tellement bon... »

Affamée, la sorcière dévora son repas sans vraiment se soucier de sa façon de se tenir. C'est à moitié avachit au dessus de son assiette, mangeant à une vitesse presque alarmante qu'elle se restaura. Chaque minutes qui défilaient lui redonnait un peu de force alors que son anti-douleur avait temporairement chassé la migraine. C'est dans un tintement de métal alors que la fourchette retombait dans l'assiette que Ayzebel leva les mains vers le ciel et s'écria.

« FINI !!! »

Glorieuse d'avoir terminée son assiette la première, elle afficha un rapide sourire avant de fixer celle de Morghann avec envie et désigna le peu qu'il restait.

« Tu comptes le finir ça... ? Non, parce que.... »

Parce que la fin la faisait encore souffrir. Ou bien était-ce la gourmandise ? Prête à lui piquer son reste de repas, c'est avec le regard d'une Tenak battu qu'elle fixa son compagnon, cherchant à lui faire abandonner le reste de repas qu'il lui restait. Aucune dignité en cet instant, seul la loi du plus fort régnait, celui de faim était la plus terrible. Ayzebel se sentait comme une lionne à la chasse, prête à dévorer tout ce qui tomberait sous ses crocs. Ou bien simplement l'assiette de Morghann, voir un autre met. D'une voix couinante, la sorcière croisa les mains devant son assiette et murmura.

« Sauf si ton cuisinier à prévu un dessert... ? »

Mer 18 Mai - 16:23
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
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Crédits : Gustavo Krier
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Morghann Earl
Prudence ? Il ne lui avait donc jamais parlé d'elle ? Il laissa un sourire en coin naître sur son visage avant de répondre : « La banshee de notre famille. Elle hurle à l'approche de la mort des nôtres. Fort heureusement, pour elle comme pour nous, ça n'arrive pas trop souvent et le reste du temps... Et bien, elle aime les enfants, il me semble. » Il ne s'était vraiment arrêté sur le pourquoi. L'instinct maternel des femmes, peut-être. Il s'installa à table après avoir pris soin de sa convive, laissa son silence répondre à ses premiers propos. Mieux valait cela que de lui dire qu'elle ne pouvait pas tout faire en même temps : dormir ou préparer le repas, il fallait choisir et eu égard de son état, elle avait eu besoin de sommeil, c'était une évidence. Il n'avait toutefois pas envie de s'opposer à elle et une part de lui-même comprenait ce qu'était de ne pas pouvoir faire tout ce dont il avait envie, tout ce dont il rêvait. Alors il n'avait pas répondu, muré dans un éternel silence, un silence qui l'avait longtemps troublé chez son frère et qu'il appréciait soudainement. Il lui adressa un demi-sourire, comme pour essayer de la rassurer et il tâcha de s'occuper en entamant son repas. Il avait toujours adoré la cuisine d'Anton, il n'avait pas menti et en entendant le gémissement de la jeune femme, un sourire en coin naquit sur ses lèvres avant de se transformer en un rire bref mais sincèrement heureux en la voyant dévorer son assiette. Il adressa un coup d’œil à son cuisinier qui semblait ravi de la réaction de sa cliente de ce midi. Morghann était ravi de la voir céder à cette nourriture comme il y avait lui même cédé des années plus tôt : Anton avait des arguments très convaincants.

Le nécromancien lui laissa le reste de son repas, le rituel avait été éprouvant, bien plus pour elle que pour lui. Elle avait besoin de forces et ne manquait pas appétit. Il lui plaisait même de l'observer agir de la sorte, loin de la belle éducation qu'on enseignait aux nobles femmes de sa famille. Là était une part de ce qu'il cherchait en elle : la liberté à laquelle il n'avait pas eu droit. « Il a également préparé un dessert. » fit-il, amusé avant qu'on vienne leur servir un nouveau met, sucré cette fois, à déguster. Savourant le sien, cuillerée par cuillerée, il laissait son esprit voguer au gré de ses pensées. Ces moments étaient rares, ceux où il pouvait le faire sans craintes, dérobant au fatalisme le doux repos de secondes bienheureuses. Plusieurs fois, il avait repenser à la proposition d'Howard, celle de prendre Ayzebel sous son aile et de partir loin de ces cauchemars. Il s'y serait laissé tenté plus d'une fois, et ce week-end était une escapade qui pouvait être définitive. C'était difficile pour lui de partir... Mais il était plus simple de ne pas revenir. Il ne le pouvait, son ancrage était trop profond et en lui-même, il déplorait son incapacité à se délivrer et ôter à son jumeau son fardeau. Il était pris entre deux feux dévorants où qu'importe le choix qu'il ferait, sa chair brûlerait dans un brasier ou dans l'autre. Il reposa sa cuillère dans l’assiette vide, ses idées noires revenant le hanter. Il le refusait. « Viens t'habiller chaudement. La nuit tombe tôt, si nous voulons en profiter pleinement, ne perdons pas de temps. » La vérité, c'était qu'il ne voulait pas laisser sa morosité reprendre le dessus. Il voulait rire avec elle, caresser le bonheur aussi longuement qu'il le pourrait, tant qu'il était ici.

Il ne vit alors pas l'après-midi passer. Il laissait exploser une enfance refoulée, une enfance où il n'avait eu le droit de jouer à la luge qu'à l'abri du regard de son père, une enfance où il avait du apprendre à être un prince avant d'être un petit garçon. Plusieurs fois, ils avaient, à deux, dévalé la pente enneigée, riant aux éclats, oubliant tout le reste. Il n'enivrait d’adrénaline et de la présence de la sorcière. Les flocons formaient une parfaite hypnose à son rêve. C'était une parenthèse, un instant perdu où rien d'autre n'existait, pas même Howard. C'était hors du temps, loin de Last End, de son sang. Ces quelques heures, ce ne fut qu'eux deux, jouant dans la neige comme des garnements. Ils riaient, criaient, courraient, tombaient, se relevaient. Ils vivaient. Il veillait sur elle, sur ses cicatrices, il la ménageait, faisait en sorte qu'elle profite de l'instant autant que lui. C'était magique tout simplement et il se délectait de ces heures tant il savait aussi qu'elle ne durerait pas. Que peut-être même, ils n'y auraient plus jamais droit. C'était l'heure de se refaire une enfance, condensée, mais peut-être qu'avec elle, l'un comme l'autre parviendraient à franchir les obstacles qu'ils auraient devant eux avec plus de maturité. C'était l'espoir qu'il en avait du moins, probablement trop bercé d'illusions. Ils avaient même eu le temps de faire un bonhomme de neige avant que l'obscurité ne commence à gagner du terrain et qu'ils ne rejoignent le chalet.

Ils avaient été les enfants cet après-midi... Et ce soir, ils seraient Lord et Lady. Après avoir toqué, il poussa lentement la porte de la chambre pour entrer. « Tu es prête ? » Il aurait pu passer pour son frère s'il n'avait pas eu les cheveux courts. Il était bien habillé, comme on s'y attendait de la part d'un Earl. Il l'emmenait diner, c'était le moins qu'il puisse alors faire pour elle. Comme il l'avait fait pour Howard cette fois où ils avaient, à deux, été à l'opéra. Ils seraient prince et princesse pour ce soir, était-ce un déguisement ? Était-ce encore un de leur jeu d'enfant ? En vérité, il ne savait lui-même pas à quoi il jouait, mais une chose était sûre : le déguisement de la princesse était merveilleusement réussi. Il resta quelques secondes les lèvres entrouvertes à sa vue avant de se recomposer et de saisir ses esprits éparpillés. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il approchait, ouvrant un coffret noir. En son écrin reposait un bel ouvrage d'argent et de jade, aux détails si fins que ce ne pouvait être qu'une pièce unique, ou quasi-unique. Le collier n'était pas une création à la chaîne. « Joyeux Noël, Lady Earl. » souffla-t-il avec un sourire en coin, un sourire qui perla rapidement de tristesse. Il n'en démordait toutefois pas, saisissant le bijou pour l'installer au cou de sa propriétaire, déposant un baiser dans sa nuque, bien trop attiré par sa chevelure relevée et son cou dévoilé. « Tu es superbe. » Elle était peut-être la femme qu'il aurait voulu avoir, celle qu'il n'aurait jamais.

Lun 6 Juin - 15:48
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Une banshee ? Vraiment ? Les Earl avait donc plus que des goules pour leur tenir compagnie... Ces créatures là n'était pas très courante mais elles avaient un petit quelque chose de fascinant bien fort peu enthousiasmant. Perplexe, Ayzebel arqua un sourcil et souffla.

« Vous avez vraiment une femme du tertre... ? » La sorcière plissa les yeux et haussa les épaules doucement avant d'ajouter. « En soit rien d'étonnant, si ce n'est qu'elles sont généralement lié aux grandes familles irlandaises... Sauf que vous êtes des Earl, je suppose qu'une créature de mort à vos côtés est une suite logique... je me demande à quoi elle ressemble, on dit que les banshee apparaissent soit comme de très belle jeune femme soit comme des vieilles femmes à l'aspect sinistre ! Le plus souvent elles sont très blafardes, le corps décharné... On dit que c'est la douleur et la tristesse qui cause cela.... On dit aussi que leur cri est pire que tout, qu'il surpasse même celui du vent ! Un mélange entre des cris d'animaux, d'une femme qui accouche et tout un tas de chose et que ceux qui l'entende, voient immédiatement leur cheveux blanchirent et... »

Ayzebel n'en finissait pas de déblatérer jusqu'à ce qu'elle réalise enfin qu'il état temps pour elle de se taire. Cessant brutalement de parler, elle observa Morghann avec une moue désolé avant de lâcher un rire nerveux.

« Mais tout cela tu le sais évidemment... Pardon, c'est juste mon enthousiasme de libraire et ma curiosité maladive qui veut ça.. Ne m'en veut pas. »

Sur ces derniers mots, Ayzebel n'hésita pas un instant à tirer l'assiette de son compagnon pour finir celle-ci. Elle n'avait rien d'élégant en cet instant à moitié avachit à finir les fonds de gamelles mais son buste douloureux lui donnait un mal fou à se tenir droite. Elle faisait au mieux mais quand Anton vint apporter le dessert, la sorcière se figea, observant la mousse au chocolat avec un regard de possédée et n'hésita pas un instant avant de dévorer sa part. Le chocolat était encore le meilleur moyen de lutter contre le déprime. A peine le dessert fut-il fini que Morghann lui ordonna de s'habiller chaudement pour leur après midi de luge. Il semblait un peu distant soudainement, allait-il bien ? Préférant ne pas demander, la sorcière se contenta d'exécuter cet ordre et de rejoindre la chambre pour se changer. Bouger lui faisait mal, une chance que les bandage du nécromant limitait la douleur en évitant le frottement des tissus contre les plaies. Elle en profita pour prendre un anti-douleur simple acheter en pharmacie puis rejoignit rapidement son compagnon à l'extérieur du chalet.

Et ce fut un délicieux après-midi jalonné de rire et d'amusement. Deux enfants s'étaient fait face, savourant la neige, la luge et même le soleil qui avait percé à travers les nuages. Ayzebel n'avait pensé à rien, ou presque. La douleur bien que limité n'en restait pas moins présente et chaque geste était d'un inconfort dont elle se serait volontiers passé, mais pour Morghann elle avait fait un effort, avait sourit et rit de bon cœur sans s se soucier de rien. Voilà comment elle avait imaginer son noël avec lui.. Comme cela, comme il l'avait vécu durant cet longue après-midi sous la neige. Chaque minutes passé avec lui, avait rappelé à la sorcière ce souvenir de leur enfance, sans les petits désagréments. Ce fut juste parfait, aucune peur, aucune tristesse... Seulement de la joie et du bonheur. Quant au bonhomme de neige, il avait déclenché une hilarité brutale chez Ayzebel quand au lieu d'une carotte pour le nez, il y avait fourré un poireau de la veille au soir qui n'avait pas été cuisiné. C'était si puéril mais Ayzebel n'en avait cure de cela, qui viendrait les juger pour cela ?

Lorsque le moment de se préparer arriva, la sorcière avait profiter que Morghann occupe la salle de bain pour aller glisser discrètement glissé ses cadeaux de noël près de la cheminée. Elle comptait bien faire cela dans les règles de l'art... Trois cadeau au totale, sa seule peur était qu'il ne plaise pas à son compagnon. Sans plus attendre, elle fila elle aussi se préparer, occupant la salle de bain à son tour puis la chambre durant pas moins d'une heure, peut-être plus. Ce fut finalement au moment de partir que Morghann toqua pour entrer, s'inquiétant de savoir la libraire enfin prêtre. Face à lui se dressa une Ayzebel plus élégante que jamais dans une sombre sombre au tissus léger. Le col était échancré, tombant jusqu'au niveau de son estomac et laissait deviner les formes de sa poitrine nue en dessous sans vulgarité alors que les manches longue et évasées de la tenue donnait plus d'allure pudique à la femme dont le teint pâle était grande mit en valeur. Ses cheveux d'ébènes naturellement bouclés avaient été soigneusement lissé et attaché en une queue haute et simple alors que la longueur de sa chevelure en était outrageante. Pivotant son faciès délicatement maquillé, Ayzebel observa Morghann un instant sans osé prononcé le moindre mot. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas ainsi présenté à quelqu'un avec un tel raffinement. Le Earl sembla perplexe face à la vision qui s'offrait à lui et ce fut malgré lui,le plus beau compliment qu'il avait pu lui faire jusqu'à ce jour. Pas de mot, ses yeux parlait pour lui et ce fut amplement suffisant pour Ayzebel qui elle aussi, apprécia la vu qui lui était offert. Il était incroyablement élégant dans son costume, un véritable Lord qui n'avait rien à envier à personne. Quand il s'approcha avec un écrin en main, Ayzebel eu un froncement de sourcil perplexe avant de découvrir le bijoux qu'il contenait. Un magnifique collier de Jade qui serait, à n'en pas douté, parfaitement assortit à au vert si clair de ses yeux.

« Morghann.... »

Pour elle c'était trop, elle ne méritait clairement pas un tel bijoux. Mais le choc ne fut rien comparé à celui que la libraire subit en entendant l’appellation de Lady Earl dont il la gratifia. Était-ce de l'humour ? Douteux alors, car tout deux savoir parfaitement que cela n'arriverait jamais. En un sens c'était cruel que de la faire sentir comme sa compagne alors qu'elle n'en restait pas moins, vulgairement, son amante, sa maîtresse. Un rôle qu'elle haïssait plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Un rire nerveux passa ses lèvres et la sorcière détourna le regard, souffla doucement.

« Allons, ne soit pas si présomptueux... Tu m'as offert un collier, pas une alliance... »

Elle se voulu à la fois drôle et piquante malheureusement c'était plus l'amertume qui en découlait. Vraiment, c'était cruel de la part de Morghann que de la nommer ainsi, elle ne serait jamais une Lady et encore moins une Earl. Jamais elle ne serait plus que la petite créature qu'il aurait dans les pattes jusqu'à ce que l'un d'eux finisse par prendre les voiles. Pourtant Ayzebel ne se laissa pas abattre et offrit à son compagnon un sourire tendre alors qu'il glissait autour de son coup le délicat bijoux et la complimenta par la suite. La sorcière soupira doucement, levant une main pour caresser le visage du Earl et murmura avec douceur.

« C'est toi qui est superbe... Merci pour le cadeau il est magnifique Morghann... C'est plus que je le mérite. »


Doucement, elle baissa le visage et saisit le pendentif entre ses doigts, caressant d'argent qui ornait la jade avant de venir poser ses lèvres dessus en souriant avant de laisser le bijoux retomber au dessus de ses seins dans l'échancrure de son décolleté. Elle leva finalement les bras pour venir entourer les épaules de Morghann et plaquer ses lippes contre les siennes avec tendresse dans un baiser qu'elle laissa s'éterniser quelques secondes. La sorcière recula d'un pas, écartant légèrement les bras avant de les laisser retomber le long de ses hanches et lâcha avec un sourire nerveux.

« Je sais, ce n'est pas la robe que tu m'as offert mais... Elle ne convenait pas vraiment à la saison... Alors j'en ai prit une autre en espérant qu'elle te plaise aussi. J'espère que.... Que tu n'es pas trop déçu de mes goûts en matière de robe ! »

Elle avait eu un énorme coup de cœur pour cette tunique noire à l'allure virginale et sensuel. C'était pile ce genre de chose qu'elle aimait porté, tout en délicatesse et féminité. Lentement elle saisit ses cheveux, les caressant avec cette même nervosité avant d'ajouter.

« Et.. Les cheveux, ça va ? Parce que je sais que tu adore mes boucles et... Enfin je ne voudrait pas que tu sois déçue.... C'est fou ce qu'ils sont long, hein ? Bouclés on ne dirait pas c'est sûr... »

Elle se perdait dans des jacasseries inutiles qui trahissait une angoisse évidente. La sorcière soupira, perdant son sourire et offrit un regard d'excuses à son compagnon et murmura.

« Pardonne moi, je suis très nerveuse... C'est premier dîner avec toi, probablement le dernier aussi... Et je... suis assez angoissé. »

Mar 7 Juin - 12:09
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann ne pouvait ignorer que la pique amère au sujet de l'alliance lui faisait mal. Une fraction de seconde, son sourire s'était évanoui, éteint, avant qu'il ne se recompose pleinement, masquant la tristesse que cela lui imposait, alors qu'il n'avait pour désir qu'une soirée réussie. Parviendraient-ils seulement un jour à passer du bon temps sans se tirer dans les pattes, sans se reprocher à l'un et à l'autre la précarité de leur situation pour enfin profiter du peu qu'ils avaient ? Là était leur histoire, là était leur situation. Il ne pourrait jamais l'épouser, il ne pourrait peut-être même jamais l'aimer autant qu'il aimait Howard. Ce constat fait, était-ce nécessaire de souffrir encore de cela en sachant cette base immuable ? Il ne soupirait mais en avait grandement envie. Il encaissa en silence et passa outre, attachant à son cou l'alliance de la pierre de jade et de l'argent. Il accueillit ses lèvres comme on panse une plaie. Le compliment coulait sur lui comme de l'eau. Il avait pris l'habitude de ne pas les écouter, sachant pertinemment qu'il étaient assez souvent faux et qu'on ne les lui servait que pour entrer dans ses bonnes grâces. Il avait beau savoir que ce n'était pas le cas d'Ayzebel, son éducation était bien trop ancrée en lui pour qu'il ne se rendre seulement compte que ses oreilles avaient tout bonnement cesser de l'écouter à son compliment. C'était alors une triste situation. Ces mots l'auraient probablement consolé s'il avait été capable de les accepter dans leur plus parfaite honnêteté. Comme beaucoup de chose, il en était faiblement pourvu. « Tu le mérites. » se contenta-t-il de rétorquer, avec un calme ferme. Ses mains la tenaient par la taille et ses pouces caressaient lentement les flancs de sa Dame.

Il accueillit sa nervosité avec un sourire en coin, parce qu'il avait l'habitude de ce genre de comportement, même si pour une fois, c'était la faute du dîner. Il était bien conscient de ce que sa condition de Lord faisait à son entourage souvent et dans cette tenue, il ressemblait plus au Lord qu'à Morghann. Un Lord qui allait la conduire dîner. « Tu me plais. Cesse de t'inquiéter, tu ne vas pas dîner avec la Reine d'Angleterre et la garde royale ne va pas te sauter dessus au moins faux pas. » railla-t-il. C'était assez étrange d'ailleurs d'entendre Morghann parler ainsi de la Royauté quand on savait que sa famille avait été jadis anoblie par la Couronne d'Angleterre. Il prit sa main pour y déposer un baiser : « Viens, ne tardons pas. » ajouta-t-il plus doucement avant de l'entraîner avec lui. Chaussés et couverts, Morghann la conduisit en ville, un peu plus en contrebas. Là, les routes étaient sablées et la neige n'y reposait plus en souveraine. Il se stationna près d'un restaurant à la devanture sobre et élégante, à l'image de ses origines maternelles. Un bleu clair et un blanc étaient coupés par un noir plein de noblesse, le bois et les dorures complétaient l'agrément aux allures nordiques. On les débarrassa de leurs manteaux et on les installa dans un petit salon, garantissant leur intimité : « J'espère que tu aimes la cuisine scandinave. » souffla-t-il à son attention : « En général, il suffit d'apprécier le saumon sauvage, le gibier ou la pomme de terre. Ils savent les préparer de tant de manières que c'est parfois difficile à choisir, surtout aux alentours de Yule. » Yule, ou le noël des nordiques. Une fête païenne pour les païens qu'ils étaient. Les bougies étaient rouges et les feuilles de chêne avaient remplacé celles de houx. On vint leur servir un gölgile temps qu'ils commandent, un vin chaud sucré dont l'odeur emplissait les lieux. Une autre tradition hivernale.

Face à elle, il la dévorait du regard et ne s'en cachait qu'à moitié. Ses yeux, comme de noires pierres polies, brillaient d'une lueur noble et espiègle à la fois. Un mélange entre l'enfant qu'il fut et l'homme qu'il devait être au sein de sa famille. C'était à peine s'il consultait la carte du menu, assuré de ce qu'il allait prendre, il préférait l'observer, perdue dans le choix de son repas de noël. « Une chance que ce ne soit pas écrit en norvégien ou suédois. Tu aurais été encore plus perdue. » railla-t-il, un brin moqueur, d'avantage pour la plaisanterie que pour le blâme. « On a beaucoup parlé des Earl, je me suis dit que changer de thème nous ferait du bien. Je n'ai pas vraiment d'allégeance envers les Dieux Nordiques, mais il faut bien avouer que leur glacial hiver est de circonstances, pour les fêtes. » Il prit son verre, laissant son tiède contenu réchauffer ses doigts. Avec un peu de chance, ils verraient des rennes. Il avait cru entendre que ce restaurant avait un enclos avec deux beaux spécimens qui faisaient l'émerveillement des enfants. « Et puis, à défaut de consoler mon père pour cette absence, je pourrais informer ma mère que j'ai pensé à elle. Ça m'évitera peut-être la hache. » fit-il avec amusement. Victoria Earl était une femme de caractère, au sang brut des vikings. « Tu as choisi ? » Il leva son verre vers elle, comme s'il s'attendait à en faire tinter le cristal.

Dim 12 Juin - 18:53
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Le tissus de sa robe était fin, délicat et les mains de Morghann qui vinrent se poser sur ses hanches, elle pouvait aisément les sentir, comme si c'était sur sa peau nu. Retrouvant le silence, la sorcière releva le visage, plongeant son regard dans celui de son ami et amant alors qu'il tentait de la rassurer. La remarque de Morghann arracha un rire soufflé à al sorcière qui avait encore en tête ce souvenir fraîchement dévoilé de son passage chez Pryam. Que lui avait dit Galéa ? Ce n'était pas la reine d'Angleterre, c'était pire... Aller à un dîner romantique avec un Earl, c'était comme se jeter dans la gueule des enfers tête la première. L'angoisse semblait être bien plus forte qu'elle ne l'aurait imaginer , pourtant la femme se contente de sourire gentiment, levant une main pour caresser la joue de Morghann.

« Désolé... ça va aller, je t'assure. »


Pourtant ses tripes étaient noué de nervosité, c'est dire si elle ne se sentait pas à deux doigts de rendre le contenu de son estomac, pour le peu qu'il devait contenir à présent. En silence, elle se laissa emporter par Morghann jusqu'à la voiture après avoir enfiler son manteau puis c'est toujours avec ce même silence qu'elle le laissa conduir. Pas un mot ne fut échanger pourtant, l'ambiance n'était pas moins douce... Ayzebel ne savait juste pas quoi dire, trop occupé à tenter de calmer cette angoisse qui la rongeait jusqu'à l'os. Une fois en ville, elle observa le devanture du restaurant, curieuse de savoir où Morghann l'avait emmener. L'endroit était plutôt accueillant, chaleureux et sa décoration boisé avait cette touche ancienne fortement apprécier de la sorcière. Très bon choix que voilà, le lieu parfaitement en accord avec les fêtes mais aussi avec le décor extérieur, donnait de la bonne humeur à la sorcière qui semblait enfin se décrisper, légèrement. Mit à l'écart, le couple était à l'abri des regards, du reste du restaurant et pourtant, Ayzebel n'en savourait pas moins l'instant alors qu'elle écarta sa chevelure d'une longueur impressionnante et posa son séant sur sa chaise. L'oeil et pétillant, la sorcière porta sur Morghann un regard pleins de joie et de malice alors qu'un sourire ornait son faciès naturellement pâle tendit qu'elle répondit avec douceur.

« J'ai hâte de pouvoir goûter cela, ça a l'air terriblement bon...je suis une grande adoratrice du poisson. Cru ou cuit, j'adore ça ! Et si je ne sais pas me décider, je compte sur toi pour m'aider à faire mon choix.»


La sorcière retrouva son calme, le visage plus serein bien qu'un léger sourire continuait de flotter sur ses lèvres pâles et charnues. Le port altier, il était dur de croire qu'elle n'était que de ces femmes dont l'unique raison de vivre était de porter l'enfant des autres, et pourtant... Mais les Tenak étaient pleine de ressources, éduquer pour accompagner des patriarches lors des sabbat. Certains de la haute société aurait dit qu'il ne s'agissait là que du vent, qu'elles n'avaient rien d'une lady, pourtant en cet instant, Ayzebel avait tout pour faire honneur à son amant et c'est tout ce qui comptait à ses yeux. Et visiblement, il appréciait au vu de la façon dont il la fixait. Ayzebel releva légèrement le visage, plongeant son regard clair et finement maquillé vers Morghann sans prononcé le moindre mot puis observa le vin chaud qui leur était servit. Voilà qui sentait bon... Le regard de la femme se baissa à nouveau alors qu'elle lisait le contenue de la carte puis lâcha un rire léger quand le nécromant lâcha être rassuré que celle-ci ne soit pas dans une langue étrangère.

« Du vil bli overrasket over hvor mange språk jeg snakker og forstår , Herre Earl...» (*)

Lâcha Ayzebel d'une voix mielleuse dans un Norvégien presque parfait. Presque, son accent était quand à lui encore trop porté sur l'anglais, assurément à cause d'un manque de pratique, mais le reste lui, était parfaitement dosé. Amusé de voir Morghann la sous-estimer une fois encore, la sorcière leva le nez de la carte et se justifia.

«Morghann, je suis une Tenak, des hommes du monde entier vienne au couvent pour le sabbat. Une des bases de notre éducation est la communication... Nous nous devons de pouvoir converser avec nos partenaires... Oh je ne connais pas toutes les langues, ce serait impossible mais... J'en connais quelques unes, pour le reste eh bien... Je travaille dans une librairie, je passe mes journées le nez dans les livres à apprendre et me gaver de connaissances, c'est grâce à cela que je peux traduire et restaurer les livres que je vends.»

La sorcière referma doucement sa carte, observant à nouveau son compagnon avec un regard langoureux et tendre et souffla.

«Ta mère à l'air d'une femme charmante... Pourmapart je prendrais une assiette de Kiskekake avec une purée de pomme de terre à la ciboulette.»

La carte fut doucement reposé près de l'assiette alors que Morghann lui, leva son verre. Ayzebel en fit de même, approchant le sien et fit doucement tinter le verre contre le sien avant de le porter à ses lèvres pour boire une gorgée de vin chaud. C'était la première fois qu'elle en buvait, c'était très aromatique, délicieux. Alors qu'elle reculait son verre, Ayzebel le garda en l'air, laissant son regard se perdre dans le liquide carmin et fumant.

« Parmi les langues que je parle, le français est de loin ma préféré... La langue de Molière, complexe et pourtant je la trouve plus expressive qu'aucune autre. Elle est parfaite pour parler d'amour, de mort...Sa subtilité était aussi grandiose que sa complexité...»

Et elle se perdit un peu plus dans ses pensées, laissant le calme et e silence la happé avec une douceur réconfortante alors que sa voix s'éleva dans un souffle tendre.

«C’est une femme belle et de riche encolure, qui laisse dans son vin traîner sa chevelure. Les griffes de l’amour, les poisons du tripot, tout glisse et tout s’émousse au granit de sa peau. Elle rit à la Mort et nargue la Débauche, ces monstres dont la main, qui toujours gratte et fauche, dans ses jeux destructeurs a pourtant respecté de ce corps ferme et droit la rude majesté... »

Le poème avait été murmuré dans un français exemplaire haché par l'accent British de la sorcière. Ayzebel esquissa un sourire avant de rire, reposant son verre sur la table et porta sur Morghann un regard pétillant avant de lâcher.

« Son nom est Allégorie... C'est un poème de Charles Baudelaire que l'on trouve dans les Fleurs du Mal. Je n'ai jamais été une très grande adoratrice de la poésie mais... ce recueil me touche particulièrement. Il est plein de sensibilité, de beauté avec une touche parfois très sombre.... »

D'un geste rapide, la libraire agita la main, détournant le regard et lâcha un nouveau rire, plus gêné cette fois.

« Pardon, je parle, je parle... je divague... je crois que je passe vraiment trop de temps le nez dans les livres, non ? Désolé de t'ennuyer avec de la poésie. »

_______________________

(*) Vous seriez surpris du nombre de langues que je parle et comprends, Lord Earl.

Dim 19 Juin - 19:14
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Un noël loin des regards
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