Cher Santa... ou qui que vous soyez...

Permettez moi en effet de fortement douter.
De votre existence je ne suis guère assuré.
Ou plutôt devrais-je dire de votre véritable identité,
Et de votre véritable pouvoir, vous si étrange entité.

Cher Santa donc, puisque mon Each désespéré,
Et désespérant de maladresse malavisée,
N'a de cesse de me supplier jour et nuit,
De vous écrire tous mes souhaits les plus inouïs.

Je vous adresse donc ce piètre épître,
Espérant faire taire mon affidé de pitre.
Si j'ai tout compris il me faut donc vous dire
Mes sombres souhaits et mes secrets désirs.

Je préfère toutefois vous prévenir d'ores et déjà,
Que vos chastes oreilles ne s'offusquent pas :
Mes désirs sont si sombres que la nuit en pâlit d'envie
Et les voeux de mon coeur sont des plus honnis.

Pourtant je n'en rougis pas, pire je m'en réjouis,
Et ne cesse de les attiser de ce feu de folie.
Mes voeux donc sont... toutes ces belles âmes,
Toutes ces belles vies qui de Mort auront le sésame.

Je les appelle avec ardeur, les désire de tout mon coeur,
En mon sein je les accueillerai d'une noble chaleur.
Voilà l'un de mes plus chers désirs, mon souhait ultime,
qui, exaucé, sera la lumière de mes sombres abîmes.

J'aurais toutefois quelques autres appétences coupables.
Un jeune homme, de son nom Howard, des plus agréables,
qui a su raviver ma morne curiosité trop longuement alanguie,
et qui arriverait presque à faire battre mon coeur sans vie.

Je le veux, le désire, et à moi veux l'enchainer,
Lui offrir à mes côtés une belle éternité,
Tout de pouvoir et de puissance pétrie
Qu'il soit ma perséphone pour l'infini.

Oui je sais, je serais fort capable de le ravir,
De mon pouvoir jouer pour l'asservir.
Mais je veux qu'il me choisisse en son coeur,
Qu'il soit à moi par choix et non par rancoeur.

Petit plaisir coupable oui je le sais,
Mais n'écoutez-vous pas tous nos souhaits ?

D'ailleurs il m'en resterait un encore,
un plus simple, plus concret, plus facile alors,
Si tant est que vraiment vous existiez
Et que patience de me lire vous eussiez.

Je souhaiterais que mon Each attitré,
Certes adorable par certains aspects,
Apprenne tout de même à bien se comporter,
A obéir et écouter, comprendre mes souhaits.

A être digne et noble, tel qu'il devrait être,
Digne du Prince Démon qu'est son maitre.
A être sage et avisé, lisant en mon âme
Ce qui m'est désiré et ce qui m'est infâme.

J'aime sa candeur et son noble coeur,
Et sans doute ma patience à son égard
s'explique pas ces attraits bizarres,
Mais s'il pouvait être moins... gaffeur.

En me relisant, je réalise soudain,
Que ce souhait que je pensais si anodin,
Des plus faciles à réaliser pour une déité,
Est peut-être finalement le plus insensé.

Je le sais, le sens, l'ai de suite compris.
Il ne peut changer, il était, est et sera ainsi.
Difficile à vivre, surtout pour un prince tel que moi,
mais finalement fidèle il me sera et me défendra.

Oui, finalement ne changez rien le concernant.
Il me faudra l'endurer tout ce temps durant,
Avoir le plaisir d'avec lui chevaucher,
Jusque dans nos Enfers si aimés.

Voilà cher Santa ce que je souhaiterais.
Voilà ce pour quoi mon âme résonne,
Et ma flamme se ravive dans son brasier,
Pour mieux me consumer sans vergogne.

Et maintenant que cette belle utopie prenne fin,
Que doutes reprennent leurs vils droits,
Et qu'ils éteignent cette étincelle de foi.
Je ne ressentirais-pas sinon cette immense faim.

En vous souhaitant toutefois une belle fête,
Même si pour moi, Mort, ce sera deuil et diète.