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 If you don't come to death , death will come to you |Terminé

Elie Mortimer
L'étrange sous la normalité : Mort je suis, Eurynome est mon nom.
Mortels me fuient, ils m'appellent démon.
Belles âmes, venez en mon royaume honni,
Et jouissez de ma ténébreuse nuit.
Avec moi l'Eternité sera vôtre,
Liberté des sens pour mes apôtres.
Mais secrets irrévélés doivent rester chuchotés,
Pour que sécurité nous soit conservée.
Tell me More : Démon de la Mort
PROFESSION : Antiquaire en apparence
Crédits : Tumblr & Howard
Messages : 51
Points : 3514
Elie Mortimer

If you don't come to death ,
death will come to you



Une fraiche brise lui caresse le visage, son long manteau noir claque dans son sillage, tandis qu'il avance de son pas altier, à travers le parc et ses belles allées. Douce lune qui tente de transpercer de sombres nuages, aucune âme mortelle ne semble trainer dans les parages... Aucune ou presque, constate-t-il d'un oeil avisé. Et d'un sourire presque carnassier.

Belle âme que celle-ci, errante et esseulée, en cette heure en ce parc presque abandonné. Belle âme que celle de son petit nécromant préféré. De celle qu'il veut posséder, de celle qu'il veut chavirer. De celle qu'il veut un jour à lui lier. Pleinement, consciemment, entièrement, en tout dévouement, à lui enchainer. Pour toujours et à jamais. Cela fait tant d'années qu'il l'a laissée s'échapper... qu'il l'a laissée voguer vers d'autres contrées, de lui s'éloigner... Quelle indicible joie alors l'a submergé quand il a appris son retour en ces lieux enténébrés. Il en a jubilé, en son for intérieur, en son sombre coeur, même si dans le plus grand secret.

Suivre alors discrètement sa belle proie. Des jours durant suivre ses pas. Dès que rumeurs se firent quant à ce retour, il la prit savamment en chasse,  se mouvant dans les ombres et leurs doux velours, et se garda surtout de toute audace.  Plusieurs jours déjà dans le lourd sablier du temps, petits grains de sable certes si insignifiants, quand mort vous incarniez, mais qui si lents semblaient alors qu'impatience vous rongeait. Impatience des retrouvailles inespérées, impatience de le surprendre, de le voir comprendre, et d'avec ce jeune ami de nouveau jouer. Ce merveilleux jouet si prometteur, pour son ego si flatteur, si capricieux aussi et si doué en fourberie... Oui il était heureux de l'avoir retrouvé. Il était temps d'à lui de nouveau se révéler.

Sombres prunelles transpercent les ombres tombantes de leur acier, et corps fin se coule contre un arbre nonchalamment. L'appétissante souris s'avance de son pas très légèrement boitillant, vers le chat avide et affamé patiemment installé... Un fin sourire s'esquisse de plus en plus sur les traits de Mort incarnée... et une voix suave et basse rompt le doux silence éhonté :

- Que je suis heureux de vous revoir en ces lieux troublés, mon jeune ami.

Bras croisés, une jambe savamment appuyée contre le vieux bois, il écarte d'une pensée les brumes qui semblent vouloir les happer tous deux. Il darde son regard empoisonné vers sa noble proie, et savoure cet instant si court et si rapide aussi, qui n'est alors qu'à eux.

Leurs retrouvailles. Tout ce temps... toutes ces années... Il se rappelle pourtant du jeune homme fier et altier, avide de savoir et de pouvoir. Ce jeune homme qui lui renvoyait déjà un merveilleux miroir. Un jeune homme qu'il avait voulu posséder mais avait dû quelques temps abandonner... Il ne serait pas dit cette fois qu'il lui échapperait. Foi d'Eurynome, ce puissant sorcier sien il ferait.

- Mais il est dangereux d'en ces lieux errer... même en si belle nuit.

Lun 16 Nov - 22:44
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
PROFESSION : Neurologue
Crédits : Meridya
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Howard Earl
Le Sacrifié

Ténèbres voilées, sous la lune, dans ce parc chichement éclairé. La lueur des modernes lumignons, accentuant les contours du décor spectral, d’incertitudes maculé. De jour, un jardin sans singularités, comme il en existait tant en cette contrée et en ses équivalents, nature mise en cage, domptée et défaite de ses apprêts. De nuit cependant, il se transformait. Comme un acteur son costume ôtant, l’artifice de la défaite aux mains humaines s’effaçait, découvrant le paysage dans son incroyable et étrange crudité. Dans la pénombre, les contours s’allongeaient, se distordaient, transformaient d’innocentes figures végétales et inanimées en créatures sordides, et altérées. Lente ronde des possibles, suggérant à l’imagination fertile des images à la teneur indescriptible. Lui-même y était sujet, et c’était avec d’autant plus de vigueur qu’il se méfiait de ce que son esprit pouvait créer. Ce n’était que trop bien qu’il connaissait ce qui rôdait dans ses pensées, pas de démons, ou de spectres, qu’il côtoyait bien assez, non c’était d’autres créatures, sans noms, sans formes distinctes, des atrocités sans bruits et sans odeurs, sans aucunes caractéristiques terrestres mais qui, impitoyablement, existaient. Leur immondice ne se limitait pas, elles étaient l’horreur, car elles dépassaient les terreurs communes, classiques, et bien ancrées que tout un chacun expérimentait. Ces choses, sans définition, qui en lui rampaient, qui par le seul instinct primal se définissaient, ces choses, oui, ne pouvaient se comprendre, ni s’appréhender. En lui, elles évoluaient, sous son crâne nichées, s’enracinant dans l’humus fertile de ses activités.

Dos contre le bois lisse d’un banc isolé, jambes croisées et col relevé, l’ouvrage sur ses genoux déposé, lui offrant ses pages, comme une jeune mariée. Une épouse qu’il connaissait, cependant, et vers lequel il retournait, à son corps défendant. Il y avait, en ces pages, plus que la vérité. Il y avait, au sein de l’ouvrage une clef, vers un monde oublié, dont il était, par la force des choses, contraint de refermer, endeuillé qu’il était. Le mot résonnait, dans le silence fracassant, comme une oraison, un sonnet, recueil de tant de révoltantes pensées. De Vermis Mysterii. Unique exemplaire, en ce monde profané, dernier vestige d’un savoir terrible et condamné. Chaque mot était un rossignol, faisant sauter les verrous de son esprit, chaque ponctuation une main ouvrant tout grand les portes de son intellect, et son imagination comme une bête affranchie, s’imprégnait de la révérence profane comme un vin, bu jusqu’à la lie. Et soudain, comme en écho, la voix lui parvenait, caressait son être de silence affligé comme un délicieux et révoltant appeau. Ses yeux relevés, instinctivement, s’ancrant un bref instant dans l’opulente désolation des teintes et des royaumes, formes et icônes, cherchant presque désespérément, sa source. Et en son sein, sourdait, inopinée, l’inexplicable émoi tout de contradictions pétri, mélange d’aigreur et d’amusement, de méfiance et de questionnement. L’ouvrage s’était fermé, glissé sous son bras, et de sa main libre sur sa canne s’appuyant, avance l’estropié en claudiquant, par la voix guidé.

Confluence de volontés que cette rencontre inopinée. Lui se relevant à l’instant où on l’accostait. Il était là, l’éhonté, et à présent, lui le sent. Là, pas si loin de lui. L’observant ? Le traquant ? Rusé rival, dont il avait presque escamoté la réalité. Il revenait vers lui ? Pourquoi, et pourquoi à présent ? Il le moquait ? Ou bien était-ce un nouveau jeu, de ceux qu’ils s’octroyaient par le passé et qui, dans un tumulte discret les emportaient ? Ses défenses, sa vigilance il avait abaissé, se croyant paisible et esseulé. Jamais il n’aurait pensé que cette créature chercherait son côté… Pourtant, il était bien là, ses mots résonnants, à la muette symphonie se mêlant. Son impact restait inchangé, mais sans doute par l’éloignement magnifié. Depuis combien de temps ne l’avait-il croisé ? Affrontement de leurs prunelles, héraldique contre acier, et d’un frisson rebelle il se fêlait, un bref instant seulement, ne voulant, par instinct, lui offrir plus de prises qu’il n’en possédait. Pris de court, pris au dépourvu, et hors de ses murailles mis à nu, mais non sans quelques défenses, encore en l’instant. «  De peur de vous croiser ?  » Raillerie esquissée, piètre riposte à sous-entendu dosé. Ou bien était-ce sa paranoïa qui le possédait ? A nouveau il avance, jusqu’à le rejoindre, proche, presque de trop, et de son regard jamais ne le quittait. De venin son corps brûlait, mais il n’essayait pas d’y échapper, non il restait là, toujours fier, et fort de ses facultés.

Du moins était-ce ce dont il se persuadait, voulant plus que tout faire face à cette figure. Prédateur il le savait, mais il espérait bien l’égaler. «   Je ne crains nullement ces lieux, mais j’y trouve quelque ironie, en votre compagnie. Qu’est-ce donc que cette mauvaise farce ? Mort et au pluriel se faisant face ? Aviez-vous donc si languissant attrait pour nos joutes qu’à peine arrivé vous me cherchiez ? » Silence ponctué, leurs souffles se mêlaient. Puis ses paroles, douloureusement concédées, le ton lent et mesuré, aveux de son incapacité «   Et bien… c’est réussi, je vous en félicite. Si danger il y a à errer, je suppose que vous vous ferez un devoir de m’accompagner  » Manche par Mort remportée, échine courbée, mais non défait, toujours défiant, il restait, à l’affut et vif, cherchant à grappiller un terrain perdu par l’usage d’un subtile levier. Et déjà, stratégie lui revenait, quoi que sur un terrain plus apprécié. « Je ne puis croire que vous manquiez à ce point d’affidés que vous soyez si guilleret à mon retour constaté  »

Lun 16 Nov - 22:49
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Elie Mortimer
L'étrange sous la normalité : Mort je suis, Eurynome est mon nom.
Mortels me fuient, ils m'appellent démon.
Belles âmes, venez en mon royaume honni,
Et jouissez de ma ténébreuse nuit.
Avec moi l'Eternité sera vôtre,
Liberté des sens pour mes apôtres.
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Elie Mortimer

« De peur de vous croiser ? »

Peur, oh oui peur, terreur si humaine, dont il se nourrissait si avidement, même après tous ses siècles durant, et dont il tissait ses toiles arachnéennes. Oh oui, peur, vile frayeur, sombre splendeur, de ces noirs coeurs... Qu'il aimait tant leur insuffler cette douce étreinte des sens paniqués, cet affolement de pulsions endiablées, cette vive épouvante incontrôlée, cette déperdition d'émotion surannée... Sublime sentiment que ce délitement de ces âmes en peine. Mais nulle peur en cet instant ne sourdait pourtant dans cet esprit rebelle.

Non nulle peur réelle en cet instant. Mais douce méfiance, vive vigilance, sens aiguisés et âpre curiosité, savant mélange alors attisé, par cette apparition créant d'obscures tourments. Sa proie n'était alors que volonté de fer drapée de velours, forte fierté engainée dans ses plus beaux atours. Et le démon en lui ne sut s'il devait se réjouir de ces attraits, s'en délecter vilement par le délicieux jeu qui se jouait, ou s'il devait s'en trouver agacé par cette insoumission insidieuse, cet esprit retors aux milles fourberies malicieuses. Oh oui, bel esprit que celui-là, qui déjà contre lui se hérissait, et qui dans son fol espoir son trône briguait. Oui, il ne lui était guère difficile de lire tout cela.

Qu'il espère donc, fou qu'il était. Qu'il espère, tant qu'il le pouvait encore. C'était là une belle gageure alors, même si ce n'était qu'un motel qui le défiait. Qu'ils jouent donc sur ce plateau géant, si l'homme le désirait tant. Il prendrait les noirs, lui laisserait les blancs. Il ne serait pas dit qu'Eurynome perdrait à ce jeu séculaire. Jamais on ne l'avait mis en échec, ni en mat, il en connaissait toutes les règles, si austères, et pourtant si riches par leurs mille nuances et leurs apprêts sans hâte. Avancer ses fourbes pions, fières tour en position décisive, fous et cavaliers en une fatidique offensive, avant que la défense ne prenne nom.... Ils se nommaient âme errantes, goules en perdition, créatures des mille contes, spectre de brume agonisante, son armée, ses fidèles affidés, oui, qui là sur son plateau pour lui se déplaçaient.

Qu'ils jouent donc tous deux cette nouvelle farce, qu'ils composent cet opéra funèbre, une ode à la Mort à jamais célèbre, plus encore que cette danse macabre dont il avait joué avec audace. Oui avec lui, ce soir, il voulait jouer. Non plus de chasseur à proie, mais tels deux adversaires enfiévrés. Et à cette pensée, une vive lueur étincelant dans son regard glacé, tandis qu'il laissait silence dans leurs souffles s'entrelacer. Laissant la tension entre eux monter... Ses sens s'enivrant de ceux tourmentés de l'homme à ses côtés.

- Vous supposez bien. Je ne peux en effet vous laisser errer en si grand danger.

Et d'un fin sourire il se para, tandis qu'il indiqua d'un ample geste de la main le sentier à suivre, leur chemin commun. Et doucement, côte à côte, ils partagèrent quelques pas.

- Vous savez quel intérêt pour vous je nourris, jeune humain. De talents si doué...

Il laissa un instant ses mots taquins mais sincères flotter entre eux, s'en laissa imprégner lui-même, étonné quelque peu de ce soudain aveu. Mais nul besoin de cacher ce fait, il le lui avait déjà confié il fut un temps... lointain, douce errance partagée, où il lui avait tant appris, oui tant... Bel apprenti que ce nécromant honni. Bel apprenti qui désirait dès lors détrôner le maitre. Incarnation parfaite de l'errance humaine, magnifique être. Il était là tout ce qu'Eurynome chérissait en fait, même si cela resterait en son âme douloureux secret. Il n'aurait pas accorder tant de temps à cette âme si elle ne valait rien à ces yeux de démon avide et gourmand...

- Peu de mes affidés possèdent vos atours. Mas il ne tient qu'à vous de devenir le premier d'entre tous.

Après moi, cela va de soi, songea-t-il en son for intérieur. Pensée qui ne fut trahie que d'un discret sourire rieur.

- A nous deux nous ferions tant, vous et moi, moi et vous... Il ne tient qu'à vous que deviennent réels tous ces beaux discours.

Toujours marchant d'un pas tranquille aux côtés du jeune homme, Elie inspira profondément, humant alors les parfums chargés des petits bosquets, laissant en lui ces douces retrouvailles distiller d'étranges sensations plus sensuelles que le plus pur des opiums. Il aurait voulu, pour une raison inexpliquée, le toucher, cette douce peau caresser, de ce masculin parfum s'enivrer, et dans ses bras l'envouter; Mais...

Mais retenue encore et toujours, comme souvent avec son noble nécromant. Indigné en son coeur d'être la proie de si déroutants tourments. Croisant simplement les mains dans son dos, il se fit nonchalance, chassant vivement ces turbulences, et laissa sa voix grave voltiger vers d'autres maux.

- Mais laissez-moi, jeune ami, en cette belle soirée vous inviter. En mon humble demeure, festoyons ces retrouvailles...

Inespérées.

- intéressantes... et inopinées.

Lun 16 Nov - 22:50
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié

Silence il appréciait, exotique délice dans un monde qui ne cessait guère de jacasser. Mais en cet instant, de Silence il se méfiait, y trouvant les très attendues notes de danger que cet homme, non, ce démon, savait si bien y mêler. Coi, en pareil moment, le hérissait. Il préférait encore lorsque l’antiquaire usait de sa langue de vipère pour le titiller. Ce qu’il taisait tendait à avoir plus d’importance que ce qu’il affirmait, aussi se tenait-il à l’affut du moindre reliquat qu’il abandonnerait. Et oui, il avait parfaitement conscience d’être, ainsi, grandement à sa merci… hélas, il n’y trouvait d’alternatives, pour saisir ce qu’il pourrait découvrir d’opportunités. Aussi subissait-il son silence, attendant qu’il décide de lui répondre et profitant de ces instants, et de leur proximité, pour l’étudier, lui, de plus près. Ainsi ne pu-il manquer cette lueur glacée qui soudain dans son regard s’allumait, lui faisant courir un frisson sur l’échine, réaction purement instinctive, sombre pressentiment du tour malsain que ce flamboiement augurait. Pourtant, tout comme il restait prisonnier de son silence, il lui fallait, à ses funestes prétentions se confronter. Tout comme un prédateur, le démon ne pourrait tolérer qu’on le fuie que d’une façon, pensait-il, par la destruction. Et puisque duel il devait forcément y avoir, d’une façon ou d’une autre, il se devait ne l’accepter et d’y faire façon avec constance et détermination. Mais pourtant, il était quelque peu difficile de ne pas laisser courir l’imagination fétide, lorsque l’on était ainsi décortiqué et jaugé. A quoi pensait-il ?

Et enfin, soudain, la sentence tombait. Il avait bien deviné, l’autre ne comptait nullement le laisser s’échapper… ou bien était-ce sa faute, de l’avoir suggéré ? Ses lippes, sur un sourire sombrement amusé s’ourlaient «   Alors que même que vous l’incarnez, ce danger ? Je devrais sans doute, au contraire, m’éloigner… » Mais il ne le ferait pas, évidemment, il ne risquait pas tant, si c’était de à ce jeu-là qu’il souhaitait occuper son temps. C’était un danger calculé et peut-être les conséquences étaient, à tort, considérées comme tolérables. Lui, du moins, les toléraient. Parieur inconscient qu’il était. Jouteur qui, sans doute, se laissait parfois par son orgueil guidé, et la menace frôlait sans en admettre la profondeur. Ainsi accepta-t-il le compliment, quoi que sans doute pas celui que le premier venu aurait saisi. Le talent,  il s’en savait détenteur en de multiples domaines, tout comme il avait ses faiblesses, mais qu’un démon démontre tant de constance à s’intéresser à sa personne était, réellement, élogieux… plus encore quand il s’agissait de la Mort en personne. Son élégie, sa source d’hauteur mais également, de son combat le cœur. Il n’oubliait pas plus ce qu’il lui devait que la dette qu’auprès d’un autre il avait contracté… Il n’oubliait pas davantage le vide près duquel il marchait, oscillait.

«   Oui » Oui il savait, ce que, pour lui Elie entretenait, de l’intérêt appuyé, mais… pas assez, en un sens, pour cet égo dont il se défiait. Oui… une part de lui se jouait insatisfait, demandait plus encore de cet intérêt. Une part de lui, à la fascination aspirait, l’exigeait, même. Comme si son autorité pouvait se révéler souveraine. Comme si une autre part de son être ne se méfiait, s’interrogeant et craignant les conséquences de pareil attrait. Tandis qu’une part de son être à l’humanité le cédait, désirant plus encore la reconnaissance, l’autre gardait une seule interrogation en tête : jusqu’où cela pourrait-il le mener ? Car à toute chose, il y avait conséquence, paiement, il ne pouvait douter, moins encore en raison de son identité, qu’il y avait des revers à la médaille, des revers qui ne pourraient que lui être défavorable et, encore une fois, un danger. Jamais Elie n’avait désiré lui offrir de pacte, comme avec ses autres proies il le faisait, mais alors quoi ? Qu’est-ce qui se dissimulait exactement sous la caboche du damné ? « Un talent que vous avez encouragé  » Caresse dans le sens de la fierté, pour le démon rusé que l’antiquaire incarnait. Il n’en serait, certes, pas dupe, mais cela ne voudrait pas signifier qu’il refuserait ce qui était, après tout, la vérité, même s’il n’avait pas été le seul à l’éduquer. Peut-être, en un sens, se ressemblaient-ils vraiment, tous deux la reconnaissance cherchant.

Mais reconnaissance et réalisation étaient deux singuliers et différents, horizons. Les espérer d’un démon était pire que démence, c’était ce qu’il détestait, stupidité consommée. Et pourtant, à cette faiblesse il cédait, sans doute parce que ses plus proches accointances de l’infernale hiérarchie se réclamaient. On ne pouvait, dès lors, considérer tout cela sous le même angle de pensée. « Tiens je pensais déjà l’être, vous me vexez… ou peut-être est-ce seulement un défi qui vous siérait d’observer, que je broie un à un vos fidèles pour que vous jaugiez de mes capacités ? Je serais alors le premier par les faits sinon par vous agréé.  » Par orgueil il pêchait, nul doute, mais quant bien même il le savait, il ne pouvait s’en empêcher… à croire que cette créature exaltait tous ses mauvais côtés. D’ailleurs peut-être était-ce effectivement le cas, après tout, cela lui ressemblerait. Voulant alors l’atténuer, et sans doute quelque peu se rattraper, un équilibre retrouvé, il plaça, la voix lente et mesurée. «  Mais s’il ne tiens qu’à moi, je n’exercerais sans doute jamais la plénitude de ce potentiel que vous convoitez, vous devez bien l’avoir deviné… » Pas avec ses devoirs, et pas avec ce corps. Pas avec… ce qu’il désirait accomplir également, certainement. «   Et vous aurez sans doute à cœur de me proposer, une fois encore, votre enseignement, pour y pallier… mais dites-moi, ne serait-ce pas redondant si je dois à nouveau m’éloigner ?  »

Il ne s’éloignerait pas en vérité. A Last End il comptait résider, trôner… régner en vérité. Quand sa famille il aurait purgé, et le trône de ce démon remporté… nouveau prince de la mort, figure enténébrée au tapis de pourpre brodé. Lèvres soudain légèrement pincées, alors qu’il se rappelait que tant à faire, déjà il avait… mais le frêle rictus se transforma en légère grimace incommodée quand sa jambe, soudain, l’élança, son pied mal positionné, sur une pierre dissimulée, et son poids souffrance réveillait, qu’il jugula. Si Elie le remarquait… Mais non, cela ne se pouvait, il avait été discret, et par leur marche, l’autre semblait accaparé. Presque agréable en vérité, dans un silence habilement ponctué, une atmosphère comme il les aimait et dans laquelle, presque à regret, il baignait, petit poisson de son élément imprégné. Pour autant, sa méfiance réapparue lorsque l’individu proposa qu’ils rejoignent sa demeure… piège ou réel désir mondain ? Peut-être les deux, qui ne diraient que chez lui ils se confondaient ? C’était risqué que d’accepter, mais après tout, il avait hanté la boutique de l’antiquaire pendant des années, pourquoi ne pas se laisser tenter par sa maisonnée ? Peut-être y trouverait-il une faiblesse, un indice… et si sur ses gardes il restait, que pouvait-il réellement risquer ? Pourtant un long instant, il le fit patienter, feignant la pondération, avant qu’enfin, il n’agrée. «  Fort bien… Je pourrais certainement me lamenter d’une compagnie moins distinguée… j’accepte, conduisez-moi, et si d’un plateau vous disposez, laissez-moi exiger une partie  »

Lun 16 Nov - 22:52
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Elie Mortimer
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Danger il était oui, danger il incarnait, lui bel et digne amant de Mort. Oui, danger pour tous ces humains qui près de lui erraient avec force remords. Mais, n'était-ce pas là tout ce qu'ils désiraient ? N'était-ce pas ce danger qu'à grands cris ils appelaient ? Ces âmes mortelles qui aimaient tant le frisson de la peur, l'exaltation des sens en quelque moment de terreur. Et lui, pauvre démon aux milles ères, il partageait avec eux ce délice délétère.

Et c'est avec le même délice qu'il suivit les méandres de pensées de sa jeune proie. Il les suivit, et d'un délicat toucher de psyché, le chemin en retraça. Se délectant des mille et une questions, de toutes ses hésitations, de ses peurs et ses frustrations, de ses doutes et ses irraisons. Oui, irraisons de vouloir se mesurer à lui, Eurynome de son nom. Irraisons de vouloir se mesurer à Mort incarnée, lui, un Prince démon. Mais quelle douce et savoureuse irraison que celle-là alors, une onctuosité qu'il voulait goûter encore et encore...

Oui, qu'il lui serve donc quelques mots doux. Cela ne sonnait pas assez faux pour l'offusquer qui plus est. Assez vrai pour plaire à sa fierté démoniaquement démesurée. Et son sourire s'élargit encore à ce qu'il sentit en ce coeur fou. Oh oui, qu'il laisse donc sombres et noirs sentiments l'envahir, même si tous tournés contre lui, alors créature à détruire. Oh oui, qu'il se laisse par eux posséder, belle âme damnée, et qu'à jamais avec lui il se trouve enchainé. Et cette soudaine résistance... Exaltation des sens, qui, soudain reprenant vile conscience, se débattaient dans leur gangue étriquée pour de sa ténébreuse prise se délivrer. Belle joute alors que celle-là, un combat que cette fois il lui céda. Qu'il regagne donc un semblant de controle, de maitrise sur ses sens exacerbés, et que de nouveau tous deux ils puissent pleinement jouer.

- Vous avez raison, je serais enchanté d'avec vous partager quelques obscures connaissances. Et si me fuir de nouveau vous préféreriez, je fais confiance à Dame Coïncidence. J'aurais l'éternité pour vous retrouver. Dans cette vie ou une autre, tout aussi damnée.

Même s'il devait avouer avoir envie de le conquérir dans cette vie-là, et non une autre. Mais il escomptait bien tenter d'aliéner son jeune ami, son nouvel hôte.

« J’accepte, conduisez-moi, et si d’un plateau vous disposez, laissez-moi exiger une partie  »

Un grand éclat de rire, franc, étonnamment sincère, exulta soudain de ses accents chantants dans l'air. Ce petit humain arrogant savait-il seulement ce qu'il proposait là ? Un jeu, une partie, un plateau... mais bien sûr qu'il avait tout cela ! Et plus encore : mille et un plateaux il pouvait créer, mille et un jeux à sa folie démesurée, mille et une partie sur ce géant échiquier qu'était pour lui la Vie et ses humains aliénés. Un plateau de jeu magnifique, un plateau de danse, de cette éternelle transe, à l'harmonie onirique, à laquelle Mort depuis tout temps conviait Vie inlassablement. Et si ce petit d'homme qu'il chérissait tant, voulait apprendre la danse, qu'il en apprenne donc les temps.

Se pensant, de son sourire charmeur et les yeux rieurs, il tendit vers lui une élégante main. Paume vers le haut, comme l'invitant à le suivre sans peur,  pour mieux valser ensemble sur ce sombre chemin. Brumes autour d'eux voltigèrent un instant, quand soudain s'esquissa à deux pas son beau tombereau. Il en ouvrit une portière dans un léger grincement, et l'invita à pénétrer cette belle voiture aux sombres halos. Temps moderne qu'était celui présent, il se devait simple antiquaire de se faire au fil du temps. Belles inventions humaines avaient jalonné tous ses siècles, et il devait avouer avoir bien apprécié suivre certaines de ces fresques. Même si parfois nostalgie le poignardait, même si beaux destriers il préférait, il avait su apprendre à aimer la puissance et l'ivresse de ces engins déchainés.

A peine installés, qu'il laissa, d'un geste vif, le noir félin métallique ronronner. Défilèrent belles rues pavées, et sur leur visage cingla un vent incisif. Quelques minutes à peine écoulées, et enfin sur son modeste perron ils furent arrivés. Le démon, en gentleman né, s'empressa de se porter à l'aide de son invité. D'une main, il l'aida à s'extirper, avant de l'inviter d'un geste à monter les quelques marches, le suivant de près jusqu'à la porte surmontée d'une belle arche. Gargouille grimaçante, ricanante, semblèrent les saluer du haut de son fronton, avant qu'enfin lourde porte d'ébène ne daigne coulisser sur ses gonds. Un simple geste, un mouvement un brin théâtral, et il offrit plein accès à son hôte à son antre ancestrale. Son repère, son refuge, son havre de paix. Un droit d'entrée, un privilège, et plus encore le partage d'un secret. C'était là un droit dont peu, hors de ses liés, pouvaient se targuer. Celui de pouvoir entrer chez un Prince démon, d'y revenir à volonté, de peut-être un jour le surprendre, l'y troubler, en un endroit pourtant de sûreté.

Son bel Howard était-il seulement conscient du cadeau que le démon lui offrait ? De la soudaine insécurité dans laquelle il se plaçait ? C'était là un potentiel danger, quand on connaissait les ambitions éhontées que le jeune homme nourrissait. Mais c'était un danger calculé, un autre jeu... et aussi, dut-il avouer, un étrange voeu. Mais viles pensées que celles-là, songea-t-il, et que bien vite il chassa.

Lumières scintillèrent alors une à une, quand le maitre des lieux entra, abandonnant derrière ses pas une bien sombre lune. Se révélèrent ainsi belles tapisseries d'un temps révolu, tableaux de maitre romantique d'errance perdue, tapis persan finement tissés, et meubles renaissance de bois lustrés. Une maison de collectionneur chevronné, où se cotoyaient tous les grands maitres d'art qu'il chérissait. Sans luxe ostentatoire, si ce n'est la culture de l'Art et du Savoir. Il fut tenté un instant de partager le petit plaisir d'une visite avec son apprenti préféré, mais avisant affligeante boiterie un sursaut d'humanité le fit se raviser. Plus tard peut-être, si l'humain savourait ensuite un certain bien-être.

Il les fit donc entrer dans une pièce de salon, encombré d'une haute bibliothèque sur un pan de mur entier, tandis qu'un bon feu de cheminée en son bel âtre de marbre ronflait, tandis que leur tendaient leurs bras et assises quelques fauteuils et guéridons.

- Sans doute accepterez-vous une petite liqueur pour vous réchauffer ? En attendant que le diner soit préparé par mes... affidés...  

Se disant, il s'installa lui-même dans un fauteuil, le sien propre, son attitré, tandis qu'un serviteur déjà apportait plateau encombré de deux verres et d'une carafe emplie d'un alcool à la belle robe ambrée.

Alors qu'il s'emparait de son propre verre, le relevant en un geste invitant au toast muet, il avisa rapidement la bibliothèque qui derrière lui trônait. Ou plutôt l'une de ses bibliothèques, bien d'autres en toute sa maison y siégeaient....

- Si cela vous agrée d'y jeter un oeil, je vous en prie, faites-vous plaisir. Même si je vous préviens, je ne vous permettrais pas d'y dépérir, à écumer tous ses vieux écrits et autres recueils.

Lun 16 Nov - 22:53
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Howard Earl
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Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié

La promesse, car qui pouvait un seul instant douter qu’il s’agissait d’une promesse, fit glisser un frisson glacé le long de son échine et, un bref instant, son instinct primitif de simple mortel s’emporta, laissant s’insinuer en lui, le gel d’une peur sourde et certaine. L'éternité, oui, il l’avait cela allait sans dire, mais comment exactement se devait-il de réagir, quand le démon lui promettait qu’il l’occuperait, cette éternité, à vouloir le retrouver, où qu’il aille et quoi qu’il tente pour se dissimuler. N’était-ce pas là  le pire des fléaux, que de bénéficier d’une telle assiduité de la part d’une créature en tous points damnée ? Pourtant au travers de la peur viscérale de se voir la proie d’Eurynome pour d’impensables éons, il y avait, encore et toujours, cette satisfaction pleine de culpabilité, d’être capable, lui simple créature friable et étiolée, d’occuper autant d’espaces au regard d’un prédateur tel qu’il l’était. Oui, c’était un savant mélange, liqueur raffinée au regard des tortionnaires ou des amateurs de sinuosité. La peur servait de chape, un voile fuligineux, ruisseau qui dans son corps se rependait, paresseux, glaçant sur son passage comme un voile impérieux. Elle prenait place, s’installait, et le saisissait, comme des griffes avides et acérées. Puis, presque sans se faire remarquer, l’aise s’installait, creusant au cœur du glacier et réchauffant son être apeuré. C’était une sensation coupable et subtile, attirant l’œil intérieur sans en avoir l’air, ajoutant à la symphonie de sa frayeur une note discordante qu’il aurait voulu nier, sans pour autant y parvenir. Et de ses lèvres pincées, nul son ne s’élevait, car il ne pouvait, en pareil instant, trouver une réplique appropriée.

Fort heureusement, si l’on pouvait oser pareille sentence, il n’eut pas à s’en contrarier, puisqu’ayant changé de sujet, il se trouvait soudain en but à son hilarité. Une hilarité qu’il n’appréciait pas, qui le vexait. Sans doute était-ce le comportement d’un enfant froissé, mais il ne pouvait pourtant s’en défaire… Cela le froissait, le prenait à rebrousse poils. Il avait l’impression que l’on se moquait. De lui, et il ne pouvait y agréer. Ce n’était pas dans ses habitudes que d’être ainsi sujet de jubilation ou de gaité, et il ne pouvait s’empêcher de se sentir insulté, floué et méprisé… Et réagir ainsi le frustrait. Pourquoi fallait-il qu’il soit encore capable de réactions aussi infantiles et irréfléchies, alors même qu’il lui fallait toute sa présence d’esprit pour interagir avec l’entité. Alors il se taisait, se refusant à montrer l’aigreur que son rire provoquait. Droit, et aussi digne qu’il pouvait l’être, il attendait que l’antiquaire calme son éclat. Dédaignant la main qu’on lui tendait, il reprit son pas avec lenteur, mesurant chaque geste pour se donner plus de contenance, ne rien laisser paraître et se fermant autant qu’il se pouvait. Quelque part, cette vaine et futile part de lui regrettait presque d’avoir accepté l’invitation… tandis que l’autre, celle qui l’obligeait à se faire si composé, celle qui le guidait, le raisonnait, n’y trouvait qu’une raison de plus de vouloir abattre le démon, car une fois qu’il lui aurait volé son trône, qu’est-ce qui le ferait rire ? Il ne rirait plus alors. Ou alors, uniquement lorsque lui le désirerait… oui, cela lui paraissait très bien, après tout, lui aussi pouvait bien profiter de ce qu’il aurait alors conquis.

D’un geste raide et outrageusement obséquieux, il le remercia de la tête en s’installant dans le véhicule, cale sa canne contre la portière refermée, son précieux ouvrage sur ses jambes déposé. Son membre blessé de côté, légèrement étendu, pour plus de confort et moins de douleur le temps du trajet. Légère sensation étriquée, sensation d’être encagé, comme un animal, attrapé, qui pourtant s’éteint rapidement, dissipée. Elle est tout aussi stupide que sa vexation, et si peu pertinente, alors même qu’il pourrait s’extraire de ce destrier de métal s’il le désirait vraiment, non il n’a rien à craindre, pas encore certainement. Il se refuse à l’observer ouvertement, y préférant un coup d’œil discret et méfiant. Regard en coin, intérieurement incertain. Puis, balayant ses réticences, la brusque accélération du moteur, l’engin en avant se propulsant, guidé par son maître, son genoux contre la boite de vitesse se cognant un instant. Il le ramène vers lui, sans un mot, laissant le vent battre son visage pâle et le rougir sommairement. Et bientôt, leur destination atteinte, il fut temps de quitter l’habitacle et cette fois, il le surveilla, surpris de le voir contourner l’engin pour… lui proposer son aide, portière ouverte, main tendue, et lui l’observant en se demandant si c’était là tendre le bâton pour se faire battre, si c’était là plus que l’apparente courtoisie qu’il lui dédiait. Pourtant, alors qu’il tentait de se relever, il fut évident que, dans l’étroitesse des lieux, s’en sortir seul serait quelque peu périlleux.

Alors pour cette fois, il accepta. S’appuyant sur lui, il parvint à se relever, à se dégager et le relâcha dès que le contact ne lui fut plus indispensable. Pour autant, il ne parvenait pas tout à fait à lui accorder la pertinence du geste, amer de se voir rappeler, par lui plus encore, qu’il était si diminué. Or ce n’était pas sans avoir conscience qu’il aurait très bien pu s’humilier encore davantage sans cette aide inopinée. Mais se résoudre à le lui accorder, comme cela, sans difficulté, ne lui aurait pas agréé. Il ne semblait rien attendre de lui quand à cela, aussi décida-t-il simplement de précéder sans le mentionner. Porte s’ouvrant sur l’inconnu qui faisait le quotidien de son hôte, happant son attention loin du danger qui l’accompagnait. Il la sentait, là tout près, la force qui l’empêchait de violer ce sanctuaire dévoilé. Un bref instant, un geste et il se voyait accordé l’entrée. Un pas prudent, et la confirmation qu’il pouvait passer, puis sa curiosité, bride lâchée, eut permission de se déchaîner. Qu’y pouvait-il, en vérité, alors qu’on lui offrait l’accès à pareils secrets. Et il était bien difficile de se cacher. C’était un univers de possibilités qui, à lui, s’offrait. Un univers dont la première facette était bien évidemment l’invitation elle-même, et son introduction dans cet environnement feutré. Elie savait les sentiments, les ambitions qu’il nourrissait, et pourtant, il le conviait…

Etait-ce simplement qu’il ne le prenait pas au sérieux ? Qu’il imaginait n’avoir rien à craindre de lui ? C’était, en un sens, vrai, qu’est-ce qu’un démon aurait à craindre d’un humain dévoyé ? Mais il y avait là un réel avantage à exploiter s’il désirait l’abattre. Il pouvait s’en servir, capitaliser le don qu’on lui faisait… pourquoi, d’ailleurs, lui en fait bénéficier ? Pour le leurrer, le piéger ? Peut-être bien… mais dans ce cas, il se méfierait, plus encore puisqu’il le fallait, mais il ne pouvait nier qu’il était…. Diablement intrigué. Il y avait là tant de richesses à-même de lui plaire, tant d’œuvres d’art, choisies avec un goût impossible à désavouer. Mauvaise foi l’aurait inspiré, de dire qu’il ne se sentait pas, à cette vision, à son aise au sein de ce foyer. Sa tête lui en aurait presque tournée, et il ne savait plus où regarder, tant il y avait à voir, à appréhender. « Je ne vous aurais pas cru adepte du romantisme… » souffla-t-il distraitement, presque rêveusement, une peinture observant. Non, il ne l’aurait pas cru sensible à ce genre d’œuvres. Et pourtant…. Il y avait quelque chose de particulièrement ironique, à cet étalage de goût irréprochable. Toutes ces créations étaient issues de mains mortelles. Et toutes semblaient appréciées par ce démon éternel. Il semblait ainsi que leur pitoyable race chétive et enserrée soit capable de réalisation, et de beauté.

Et étrangement, cela le réconfortait et lui rendait au moins un peu de fierté. Au moins un domaine dans lequel ils dépassaient les créatures éthérées. Oublieux de l’inconfort de sa jambe grandement sollicitée en cette soirée, il se déridait, tournant et retournant la tête, essayant de se gorger de tout ce qu’il remarquait, autant pour ses plans que pour sa curiosité. Pourtant, il était encore loin de s’imaginer devoir tant peiner à conserver son apparente respectabilité… Alors qu’il était par son hôte conduit dans un salon lambrissé, la vision soudaine de la grande bibliothèque manqua lui arracher une expression d’instinctive avidité. Les ouvrages étaient sans doute son vice le plus profond… non, ou plutôt… si, si l’on ne soupesait que les disciplines ne requérant pas l’individualité d’une vie, d’une identité. D’une personne, tout simplement. En cet instant, il aurait tout à fait pu abandonner Elie Mortimer, Eurynome incarné, à ses pensées, pour ne se consacrer qu’à ce monument d’intellect éclairé. Les paroles qu’il prononça eurent bien du mal à faire leur chemin, et il ne déclara qu’après un long moment de muette contemplation : « Je n’ai pas froid » Ou du moins, cela ne l’incommodait pas. Il préférait avoir froid que fondre sous la chaleur. «  Mais j’accepte néanmoins » Se faisant, il fut bien forcé de le surveiller. Il ne savait pas encore exactement comment il fonctionnait, mais s’il lui toquait de servir lui-même cette fameuse liqueur, hors de question qu’il lui laisse l’occasion de l’empoisonner… ou quoi que ce soit d’autre.

Mais non, il semblait qu’il puisse échapper à cette perspective. Ce fut donc un Howard rassuré qui imita le maître des lieux, s’installant dans l’un des fauteuils qui lui faisait face, se refusant cependant à s’y adosser de trop, préférant ne pas se déséquilibrer, et trouver un angle acceptable à son assise, pour de l’inconfort s’éviter la présence détestée. Sans quitter son interlocuteur du regard, il prit le verre qu’on lui dédiait, le relevant en écho à son toast, geste discret. Il n’en bu qu’une gorgée, pourtant, ses paroles jaugeant. Qu’en dire ? Qu’il aurait bien dévoré tous ces écrits et plus encore s’il l’avait pu ? Oui, il l’aurait fait, sa soif de connaissance autant que son appétence n’avait guère de limites, et il ne fallait l’abandonner en pareil séjour si l’on désirait que son attention soit déportée, s’attache à d’autres sujets. Lui, par exemple, et quoi que rien ne puisse faire en lui naître la moindre honte de céder à ses penchants, il n’osait pas vraiment se le permettre en oubliant sa présence et ce qu’il pouvait très bien faire pendant que son attention voguerait sur d’autres flots. D’autant plus quand pareille attitude était tout sauf acceptable, tout sauf courtoise. « Et négliger celui qui m’a invité ? Ce n’est pas ainsi que l’on m’a éduqué » Sans doute était-ce dit avec plus de sécheresse qu’il ne l’aurait voulue… Mais il était vrai qu’en un sens, il pouvait également lui en vouloir, de se trouver contraint par les bonnes mœurs.

Quelle idée que de lui proposer. Nouvelle gorgée. Rapide pensée. Peut-être une idée. « Considérons cette soirée comme un tête à tête, j’aurais bien l’occasion de revenir profiter de vos ouvrages en d’autres circonstances » Et puis il fallait l’avouer, pour le moment il préférait autant se reposer, sa jambe avait commencé à l’élancer. Détournant un instant ses prunelles de l’entité, Howard les laissa s’hypnotiser du feu crépitant dans la large cheminée, sa lueur projetant des ombrages sur son visage et son entourage, et sa chaleur dans son corps s’insinuant doucement. Un silence, posé, dépourvu de cette déconcertante et inconfortable austérité qui en sa famille siégeait. Soupire, rapidement évaporé. Sa voix semblait se fondre dans le décor, quoi que différemment de la fluidité qu’elle incarnait dans l’espace enténébré du parc dont il était l’héritier. « Comment avez-vous su, pour mon retour ? Qui vous en a informé ? » Sourcils froncés, image même de la sévérité « Je ne suis pas revenu pour badiner, Mortimer. Je n’avais pas l’intention de revenir si tôt… en vérité. Quelque chose m’y a poussé, à cela, à voir mes plans s’accélérer… » Pourquoi lui en parler ? Parce que, quelque part, il était certain que le démon ne le trahirait jamais, du moins pas à pour un tel sujet. Peut-être était-ce également une façon d’équilibrer les plateaux, de répondre à son cadeau. « Je suis là pour eux, uniquement pour eux. Je ne désir en rien demeurer ici, Last End est un tombeau… »

Faible et aigre sourire, à ses lippes accroché, lueur à ses yeux, acérée. « Je suppose que votre éternité vous a donné l’occasion de voyager. Quels étaient vos préférences, pourquoi venir ici, pourquoi vous y enterrer ? Cette ville agonise dans sa décrépitude, dans sa gangrène… Ne vous dégoûte-t-elle pas ? Elle et ceux qu’elle contient… » Soupire jugulé, sec et envenimé. « Toutes ces œuvres, ces beautés… N’avez-vous pas le plus grand mal à croire qu’elles aient été construites par des mortels sans singularité ? Elles ne renvoient nullement la réalité. C’est pour cela, que la masse les admire, s’en émerveille, elle y voit ce qu’elle n’est pas… peut-être ce qu’elle n’est plus… ou bien est-ce simplement Last End qui ainsi dégénère… Il n’y a rien de ces merveilles ici, rien qui ne me sied. Je l’aurais abandonné sans regret si j’en avais la capacité. Et vous, qu’est-ce qui vous fait demeurer ? » Rictus cynique, regard profond, tourmenté mais amusé. «Ou bien vous entourez-vous ainsi pour effacer cet extérieur décevant ? et si vous deviez, pouviez m’accompagner, cette ville abandonner… »

Lun 16 Nov - 22:57
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Elie Mortimer
L'étrange sous la normalité : Mort je suis, Eurynome est mon nom.
Mortels me fuient, ils m'appellent démon.
Belles âmes, venez en mon royaume honni,
Et jouissez de ma ténébreuse nuit.
Avec moi l'Eternité sera vôtre,
Liberté des sens pour mes apôtres.
Mais secrets irrévélés doivent rester chuchotés,
Pour que sécurité nous soit conservée.
Tell me More : Démon de la Mort
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Elie Mortimer

Un fin sourire vint fleurir sur le visage d'apparence mortelle du démon, joie indicible s'insinuant en lui à l'idée d'un retour, d'autres soirées comme telles, d'autres... occasions. Autres, voilà bien un mot qui sonnait de façon si douce à ses oreilles, un mot qui semblait soudain promettre monts et merveilles. Silence il préféra offrir en écho toutefois, observant sagement sa belle proie, laissant la chaleur de la liqueur et du feu les envelopper tous les deux.

Et déjà l'autre reprenait, mille questions fusant soudain. Il laissa ce flot de paroles, peu commun chez cet humain, s'épancher comme elles semblaient en avoir besoin. Offrant écoute attentive, patiente, et intérêt certain.

- Que de questions, répondit-il enfin avec un sourire serein, quand l'autre sembla en avoir fini avec sa longue litanie. Toutes semblant offrir pour moi une attention profonde.

Il se permit une autre gorgée ambrée, un sourire taquin, observant le jeune humain d'un regard acéré.

- Mais je ne sais si vous avez mérité que j'y réponde. A toutes du moins. Vous, qui avez semblé si bien me fuir. Vous ferais-je donc si peur que vous me refuseriez de votre compagnie le plaisir ? Non, inutile d'y répondre, ajouta-t-il rapidement, arrêtant toute velléité d'un simple geste de main. J'en pressens déjà les pensées entrechoquées. Et finalement je ne vous reproche rien. Vous, mon jeune apprenti bien aimé.

Il susurra ces derniers mots avec une langueur accentuée. Les flammes du bucher s'embrasèrent un court instant, comme attisées par le regard de braise du démon, avant de finalement retourner dans leur doux giron, et sur le bois calciné ronronner suavement.

- Pour votre retour... j'ai le regret de vous informer, que vous n'avez pas été aussi discret que vous l'auriez certainement désiré. Le retour d'un des "fils prodiges" d'une famille si ancestrale ne passe après tout pas inaperçu, pas dans cette petite ville "perdue", quand bien même ce retour n'a rien eu de théatral. Sans compter...

Il déposa son verre près d'un guéridon non loin.

- Que j'ai mes informateurs. D'ici et d'ailleurs. Quant à ne pas vouloir badiner...

Il prit alors une mine faussement éplorée, une moue au coin de ses lèvres plutôt amusée.

- J'en suis déçu, moi qui pensais avec vous jouer. Ah d'ailleurs, vous qui vouliez un plateau de jeu...

Un claquement de mains et dans un écran de fumée apparut un bel échiquier, tout de verre finement ciselé, sur la table basse qui les séparait.

- Voilà votre partie exigée. Si tel est toujours votre voeu. Vous êtes donc revenu pour eux, uniquement pour eux... Vous lacérez mon coeur d'un terrible pieu. Je ne sais si je dois subir déception encore ou... ténébreuse joie. Mais voilà qui semble être intéressant. Je serai peut-être pour vous un supporter fervent. Si tant est que vous acceptiez qu'à ce spectacle je puisse être là.

D'un geste précis il réajusta une pièce à sa place. Oh oui il s'amuserait de voir enfin briser toute cette bourbeuse glace. Cette gangrène qui empoisonnait la noble famille, dans leur ignoble mensonge, leur vérité honnie. Il préféra taire toutefois en quoi tel conflit pouvait inciter en lui pareille joie. Lui qui nourrissait quelques sombres querelles, à cette famille presque immortelle. Famille puissante à la puissance inassouvie, qui sans cesse voulait plus, dans leur avidité infinie, et s'offusquait ensuite d'en payer le prix, ce tribu à un démon pourtant promis...

- Last End est un tombeau, dites-vous, mais de quoi vous plaignez-vous alors jeune fou ? Et en quoi cela est-il si étonnant que Mort y siège, attendant patiemment, rôdant et errant, posant ses pièges ? Ah doux nécromant, pourquoi donc vous plaindre de régner sur cet immense tombeau éthéré... un tombeau par ailleurs fort puissant ?

Il retint toutefois le rire moqueur qui en lui montait. Il avait déjà manqué offusquer son jeune invité, et préférait ne pas réitérer l'affront en cette belle soirée.

- Oui j'ai voyagé, beaucoup, et plus encore. Des millénaires, des éons, mille et une contrées, pays et régions. Et pourtant en Last End je reste, perdure, et siège alors. Oui, effectivement, juste question. Mais réponse vous connaissez déjà en fait, mon jeune ami. Puissance d'un autre temps, épicentre d'un pouvoir infini... Voilà mes raisons. Et voilà certainement aussi celles qui vous feront finalement rester.

Son regard erra un instant sur les oeuvres qui tronaient dans la pièce et sa bibliothèque magistrale, songeant à toutes celles qui arboraient dans le reste de la vieille maisonnée leur beauté ancestrale. Pâles représentations cependant de toutes les merveilles humaines et mortelles, qui étaient disséminées à travers le monde, en sombres hommages à eux Immortels. Car oui, voilà ce qu'Eurynome voyait en toutes ces oeuvres osées, de beaux hommages, de magnifiques témoignages, à tant de déités, à toutes ces sombres vérités d'une autre éternité.

- Quant à ces oeuvres... Il n'y aurait en elles, selon vous, nulle réalité ? En êtes-vous si sûr ? Votre jugement est si dur. Regardez-les. Regardez-les bien, non pas avec les yeux, mais avec le coeur, vous mortel qui avez la chance d'en avoir un battant à tout rompre pour de telles félicités. Oui, là, regardez-les bien, et osez me dire qu'elles ne révèlent rien d'une autre réalité, d'une autre vérité. Ne voyez-vous donc pas ce qu'elles crient avec tant d'ardeur ? Elles nous appellent, nous supplient, en un cri désespéré pour de nous être remarquées. C'est là, pour les simples mortels, leur seul moyen peut-être de nous parler. Du moins tous ceux-là ont dû penser ainsi, fit-il en désignant d'un geste ample de la main tous les tableaux les observant, désignant à travers eux l'artiste qui y avait mis son âme sciemment. Et certains de nous se doivent de répondre à leur désespoir infini.

Il laissa un profond soupir s'échapper, avant de reporter son attention sur son invité. Il songea un court instant à celui que certains appelaient Dieu, et qui avait de nombreux noms, cet être immortel, tout puissant, dans ses cieux siégeant, qui avait un jour fait certains anges démons, leur coupant leurs belles ailes, et les jetant de son royaume sous prétexte de sentiments trop orgueilleux... Ce Dieu qui ne les avait pas écouté, ni entendu alors dans son au-délà, et qui semblait ne pas entendre ses créatures mortelles ici bas... Lui, Prince de la Mort, ne se devait-il pas alors d'écouter ces appels, de leur montrer une autre réalité, un autre chemin même si sombre sentier, une alternative au soi-disant Eden éternel ? Leur montrer ce que les Enfers offraient : belle liberté, peut-être sombres vices, parfois immortelles lices, mais magnifique Hédoné. Certes cette main tendue avait souvent un prix. Mais n'était-ce pas finalement le même prix que celui aux anges dévolu ?

- N'avez-vous point remarqué un point commun inouï, à toutes ces oeuvres pourtant si différentes ainsi réunies ?

Tous les artistes ainsi honorés chez lui étaient d'époques, de style et mouvement si différents... Certes réunis par époque selon les pièces, ou selon les styles éloquents, il n'allait tout de même pas mélanger du Renoir avec du Picasso. Mais l'ensemble dénotait un goût a priori trop disparate, même pour un aficionado.

- Du romantisme avez-vous remarqué... Mais vous n'avez pas encore tout visité. Vous trouverez en cette demeure des oeuvres de tout style et de toute époque. De l’expressionnisme au classicisme, du renaissance au cubisme, peu importe. Mais toutes ces oeuvres ont un point commun. Toutes... je vous laisse le deviner ? Vous qui aimez tant jouer. D'ailleurs je vous laisse les blancs, et ainsi prendre la main.

Et se disant, il désigna le plateau en face de lui, d'un geste de main, avant de se renfoncer nonchalamment dans son fauteuil, un fin sourire en coin.

[HJ : oui enfin... Embarassed Si souci, n'hésite pas. Et si tu veux un indice pour la devinette, aucun souci Wink Mais Eurynome est assez... narcissique ? Razz]

Dim 22 Nov - 1:44
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Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Sam 28 Nov - 21:33
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L'étrange sous la normalité : Mort je suis, Eurynome est mon nom.
Mortels me fuient, ils m'appellent démon.
Belles âmes, venez en mon royaume honni,
Et jouissez de ma ténébreuse nuit.
Avec moi l'Eternité sera vôtre,
Liberté des sens pour mes apôtres.
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Elie Mortimer

S'il voulais y assister ? Ce serait là joie indicible, de piètre puérilité, mais beau châtiment toute en frivolité. Et qu'il n'en soit pas lui-même l'instigateur ne ternissait nullement sa belle humeur. Il trouvait d'une cruelle ironie que ces nécromants félons, si pétris de viles ambitions et d'arrogantes prétentions, se voient châtiés et répudiés par leur propre héritier. Certes ledit héritier n'était pas dénué lui-même d'un goût du pouvoir démesuré. Mais après tout les Earls n'avaient jamais su entendre le mot humilité.

Oh il aurait certes pu lui-même les répudier, leur ôter définitivement tout goût de trahison envers leur démon attitré, à savoir lui Mort incarnée. Mais il avait toujours su retenir son courroux, redoutant que colère ne lui fasse commettre l'irréparable, et lui fasse perdre cette vieille famille certes déchue mais à la puissance inénarrable. Il s'y était attaché, en quelque sorte, sourde faiblesse d'un Prince Démon alors. Il avait certes châtié mais par petits à-coups, espérant... espérant encore et toujours que leçons seraient apprises, que félonies ne seraient plus que vieilles méprises, et qu'enfin... enfin... ils apprendraient à ne plus vouloir se jouer de lui, eux si beaux nécromants. Cela semblait toutefois peine perdue. Il s'était apprêté à frapper, et à réclamer sans préavis son dû. Il n'avait été que trop patient, et pour beaucoup ces derniers temps, à cause de ce jeune homme si aventurier, qu'il avait de suite apprécié.

Savoir alors que, finalement, ce même héritier semblait lui-même décidé à châtier sa propre lignée... Ironique destin à savourer bien indûment. D'aucuns l'accuseraient de sombre cruauté, d'âpres facéties enténébrées. Mais ténèbres il était, mort en destinée, belle tragédie, sombre forfanterie, complice de la nuit, frère-ennemi de la vie, en cet éternel cycle de dualités en perpétuel défi. Oui tel il avait été, était et serait à jamais. Eurynome de son nom on l'appelait. Il ne pouvait alors que se réjouir de pareil dessein, murmurant à l'oreille des futurs assassins. Leur donnant force et courage pour leurs mortels forfaits, acérant leurs dagues empoisonnées, raffermissant leur poigne tremblotante et enfiévrée, prêt à recevoir les âmes qui alors erreraient. Il serait leur ruse sournoise si elle venait à leur manquer, il serait leur dernière volonté si elle venait à se détourner. Oui, il serait là s'il le fallait, dans les ombres oui là, pour que le moment venu faiblesse ne les désavoue pas. Même si, venant de cet homme-là, il doutait que telle faiblesse existât. C'était là ce qu'il préférait : souffler, inspirer, inciter... et laisser ces beaux mortels pour lui, Mort, dignement oeuvrer. C'était là, selon lui, une toile bien plus belle à tisser que de venir faucher de lui-même ses vies désincarnées.

Un simple sourire vint toutefois répondre aux questions du jeune homme à ce sujet. De ses silences il devrait pour l'instant se contenter et curiosité déplacée devrait attendre pour être apaisée. Il se contenta d'observer patiemment l'humanité devant lui, la contemplant, sans même la juger, la laissant en silence se gausser, de ses dires et ses lubies d'Eternel désoeuvré, vaguement amusé plus que vexé, attendant que ne commence la réelle partie. Et enfin...

Enfin elle commença. Un pion bougea. L'homme vers lui s'avança. Se pencha. Ses fragrances enivrèrent un moment le démon qui pourtant en rien ne bougea.

- Je ne goûte guère aux arts décomposés ou momifiés, susurra-t-il d'une voix sourde et grave.

Il dut laisser l'autre s'éloigner, un étrange regret s'insinuant en lui qu'il chassa bien vite d'une chiquenaude mentale, se maudissant de ces étranges pensées toutes de folie.

- Mais cette belle intention de votre part m'aurait grandement honoré.

Il ronronna presque, ses longues mains venant se rejoindre devant lui, se croisant devant son visage, songeur, presque rêveur, son esprit semblant errer vers d'autres nuits. Il laissa les mots entre eux voleter, les écoutant à moitié, vaguement amusé par ses dires empreints de tant de naïveté, vaguement irrité aussi de tant d'incompréhensions du monde dans son entièreté. Ces mortels seraient donc éternellement ainsi ? Si... si... étriqués, étroits, d'esprit ? Toujours incapables d'ouvrir les yeux sur les vérités cachées, sur les secrets irrévélés, incapables de voir ce qui ne se voyait pas, de sentir ce qui ne se sentait pas, de comprendre, d'apprendre... de voir... Oui, de Voir. Voir non pas avec les yeux, ni même les sens, mais voir avec leur magie, avec leur don, voir enfin avec leur propre essence...

- Que croyez-vous donc qu'est le Monde, cher hôte ? Pensez-vous réellement que le Monde n'est... que le vôtre ? J'aurais pourtant cru que vous aviez compris. J'aurais pourtant cru que vous, parmi tant d'autres, vous auriez... mais non belle utopie. Vous non plus apparemment. Vous non plus ne voyez pas, jeune innocent. Vous rejetez Last End sous ses faux airs de vieux ports croupies, sous ses sombres allures de viles fourberies. Mais si vous ne voyez de Last End que cela... c'est alors que vous n'avez rien compris.

Il se leva alors et fit bouger d'un gracieux geste de main une pièce, un pion, simple et sombre pion, sur l’échiquier de verre, ce pion d'apparente faiblesse. Mais un pion finalement jouait bien son rôle... simuler l'attaque, dévier l'attention, pour qu'un autre prenne le controle. Sans même un regard sur le plateau de jeu, il vint se poster devant les feux, admirant les belles flammes, une certaine nostalgie s'ancrant soudain dans ses lambeaux d'âmes.

- Vous n'avez rien appris. Last End est si peu et tant à la fois. Un noyau, une puissance, une porte... L'au-delà. Certes votre monde en compte quelques autres, mais... aucune de cette importance, de cette force-là. Ne le sentez-vous donc pas ? Cette pulsation battante, cet appel lancinant, ce tambour vrombissant, ce chant enivrant... La puissance que vous aimez tant, ce pouvoir dont vous vous languissez depuis si longtemps... Vous ne les trouverez nulle part ailleurs aussi puissant qu'ici. Marre d'eau croupie ou non, ne vous en déplaise mon jeune ami.

Oui, en cet instant, jeune ami. Si jeune, oh si jeune... si... Cette folle lubie.

- Quant à la place qu'il peut y avoir pour nous deux...

Il se tourna de nouveau vers son vis-à-vis, et d'un carnassier sourire l'honora.

- Tout dépend de vous, mais je croyais pourtant que vous vouliez me mettre au défi. Auriez-vous finalement abandonné vos sombre plans, jeune fou ? Voilà qui risque fort de me laisser en grand dépit.

Un léger rire, grave, profond, vint toutefois tinter ces paroles, un rire que bien vite il calma.

- Vous ne savez rien, Earl, reprit-il, sa voix prenant soudain des sonorités moins rieuses, moins taquines, à la gravité et au sérieux de l'instant soudain plus enclines. Vous ne savez rien Earl. Et savoir vous voulez, vous resterez. Si savoir et pouvoir vous chérissez, auprès de moi...

Ou contre moi.

- Vous serez.

[HJ : en espérant que cela te plaira quand même ^^ Du coup, à voir si cela convient, mais je pense que de ce que j'en dis, eury serait de ceux se souvenant de l'envers ? A voir si cela convient, sinon j'édite bien évidemment. Mais sur l'instant, je ne savais comment tourner autrement^^]

Lun 14 Déc - 23:57
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Howard Earl
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Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
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Délicat froncement de sourcils, son regard vers lui retournant, en coin, cachottier, ne voulant pas l'admettre ou le reconnaître. Il écoutait, maudissant son intérêt traître. S'il pensait que le monde n'était que le sien... ? Un instant, la perplexité et le doute virent le saisir. Il n'avait pas imaginé pareille question, pas l'ombre d'un instant, et il l'avait posé, pourtant. Non, il ne pouvait guère douter de l'existence d'autres mondes, pas en toute bonne foi, puisque nécromant il était, et que de la présence des morts il s'entourait, le voile écartant et des âmes s'appropriant. Qu'entendait-il donc par-là, alors ? Car il ne pouvait se persuader qu'Eurynome ainsi l'interrogerait tout en sachant à quelle vocation il appartenait. L'essence même de la question, plus encore que sa formulation, le perturbait. Pourquoi l'interroger sur un sujet dont il détenait déjà la réponse et la clef ? A moins bien entendu qu'il n'y ait autre chose, derrière cette attente qu'il semblait avoir, quelque chose qui, jusque là, lui avait échappé... et... cela l'intriguait. Traîtresse cupidité, que sa curiosité avivée. Et qui, à n'importe quelle extrémité pouvait le pousser, s'il désirait obtenir ce qui le taraudait.

Et tout les secrets qu'au démon il pouvait extirper était une richesse pour laquelle il était prêt à jouer. Et même à jouer bien plus qu'on ne pouvait l'imaginer. C'était là l'un des moments où sa défiance il oubliait, pour ne se consacrer qu'à une chose : le doigté que nécessitait l'extirpation du secret qu'on lui promettait. Il éleva une de ses mains aux longs doigts, en appelant à un pouvoir qu'en règle générale il dénigrait : la télékinésie. Un second pion bougea à son tour, d'une case en avant, sans pour autant que son regard ne quitte le démon sur lequel il s'était posé... Jamais le sorcier n'avait apprécié ceux qui, sans méfiance, s'en remettait outrageusement à leur puissance. Jamais il n'avait toléré qu'on utilisa la magie pour un usage aussi trivial, et pourtant, il n'en ressentait en l'instant aucune honte, n'en concevait aucun regret. Quelque chose l'en empêchait. Peut-être simplement la certitude que son vis à vis, lui, ne s'en perturbait jamais. Oui, peut-être était-ce effectivement de cela qu'il s'agissait. Oui, à l'écouter, il avait quelque chose de précis en tête... mais pas ce que lui-même avait pensé. La réalisation seule l'empêcha de profondément se vexer.

Il resta coi jusqu'à n'en plus pouvoir, et enfin rétorqua : « Je vous trouve bien prompte. Et bien naïf » Se tournant vers lui, il lui dédia un léger sourire se voulant parfaitement assuré, mais qu'il ne pouvait s'empêcher de teinter d'un spectre de défense, de tension... « Croyez-vous donc que je cherche encore tant le pouvoir, le savoir ? Que je les désire au point de rester, de m'enchaîner à cette ville ? Mais Mortimer, Elie... » Sur son nom, il appuyait, velouté « Sachez que mon départ est déjà prévu et planifié. Je quitterais Last-End en Décembre. Peut-être à tout jamais, plus probablement temporairement. Des graines de défiance je planterais, les laisserait un temps pousser, puis à mon retour j'en faucherais les épis, et de nouveau, m'en irait... Il vous est possible de m'accompagner, si c'est de ma compagnie que vous vous languissez » Pas un instant son sourire ne se fanait. Lui qui pourtant n'en était pas coutumier. Mais son regard dur jamais ne s'adoucissait, défiance consommée. Il ne voulait pas se sentir enfermer par cette ville, ne voulait pas y rester, la rejetait. Presque comme un corps étranger au sein de sa chair en souffrance.

« Last-End peut être un noyau, une puissance... et cette force peut sans doute être enivrante, mais si je n'ai rien appris sur elle j'ai cependant appris à me méfier, à m'en méfier. Ce n'est pas d'elle que j'ai besoin » Il ne voulait, sans doute, en avoir besoin, en vérité. « Je n'en ai pas non plus besoin pour vous mettre au défi. Je ne comptais nullement abandonner, soyez en assuré, j'ai simplement ré évalué ma nécessité à cet égard, et à d'autres... » Doucement, il pencha la tête, observa le jeu. « Vous savez ce que je veux ? » Question rhétorique en vérité, il en était persuadé et cela devait se sentir. Approchant de lui, de l'âtre igné, plus près sans doute qu'il ne l'avait été, et dans son regard ses yeux plongeaient, semblant vouloir s'y noyer, semblant vouloir y rechercher quelque chose que seule son âme décelait. « Je veux votre trône » souffla-t-il avec douceur, comme une confidence entre alliés, comme un aveux entre amis intimes. « [color=#26619C]Je veux votre place, votre titre » Des mots comme des caresses, comme des doigts frôlant la peau.

« Je veux vous déposséder de ce dont vous jouissez» Et sa main s'élevant de nouveau, le dos d'un doigt contre sa gorge, et dans son regard, soudain, cette carnassière lueur « Je vous veux à mes pieds. » Et il n'avait aucune honte à l'avouer « Voilà le pouvoir que je veux, Eurynome, voilà le pouvoir qui me ferait rester. Et pour rien d'autre au monde je ne me sacrifierais, si ce n'est à votre gorge passer mon collier » L'idée même lui arracha une tremblante exhalation, qu'il dû contrôler. Son corps se tendit, les muscles se crispant, se serrant, sous la vague de chaleur qui le parcourut à l'idée de cette divine domination.... avant que la froide raison ne vienne éteindre son feu, et ne souffle la lueur de ses prunelles, le faisant reculer. De son mieux, il conserva son masque, se contint, se composa, faisant fi des venimeuses paroles qu'il avait laissé échappé, qu'on lui avait arraché. « Mais avant ça, avant tout, c'est la tête de mon père sur un pal, que je désire, et que j'obtiendrais. Avec, ou sans ces secrets que vous me présentez »

De l'âtre, il s'éloigna, difficilement. La pièce semblait soudain froide, glacée, en comparaison de la chaleur que la cheminée diffusait, ou bien était-ce lui qui était enfiévré ? Etait-ce la pièce qui tournait, ou simplement un effet secondaire de sa soudaine audace osée ? « Vous n'avez pas quitté Last End depuis plusieurs années, si je ne me trompe pas... prendre l'air vous ferez certainement le plus grand bien » Et comme en une seconde pensée, presque oubliée « C'est à vous » De jouer, ou de répondre et de se lancer... quoi qu'il n'y ait peut-être aucune logique dans tout ce qu'il avait pu avouer, tant le démon pouvait, parfois, le déstabiliser. Jeune oui, à son contact il se sentait rajeunit, ou peut-être simplement remit à sa place, et cela le frustrait. Et toujours, la curiosité, au contraire de ses dires, le taraudait...

Dim 20 Déc - 18:15
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Elie Mortimer
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Mortels me fuient, ils m'appellent démon.
Belles âmes, venez en mon royaume honni,
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Avec moi l'Eternité sera vôtre,
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Mais secrets irrévélés doivent rester chuchotés,
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Elie Mortimer

Qu'il le croit donc naïf, s'il le désirait, lui, ce bel humain, à la naïveté d'une autre apparenté. Cette naïveté de l'ignorance, de l'aveuglement outrancier. Cette naïveté qui finalement n'était qu'humanité... Oh non naïf il n'était pas, n'était plus, et ce depuis des siècles, depuis que des cieux il avait chu. Non, naïveté n'était plus son apanage, ou sinon du titre de Prince il n'aurait pu en avoir l'honneur et l'usage. Pas dans cet univers impitoyable qu'était celui des démons, tout en fourberies et traitrises dans leurs viles ténèbres et leurs belles ombres...

Il laissa toutefois les mots de l'autre couler, leur âpreté sur lui glissant sans l'entacher. Et n'offrit qu'un silence apaisant, un calme implacable, eau dormante d'aspect si raisonnable, attendant dans d'obscures entrelacs que d'autres torrents viennent s'y enliser, pour mieux s'abreuver de leur force renouvelée, formant alors une puissance inébranlable, pour des desseins bien plus inestimables : ceux de remodeler un monde à son image, plutôt que de déverser vengeance et rage... Non silence en cet instant s'imposait. Pour comprendre ces grandeurs-là, son jeune ami n'était pas encore prêt. Même si, il l'espérait, un temps viendrait...

Un temps. Un jour. Peut-être...

« Vous savez ce que je veux ? »

"Moi", aurait-il eu envie de répondre. Quelle question traître...

« Je veux votre trône »

Cela il le savait. De façon bien trop prégnante, de façon bien trop pressante. Il l'avait lu, l'avait senti, l'avant entendu si fortement pensé, depuis si longtemps déjà compris. Le trône, le titre, le pouvoir, la puissance... Pas lui, pas l'être qu'il pouvait être, pas le démon en son essence.

Démon qui s'efforça de ne pas frémir à ces mots-là. Démon qui tenta de contrôler colère qui soudain fulminait en lui, menaçant l'être humain en face de lui, prête à réduite en miettes cette insolence d'ici bas. Impassible il sut rester, d'assurance impavide, statue de marbre livide, toisant l'autre de son austérité. Même s'il ne cacha pas le feu brulant au fond de ses perles grises, le laissant embraser son vis-à-vis d'un ardente brise. Brise d'envie, brise de folie, brise d'agacement impatient, d'attisement indécent, brise fébrile de courroux et d'amusement mêlés, de promesses convoitées, de futures félicités.

- Vous me voulez, moi, mon trône, mon titre, dites-vous, susurra-t-il enfin, d'un murmure d'outre-tombe, quand l'autre enfin se fut éloigné vers de salvatrices ombres.

S'il était resté si prêt, si son toucher s'était entêté, là sur sa gorge, en ce geste si osé... Le démon aurait pu ne plus répondre de ses instincts enfiévrés.

- Vous me souhaitez enchainé pour l'éternité, à vous, bel esclave à vos pieds, vos initiales sur mon collier ? Et bien, ici, là, en ces lieux que vous détestez, vous devrez venir me chercher et me défier. Si en cette ville je suis venu m'installer, cela n'est pas par choix arbitraire, mais par décision mûrement orchestrée. Et je suis éploré que cette réponse ne doive vous déplaire.

Mais son sourire carnassier détrompait férocement ces derniers mots. Eploré, désolé, il ne l'était en rien, ne le serait sans doute jamais. Ou si rarement, en ces fébriles moments de sentimentalisme bien sots. Si tant est qu'un démon puisse connaitre les sentiments et leurs apprêts ? Voilà qui était l'un de ses plus grands regrets.

Il s'avança d'un pas, son regard s'embrasant de nouveau en cet instant.

- Vous souhaitez mes secrets ? Mais vous en connaissez le prix. Vous avez déjà payé pour les premiers que je vous ai appris. D'autres sont à votre portée, là, pour vous, si vous le désirez. Venez les chercher, venez me les ravir, en ces lieux honnis que vous semblez haïr. Car c'est ici qu'ils vous révéleront toute leur force et leur essence, c'est ici que vous en comprendrez toute l'importance, toute la puissance. Venez, mon cher ami.

Un nouveau pas, une nouvelle flamme, semblant tout consumer en lui en ce mouvement.

- Prenez ma main, sans crainte ni défiance malavisées, et suivez-moi sur mes sombres sentiers. Vous connaitrez alors tous mes secrets maudits.

Et se disant, il tendit sa main, en un geste nonchalant et assuré, qui était empreint pourtant de tant de majesté. Le Prince en lui irradiait alors soudain, comme rarement il se permettait de le montrer au genre humain.

- Peut-être un jour effectivement vous serez moi, et à vos pieds je serai trainé, ajouta-t-il en un sourire crispé. Peut-être un jour, oui, mais vous avez tant encore à apprendre... Tant et plus encore, pour notre monde, mon monde, pour pleinement le comprendre. Surtout en ces temps troublés...

Un voile ternit un moment le gris irrisé de ses orbes pâles, aux souvenirs funestes des conflits qui rongeaient leur au-delà.

- Prenez mon cher ami, et je vous apprendrai, tout, et plus, sans concession. Peut-être accepterai-je aussi de voyager avec vous, en ces autres régions. Quelques temps du moins.

C'était là acceptation pure et simple de l'offre que lui avait faite son jeune ami. Faite avec joie réelle, envie ardente, désir sincère, et amusement certain... même si...

Même si éloignement ne devrait pas s'éterniser. Conflits, et rivalités étaient bien trop ancrés et il risquait beaucoup d'ainsi s'absenter. Tant de rivaux, tant d'ennemis dans les ombres masquées. Tant... tant et tant encore. Il lui faudrait y revenir alors... Il lui faudrait un jour rentrer.

- Il me faudra revenir pour quelques lendemains. Mais je viendrai, vous suivrai, comme vous me suivrez aussi. J'aimerais qu'ensemble nous construisions...

"un nous, un attrait, un ensemble, un après"

- autre chose, un autre...

"un autre monde, le nôtre, de nos propres ondes"

- selon nos envies.

Et sans un geste, un autre pion bougea. Son tour était joué, le plateau tourna.

- A vous la main, reprit-il, la main toujours tendue, un sourire mutin.


Mer 13 Jan - 22:59
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Howard Earl
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Howard Earl
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Un bref instant, la part lucide de son être contempla un instant la notion qu'il avait peut-être poussé la bienveillance du démon à son égard... avant d'assumer parfaitement son audace si c'était bien le cas et en acceptant ce qui pourrait en découler. Et pourtant non, cela ne sembla pas assez pour faire surgir les bas instincts du démon qu'il titillait. Non que ce fut là son intention, mais il ne pouvait nier la morbide curiosité qu'une souris ressentait à frôler les moustaches d'un félin confortablement assoupi, se demandant s'il frapperait. Le jeu était fascinant, le jeu l'émerveillait... Même lorsque le démon le mettait en difficultés, il ne cessait de s'accrocher et de tenir sa place, se refusant à s'incliner. Il continuait de jouer, il continuait de l'approcher alors même que la prudence lui dictait de s'éloigner. Phalène qui s'aveuglait, refusant d'accepter qu'au feu elle souhaitait fondamentalement se brûler. Phalène hypnotisée, entièrement vers lui tournée, l'écoutant en se refusant à s'avouer passionnée. Sourire affecté, accompagnant des paroles aux flammes maîtrisées : « Elles ne me déplaisent en rien, je saurais venir vous chercher, et de votre antre vous tirer » Et alors, ailleurs il l'emmènerait, comme une victoire supplémentaire pour l'égayer. Ailleurs oui, sous un autre ciel que celui-ci, un ciel moins familier.

Un ciel qui ne lui rappellerait plus le gouffre au-dessus duquel il vacillait. Et pour cela, pour cette simple raison, il le vaincrait oui. Il accepterait de voyager sous l'ombre si c'était ensuite de lumière qu'il se paraît. Il le vaincrait, il ne pouvait en douter. Ne voulait en douter, le piège dissimulé... Affrontement de leurs volontés, de leurs prunelles enchantées, les siennes, pierres glacées, tombes fermées, contre les charbons ignés du démon devant lequel il se tenait. Il lui offrait son tutorat ? Ainsi, il se refusait à le croire capable de le vaincre ? Fort bien, s'il pensait qu'il n'était pas une menace, c'était un avantage dont il lui faudrait tirer partie, et peu lui importait s'il devait payer. Non, ce n'était pas tout à fait honnête, il ne se fichait pas de devoir payer, mais tout avait un prix en ce bas monde et ce qu'il obtiendrait valait bien ce qu'il perdrait. Il serait ensuite libre de faire ce qu'il voulait de ce qu'il aurait engrangé, y compris contre lui le retourner si c'était ce qu'il désirait. Quelle ironie ce serait, que de lui infliger ce qu'il prendrait du temps à lui enseigner... mais en soit, il ne jugerait de ce qu'il ferait qu'après avoir prit ce qu'il s'apprêtait à acheter.

Le ferait-il réellement ? Allait-il accepter ? Instinctivement, il se l'était imaginé mais... mais en y réfléchissant, était-ce une bonne idée ? Quelque chose en lui se crispait, se ramassait comme un animal prit en tenaille, menacé. Quelque chose en lui se méfiait, soudainement. Devait-il vraiment accepter ? Il le surveillait, immobile et silencieux, cillant à peine... Eurynome ne le craignait pas, c'était évident, devait-il pour autant s'en vexer ? Oh une part de lui ne pouvait l'éviter. Mais au fond, oui au fond, il ne savait guère sur quel pied danser. Il se targuait de savoir faire confiance, mais au fond, lorsqu'il le faisait, ce n'était qu'en surface, ce n'était que légèrement, lorsque ce n'était pas réellement important. Hors en l'instant, même s'il savait devoir payer, un contrat marchand comme un autre en fin du compte, il n'en restait pas moins qu'on lui demandait de s'en remettre à un autre, et un démon qui n'avait aucune idée de ce que loyauté signifiait. Silencieux, il se força à se vider la tête, toujours parfaitement silencieux.

Du moins, il essaya de se la vider. Un bref instant, une pensée parasite vint flotter... à lui la main ? Que se passerait-il s'il essayait de la lui couper avec un hachoir ? En fait plus il regardait la main tendue et plus l'idée du hachoir le séduisait... Il avait tant de mal à supporter l'idée de le toucher. Pourtant il l'avait fait quelques instants auparavant, mais c'était lui qui avait amorcé le geste, c'était donc totalement différent. Se contenant de son mieux, il laissa son regard glisser vers le plateau de jeu, pour se donner contenance, et pour gagner du temps. « Ensemble ? » finit-il par émettre, en retenant sa voix. « Ensemble ? Est-ce bien raisonnable ? Nous sommes fondamentalement très différents, n'auriez-vous pas à craindre que rien ne puisse être construit d'une fondation si dissemblable ? » C'était parfaitement recevable, que de s'interroger là-dessus. Une autre réalité fit surface lentement alors que sa réponse il attendait, mais une réalité qui le mit mal à l'aise d'une toute autre façon. Il resta pourtant flou alors qu'il avançait la main lentement...

… Pour finalement se détourner entièrement. Quelque chose lui comprimait le diaphragme et lui pesait sur les épaules comme une cangue de grès. Sourcils froncés et nerfs agressés, il lui en voulait de lui avoir rappelé pareille réalité. « Construire, n'est-ce pas ? C'est votre souhait ? » Et il eut cette fois bien du mal à cacher l'amertume qui dans sa gorge montait, d'être ainsi humilié « Alors je crains fort que vous ne deviez vous passer de moi, voilà bien un domaine dans lequel je m'avoue incapable de briller. Construire, créer... ce n'est... pas mon fort, ça ne l'a jamais été, je... » Une boule se forma un instant dans sa gorge et il déglutit difficilement, avec l'impression d'être entrain d'étouffer, exactement comme il l'avait vécu des années auparavant, quand il était encore enfant. En un sens, c'était affreux à quel point certaines choses ne changeaient pas. « Je ne suis pas un constructeur » Son regard se posa sur les larges bibliothèques, sombre « Je ne suis pas un créateur. Je n'ai jamais eu aucune affinité avec la moindre forme d'art. Que ce soit la musique, la peinture, la littérature... quoi que ce soit, je sais l'apprécier mais je ne sais pas le créer, je n'ai même jamais été capable de construire la moindre... »

Les mots moururent dans sa gorge, alors qu'un froid rampant s'insinuait en lui. Lentement, il éleva la main, fit bouger un pion loin de lui, mais ne se retourna pas. A quoi cela rimait, en fin de compte ? A quoi est-ce qu'il s'attendait ? Et puis comment est-ce qu'il pensait ? Comment parvenait-il lui-même à passer de sa détermination à cette insécurité, tout cela à cause de quelques mots ? Ou bien était-ce simplement la manière de son hôte de frapper là où cela l'amuserait ? Regard en coin... « Qu'est-ce que vous craignez, à laisser votre antre pour quelques temps donnés ? » Est-ce qu'il essayait de changer de sujet ? Mais pourquoi ne l'aurait-il pas tenté...


Dim 17 Jan - 16:16
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Elie Mortimer
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Elie Mortimer

Différents ils étaient oui, de bien des façons. Différents sur tous les tons, et pourtant se ressemblant aussi. Le jeune homme ne voyait sans doute que ce qui les séparait, le fossé entre eux profond, ténébreux, qui les éloignait. Mais entre eux il y avait autre chose qui aussi les liait, un pouvoir, une puissance, qui inexorablement les attachait. Lui éternel, l'autre mortel, lui puissant démon aux multiples vassaux, l'autre beau nécromant et jeune nobliau, l'un prince aux ombres ennemies, l'autre héritier aux secrets enfouis... Oui, si dissemblables et pourtant. Il semblait qu'ils étaient liés depuis tout temps. Ne le voyait-il donc pas ? Ne voyait-il donc pas ce lien éternel qui dans l'écheveau immortel s'était tissé entre eux ? Entre leurs âmes noires, leurs coeurs tortueux ? Ce lien, qui peut-être un jour le conduirait au trépas.

- Du chaos, des ténèbres, peuvent parfois naître mille et une merveilles. La différence n'est souvent qu'un miroir, deux facettes d'un même être. Les deux pôles ne peuvent exister que liés, l'autre entité en maître. Seul de ce lien des opposés naît un complet éveil.

Le jeune homme comprenait-il ce que le démon pouvait soudain insinuer ? L'apprenti devenant maître, le maître apprenti, dans un éternel cercle, un cycle infini... Comprenait-il qu'en cette phrase, en cet insta,t, il scellait peut-être leur deux destinées ?

- Le monde est ainsi fait : chaos et ordre, lumière et ténèbres, beauté et difformité, tout cela scellé dans un même destin funèbre.

Mais, alors qu'il crut que l'autre enfin accepterait, son contact consentirait, que l'autre enfin le suivrait... Il le vit se détourner. Le coeur serré, de ce coeur qui ne battait pas, de ce coeur qu'il n'avait pas, le démon menaça de hurler de peine accablé, sous ce soudain refus, lui l'ancien ange déchu. Il lutta un instant contre le maëlstrom de vieux sentiments qui le happa, ces vieilles réminiscences, cette ancienne détresse qui de nouveau le submergea, ces vieilles amies nommées peur, peine, souffrance, rancoeur, ces mille et uns souvenirs d'une ancienne existence aux ailes déployées, dans ces cieux dévoyés, près d'un seigneur cachottier, qu'en un vil orgueil il avait perdu, devenant ancien déchu, et beau prince démon aux ténèbres lié.

Le sursaut de séculaires souvenirs fut si fort qu'il dut fermer les yeux, de cette mortelle apparence, pour ne pas se laisser emporter par eux. Les mots lui parvinrent vaguement, paroles sans sens, émotions en effervescence...

- Que vous croyez, souffla-t-il, en un effort ultime sur lui-même, alors qu'il comprenait enfin de son hôte le dilemme.

Cachant rapidement cet imbroglio des sens. Reprenant masque lisse, et rabattant sa main vide, détournant son regard vers le plateau de jeu et son verre poli.

- Vous êtes Vie, je suis Mort. Je me joue des vivants, vous vous jouez des morts... Ensemble nous pourrions peindre un beau tableau. L'envers de l'un, le miroir de l'autre, mille et une voix sous notre sceau. Vous ne savez peindre ? Qu'importe je vous apprendrai. N'ayez plus peur, ne dénigrez pas vos somptueux attraits. Je tiendrai le pinceau, vous choisirez les couleurs, et le monde sera notre toile. Ensemble nous lancerons l'assaut, notre hymne retentira en choeur, et sur ses sombres flots se dressera notre belle voile.

Il se mortifia soudain de cette étrange envolée lyrique, de cet instant de faiblesse où il laissait s'exprimer son côté mélancolique. Cela était danger pour lui que de laisser ce pan de son être s'envoler ainsi. Par le passé cela lui avait valu nombre de soucis....

« Qu'est-ce que vous craignez, à laisser votre antre pour quelques temps donnés ? »

La même chose qui me fait craindre de laisser mon moi parler. Les ombres assassines, les  spectres ennemis, les avidités traitresses dans les ténèbres enfouies... qui soudain surgissaient sur vous pour mieux vous frapper, tentant de vous ravir votre siège princier et votre sombre éternité...

- Tant et plus encore, si vous saviez, mon jeune ami... Tant de choses tapies dans les ombres, ces obscures allégeances sur vous fondant en grand nombre, ces viles maraudeurs tentant de vous ravir ce que vous avez et qu'ils vous envient, ces mille armées avides, traitresses et affamées de vieux ennemis... Oh oui, tant et plus encore, mon jeune ami.

Se disant, il bougea à son tour une pièce du jeu. Mettant en échec son acolyte du moment. Mais pas encore mat, il en fallait plus pour le terrasser, très certainement.

- Mais ils ne connaissent pas Eurynome. Ils n'ont eu de cesse pendant toute notre immortalité... et n'ont pas encore réussi à le détrôner. Mais je vous suivrai, je vous l'ai promis, jeune homme. Je suis bien des choses, mais je tiens toujours mes promesses. A moins soudain que ma présence ne vous blesse ? osa-t-il alors que l'autre restait toujours détourné.

Mais il ne laissa pas l'autre pour autant de nouveau parler. Un de ses serviteurs, fidèle affidé, venait d'entrer.

- Mais trêve de bavardage, mon jeune ami. Notre repas est servi.

Et se disant, un sourire presque carnassier se dessina sur ses traits acérés.


Sam 6 Fév - 22:14
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
PROFESSION : Neurologue
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Howard Earl
Le Sacrifié

Quelque chose, en lui, restait terriblement tendu, comme une corde prête à se rompre, comme un lien prêt à lâcher. Il aurait voulu tour à tour se dissimuler et le secouer, accepter et nier. Les mots étaient trop lourds de sens, trop glaçants et brûlants, cangue sans forme et sans nom qui, sur ses épaules, lentement pesait. Sur son cœur, lentement, se nouait. Il voulait fuir et oublier, quitter Last-End et pourtant en l'instant, l'idée d'un pas à l'extérieur le révulsait. Alors quand, soudainement, on lui parla de se sustenter, que quelque chose, dans la conscience aiguë qu'il avait de lui soufflait qu'il s'apprêtait à s'éloigner, il se retourna, subitement, vacillant alors qu'il s'avançait, ou plutôt.. trébuchait. Sa jambe refusa de suivre le brusque et violent mouvement qui le fit se retourner, et en posant le pied, il sentit sa jambe qui refusait de le supporter. Étrange ressenti que celui de sa propre faiblesse alors qu'il basculait vers l'avant, comme s'il s'était prit les pieds dans le bord du tapis en tentant de marcher. Instinctivement, il chercha à agripper, et se trouva accroché au démon qu'il avait espéré rattraper, empêcher de s'éloigner. Loin de s'en offusquer ou d'en être, en l'instant gêné, il raffermit sa poigne, pour être certain qu'il n'allait pas s'esquiver. La douleur vive avait traversé sa jambe comme une décharge électrique, la douleur explosant avant de s'estomper pour ne laisser que de désagréables picotements et une sensation d'engourdissement.

Il jugula sa respiration, en se redressant lentement, sans faire la moindre remarque sur ce qui venait d'arriver. Déglutissant doucement, il accrocha son regard, le visage fermé, tentant de ne rien montrer de l'instant de faiblesse qu'il avait eut et de ce que cela lui causait. Elie s'amusait déjà bien assez comme cela. Le souffle pourtant sensiblement tremblant, il se fit violence pour juguler sa crainte religieuse du touché, et, lentement, fit glisser sa main de l'épaule de l'antiquaire démoniaque jusqu'au dextre qu'il lui avait tendu, un moment plus tôt. Sa main était froide, ses doigts légèrement tremblant, signe de ce qui l'affectait. Pourtant sa voix, elle, ne faisait que frémir lorsqu'enfin il parla, bas : « Je ne veux nullement les favoriser dans vos querelles soyez... en assuré  » Ses doigts glissèrent pour se nicher entre les siens tandis que, lentement, il refermait la main, en une poigne à peine esquissée, aussi farouche qu'un oiseau prêt à voleter. « Je ne nourris nul amour pour eux, sachez que si vous le désirez, je suis votre... allié, en vos échanges avec ces entités  » Déclaration spontanée, à peine pesée. Mais qu'il ne regrettait pas pour moitié, et sans doute seulement un quart après ce soir. Ses yeux dans les siens posés, tendu, certes, mais se refusant à reculer, il attendit un instant, semblant encore hésité, alors même que son âme appelait à la réponse qu'il savait donner.

« J'accepte  » Un mot comme un glas, et un soulagement tout à la fois. « Apprenez-moi  » Les secrets qu'encore il ignorait, la magie... et les arts. Réussirait-il réellement ? Il ne le savait, lui laissait le bénéfice de l'essai. Et soudain, il prenait conscience de la proximité, et du geste qu'il avait osé. La gêne le reprit, il le relâcha, laissant un instant ses doigts le frôler avant de reculer d'un pas, avec beaucoup de précaution, de sorte à ne pas se blesser. Gardant son bras à son torse pressé, il sembla un instant hésiter, avant de faire un effort, réel, et sincère, pour offrir une ouverture à cette soudaine réaction insensée... « J'apprécierais... voir vos talents créateurs. Que diriez-vous de m'en faire la démonstration, après notre dîner ? Et nous verrons si je suis bien capable de quelques prouesses chromatiques  » L'ombre d'un sourire lui effleura les lèvres, alors que, sur le lateau de jeu, une pièce venait lever l'échec et le danger. Loin de s'y attarder, pourtant, il s'avança en refusant de s'appuyer de nouveau sur sa canne. Ce soir, il marcherait seul en sa compagnie.


Dim 7 Fév - 20:50
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