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 Sur les traces des anciens | Ayzebel

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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié
19 Janvier


Singulière sensation, étrange et perturbante mais non moins plaisante. Douce irraison, qui lui chuchotait à l'esprit des attraits refoulés, qu'il ne pouvait raisonner, comme le chant d'une sirène, charmeuse et trompeuse, tentante. La curiosité le dévorait, rongeant son esprit et troublant ses pensées, et tous les plans, toutes les conspirations qu'il s'ingéniait à tisser. Comment donc pouvait-il tirer parti de la situation de Last-End et des troubles politiques au sein du Cénacle pour avancer ses pièces contre son père s'il était incapable de se focaliser sur tout cela plus de quelques instants ? Comme un enfant, il ne cessait de papillonner. Contrairement à un enfant, pourtant, les concepts qu'il frôlait n'étaient pas forcément des plus plaisants. La curiosité s'abreuvait de son besoin de connaissances et de sa souffrance, de toutes les angoisses et toutes les blessures qu'il enfouissait loin au fond de son être, qu'il taisait, bâillonnait aussi parfaitement qu'il le pouvait, et qui pourtant, toujours, trouvait le moyen de refaire surface, comme l'eau rongeant la roche qui l'abritait. Il voulait savoir, il voulait comprendre… Il voulait pouvoir, simplement, poser cette question fondamentale : pourquoi ? Et sans doute également, découlant de la première, comment ? Quelles étaient les occurrences qui avaient présidé à leur rencontre, les raisons exactes qui avaient conduit au bouillonnement terrible qui avait envahit le château, qui l'avait mit à nu, le forçant hors de toutes ses protections et ses remparts savamment érigés pour le projeter dans la souffrance d'une situation où la moindre de ses terminaisons nerveuses hurlait vérité. Cette expérience resterait sans doute gravée à tout jamais dans son esprit tant elle l'avait ébranlé… Et à présent, il se questionnait. Il ne cessait de se torturer les méninges à la recherche d'une solution, d'une échappatoire, voulant comprendre, dévoiler le coeur du mystère, écarter les épais drapés d'interrogations, percer le secret…

Le problème étant que la plus évidente des interlocutrices pour cela était sa mère, et qu'il était hors de question qu'il lui doive quoi que ce soit. Non, et c'était d'autant plus hors de question qu'il se refusait à dévoiler à son père ce qu'il advenait de lui. De sa magie. Non Pryam ne devait pas savoir, il voudrait sans doute en user et en abuser. Il lui fallait trouver une autre solution, une autre source d'informations. Se débrouiller seul, mais n'en avait-il pas l'habitude après tout ? Débuter ses recherches par la lecture d'ouvrages sur le sujet semblait une idée raisonnable, et lui permettrait d'acquérir un minimum de bases au sujet de cette magie au sein de laquelle il était encore un novice de bout en bout. C'était un œil d'enfant qu'il porterait sur la question, du moins, un œil sans préjugés, bien qu'il ne puisse se défaire des préoccupations qui, sur lui, pesaient. Désirant passer en revue chaque librairie du monde de l'Envers, il s'accordait budget illimité pour cette équipée si importante à ses yeux. Tout ce qu'il pourrait apprendre serait le bienvenu, aussi avait-il prit sur son jour de relâche de la semaine pour être parfaitement tranquille, et dans une forme suffisante pour supporter de bouger autant en une seule journée. Il en souffrait forcément, mais tant pis, cela valait bien sa peine, en particulier s'il pouvait retrouver ce qui, au cours de cette démente épopée, l'avait soulagé. Son âme avait été lourde, mais son corps fourbu, lui, semblait avoir été lavé, et il ne pouvait oublier ce qu'il avait alors ressentit… la douleur était, pendant un moment, revenue à un seuil bien plus tolérable, le seuil d'une blessure comme une autre. Pendant un moment, oui, la torture avait cessé… et ça n'avait aucun prit pour un homme dans sa situation. C'était un espoir dans sa nuit, un espoir auquel il ne voulait croire, et auquel pourtant il se raccrochait désespérément.

Trouver un remède à son état était une chose impossible, il le savait, malgré les tentatives de son frère. Oh il aurait voulu en trouver un, oui vraiment, mais il ne pouvait aucunement. En revanche, s'il pouvait se soulager quelque peu, et d'une façon plus naturelle que les drogues, alors il vendrait énormément pour avoir cette chance, ce bienfait… L'idée même qu'il puisse enfin vivre une vie normalisée, ou autant que possible, lui donnait envie de pleurer. Au fond de lui-même pourtant, quelque chose refusait de céder, un petit îlot, un roc désabusé ne désirant pas se leurrer. C'était d'ailleurs ce même roc qui lui susurrait ses pragmatiques envolées tandis qu'il pénétrait dans la boutique et laissait la cloche tintinnabuler derrière lui. Le pas claudiquant, il s'avança dans l'allée centrale sans quitter des yeux le mur droit devant lui, semblant parfaitement imperturbable, imperméable à la présence des fantômes, à l'identité de la tenancière, et à ce que tout ceci impliquait. Austère dans son manteau sombre, ses boucles lustrées plongeant dans une écharpe de soie moirée, il attendit qu'elle se présente à lui comme un roi devant ses suppliants. Sombres prunelles bondissant du mur sur la femme, il salua de cette même courtoisie glacée qu'on lui connaissait. « Je désirerais consulter votre autre gamme, si vous le permettez » Les livres classiques ne l'intéressait pas, ce qu'il désirait, c'était les ouvrages sur le monde de l'Envers. « Votre collection sur les mythes, croyances et magies scandinaves, je vous prie » Il ne voulait pas perdre plus de temps que nécessaire, hors elle connaissait mieux sa boutique que lui et saurait le guider… du moins, il l'espérait, pour elle.

Jeu 17 Mar - 23:03
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Oh c'était si cochon!
Tant de vulgarité en un seul livre, qui l'eut cru ? Et pourtant cette horrible lecture était aussi additive que le sucre. Courbés dans un coin de la librairie, les yeux d'Ayzebel glissaient sur les lignes d'une page avant de tourner la seconde. Cinquante nuances de Grey... Peu importe qui avait écrit ce livre, c'était une horreur son nom. La pire littérature qui la libraire est eut la lire. Mais au moins, cela faisait passer le temps. Chamboulée face aux mots qui défilaient sous ses yeux, Ayzebel étouffa un gémissement de surprise, portant une main à ses lèvres. Seigneur, il en fallait beaucoup pour choquer une Tenak en matière de sexe, mais ce livre... C'était indigne d'elle, tout bonnement. Cet homme venait-il vraiment de retirer le tampon de cette pauvre fille qui se faisait avoir par son attitude de séducteur ? Mais qui faisait cela dans la vraie vie ?! Écœuré, la libraire émit une grimace en frissonnant. L'auteur de cette saga n'avait vraiment peur de rien. C'était osé de décrire une telle scène, sans compter cette langue qui était d'un vulgaire... Et dire que Morghann trouvait qu'elle manquait parfois d'éducation. Rien que pour le faire taire, elle lui mettrait volontiers cet horrible livre entre les mains.

Quand la cloche de la librairie sonna, Ayzebel sursauta et rangea nerveusement le livre à sa place. Bon sang, un peu plus et elle aurait vraiment eu l'air d'une idiote. Le Livre lui échappa à des mains avant que qu'elle ne le rattrape de justesse et ne le glisse pas sur l'étagère avec ses congénères de la même saga puis ajusta son chemisier avant de contourner les étagères pour se dévoiler à son client. Au-dessus de la porte, le symbole lunaire était apparu dans un léger crépitement mais la sorcière n'eut pas besoin de le voir pour savoir à qui elle avait à faire. Faciès identique à celui de Morghann, l'homme face à elle avait les cheveux un peu plus long et bouclé et un visage imberbe, le regard plus dur encore. Howard. Ayzebel se figea en l'observant, sa présence ne signalait rien de bien. Alors l'idée lui vint qu'il devait être au courant pour elle et Morghann et la femme sentit ses jambes trembler à cette idée. Sans doute par folie, elle n'avait jamais eu peur des Earl, mais l'émotion qu'elle éprouvait pour Howard n'était en rien de la peur. C'était de la gêne, un certain malaise et à son plus grand malheur... énormément de reconnaissance.

"Bienvenue monsieur Gr..."

Oops. Dans sa nervosité, son esprit avait légère confondu l'esprit sadique et tordu de Christian Grey avec celui... d'Howard Earl. En soi, sadique et tordu, il devrait l'être au moins un peu. Enfin bon, une famille de nécromant consanguin tout de même... Qui n'avait pas déjà imaginé des choses pas net à leur sujet ? Encore plus lorsque l'on était Amante d'un Earl particulièrement dominant. Rougissant faiblement, la jeune femme pinça les lèvres et se rattrapa immédiatement dans ses paroles.

"Je... Je veux dire... Soyez la bienvenue à Noir d'encre, Lord Earl."

Respectueusement, Ayzebel inclina le visage avant de le relever et plonger ses yeux clairs dans ceux de son client. Howard ne perdait pas de temps en politesse et bavardage pour annoncer la raison de sa venue. Évidemment qu'il ne voulait pas de la littérature basique, si cela avait été le cas elle aurait été prêt à parier qu'il n'aurait pas mis les pieds ici. En revanche, le type de lecture qu'il cherchait la laissa quelque peu perplexe. Un homme avec autant de connaissance que lui et ayant accès à des livres aussi puissants que rares, cherchait vraiment un livre sur les croyances scandinaves, chose que l'on pouvait trouver n'importe où? Il devait vouloir quelque chose de plus vrai, plus profond, recelant des secrets ou des informations que l'on ne trouvait pas dans ses autres livres lambda.

"Bien sûr, vous avez frappé à la bonne porte. Veuillez me suivre, je vous prie."

Un sourire poli quoique toujours discret, Ayzebel pivota pour ouvrir la porte qui donnait sur la cave et descendit doucement les escaliers. Arrivée en bas, elle alluma l'interrupteur qui déversa une lumière douce et tamisée sur l'endroit qui sentait la poussière et le vieux papier. Lentement, elle fit quelques pas, observant l'une des étagères le temps que Howard ne puisse la rejoindre. Oui, des livres du genre elle en avait, mais comment savoir que cela lui conviendrait. Toujours poliment, la femme pivota le visage, fixa le frère de son amant et souffla.

"Lord Earl, auriez-vous plus de précision sur ce que je dois vous trouver ? J'ai bel et bien des livres sur les mythes et croyances issus de la Scandinavie mais... Tout dépend de ce que vous attendez de ces livres, de l'importance de vos recherches. Un simple livre sur le sujet fait-il l'affaire ou bien..."

Le regard de la femme se fit plus sombre et son visage se ferma. Il était un Earl et de ce fait, il pouvait exiger d'elle bien plus ce que simple livre. Comme elle l'avait souligné à son autre client, ce cher monsieur Mortimer, elle possédait des oeuvres bien plus importantes, uniques et parfois d'une rareté incroyable, des livres à ne pas mettre entre toutes les mains. Dans un souffle, la femme demanda donc:

"Dois-je aller directement dans ma réserve... personnelle?"

Celle cachée derrière le mur, là à se trouvait ces fameux livres.

Ven 18 Mar - 21:33
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Howard Earl
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Howard Earl
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Au moins semblait-elle avoir apprit à se conduire correctement depuis la dernière fois qu'ils s'étaient croisés, ça ne pouvait pas faire de mal, pour elle la première. Lui n'était pas fâché de sa docilité, il n'était pas exactement dans l'état d'esprit adéquat pour lui faire la leçon, et encore moins pour supporter que l'on testa la résilience de nerfs qu'il avait fragiles en ce moment. S'il savait déjà qu'elle refusait d'appeler Morghann par le titre que sa lignée lui conférait, il était néanmoins soulagé qu'elle ne fasse pas de même avec lui ou il aurait été forcé d'écourter cette visite de la plus mauvaise des manières possible, créant une tension de plus au sein de cette relation déséquilibrée qu'il partageait avec son frère, bien qu'il soit conscient que la relation en question ne pouvait que se conclure d'une dramatique façon, un écueil vers lequel ils naviguaient sans pouvoir s'en écarter. Silencieux, il la suivit, le bout de sa canne claquant sur le sol à chaque pas, ponctuant sa démarche sans qu'il ne laisse rien paraître, allant à son rythme bien que sa guide fut bien plus rapide que lui ne l'était. La descente des marches ne fut pas des plus aisés, mais il alla comme à son habitude, une marche après l'autre, jusqu'à arriver en bas et rejoindre l'emplacement où elle s'était arrêtée. S'arrêter soulagea sa jambe, lui permettant de reposer son poids sur celle encore valide pendant qu'il lui parlait. « Tout ce que vous pourrez me donner sur le sujet, des simples légendes ou évocations en passant par les rituels guerriers. Je vous demanderais aussi un lieu pour pouvoir les consulter. Je m'intéresse particulièrement aux divinités des voies d'honneur… Baldr, Freyja, Thor... » Mais peut-être était-ce encore très obscure pour elle ? Après tout, elle n'était qu'une Tenak laissée de côté, ce n'était pas comme s'il attendait d'elle qu'elle sut tout sur tout. En règle générale de toute façon, personne ne savait tout sur tout.

Ce fut avec cette idée en tête qu'il reprit pour lui expliquer : « Du peu que je sais de l'inclusion religieuse dans la vie scandinave, les dieux ne représentaient pas pour eux de simples forces supérieures et des cultes du mysticisme. Il s'agissait, par l'adhésion à un culte, d'un choix de vie, et d'une voie à suivre. En fonction des divinités, le scandinave adhérait à différentes mœurs et différentes valeurs. J'imagine sans mal que ce sont ces voies qui définissent les rituels et les axes magiques de ces cultes, et je voudrais avoir une meilleure compréhension de tout cela avant d'approcher la pratique de ces magies » Et surtout, il voulait savoir à qui il pouvait bien être lié. Qui pouvait être son dieu protecteur ? Il avait bien sentit quelque chose, ce qui le guidait justement vers les voies d'honneur, mais c'était encore trop vague pour qu'il puisse vraiment dire avec certitude quel était son bienfaiteur. Oui, il devait en savoir plus. «  Nous verrons pour votre… collection personnelle une fois que j'aurais une meilleure idée du contexte dans lequel je met les pieds » Hors de question de jouer avec la magie au petit bonheur la chance. Déjà avec la nécromancie, il risquait de provoquer un remake de la nuit des morts vivants, alors avec la magie scandinave, il ne voulait pas savoir dans quoi il atterrirait au moindre faux pas. Oui, pour le moment ce n'était pas tant la puissance des ouvrages qui l'intéressait que la justesse des informations dont il avait besoin pour visualiser les choses. La force était une chose, mais la force sans la connaissance n'était jamais bonne… et il ne se destinait pas à être un bourrin sans cervelle. « Bien… alors ? Auriez-vous quelque chose pouvant me convenir ? » Après un instant, il réfléchit et ajouta « Rajoutez-y vos ouvrages sur les sites mythiques scandinaves je vous prie… et sur la jouvence »

Lun 21 Mar - 21:50
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Respectueuse de son client, Ayzebel ignora son handicape et fit comme si de rien n'était.
Howard pouvait prendre son temps, rien ne pressait sauf lui avait autre chose à faire que devoir rester cloitrer dans cette vieille cave poussiéreuse. Il était essentiel que sa clientèle de sente bien accueilli et en confiance, tout comme il était essentiel de subvenir à leurs besoins et combler leurs attentes. Le lord ne tarda pas à expliquer la raison de sa venu, cherchant à en savoir plus sur ce qui touchait à la mythologie scandinave. Dieux, religion, rituels, évocations... Oui elle devait avoir certaines de ces choses dans ses livres, sans doute pas tout mais au moins de quoi l'aiguiller. La sorcière faisait principalement dans les grimoires de magie plus que sur ses livres historiques mais par chance elle avait quelques bons manuscrits sous la main comme celui qu'elle avait offert à Morghann lorsqu'il avait lui aussi fait irruption dans la librairie. Maintenant qu'elle y pensait, ce livre avait été écrit dans la langue scandinave, ce petit journal qui avait appartenu à un loup-garou et dont elle n'avait pu déchiffrer une grande partie du contenu. Quelle belle coïncidence que de voir l'un des jumeaux faire à nouveau irruption dans ce sombre endroit et de voir ses recherches le mener là aussi, vers la Scandinavie. En silence, la sorcière écouta son maître qui expliqua – très bien d'ailleurs – ses attentes, donnant un léger cours à son hôte qui savoura simplement et surtout humblement.

"Très bien Lord Earl, je vais voir ce que je peux trouver pour vous. Oh, attendez un instant..."

Un sourire poli se dessina sur les lèvres de la sorcière qui pivota pour s'approcher du bureau spacieux sur lequel elle travaillait généralement ses restaurations. Rapidement la femme alluma la petite lampe de bureau qui déploya une lumière chaleureuse puis commença à déblayer l'endroit dans la hâte avant de s'emparer du grimoire et de le porter pour venir le placer sur un support, ouvert. Pivotant doucement, la sorcière désigna la chaise et souffla.

"Je vous en prie, mettez-vous à l'aise."

À l'aise, c'était vite dit dans une cave remplie de livres et de vieux grimoires en tous genres. Ayzebel aurait aussi pu l'emmener au premier étage, le laisser chez elle mais cela n'aurait nullement été correcte, peu professionnelle. Il était plus prudent de laisser l'Earl dans cette cave loin du bruit et le laisser se plonger dans la solitude pour étudier sagement. Sans attendre une seconde de plus, la femme commença à arpenter les étagères de la pièce, son regard clair passant sur les différentes reliures de cuir. En temps normal, il n'aurait pas pu consulter les livres, c'était une librairie et non une bibliothèque. Howard aurait certes pu feuilleter les livres pour s'assurer de leur contenue mais pas les lires ainsi. Mais voilà, d'une part il était un Earl et pouvait exiger beaucoup de choses, d'une autre les clients de l'envers se faisaient bien trop rares pour s'amuser à leur refuser une si insignifiante demande... Et enfin, il était tout simplement le frère de Morghann. Aussi incroyable puisse-t-il paraître, bien que leur rencontre fût affreusement tendue, Howard avait sauvé la vie de la sorcière face à une goule, rien que pour cela, il aurait pu lui demander n'importe quoi qu'elle l'aurait fait sans broncher. Et voyons le bon côté des choses, avoir un client de l'envers était agréable, avoir un brin de compagnie d'une personne avec in tel intellect était mieux encore! Sur tous les plans, la présence de l'Earl ravissait la libraire qui prenait plaisir à fouiner dans les innombrables livres qui prenaient sagement la poussière depuis des années. Bien vite elle revint avec quelques ouvrages, très légers et pas bien grand qu'elle déposa sur le bureau et sourit gentiment à son client avant de lâcher en désignant le premier livre, plus fins que tous les autres.

"Le renommé et incontournable L'Edda... Ce n'est pas la version la plus ancienne mais celle-ci a le mérite d'être en vieux Narrois, ce qui limite donc les erreurs de traduction, si vous avez les connaissances pour le lire cela devrait peut-être vous donner accès à quelques petites choses. C'est essentiellement de la poésie mais cela résume pas mal de chose côté mythologie."

Glissant le livre au centre du bureau, elle en dévoila un second à la couverture brunit et très abimé par le temps. Aucun titre n'était lisible sur la couverture et il fallut que la sorcière l'ouvre pour avoir accès à une ébauche de contenu.

"Concernant les rituels guerriers, je n'ai pas grand-chose malheureusement... Seulement ce livre sur les berserkers, ulfhednars et svinfylkingars … Euh, cela m'a rappelé ce que vous m'avez expliqué tout à l'heure sur l'adhésion au culte et du mode de vie car ces guerriers n'étaient pas que cela mais aussi des prêtes des cultes, très souvent lié à Odin. Il y est notamment mentionné des sorciers auprès duquel les jeunes guerriers passaient un rituel appelé le rituel de l’éveil... Je n'ai rien de mieux à vous proposé mais j'espère que cela pourra vous éclairer un peu sur le sujet... "

Le dernier livre était un simple recensement des dieux scandinaves avec une explication plus ou moins développé de leur histoire personnelle. On y trouvait quelques légendes, des lieux sacrés ou encore des créatures liées à ces fameuses déités. À nouveau Ayzebel prit la parole, soufflant à son client.

" Pour ce qui est des fontaines de jouvence, je crains de vous décevoir... Je n'ai rien à ce sujet. Absolument rien. Cependant vous y trouverez une légende plus ou moins similaire dont vous avez sans doute entendu parler... Mimirsbrunn ? Dans la mythologie scandinave, Mímir était le dieu de la mémoire et de la sagesse, il était surtout le gardien d'une étrange source dont il était le seul à pouvoir boire car elle octroyait la sagesse à qui buvait son eau. Odin fut le seul autre Dieu à y avoir but mais il a dû sacrifié l'un de ses yeux cela. Quoi qu'il en soit, pour ce qui est de la Scandinavie cette source est à ma connaissance la seule chose qui se rapporte de près ou de loin à la fontaine de jouvence. Pour le reste la majorité des choses que j'ai lues à ce sujet renvoie à Brocéliande ou encore à différentes sources en France comme celle de Lourdes. "

Plissant les yeux, la sorcière se mit à réfléchir avant de lever un doigt et l'agiter doucement. Maintenant qu'elle y pensait, elle pouvait remonter à la source de ce mythe. Concentré sur les recherches sur la mythologie, elle en avait oublié simplement ce qui faisait la réputation de ces fameuses fontaines de jouvence.

" Excusez-moi un instant, Lord Earl. "


Remontant rapidement les marches, c'est dans l'espace de librairie basique qu'elle allait chercher ce dont elle avait besoin. À nouveau ses pas menèrent la petite brune à arpenter les étagères jusqu'au rayon de livres historiques et prirent l'un qui concernait les grandes découvertes et l'exploration du nouveau monde. Sans attendre, Ayzebel redescendit à la cave et déposa le livre sur le bureau avant de tapoter la couverture du bout de son doigt.

" En 1513, Juan Ponce de León. Un explorateur espagnol qui découvrit la Floride alors qu'il cherchait la fontaine de jouvence. On est très loin de la Scandinavie mais pour avoir des informations sur cette fontaine cela reste encore le plus fiable, je pense. "

Ce que l'histoire disait aussi était que ce cher monsieur Juan Ponce de León cherchait la fontaine de jouvence pour guérir de son impuissance sexuelle, chose qu'évidemment Ayzebel se garda bien de mentionner.

Mar 22 Mar - 0:58
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Howard Earl
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Howard Earl
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Il ne bougea pas, la laissant faire sans lui infliger le poids de son inquisiteur regard, et pourtant un bref instant il se demanda si elle était entrain de le prendre en pitié, et faillit s'en vexer. Jamais il n'avait voulut la pitié ou l'attention de qui que ce soit eut égard à son handicap, préférant largement peiner par lui-même mais avoir la certitude qu'il ne devait sa réussite qu'à ses propres forces. Rapidement, pourtant, il jugula cette pensée amère qui n'avait rien à faire là, puisqu'elle ne réagissait qu'à sa demande d'un lieu lui permettant d'étudier en paix. En cela, il ne pouvait nullement la blâmer et ne le ferait pas, puisqu'en plus de s'exécuter, elle le faisait diligemment. Pendant qu'elle fouillait ses étagères, lui s'installa sans un mot, prenant précautionneusement appui sur la chaise pour s'asseoir, et déposant sa canne non loin, jambe à demi repliée pour une position qui serait, sinon confortable, serait néanmoins plus supportable que de rester debout et figé. Les lieux ne le dérangeait pas en lui-même, il avait l'habitude des vieilles librairies du genre, et s'y trouvait en vérité parfaitement à son aise… c'était une atmosphère singulière, unique en son genre, que celle de telles librairies. En un sens, l'atmosphère présente ressemblait quelque peu à celle des bibliothèques d'Eurynome, et c'était un compliment. Et sans aucun doute la raison pour laquelle il gardait parfaite patience, se contentant d'observer les lieux en soupesant les éléments présents, ignorant les fantômes comme s'ils avaient été de simples meubles. Lorsqu'il avait été plus jeune, c'était dans des lieux comme celui-ci qu'il avait vagabondé et qu'il s'était découvert, absorbant les connaissances et les enseignements de ses précepteurs et mentors comme une éponge attentive et assoiffée. Dans le silence le plus total, il avait lu et écouté, et parfois il rompait son vœux de mutisme pour poser une question mûrement étudiée, dont la réponse lui importait réellement et profondément. C'était ainsi qu'il avait toujours fonctionné…

Mais déjà, elle revenait, et il lui accorda de nouveau son attention, d'un regard égal tandis qu'elle inventoriait les ouvrages répondant aux critères de sa recherche. Toujours muet, il attendit simplement qu'elle arrive au bout de son énumération, observant chaque ouvrage en soupesant l'utilité que chacun aurait. L'Edda, il l'avait lu une fois, pour ne pas mourir idiot, mais ça ne lui avait rien apprit de plus que ce que l'ouvrage pouvait apprendre en terme de détails, il s'agissait avant tout du fondement des mythes globaux de la Scandinavie. Cela pourrait rafraîchir sa mémoire évidemment, et peut-être qu'avec la différence de traduction, certaines subtilités s'était perdues. C'était souvent le cas. Le problème étant qu'il ne parlait pas le Norrois, s'il voulait le lire il n'avait que deux solutions : apprendre à la lire, ou tricher un peu. Cela ne ferait de mal à personne, ou il ne l'aurait pas envisagé, mais encore fallait-il se dégager du temps pour effectuer le sortilège ou la potion, il ne se souvenait plus de quoi il s'agissait, qui lui permettrait de temporairement acquérir la connaissance de cette langue. Le second ouvrage l'intéressait davantage, et il le prit avec des gestes sûrs et propres, l'ouvrant pour en lire l'introduction. Ayant l'habitude de faire deux à trois choses en même temps, cela ne le dérangeait pas que d'écouter et de lire tout à la fois, s’imprégnant des informations qu'il glanait. Lorsqu'il reposa l'ouvrage nettement sur le bureau de bois, elle en était à s'excuser de son manque d'efficacité concernant la question de la fontaine de Jouvence mais cela ne l'irritait pas vraiment, il réfléchissait encore aux implications de la manifestation dont il avait été le créateur, ou le catalyseur, et n'avait fait le rapprochement que par la similitude de l'effet des deux eaux. Il n'était pas si étonnant qu'elle ne trouve rien quand sa recherche n'était encore qu'imprécise. Mais il espérait y voir un peu plus clair après ses lectures, d'autant que la légende de la fontaine de Jouvence n'était pas parfaitement précise elle-même.

Il était partit si loin dans ses pensées qu'il ne la vit pas le quitter, ni revenir, et sursauta très légèrement lorsqu'elle revint en lui parlant, relevant le visage et se dépliant, abaissant son bras qui vint s'appuyer sur le bois du bureau, main dans le vide. Cette fois, cependant, il prit la parole : « A l'époque de Ponce de Léon, les archives étaient déjà choses courantes, permettant une traçabilité plus aisée des mouvements de navires et des grands événements de l'époque. Mais on sait très peu de choses des expéditions maritimes entreprises par les nordiques à leur époque. Hors, il a déjà été prouvé qu'une même terre pouvait avoir été découverte par plusieurs individus, à des époques différentes, sans que rien permette d'effectuer une corrélation entre chaque découverte. Il n'est donc pas tout à fait impossible qu'un navire Scandinave isolé ait trouvé le chemin des Amériques, et y ait découvert une source magique de la nature de la fameuse fontaine de Jouvence. Il n'est pas non plus impossible que deux fontaines totalement différentes mais avec les mêmes effets aient existé à un moment ou un autre. De nos jours, les Nexus ayant pu contenir ces sources n'existent plus, prouver cette potentielle corrélation est donc impossible, à moins de retrouver le créateur de telles lieux… ou de trouver quelqu'un qui les a effectivement trouvé » Pensif, il inspira profondément et laissa son souffle s'étioler lentement, sourcils froncés et regard lointain. En silence, il observa la couverture du dernier livre qu'elle lui avait trouvé, pondérant l'idée. Brocéliande et Lourde ne l'intéressait pas, le premier était certes un lieu hautement magique, mais pas de ceux qui pouvaient l'aider, et le second était une création angélique, encore moins intéressante. Finalement, il le mit de côté, et interrogea de nouveau la libraire : « Pourriez-vous me trouver le lieu d'inhumation de ce messire De Léon ? » Il allait peut-être devoir l'interroger directement, pour savoir s'il avait effectivement trouvé la fontaine, ou s'il était mort en essayant.

Il ouvrit le livre traitant des dieux, mais se figea un bref instant. Son regard, acéré, revint sur la femme qu'il jaugea sans se cacher. Risquait-il quoi que ce soit à dévoiler son secret devant elle ? Dans le plus extrême des cas, il devrait se débarrasser d'elle, mais il y avait peu de chances qu'ils en arrivent à une mesure aussi extrême. Avec précaution, il retira donc ses gants noirs, dévoilant la blancheur de sa peau, mais surtout, les marques scaldiques gravées dans sa chair, sur le dos comme sur la paume, de telle sorte qu'on eut pu penser qu'elles avaient été faites par une lame qui avait traversé sa main. La chair n'était pas encore cicatrisée, même après un mois entier, et la pression continuait de lui faire mal par instants, sans qu'il daigne y prêter une réelle attention. Il avait l'habitude de souffrir, et cette souffrance-là n'était que peu de choses comparée à celle que sa jambe lui infligeait. Page après page, il chercha les déités associées aux runes en question. Ce ne serait pas totalement précis, les runes scaldiques, tout comme les lettres de leurs alphabets, se retrouvaient souvent. Celle-ci, néanmoins, était très précise, surtout lorsqu'elle était prise comme symbole et non comme simple mot. Un premier tri lui apprit que sur toutes les divinités se rapportant aux voix de l'honneur, seule trois ou quatre pouvaient avoir traits à ces fameuses runes. Sur ces trois ou quatre divinités, deux seulement lui semblaient se corréler aux sensations et aux occurrences dont il avait été témoin. Mais rien ne l'assurait sans le moindre doute de ce qu'il déduisait du recoupement d'information, aussi entreprit-il de lire ce qui avait trait à chaque divinité. Plus il lisait, cependant, et plus il s'embrouillait l'esprit. Cette mythologie n'était pas seulement chaotique, comme l'était la mythologie grecque, à la différence qu'elle manquait énormément de précision sur bien des points.

Relevant finalement le nez des pages vieillies, il reporta temporairement son attention sur la femme, et demanda d'une voix où les accents d'une profonde réflexion : « Avez-vous trouvé ? Si c'est le cas dites moi, j'ai autre chose à vous demander…. Vous parvenez à déchiffrer le Futhark des 24 ? » Et il indiqua les gravures dans ses mains…


Jeu 24 Mar - 14:23
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Le moins que l'on puisse dire c'est que cet échange était radicalement opposé à celui de leur rencontre. Howard était nettement plus posé, plus ouvert et bien plus agréable que ce jour où elle avait croisé sa route au détour d'un couloir dans le château des Earl. Qu'est-ce qui avait changé pour que le Lord change ainsi de comportement à son égard ? Ayzebel fit immédiatement le lien avec les paroles d'Howard lâché ce soir-là et repensa à cette rage avec laquelle il avait cherché à la chasser du château en lui faisant promettre de ne jamais y revenir, sans doute pour sa propre sécurité. Mais à présent il n'y avait plus rien de tout cela et la sorcière se surprenait elle-même a apprécié la compagnie de son compère. C'était sans doute cela qui l'étonnait le plus. Cependant elle le devait aussi beaucoup à Morghann qui lui avait appris à modérer ses émotions, s'il n'avait pas été là, sans aucun doute aurait-elle laissé parler sa méfiance et son esprit rancunier lorsque l'Earl était entré et l'aurait-elle chassé comme un malpropre. Oui, des progrès elle en avait fait, ses ténèbres semblaient bien moins oppressantes par moments et celui-ci lui donnait le loisir de vivre plus sereinement. Et des journées comme celles-ci étaient si rares, les savourer était le mieux qu'elle puisse faire. D'autant plus que l'Earl semblait se contenter de l'aide qu'elle apporta, la laissant s'exprimer sans la juger. Enfin, un échange réellement agréable pour la Tenak qui n'avait que trop rarement l'occasion d’échange intellectuel et profiter des connaissances d'autrui est de faire profiter des siennes.

Quand Howard reprit à nouveau la parole dans le calme, Ayzebel darda ses yeux clairs sur l'Earl et l'écouta attentivement. Enfant, elle aurait tué pour avoir un précepteur tel que lui plutôt que les femmes Tenak à l'esprit étriqué et bien peu encline à apprendre quelque chose de réellement utile. Son savoir Ayzebel le devait à son amour des livres et à son désir d'apprendre. Elle l'avait fait par ses seuls moyens et sans avoir accès à une véritable éducation. L'école avait été un rêve d'enfant auquel elle n'avait jamais eu accès et pourtant elle était là, à présent capable de restaurer des livres, d'en traduire une grande partie et ce, dans bien des langues. C'était dans ce très rare moment que la sorcière éprouvait une certaine fierté pour elle-même et ce qu'elle était capable de faire par force de travail. Howard lui rappelait de la meilleure façon ce long périple qu'elle avait traversé pour avoir cette modeste boutique et à toutes les connaissances qui s'y trouvaient. Quant à lui, sa voix et ses mots étaient comme la plus délicieuse des mélodies. L'intelligente et l'humilité suintait de ses paroles alors qu'il partageait une fois encore un peu de ses propres connaissances avec la libraire qui l'écoutait dans un silence religieux et respectueux. On parlait beaucoup du pouvoir et de la puissance des Earl, mais lui... Son pouvoir se trouvait là, il était comme un Diable capable d’envoûter n'importe qui par ses mots. S'il le lui avait demandé, Ayzebel lui aurait probablement vendu son âme à cet instant. Étrangement il lui apportait la paix d'une façon qu'elle ne pouvait expliquer, comme une enfant apaiser par la voix de sa mère. Mais l'Earl sembla pensif dans ses explications avant de venir se tourner vers son hôte et lui demander son aide à nouveau. Oh, il n'aurait pas pu lui faire plus plaisir que cela, s'il savait... Un nouveau sourire se dessina sur le faciès de la femme dont le regard pétilla de plaisir contenu et souffla.

« Bien sûr mon Lord, je retourne à l'étage voir ce que je peux trouver pour vous. »

Sans plus de cérémonie, la sorcière pivota et monta doucement les marches, laissant les talons de ses escarpins claquer sur le bois des marches puis retourna dans la librairie. Loin du regard de son maître, la femme inspira profondément avant de s'élancer vers l'a porté à l'arrière de la boutique qui donnait sur une petite pièce faisant office de cuisine et de salle de repos pour les employés. Rapidement elle mit de l'eau à chauffer puis revint sur ses pas pour commencer à fouiner dans les innombrables livres historiques. Il lui fallut en feuilleter quelques-uns avant qu'un des livres accès sur les grands explorateurs à travers l'histoire n'attire son attention. Bingo, en observant le sommaire, Ayzebel tomba pile sur ce dont elle avait besoin. Rapidement elle referma le livre et retourna dans la pièce pour remplir une tasse d'eau chaude avant d'ouvrir une boîte de thé. Du vrai thé et pas n'importe lequel puisque la sorcière le faisait elle-même en faisant sécher les plantes dans un dosage bien précis. Dans ce mélange on y trouvait de la passiflore, de l'aubépine, du ginseng mais aussi du tilleul. Ce thé avait des vertus apaisantes, surtout sur le stresser et l'angoisse et son goût subtil le rendait facile à boire et agréable. Rapidement elle le fit infuser avant de déposer le thé fumant sur une petite assiette avec deux sucres et une cuillère puis ouvrit un tupperware dans lequel elle sortit un gros cookie fait maison et qu'elle se réservait pour ses longues après midi sans client avant de le déposer sur la petite assiette. Rapidement les pas de la libraire la ramenèrent vers cet étroit escalier et prudemment elle descendit les marches, son livre sous le bras et la petite assiette en main. Silencieusement elle s'approcha du Earl et déposa sur le bureau le thé et le cookie et répondit par un vague sourire à son client qui la questionnait sur ses trouvailles.

« Tenez, je me suis dit que cela vous ferait du bien une tasse de thé. Et effectivement j'ai trouvé quelque chose et peut-être même une information qui pourrait vous intéresser. »


Ayzebel retira le livre de sous son bras avant de l'ouvrir, laissant son regard passer sur les pages qui défilaient rapidement sur ses yeux. Il lui fallut tout juste quelques secondes pour retrouver ce dont Howard avait besoin et après une rapide lecture elle lâcha simplement.

« En Floride, Juan Ponce de León a été attaqué par des Indiens Calusa, il y a gravement été blessé par une flèche empoisonnée. Suite à cela lui et son armée sont reparti vers La Havane à Cuba et c'est là-bas qu'il mourut. Apparentement son corps repose dans la cathédrale San Juan Bautista dans le Vieux San Juan, à Porto Rico... Par ailleurs ce livre parle aussi du mythe de la fontaine de jouvence que recherchait Ponce de León, il paraitrait qu'elle se trouverait en fait dans le golfe du Honduras. »

D'un geste doux la sorcière referma son livre et plongea son regard dans celui de son client. Ce fut seulement à cet instant qu'elle réalisa les marques sur les mains du Earl. Curieuse mais respectueuse, elle détourna très vite les yeux des marques scaldiques des mains pâles du nécromant. Ses recherches avaient-elles un lien avec cela ? Il aurait été idiot de ne pas faire le rapprochement. Hésitante, la sorcière hocha la tête faiblement tout en plongeant à nouveau ses yeux dans ceux de son client et souffla en réponse à sa dernière question sur le futhark des 24.

« Oui mon Lord. Je peux les traduire, je le ferais avec plaisir si vous le désirez. »

Ven 25 Mar - 16:57
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Howard Earl
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Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié

L'attention fut aussi suspecte qu'inattendue, mais il l'accepta avec un signe de tête pour remerciement, silencieux dans sa contemplation et ses pensées. Des pensées qui l'avait finalement mené jusqu'à lui demander ses connaissances, en un domaine que lui-même ne maîtrisait pas. Quoi qu'il puisse penser d'elle au demeurant, la vérité restait que si elle était capable de lui servir, si elle avait une connaissance que lui n'avait pas, alors il serait idiot de sa part de s'en passer. Et il était à présent certain qu'elle ne le trahirait d'aucune manière, ce qui était profondément ironique en la situation présente… mais non moins naturel puisqu'elle était effectivement servante de sa famille. De sa famille uniquement, en toute conscience. Dans un conflit tel que celui qu'il comptait déclencher, de quel côté les Tenaks pourraient-elles se ranger ? Et avaient-elles en vérité la moindre importance sur son échiquier ? La question se posait, réellement, et elle méritait réflexion. Mais cette réflexion n'aurait pas lieu sur le moment car elle n'avait pas sa place dans tout ceci. Si une seule de ces femmes ne comptait pas assez pour le troubler, il n'en restait pas moins que l'avenir d'une famille ne pouvait se décider entre deux tasses de thé. Il le leur devait, en tant que futur patriarche. Et il le devait bien à Galéa. Un bref instant, il fronça les sourcils au souvenir de la matriarche et choisit de ne pas s'y attarder. Ses recherches étaient maîtresses en cet instant, rien d'autre. Et s'il les menait à bien, le reste deviendrait subitement bien plus aisé.

Ainsi, la source de Jouvence se trouverait, ou plutôt se serait trouvé, dans le golf du Honduras. Cela confirmait à première vue son hypothèse, elle avait disparut… serait-il capable de rappeler l'esprit de l'espagnol s'il se rendait sur place ? La question se posait, il n'était jamais de ses capacités hors des Nexus de puissance qui maintenaient le monde de la magie. Rappeler un esprit était bien plus compliqué que de ramener un simple cadavre comme poupée désarticulée. Et il se voyait difficilement organiser le transfert du cadavre d'un homme aussi connu pour le ramener à Last-End. Quoique… cela pourrait éventuellement se faire s'il s'y prenait bien. C'était complètement fou, comme idée, ubuesque ! Et pourtant il caressait réellement l'idée, jaugeant si le besoin était assez pressant pour qu'il en arrive à une telle extrémité. Il tandis un main vers la tasse de thé, la prit et en bu une gorgée pour se donner du temps et pondérer tout cela, laissant ses pensées décanter. Mieux valait qu'il ne se précipite pas aux premières conclusions. C'était d'ailleurs pour cela qu'il prit tout autant le parti de l'interroger plus avant sur un autre sujet qu'elle pouvait éclairer : les marques sur ses mains. Elles étaient scandinaves sans le moindre doute, mais de là à en comprendre le sens, il y avait un monde, d'autant que les informations disponibles au sujet de cette ancienne forme de langage étaient bien chiches et provenaient pour beaucoup de sources impossibles à jauger. Hors il n'était pas question qu'il avance avec des informations en lesquelles il ne pouvait avoir confiance. La magie était un domaine trop dangereux pour cela.

La réponse était positive, et pourtant il ne manqua pas de lui décocher un regard pénétrant « N'est-ce pas ce que je viens de faire ? » dit-il d'une voix égale et neutre, non une critique, mais pas non plus une plaisanterie. Il ne s'y arrêta pas pour autant et expliqua « Ceci » fit-il en lui montrant une fois de plus les deux marques douloureusement profondes « est apparu sans mon consentement. Une magie inconnue et étrangère en est l'auteur, mais il m'intéresse de comprendre le message que ces runes recèlent… et vous aurez certainement besoin de les observer pour les traduire » Cette fois, c'était bien de paternalisme posé dont il faisait usage, bien que sa retenue fut appréciable, elle était inutile en l'instant puisque cela venait ralentir ses recherches. Hors c'était sans doute là l'élément manquant à son vaste puzzle. Il lui fallait savoir pourquoi on lui avait infligé ce supplice. Pourquoi on l'avait marqué, ce que cela voulait dire et ce que cela promettait… allait-il pouvoir même se débarrasser de ces marques ? Au final il n'en savait rien. Le voulait-il ? A l'heure actuelle oui. Elles étaient dérangeantes, elles ne l'apaisaient pas, et pourtant en un sens, il savait parfaitement qu'il ne devait pas s'en défier. C'était un étrange mélange que le poids de cette méfiance et de cette assurance tout à la fois, la balance de sa conscience en un équilibre qui s'avérait dur à porter, comme tout ce qui constituait sa vie. Y penser ainsi, néanmoins, ne le conduirait qu'à une grande lassitude et un besoin d'abandon, rien qui le servirait pour ses affaires.

« Faites, je voue prie »


Sam 26 Mar - 17:23
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Lorsque les mains pâles du nécromant lui furent montrées, la sorcière se figea un instant.
Ses yeux d'une clarté incroyable se posèrent sur les plaies scaldiques imposées sur les paumes du Earl. Ceci, oui... Rompant le peu de distances qui les séparaient, Ayzebel se pencha doucement, approchant son visage des mains du sorcier et observa consciencieusement. La femme retint son souffle, alors que ses prunelles restaient fixer sur les paumes de son client sans même un battement de cils alors qu'elle cherchait dans sa mémoire les noms des runes et ce qu'elles signifiaient, représentaient. Finalement elle leva une main et désigna la paume droite du Earl du doigt et souffla.

« Raidho... »

Ses yeux perçants passèrent d'une paume à l'autre et son doigt suivit le mouvement pour désigner sa paume gauche.

« Naudhiz. »

La sorcière se redressa lentement, abaissant sa main alors que son bras retomba contre son flanc. Dans son esprit, le lien entre les deux runes était clair, leur signification avaient un but commun. Ce qu'elle se demandait en revanche, c'était comment et pourquoi ces runes étaient apparu sur un nécromant. Sa magie n'avait rien à voir avec cela, pour en avoir entrevu un très léger brin via Morghann. Elle en avait d'ailleurs gardé les cicatrices... Presque un mois s'était écoulé depuis que l'Earl l'avait marqué de ces douze clés et pourtant, à sa grande surprise celles-ci n'étaient toujours pas disparu. Certes la cicatrisation était correcte mais elle avait très vite compris que jamais cela ne disparaîtrait jamais de sa peau. Instinctivement la femme porta sa main à son bras là où la première clé avait été gravé et pinça les lèvres avant de prendre la parole.

« Les runes ont souvent une fonction magique, je ne vous apprends rien à ce sujet... Mais celles-ci ont une signification précise quoique... plutôt nombreuse. Raidho à une action d'ordre, obtenir justice conformément au droit, permet d'accéder au conseil intérieur, d'aller vers des processus justes et naturels... Naudhiz n'est pas très différent dans le sens où cette rune engendre un besoin d'ordre, élimine la haine et le conflit est poussé au développement une volonté magique, des pouvoirs spirituels, elle sert aussi À... protéger. »

Morghann avait dit que Howard était un homme bon et juste. Ce n'était pas une coïncidence si ces runes étaient apparu sur les mains du Earl. Cet homme semblait avoir un destin hors du commun, il n'en avait sans doute pas conscience mais dans l'esprit de la sorcière c'était aussi clair que la lumière du jour. Ces runes étaient synonymes de grandes choses mais surtout de belles choses et Ayzebel esquissa un léger sourire, perdu dans ses pensées avant de soupirer et plonger ses yeux dans ceux de son client sur un ton plus doux qu'elle ne l'avait fait jusqu'à cet instant.

« Lord Earl, vous savez ce que sont des stigmates... D'un point de vue religieux leur signification reste très floue. On ne sait ni pourquoi ni comment cela se produit pourtant à travers l'histoire quelques personnes, principalement dans la religion chrétienne a été la proie de ces stigmates. Ces runes... Sont né d'un phénomène magique c'est indéniable, mais cela n'a pas pu apparaître comme cela, quelqu'un ou quelque chose vous les a imposé. J'insiste sur le fait que... ces stigmates sont principalement un message des dieux... Essentiellement pour marquer... des favoris. »


Bien des noms avaient été mentionné dans l'histoire depuis le troisième siècle. Malheureusement tous revenaient sur Dieu et le Chris, il était d'autant plus rare de voir cela dans d'autre religions. Mais cela ne changeait rien au fait que Howard avait été marqué et la libraire aurait mis sa main au feu qu'une déité était derrière cela.

« Peut-être que je me trompe évidemment... Mais quoi qu'il en soit, ces runes n'inspirent qu'à du bon mon Lord. Justice, droiture, équilibre, protection... Vous avez déjà là de quoi restreindre le cercle de vos recherches.»

Un vague sourit compatissant passa fébrilement sur le faciès de la femme qui croisa les bras avant de contourner Howard et passer près de lui. Si sur l'instant elle eut l'air d'une folle à marcher droit vers le mur du fond, l'instant d'après c'est au travers qu'elle passa, comme aspirer par le béton et la brique. Dans la pièce adjacente, c'était une véritable caverne aux trésors. D'autres étagères y étaient, tous contenants des livres, beaucoup d'objets en toutes genres, des parchemins... C'était principalement dans cette pièce qu'elle s'essayait à la magie et les innombrables symboles tracés sur le sol et les murs n'auraient trompé nullement ceux qui auraient mis les pieds dans cette pièce. C'est vers un coffre en bois sculpté et imposant que la sorcière s'approcha avant de venir s'accroupir. Dans cette boîte sublime se cachaient ses plus grands grimoires qu'elle réservait à une clientèle comme pouvait l'être Howard ou Morghann ou encore cet homme qui était venu et avait enflammé son dessus-de-porte par sa simple présence : Elie Mortimer. C'était drôle comme les plus grands finissaient par échouer dans cette sombre librairie. Levant une main Ayzebel effleura le coffre avant de venir presser certains symboles décoratifs puis murmura d'une voix faible comme un secret murmurer à l'oreille d'un ami...

« Ad perpetuam rei Memoriam. »

Un bruit de rouage se fit entendre dans un enchevêtrement de cliquetis avant que le coffre ne s'ouvre de lui-même dans un grincement discret. La femme se redressa et se pencha, glissant ses mains dans le contenu et souleva plusieurs ouvrages tous chacun soigneusement emballés dans un tissu de velours avant d'en saisir un coincé dans le fond et le souleva doucement. D'une main, elle referma le coffre avant de pivoter sur elle-même et traverser à nouveau le mur pour s'approcher d'Howard qu'elle gratifia d'un léger sourire. Ce qu'elle avait entre les mains l'aiderait assurément, du moins elle l'espérait.

« Parmi vos demandes vous désiriez les évocations... Veuillez accepter ceci Lord Earl, un livre qui je l'espère, saura vous montrer la voie mieux que je ne l'ai fait. »

Avec lenteur et douceur, elle déposa l'ouvrage sur le bureau avant de dénouer le tissu noir et libérer le livre dont la couverture de cuir bruni était joliment décoré d'ornements scaldiques en or. Il était magnifique et très bien préservé, c'était un des manuscrits qui faisaient la fierté de la Tenak.

« J'ai acquis ce livre un peu après mon retour à Last End il y a trois ans... Il recense tous les dieux scandinaves, raconte leur histoire,  les prières et les évocations qui leur sont liées. On y trouve aussi quelques créatures et légendes du nord... J'espère sincèrement qu'il vous aidera, mon Lord. Et s'il ne le fait pas, que sa lecture vous sera au moins agréable. »

Sam 26 Mar - 20:37
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Howard Earl
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Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
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Son regard ne la quittait pas, et cette fois il était clairement inquisiteur, le regard d'un homme qui ne se verrait nullement refuser les réponses qu'il cherchait alors qu'on les lui faisait miroiter. Il voulait savoir et il saurait, elle n'allait certainement pas refuser quoi que ce soit à son Lord, comme elle l'appelait si bien, non ? Ne méritait-il pas ces réponses, en tout état de cause ? Quelle valeur avaient-elles, en dehors de celle qu'il leur donnait ? En tout et pour tout aucune, hors puisqu'il était le seul à leur donner de la valeur, pourquoi les lui refuser ? Non, il les obtiendrait. Il le fallait. Ses paumes marquaient le faisait souffrir d'une singulière façon, différente de sa jambe, et le perturbait bien davantage que celle-ci par les implications que pouvaient avoir les marques marbrant sa peau. Le handicape de sa jambe était un rappel de la terrible erreur commise, un fait scellé dans l'intemporel passé, qui jamais ne s'effacerait. C'était l'époque où il était encore jeune et un peu fou, trop audacieux et sans mesure, sans peurs… du moins sans la mesure d'une peur réelle. Les avantages à naître Earl pouvaient souvent se transformer en désavantage, lorsque l'on quittait le ferme cocon familiale. Les marques sur ses mains, en revanche, n'étaient pas le fruit d'une erreur, quant bien même les circonstances de leur apparition n'étaient pas positives. Et puisqu'elles n'étaient pas le fruit d'une erreur, elles ne servaient ni de rappel ni de témoignage… elles étaient… un mystère, une curiosité, une promesse, bien qu'il n'en saisisse pas encore la nature. Pourtant même une promesse négative pouvait être constructrice, en ceci qu'elle participait du futur, et le renouvellement continu du cycle de l'existence était positif et constructif tant qu'il perdurait. Et pourtant, cela faisait terriblement longtemps qu'il n'avait plus eut la moindre promesse de ce genre. Sa vie… était pour le moins statique, à de nombreux regards.

Enfin, les réponses tant attendues vinrent… et en reportant son regard sur l'une des runes mentionnées, il eut l'étrange et déstabilisante impression de savoir exactement de quoi il s'agissait, alors même qu'il savait ne pas pouvoir la lire, encore moins l’interpréter. Mais les mots prononcés, et la forme de la rune étaient familiers, sans qu'il n'y trouve la moindre logique. Partagé entre l'instinct et la raison perturbée, il ne put que froncer les sourcils en se braquant dans l'une de ces entournures critiques dont il avait le secret. Ces runes n'avaient rien à voir avec lui, avec sa magie, à peine avec sa famille. Les voir ainsi gravées sur sa peau était terriblement saugrenu… Qui pourrait donc imaginer un nécromant avec de pareils ornements, si loin de ce qu'il était ? C'était comme de lui demander de soigner quoi que ce soit, idiot, inutile et déplacé. Alors pourquoi avait-il l'impression de les connaître ? Pourquoi avait-il l'impression de savoir ce qu'elles étaient alors que ce qu'elles représentaient se trouvait être si loin de ce que lui incarnait. Quel tour, quelle farce lui jouait-on là ? Et la voilà qui poussait l'offense à induire un lien avec la religion païenne… il aurait tout vu. Inspirant lentement, il jugula la remarque cinglante qui menaçait de quitter ses lèvres et se contenta d'attendre, raidement, qu'elle ait terminé d'expliquer le fond de sa pensée. « Certes… » ponctua-t-il pour moduler sa propre pensée sur une note moins restrictive, quoi que critique « Dans la religion Chrétienne, de tels stigmates ne se retrouvent que chez le Christ, à ma connaissance, limitée je l'admets. Peut-être existent-ils des saints en ayant également portés. Mais il s'agit d'un autre univers, bien différent, en fin de compte. Et ces marques... » Il éleva légèrement une main pour donner de l'emphase au propos « sont clairement païennes, de cela nous sommes certains »

Il attendit un instant, avant de poursuivre, changeant très légèrement de position sur sa chaise, pour dégourdir ses jambes. « De plus, les seuls stigmates qui, à ma connaissance, sont mentionnés dans les écrits païens d'Europe, ne sont nullement positifs. Il est clair que je n'accorde pas à cette hypothèse autant de crédit qu'elle en mériterait, du fait de mon ascendance, et néanmoins mieux vaux ne pas totalement l'éliminer. Du moins pas sans une preuve irréfutable. Vous trouverez par exemple divers cas de stigmates dans les rares récits de victimes des créatures de l'ailleurs qui n'ont pas succombé ou ne sont pas devenus fous » Hors il préférait éviter de s'imaginer poursuivit par une créature de cette trempe. Même lui aurait bien du mal à échapper à la mort, alors. « S'il est clair que l'on ne me menace pas de mort, la signification exacte du message pourrait sensiblement différer de ce que vous me souhaitez... » Un bref instant, il prit un air légèrement soucieux, ne parvenant pas à rester parfaitement impassible alors qu'il se replongeait dans ses pensées. Peut-être lui demandait-on des comptes, de payer pour ses actions. Lesquelles ? Cela restait à voir. Il était coupable d'un certain nombre de crimes. Certains pour lesquels lui-même estimait avoir payé, et d'autres… mais mieux valait ne pas penser à cela. Il la laissa allé, glacé par la perspective qu'il désirait pourtant rejeter, comme une ombre au coin de la vision qu'il s'efforcerait de ne pas regarder, tout en sachant la tentation, morbide, si forte qu'elle était presque impossible à rejeter. Ses épaules s'étaient sensiblement raidies à ses pensées, et son souffle discret semblait ralentit, comme s'il désirait se faire aussi petit que possible à un regard extérieur et omniscient.

Et à nouveau, il manqua sursauter quand elle le tira violemment de ses sombres pensées. Clignant des yeux rapidement, il reposa ses prunelles de jais sur la silhouette qui lui ramenait un livre supplémentaire. Le prenant avec autant de délicatesse que les autres, il en observa un moment la couverture, parcourut la surface de ses doigts, puis parla à nouveau : « Je les prend, tous. Je remonterais lorsque j'en aurais terminé et paierait ce que je vous dois. Laissez moi pour le moment » S'il n'y avait nul marque de la politesse classique dans sa voix, l'ordre, puisque s'en était vraiment un, sonnait néanmoins avec le velours d'une autorité qui savait n'avoir aucun déni. Il avait besoin de ces lectures et devait se plonger un moment en elles, bien qu'il n'achèverait pas la totalité de ces ouvrages en une journée. La laissant retourner à ses occupations, à sa boutique, il resta de longues heures penché sur les pages anciennes, sourcils froncés, les prunelles suivant le cheminement de la pensée de l'auteur avec sérieux. Le silence était profond, presque tombal autour de lui, à peine brisé par un bruissement feutré de tissu ou des pages du livre installé devant lui, les autres empilés nettement à côté. Perdant totalement la notion du temps, mais surtout la notion sociale la plus élémentaire, il remonta bien à un moment, quittant la boutique et revenant avec des outils de traduction et de prise de notes, retournant en claudiquant, sans un mot, dans les profondeurs de la boutique, et ce jusqu'à une heure avancée de l'après-midi. Le léger claquement de sa canne le précédant dans l'escalier tandis qu'il remontait, il apparut bientôt dans l'encadrement de la porte et lui jeta un coup d'oeil renfrogné.

Il bifurqua vers le comptoir, lui demanda la note, paya rubis sur l'ongle, puis changea son poids d'équilibre pour soulager sa jambe. Dehors, il neigeait de nouveau. « Vous avez mangé ? » ça n'avait strictement rien à voir avec la raison de sa venue en ces lieux, ça n'avait même pas rapport à ses lectures. Mais rien dans son attitude ne laissait imaginer qu'il ne savait pas exactement où il allait. Il aurait pu la laisser, l'ignorer, ou dans le meilleur des cas, la traiter comme la simple libraire qu'il était. La réponse ne l'intéressait qu'à moitié, en vérité. « Je sors, libre à vous de vous joindre à moi » Il avait besoin d'une autre ambiance que celle-ci pour décanter. Récupérant sa canne, il prit la direction de la sortie, ouvrit la porte, sortit avec quelques difficultés et prit la direction du bout de la rue, à droite. La Sirène était ouverte, à cette heure, il pourrait s'y installer sans soucis puisqu'il était membre du club. Dans le cas où elle l'accompagnait néanmoins, il avait autant en tête une autre adresse qui ne risquait pas de la jeter dehors comme une malpropre pour les appâts supplémentaires qu'elle arborait…


Mer 30 Mar - 19:08
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Avait-elle dit quelque chose de mal ? La référence ne semblait pas plaire au Earls.
Ayzebel s'était soudainement crispé face au mécontentement évident de son maître. Allons bon, était-ce donc si dramatique que de signaler ce détail qu'étaient les stigmates du Christ ? C'était pourtant la chose qui se rapprochait le plus de ce qu'il avait sur les mains. L'enthousiasme de la libraire venait de prendre un coup dur alors qu'en silence, elle écoutait les paroles du Earl, soutenant son regard sans broncher.

« Eh bien en effet oui, il existe des saints ayant eu des stigmates... Enfin certaines de ces personnes ont été canonisé après leur mort telle que... euh... Le Padre Rio qui est l'un des stigmatisés les plus connus, bien que l'église ne l'est pas reconnu comme tel... »

Sa voix mourut dans un chuchotement. La libraire retomba dans le silence, s'il y avait une chose qu'elle avait du mal à accepter c'était le fait d'échouer dans son domaine professionnel. Visiblement là, elle venait de mettre les deux pieds dans les plats et rendre ainsi son client mécontent. D'ordinaire elle aurait sans doute rétorqué froidement, mais que dire cette fois ? Ce n'était pas tant le fait d'être face à un Earl qui était gênant, c'était surtout son regard, sa froideur soudaine. Mais aucune parole déplaçé qui pouvait être contré. Se taire, c'est tout ce qu'elle pouvait faire à l'heure actuelle. À nouveau elle écouta Howard qui expliquait le fait négatif de l'histoire sur les stigmates païens, évidemment de ce point de vue-là c'était peu encourageant. Des cas de créature de l'envers devenu fou ou pire ? La femme devint plus pâle que d'ordinaire alors qu'elle portait sur son maître un regard perplexe.

« Mon Lord, vous ne croyez tout de même pas que... »

Que cela allait lui arriver ? La sorcière déglutit, fixant Howard d'un air grave. Pourquoi penser au pire ? Et qui oserait faire subir cela à un Earl ? Cette famille avait-elle des ennemis par les créatures scandinaves ? Chez les déités ? Et même si c'était le cas, avec le délitement, ces choses étaient-elles en mesure que de faire subir cela à Howard ? Une foule de questions traversèrent la femme qui refoula le tout dans un silence pesant. Elle aurait aimé lui dire que tout irait bien, qu'il était inutile de penser au pire... Mais cela aurait sans doute été un mensonge et surtout un merveilleux acte d'hypocrisie venant d'elle, qui pensait toujours au pire. Mais Howard la rassura dans le fait que cela n'était pas une menace de mort. C'était une évidence, une très bonne chose mais oui, le message restait flou. Avait-on désigné cet Earl comme porteur d'un message de justice ou bien lui demandait-on de rendre des comptes pour un ou plusieurs actes commis ? Comment savoir, elle en savait si peu sur lui, sur sa famille. C'était face à un mur qu'Ayzebel se trouvait, un gigantesque mur infranchissable. Immobile et droite, la sorcière continuait d'observer son client soudainement soucieux. C'était perturbant que de le voir flancher, ne serait-ce qu'une seconde. La situation était donc si grave ? À nouveau elle aurait voulu lui dire de ne pas s'inquiéter, qu'il n'y avait probablement rien que lui et sa famille ne pouvait affronter... Mais les mots de la sorcière restèrent coincés dans sa gorge. Il était plus facile de réconforter Morghann parce qu'il était proche d'elle, mais Howard... Il était un parfait inconnu, un homme terriblement glacial qui n'avait sans doute rien à faire des mots de son hôte. Ce n'était pas là de la pitié de la part d'Ayzebel, elle en éprouvait rarement. Non, c'était plus de la compassion Après tout n'était-ce par le rôle de sa famille que de soutenir les Earl ? Galéa n'avait-elle pas fait cela durant presque quarante ans avec Pryam ? N'était-ce pas pour cela qu'elle avait été éduqué ? Si et pourtant Ayzebel ne sentait pas le cœur à le faire en cet instant. Trop de peur, trop de doute. Son manque de confiance en soit la frappait de plein fouet... Ce fut finalement Howard qui l'arracha à ses pensées en signalant qu'il achèterait les livres dont le dernier apporté, qui valait particulièrement cher. Mais soit, cela n'était sans doute rien pour un Earl. Lorsqu'il la congédia, Ayzebel inclina le visage respectueusement et souffla.

« Bien mon Lord, n'hésitez pas si... vous en avez le besoin. »

Mais elle doutait sincèrement qu'il fasse à nouveau appel à ses services après le mécontentement qu'il avait laissé transparaître. Quel dommage, les choses avaient pourtant si bien commencé... Le cœur lourd, la sorcière remonta les marches doucement, disparaissant de la vue de son maître pour retourner prendre place derrière le comptoir. Un long soupir passa ses lèvres et finalement à son tour, elle se plongea dans une profonde lecture. L'après-midi passa lentement, les clients ne furent pas nombreux et la sorcière resta longtemps dans sa solitude jusqu'à ce que Howard ne repasse en coup de vent, un aller-retour avec quelques petites choses visiblement utiles à ses recherches. Ayzebel le suivit du regard alors qu'elle fut la proie du regard courroucé de son maître. Oh qu'elle aurait aimé se faire toute petite et disparaître dans un trou de souris ! Allons bon, qu'avait-elle donc fait encore pour mériter un tel regard? Ciel qu'il était ronchon ce Earl ! S'en était presque adorable, comme un enfant boudeur. Ce fut finalement en fin d'après-midi qu'il apparut à nouveau. Ses recherches avaient donc pris fin ? Howard paya les livres et Ayzebel encaissa l'argent, le grimoire vendu était bon pour les comptes de la librairie. Pourtant quand Howard la questionna, la femme pinça les lèvres dans un sourire gêné. Manger ? Trop inquiète et noué par le stress, elle n'avait rien avalé de la journée à part une ou deux tasses de thé.

« Non... Je... N'avait pas très faim. »

Quand Howard l'invita à se joindre à lui, Ayzebel se figea. Avait-elle bien entendu ? La jeune femme le suivit du regard et souffla.

« Mais je... »

Pas le temps, il était déjà sorti en boitillant. La sorcière abaissa sa main lentement, perplexe face à cette invitation. Rapidement elle bondit de sa chaise, enfilant son manteau, prenant son sac à main et ses clés puis saisit son téléphone avant d'envoyer un SMS rapidement à Morghann.

[ Ne viens pas ce soir, j'accompagne Howard pour dîner. Ne pose pas de question et ne te fais pas de soucis. Bisous ♥ ]


Elle doutait sincèrement que Morghann ne pose aucune question et ne se fasse pas de soucis. Il se faisait du souci pour elle tout le temps. Trop de soucis. Rapidement Ayzebel sortit de la boutique avant de la fermer à double tour et tâcha de rattraper au mieux l'Earl. Heureusement, boitant comme il le faisait il n'avait pas été très loin et malgré ses talons aiguilles la sorcière n'eut aucun mal à le rattraper. Elle ajusta rapidement son manteau sombre et son foulard pour se protéger du froid et souffla.

« Vous... euh... Avez un lieu en tête, mon Lord ? »

Jeu 31 Mar - 14:23
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Howard Earl
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Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié

Le froid ne faisait aucun bien à son corps, accentuant les tiraillement de sa jambe boiteuse et transformant les piques douloureuses en atroces sensations, mélanges de démangeaisons et de fourmillements, avec par instant des décharges comme la morsure d'un taser. Pourtant, plongé dans ses pensées, il n'y faisait pas attention pour moitié, trop occupé à retourner ses problèmes actuels dans tous les sens possibles et imaginables. Il avait l'impression d'avoir la réponse… les réponses, sous le nez, et surtout, il avait l'impression qu'il jouait volontairement à l'autruche. Un déni qu'il s'infligeait sans savoir pourquoi, se refusant à voir. Très bien, mais voir quoi ? Et pourquoi voudrait-il se mettre ainsi des œillères alors même que ces réponses étaient si importantes pour lui ? Quelque chose ne tournait pas rond, chez lui ou à Last-End encore une fois. Quoi que la ville n'ait jamais eu besoin de lui pour ne pas tourner rond. « Oui » se contenta-t-il de répondre à la question qu'on lui posait. Un retour lapidaire, pour ce qu'il considérait être une perte de temps. Le reste du voyage se fit sans un échange de plus, Howard muré dans son silence pensif, ruminant tout ce qu'il avait pu lire et penser en si peu de temps, et usant du peu d'attention qu'il épargnait pour se garder sur ses deux pieds et ne pas glisser sur les occasionnelles plaques de verglas, là où la neige avait fondue avant de se re-solidifier. Il ne manquerait plus qu'il s'effondre par terre et ce serait la cerise sur le gâteau. Plus il y pensait, et plus cela l'agaçait, mais fort heureusement, l'air extérieur lui faisait du bien, chassant progressivement ses velléités pour ne garder qu'une trame de fond à l'arrière de ses pensées. Le vent sifflait, fouettait son visage et faisait danser ses boucles sombres, les couvrant de flocons blancs qui fondaient rapidement.

Au détour d'une rue, il se glissa dans un morceau du grand dédale de ruelles qui constituait le cœur du vieux quartier marchand, tourna de nombreuses fois, avec précaution, jusqu'à se trouver sur une petite cour intérieure pavée, un chêne dénudé dissimulant une partie du mur du fond, sur la droite, le tronc noueux se tordant vers le ciel gris et lisse. Les pavés étaient à moitié déchaussés, de l'herbe poussant sous eux, certains fendues, infiltrés par l'humidité, d'autres pris dans une légère couche de glace. La pierre des murs étaient grise et terne, passée, un dernier lambeau d'ombre de couleur accroché par endroit, rappelant davantage la nostalgie d'un siècle écoulé que le lent délabrement de bâtiments non entretenus. On y accédait par une entrée en largeur, et non en profondeur, de sorte que le passage entre les deux murs s'avérait peu large, tout juste une personne et demi ; le chemin conduisait sous une arche à la voûte arrondie et avait sans doute supporté une grille en fer forgé voilà longtemps. La grille avait disparue désormais, les gonds étaient encore en place, mais des griffures et des torsions semblaient suggérer qu'on avait arraché le reste. Sur le mur de droite, des traces de végétation morte formaient des dessins moroses, tandis que sur la gauche, une devanture vitrine s'exposait, portant une enseigne presque effacée, faite d'une peinture que l'âge avait fatiguée et écaillée. Des rideaux de sombre purpurin et d'ocre empêchaient le regard curieux de s'égarer à l'intérieur, isolant les vitres et le froid derrière eux, alors que la porte et les jointures de bois affichaient sans honte les traces de fumée, la noirceur et la salissure du temps qui les travaillait. Biscornue, la bâtisse semblait penchée, sa toiture basse du côté gauche, se relevant sur le droit comme un ivrogne à moitié effondré.

Une vieille enseigne rouillée pendait au-dessus de la porte, face à l'arche. Lorsque le vent soufflait, l'enseigne grinçait en oscillant d'avant en arrière, la plainte des rouages rouillés et passés aiguë et plaintive. Le claquement de la canne du sorcier s'y ajouta alors qu'ils approchaient, de même que le son des hauts talons de la libraire. Howard s'était fermé, refusant à son jumeau l'accès de son esprit. Il voulait être laissé tranquille avec ses affaires pour le moment. Approchant, la poignée se dévoila, de fer forgée, l'image d'une femme miniature à la main tendue, détaillée avec doigté et finesse. La porte s'ouvrit sous la poigne du sorcier, s'écartant dans un miaulement de fer malmené et une bouffée de chaleur subite, légèrement moite, qui les enlaça tandis qu'ils entraient. Derrière eux, le temps d'un battement de cœur, le paysage hivernal se transforma en une scène d'un automne à l'agonie mais parfumé… puis la porte de bois vitré se referma et les tentures s'écartant, révélèrent le vaste espace changeant. Intemporelle image d'un intérieur de boutique en bois, au sol couvert de tapis douillets, scène d’Épinal aux tables rondes couvertes de tentures, aux fauteuils et banquettes rembourrées, agencées pour le confort et l'ambiance intimiste, amicale. Chaleur des lanternes aux lueurs ambrées ou rouge de rose, sur le comptoir surchargé. Classique gitan, en point de vue, salon de thé de féministe anglais de l'autre, des inspirations par touches, dans cet ensemble surchargé qui n'était pourtant pas délimité… plutôt qu'un mur de fond, ou une porte vers une autre pièce, il y avait un sol noir aux nuances anthracites, et une immensité ouverte. Une salle immense qui à mesure qu'ils avançaient, avalait la première vision, plus terrestre, ne leur laissant que l'étrangeté. La sensation déroutait, au départ, tandis qu'ils marchaient droit vers cette vaste espace sombre. Pourtant lorsque le nécromant s'arrêta de nouveau, la pièce sembla se fixer.

Comme en réponse à une curieuse symbiose sous-jacente, la salle se stabilisa dans un fluide mouvement pourtant invisible, dont seul la matrice se sentait. Le sol lisse était toujours sombre, mais ressemblait davantage à une glace australe, la surface dure sous leurs pieds, mais retenant pourtant en son cœur des tendrils, tentacules et croissances pâles, blêmes, luisant légèrement, d'une lueur qui n'éclairait pas. Ses formes n'avaient nulle logique, uniquement doté d'une beauté de naissance qui s'exposait, poésie à la funèbre étrangeté. Les murs luisaient également, dans leur noirceur, la lueur se répandant en eux sans jamais s'échapper de l'écrin solide. Des colonnes de marbre blanc, délicatement veiné, formaient les angles de la pièce, tandis que des draperies d'argent passé flottaient, sans défauts, aux jointures du plafond, encadrant un chef d’œuvre digne de Michel-Ange, bien que les formes étoilées furent changeantes, dévoilant des scènes métaphoriques parlant à l'intellect primaire, comme au supérieur, des suggestions qui glissaient, s'insinuant au-dessous de la compréhension mortelle pour atteindre les confins de cerveaux engourdis de s'en tenir aux perceptions bassement physiques et animales. Le plafond vivait, sa nourriture les pensées délicatement prélevées des êtres qui l'observait, mais toujours avec mesure. Dès qu'on détournait les yeux, il semblait que l'on oubliait ce que le plafond nous avait inspiré… mais aucune souffrance ou peur n'accompagnait viscéralement l'offrande imaginative, seulement, pour les plus délicats, une certaine perplexité. Les tables étaient de bois noir, les chaises d'argent ternis, ciselées. Une femme vint à eux, sa peau d'un gris perlé, ses cheveux sombres aux nuances Prusses, ses yeux deux puits d'un couchant exalté. Elle s'inclina et un échange silencieux entre eux passa avant qu'elle ne les mène à une alcôve privée, très semblable au reste de la salle, si ce n'était les silhouettes de vie aquatique minuscules apparaissant, éphémères, dans les murs, fantômes à la délicatesse de grands maîtres sculpteurs, d'artistes acharnés.

Howard s'installa, déposa sa canne et observa la sorcière catapultée dans ce haut lieu que même son frère n'avait pas visité. « Essayez de garder un ton posé lorsque vous parlez. Ici les sons portent facilement » Lui-même usait de sa voix la plus neutre et matte, d'un vélin sourd pour ne pas perturber l'harmonie impavide des lieux. L'oreille s'habituait lentement, au silence profond, qui se transformait en une musique singulière, chaque petit son s’imprégnant dans ce fond d'atmosphère, créant un point de cette partition naturelle, un écho léger venant parfois faire ondoyer le silence magnifique qui semblait lentement coller à leurs êtres, leurs peaux… comme l'eau semblant prisonnière des murs et du sol. Un instant, une anémone langoureuse fleurit près de la femme avant d'agonir élégamment dans la toile sombre de sa prison. « Bienvenue au Voeux d'Astrée…. Je suppose que vous trouverez le lieu singulier. Il l'est, et unique à bien des égards » Ce n'était ni plus ni moins qu'un des quelques lieux de par le monde qui ne possédait pas d'écho magique. Cela bien entendu, elle ne le savait sans doute pas. Mais c'était d'autant mieux, elle ne se sentirait pas piégée d'avoir accepter de le suivre… Pourtant le caractère singulier du lieu jouait en sa faveur. Un moment plus tard on leur servait à tous deux une eau lisse et noire dans des verres à pieds stylisées et Howard le portait tranquillement à ses lèvres.


Ven 1 Avr - 21:00
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Enfant d'hiver, son premier contact avec la vie fut lors d'une de ces journées glaciale où Galéa l'avait mit au monde sur le sol froid de la forêt qui entourait sEnd. Et elle ne fut pas la seule à l'avoir fait. Ces naissances en pleine nature étaient très courantes chez les Tenak, parfois il arrivait que les femmes accouchent au caveau, surtout pour les plus jeunes, mais la matriarche avait vécu l'enfer, pendant presque douze longues et interminable heure de souffrance sous la neige pour donner naissance à sa fille. Ayzebel s'était toujours dit que son amour pour l'hiver pouvait venir de là, c'était de loin sa saison préférée. Elle aimait ce blanc à travers ce décor morose, le froid ne l'avait jamais gêné outre mesure. C'est avec une certaine adresse et un brin de grâce qu'elle suivait Howard en talon aiguille, évitant les plaques de verglas qui s'étaient formées sur les pavés. Last end était un endroit qu'elle voulait fuir mais elle devait reconnaître que cette ville avait son charme. Oui, c'était une ville à l'architecture ancienne et unique. C'était doute la seule chose qu'elle appréciait encore ici, outre certaines personnes pour qui elle s'était lié d'affection. C'est donc en silence qu'elle suivait son maître à travers la ville, jetant de temps en temps un regard dans sa direction. Elle se questionnait, la savoir là auprès de lui rappeler atrocement sa mère auprès de Pryam... D'ailleurs, elle n'avait jamais su qui était l'héritier de Pryam, Howard ou Morghann ? À bien y réfléchir, elle aurait parié sur Howard. Morghann bravait trop les lois, rien quand l'ayant pris pour Amante, il avait parfois cette nonchalance, rien que dans sa tenue vestimentaire. Howard quant à lui était toujours digne froid, il était comme ces rois austère et inatteignable. Oui, c'était forcément lui l'héritier....

En suivant le Lord, Ayzebel se rendait compte qu'il y avait une bonne partie de la ville qui lui était encore inconnue. Ce dédale ancien ne lui disait rien et aussi loin qu'elle s'en souvenait, elle n'y avait jamais mis les pieds. La cour qui s'offrit à eux semblait la proie de la nature et du froid, comme si l'endroit avait été à l'abandon. La sorcière baissa le visage, observant l'herbe qui soulevait les pavés et dû se faire prudente pour ne pas que ses talons ne se coincent entre eux. Cette sensation d'être dans un autre temps, si ce n'est même... hors du temps. C'était à la fois beau et sombre, triste et mystérieux. Lorsqu'ils entrèrent dans la bâtisse, c'est avec curiosité qu'Ayzebel tenta de voir au-delà de la silhouette d'Howard devant elle. Où l'avait-il donc emmener ? Se décalant légèrement, elle se mit au niveau du sorcier et observa l'endroit qui n'avait plus rien à voir avec l'extérieur tant ici, tout semblait incroyable. C'est avec les yeux d'une enfant qu'Ayzebel scruta ce lieu extrêmement singulier et d'une beauté mystique. Silencieuse, la libraire ne se défaisait pas de cette lueur dans son regard alors que doucement elle desserra son foulard. Ici la chaleur était plus importante, il y faisait bon vivre. C'était agréable, apaisant toutes ces couleurs, cette décoration fabuleuse. Il n'y avait pas de touche de modernité dans l'esthétisme du restaurant et pourtant, chaque endroit où les yeux clairs de la sorcière se posaient, semblait parfaitement différent. Aucune harmonie dans les inspirations et cependant, tout ne semblait concorder. Magique, c'était le seul mot qui vint en tête pour exprimer son ravissement.

Ayzebel se sentait un peu perdu dans cet endroit, c'était comme vivant, étrange. Elle suivit Howard, tâchant de ne pas trop s'éloigner de lui sans pour autant se faire trop présente. Où donc l'emmenait-il ? Toujours silencieux, c'était tout un mystère que de le suivre dans cet endroit. Quand il s'arrêta, la libraire fut prise comme d'un vertige. Avait-elle rêvé où tout venait de bouger ? Le sol n'était plus le même, toujours sombre mais plus beau encore. Baissant le visage, elle observa son reflet sur cette étrange matière dont ce sol était fait. Ici, c'était un autre monde empreint de magie et de poésie. Sombre et beau... Le visage de la sorcière se releva jusqu'à ce que sa tête ne se penche en arrière pour qu'elle observer le plafond qui semblait... vivant. Durant un instant, elle eut bien du mal à le quitter des yeux, se laissant emporter à cause de cette vision, ses images mouvantes. Le château des Earl, du peu qu'elle avait vu était un lieu très beau, le caveau des Tenak était aussi un endroit caché et merveilleux... Mais aucun de ces deux lieux ne valait cette pièce. Rien dans sa vie n'égalait cette beauté qui lui était offerte. Pour elle qui aimait rêver,se  plonger des heures entières dans des livres pour assouvir cette enfance brisée... Quoi de mieux que cet endroit ? C'était comme si tous ces livres qu'elle avait lus et relus durant sa vie semblaient soudainement fade. Même la faim semblait se tarir, comme si la vision sous ses yeux pouvait combler n'importe lequel de ses manques.

Ce fut finalement la présence une étrange créature qui força la sorcière à revenir les pieds sur terre. Mais pas pour longtemps car à peine eut-elle vu cette femme au physique atypique qu'à nouveau la sorcière se sentit plongée dans une délicieuse féerie. Quelle beauté... La jolie créature les mena droit dans un endroit calme, posé et à l'abri des regards. Ayzebel pensait à la fin des surprises et pourtant ce ne fut pas le cas, le mur à l'image du monde aquatique était lui aussi doué de vie. Le visage de la sorcière s'illumina à nouveau alors qu'elle retira son manteau et le déposa sur le dossier de la chaise pour ne rester qu'en petit chemisier de soie d'une couleur immaculé. Ses manches n'étaient pas assez longues, se terminant au milieu de ses biceps et décoré d'une légère dentelle, elles laissaient entrevoir sous chacun, à demi-caché, des symboles ésotériques. Derniers stigmates de son rituel fait avec Morghann, ces marques étaient tout juste cicatrisées, encore rougit, elles semblaient récentes alors qu'elle avait déjà presque un mois. C'était l'une des choses qui l'avait d'ailleurs inquiété, cette lente cicatrisation. Mais avec les semaines la sorcière avait appris à ne plus vraiment y faire attention, si bien qu'elle ne prenait pas vraiment garde au fait que son chemiser ne recouvrait pas totalement les clés.

Quand Howard lui demanda de ne pas parler trop fort, la sorcière porta sur lui un regard pétillant et sourit, elle répondant par un simple signe de tête. Comme elle était heureuse ! Un bonheur qu'elle avait bien du mal à cacher d'ailleurs, elle rayonnait la petite Tenak, ici dans cet espace sombre et féerique. La dernière fois qu'elle fut aussi joyeuse, ce fut avec Anthony, lors de cette danse dans ce minuscule restaurant chinois. Le plus étrange était de prendre conscience que c'était Howard, cette fois, qui arrivait à déclencher cette joie intense. Lui, à qui elle aurait pourtant volontiers arraché les yeux en souvenir de leur rencontre. Toute colère avait disparu, comme-ci ce n'était qu'un mauvais souvenir. Le cœur léger et l'esprit reposé, Ayzebel se délectait du silence. Un léger sursaut la prit quant à côté d'elle, une anémone apparut, florissant lentement dans une beauté toute particulière. L'oeil toujours aussi pétillant est un sourire qui semblait graver sur son faciès, elle tendit doucement la main vers cette plante aquatique mais avant qu'elle n'eut le temps de l'effleurer, celle-ci mourut sous ses yeux mais n'entacha en rien la bonne humeur de la sorcière. Lentement, elle reporta son attention sur le Lord, dardant sur lui son regard clair et brillant avant de sourire plus tendrement et souffla.

« Singulier oui... je n'avais encore jamais vu un endroit comme celui-ci, mon Lord... Merci de l'avoir partagé avec moi. »

De plus belle, elle observe ce mur avant de tendre une main hésitante vers lui et d'en toucher la surface d'une caresse du bout des doigts. C'était froid, vibrant, magique. Sa paume se colla sur le mur et dans un nouveau murmure elle ajouta à son comparse.

« Cela me rappelle comme il est important de préserver le secret... Protéger ce monde qui est le nôtre, sa beauté... »

Retirant sa main d'un geste lent, la sorcière observa les verres que l'on venait de poser et observa le liquide sombre en sombre cœur. Vin ? Peut-être pas... Curieuse mais soudainement méfiante face à l'inconnu, Ayzebel observa Howard qui lui commençait déjà à boire. Comme rassuré de le voir lui se livrer à cette délectation, la sorcière saisit le verre et le portèrent à ses lèvres avant d'y tremper doucement les lèvres. De l'eau... Juste de l'eau. Elle jeta un regard perplexe à Howard avant de sourire à nouveau face à cette étrange découverte puis en but une longue gorgée et souffla.

« Ais-je droit de... Discuter avec vous plus.. sereinement ? je veux dire, converser simplement et honnêtement, maintenant que nous sommes hors du cadre professionnel ?»

Dim 3 Avr - 14:03
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Howard Earl
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Singulier était un mot humain, et bien qu'il estima qu'il soit ce qui se rapprochait le plus justement de l'essence de ce lieu, il s'agissait évidemment d'une approximation des plus gauches. Aussi gauche, en vérité, que l'était le langage humain en comparaison de ce qu'était l'immensité qu'il tentait de décrire. Le langage humain oui, non les langues humaines, car elles avaient toutes les mêmes défauts, et un en particulier : ils étaient humains. Par définition, ce qui était humain était étriqué. Non que ce soit la volonté de l'humanité que d'être étriquée, quelle race l'aurait désirée ? Mais elle l'était pas formation, par naissance. Elle avait été créée étriquée, ses sens tronqués, son esprit enfermé dans un cocon, certes protecteurs aux yeux de certains, mais qui n'en restait pas moins un frein à toute forme de réelle compréhension du monde. Et tout ce que l'humanité pouvait construire, faire naître, à quelques rares exceptions près, était de même nature : étriquée. Cela n'ôtait en rien le remarquable des créations en question, pour une race comme la leur, et il n'était jamais dans son intention de dévaloriser ce que leurs ancêtres avaient accomplis. Il restait parfaitement factuel, et les faits étaient là, le langage humain comme toute création humaine, n'était pas à-même de réellement décrire la profondeur de telles occurrences. Pourquoi l'utilisait-il alors ? Parce qu'il n'en avait aucun qui convienne mieux que celui-ci pour lui transmettre ses pensées, et parce qu'après tout : il était également humain. Pas n'importe quel humain, certes, mais un humain. Son instinct, imprimé dans ses gênes depuis des générations, tout comme l'essence de sa magie, l'incitait à se tourner vers le langage humain en premier lorsqu'il devait s'exprimer.

L'un dans l'autre cependant, et il fallait y revenir, c'était que le mot singulier se rapprochait de ce qu'il concevait du lieu. Les lieux comme celui-ci n'étaient pas nombreux, et contrairement aux Nexus, ils ne l'avaient jamais été. Rare aurait donc été également un bon terme, bien qu'il ne fut pas exactement ce qu'il avait en tête, et qu'il ne convoya pas la même image. Rare n'était pas forcément singulier, simplement difficile à trouver. Dans leurs cultures humaines, les deux concepts se suivaient souvent : ce qui était singulier était par définition difficile à trouver. Dans l'absolut du monde, ce n'était pas forcément le cas. Mais aucune expérience de masse ne pourrait le démontrer, il appartenait à un petit nombre de faire exister cette vérité contraire. Contraire mais non opposée. Il s'agissait simplement d'une différence notable de… monde. Mais tout cela, elle n'en avait probablement aucun conscience. Et sans doute était-ce mieux ainsi. Il n'estimait pas que de vivre avec ces considérations dérivatives et conceptuelles était un confort. Si ce poids n'était nullement nécessaire, pourquoi donc l'infliger ? Elle avait d'autres préoccupations. Et c'était également parce qu'elle avait d'autres préoccupations qu'il estimait qu'elle n'avait nulle raison de le remercier. Impossible sans doute de le lui faire comprendre ou accepter, et il ne cherchait d'ailleurs pas à le faire car comme pour tout apprentissage, un enfant devait expérimenter pour agréer, peu importe ce que les adultes aient pu lui conseiller. Ce fut exactement avec cette pensée en tête qu'il hocha simplement la tête, l'observant toujours. Il y avait cependant une seconde raison qui le poussait à ne rien dire : ce ne serait pas productif. Hors tout le point de s'installer en un lieu sans écho était bien que tout ce qui pourrait éventuellement se dire ici ne serait espionné par personne.

Il l'observait, son regard sombre braqué sur elle, la mirant sans vaciller. A sa demande, pourtant, il laissa son souffle quitter ses lèvres lentement, en une exhalaison posée et prolongée qui abaissa légèrement son torse et ses épaules. Ses doigts posés sur la table, légèrement courbés, bougèrent sensiblement et virent caresser le pied de son verre, un tic pensif qui se poursuivit quelques instants tandis qu'il pesait ce qu'il pouvait, ou plutôt voulait lui dire. Elle n'était qu'une femme du peuple, une Tenak exilée… la logique première voudrait qu'il ne se montre pas aussi précautionneux, n'ayant rien à craindre d'elle. Et en un sens il n'avait effectivement rien à craindre d'elle. C'était néanmoins ce qui pourrait se transmettre de ses paroles qui l'inquiétait quelque peu. En bon politicien, du moins estimait-il être un bon politicien, il savait que transmettre et faire transmettre sa parole exactement comme il le désirait était très important. Encore plus dans une telle situation puisqu'ici, s'il l'avait pu, il n'aurait rien accepté de voir se répandre. Ne le pouvant pas, il fallait faire au mieux. Le tout était de savoir ce qui était effectivement le mieux…. « Le langage humain est une merveilleuse invention » A première vue, aucun rapport, n'est-ce pas ? « Perfectionnée durant des milliers d'années en un processus endogène à chaque contrée, chaque peuplade de chaque contrée, parfois chaque groupement de ces peuplades, influencées, d'une base commune, par leurs conditions de vie, et les expériences que chaque groupe pouvait vivre » Sa voix était posée, tandis qu'il prenait son temps, ponctuait chaque phrase d'un léger silence pour marquer le pas. Une voix dont il aurait usé pour l'un des nombreux colloques auxquels il participait en compagnie des éminences de la communauté scientifique.

« Cependant, pour la totalité des langages existants, on trouve une grande tendance : chaque mot peut renfermer plus qu'il n'y paraît, car chaque mot garde une place pour l’interprétation. Un vide, si vous souhaitez le voir ainsi, qui peut être rempli en fonction de chaque situation, mais surtout… en fonction de ce que les créateurs du mot en question, les linguistes, et l'ensemble de la communauté imaginent avoir oublié d'ajouter à ce mot. Certains imaginent que ce vide volontairement accordé dans la science du langage serait la preuve d'un instinct de faillibilité qui ne dépendrait d'aucun ego. On peut également l'envisager, en un sens, comme étant dû à la limite de ce que chaque mot peut faire appréhender de l'objet décrit... » Il prit le temps de reprendre son verre et d'en boire une nouvelle gorgée avant de parler à nouveau, laissant l'eau particulièrement riche en minéraux lui hydrater la gorge. Elle avait un léger goût, fatalement, mais il était délicat à son point de vue, et agréable le changeant de la brûlure de l'alcool fort comme le whisky qu'il avait pu descendre en compagnie de Moïra. Plus à son goût également. L'alcool, il n'y goûtait plus tant que cela, sauf en des occasions spéciales, comme cette rencontre avec la créature. Il pinça un instant les lèvres, reposant le verre qui tinta légèrement dans le mouvement, et reprit finalement, sans se presser. « Lorsque nous parlons de secrets, ou du Secret, comme pour chaque autre terme, nous nous servons bien entendu de cette part de vide, nous la remplissons en un sens. Certains attributs une connotation négative à ce terme de secret, en particulier lorsqu'on l'utilise comme nom propre… des membres des deux communautés, l'Endroit et l'Envers, ont de longue date reproché à ma famille les secrets qu'elle entretient, à titre d'exemple »

Il aurait sans doute pu choisir n'importe quoi d'autre, mais il avait décidé de piquer sans en avoir totalement l'air l'épineux sujet qui avait divisé cette femme et son frère durant la période des fêtes de fin d'année. Pourtant, l'exemple prit n'en était pas moins pertinent. Il poursuivit d'ailleurs sans manifester de réaction particulière : « D'autres estiment que les secrets, toujours en cette association d'un nom commun, seraient bénéfiques si correctement dosés. Le secret professionnel par exemple, est source de soulagement et de confiance pour beaucoup de patients et de clients... » Son regard la scrutait toujours, ne regardant rien du décor pourtant fantasmagorique qui évoluait autours d'eux, des scènes naturelles, souvent des spectacles de profondeurs abyssales, hors de portée de la majorité des humains. Les formes blanches et argentées, parfois légèrement crèmes et toujours lumineuses, se formaient, dansaient un bref instant puis s'étiolaient ensuite sans un son. Il les connaissait bien. Très bien même, durant ses premières visites, il était resté des heures à les regarder, essayant de comprendre le sens caché, la magie derrière ces merveilleuses créations… sans jamais y parvenir. C'était l'une des occasions qui lui avait révélé ses propres limites. Il l'avait accepté, il n'avait guère eut le choix. « Le Secret, tel qu'on le conçoit pour les projets du monde de l'Envers, le nom propre, celui qui sur les titres officiels s'écrit avec un grand S… celui-ci aussi, comporte sa zone de vide. C'est en un sens cette zone de vide que les troubles actuels testent, ceux qui veulent se baser sur cette logique d'une faillibilité dans le sens du Secret et de ceux qui l'ont conçu mettent en avant non point le mot lui-même, mais ce qui se trouve derrière lui… du moins est-ce ainsi que je conçois les choses. Et je les approuve »

C'était un avis dissident qui, lorsqu'il était ainsi énoncé, pouvait lui valoir de gros ennuis. Mais il ne s'en tenait pas à cette lapidaire énonciation, jouissant en cela de son statut et de l'aura de sa famille… « Je les approuve car il y a énormément de matière derrière ce grand Secret. Certains domaines sont à couvrir d'absolue façon, l'ampleur de la réalité magique pour l'exemple, d'autres… d'autres pourraient sans doute être discutés. Peut-être pas révélés maintenant, pas dans l'immédiat, mais néanmoins discutés. Si je devais n'émettre qu'un reproche, réellement présenté comme tel, ce serait le manque de communication que préserve nos institutions… » C'était ce qui, le mieux, exprimait la différence entre une démocratie et une dictature, l'atteinte à la liberté de parole et d'expression. C'était le ciment même qui empêchait leur monde d'évoluer et de s'adapter en profondeur. Son monologue se détournait cependant de son but premier, et il fallait indéniablement y revenir pour réellement avancer sur la pente qu'il souhaitait donner à cette discussion. Une ombre, à l'extérieur de l'alcôve, bougea, lui faisant enfin, un instant, détourner le regard de sa compagne, avant qu'il n'y revienne. Il hocha légèrement la tête, plus pour lui que pour quiconque d'autre, et reprit enfin : « Ce lieu, son existence, ne sont connus que d'une poignée d'individus, dont vous faites à présent partie, Mademoiselle Tenak. J'aimerais que vous chérissiez ce secret comme il se doit, que vous le conserviez comme il se doit. Si c'est vous qui jouissez à présent de l'honneur d'observer ses lieux, et pas quelqu'un d'autre, c'est qu'il y a une bonne raison à cela. Tout comme il y a une très bonne raison pour que le Secret ait divers degrés, et que chacun soit réservé à un certain nombre d'êtres… Tirez-en, je vous prie, les conséquences qui s'imposent d'elles-mêmes face à ce fait »

Nouvelle pause, nouveau silence, nouvelle observation, le temps de quelques battements de cœur. Cette pause fut mise à contribution par l'hôtesse qui les avait reçu et qui vint se glisser devant leur table en toute tranquillité. Encore une fois, elle ne parla pas, mais n'en avait pas besoin. Howard se contenta de commander ce qu'il désirait manger puis indiqua à Ayzebel de faire de même, et, se rappelant qu'elle ne connaissait pas la carte, en demanda une. L'hôtesse en produisit un exemplaire immédiatement, échangea un regard avec Howard et s'éloigna, donnant du temps à la jeune femme pour choisir. Lorsque ce fut fait et qu'ils eurent enfin passé une commande complète, de nouveaux seuls, il énonça enfin : « Mademoiselle Tenak, sachez que je ne sors que rarement du cadre professionnel, et jamais avec mes futurs sujets. Hors c'est ce que vous êtes. Cela étant dit, vous avez le droit de me parler si vous le nécessitez » Son regard se fit, si c'était seulement possible, plus sévère encore, alors qu'il dictait de sa voix claire de maître de débats « Je suis sans doute Lord, mais cela ne fait que renforcer ma disponibilité pour ceux qui le souhaitent. Quant à votre sérénité, si vous êtes la seule à-même de l'exercer, je ne peux que chaudement vous conseiller de l'immortaliser… je ne suis pas un chausse-trappe, si quoi que ce soit me déplaît et nécessite d'être adressé, cela le sera » Il résista à l'envie de lui demander, tout de même, de choisir ses propos avec soin si elle désirait lui parler de Morghann, mais cela admettait bien trop de complication pour qu'il se l'autorise. Cela n'avait peut-être rien à voir avec lui et il l'espérait réellement. D'un geste de la main, il l'invita : « De quoi vouliez-vous m'entretenir ? J'espère que vous n'avez pas l'intention de me demander de vous prendre avec moi pour un pèlerinage sur la tombe de messire de Léon... » C'était énoncé d'une traite, de ce même ton sérieux et le visage grave fermé comme à son habitude. Et pourtant, il n'était qu'à demi sincère. Il pourrait toujours l'utiliser comme distraction s'il avait besoin de voler le cadavre….

Mer 6 Avr - 18:16
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La conscience... Où était sa limite ? Où commençait-elle, où finissait-elle ?
C'était la question qui traversait soudainement l'esprit de la sorcière dont les yeux ne quittaient plus le faciès de son maître. Au fil des secondes, la voix calme et suave d'Howard plongeait la sorcière dans les méandres de son esprit, la forçait à une réflexion poussée presque toxique tant les questions se bousculaient dans cet esprit. Ces secondes qui s'écoulaient où seul la voix du Earl brisaient le silence semblèrent duré une éternité. Pourtant Ayzebel n'y trouva aucun ennuie, bien au contraire. Son seul véritable souci fut qu'il lui était difficile de comprendre l'étendue des explications de son compagnon de table. Les nuances du secret... Elle n'avait jamais perçu cela comme ça. Pour elle comme pour beaucoup d'autre, le secret était une chose vue dans sa globalité pour parler de l'envers... Mais finalement, personne ne voyait plus loin. Ni elle, ni les autres, même certains qui ne clamait haut et fort Leur Grandeur et leur appartenance au dit Secret ? Le rigide petit monde de la sorcière sembla soudainement mis à rude épreuve, son esprit n'était plus qu'une masse informe de question, de remise en cause et de prise de conscience. La réalité, la vérité et la subjectivité se mêlaient dans un ballet chaotique. Elle sentait la migraine qui se frayait un chemin à travers son esprit, rongeant ses pensées qui pullulaient comme des dizaines de parasites. Les secrets derrière le secret... Et quand bien même d'autres en prenait conscience, qu'arriverait-il ? Quels étaient donc tous ces secrets ? Sur quel sujet ? Sur quelle histoire ? La magie était compliquée, complexe et demandait toujours un prix à payer. Il en allait de même pour la vérité. Quand le nécromant mentionna les reproches faits à sa famille, Ayzebel sentit son corps se tendre alors que son regard se darda sur son maître. Dans l'igloo, Morghann avait bien tenté de le lui dire. Lui dire seulement, pas l'expliquer, pas comme Howard venait de le faire avec calme, diplomatie et intelligence. Sans même que l'Earl ne mentionne l'envers du décor, qu'il mentionne l'un des secrets en question, il ne fallut pas plus à la sorcière pour comprendre qu'elle s'était trompé, lourdement. Juger sans savoir... Ayzebel se maudissait intérieurement alors que les paroles de sa mère lui revinrent en tête et qu'elle répéta simplement, dans un souffle faible.

« Oeuvrer pour... Quelque chose de plus grand que nous. La mère me disait cela tout le temps, quand j'étais enfant....»

Qu'avait-elle fait toutes ces années, si ce n'est perdre son temps et courir après un bonheur qu'elle n'obtiendrait probablement jamais ? S'éloigner de son peuple, de son monde... Ayzebel s'était elle-même voiler la face pour ne pas avoir à assumer sa position. Elle avait reproché bien des choses à sa mère mais finalement, n'était-elle pas aussi coupable que Galéa ? Elle venait de fêter ses trente ans et pourtant Ayzebel n'avait rien accompli pour l'envers là où des familles comme les Earl se saignaient depuis toujours pour le secret. Douce ironie, l'amertume gagne la sorcière qui baisse le regard alors qu'elle saisit l'ampleur de la chose et à quel point elle n'est qu'une minuscule et insignifiante créature dans l'engrenage complexe de l'envers. Elle qui s'était cru si intelligente, notamment par force de travail, réalisait finalement comme son esprit était resté fermé, hermétique à tout ce qui constituait ce monde. Pourtant malgré cela, les explications du Earl restaient floues sur certain point, Ayzebel avait encore du mal à saisir le sens de tout ce qu'il disait. Son esprit n'était pas aussi aiguisé que celui d'Howard et elle ressentait pleinement ce fossé entre eux, qu'elle traduit par un silence à la fois gêné et respectueux.

Son esprit bouillonne, il s'ouvre au fil des secondes qui s'écoule. Le visage de la sorcière s'était fermé, en proie à une expression indéchiffrable alors que son regard lui restait tourné sur Howard, le dévisageant sans même un battement de cils. Ayzebel s'était faite statue de marbre face à son maître qui se faisait mentor à cet instant, lui apprenait le sens des mots, du secret. Les regrets se faufilaient à travers les pensées, ceux d'une mère qui l'avait si durement bridé et l'avait empêcher de prendre conscience de cette grandeur qu'était leur monde, ceux d'un amant qui par excès d'angoisse n'avait sût trouvé les mots pour lui expliquer à son tour. Puis vint le soulagement, celui offert gracieusement par Howard dans sa grande sagesse. La sorcière n'osait parler, de peur de casser cet instant alors que doucement, elle pivota le visage, plantant ses prunelles clairs sur cette fresque vivante qu'était le mur alors qu'à nouveau une anémone fleurissait avec beauté, juste là, à portée de main. Lentement la femme tendit le bras et cette fois put attendre la fleur aquatique qui vibra à son contact avant de se rétracter et disparaître. Howard avait raison, la communication était un problème, mais il fallait savoir doser, comme tout. Combien de gens dans cette ville, dans le monde, étaient dans sa position, plongé dans l'inconnue de leur propre univers ? La douleur dans son crâne s'intensifia, elle réfléchissait trop, sans doute... Quand Howard mentionna ce lieu, l'importance de préserver cet endroit connu de peu du monde, la sorcière en éprouva une certaine fierté. Cela faisait-il d'elle un privilégié ? Ce n'était pas là une pensée narcissique mais plutôt une sensation enivrante de confiance, comme ce besoin d'être utile. Howard avait cette magie des mots, avec lui elle ne se sentait pas insignifiante. Troublée, perplexe était la sorcière dont la main s'abaissa avant d'être ramené contre son ventre, elle prenait conscience que depuis quelques instants déjà, elle respirait tout juste, rendant ses muscles douloureux.

« Je ne peux me vanter d'avoir fait de grandes choses, sans doute même n'en ferais-je jamais... Je ne peux me vanter d'avoir un esprit si ouvert et n'aiguiser que le vôtre. Vous voyez tout d'une façon incroyable, je ne sais si ce n'est là, la façon dont vous appréhendez le monde, si c'est votre conscience qui va au-delà du commun des gens... je ne peux espérer un jour être à votre niveau, avoir ne serait-ce qu'une partie de votre intelligence... Mais... Il y a cependant une chose que je sais faire, garder un secret. »

Un sourire triste et doux passa sur le visage de la sorcière qui releva. Durant un instant elle dévisagea encore le Lord, s'imprégnant de son calme pour tenter d'apaiser son esprit. Au fond, elle était juste heureuse d'avoir quelque chose de particulier à partager avec quelqu'un, c'était doublement agréable d'avoir ce petit secret, ce lieu plaisant, en commun avec son maître. Comme une agréable récompense.

« Notre rencontre a été... difficile. Je tenais à m'excuser pour mes mots, mon comportement... Je ne vous ai pas offert l'image d'une femme agréable. Je n'ai fait aucun effort... J'étais si méfiante, effrayé... Non pas par vous, mais par tout et tout le monde. Je tenais à vous faire mes excuses mon Lord, sincèrement. Je ne veux pas que vous pensiez de moi que je sois une personne ingrate, je ne le suis pas... je n'ai pas oublié non plus que... Vous avez préservé ma vie, face à cette goule. »

En confiance, Ayzebel l'était. Encouragé par Howard, la sorcière avait éprouvé ce besoin de clarifier leur rencontre, de faire au moins ses excuses pour aller de l'avant. Elle en avait assez d'être enchaîné à ses regrets, ses peurs, vestiges d'un passé douloureux. Trouver le moyen de s'en défaire n'était pourtant pas une chose aisée, cependant, aller vers les autres et tenter de repartir sur une bonne base lui semblait importante. À commencer par Howard qui lui offrait là, le meilleur des occasions. Le sourire de la femme se fit moins triste et son regard se raviva doucement alors qu'il se posa sur la carte donnée par l'hôtesse. Il ne fallut pas longtemps à la sorcière pour laisser sa gourmandise parler et se décida à prendre un plat constitué de poissons et de légumes ce qui était de loin, la chose qu'elle préférait manger. Howard la rassura bien vite sur le fait qu'elle pouvait lui parler, lui le prince disposer à guider ses sujets. Elle se détendit à nouveau, saisissant son verre, la femme but une longue gorgée de cette eau délicate au goût différent tout comme l'était sa couleur. Ayzebel n'avait qu'une envie, savourer ce repas, cette ambiance et la compagnie d'Howard, elle espérait que cela ne se terminerait pas trop vite, juste assez pour lui laisser le temps de graver ce beau souvenir dans sa mémoire. Oui, un magnifique souvenir qui saurait la réconforter dans les sombres moments qu'ils lui restaient encore à affronter. Il ne lui en fallait pas beaucoup, elle était de ces gens qui donnaient de la valeur à l'être intérieur, aux souvenirs qui pouvaient éclairer toute une vie, soulager la peine et chasser le doute. Howard venait de lui donner plus de lumière qu'il n'en fallait, assez de force pour avancer, continuer et si le destin le permettait, enfin s'impliquer réellement pour l'envers et ce monde qu'elle chérissait malgré tout. La mention de Ponce de León arracha une moue amusée à la sorcière avant qu'un rire ne passe ses lèvres. Un rire léger, véritable source de joie qui trahissait un bien-être évident, cependant elle ne laissa pas sa joie briser l'harmonie du lieu, rendant son rire discret. L'oeil pétillant de malice, la sorcière porta sur le Lord un regard brillant avant de lâcher sur le ton de l'amusement, de la complicité.

« Oh ne me mettez pas aux défis mon Lord, je serais capable de vous traîner jusque là-bas. »

En réalité, c'était une chose qui lui aurait plu, énormément. L'un des nombreux regrets de sa vie avait été de ne pas voyager. Pour elle qui aimait tant les mystères du monde, se gaver de savoir et de connaissance, le voyage était une chose qu'elle affectionnait et pourtant, hormis Last End, les seuls lieux qu'elle avait vus ou entrevus se limitaient à Londres et le chalet près du Ben Nevis. Alors oui, pourquoi pas après tout ? Qu'est-ce qui les empêchait d'aller sur cette tombe pour courir après les mystères et percer les secrets de la fontaine de jouvence ? Pour lui, ses obligations et sa famille sans doute, pour elle... c'était lui. Sans lui, cette tombe n'aurait sûrement aucun intérêt après tout. Le tombe de Ponce de León ne resterait donc qu'une pointe d'humour bien qu'au fond, cela lui rappelait ses envies d'évasion, de parcourir le monde. Avec plus de sérieux, Ayzebel soupira, chassant son hilarité et ajusta sa position sur sa chaise pour enfin reprendre la parole.

« Eh bien... Pour être tout à fait honnête mon Lord, j'espérais juste pouvoir profiter encore un peu de vos connaissances. J'ai récemment eu des... révélations sur ma vie mais... beaucoup de choses sont floues où nécessitent des connaissances que je ne dispose pas et que je ne trouve pas dans les livres. C'est pourquoi je n'ose en parler à qui que ce soit, j'ai besoin d'une personne de confiance capable de chasser ce flou sur mes souvenirs... je pense que vous êtes la bonne personne pour cela, mon Lord. »

Un nouveau sourire, bref mais polis, agréable. Ayzebel aurait pu en parler avec Morghann mais à quoi bon ? Ces souvenirs ils les avaient vus il les avait vécus et ressentit. Il avait été là à chaque seconde où la noirceur de son passé l'avait heurté avec une violence excessive. Une nouvelle gorgée de cette eau sombre et la sorcière lâche envers sa première question, murmuré avec douceur tout en plongeant à nouveau ses yeux clairs dans ceux d'une sublime couleur d'obsidienne du nécromant.

« Lord Earl... Que savez-vous de l'homme pâle ? Je sais qu'il a un lien très fort avec ma famille, un lien particulièrement négatif mais... »

La libraire marque une pause. Son regard se fait vide, triste à nouveau. Durant un instant elle hésite à se confier, de peur que lui, l'homme sans enfant, ce Lord froid et distant ne puisse comprendre. Mais elle se souvient qu'il l'a invité à parler, à se confier.

« Il a tué mon enfant. Ma première fille... dévoré lentement jusqu'à ce que je donne naissance à une chose informe et morte. J'ai... J'ai besoin de savoir ce qui m'a été caché sur cette créature, savoir pourquoi on a occulté mes souvenirs à ce sujet... J'ai bien essayé de faire moi-même des recherches mais... Rien. Je ne trouve rien... Alors, je ne serais as contre la moindre information à son sujet. »

Jeu 7 Avr - 12:20
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
PROFESSION : Neurologue
Crédits : Meridya
Messages : 1442
Points : 4031
Howard Earl
Le Sacrifié

Œuvrer pour le plus grand bien, pour le bien commun, celui de tout l'Envers… c'était là le but premier de sa famille. Son but historique, celui pour lequel ses ancêtres avaient gagné le titre de Lords. C'était également le but de nombre d'autres familles, d'autres individus, unis au sein du Cénacle afin d'éclairer la voie vers le futur que les leurs emprunteraient. Unis, et dépassant leurs différences, leurs inimités parfois millénaires, s'oubliant dans l'accomplissement d'un devoir antique : protéger la communauté. C'était ce qu'on lui avait enseigné depuis son enfance. Et il en avait toujours conservé le souvenir, même après son départ de Last-End. Ce devoir n'était pas ce qu'il fuyait en lui-même… c'était quelque chose qu'il respectait et avait toujours respecté. Pour autant, il n'était pas une évidence. C'était ce que certains semblaient penser, lui en doutait fortement, aussi était-il surpris qu'elle en arrive à une telle conclusion aussi vite. Ce n'était nullement le moment d'avoir cette discussion cependant ou d'éprouver ce qu'elle voyait et exprimait, tout ceci n'était en fin de compte qu'une illumination presque collatérale de ce qu'il cherchait à exprimer. Une occurrence qui n'était nullement à regretter mais qui méritait son propre instant, pour fleurir comme il le fallait. Un concept se formait rarement en une fois, bien que sur l'instant de son apparition, ou dans les moments qu'on lui accordait, on puisse avoir l'impression d'en avoir terminé. En réalité, c'était rarement le cas, et une seule idée pouvait évoluer durant toute une vie. C'était là un des avantages de l'humanité. On s'ennuyait rarement lorsque l'on voulait bien garder l'esprit affûté…

Du moins était-ce là l'un des bons côtés qu'il trouvait à sa condition de mortel. C'était sa façon à lui de voir et percevoir les choses. C'était sa façon à lui de trouver une cohérence en l'existence même de la race humaine face à ce qu'il avait entrevu du reste des univers. En un sens, cela allait effectivement de pair avec son appréciation, mais elle lui attribuait néanmoins beaucoup trop de mérites. Il était loin de l'image qu'elle semblait se faire de lui… comme Eurynome s'amusait à le lui rappeler, à insister sur son jeune âge en comparaison de l'antique des secrets de leur monde. Aux yeux des anciens, aucun enfant n'était assez mûre, ne s'était assez avancé sur le chemin de la compréhension au travers de la vie pour espérer s'affirmer dans la hiérarchie naturelle qu'il présidaient. Et pourtant cela ne l'irritait pas tant que l'attitude du prince démoniaque à son égard, qui oscillait, l'acceptant parfois comme un égal pour l'infantiliser l'instant suivant. Il aurait voulu qu'Eurynome lui donne plus de crédit. D'ironique façon, c'était également ce que tout enfant voudrait de la part d'un parent, même sans le savoir, même sans l'exercer de façon volontaire. Peut-être était-ce également ce paradoxe qui l'agaçait. D'un cillement de paupière, il tâcha de mettre ses pensées de côté tandis qu'à nouveau, elle lui parlait… « Comme j'aurais préservé n'importe qui, nul besoin de me remercier pour ce qui n'est qu'une réaction parfaitement logique et naturelle  » C'était également son devoir, et c'était un code de conduite que tout un chacun aurait dû être capable de supporter. La réalité était pourtant loin d'être aussi plaisante à contempler, mais il n'avait pas à s'abaisser au niveau du reste de la populace si celle-ci n'était pas apte à la discipline.

Ses mots n'étaient pas agressifs, mais ils portaient cette sévérité avec laquelle il cohabitait en permanence, qui de lui émanait.Il ne jugeait pas de sa sincérité, seulement du cheminement qui l'avait conduit à se sentir le devoir de chérir l'évidence. Il était terriblement attristant, fatiguant de contempler ce qui pourrait être, devrait être aux yeux de la masse l'expression d'une bonne éducation et d'un esprit agréable, et de n'y voir que la corruption de meilleurs idéaux, les travers du genre humain institutionnalisés désormais plutôt que rectifiés. C'était un exemple parfait des ingérences que la course à l'évolution avait engendrée. Il n'adhérait pas à tout cela même s'il ne pouvait guère faire autrement que de tomber dans certains travers inconscients. Ainsi était-il, exemple d'humanité, tout comme son interlocutrice, qui semblait soudain beaucoup plus à l'aise, ayant abandonné une partie de sa réserve. Mais ce n'était pas un instant plaisant pour autant, pas pour lui en tout cas, pas au vu de ses questions, de ce qu'elle mettait à plat. Ce qu'elle abordait, ces sujets, étaient sensibles, délicats à bien des égards...Des révélations récentes dans sa vie ? Oui, il avait cru comprendre cela effectivement. Il ne s'attendait pourtant pas à ce qu'elle l'interroge lui entre tous, alors même que… mais c'était vrai, elle n'avait pas conscience de la situation. Elle était candide, comme une enfant, et enfant elle était au vu de son ignorance des secrets de la magie. Elle apprenait après être restée dans l'ombre… parfois de la manière la plus violente qui soit. « Je tâcherais d'être à la hauteur de vos attentes en ce cas  » Que pouvait-il dire d'autre ? La repousser ? Oui mais qui lui ouvrirait alors les yeux ?

Il se mura un moment dans le silence, pondérant la situation, goûtant son ironie mordante. Il aurait pu refuser de répondre oui, cela aurait été plus simple pour lui, moins difficile… mais il avait des devoirs hélas et ne pouvait s'y dérober. « Je ne sais ce que vous espérez vraiment entendre à son sujet…  » Il croisa péniblement les jambes, posant une pression sur celle qui le faisait souffrir, laissa un moment s'égrener avant de reprendre « L'homme pâle est l'ogre originel, le premier de sa race, venu au monde bien avant les êtres humains. C'est une créature immortelle et presque invincible, que l'on dit atroce à observer, mortelle pour quiconque l'approche, enfermée dans un palais souterrain à la richesse démesurée  » Il soupira légèrement, déglutit puis reprit en observant le décors aquatique « Il est… le prédateur naturel des hommes. L'un d'entre eux. Nous sommes les lapins qu'il chasse. Une source de nourriture. Où que nous nous cachions, il nous retrouve. Il nous connaît… Son palais est un appât pour les jeunes enfants, les tentant avec de la nourriture, des mets magnifiques, avec des richesses, des merveilles, et quand on touche, qu'on se laisse tenté… on est déjà mort  » C'était le monstre dans le noir, la chose horrible dont on ne pouvait nullement se débarrasser, un cauchemar que partageait l'humanité. Seule la magie, une puissante, très puissante magie, permettait de s'en protéger un tant soit peu… « Je ne sais guère que vous dire de plus que cela, si ce n'est que votre esprit a sans doute été altéré pour vous éviter de conserver l'image terrible de votre progéniture morte  »

Il eut un léger mouvement de tête, puis d'épaules, le sujet ne le mettant guère à l'aise. D'un regard grave, il l'observa avant de reprendre après un instant de silence posé : « Pour lui, les humains ne sont que de la nourriture. Il n'a pas dévoré votre enfant par malveillance, par cruauté… il l'a fait parce qu'il doit se nourrir. Tout comme son apparence n'est pas le reflet du mal qui l'habite, du moins d'après moi, mais simplement ce que la nature et la magie ont voulus qu'il soit. Il est cependant terriblement dur pour nous, êtres humains, d'appréhender de tels concepts  » Et encore plus dur quand on en était victime… « Je ne vois guère quoi vous dire de plus. C'est un être qui apprécie les secrets, et le Secret… un soutient pour le monde de l'Envers autant qu'une menace  » Il s'interrompit en jaugeant de ses réactions, attendant sans doute également les questions qui pourraient survenir.

Mer 20 Avr - 15:34
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Une réaction logique et naturelle...
Pour Howard, avoir préservé la vie de sa servante était normale, pourtant la libraire savait que tous n'auraient pas agi ainsi, surtout dans sa famille. C'était juger sans savoir, mais elle avait ce sentiment intérieur qui lui disait que peu d'Earl aurait réellement cherché à sauver sa vie. Sans doute se méprenait-elle, c'est pourquoi Ayzebel se garda de dire sa façon de penser, aussi bien par respect pour Howard et sa famille que pour éviter d'avoir à abîmer l'ambiance agréable qui régnait.

« Votre humilité vous honore, mon Lord... Mais des remerciements s'imposaient tout de même. Je n'ai malheureusement que peu de moyens de montrer ma reconnaissance, alors si je peux au moins le faire de vive voix, acceptez-le, s'il vous plaît... »

Car il était bien là le principal souci de la sorcière. Désireuse de montrer sa reconnaissance, de rendre le pareil... Mais comment ? Comment faire cela auprès de lui ? Howard était un étranger, un pur mystère. Il semblait tellement à part, non pas parce qu'il était un Earl, mais simplement pour sa façon d'être, de penser, d'agir surtout. La Tenak se sentait en confiance, en sécurité... Et cela faisait bien longtemps que ce n'était pas arrivé. Elle avait ressenti cela avec Morghann, au début... Beaucoup moins maintenant. Quant à Anthony, la situation était bien trop difficile. Non, elle n'aurait pas été en sécurité avec lui et c'est bien pour cela que son ami avait pris ses distances. Trois Earl, trois frères... Et c'était avec celui qu'elle connaissait le moins bien, qui était un parfait inconnu, qui lui apportait la paix, le calme. La sérénité, tout simplement. Y avait-il donc quelque chose qui ne tournait pas rond chez elle? Une vague de culpabilité saisit la sorcière, pourquoi donc penser ainsi la faisait se sentir comme infidèle aux deux autres ? Morghann en particulier. Avait-elle réellement bien fait d'accepter ce dîner ? Il n'y avait rien d’ambigu mais le fait est que se savoir plus détendu avec Howard qu'avec Morghann était quelque chose de vraiment dérangeant.

L'homme pâle, créature cachée dans l'ombre, fléaux des Hommes et cauchemar de leur progéniture. Impossible de le vaincre, même par un Earl. C'était donc cela, l'Ogre originel? Une créature dont on ne pouvait venir à bout. On ne pouvait que subir et attendre en priant suffisamment fort pour que ses enfants n'en soient pas la proie. Bercée par la voix de nécromant, la libraire resta silencieuse, son récit lui faisait froid dans le dos... Elle ignorait à quoi pouvait bien ressembler cette ignoble chose mais les simples mots de son interlocuteur suffisaient à ne pas vouloir en savoir plus. Cependant le savoir allié au secret fut sans doute la pire des révélations. La sorcière sentit un poids invisible sur ses épaules qui s'affaissèrent doucement. Ainsi, elle n'obtiendrait jamais justice pour sa perte, comme bien d'autres mère. La crainte du monstre, son argent et sa puissance suffisait à le rendre au-dessus des lois. Il pouvait tuer à sa guise sous prétexte qu'il était né ainsi mais surtout pour couvrir le fait qu'il valait mieux l'avoir dans son camp que dans l'autre. Colère, frustration face à cette injustice. Ainsi il valait mieux sacrifier quelques dizaines d'enfants pour assurer la pérennité du reste du peuple. Aussi révoltante était cette idée, Ayzebel la comprenait... Comprenait oui, mais ne l'acceptait pas pour autant. Mais à quoi bon, si rien ne pouvait être fait? La femme releva le visage, inspirant longuement et observa l'Earl avant de pincer les lèvres en un sourire triste. Elle tentait de faire bonne figure, au mieux au vu du chaos qui régnait dans ses émotions. Pourtant parmi ce flot émotionnel, un profond sentiment de soulagement sortait du lot. Lentement, la femme saisit son verre, buvant une gorgée d'eau pour apaiser sa bouche devenue subitement sèche par le stress et murmura.

« Vous êtes le premier à prendre le temps de... discuter de cela avec moi. Rien n'effacera jamais cette douleur que l'homme pâle m'a infligé mais... aussi étrange celui-ci puisse paraître... vous avez su m'apporter la paix. Vous m'avez soulagé un temps soit peu de ce mal qui me ronge. Pour m'avoir parlé honnêtement, sans détour. Jusqu'à maintenant j'étais bloqué parce que j'ignorais à quoi j'avais à faire, j'avais peur, j'étais en colère... Je voulais obtenir justice... vengeance. Maintenant je sais la vérité, je sais que je n'aurais jamais justice pour ma fille... Mais en prenant le temps de me dire cette vérité, mon lord, vous venez de me donner les clés pour avancer. »

Lentement, la sorcière inclina le visage respectueusement. Il n'y avait rien à faire pour l'homme pâle, pour sa fille décédée... Tout ce qu'elle pouvait faire maintenant, c'était avancé. Howard, à sa façon, venait de lui donner justice. Le poids de la vérité était lourd à supporter mais c'était bien mieux ainsi. Tout ce qu'elle pouvait faire à présent c'était passer outre ce souvenir, aller de l'avant.

« Merci, mon lord. »

Un merci soufflé avec une sincérité déconcertante. Se redressant doucement, la femme arbora une pâleur presque inquiétante. Durant un instant, son faciès avait retrouvé cette expression sinistre avec laquelle Morghann l'avait connu. Et Howard aussi. Pourtant la sorcière ne se laissa pas abattre, un nouveau soupir passa ses lèvres et alors qu'elle plongea à nouveau son regard clair dans lui ténébreux du Earl, un faible sourire, doux cependant, se dessina sur ses lèvres. Son petit cœur lui faisait mal et en même temps si était si léger de soulagement. Un poids de moins, en quelque sorte. Après tous ces mois passés à tenter de s'accrocher pour ne pas couler, il était bon d'avoir enfin cette sensation de libération. Pourquoi Morghann n'avait-il pas commencé par là ? Ayzebel qui lui hurlait sans cesse voulait la vérité. Au lieu de quoi, son désir de la protéger la plongeait un peu plusieurs das le flou tourbillonnant qui régnait dans sa vie. Morghann adoptait involontairement le même comportement que Galéa. Howard lui avait les mots, avait le tact et même sans la connaître, il avait misé sur la vérité. En quelques minutes, il avait apaisé quinze années de douleur. Le silence retomba et la femme pivota le visage pour fixer à nouveau le mur aquatique. À présent que cela était réglé, Ayzebel n'osait plus poser de questions. Cet échange sur l'Ogre originel avait eu des conséquences sur l'ambiance qui régnait. C'était plus la peur de déranger le Lord qui empêchait la sorcière d'ouvrir la bouche. Elle ne voulait as s'imposer mais elle avait tellement besoin de réponse... Et il semblait être le seul disposer à les lui fournir. Avait-elle le droit d'abuser encore un peu de sa patience ? Peut-être attendre un petit instant encore avant de le déranger... Saisissant la carte du menu poser par l'hôtesse quelques minutes avant, Ayzebel observa les plats et manqua de s'étouffer en voyant les prix. Son visage s'empourpra alors que son regard se leva vers Howard et qu'un murmura passa ses lèvres.

« C'est euh...terriblement cher, mon Lord...»


Pourquoi donc l'avait-il emmené ici ? Des repas hors de prix, un décor sublime et débordant de magie, de l'attention... Méritait-elle vraiment tout cela ? Ayzebel savait que non. La culpabilité la reprit et la femme referma bien vite la carte avant de la poser. Son choix s'était porté sur un plat de poisson et de légumes dont elle n'avait même pas retenu le nom. Bien, il lui fallait penser à autre chose avant que l'envie de fuir d'ici ne la prenne. Remuant sur sa chaise, Ayzebel afficha un sourire crispé puis souffla, changeant rapidement de sujet.

« Dites-moi... euh... j'aurais deux choses à vous demander, je vous jure après je cesse mes questions ! Je me demandais... en premier, est-ce que vous savez ce que c'est... l'oeil ? »


Sa bouche se tordit en une rapide grimace. L'oeil avait été mentionné par Galéa dans un de ses souvenirs. Ce fut très vague, un souvenir très flou malgré la magie de Morghann et ce fut sans aucun doute le souvenir le mieux protéger de Galéa. Pourquoi tant de mystère autour de cet oeil ? De quoi s'agissait-il ? Ayzebel saisit son sac à main et tira un tout petit calepin et un stylo avant de le poser sur la table. Dans ce souvenir, elle avait entrevu le grimoire de la trinité. Future matriarche, à ses yeux le contenu des pages n'était pas vierge et elle se souvenait du symbole qui trônait sur la page que Galéa avait mentionnée. Rapidement, Ayzebel glissa la pointe du stylo sur le papier, dessinant un rond grossier avec un œil en son centre et une lune en dessous accompagné d'un arc de cercle. La sorcière observa le dessin lui arracha le papier et se pencha pour le déposer près du verre d'Howard, observant sa réaction.

« J'ignore de quoi il s'agit mais... C'est suffisamment important pour que ma mère l'ait caché à tous... même à votre père de qui elle est très proche. Elle... elle disait que personne ne devait savoir que je détenais l'Oeil.... »

Lun 25 Avr - 17:28
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Howard Earl
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Howard Earl
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Le premier à prendre le temps de lui parler de cela ? De quoi donc, de l'homme pâle ? Le silence caractéristique qu'on observait à son sujet n'était en rien surprenant à son sens. Une telle créature n'était pas de celle dont on voulait ouvertement parler, son ombre réelle, palpable même sous le soleil brûlant d'une matinée d'été. Le peu d'individus pouvant se targuer de connaître quelques détails précis à son sujet étaient encore moins prolixes, et peut-être bénéficiait-il en cela de son ignorance, ne souffrant pas de ce poids supplémentaire qui l'aurait peut-être réduit au silence lui-aussi. Fort heureusement, si l'on pouvait l'affirmer ainsi, il ne partageait pas le secret des dossiers concernant la créature. Mais cela voulait également signifier qu'il n'avait que peu à offrir pour lever le voile de mystère qui entourait l'ogre. Il fronça les sourcils, légèrement, en un geste passager marquant les pensées qui le traversait. Des pensées pas uniquement dirigées vers elle, des pensées qui englobaient bien des êtres, et bien des concepts issus de l'humanité. Et ce comme chaque fois qu'il avait une conversation avec une autre entité que lui-même. La justice, la paix… ces notions étaient abstraites, depuis longtemps vidées de leurs réelles sens, de leurs puissances. Du moins était-ce le cas au travers du monde, partout sur terre, les humains se détournaient de ces valeurs parfois même sans s'en rendre compte. Poussés par une société devenue folle, aveuglés par une arrogance que plus rien n'arrêtait et pourtant, cherchant instinctivement à se dissimuler, à justifier, à embellir l'odieuse vérité d'un extérieur propre et vernis de civilité. Un mur, une apparence, rien de plus. La justice n'était pas l'apanage des tribunaux et la paix n'était pas cet étendard brandit par certaines associations humanitaires, et certains groupes religieux. Mais qu'est-ce que c'était alors ? « Tout dépend de ce que vous entendez pas justice  » Avancer aussi était une forme de justice. Ne pas se laisser engloutir par la souffrance, accepter qu'elle existe, accepter la perte et ne pas se laisser retenir en arrière. La suite ne serait sans doute pas immaculée, pas vierge de douleur mais qu'importait ? C'était là l'un des dons de l'humanité, avancer quoi qu'il arrive et recommencer, toujours recommencer.

Pourrait-elle réellement le remercier en fin de compte ? Pourrait-elle réellement accepter qu'il la mette face au fait accomplit, face à l'inéluctable de son destin sur terre, face… à cette roue, qui tournait et qui tournait, et que l'on haïssait, très souvent. Lui aussi la haïssait lorsqu'il n'en pouvait plus, tout en continuant à conserver cette terrible acuité, cette raisonnable pensée… que ce n'était qu'un cycle naturel auquel il ne pouvait échapper, et qu'il ne pouvait briser. Mal à l'aise, il préféra mettre un peu de côté ces pensées-ci. Si elle devait l'en haïr elle le ferait et il ne pourrait ni ne voudrait l'en empêcher. Lui aussi avait haït lorsqu'il avait comprit, la toute première fois. Peut-être parce qu'il n'aurait pas fallut qu'il sache, et qu'elle sache… Peut-être aurait-il fallut qu'ils restent innocents. Mais même l'innocence n'était qu'un leurre. Et il souffrait d'y penser. Elle ferait ce qu'elle voudrait avec tout ce qu'il dirait, comme lui l'avait fait, et ce serait tout, ce serait très bien ainsi. Silencieux pendant un moment, il prit le partit d'attendre avant de répondre aux questions qu'elle lui posait de nouveau. Finalement, il reprit la parole, sans se défaire de son calme, mais dans la voix des inflexions prudentes : « Je crains fort que le souhait de votre mère ne fut que cela, un souhait  » Que personne ne sache quelque chose était presque impossible, en particulier lorsqu'on frôlait les hautes sphères du Cénacle comme cette femme le faisait. Il n'avait certes aucune preuve que quoi qu'elle voulut dissimuler soit effectivement découvert mais… il connaissait en revanche très bien son père. Et cela suffisait pour beaucoup à confirmer quelque présomption qu'il eut. C'était cependant une bien piètre réponse pour son interlocutrice, aussi fit-il un effort pour développer. « Je ne peux émettre hélas que des hypothèses sur ce que pourrait être cet œil. Je ne peux savoir ce dont il s'agit sans plus de précision, bien moins encore vous transmettre quoi que ce fut  » Et pourtant c'était intéressant de savoir cela. Peut-être devrait-il demander directement à la première concernée ce dont il s'agissait, peut-être pourrait-il le demander à son père ou tout simplement laisser cela de côté. Quoi que ce fut et tant que cela ne la menaçait pas ? Peut-être valait-il mieux ne pas y toucher, au risque d'attirer le danger.

Car c'était ce que l'on récoltait, le plus souvent, lorsqu'on décidait de lever le voile sur certains secret. Le gain valait-il la peine et le prix payé ? Pas forcément. Tout dépendait, mais il ne serait pas sur l'heure celui que le risque tenterait. « Dites-moi, mademoiselle Tenak, que recherchez-vous exactement à ce sujet ? A savoir ce que votre mère désirait dissimuler ? Pourquoi elle voulait le dissimuler ? Ou l'utilité que cela pourrait avoir pour vous ?  » Son regard pénétrant se cloua de nouveau sur elle, tandis qu'il réfléchissait, pensif. « Qu'elle est votre motivation derrière l'interrogation ? Pourquoi désirez-vous savoir ? Est-ce pour apaiser votre cœur, ou votre esprit de même que vous m'avez interrogé sur l'homme pâle, ou est-ce pour lever simplement l'ombre pesant sur vos souvenirs, comme vous semblez l'avoir suggéré ?  » Qu'est-ce qui la motivait exactement en cela ? Où voulait-elle en venir ? Car si elle effectuait de telles recherches pour les mauvaises raisons… alors elle ne pourrait que regretter ce qu'elle obtiendrait. Et elle ne trouverait jamais la stabilité à laquelle elle pouvait aspirer. « Qu'est-ce que le savoir vous apporterait ?  » Jusqu'ici, n'avait-elle pas vécu sans cela ? Quoi qu'elle puisse en dire et en penser, elle avait vécu… alors pourquoi risquer de tout briser ? « Si je vous pose ces questions, Mademoiselle, c'est pour comprendre votre façon de réfléchir et de jauger ce qui se présente à vous. Je ne souhaite pas vous détourner de tout cela, je souhaite simplement vous faire comprendre qu'avant de se lancer tête la première et à l'aveuglette, afin d'élucider chaque mystère tissé par votre mère, peut-être devriez-vous… vous affirmer envers vous-même, et savoir ce qui vous pousse en avant. Comme vous venez de l'expérimenter, la recherche de la vérité peut parfois conduire à de lourdes révélations… et parfois, conduire à pire que la situation précédemment vécue  » Il soupira « Si vous pensez que vous devez à tout prix savoir alors faites, cherchez...si vous pensez que cela vous permettra de vous construire de solides fondements je vous encourage à continuer, mais quoi qu'il en soit...  »

Son regard se fit plus insistant et lourd encore « Je vous enjoins simplement à vous souvenir que la formulation 'à tout prix' n'est pas qu'une métaphore… c'est une réalité. Le prix à payer pour la vérité est parfois plus lourd que ce que l'on peut supporter... » Il pencha un instant la tête en un geste grave et las « Si vous êtes en paix et claire avec vous-même alors je suis certain qu'il est possible d'élucider la question »

Dim 8 Mai - 12:22
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Ce qu'elle entendait pas justice ? Sans doute la même chose que le commun des mortels. Croire en un semblant de protection, que le conseil puisse agir pour mettre fin à ces morts scandaleuses fait sur des enfants innocents. Mais Howard avait déjà répondu à cette question de façon très claire, le cénacle ne ferait rien. L'homme pâle semblait au-dessus des lois qui avait été érigé pour gérer le peuple de l'envers. La justice... Comment y croire à présent ? Comment la décrire ? Si ce n'est en passant pour une enfant naïve qui croyait encore que le cénacle était fait pour diriger et protéger le peuple. Foutaise...

« Avoir réparation pour le meurtre de mon enfant... Qu'il soit jugé, punis pour son crime... ses crimes. Car c'est de quoi il s'agit, c'était délibéré. Vous aviez dit tout à l'heure que l'homme pâle ne faisait pas cela par cruauté... je prends le risque de vous contredire, mon Lord... Car seul un être cruel se délecte d'un fœtus pendant neuf mois, caché dans l'ombre. Neuf moi à dévorer mon enfant... Il a pris son temps, il l'a savouré...»

De ses enfants, à dire vrai. Car Lucinda aussi ne paierait jamais pour l'odieux crime qu'elle avait commis. Surtout que Daryn n'était pas concerné par l'envers, lui qui était né humain. Rien ne pourrait jamais la consoler de ses pertes tragiques, juste apprendre à vivre avec, aller de l'avant. La sorcière eut un sourire vague, triste mais tenta cependant de faire bonne figure auprès de son seigneur, aussi pour en ne pas avoir à lui imposer ses états d'âme plus longtemps. Howard était déjà bien patient de prendre le temps d'aborder le sujet avec elle, il ne méritait pas d'avoir à en subir plus encore. Mais à quoi bon de toute façon ? La vie était ainsi faite après tout. Comme elle le lui avait dit, comme il le lui avait permis, tout ce que pouvait faire Ayzebel à présent, c'était avancé. Sa vie à elle n'était pas fini et qui sait, peut-être un jour aurait-elle le bonheur d'être à nouveau mère... Un jour peut-être. Il valait mieux se concentrer sur ce genre de pensée, réfléchir à un avenir meilleur plus qu'à son terrible passé. Ce n'était pas toujours facile mais cela permettait au moins de retrouver un peu de clarté... Le temps n'en restait pas moins son meilleur allié pour penser ses plaies. Le temps oui, mais aussi des personnes avisées comme ce Howard Earl.

L'oeil quant à lui restait un bon moyen de changer de sujet, passer à un débat moins sombre mais Ô combien mystérieux. Ainsi le Lord ignorait de quoi il s'agissait malgré ses nombreuses connaissances. Le regard clair de la sorcière se baissa furtivement sur le petit papier sur lequel elle avait tracé le symbole observé à travers son souvenir et garda le silence un instant. Juste un souhait ? Et pourtant ce secret avait été gardé un peu plus de vingt ans sans que personne n'en sache quoi que ce soit. Mais quoi d'étonnant a cela quand on savait les Tenak de merveilleuse gardienne de secrets. Pas seulement du Secret, mais bien des secrets. Elles étaient de véritables tombes en la matière. Même Morghann avait été surpris par la puissance du sortilège de Galéa sur l'esprit de sa fille.

« Ce n'est rien Lord Earl, vous avez déjà été très patient à mon égard. Merci tout de même... Cependant je me demande bien comment le grimoire de la Trinité est entré en possession d'informations sur cet... Oeil, quand vous-même ne sachez rien à ce sujet. Sans doute un lien avec mes ancêtres de Salem ? Je devrais sans doute fouiller du côté de la première matriarche, Elinor... »


Si l'on remontait quatre siècles en arrière, rien d'étonnant en soi, Salem avait été le cœur de bien étrange phénomène, les familles de sorcières présentes en ces lieux n'avaient jamais été prendre à la légère, sans doute pour cela qu'elles avaient d'ailleurs si bien marqué l'histoire, pas seulement au travers des carnages fait à leur encontre. Mais pour l'heure, la seule chose qui intéressait vraiment la libraire était l'avis de son compagnon sur le sujet. Son absence de connaissances sur l'oeil n'empêchait en rien un bon raisonnement sur la façon de trouver la réponse à la question. Tous les conseils étaient les bienvenues. Pourtant ce ne fut pas vraiment des conseils qui vinrent mais des questions. D'étranges questions qui poussèrent la sorcière à réfléchir sur elle-même et la raison qui la poussait à vouloir en savoir davantage. Perplexe, la libraire écouta attentivement les questions d'Howard puis enfin ses mises en garde. C'est encore avec sagesse que l'Earl s'exprima, grave et peut-être même soucieux. La sorcière baissa le regard, observant la nappe qui décorait la table et souffla d'une voix faible.

« Je sais que le prix à payer est toujours lourd... Mais, peu importe la vérité, cet... Oeil... Fait partie de moi. Et puis.... Je me dis qu'il doit avoir une utilité, non ? J'aimerais que ce soit le cas vous savez... j'aimerais.... être utile. Ma magie est d'une médiocrité affligeante et c'est à peine si je la contrôle... J'aimerais être plus forte Lord Earl, au moins pour protéger ceux qui me sont cher mais aussi pour notre communauté... Un espoir fou, je le sais... Mais j'aimerais avoir au moins une chance de faire quelque chose de ma vie, de prouver ma valeur.»

Lentement elle releva le visage, plongeant son regard clair dans celui sombre du nécromancien. Se remettre en question n'était jamais une chose facile, cependant avoir quelqu'un qui vous aidait à prendre conscience de vos désirs, du risque à encourir pour parvenir à vos fins n'était pas donner à tout le monde.

« L'oeil n'a pas été la seule chose que j'ai découverte sur ma nature de sorcière... il semblerait que je sois doté d'une sorte de don de voyance, je ne sais pas trop... Les deux sont peut-être liés après tout. Qu'en sais-je... Mais oui, cela fait partie de moi... je veux savoir ce que je suis Lord Earl, c'est mon droit surtout après une existence complète de mensonge. »

Avec douceur, elle leva une main pour repousser une mèche de ses sombres cheveux. Le silence retomba, à la fois lourd et apaisant. Que dire de plus ? Malgré son désir d'en connaître plus sur elle-même, Ayzebel comprenait les paroles d'Howard alors que dans un nouveau souffle elle murmura.

« À tout prix, oui ce n'était pas... pas bien. Une très mauvaise formulation je vous l'accorde... Pour être honnête je ne sais pas vraiment comment exprimer avec des mots ce que je ressens... j'ai envie de savoir ce que je suis, je veux comprendre pourquoi cela m'a été caché... pourquoi l'on a jugé que votre père et le cénacle ne devait jamais savoir cela... Mais mon souci c'est que je suis terriblement effrayé parce que je vais découvrir. J'ai peur des problèmes que cela pourrait me causer... j'ai peur d'avoir à traverser cela toute seule... sans le soutien de quelqu'un. »

Elle doutait même de savoir si elle pouvait faire confiance à Morghann. S'il y voyait le moindre danger, elle savait que le jumeau d'Howard ferait des pieds et des mains pour l'en éloigner, quitte à la brider comme Galéa l'avait fait. Morghann était incapable d'être impartiale quand il s'agissait de son amante et cela le rendait aussi fou qu'imprévisible.

« Je ne sais pas vers qui me tourner Lord Earl... Le souci ce n'est pas les recherches sur le sujet mais bien la façon de je vais affronter tout cela. C'est pourquoi je donne tant de valeurs à vos paroles, à vos conseils... Vous êtes un homme avisé et sage Lord Earl, je me sais chanceuse de pouvoir bénéficier de ce temps que vous m'accordez. »

Lun 9 Mai - 22:34
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Howard Earl
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Un soupire interne, la lourdeur, un instant, de la lassitude devant une leçon mille fois nécessité pour l'humanité mais qui, jamais, ne semblait naturellement se manifester… ou si ce n'était jamais, alors si rarement que cela ne faisait aucune différence. Lui-même n'avait pas bénéficié d'une illumination aisée : c'était avec le temps qu'il avait apprit, et il faisait des écarts encore aujourd'hui, même si à présent, il avait conscience de son travers. On ne jugeait pas le reste du monde selon les critères et les visions humaines. Car le reste du monde n'était pas humain, et ce qui pouvait paraître triste, révoltant ou dans ce cas précis cruel pour les hommes n'étaient pas forcément jugés ainsi par les autres habitants de la terre. Il considéra un bref instant lui demander si elle ne savourait pas un plat de choix quand elle avait la chance d'en avoir un, mais préféra se taire : ce n'était ni le lieu ni le moment pour tenter de lui inculquer pareil concept. Et il n'était sans doute pas la bonne personne pour cela. La choquer ne le dérangeait pas, mais tant qu'à essayer de lui apprendre à relativiser la place humaine en ce monde, il préférait autant que la personne qui tenterait ait toutes les chances de son côté, contrairement à lui en cet instant. Plus tard, quand elle aurait trouvé avec qui aborder ce concept en toute confiance, en tout confort, et surtout quand elle aurait fait son deuil. Il avait beau être proprement insensible parfois, il n'était pas idiot et comparer l'enfant qu'une mère éplorée avait apprit perdre pour un monstre sanguinaire à un plat de lasagnes était exactement ce qu'il valait mieux éviter de faire à moins de vouloir la voir se renfermer à tout jamais, ou même simplement commettre une grave erreur.  

La suite pourtant lui prouva que cette sorcière tenait encore de la glaise à façonner. Cette fois cependant, il ne se refusa pas le loisir de rétorquer : « Je n'ai pas dis que je ne savais rien, Mademoiselle, j'ai dis qu'avec le peu d'informations que vous me donniez je ne pouvais vous offrir en retour que des hypothèses » Ce qui était parfaitement vrai, sans précisions, de contexte, de symptômes ou de quoi que ce soit d'autre, impossible d'avoir une idée précise. Il aurait fallut simplement qu'elle possède des éléments plus précis que ce souvenir. Même une vague sensation, une expérience passée, pourrait être précieuse si elle voulait trouver ce dont il s'agissait… Et évidemment, elle n'en avait pas. C'était donc chercher une aiguille dans une botte de foin, ou plus précisément, un sort ou un pouvoir dans la panoplie magique d'un monde entier. C'était un travail de titan, pire encore que ce qui l'occupait avec sa tentative de comprendre d'où venait subitement son pouvoir d'inondation et de confessions délicates. Et c'était exactement pour cela qu'il voulait l'interroger et entendre ses réponses. Des réponses loin de lui plaire pour la plupart. Elle avait sa propre façon de penser et s'il pouvait comprendre, il ne pouvait en revanche pas agréer. Pas ainsi. L'avis émit lors de l'escapade avec son frère montée tenait plus encore en cet instant : elle était candide comme une enfant, l'inclure dans les plus sombres recoins du secret ne lui serait pas bénéfique. Et en même temps, par pure désillusion face à la situation humaine, il aurait sans doute pu avoir la cruauté de l'envisager, éduquer cet esprit et voir le voile sur ses yeux levé.

Son regard, grave et impavide quoi que non dénué d'une pointe de regret était planté sur elle sans qu'il s'exprime encore, la laissant parler. Finalement, il vint se masser l'arrête du nez de deux doigts en soupirant longuement. Lorsqu'il se détendit de nouveau, il eut un geste d'abandon de la main et prit son verre pour en boire une gorgée. Lorsqu'enfin il le reposa, il pinça légèrement de ses lèvres humidifiées avant de parler, les mots d'une légère exhalaison ponctuée : « Je ne pense pas être sage, Mademoiselle, j'ai simplement vécu davantage. J'ai fais mes propres choix, mes propres erreurs et j'ai appris d'elles, en en payant le prix. Si mon vécu peut être profitable pour d'autres alors je ne le refuse pas, mais je suis loin d'être un directeur de conscience et encore moins un tuteur » Il se repositionna sur son assise, détendant un peu sa jambe pour en chasser le désagréable engourdissement, puis reprit « Je comprend également votre volonté, et je ne vous en détournerez pas. Je voudrais seulement que vous preniez le temps de véritablement peser ce que vous mettez dans la balance de votre décision. Il est effectivement possible que quoi que soit cet œil, il soit utile… mais à qui ? Une large part de la magie n'est ni bonne ni mauvaise, elle sert celui qui la contrôle. Et l'utilité que vous aspirez à voir se réaliser pourrait très bien se révéler être au service du mauvais camp. Ou simplement de la mauvaise personne. Tout en ce monde est utile, d'une façon ou d'une autre. Ce qui diffère, c'est la pertinence de cette utilité. Et ce à quoi elle pourrait aboutir…. »

Et il ne cherchait pas même à dissimuler le sous-entendu : à une catastrophe. Il se refusa pourtant à en rester là. « Il est fort possible que la force ne soit nullement votre atout, qu'elle ne vous soit pas destinée. Du moins pas cette force-là. Mais ça ne vous empêche pas d'avoir déjà de la valeur, comme chaque être vivant en ce monde, et chaque membre de cette communauté » D'un geste simple, deux doigts joints sur elle pointés, il enfonça le clou « La seule qui ne semble pas la voir, cette valeur, c'est vous-mêmes » Et en cela, il ne pouvait absolument pas l'aider. Il ne savait que trop bien à quel point on pouvait être têtu quand on s'enfermait dans une vision pareille. Son ouverture ne pouvait venir que d'elle et d'elle seule. Il se pencha légèrement au-dessus de la table, y posant un bras, et avec le plus grand sérieux du monde, termina : « Ce que vous êtes, c'est ce que vous vivez et vous constitue, c'est vrai… mais cette magie, n'ayez pas d'illusions, ce n'est pas vous. Parce que vous ignoriez tout de son existence, elle ne vous a jamais réellement constituée. Tout comme le sang et la lignée ne font pas tant une personne, ce que vous êtes vous l'avez construit, c'est votre vie, c'est votre univers à vous et vos accomplissements, que ce soit obtenir un manuscrit rare ou réussir un plat, peu importe. Ne laissez surtout pas un quelconque pouvoir changer cela... »

Avec une nouvelle gravité mais un masque plus lisse, il se redressa alors que leurs plats arrivaient enfin. « La vraie magie c'est de vivre sa vie sans courir après des chimères, c'est de goûter aux miracles quotidiens en sachant apprécier leurs immenses valeurs sans aspirer aux monts et merveilles de contes défaits. Vous avez raison d'être effrayée… car qui vous dit que ce que vous allez découvrir ne va pas détruire tout ce que vous possédez et ce à quoi vous tenez encore ? Vous n'avez aucune idée de ce qui vous attend. Vous mettez votre vie dans la balance, tout ce qui la compose et votre intégrité même… pour un résultat totalement imprévisible, et à l'utilité discutable. Pensez-y vraiment, avant d'aller plus loin. Comme je le fais moi-même... »


Mer 11 Mai - 17:58
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Visiblement, les paroles d'Ayzebel ne convenaient pas du tout au Lord. En silence, elle l'observa se pincer l'arrête du nez dans une gestuelle qui pouvait trahir l'agacement. Mal à l'aise, la sorcière glissa une mèche de ses cheveux derrière son oreille et détourna bien vite le regard. Pour ce qui était de l'oeil, elle n'avait pas d'autres informations, elle n'avait fait que rapporter le peu qu'elle avait entrevu dans son souvenir ce qui était fort maigre actuellement. Ce qui perturbait le plus la sorcière était qu'elle n'avait jamais ressenti ses dons, jusqu'à ce que Morghann libère ses souvenirs. Sa seule vision quant à elle se résumait à avoir sauvé une petite louve des griffes chasseurs. Au moins pour cela, il y avait une utilité à n'en pas douter, mais comme le disait si bien Howard, le prix à payer était fort. Trop sans doute... Cette migraine incessante qui étouffait son esprit l'épuisait chaque jour. C'est à peine si les médicaments arrivaient à la soulager... Alors peu importe ce qu'était cet œil, elle redoutait l'effet que cela aurait sur elle tout comme ce pseudo voyance dont elle était la détentrice écrivez ici...

Howard quant à lui continuait ses explications, faisant prendre conscience à la sorcière combien il avait raison. À qui profiterait réellement ce don ? N'était-ce pas pour cette raison que Galéa avait si brillamment caché son existence durant plus de vingt ans ? Mais sa mère avait toujours été plus intelligente, plus tacticienne, chose qui n'était pas vraiment son fort à elle. La libraire se souvenait aussi des paroles de Morghann lorsqu'il avait énoncé Pryam et l'importance qu'il y avait à ce qu'il n'apprenne jamais pour l'existence de sa prescience. Une vague d'angoisse envahit la Tenak qui ferma doucement les yeux, bloquant sa respiration pour tenter de calmer les battements effrénés de son cœur. N'aurait-elle donc jamais la paix ? Pourquoi même quand elle ne désirait rien d'autre que cela, le destin lui imposait une nouvelle épreuve. Et si Pryam le découvrait . Et si cet œil s'avérait plus néfaste qu'autre chose? Lentement, la femme ouvrit les yeux, dardant ses yeux clairs sur le nécromancien alors qu'il lâcha, sans même ciller, qu'elle avait de la valeur. Que sa vie était précieuse. Déconcerté par cet aveu auquel il semblait croire, Ayzebel fixa Howard avec perplexité. Son cœur s'était soulevé avec force dans sa poitrine sous l'émotion. Ceux qui donnaient de l'importance à sa vie n'étaient pas bien nombreux... Galéa la première, parce qu'elle était sa mère et qu'elle savait qu'au-delà de leur différent sa mère l'aimerait toujours... Puis Anthony et Morghann, ses amis, les hommes de sa vie... sa défunte famille qui même dans la mort n'avaient cessé de la veiller... Mais le savoir et l'entendre était deux choses différentes. Entendre ces mots de la bouche d'un inconnu, d'un homme qui n'avait aucune affinité avec elle et qui pourtant voyait en elle plus qu'un vulgaire sujet né pour le servir... Ayzebel n'avait pas de mot pour décrire ce qu'elle éprouvait à entendre qu'elle avait de la valeur. Et c'était vrai, cette valeur elle ne la voyait pas, la libraire restait sans cesse enfermée dans ce complexe d'infériorité. Elle se sentait inutile, invisible, faible, incapable de faire quelque chose qui pouvait aider autrui peu importe à la façon. Portant une main à sa bouche, la sorcière étouffa un faible sanglot avant qu'un flot de larmes ne s'écoule de ses yeux. Pleurs incontrôlés, elle s'en voulut immédiatement d'avoir ainsi craqué, surtout devant un Earl. D'un geste tremblant elle saisit son sac à main pour en sortir un mouchoir en tissu et s'empressa de tamponner ses joues en soufflant maladroitement.

« Pardonnez-moi.... C'est.... Je ne pensais pas entendre ça un jour.... C'est aussi frustrant que soulageant. S'il vous plaît, ne vous offusquez pas de mes larmes mon Lord... »

Les pleurs cessèrent bien vite, la sorcière posa son regard rougi par les larmes, sur Howard. Elle inspira longuement, écoutant encore et toujours ses paroles, s'en imprégnant. Jamais encore quelqu'un ne lui avait dit tout cela et pourtant au fond d'elle, c'est comme si Ayzebel avait attendu cela. Elle qui avait vécu toute sa vie dans le mensonge, le déni... Plonger tête la première dans ses propres ténèbres pour oublier combien sa douleur la faisait souffrir. Mais aussi combien cela la rendait humaine. Sans encouragement, sans aide de personne, elle avait sans cesse vécu sa vie avec à l'esprit que quoi qu'elle fasse, rien ne serait jamais bien, rien ne serait suffisant. Qu'elle-même n'était rien. Comment vivre en paix avec soi-même dans de telles circonstances ? Pourtant Howard lui expliquait l'inverse, que les petites choses de la vie dont elle pouvait se satisfaire étaient ce qui la constituait. Pas sa magie, pas de pouvoir, pas sa famille... Juste elle, tout simplement elle. Comme elle l'avait fait plus tôt à la librairie en l'aidant de son mieux. Et il était bon de se l'entendre dire que ces choses qu'elle pouvait faire au quotidien ne faisaient pas d'elle une chose invisible et sans valeur.

« Aujourd'hui... quand vous êtes venu à la librairie... je n'étais pas à l'aise. D'une part parce que vous êtes un Earl et parce que j'avais en souvenir notre rencontre... Et puis quand vous m'avez laissez-vous aider, même si cela n'a probablement pas été grand-chose... Je me suis senti bien. En confiance. Cela faisait longtemps que j'attendais que quelqu'un me donne la chance d'être utile, même un peu. Je n'ai pensé à rien d'autre que ce plaisir que j'éprouvais. Je n'avais plus peur de rien, plus de tristesse... Et j'avais cette envie de sourire... J'étais juste heureuse, je crois. Comme vous le dites, ce n'était pas ma magie ou quoi que ce soit d'autre... Pour la première fois depuis longtemps je me suis senti bien dans ma tête et dans mon corps parce que j'ai eu à possibilité de faire ce que j'aime, que quelqu'un à donné de la valeur à mes mots, à mes actes et à l'aide que j'ai pu apporter. Je crois que... J'avais perdu cela de vu depuis bien longtemps. »


À nouveau ce sentiment de soulagement, comme si Howard avait encore une fois chassé une part de ses ténèbres. Ses paroles étaient la meilleure magie du monde. Alors que leurs assiettes furent déposées sur la table, la sorcière observa son repas fumant dont l'odeur lui chatouillait agréablement les narines. Cette journée était de loin la plus folle de toute sa vie. Quelle incroyable psychanalyse n'avait-elle pas subit là ! Son envie aveugle d'en savoir plus sur son pouvoir caché au pont de prendre des risques insensés avait disparu comme un mauvais rêve. Ayzebel n'arrivait même plus à se souvenir pourquoi elle s'était acharné à vouloir savoir cela à tout prix. Oui, elle découvrirait la vérité, mais seulement en temps et en heure, comme le moment serait venue, sans précipitation et surtout dans la discrétion. Pour le moment, vivre était déjà une très bonne chose. Oui, vivre, simplement vivre.... Et quelle folle pensée était-ce là pour celle femme qui depuis trois ans n'espérait qu'à mourir. Ce terrible aveu qu'elle avait fait à Morghann qui ont cherché à l'aider avec des médicaments quand son frère l'en avait simplement tiré par des mots. Ayzebel était perplexe, observant son assiette dans le silence alors qu'elle continuait son introspection intérieure. Soudainement, ses lèvres s'étirèrent et un rire bref mais joyeux sortit de sa bouche. Elle riait la petite sorcière, ses yeux embués de larmes. Elle se souvenait les marques sur les mains du Earl, la description qu'elle avait faite des deux runes scaldiques plus tôt dans l'après-midi. L'oeil brillant, un fin sourire aux lèvres, la sorcière soufflèrent au nécromant.

« Et vous... ? Ne voyez-vous pas ce que vous êtes ? Les runes sont à votre image Lord Earl... Raidho et Naudhiz permettent d'accéder au conseil intérieur, élimine la haine et le conflit, protège... C'est ce que vous venez de faire ! Le réalisez-vous... ? Combien d'autre comme moi avez-vous apaisé ainsi ? Je crois que vous avez été choisis mon Lord... Pour une raison que semble parfaitement évidente, à présent. »

Ayzebel n'avait jamais été aussi en paix avec elle-même que depuis ces quelques heures en la compagnie de cet homme. Morghann lui avait dit qu' Howard était juste et bon, pourtant il semblait si loin encore de la vérité.

Jeu 12 Mai - 18:35
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Howard Earl
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Howard Earl
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S'il aurait pu s'offusquer de quelque chose c'était bien du manque de foi que certaines personnes pouvaient avoir envers leurs propres personnes. Tout comme certains avaient au contraire un peu trop foi en eux-mêmes. C'était ainsi avec eux, toujours trop ou trop peu. En un sens, c'était souvent trop peu du bon, et trop du mauvais. Mais cela laissait aussi place à l'amélioration et c'était une chance… quelle triste chose qu'une éternité coincé sans jamais pouvoir évoluer. Sans jamais changer ou pouvoir espérer qu'une nouvelle lueur brillerait sur son existence. Ce serait une vie froide, ou pas une vie du tout. Une mascarade, comme l'existence d'un simple pantin articulé. Non ce ne serait pas joyeux du tout. Et il ne se voyait pas en éternel, ne comprenait pas même l'attachement que l'on pouvait avoir envers l'immortalité. Quel affreux présent ce serait. Fort heureusement il n'en était pas question ici. La jeune femme face à lui s'égarait simplement entre sentiments et aspirations et n'avait pas cherché la vie éternelle… elle cherchait surtout comment vivre sa vie. Ce qui était bien plus compréhensible et qui était, au final, le droit de tout être en ce monde. Elle avait été longtemps ballottée et n'avait jamais pu se dessiner totalement en son propre esprit, et en ces temps, elle découvrait l'obscure de son être et de son passé et se questionnait, le peu de piliers qu'elle possédait étaient fragilisés. Comment ne pas s'attendre à ce qu'elle cherche des réponses ? Elle cherchait des réponses sans savoir qu'elle en avait déjà, là juste devant elle. Mais c'était souvent les plus évidentes des pistes que l'on négligeait, lui-même l'avait déjà fait. C'était d'ailleurs en commettant une erreur que l'on apprenait le mieux…

« Cela va même au-delà de cela » Répondit-il en ignorant pour le moment son affirmation à son égard. « Ce n'était pas votre magie, mais c'était issu d'un choix que vous aviez fait. Ces connaissances, ces ouvrages ne sont pas venus à vous parce que vous étiez sorcière mais parce que vous avez choisit une voie qui vous plaisait. C'était votre propre choix, une première pierre au jalon de votre destinée, que personne d'autre que vous-même n'a posé. Ce qui lui donne d'autant plus de résonance » Il se pencha de nouveau légèrement, sans cesser de l'observer. Il ne lui était pas coutumier de prendre la main de qui que ce soit pour agir comme rien moins qu'un père mais il n'avait pas à répondre de ses choix et de ses toquades. Il n'avait qu'à les assumer. « Vous vous êtes sentie à votre aise et heureuse en exerçant ce que vous aviez librement choisit et construit sans réel regard pour ce que l'on vous avez donné naturellement » Elle aurait pu faire bien des choses, si on s'en remettait uniquement à sa nature de sorcière mais elle avait voulut faire CELA et rien d'autre, ça avait été sa volonté en dépit de tout. « Vous vous êtes sentie bien en vivant ce qui résultait de votre propre création, et vous vous réalisez ainsi. Comme cela doit être. Parce que tant que vous ferez vos choix, vous construirez selon votre volonté et celle de personne d'autre, tant que vous donnerez corps à vos choix en paix avec vous-même, en choisissant ce qui vous plaît, ce qui fait briller vos yeux et votre cœur, et que vous ne laisserez personne remettre cette unique et éternelle vérité en cause, alors vous n'aurez jamais à craindre »

Il pencha la tête sur le côté un instant dans un geste de ponctuation avant de poursuivre : « On vit d'abord pour soi-même. Et il n'y a aucune raison pour nous d'avoir peur lorsque nous faisons nos choix. Qu'ils soient bons ou mauvais, qu'ils nous rendent tristes ou morose, ou au contraire qu'ils éclairent nos vies… ils sont nous, ce qui nous constitue et nous définis. Ils sont notre liberté immuable et même si nous les regrettons parfois, parce que c'est humain de le faire, ils sont ce que nous possédons de plus précieux. Un trésor n'ayant aucun prix, bien au-delà de la magie, du pouvoir et de tout ce qui pourrait faire miroiter nos cœurs mortels. Ils faut vivre avec eux et en tirer de la joie, même sans la tristesse, car même cette tristesse ne fait que clamer l'immuabilité de ce droit au choix que nous avons. Et parce que tous ces choix ne sont pas les derniers, jamais, mais la continuité d'une seule et même chose, une action qui donne pleinement sens à notre présence sur terre, et qui ne dépend ni de notre physique, ni de notre magie, ni de notre race… la vie » Il prit enfin sa fourchette et plia une très fine tranche d'un poisson blanc nacré qu'il croqua lentement, en appréciant le goût avant d'achever. « Car, Mademoiselle Ténak, c'est cela, vivre. Se construire jour après jour, tisser le joyau de notre existence par nos choix et par ce que nous réalisons. Se tenir la tête haute sous le ciel et sur la terre, en pouvant affirmer avoir vécu pleinement l'existence qu'on nous a offerte. Puis retourner à la terre en emportant avec nous les précieux souvenirs de notre temps à sa surface »

Il soupira doucement « Et si le rappeler fait de moi un protecteur ou un conseiller alors soit » Il jugeait que c'était davantage son côté perfectionniste qui ne pouvait que demander aux autres ce qu'il s'infligeait à lui-même mais après tout, pourquoi pas ? Il était en un sens confortable de croire qu'il pouvait ainsi se différencier du reste de sa famille…


Sam 14 Mai - 6:43
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Les rivières salées qui avaient inondé ses joues, s'étaient définitivement tarie. Seules traces encore présente d'une vive émotion se résumait à la rougeur de ses yeux et et de ses pommettes tendit que la sorcière avait retrouvé son calme et sa sérénité. A nouveau plongé dans ses pensées, elle ne lâchait pas du regard celui qui, à travers ses mots,lui faisait comprendre combien sa vie était finalement importante, comment trouver le bonheur simplement. Howard avait les mots juste, des mots que bien des gens avaient le besoin d'entendre. Il offrait ce petit coup de pouce suffisant à la sorcière pour réfléchir à sa vie passé, à ses actes mais surtout à ses choix, là encore passé comme ceux à venir. Elle réalisait à quel point elle avait négliger cette librairie qui pourtant était vouer à faire à son bonheur. Car c'était bien plus qu'un simple emploi, c'était sa passion. Trouver le savoir, le transmettre à ceux qui était désireux d'en aire de même. Aujourd'hui ce bonheur elle l'avait trouvé durant l'espace de quelques heures sans même que Morghann ou Anthony n'y soient mêlé, eux ou tout autre personne à qui elle tenait ou donnait de l'intérêt. Elle avait trouvé cette joie par elle-même en faisant ce qu'elle avait désiré faire de sa vie. Pourtant la présence d'Howard n'était pas négligé puisque en venant chercher de l'aide, il lui avait ouvert la porte vers ce moment de simple plaisir auquel elle aspirait depuis si longtemps. Il avait exigé de l'aide et aussi minime lui fut-elle donné, il s'en était contenter sans blâmer, sans juger et même en y donnant de la valeur.

« Vous êtes tellement différent des autres... »

Par les autres elle entendait le reste de la société, la communauté de l'envers et de l'endroit. Qui à ce jour, était encore capable de raisonner ainsi et d'offrir ainsi gracieusement de tel conseils sans chercher à en tirer un quelconque bénéfice ? Sans compter son appartenance à la famille la plus redouter de l'envers, il était évident que personne ou bine très peu de monde, pouvait s'imaginer ainsi, assit à une table avec ce Lord et profiter de sa sagesse et de sa protection. Bon et juste oui, encore et toujours... Était-ce là sa façon à lui d'attendre son propre bonheur ? De faire briller ses yeux et son cœur comme il le disait si bien ? Qu'est-ce qui l'avait mené à penser différemment du reste de sa famille ? Conflit interne, peut-être ? Morghann aussi se montrait différent, il avait le cœur bon mais l'esprit étrange, sa générosité était limitée et brisée par une possessivité maladive dont il avait parfaitement conscience... Les deux frères étaient très loin de l'image de leur père ou de ce que l'on disait de Pryam et pourtant l'un comme l'autre semblait n'avoir que peu en commun. Il était aussi très dur pour Ayzebel d'ajouter Anthony à l'équation sachant pertinemment que celui-ci n'avait pas grandit auprès de sa famille biologique, ce qui devait indéniablement justifier ce caractère et cette gentillesse qu'il possédait. La sorcière était sujet au questionnement, pourtant ces pensées restèrent de simples pensées qu'elle n'osait formuler, de peur d'aller trop loin dans sa curiosité et de froisser ou pire, mettre en colère son compagnon de dîner. Elle ne le voulait pas, non par par politesse mais simplement parce que blessé Howard était une pensée désagréable. Elle lui était redevable et pas seulement puisqu'au fil des minutes et des mots qui s'écoulaient de la bouche du Lord, la petite sorcière se sentait un peu plus apaiser, bien dans sa tête, bien dans son corps. Il acceptait même ce rôle qu'elle lui incombait involontairement. Protecteur et conseiller ? Si elle avait osé, elle aurait même volontiers ajouter un côté paternel à ce Lord. Lentement, Ayzebel baissa le regard sur son plat fumant puis saisit ses couverts et imita Howard. Dans sa bouche, le saumon était tendre et le goût des herbes était un régale. Elle comprenait mieux le prix du repas et n'avait qu'une envie, le faire duré.

« Cela vous gêne que l'on puisse vous voir de façon si positive ? Je veux dire... Vous accepter ce rôle de protecteur et conseiller mais... Est-ce que cela vous apporte quelque chose à vous ? Est-ce que cela vous plaît ? Est-ce que cela qui vous apporte du bonheur ? »

La fourchette piqua dans l'assortiment de légume avant d'être guidée jusqu'à la bouche affamée d'Ayzebel. Quelques instant de mâchouillement, déglutition puis elle s'empare de son verre d'eau noire et en bois une gorgée. Délicieux repas que voilà. La jeune femme agita doucement sa main libre et souffle au Lord, gêné.

« Si mes questions vous gêne, vous n'être pas obligé d'y répondre. Je ne cherche pas à être indiscrète ou impolis mon Lord... j'essaye juste de vous comprendre. Vous paroles ont beaucoup d'impact sur moi, je me demandais si... elles en avaient eu sur d'autre, évidemment. Je me demandais aussi... Si votre métier était lié à cela ? Être une sorte de psychologue ou quelque chose comme cela ? Vous parlez un peu comme un spécialiste mais... de façon plus humaine. Je ne sais pas trop.... »

Une nouvelle bouchée, l'arôme du plat chatouille ses narines et bien que son estomac se remplit, c'est comme si la faim se faisait plus grande à chaque seconde. La gourmandise est grande mais la sorcière ne se précipite pas pour autant, savourant son plat avant de remarquer combien le Lord lui, mangeait peu. C'est à peine si le contenu de son assiette faisait la moitié de la sienne. La libraire arque un sourcil et se penche doucement, agitant machinalement sa fourchette et murmure.

« Vous mangez si peu... N'avez-vous pas faim, mon Lord ? »

Mer 18 Mai - 15:48
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Howard Earl
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Howard Earl
Le Sacrifié

Différent ? L'était-il réellement ? Etait-ce seulement un concept tenant encore la route alors même que les chemins de l'individualisme et du collectivisme se percutaient, et se confondaient, autant pour les individus que les sociétés ? Mais elle ne pensait pas si loin. En un sens, elle était délicieusement simple. Son parfait contraire. Peut-être était-ce pour cela qu'il allait la voir elle… et pas lui. Parce qu'elle était simple et lui atrocement compliqué. Mais il n'était pas l'heure de ruminer à ce sujet. Il ne voulait pas ruminer pour l'heure, il en aurait tout le temps plus tard. A la place, il mangeait, attestant une fois encore de la qualité de mets qu'on préparait en ce lieu singulier. En un sens, c'était sa manière bien à lui d'appliquer son propre conseil, et de se garder dans le même temps sur terre, du moins encore un peu… juste un peu. La nourriture n'était pas un domaine dans lequel il cédait à l'ivresse et à la démesure. Elle était un besoin vital qu'il s'obligeait à perpétuer, en peinant grandement à en apprécier les instants. Il mangeait peu, et était très difficile, n'appréciant qu'un nombre limité de mets et préférant un luxe pourtant sain à l'orgiaque abandon. La viande le dégoûtait, en dehors de quelques morceaux biens choisis, provenant majoritairement de poissons, et de fruits de mer. La viande rouge le répugnait particulièrement, lui rappelant beaucoup trop son affaire de nécromancien et il se cantonnait à un strict régime, loin de toute les formes qu'elle pouvait prendre. Il pouvait s'en passer, alors il s'en passait… comme il s'était passé de bien des choses, et comme il se passerait de bien d'autres choses encore dans le futur. Ce n'était rien, une concession qu'il faisait, un choix de vie. «  Il s'agit sans doute moins pour moi d'une gêne quelconque que d'une nouveauté. Ils sont peu nombreux ceux qui ont une vision positive de ma personne, à quelque échelle que ce soit  » Il avait sciemment éludé une partie de la question, mais n'en éprouvait nul regret. Il n'avait guère envie de lui expliquer présentement la profondeur de son sens du devoir, ni l'incohérence de mélanger sa personne individuelle avec ce que ce devoir demandait d'accomplir. Et parce que la question était en réalité très douloureuse. Est-ce que cela lui apportait du bonheur d'aider celle qui faisait son malheur ?

Non, mieux valait ne pas approcher de cette sphère-là pour le moment. Jamais, si tout se passait bien. Il n'était pas honteux de ses positions, mais il était discret et farouche en ce qui concernait ses ressentis profonds. Il n'avait pas envie de lui expliquer tout cela. Peut être était-ce lâche de sa part, ou injuste, mais il l'assumait… autant que ses choix alimentaires. «  Je suis neurologue. Ma spécialité est la chirurgie des nerfs et connexions cérébrales, bien loin de la psychologie. Tout ce que j'ai fais, c'est vous transmettre ma propre expérience et le résultat de mes questionnements sur notre société actuelle. Je ne suis pas certain d'avoir pu aider ne serait-ce qu'une personne dans ma vie, du moins de cette façon, mais je ne puis être totalement certain de ne pas l'avoir fait non plus, et en fin de compte ce n'est pas ce qui importe. Je donne sans rien demander, ce que mes interlocuteurs font ensuite de mes paroles ne regarde qu'eux. Comme je vous le disais, on vit, on existe d'abord pour soi, avant de le faire pour les autres...  » Sa voix était posée, la diction douce et parfaitement intelligible, comme s'il offrait une intervention devant un auditoire de faculté. Pourtant, il n'avait pas levé la tête de son assiette, composant de la fourchette un ensemble composé d'un morceau de poisson blanc délicatement doré, d'une tomate séchée et de câpres. Et c'est de même qu'il répondit une fois sa bouchée avalée : «  Si, j'ai faim, mais mon assiette est parfaitement dosée pour convenir à mon appétit et aux besoins de mon corps  » Son verre trouva sa main, et il en vida le contenu avant de, cette fois, consentir à l'observer de nouveau «  Vous n'avez pas à vous en sentir gênée. Je suis un client exigeant et contraignant, mais je ne force personne à m'imiter. Appréciez votre repas à votre manière et je ferais de même, c'est là tout ce que l'on peut souhaiter  » Piquant dans une feuille de salade rouge, il la porta à sa bouche, mâchant lentement avant d'essuyer ses lèvres d'un tamponnement de serviette. Pendant un moment de silence, il pondéra la manière de poursuivre cette conversation et jugea que l'accabler de plus de gravité ne provoquerait rien de bien. Non, à la place il prit une autre bouchée, puis demanda d'un ton calme et détaché : «  Je constate que vous aimez les légumes, quels sont vos préférences alimentaires ?  »

Etait-il réellement entrain de badiner en lui demandant ce qu'elle aimait manger ? Oui, et pourquoi pas après tout ? Qui oserait questionner ses décisions ?


Jeu 26 Mai - 16:06
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Peu nombreux à avoir une vision positive de sa personne ? Oh elle n'en doutait pas, elle-même avait une expérience très négative avec lui. L'Earl était intelligent, puissant et doué d'un don de parole unique qui lui donnait le pouvoir d'appuyer sur les détails douloureux. Ne l'avait-il pas pris pour l'une de ces vulgaires catins qui cherchaient à pénétrer la couche de son père ? L'ignorant être une Tenak à ce moment, ce fut le comble de l'insulte pour elle qui luttait déjà bien assez contre les ardeurs dévorantes de son jumeau. Pourtant, ici, auprès de lui après cette journée à la librairie, Ayzebel n'éprouvait aucune colère contre Howard, aucune envie de vengeance pour ses paroles assassines. Peut-être que si les gens faisaient ce même effort, simplement voir au-delà... Mais c'était comme demander à vivre dans un monde parfait, n'est-ce pas? Par le simple fait qu'il soit un Lord, bien trop peu de gens devaient tenter de le connaître ou même de simplement converser avec lui. N'était-ce pas épuisant ce rôle, à la longue ? Devoir toujours s'imposer, donner cette image de vivre au-dessus de tout et tout le monde ? Se priver de petites choses simples qui faisait le bonheur de bien des gens ou même du bon côté des relations sociales ? Il était très difficile pour Ayzebel d'imaginer la position d'Howard, celle de Morghann aussi. Cela les avait déjà conduit à quelques disputes d'ailleurs... Pourtant, avec le temps qui passe, la sorcière se posait de plus en plus de question sur le sujet, ses émotions aussi changeaient... C'était passé de la colère à une vague de compassion. Oui, de la compassion pour ces gens dont la vie n'était finalement, pas si belle que cela. Vivre dans les richesses et le pouvoir ne l'apportait finalement pas grand-chose, ils vivaient reclus dans leur petit monde, là-bas, dans leur château sombre.

Pourtant Ayzebel fut surprise en apprenant le métier d'Howard. C'était inattendu pour elle... C'était un domaine complexe certes, mais ce n'était pas cet aspect du métier qui la rendait perplexe mais plutôt son... accessibilité, d'un point de vue humain et social. On imaginait que trop souvent ces richissimes Lords et Lady loin de la dure réalité qu'était le labeur du travail, pourtant les jumeaux exerçaient un métier honorable, se mêlant sans gêne à la populace. Qu'est-ce qui les avait conduit à un tel choix ? Pour Howard, c'était un euphémisme, il sauvait littéralement des vies par son métier. C'était plus que se mêler au petit peuple... C'était à la sueur de ses mains, par l'ardeur de son intelligence qui le faisait. C'était plus que respectable et la sorcière en fut réellement heureuse, soulagée même. Pourtant Ayzebel cette sensation étrange... l'altruisme du Earl semblait presque trop beau.

« Donner sans rien attendre en retour ? C'est un beau geste mais... Vous n'avez pas fait ce choix pour rien. Personne n'agit de façon totalement désintéressée, mon Lord... Il y a toujours quelque chose qui nous anime, bon ou mauvais... Qu'est-ce qui vous pousse à penser ainsi, à œuvrer pour ce peuple que vous avez d'ailleurs nommé la « plèbe », si je me souviens bien... Quoi qu'il en soit, cela doit bien vous apporter quelque chose, non? »

La plèbe oui, une appellation bien négative pour quelqu'un qui semblait si altruiste. Alors que son repas diminuait petit à chaque bouchée qu'elle prenait, la femme soupira doucement à la fois d'aise et de fatigue, perdu dans ses pensées, la sorcière reprit la parole d'une voix faible.

« Vous êtes un homme compliqué mon Lord... Excessivement dur à cerner. Vous n'avez que faire de ce que l'on pense de vous mais sans doute parce que cela vous arrange ? Personne n'entre dans votre monde et ne vient courir après vos secrets... Vous êtes un homme étrange. Vous donnez une image très dur, suffisamment pour que l'on vous craigne... Pourtant vos actions montrent un homme qui se soucie des autres... Vous sauvez des vies, vous vous souciez de votre peuple... C'est frustrant, vous savez ? »

Un vague sourire en coin se dessina sur les lippes de la sorcière qui baissa à nouveau le regard pour se concentrer sur son assiette. Une concentration qui fut rapidement chassée alors que son œil fit attirer par la fresque ne vivante tendit qu'une nouvelle anémone germait tout près d'elle. Comme elle aimait cet endroit... Ne en un rien, la simple vue de cette petite chose suffit à lui arracher une nouvelle lueur dans son regard. C'était avec des yeux d'enfant qu'elle observait et vivait ce lieu. Oh elle n'en avait pas honte ! Pour Ayzebel, il n'y avait pas d'âge pour s'émerveillait et il n'y avait rien de plus triste qu'une personne incapable de s'ouvrir à ces quelques merveilleuses magies qui s'offraient aux yeux des hommes. Bien que ses yeux restassent rivés sur le mur vivant, la Tenak n'en écoutait pas moins le Lord parler de ses goûts alimentaires. Il mangeait ce dont il avait besoin, uniquement ? C'est vrai qu'il semblait bien se porter pour quelqu'un qui mangeait si peu. Lentement, elle pivota son visage pour dévisager son compagnon de table tout en glissant une bouchée de poisson dans sa bouche. Alors que la conversation prenait une tournure plus simple, plus douce, la question du Earl laissa la sorcière perplexe. Durant un instant, elle cessa de mâcher, se contentant de le fixer avec une certaine méfiance. Venait-il vraiment de se la questionner sur ses goûts alimentaires ? S'en souciait-il réellement ? Elle aurait parié que non, pourtant Ayzebel avala le contenu de sa bouche avant de remuer doucement sur sa chaise et de reprendre contenance pour répondre avec douceur.

« Oh je ne suis pas vraiment difficile. J'aime un peu tout, en particulier la découverte culinaire. Rien ne me ravit plus que lorsque j'ai l'occasion de manger quelque chose de nouveau. Cependant... Mon vrai plaisir ne se trouve pas dans la consommation mais dans la préparation. J'adore cuisiner. Je n'ai pas un grand talent mais... Je prends beaucoup de plaisir à travailler avec la nourriture. Tenez, par exemple le cookie que j'ai mis avec votre thé... et bien je l'ai fait moi-même. Je trouve cela beaucoup plus agréable de pouvoir manger quelque chose que l'on a préparé soi-même... C'est aussi très agréable de le faire pour les autres.»


C'était aussi une façon saine et agréable de remplir son temps libre. Ayzebel était d'autant plus à l'aise à cuisiner le sucré, ce qui était en soi, particulièrement ironique quand l'on savait qu'elle préférait manger salé. Son regard clair se posa furtivement sur son assiette à présent vide, elle déposa les couverts puis s'empara de sa serviette pour tamponner ses lèvres d'un geste lent. Un délicieux repas qu'elle avait savouré pleinement.

« L'avez-vous mangé ? Le cookie... »

Lentement, elle se pencha, attrapant son sac à main avant de l'ouvrir pour sortir une petite boîte de pilules. Si elle n'en montrait rien, son esprit commençait déjà à s'embrumer par la douleur alors qu'une migraine commençait à pointer le bout de son nez. D'un geste machinalement, elle glissa une pilule dans sa bouche avant de l'accompagner d'eau noire. Au vu de la violence de ses migraines, il valait mieux éviter que cela se produise ici. En soi les antidouleurs n'étaient pas suffisants pour l'éradiquer, mais au moins cela permettait à la sorcière ne pas souffrir jusqu'à la perte de conscience, ce qui était déjà arrivé à quelques reprises depuis que Morghann avait libéré son esprit. Le sac fut rapidement reposé au sol près de la chaise puis Ayzebel offrit un nouveau sourire à son comparse avant de le questionner une fois encore sur ses habitudes alimentaires.

« N'y a-t-il rien que vous aimez manger pour le plaisir ? Quelque chose qui n'entre pas dans vos normes habituelles ? Quelques choses de sucré par exemple ? Comme une pâtisserie, une friandise, peu importe ? Personnellement, mon péché mignon est la tarte citron meringuée... Et pourtant cela fait une éternité que je n'en ai pas mangé !»

Sam 28 Mai - 15:19
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

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Howard Earl
Le Sacrifié

Il ne savait pas bien si elle pourrait comprendre la façon toute particulière avec laquelle il jaugeait de ses propres actions et de sa place, ou la façon dont il valorisait l'accomplissement de son travail. Non, il n'était pas désintéressé mais son intérêt n'était pas personnel. C'était son devoir que de se soucier de son peuple, peu importe le mépris qu'il pouvait avoir pour lui en tant qu'homme. Ce n'était pas l'homme qu'on désirait voir chez lui mais le Lord, et ce nom dominait et dirigeait sa vie toute entière depuis très longtemps. Même lorsqu'il essayait de lui échapper. Pryam avait été un excellent professeur. Peut-être trop excellent en réalité. Silencieux, il l'observa du coin de l'oeil sans cesser de manger. Si les portions qu'il absorbait n'étaient pas des plus copieuses, cela ne voulait pourtant pas dire qu'il ne ressentait pas la faim, et après une journée presque complète sans rien n'avaler, il avait effectivement faim. Cela ne l'empêcha pas de réprimer l'ombre d'un sourire aux compliments qu'il recevait. Oui, sans doute n'était-il pas la plus simple personne au monde, et il n'aimait pas l'idée d'être facilement compréhensible. C'était une forme de danger, si l'on pouvait prédire ses actions et ses faiblesses. Il n'aimait pas être sans défense. Dans un monde remplit de prédateurs à l'affût, la moindre faiblesse pouvait être fatale. Hors, il comptait bien vivre encore un moment, pour au moins réaliser ses projets. « L'un n'est pas incompatible avec l'autre  » commenta-t-il simplement. C'était là son avis, mais également l'expérience vécue au travers de sa jeunesse. Un dirigeant devait incarner les deux facettes de son rôle à égale mesure, l'autorité directrice dont il était nécessaire de craindre la sanction, et l'entité protectrice et concernée par le bien être de ses ouailles. Qu'il fasse son devoir ne signifiait pas qu'il doive se montrer pliant. Et il ne le serait pas.

Bientôt, son assiette fut vide et il reposa ses couverts en observant sa réaction face à un tout autre sujet. Sous la table et sans en avoir l'air, il s'était mit à étendre sa jambe atrophiée, pour s'épargner quelques douleurs. Non, en apparence, il n'avait pas bougé du tout, l'observant simplement avec son habituel sérieux. C'était étrange, de le voir poser une telle question ? Pourtant, s'il agréait, il ne trouvait pas moins aussi son utilité à la poser. On est ce que l'on mange, n'était-il pas ? Alors pourquoi ne pas tirer quelques enseignements sur le caractère de cette donzelle qui lui faisait de l'ombre au travers d'une conversation presque normale. « Je ne mange rien de sucré, en règle générale. Je suis très sensible aux glucides  » Et il n'était pas près de lui parler de son pêché mignon. Ce serait comme lui montrer ses sous-vêtements. « Et avec ma condition physique, il est nécessaire pour moi de surveiller ma prise de poids  » Facile à prendre, mais terriblement difficile à perdre avec son… handicape. Bouger n'était pas toujours la chose la plus évidente du monde, quand certains jours, il était cloué au lit. Il y eut un silence volontaire, pendant lequel il l'observa attentivement, puis reprit, d'une voix posée, mais qui semblait attraper un fil invisible pourtant fort exposé. « Et puisque nous en sommes en parler de santé… je remarque que la vôtre n'est pas au beau fixe. Qu'est-ce qui vous cause cette douleur ?  » Les cachets, il connaissait. Il connaissait même excessivement bien. Ça avait été la première étape dans son supplice, quand il avait encore l'espoir de mener une vie normale. Cet espoir s'était pourtant délité rapidement, et les mesures pour juguler la douleur s'étaient faites de plus en plus désespérées et dangereuses. Les médicaments légaux avaient cédé la place aux drogues douces puis dures, et même elles n'avaient ensuite plus suffit. Aujourd'hui, il survivait grâce à des substances rares et semi-magiques qu'il payait une fortune…

« Je pense être fort bien placé pour vous dire de faire très attention aux médicaments que vous consommez...  »


Mar 31 Mai - 15:46
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