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 La caverne aux Merveilles [Moïra & Howard]

Naseem Sarrafi
L'étrange sous la normalité : Je suis l'Oeil d'Horus
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Naseem Sarrafi
Miaulement étouffé au réveil, puis un éternuement à cause de poussière. La boule de poils noire ne devait plus être tout à fait de cette couleur, nul doute qu’il avait blanchi mais c’était assurément le cadet de ses soucis. C’était elle son soucis, ELLE qui l’écrasait de tout son poids, et ce probablement avec une certaine satisfaction. Si elle n’avait été une déesse, il aurait probablement planté ses griffes dans le lard pour la faire se lever. En lieu et place de cela, il concentra ses maigres forces pour reprendre une forme humaine. C’était déjà plus vivable. La magie avait quitté son corps, il l’avait trop usée : retenir l’effondrement de cette étage complet sur son bouclier n’avait pas été une mince affaire. Il se redressa, assis, prenant la divinité délicatement dans ses bras. La dernière divinité qu’il avait portée la sorte, c’était le corps froid d’Hécate. Il déglutit avec difficulté à l’âpre souvenir et retira l’un de ses gants en cuir pour glisser sa main contre la gorge de la femme et mesurer son pouls. Il avait penché la tête pour percevoir sa respiration. Dans l’obscurité, il tâtonna pour aller saisir sa main et l’appela pour veiller à son état de conscience, puis il la laissa sur le sol, en position latérale pour la laisser s’éveiller et se redresser. Il lui fallait trouver les autres, surtout Howard.

Marchant à quatre pattes et cherchant à tâtons, il trouva un nouveau corps dont la carrure quasi scandinave le rassura. D’un même geste, il pencha sa tête au dessus de son nez et plaça sa main dans son cou. « Lord Earl ? » Une lumière brilla dans son esprit et il chercha après son téléphone dont il alluma la torche et éclaira le petit dôme qu’il avait pu garder sain et dont les éboulements s’étaient accommodés solidement. Bouger cette pierre n’allait pas être une partie de plaisir. Recoin par recoin, il observa le visage d’un Howard entier mais dont les jambes étaient de toutes évidences bloquées sur la roche et une Morrigan en train de se redresser : « Ne vous mettez pas debout, le plafond est bas. » Prévint-il en éclairant la voûte qui devait être à 1,50m tout au plus. « On a perdu Samaël. » fit-il remarquer. Soit il était sous les décombres et probablement mort. Soit il avait encore un semblant de pouvoir et il avait pu se téléporter. Mais à en juger par la date de sa chute… Non en fait, il était mort. « Vous n’avez pas mal ? » demanda-t-il au nécromant, soudain étonné de l’absence de cris ou de grognements. Il savait Howard Earl relativement de marbre, mais tout de même, accepter cette masse reposant après leur chute sur ses jambes n’était quelque chose qu’on pouvait supporter sans broncher, aussi Earl peut-on être.

Il descendit ses deux mains par pression répétées le longs des flancs du seigneur pour créer des réactions de contact, jusqu’à ses cuisses qu’il claqua une seconde fois un peu plus fort sans avoir de retour. « Je ne suis pas médecin… Mais des pierres sur des jambes ne déclenchent pas une paraplégie.  Il faut un coup sur le système nerveux… Vous n’avez rien à la tête, vous avez du tomber rudement sur le bas de votre colonne vertébrale. Nous vous redressez pas. » Après avoir repris en mémoire la profession d’Howard, il se dit qu’il ne lui apprenait rien et que le Lord avait pu parvenir à ce diagnostic tout seul. Ou bien à d’autres hypothèses. Il se dirigea vers ses jambes pour entamer le retrait des pierres les plus aisées. Il s’y prenait sans précipitations : le risque d’éboulement était élevé et si le Lord n’avait pas mal, il avait le loisir de faire cela proprement : il n’aurait pas la force de retenir une seconde fois la chute des pierres. « Je n’ai absolument aucune idée de la façon dont nous allons sortir de là… Seuls du moins. Ce qui s’est écroulé sur nous est d’une assez forte épaisseur et… Instable. » Avoua-t-il le souffle lent et bas, veillant à garder comme il l’avait très longuement appris, son sang froid par temps de crise. Ce qui lui donnait une allure assez détachée alors qu’il ne l’était nullement.

Sa perception des alentours l’inquiétait tout autant. « Il y a aussi… Les artefacts sous les décombres. Offensés. » Il y avait une certaine forme de vie dans ces choses, une histoire, parfois même un caractère, une destinée. Maltraités de la sorte, si proche les uns des autres, reposant sur un nexus instable. Il n’y avait pas à dire : ils étaient dans un sacré bourbier. A moins de trouver la lampe du génie...

Mar 24 Jan - 20:48
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Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
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Moïra Ní Éireann
Eveil difficile. Soulevant difficilement les paupières, Mórrígan demeura un instant allongée, cherchant à comprendre. A se souvenir. Ce qu’elle faisait, où elle était, pourquoi. Observant, fascinée, les roches qui constituaient son seul horizon sous la fragile lueur artificielle, elle demeura ainsi quelques instants, muette, statufiée ; puis se dressa sur son séant, se frottant distraitement le dos en ressentant une étrange courbature au creux des reins. Quelque part, une voix lui parvenait, lointaine, mais son esprit encore embrumé n’y prêta guère plus d’attention, concentrée qu’il était sur le déroulé des évènements. Quelques instants plus tôt, elle découvrait avec envie, débordante de passion, la caverne merveilleuse où ils avaient pénétrés, charmée par les reliques innombrables qu’elle distinguait ; désormais il n’en restait qu’un triste tas de décombre dans lequel ils étaient prisonniers. Se frottant les tempes, la déité observa son environnement, notant avec détachement la faible source de la lumière qu’était le téléphone et les deux hommes enfermés avec elle, l’un d’eux semblant coincé sous une roche, mal en point. Deux mâles… au moins aurait-elle un peu d’occupation, quoi que celui assit ne lui serait guère utile dans sa situation. Il ne survivrait pas longtemps de la sorte, si personne ne l’aidait efficacement. Un humain de plus à mourir, cela ne changerait pas grand-chose pour elle-même, plus personne ne daignant véritablement la prier, il ne faisait probablement pas parti de ses rares fidèles. Fermant les yeux, elle épousseta distraitement son vêtement sans même prendre garde à ce qu’elle faisait, préoccupée par le battement sourd qu’elle percevait dans son crâne ; puis elle se souvint et redressa brutalement la tête. Minute. L’humain était censé être son humain. Son élu. Elle ne pouvait donc pas le laisser ainsi, ce serait indigne d’une déesse. Mais elle ne pourrait rien faire en demeurant assise de la sorte. Commençant donc à se relever, elle lâcha un chapelet de jurons digne d’un vieux guerrier écossais ivre en s’assommant à demi contre la voûte de fortune. Mauvaise journée, vraiment. Plissant les yeux, Moïra prit alors véritablement conscience de l’étroitesse des lieux. De la masse les enveloppant. De leur situation précaire. Non. Ce n’était pas possible, pas acceptable. Malgré qu’elle eut appris à vivre selon le mode d’existence récent des mortels, avec leur étrange individualisme, leurs habitudes de tout faire trop vite, trop mal, égoïstement mais en s’entassant toujours davantage les uns sur les autres, elle ne pouvait accepter de rester enfermée dans si petite cage. Véritablement, elle prenait conscience de l’horreur d’être claustrée sans voir l’herbe pliant sous le vent, sans ressentir le frisson de la lune amoureuse contre son cou. Elle louve, elle oiselle, elle était la liberté, la flamme insaisissable, l’étincelle dansant sous la pluie et le vent hurlant contre la vent. Cette prison ne pouvait, ne devait être. Mais qu’avaient-ils donc fait pour se trouver dans une telle situation ! De la richesse, ils passaient à la geôle de pierres ; de Jasmine, elle devenait Raiponce. Accroupie sur les talons, elle enfouit le visage dans ses coudes avec un petit gémissement d’angoisse, les doigts glissés dans sa chevelure fauve. Respirer, respirer. Elle était une divinité, pas question de céder à cette panique nouvelle et glaçante. Inspirant aussi doucement qu’elle le pouvait, elle se concentra et changea de forme.

Oreilles basses, elle trottina jusqu’à ses compagnons d’infortune, furetant autour des blocs retenant le fils de Pryam prisonnier, glissant le museau entre les blocs pour relever le point faible de la pierre. Puis elle se détourna et poursuivit son exploration olfactivement, à la recherche du Hurleur ; sans résultat. Celui-ci semblait avoir véritablement disparu sans quoi son cadavre aurait été suffisamment sanguinolent pour qu’elle en devine la présence. Sans s’arrêter à cette simple constatation, elle finit par dénicher une intéressante trouvaille : ventre à terre, elle rampant sous un éboulis pour ramener la canne d’Howard qu’elle attrapa dans sa gueule. Trainant l’objet derrière, la louve se dirigea jusqu’aux bipèdes auprès desquels elle laissa tomber son trésor. Dirigeant son attention vers l’œil d’Horus, ses pensées l’inondèrent avec ironie tandis qu'elle le fixait. C’aurait été le moment idéal pour grandir, kitten, votre bouclier est aussi petit que votre personne. Mais les pensées demeurèrent comme telles et elle-même se contenta d’effleurer la nuque du blessé de sa truffe humide, préférant s’abstenir de davantage songer à l’étroitesse des lieux. Qu’ils hurlent et tempêtent s’ils le souhaitaient, mais louve elle resterait, préférant cette forme à celle trop grande de l’humaine habituelle. Elle était divinité des combats vibrants, pas des éboulements sordides. Se couchant, elle posa la tête sur les cuisses de son protégé, avec un humour presque grinçant qu’elle seule percevait ; si elle devait trancher les membres bloqués de ses crocs, autant profiter de leur confort auparavant.

Lun 30 Jan - 22:29
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié

Il avait sentit l'explosion, mais la suite se perdait dans les méandres de son inconscience, et il flotta un moment dans les doux bras de cette compagne de Morphée, avant de revenir à lui, rappelé autant par la douleur que les voix qui résonnaient et dont les timbres le faisait grimacer. Peu à peu, lentement, il reprit conscience de son corps, de sa posture allongée et de l'inconfort de celle-ci. Il voulut bouger, vaguement, gauchement, mais en fut incapable et grimaça à la douleur qui lui explosa à la base du crâne, se déployant au travers de son système nerveux comme une intolérable marée. Une marée qui, pourtant, semblait vouloir remplir l'absence de sa semblable, plus usitée, plus intime : celle de sa jambe blessée. Il ressentait distinctement les gravillons qui pressaient dans son dos, mordant pour certains la chair, d'autre se contentant de l'enfoncer ; son nez et sa bouche étaient emplis du goût ferreux du sang et lorsqu'il ouvrit les yeux, sa vue était trouble. Déglutissant difficilement, il cligna plusieurs fois des yeux, essayant de chasser le marasme qui semblait l'ensuquer. Il fronça les sourcils, percevant dans l'air une aura qui lui donnait une légère fièvre, abrutissant encore davantage son être mais semblant faire ressortir, dans son état second, chacune de ses douleurs et de ses inconforts. Impossible cependant de se concentrer sur cette aura, pas dans son état. A peine l'eut-il enregistré qu'il abandonna totalement le sujet, cherchant avant tout à émerger de son coma. Chaque effort lui semblait lui coûter le double de force qu'il conservait, et n'aboutir à rien. C'était comme essayer de grimper une façade lisse et dépourvue de prise solide. Une vague forme sembla le rejoindre dans l'air doré, et la soudaine lumière lui fit rétracter les pupilles et, s'il avait été en état, maudire l'imbécile qui l'aveuglait ainsi sur cent générations.

Des mots, encore, une voix, d'abord floue et déformée, puis un peu plus claire, tandis qu'il reprenait lentement 'pieds' sur terre… Ironique choix de concept quand on voyait ce qui lui était tombé dessus. Il le perçu finalement, mais n'était pas en état de paniquer ou de se lamenter, et ne l'aurait certainement pas fait, ego oblige, devant des inconnus. En revanche, il s'autorisa un lourd soupire, vidant l'air de ses poumons, qui s'acheva par une quinte de toux lorsqu'il inspira à nouveau. La poussière caustique et irritante n'était pas très appréciée de ses poumons. Qui était-ce ? Ah, le chat… Il l'observa un instant sans totalement le voir puis laissa retomber sa tête. Non, effectivement, des pierres ne déclenchaient pas une paraplégie. Elles broyaient juste les jambes. Vaguement, avec un détachement né davantage de sa faiblesse que d'un véritable détachement, il se demanda si, sous la couverture de pierre, il était entrain de se vide de son sang, ou s'il aurait au moins un lambeau de chance dans son malheur. Vu ce qui lui tombait dessus depuis six mois ? Il n'avait pas l'ombre d'un espoir. Cette situation n'était que l'aboutissement d'une série criante de déveines et d'acharnement du Destin, si on croyait en lui. Il y eut de nouvelles paroles, mais cette fois, il ne s'y intéressait pas vraiment, fermant de nouveau les yeux. Ses tempes pulsaient de douleur, celles de son corps meurtris, mais également d'une migraine cataclysmique et qui provenait de l'atmosphère du lieu. Il nota avec absence que les flots du Nexus n'étaient pas entièrement retombés, qu'il y avait encore une puissance latente en ce lieu, en dehors des objets… énorme. Si seulement il arrivait à se sortir de son état d'hébétude, si seulement il parvenait à agripper cette magie…

Sans réellement bouger, il vint reposer une main moite d'une sueur malsaine sur une fourrure douce qu'il n reconnu pas. Le geste, anodin en soi, provoqua une vague de malaise, de nausée et de tremblements spasmiques dans tout son corps. Ah… si, il était entrain de se vider de son sang. Mauvais, ça, et pas pratique du tout… Frissonnant et le cœur au bord des lèvres, il tenta de bouger la tête, les lèvres, mais rien ne vint. Sa vision était parcourue de points blancs. Il allait mourir, c'était évident, même ses sens supérieurs, travaillés par l'ailleurs, le lui affirmait. Un instant, il en fut terrifié, une peur qui transcendait son état second tant la pensée était claire, limpide et finale. Puis, il accepta, décidant d'abandonner son fardeau. Il partirait donc, puisqu'il le fallait. Sans remarquer que son souffle s'écourtait de plus en plus, il essaya d'atteindre un instant l'esprit de son frère jumeau, voulant le sentir une dernière, une ultime fois avant d'être coupé du monde mortel. Son esprit se tendit, lentement, faible et délité… mais ce qu'il rencontra n'était pas l'esprit, l'âme, de Morghann. C'était une lueur pulsante, étrangère, mais à l'étrange chaleur, à la fois douce, et dépourvue d'affection, présente et lointaine, compréhensive et emplie de condamnation. L'entité l'attrapa d'une poigne ferme alors qu'il se laissait retomber dans son corps et retint son être en lévitation, à mi chemin entre le plan physique et spirituel. Son corps tressauta plus violemment alors que la volonté de l'entité le parcourait de haut en bas, semblant jauger de quelque chose qu'elle seul savait chercher. Puis son corps, bien contre son grès, laissa échapper un hoquet de douleur, ses yeux s'emplissant de larmes qui roulèrent sur ses joues librement.

Par une symbiose horrifiante, choquante, et douloureuse, son esprit fut parfaitement capable de suivre chaque goutte de sang qui effectuait le chemin inverse à celui qu'elle venait de prendre. Il s'arqua à moitié, presque grotesquement, alors que le moindre globule rouge perdu retournait, purifié, à ses artères et que les blessures, la chair éclatée, les os transformés en esquilles, étaient remis en place, amendés, refait à neuf, sans la moindre trace d'une collision avec des blocs aussi épais de roche. Haletant et le corps couvert de la sueur d'un effort physique important, il crispa les mains alors que les muscles se resoudaient, se nouaient et qu'une puissante sensation abrasive l'informait plus encore de la repousse de sa peau. Lorsqu'il retomba, hoquetant à la recherche d'un air bienvenu, comme un poisson hors de l'eau cherchant son souffle, il su très exactement que les nombreuses hémorragies venaient de se résorber. Il ne restait de la collision que son handicap à présent total. Emplis d'incompréhension, il sentit la volonté qui venait de l'arracher à la mort s'attarder sur la section de ses nerfs qui avaient été broyée par la chute, l'exact endroit où la délicate arborescence s'était rompue, le condamnant à la chaise roulante… et s'éloigner, refusant en toute connaissance de cause de faire disparaître cet état de fait, semblant même satisfait d'une telle tournure.

« P-pourquoi…. »

Le son de sa voix, rauque, fricative et éraillée, s'arracha comme un croassement à sa gorge et le ramena à la réalité. Il bougea frénétiquement la tête, de droite et de gauche, et capta la forme impalpable de la faucheuse qui s'effaçait près d'eux, n'ayant plus rien à faire ici. Retombant de nouveau, il se calma progressivement, incapable d'expliquer ce qui venait de se passer. Assoiffé, la gorge lui faisant aussi mal que si elle avait été raclée avec du papier de verre, il déglutit et tâcha de reprendre pleinement contrôle de lui-même. Après un léger silence, il demanda, la voix toujours difficile :

« Combien… combien de temps ? Le Nexus… ? »

Mer 1 Fév - 20:08
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Naseem Sarrafi
L'étrange sous la normalité : Je suis l'Oeil d'Horus
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Naseem Sarrafi
Un bruit sourd lui indiqua qu’elle s’était prise la tête dans la basse voûte. Le chaton grimaça pour elle : ça n’était pourtant pas faute de l’avoir prévenue avant ! Alors que Naseem retirait les pierres, ses doigts glissaient dans le sang qu’il trouvait de plus en plus abondant. Ça ne l’avait jamais dérangé : le liquide carmin était son quotidien. Ce qui lui posait problème, c’était sa forte abondance en dehors du corps d’Howard. Il claqua sa langue au palais, fortement agacé de la situation. Il n’avait strictement rien sur lui pour le soigner. Et quand bien même il parvenait à panser les plaies, il n’était pas certain de l’anémie ne fasse trépasser le nécromant. Pryam n’allait pas être satisfait. Il fallait sortir de là vite. Il dégagea les pieds d’Howard, satisfait de voir que leur grotte ne s’était pas écroulée, sans pour autant accepter de se reposer là : il fallait sortir à présent. Il poussa un soupir puis eut un sursaut. Un violent sursaut. Reprenant la forme d’un chaton, son corps animal se raidit, d’un mouvement nerveux, ses pattes l’avait fait bondir plus d’un mètre en arrière, heurtant les parois de leur minuscule refuge. On avait pas idée de se transformer en canin devant un chat vulnérable ! Cette déesse avait décidément un don pour attiser ses instincts primaires. La petite boule de poils noirs de vingt centimètres cube grossit à trente à la levée des poils. Il feulait, grondait, grognait, mais ne faisait pas d’avantage peur avec son maigre volume. Sa conscience humaine œuvra à brider l’être apeuré. Calmant ses instincts, il relativisait, se laissait percevoir qu’il ne s’agissait que de Morrigan. Elle n’allait tout de même pas le mordre ? Ça n’était vraiment pas le moment, la situation d’Howard était préoccupante !

Ses traits humains refirent surface en même temps de sa volonté et dès qu’il eut, de nouveau, l’usage de la parole, ce fut pour pousser un juron en ancien égyptien. « Prévenez-moi la prochaine fois que vous prenez une telle forme, enfin ! » tâcha-t-il d’articuler, mêlé d’un chantant accent arabe qu’il dissimulait d’ordinaire, le cœur battant après sa crise manquée. Il aurait au moins pu se contrôler, saisir plus fermement sa raison humaine pour résister si elle avait pris le soin de l’avertir. Il prit plusieurs respiration pour faire cesser les frissons qui lui parcourraient l’échine, sa concentration se reformant à la vision des spasmes du Lord. Il se rapprocha de nouveau, clignant plusieurs fois des yeux à la vue de ce qui se produisait pourtant bel et bien. Il ignorait ce qu’il en était exactement, mais assurément, ça n’était pas de la nécromancie noire. L’étendue de cette magie pouvait être aussi incroyable qu’on pouvait l’entendre mais… Jamais, Ô grand jamais, elle ne pouvait faire cela. Et il doutait qu’une divinité guerrière délitée en soit capable. Quand à lui-même, il n’en avait absolument pas la force et n’était pas un soigneur mais un bouclier. Il n’osa pas toucher, tant l’effet lui apparaissait comme bénéfique. Il ne désirait en aucun cas compromettre cette guérison et lorsque les plaies furent refermées, il resta quelques secondes stoïques, ce ne fut que la voix brisée d’Howard qui le tira de son anesthésie. Il arqua un sourcil lorsqu’en pressant d’une main l’une des jambes réparées, il n’y eut aucun réflexe en retour, aucune réaction. Qu’était-ce que cette guérison sélective ? Une loterie qui déterminait ce qui avait le droit d’être panser ou non ? « Comment avez-vous fait cela ? » demanda-t-il au nécromant, supposant une voie cultiste pour cet homme aux ancêtres Nordiques. Tout en étant dérangé par la nature même de cette magie : elle n’était pas celle, commune, que le gros de l’Envers utilisait.

Il s’installa au niveau de la tête d’Howard pour caler sa cuisse sous sa nuque et le redresser légèrement, le laissant reposer ainsi. Le sorcier parviendrait à mieux respirer de la sorte, buste partiellement redressé. « On est le 1 avril. Il est près de 20 heures, Lord Earl. » répondit-il à la première question, laissant la seconde décanter. Il avait vu cette information sur son téléphone, en même temps qu’il eut noté mentalement ne pas avoir la possibilité de contacter qui que ce soit. « Cela fait un peu plus de 36 heures que nous sommes ici. » Et que les secours n’étaient pas venus à eux. Cela devait être un vrai marasme pour qu’on mette autant de temps à retrouver l’héritier de Pryam Earl. Les chances de survie décroissaient drastiquement avec les heures, de telle sorte qu’on n’attendait guère. Sa main dégantée restait logée dans le cou d’Howard, surveillant son pouls avec attention, le temps qu’il trouve comment quitter cet endroit. Le nexus ? La question de sorcier restait dans sa tête, remuant lentement. Le Nexus de Last End était instable, comme s’il flottait à la surface d’une eau mouvante. Ses flux emplissaient l’air et l’éponge à magie qu’il se trouvait être le ressentait avec une intensité toute particulière, quasi agressive. N’avait-il pas, jadis, absorbé celle d’un fragment d’Horus ? Son regard s’attarda sur la louve, comme s’il cherchait un avis sur la question, puis il baissa la tête et opina du chef.

Naseem leva ses propres barrières, empoignant ces rivières invisibles environnantes pour les faire courber à sa volonté. Leur instabilité réclamait une certaine prudence, raison pour laquelle il se montrait à la fois ferme et patient : il prenait le temps de s’assurer que cela ne lui échapperait pas en chemin, les conséquences pourraient en être désastreuses. Le fin dôme se reforma contre les parois de pierre, tel des filaments de lumière cuivrées s’entremêlant dans un maillage qu’il maîtrisait. Une fois leurs positions raffermies, le bouclier se referma sous leurs pieds et vint former une goutte d’eau dont la pointe forçait contre la voûte, pour en écarter, de force, les roches. Cela craquait, cela grondait sourdement et il retenait les gravats que la moindre percée faisait retomber. Il continuait son chemin dans la pierre vers la surface, espérant la trouver promptement. Sa pupille gauche se tintait d’une lueur rougeoyante. Le chaton y plaçait toute sa concentration que le moindre aboiement lui aurait fait tout relâcher et s’écrouler sur eux. Comme s’il marchait sur des œufs, briser la moindre coquille déstabiliserait ses appuis de manière dangereuse, les pattes embourbées dans un liquide visqueux et glissant. Bientôt, il ne sentit plus de roche, sur le dessus, satisfait d’avoir enfin atteint le sommet de cette montagne de gravats. Il stabilisa les parois circulaires de leur trou avant de relâcher lentement et prudemment son bouclier. D’un œil extérieur, ils avaient l’air d’être au fond d’un tube à essai géant. Ils avaient environ cinq ou six mètres à remonter pour atteindre… Il ne savait quoi. Probablement l’extérieur de la caverne et si la dimension n’avait pas été trop secouée, ils se retrouveraient dans cette étendue sombre et infinie qu’ils avaient traversée, guidé par Samaël. De guide, ils n’avaient plus cette fois. Il avait bien laissé des phéromones à proximité de l’un des portails, mais pourrait-il le sentir ? Seraient-ils fiables après le chahut provoqué ? Les téléporteurs vers d’autres étages étaient-ils seulement encore en état de marche ?

Naseem secoua la tête pour chasser ces idées. Ils devaient avancer, non pas se prostrer dans leur coin et attendre les secours : ils seraient morts de soif avant, si ce n’était d’asphyxie. « Vous devriez pouvoir vous envoler jusqu’à la surface, Morrigan. » souffla-t-il, épuisé par l’effort duquel il n’était pas encore au bout. Il reforma un bouclier, rectangulaire qui épousait parfaitement la forme du dos d’Howard, même en sa partie déformée, pour que lors du déplacement de son corps, il ne puisse être d’avantage endommagé. C’était comme un brancard à mémoire de forme qu’il acheva en un support de tête replaçant sa cuisse dans la nuque du Lord alors qu’il se retirait et se relevait. Ses prunelles observèrent les hauteurs sur lesquelles il devait faire léviter ce nécromant puis remonter lui-même par la suite. « Et nous dire ce qu’il y a exactement. » réclama-t-il alors qu’il refermait son bouclier sur Howard, l’empêchant de tomber du brancard d’une quelconque manière que ce soit.

Sam 4 Fév - 13:20
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Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
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Moïra Ní Éireann
Amusant, irréfutablement. Une peluche terrifiée redoutablement ridicule à feuler comme un lion enragé, qui ne tira à la louve qu’un regard désabusé, tandis que la patte la démangeait d’écraser avec délectation au sol la petite tête noire ébouriffée. Elle lui devait bien cela pour avoir, plus tôt, essayé de croquer l’oiselle qu’elle était. Mórrígan s’en détourna pourtant, laissant le mini-gremlin-décoiffé s’agiter dans son coin. Elle avança de quelques pas puis, le voyant se calmer doucement, retroussa les babines avec un léger grondement. Là. Elle se sentait infiniment mieux ainsi, à le voir frémir de plus belle. Le temps pressait cependant, la situation était critique. Furetant donc, elle se lança dans l’exploration approfondie de la minuscule niche leur tenant lieu de geôle, satisfaite en entendant l’éclat de voix derrière elle alors même que son museau croisait le bois familier de la canne d’Howard. Et un chaton traumatisé, un.

Quelques instants plus tard, allongée près de ses compagnons, elle dressa le museau avec surprise en percevant l’inattendue anomalie qui se produisait à quelques centimètres de sa truffe. L’odeur de l’hémoglobine chaude refluait, le bruissement infime des plaies sanglantes diminuait ; le craquement inhabituel des os se reformant résonnait à ses oreilles et l’odeur rance de sueur de l’homme blessé lui pinçait la truffe. Quelle magie était-ce donc là, protectrice et démesurément puissante, bienfaitrice et sardonique ? Se redressant, elle recula de quelques centimètres, observant avec inquiétudes, oreilles vers l’arrière, la scène se déroulant sous ses yeux lupins. Le corps malmené se cambrait, les yeux fous se révulsait ; mais des mortelles blessures, il ne demeurait rien. Aucun d’eux ne semblait comprendre ce qui venait de se dérouler, chacun s’interrogeant sur la source de cet inestimable présent. Qui donc œuvrait ainsi dans l’ombre pour veiller sur l’enfant de Pryam ? Pourquoi une manifestation si tardive, attendant que la mort rôde près du jeune homme pour le délivrer de son mal ? Babines retroussées par la défiance envers cette entité inconnue, la louve sentit son inquiétude s’accentuer en entendant la réponse faite par l’égyptien ; trente-six heures déjà… les artefacts devaient devenir fous et le danger grandissait d’autant plus qu’ils ne savaient rien vraiment du lieu où ils se trouvaient. Elle n’était toutefois pas seule à éprouver de l’appréhension face à leur critique situation, les pouvoirs de Chaton se déployant de nouveau pour ébranler leur fragile caveau et défaire la charpente rocheuse les surplombant. Silencieusement, la déesse observa le travail tandis qu’elle-même reprenait forme humaine, se coulant près du sorcier allongé, glissant deux doigts glacés contre sa gorge pâle. Le pouls affolé ralentissait significativement, redevenant lent, trop peut-être ; mais après le choc subit par les fractures puis la guérison soudaine, il apparaissait normal que son frêle corps d’humain en subisse le contrecoup. Du cou, sa main glissa jusqu’au front, s’assurant que la fièvre n’ait eu le temps de se déclarer. Il lui fallait du repos, mais de répit il n’était pour l’heure pas possible. Subtilement, en une douce et aérienne caresse de la joue, elle lui distilla force et courage pour que son esprit sans doute épuisé puisse reprendre quelques vigueurs, avant de se redresser. La tête d’Howard délicatement reposée sur le plancher de fortune, Moïra adressa un signe d’acquiescement à l’œil d’Horus avant de reprendre plumes et bec. Prenant appui sur ses pattes, elle se propulsa vers les hauteurs et, une dizaine de battements d’ailes plus tard, s’approchait de la sortie.

Le souffle glacé la cueillit en plein vol, projetant la fragile créature sur plusieurs mètres, heurtant une agressive paroi ; jusqu’à ce que la surprise passée et la douleur endiguée, elle reprenne le contrôle de son corps. Les ailes battant sourdement pour échapper à la tourmente dont la force la surpassait, la corneille piqua vers le sol, se laissant retomber aussi prudemment que possible pour parer à tout danger nouveau. De nouveau cependant elle était seule, ses comparses prisonniers de la crevasse attendant ses nouvelles. Redevant humaine, elle attendit, un genou à terre, de reprendre son souffle et, se massant délicatement le bras éprouvé, détailla son environnement. L’usage de ses pouvoirs, même infime, combiné à l’effort physique de ce bref combat contre la bise cruelle, lui soulevait la poitrine par saccade avant qu’elle ne s’apaise, contemplant la beauté majestueuse l’enveloppant. Un vent froid et sec soufflait, une lumière pâle et diffuse, quoi que plus forte à sa droite, éclairait faiblement les lieux. Le sol, lisse, au scintillement léger semblait couvert de diamant ; ou de glace. Se déplaçant lentement pour ne pas rechuter, la déesse fit quelques pas, relevant la tête pour observer les fins piliers qui l’entourait, formant une allée majestueuse dont la destination se perdait dans les ombres. Plus intéressante toutefois était la source de lumière blafarde vers laquelle elle s’orienta, plissant les yeux tandis que ses pupilles se rétractaient à mesure qu’elle approchait. La température se faisait plus basse, le souffle, plus violent, tandis qu’un halo d’un rose pâle se distinguait au cœur du blanc lunaire. Mais rien n’apparaissait réellement comme un danger à éviter, jusqu’à ce que ses yeux ne s’intéressent aux murs ; ils semblaient apparaitre pour mieux s’évanouir, suintaient puis flottaient. Secouant la tête un instant, sa crinière de flammes seule touche de couleur dans l’immensité grise, elle s’approcha doucement, avec la diffuse impression que la distance ne se réduisait pas. Reculant, elle fronça les sourcils alors que cette fois, les parois semblaient suivre son mouvement. A quel étrange phénomène avait-elle affaire ? Chimère se jouant de son esprit abusé par une quelconque magie malicieuse, ou manifestation tangible d’un pouvoir inconnu ? Abandonnant là son inspection en se souvenant de l’existence des deux prisonniers de la terre, l’irlandaise refit chemin inverse jusqu’à se trouver à proximité de l’entrée sombre. Là, elle se retransforma et, profitant des courants aériens, se laissa porter par eux jusqu’à piquer dans l’ouverture. Par chance, son aile contusionnée pouvait encore aisément la soutenir ; si elle pressentait qu’un nouveau choc serait fatal aux fragiles os la composant, elle savait également que la palpitation légère se dissiperait rapidement si elle prenait garde.

-La place est froide, vide et venteuse, mais une sortie est peut-être envisageable ; le plus difficile sera probablement de parvenir à sortir de ce tombeau.

Debout face au métamorphe, elle lui fit une rapide description des lieux, éclaireuse lésée, avant que ses prunelles ne se fassent critiques tandis qu’elle les abaissait vers l’homme convalescent. Des murs enchantés, elle n'avait guère parlé, mentionnant simplement leur étrangeté et sa difficulté à en percevoir leur nature.

-Il faudra prendre garde qu’il conserve sa chaleur corporelle, sa faiblesse pourrait s’accentuer avec le choc thermique. Songeuse un instant, ses premiers mots furent murmures légers avant qu’elle ne fixe l’assistant de Pryam. Dites-moi, kitten, si je vous emporte dans mes serres, pourrez-vous envelopper Lord Earl de vos pouvoirs et le soulever par eux ?

Sa petite taille de jeune félin lui permettrait sans doute d’être soulevé par la divinité, mais ils ne pouvaient laisser ici le sorcier ; à moins que la force mystérieuse puisse, en sus d’être guérisseuse, se faire vent léger les emportant vers la sortie.

Sam 11 Fév - 19:50
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Howard Earl
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Howard Earl
Le Sacrifié

La question était si inattendue, elle le prit tant au dépourvu au sein de ses pensées bousculées et du chaos des battements de son cœur éprouvé, qu'il n'eut aucune trace de sa retenue policée lorsqu'il regarda le matou comme s'il lui avait poussé une seconde tête… ou des ailes de chauve-souris et des petits crocs de vampire. Il mit d'ailleurs un moment à comprendre de quoi on lui parlait, et resta donc à le regarder fixement, bouche légèrement entre-ouverte. De quoi, de qui, de comment ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Comment avait-il fait quoi ? Par réflexe d'homme en perdition, il tourna la tête vers Morrigan, espérant qu'elle aurait une explication à lui donner concernant cette interrogation soudaine. Fort heureusement, le chat n'insista pas, et répondit plutôt à la question qui le taraudait lui… 36 heures… Ils étaient coincés ici depuis 36 heures. En un sens, sans doute avaient-ils passés le seuil critique, mais cela signifiait également qu'ils mijotaient dans cette ambiance de magie instable depuis bien trop longtemps. Mais il n'arrivait pas à aller plus loin que ça dans sa réflexion, se sentant encore épuisé et secoué. Ses yeux le piquait, et il en cligna lentement, sans réussir à chasser la sensation. Il attendit, ne pouvant guère faire plus dans sa condition. On l'avait soigné, certes, mais rien de plus… il n'était pas revigoré ou rendu à son intégrité. Progressivement, l'adrénaline de sa guérison retomba et il ferma les yeux, la respiration plus lente. Il sentait les mouvements de la magie, de façon lointaine, mais ne pouvait rien faire pour les aider, ne se sentant pas la force d'apporter un quelconque ajout à ce que les deux autres pouvaient accomplir. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était ne pas bouger et rester sagement comme il était. Les mouvements lui arrachaient des élancements, mais rien au-dessous de la taille. Ce qui en un sens s'avérait peut-être salvateur. Il n'aurait osé imaginer la douleur d'être broyé comme une vulgaire branche.

Pendant un moment, il n'y eut plus rien, et il somnola presque, attendant tout comme le chaton que la déesse leur revienne avec des nouvelles. Dans sa semi-inconscience, il sentait d'innombrables battements mécontents alentours, vrombissant de vexation, sans réellement comprendre, désormais, pourquoi ces entités inconnues étaient sujettes à de si négatifs sentiments. Cela lui froissait les sens, le crispait d'une façon subtile et perturba le repos qu'il aurait pu grappiller. Quelque chose s'accrocha finalement à lui, le tirant lentement vers le bras, pas physiquement, mais mentalement, comme un crochet dans une chair impalpable et lorsqu'il revint brusquement à lui, à la voix de la déesse, il sentit la chose s'accrocher plus encore à lui. Pendant l'espace d'un moment de panique suprême, il se sentit batailler pour s'éveiller, tout en étant immanquablement et implacablement entraîner plus profondément. La dernière pensée cohérente qu'il eut fut de s'imaginer essayant de grimper un mur de pierre lisse et humide, et échouant lamentablement. Puis, soudainement, ses yeux s'ouvraient, vides et sombres, étoilés comme un ciel nocturne.
« Fuyez... » ordonna-t-il d'une voix d'outre-tombe, mais qui ne perdait rien de son impérialisme. Ils devaient partir, immédiatement. Ils n'avaient pas beaucoup de temps, mais il ne pouvait guère faire plus. Quelque chose, une volonté qu'il ne se connaissait pas, retenaient les explications prisonnières dans sa gorge. Il les observait sans les voir, et pourtant avec une ironique curiosité, se demandant s'ils seraient capables de simplement obéir sans en savoir davantage ou si leur morbide curiosité aurait raison d'eux.

Mar 21 Fév - 19:13
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Naseem Sarrafi
L'étrange sous la normalité : Je suis l'Oeil d'Horus
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Naseem Sarrafi
Naseem n’eut pas de réponse à sa question de la part d’Howard. Il n’avait pas insisté pour autant : soit le nécromant n’avait aucune idée de ce qui s’était produit et dans ce cas, il n’était pas étonnant qu’il ne puisse le renseigner. Soit il le savait mais n’en disait mot. Les rois et princes avaient leurs secrets que le chat avait appris à tolérer. Il s’y pliait et ne s’offrait pas la légitimité d’insister d’avantage. Au fond, c’était un Earl, pas un Amasis, il n’avait à le protéger que par intérêt pour sa famille, non par affection à son égard. Il le tiendrait en vie et lui obéirait, mais il n’irait pas s’aventurer dans les méandres de sa psyché : il ne le connaissait pas. Son regard se leva vers l’oiseau qui s’envolait, calmant l’instinct animal qui lui criait de la gober. Puis, lorsque les bruissements d’ailes cessèrent, il reporta son attention sur le Lord dont il achevait la protection. Il était inquiet. Rongé par l’appréhension, il ressentait comme une agression les vibrations des artefacts qui réclamaient leur liberté. Depuis combien d’années étaient-ils ici entreposés comme des trophées d’orgueilleux ? Tant d’affront pour se voir finalement ensevelis sous des décombres. C’était trop et Naseem le sentait comme si c’était lui-même. Le cheminement du courroux s’enlisait dans ses tripes et remontait dans sa gorge. Ses poings se serraient, ses émotions se nouaient, son souffle déraillait. Faiblement, il s’était mis à tousser. La présence de poussière ne rendrait pas l’acte étonnant mais ce n’était pas la poussière qui le gênait, c’était la magie oppressante des artefacts qui commençait à l’étouffer. Il s’en débattait. Il devait quitter leur proximité qui l’affectait pour retrouver de ces capacités et sortir le sorcier et la déesse de ce caveau. En attendant, il veillait sur le Lord aux yeux clos en espérant que la situation ne devienne pas critique. Il pourrait faire léviter Howard jusqu’à la surface sans soucis, mais il devrait sortir lui-même de cet endroit s’il voulait le conduire plus loin. Il n’avait pas des yeux qui voyaient à travers la roche, hélas.

L’oiseau revint, porteur de nouvelles : « Le bouclier le protégera. » affirma-t-il. Là, enfermé comme dans un cercueil aux courbes ovales et aux traits de lumière cuivrée, Howard était protégé, du moins tant que le chaton vivrait et pourrait le maintenir. S’il ne craignait pas tant de mourir, le métamorphe ne pouvait que préserver sa vie s’il voulait maintenir celles des autres. Quant à se faire porter… Un oiseau aurait du mal à soulever un chaton de quatre mois. Aussi petit soit-il. Mais l’oiseau était une déesse, il y avait fort à parier qu’il ait des capacités insoupçonnées. Si Morrigan lui soumettait l’idée, c’était qu’elle en avait probablement déjà fait l’expérience en un cas similaire. « Je ne peux pas user de magie lorsque je ne suis que l’animal. Mais une fois en haut… Oui, je le ramènerai jusqu’à no... » Fuyez ? Le regard du chaton se planta dans les étoiles qui habitaient les prunelles du sorcier. Fuyez… Et non fuyons. Tout portait à croire que le Lord avait les capacités, si elle n’étaient pas surestimées, de survivre à il ne savait quoi. Et les sens agressés du chaton pointaient du doigt les artefacts sous les décombres comme menace imminente. « Ok, maintenant. Par la peau du cou. » fit-il promptement à la déesse. Ainsi le chat serait tenu en laisse et ne chercherait pas à attaquer l’oiseau qui le transportait ! Il prit une forme féline et rongea son frein à la vue la présence de l’oiseau, se laissant transporter comme par sa mère au dessus du sol et vers les cieux. Le froid l’agressait de plus en plus, mais il préférait amplement cela à la pression qu’exerçait sur lui les artefacts. Il roule-boula sur le nouveau sol, finissant dans une position grotesque que son honneur de chat tâcha de ne pas éterniser. Ses traits humains refirent surface et aussitôt son bouclier le protégea du froid agressif. « Restez un oiseau et fuyez, Morrigan. Volez vers cette lumière, faites vite. Les artefacts deviennent bien trop dangereux, je traverserai la mort s’il le faut et Lord Earl semble.. D’après lui, en capacité d’y survivre, mais vous fuyez. Vous  irez bien plus vite sans nous attendre et vous lui serez bien plus utile en vie que trépassée. »

Le métamorphe se pencha au dessus du gouffre, main tendue dans le vide pour appeler le corps d’Howard à lui. Magie opérante, le sorcier fut promptement porté à la surface sans pour autant être hors de danger. Il leur fallait quitter l’endroit et vite : ils marchaient sur des œufs à la coquille bien fragile. La poigne de l’égyptien se referma sur le bouclier qui englobait le Lord et le faisait flotter, allongé, à un mètre du sol. Courir. Il n’avait que cela présentement. Courir vers la lumière rosée, la seule qui lui semblait être une sortie. S’il se trompait, ils y passeraient tous les trois mais il n’avait pas de meilleure idée. Entraînant Howard avec lui dans sa course, le métamorphe avait perdu de vue l’oiseau, son attention exclusivement éprise de cette lumière. Sa vision se floutait. Il n’y avait plus que cette tache rosée et les ténèbres autour alors qu’il courrait à grandes enjambées. Ses mains tremblaient à la magie des artefacts qui grondaient sourdement, se répercutant en lui comme dans une caisse de résonance particulièrement adaptée par sa nature même. Aussi miracle de la magie pouvait-il être, son asservissement était bel et bien réel et en bien trop offensée quantité… Il eut un haut-le-cœur, le bruit de ses pas ne lui parvenaient plus, ce fut le silence absolu. La lumière avait disparu de sa vue, ses sens se perdaient, s’effaçaient. La seule chose qu’il put percevoir fut un tentacule visqueux et sombre s’enroulant autour de son poignet et le souffle comme une bombe qui le plaqua au sol avec violence.

Ses pieds rencontrèrent vivement le sol, une douleur qui se répercutait dans ses os jusqu’à ses cuisses. Il étouffa un bruit sourd. Son souffle saccadé inspirait l’air terriblement glacé, imbibé de la mort qui l’environnait. Plus d’Howard, ni de Morrigan. Plus de caverne, plus d’artefacts. Rien qu’une terre d’humus et de sang, rien qu’une forêt sombre et grouillante de créatures trépassés, avides de combats mortels. Immobile, il ne laissait à ses ennemis aucune perception de lui-même. Il détaillait leur présence. Il devrait les tuer ou se faire tuer. Ces terres qu’il connaissait bien réclamaient du sang à tout prix. Le châtiment des créatures et la peur dans sa plus terrible forme. Naseem n’était pas devenu tortionnaire par des idées qui lui venaient de lui-même. La peur qu’il offrait à ses victimes provenaient directement de ce lieu auquel il était et serait par neuf fois lié. Lentement, il relevait la tête sur la silhouette qui l’observait avec sévérité. Il déglutit devant le visage qu’elle lui offrait. Hécate dans ses Ténèbres et lui, qui portait les chaînes du meurtre qu’il avait commis dans l’autre monde. Un genou à terre, ses prunelles de chat fixaient les branchages qui avaient été secoués par le passage d’une créature courante avant de revenir promptement sur la déesse. Naseem sortit la lame courbe d’une épée hors de son fourreau. L’argent frottait le cuir lentement. Son autre main s’armait d’une dague. Il savait parfaitement où il se trouvait et cela ne pouvait signifier qu’une chose : il était mort. Et s’il voulait renaître, il lui faudrait s’échapper du Purgatoire… A nouveau.

Sam 25 Fév - 18:26
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Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
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Moïra Ní Éireann
Fuir ? Qui, quoi ? Pourquoi, soudainement, un tel empressement L’urgence pourtant résonnait dans les tonalités de la voix d’outre-tombe du sorcier, et l’instant ne semblait pas aux questions, davantage à la survie. Oh, elle les sentait, ces murmures enragés, ces frissons offensés ; la colère couvait, sous les ruines enterrée, enflant et rageant comme un océan furieux. Cyclone ou tornade, ou les deux à la fois : la puissance endormie qui s’éveillait en grondant aurait la force de l’un et la puissance de l’autre. Mais dans les ténèbres de leur geôle de roches, Howard semblait détenir de précieuses informations qui ne pouvaient être ignorées. Il leur fallait donc s’échapper, s’envoler, et pour cela seule en avait les ailes nécessaires. Idée soumise, aussitôt acceptée. Si le métamorphe pouvait ramener à la surface le fils de Pryam, qu’importait que ce fut sitôt lui-même remonté ou au court du trajet. Bientôt l’oiselle refermait ses serres sur le petit félin égyptien. Peinant, de ses fortes et noires voiles de plumes, s’appuyant sur l’air pour les soulever, car si la charge était en deca de ce que sa force lui permettait d’emporter, la remontée droite et ardue entravait la commodité de son travail. Bientôt pourtant ils atteignirent la surface, alors que sous eux les reliques fulminaient. Encore, quelques battements… L’œil d’Horus relâché, sans grâce ni égard ; mais qu’importait, il était sauf. Morrigan ne pouvait faire plus, il leur appartenait désormais d’user de leurs propres forces pour se protéger. Une force mystérieuse avait veillé Howard, pourquoi l’aurait-elle abandonné ? Et la corneille sans un regard approuva le conseil et s’envola à tire d’ailes. Adieux amis, à chacun sa survie.

Le souffle la projeta en avant, sur le sol dallé ; elle pénétrait juste la nouvelle salle. Un instant, sonnée, elle demeura allongée, forme floue, forme informe. Les plumes côtoyèrent la soyeuse fourrure, l’écarlate chevelure se piquetait d’un fin plumage. Pieds chaussés ou coussinets, pattes écaillées qui s’entremêlaient. Puis ses esprits revinrent, et la femme seule demeura, un goût métallique en bouche, une odeur ferreuse piquant l’odorat. Son dos la brûlait, son ventre était gelé. Et la pierre finement ciselée. Ses yeux de mousse détaillèrent instinctivement le dallage argenté, lisse et parfaitement imbriqué, avant qu’elle ne se redresse en relevant les yeux. Seule. Le froid s’infiltrait dans ses vêtements froissés et déchirés, une brûlure dans son dos l’informa qu’elle y était légèrement blessée et son bras pulsait désagréablement. Rien de grave, en somme. Tant qu’elle vivait, son corps régénérait, ainsi qu’il l’avait toujours fait. D’un geste élégant, au raffinement déplacé, elle se tamponna le sang coulant de son nez avec un revers de manche, faisant fi de l’état laminé de cette dernière. Observant, plutôt, son nouvel environnement. Vaste, la pièce était adroitement ouvragée, sublimée de quelques dorures la parant avec une simplicité orgueilleuse, encadrant divinement la porte discrète dans l’angle le plus éloigné ; pourtant, tout regard ne pouvait qu’être dirigé vers la rose pâle enchâssée au centre de la pièce, sur une petite table de pierre blanche. Le globe translucide qui la recueillait, de verre ou de glace, semblait chercher vainement à retenir l’éclat de sa captive, mais c’était peine perdue. S’avançant de quelques pas, Moïra l’observa avec fascination autant que méfiance, se doutant bien qu’une quelconque magie était à l’œuvre, mais ignorant tout du potentiel dangereux de la fleur attachée. N’était-ce là qu’un romantique luminaire, près desquels les matriarches et patriarches du Sénat venaient se conter fleurette ? Etrangement… elle en doutait fort.

L’heure n’était cependant pas aux devinettes, il lui fallait s’assurer de la santé de ses compagnons. De Chaton, elle n’avait guère nouvelle ; de son Élu pas plus, mais elle n’avait pas perçu l’envol de son âme, aussi prenait-elle ce silence pour plus rassurant qu’il n’aurait pu l’être. Faible, il l’était sans nul doute, étourdi peut-être, mais mort, elle ne le pensait pas. Ne lui restait désormais qu’à le retrouver… Faisant volte-face, après s’être assurée de sa sincère solitude dans la place, elle refranchit l’ouverture anormale, la fente étrange, semblant n’être ni mur éclaté ni porte ouverte mais plutôt magique tapisserie à la trame déchirée. Là, dans la poussière grise et virevoltante de l’immense salle aux colonnes royales, elle rechercha ses compagnons ; en vain. D’aucun des deux elle ne trouva de trace, et un pli léger se forma sur son front. Qu’aurait donc pu s’y trouver, qui lui ait échappé ? Elle remit ses boucles en place, d’un geste nonchalant, espérant par-là réordonner ses pensées. Revenant sur ses pas, elle observa, sans vraiment la voir, la rose éclatante, tandis que son esprit s'agitait à repenser à ses compagnons évaporés.

Mer 1 Mar - 14:53
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Howard Earl
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Howard Earl
Le Sacrifié

Seul, il était seul. Les deux autres étaient partis, immédiatement, sans lui poser la moindre question, comme de braves petits soldats. Ses lèvres se tordirent d'un sourire caustique et acide, alors qu'intérieurement, un rire grinçant semblait laisser traîner ses ongles contre l'os de son crâne. La colère qui couvait sous eux était arrivée à son point de rupture, le souffle de puissance des artefacts allait balayer les lieux et détruire tout ce qui s'y trouvait. De nouveau, il ferma les yeux, et lentement, plongea son être dans la faille menant à l'angle le plus proche, laissant son corps y pénétrer lentement alors que l'immense exhalaison brûlante arrivait sur lui. Tout cela n'était pas assez rapide, hélas. Il sentit l'impact avant de le subir réellement, de plein fouet, comme on entend le tonnerre avant de voir l'éclaire. Pendant l'espace d'un battement de cœur, il trembla, puis les particules de son être entrèrent violemment en collision avec la magie relâchée par les objets de légende. Coincé dans l'ouverture générée par l'Ailleurs, incapable d'y entrer totalement, mais également accroché de sorte qu'il ne puisse être emporté par le souffle terrible, il fut contraint de le subir de plein fouet. Ballotté, comme une feuille fermement agrippée à son arbre mais pas moins fragile, il sentit l'intense puissance sans forme physique, cet impact monstrueux, qui le plaqua, le pressant jusqu'à lui couper la respiration, le faisant suffoquer. Les particules magiques pénétrèrent en lui, et il ouvrit grand les yeux, voulant hurler sous la douleur qui le prit, et sembla lui arracher la chair des os, le disséquant sous les impacts successifs jusqu'à mettre son être à vif. Son cortex fut comprimé et étiré, son âme palpita, semblant sur le point de s'effriter encore une fois… et pourtant, sa volonté, ancrée dans la fenêtre sur l'Ailleurs, se refusait à céder. Avec une force née de la terreur et du besoin instinctif de préservation, il parvint progressivement à se hisser à l'intérieur, rampant centimètre par centimètre, jusqu'à s'effondrer à l'intérieur de l'angle. Tremblant, il sentait toujours la fureur qui se déchaînait de l'autre côté, et dont les échos continuaient à frapper, à marteler en lui comme sur un gong, faisant crisser ses os.

Il s'était allongé, même s'il n'y avait aucune notion de position ou de géométrie en de tels lieux. Flottant, ou gisant dans l'espace sans lumière ni ténèbres, le corps outragé à la recherche de repos. Il n'était pas mort, mais son esprit dérivait une fois de plus, et son être s'avérait d'une intense faiblesse. Saisit par des réflexes physiologiques qui n'avaient pas de raison d'être, là où il se trouvait, il sentait son torse se soulever, sa gorge se contracter, tandis qu'il cherchait de l'air. Bientôt, quelque chose de frais glissa dans la trachée violentée, l'emplissant comme un liquide qu'il bu instinctivement, sans se rendre compte de l'erreur profonde à laquelle il se livrait. Quand la douleur irradia une nouvelle de ses poumons, bien plus vive que la sourde agonie de son être malmené, il ouvrit des yeux aveugles et fut prit de spasmes, se tordant, produisant des bruits de gorges humides et étranglés, essayant de déloger ce qui était entrain de se glisser en lui. Il sentit sa peau se déchirer par endroit, délicatement soulevée, puis, progressivement, la douleur brûlante disparue, et il se calma lentement jusqu'à ne plus bouger, somnolant. Il avait finalement cessé d'essayer de respirer, le poids dans ses poumons semblant plomber son corps et l'apaiser. Il rouvrit les yeux après ce qui sembla être des heures entières, et la première chose qu'il nota fut que la fenêtre sur la terre s'était refermée… Il cligna des yeux, puis se releva avec mille précautions, vacillant un peu, puis se tenant là à l'écoute, à la recherche de quelque chose dans cette étendue semblant si vide. Fronçant délicatement les sourcils, il effaça une trace humide de sous son œil, puis chercha les accrocs dans la réalité qu'il savait pouvoir utiliser pour retourner dans son propre plan d'existence. L'ouverture se dessina lentement mais il hésita à la franchir. Une pensée, d'une acuité inquiétante, le traversa, prenant le pas sur tout le reste. S'il passait par cet angle, s'il retournait dans le siège… il serait de nouveau handicapé, il ne pourrait plus marché, alors que dans l'Ailleurs, ses jambes fonctionnaient parfaitement.

Le voulait-il vraiment ?

S'il restait, il serait entier, et il prolongerait cette sensation de bien-être qui était descendue sur lui. Tandis qu'un retour sur terre le ferait de nouveau souffrir et s'inquiéter. Ne pouvait-il rester ici à tout jamais ? Ne pouvait-il simplement se fondre dans cet espace ? Non, c'était pure folie, mais qu'est-ce que ça lui faisait envie… Lentement, il avança, comme si chaque pas lui coûtait, et lorsqu'il traversa finalement d'un seul grand pas ferme, quelque chose en lui sembla se déchirer. Il cria en pénétrant dans la vaste salle bouleversée, le son se répercutant en écho autours de lui. Pendant quelques instants encore, la force de l'Ailleurs lui permit de faire se mouvoir ses jambes tandis qu'il faisait quelques pas en avant, vacillant, tremblant. Un froid immense l'envahit progressivement alors que son regard vitreux rejoignait des orbes noires semblables aux siennes, en dehors des étoiles gelées qui scintillaient dans le fond de ses prunelles torturées. Pendant quelques instants, il se tint droit, digne et raide malgré les blessures innombrables qu'il arborait, inconscient du spectacle affreux qu'il offrait. Sa peau avait été brûlée en de très nombreux emplacements, dont certains avaient commencé à se nécroser, d'autres s'étaient pétrifiés avec les changements de température, laissant une chair fossilisée et creusée. Des réseaux de veines noircies et empoisonnées par ce qui couvait en lui pulsaient sous la peau encore intacte, ou à peu prés saine. Les délicats appendices noirs ondoyaient de certaines des plaies reçues, en particulier sur son profil gauche, s'emmêlant dans les lambeaux de ses habits et dans ses cheveux, caressant la peau par instant sans que le contact semble le déranger. Son profil droit n'avait pas été plus épargné, et, irradié par la magie redoutable qui avait explosé dans leur tombe rocheuse, elle s'était en partie incrustée dans son corps. Des tâches apparaissaient, dorées ou nacrées, de délicats entrelacs de veines scintillantes sous la peau, et des griffures irisées, à l'or brillant courraient, entachant même son grave visage jusqu'à l’œil, qui avait également prit cette couleur d'or blanc et un lustre de miroir criant à l'aveuglement.

Quelques pas et il tombait, dans les bras de son cadet, la force qui l'avait soutenu jusque là s'étiolant rapidement maintenant que sa volonté s'épuisait. Il était lourd, et ses jambes ne répondaient plus de nouveau. Son souffle était lent et profond, cependant, légèrement sifflant. « Morghann... » fit-il, la voix lointaine, perdue. Il déglutit, grimaçant légèrement, incapable de comprendre pour l'instant pourquoi son corps ne répondait plus à ses sollicitations. « Morrigan est… quelque part, trouve-la s'il te plaît » Il ne savait même pas comment il réussissait à s'exprimer clairement, mais décidait que le plus important, c'était de le pouvoir. « Trouve là…Les artefacts risquent d'exploser de nouveau... »

Dim 5 Mar - 20:28
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
C’était alors le seul chemin pour se rendre là où était son frère. Bien. Soit. Morghann utilisait ses fantômes en soutien pour traverser, parfois, le vide lui-même. Il laissait à Pryam le soin de faire confiance aux sbires de fils pour franchir l’obstacle. Le Siège avait été gravement endommagée et c’était à se demander combien de temps il faudrait à cette dimension pour s’écrouler plus encore sur elle-même, ou bien pour ne plus tenir ses défenses contre l’hiver au dehors. Le chemin devenait à nouveau plus stable lors qu’ils arrivèrent devant une porte dont le Patriarche connaissait certainement le mécanisme d’ouverture. « Je suis médecin légiste et nécromant, Père. Je n’ai pas attendu qu’Anthony manifeste sa présence et me fournisse des cadavres pour me lier à l’au-delà et obtenir le soutien de ‘quelques fantômes’. Je n’en ai plus besoin à présent, j’en ai assez pour mes capacités. » Il était un Earl et ses capacités étaient en adéquation : aussi avait-il une armée de fantômes. Pryam s’en rendrait probablement compte lorsqu’il visionnerait les enregistrements du front. Morghann avait combattu avec eux. Il attendit patiemment que le chemin se fasse, fixant le dos de son père alors qu’il lui répondait sur le soutien qu’il apporterait à la quête d’Excalibur. On entendait les rouages anciens, gorgés d’une magie protectrice s’enclencher derrière la porte. Le fer crissait contre une autre partie métallique, claquait par moment dans un grondement sourd et violent. La porte s’ouvrait sur le vide et tout deux le franchirent avant qu’une sensation de chute – ou de montée ? - le saisisse par le nombril. C’était une sensation désagréable mais il tâcha de ne pas broncher, surtout devant son père. L’obscurité fit place à une lumière tamisée. Lentement, il avançait, sans savoir exactement où il se trouvait.

Son âme partiellement gelée cherchait désespérément sa jumelle, tirant sur le lien qui les unissait pour se rapprocher de lui. Le contour de son frère se dessinait dans son esprit, sa chaleur l’enveloppait, sa douceur apaisait ses craintes. Sa main se tendait vers Howard et puis, enfin, se refermait. Son corps immobile, debout, sa psyché se relâchait, ses yeux se fermaient et son être s’imprégnait de l’âme de son aîné, traversant ses propres perceptions au profit des siennes, ce qu’il voyait alors n’était plus son père, mais une sorte de caverne de pierre. Le métamorphe. La déesse. Et le danger sournois qui menaçait leurs vies. Les battements de son cœur s’accéléraient dans sa poitrine soulevée par une respiration qui ne tarderait pas d’alerter Pryam. Quelque chose le tirait vers le bas, vers le fond… « Howard... » souffla-t-il cherchant à retenir ce frère qui lui échappait. Il savait où l’aîné tombait, il savait aussi ce que l’Ailleurs avait déjà fait de son jumeau, mais aussi de lui-même comme d’Ayzebel. La menace se faisait brûlante à présent et Morghann finit par lâcher prise lorsqu’un souffle ravagea tout. « HOWARD ! » Il avait hurlé, ouvert les yeux. Aussitôt que son père le questionnait qu’il eut une réponse. Non pas de son fils. Mais du sol et des murs qui tremblaient, la dimension à nouveau mise à mal et fragilisée, comme une épée de Damoclès sur la tête de l’Envers ici réfugié. Il ouvrait des yeux terrorisés, ses mains tremblaient comme son corps tout entier alors que les grondements sourds de la pierre cessèrent enfin. « Les artefacts ont explosé... » souffla-t-il pour son père, mais déjà son esprit repartait, suivant leur lien comme un fil d’Ariane mais se heurtait, à plusieurs reprises, dans son chemin, à une invisible paroi. L’idée même d’imaginer avoir perdu Howard le tétanisait, le figeait. Compulsivement, il essayait de forcer la paroi, d’aller au-delà de ce qu’il pouvait. Démarche veine.

Il toussa la poussière de l’éboulement qui ne les avait pas trop frappés. Ses prunelles noires s’accrochèrent à celles de son père, comme pour y chercher du soutien : « Il est vivant, je crois… » C’était presque impensable quand on songeait à la puissance qu’un seul artefact pouvait avoir… Mais plusieurs ? Son refus d’avouer son jumeau mort le poussait probablement à un espoir vain. Il n’osait l’imaginer, il niait tout bonnement cette hypothèse, son père le prendrait probablement pour un fou et il n’y avait qu’un moyen d’en avoir le cœur net. Il reprit sa marche sans plus attendre, passant les portes qui le conduisait dans une salle éclairée d’un fine luminosité rosée. Celle-ci même provenait d’une fleur sous un globe de verre, tel le conte de la Belle et la Bête. La découverte était splendide, mais Morghann n’y avait absolument pas la tête qu’il se contenta de franchir, en face et d’arriver dans le dos d’une rousse qu’il prit par la taille, manquant de la faire tomber en arrivant comme un buffle, surpris par sa présence soudaine. « Morrigan… » fit-il bas, dans sa nuque alors que son regard parcourrait les décombres. Son corps s’était figé, ses mains crispées sur les vêtements de la déesse alors qu’il niait, qu’il refusait encore que son frère ait pu trépasser. Sa respiration était vive et il peinait à déglutir. « Non… Non, non, non, non, non... » Un étrange déjà vu dans cette réplique. Le négation répétée que son jumeau avait proférée le jour où Morghann était revenu à Last End. Il délaissait la déesse, visiblement en bonne santé, ou au moins debout, ce qui était un signe d’assez bonne santé eu égard et circonstances. Il avançait dans les gravats, n’ayant absolument aucune idée de par où entamer ses recherches. Ses bras retombaient le long de son corps alors que son regard catastrophé balayait l’endroit jusqu’à revenir sur le Patriarche, en désespoir de cause. Puis il y eut le cri poussé par Howard, se répercutant en écho contre le parois instables du lieu et Morghann fit volte face, marquant un sursaut devant l’apparence que son frère, debout, présentait. Il resta coi, la bouche entrouverte, quelques secondes, sans savoir quoi faire, comment agir. Il était partagé entre la satisfaction de le savoir vivant et la terreur soudaine. Yeux globuleux qu’il ne parvenait à faire cligner tant ce qui approchait vers lui dépassait son entendement.

Il eut tout de même la présence d’esprit d’ouvrir les bras lorsqu’Howard retomba contre lui et il le retint dans sa chute, tel un pilier droit et solide. Il resserra son étreinte, son nez dans son cou. Pincement violent au cœur alors qu’il réalisait l’ampleur de ce qui s’était produit, comme on se réveille après un cauchemar et qu’on tente de l’analyser avec le pragmatisme de la terreur. Il mit du temps à percuter les propos de son aîné et de lui répondre : « Je… Je-je l’ai. » Une part de son esprit se souvenait des vingt dernières secondes pendant lesquelles il avait failli mettre la dite déesse à terre. Aidé par la magie, il passa un bras dans le creux des genoux d’Howard pour le soulever de terre et le sortir de cette caverne au plus vite. Si cela risquait d’exploser à nouveau, il ne voulait plus être là et il allait falloir faire intervenir des équipes de déblaiement pour remettre tout cela en ordre et sortir les artefacts de sous les décombres. Auquel cas, la dimension de poche finirait pas céder sous les assauts répétés de ces bombes. Son regard se posa sur un cadavre au sol, un peu plus loin, qu’il désigna à son père d’un geste du menton : « Il y a quelqu’un, là. » Il ne s’y attarda pas d’avantage. L’état de son aîné le préoccupait suffisamment pour l’heure. « Venez, Morrigan. » souffla-t-il à la déesse, la prenant sous sa coupe avant que Pryam ne lui réclame des comptes. Ce qui ne tarderait pas à venir. « Père. » appela-t-il. Il ne faisait pas bon de rester ici… Et Morghann était assez bien conditionné pour obéir aveuglément à son jumeau. Il posa un baiser sur sa tempe irisée.

Dim 5 Mar - 22:26
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Pryam Earl
L'étrange sous la normalité : Je suis Sécrétaire Général du Cénacle, patriarche de la famille Earl.
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Pryam Earl
Patriarche Earl
L'explosion était prévisible. L'instant de sa venue l'était moins. Plus encore, Pryam Earl aurait souhaité qu'elle n'advienne pas en la présence d'un membre de sa famille. Par réflexe, il avait protégé son corps et son autre fils lors de l'onde de choc. Lorsque la poussière retomba, ses yeux cherchèrent ceux qui leur étaient semblables. Howard, vivant ? C'était déjà ça. Avec ce que lui avait coûté ce maudit lien d'âme, il fallait bien qu'au moins il soit fiable. Se questionner sur la raison de sa survie aurait été logique, sans doute. Mais les chiens ne faisaient pas les chats: tout comme Morghann, le Lord se refusait à questionner la raison de la vie d'Howard, préférant purement et simplement le retrouver.
Sans un mot, le patriarche suivit son fils. En lui se mêlaient mécontentement, colère, et inquiétude, tandis que son regard passait hâtivement sur les débris, et ruines. Bien sûr, il s'inquiétait pour Howard. Mais comment ne pas être outragé de voir l'oeuvre de ses ancêtres, et l'oeuvre de sa vie, ainsi ravagée ? Si le bâtiment pouvait se reconstruire, les artefacts étaient perdus à jamais. Quant à en refaire… Si ç'avait été si simple ! Pryam les aurait pondus ! Si les recherches avaient montré moins de priorité avec la bataille approchant, il allait désormais pouvoir à nouveau s'y pencher. Surtout si les enfants étaient prêts à l'aider.

Ce fut donc dans un état d'esprit fort peu positif que Pryam tomba nez-à-nez avec la déesse. Oui, cette même déesse qu'il avait tenté d'user pour faire comprendre à Howard qu'il était temps qu'il se trouve une femme. Cela avait fort peu marché. Décevant. Mais moins fâcheux pour elle que la malheureuse coïncidence qui l'avait amenée à se tenir en ce lieu, en ce moment. Le regard naturellement sombre de Pryam parut s'obscurcir encore en la jugeant, en la jaugeant. Traîtresse. Comme toutes les divinités. Mais si elle était celle qui avait déclenché l'explosion, sa pseudo-vie allait trouver une fin prématurée. Un étau vint autour du cou de Moïra, sans se resserrer pour l'instant. Avait-elle osé prétendre devant ses gamins pouvoir les mener à excalibur ? Avait-elle osé se jouer d'eux, et les mettre en péril ? Elle en payerait le prix fort. Mais… Après. Il y avait plus important. Des Earls seraient toujours plus importants qu'une divinité en manque de pouvoir.

L'inquiétude grandissait. Pas d'Howard ? Si Morghann l'avait senti vivant, il devait être quelque part, sous les décombres. Sans attendre, Pryam joua de la télékinésie pour retirer des gravats, ne s'arrêtant qu'au cri d'Howard, son morceau de pierre en suspens. Avec le jeu d'échos de la pièc, difficile d'identifier l'origine du son. Ses yeux lui offrirent tôt une réponse, malgré la pénombre.
Par chance, le Lord n'avait pas pour habitude d'être très expressif, ce qui lui évita l'air de poisson hors de l'eau que prit son dernier-né -et qu'il ne vit pas. La surprise le laissa, en revanche, totalement immobile. Quoi qu'on en dise, il était formel: les tentacules n'allaient PAS au teint d'Howard, ni à son physique de façon plus général. Et… Oh bon sang. Elles bougeaient, non ? Elles bougeaient comme des vers dans les plaies d'un cadavre. Mais sincèrement, le patriarche nécromant préférait encore les vers des cadavres, auxquels il était davantage accoutumé. Ces appendices venus de l'Ailleurs n'avaient rien à faire sur son fils. Ils étaient la marque de l'Ailleurs prenant le dessus sur lui. Qu'Howard s'acoquine avec l'Ailleurs était une chose, qu'il ne soit pas le maître de cette relation en était une autre, que Lord Earl était bien moins enclin à accepter.

Finalement, Pryam posa à nouveau le fragment de structure qu'il avait soulevé. Si son expression restait neutre, ce n'était pas pour autant qu'il ne considérait pas avec suspicion et désapprobation le baiser de Morghann à son frère. Jamais il n'aurait eu un tel geste envers Lysander, malgré l'affection qu'il lui portait. Alors, certes, les temps changent, les moeurs aussi, mais… Pas au sein du Concordat, et surtout pas dans l'esprit du patriarche. Morghann, habitué et relativement conscient, pourrait peut-être ressentir les pensées de son père, s'il daignait observer autour de son précieux fardeau. Dans tous les cas, le corrompu avait raison. Il fallait partir. Magie, encore, et Pryam ramena à lui quelques artefacts, ceux qui n'avaient pas l'air prêts à imploser. S'il pouvait en sauver quelques-uns, cela lui éviterait assurément quelques fouilles supplémentaires suite aux dernières explosions. Il ramena également auprès de lui le "quelqu'un" indiqué par Morghann. Un quelqu'un qui n'était autre qu'un pelucheux chaton, sous sa forme humaine. Son assassin. En avait-il trop vu, et avait-il également été soigneusement mis hors-jeu par Morrigan ? Il était si étrange qu'elle soit la seule debout.

"- Morghann !" Sa voix traversa sans souci les lieux, jusqu'à son fils. "Te sens-tu capable d'emporter Sarrafi, avec toi ? Les Amasis sauront sans doute ce qu'il faut faire pour le préparer à sa nouvelle vie." Il attendit d'avoir sa réponse, pour savoir s'il le laissait ou non transporter ce corps qui flottait près de lui, à côté des artefacts. Il avait emboité le pas à son fils, hâtivement. Mais avant de savoir s'il libérait ou non Morrigan de son étau, il demanda à cette dernière: "Que faisiez-vous ici ? Qu'avez-vous fait à ces artefacts, à mon fils, et mon serviteur ?" Le fiel se ressentait malgré la froideur des mots. Il la relâcha, finalement, la laissant s'enfuir avec eux. Hors de la salle, il adressa quelques derniers mots à son fils, sur ce ton direct qu'était celui des dirigeants lors des ordres d'urgence. "Il me reste du travail, ici. Je vous rejoins dès que possible." Se tournant vers la salle des artefacts, il banda ce qu'il lui restait d'énergie, prêt à agir si l'explosion venait à devenir dangereuse pour la survie de la dimension de poche, prêt à retourner à l'intérieur chercher les artefacts restants.

Mer 8 Mar - 22:04
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Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
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Moïra Ní Éireann
Sa tête bourdonnait, son esprit s’agitait, quelques désagréables pulsations résonnant dans son crâne. Que n’avait-elle pas eu l’idée sensée de plonger dans les collines, s’effaçant doucement dans son Sidh bien-aimé, dans les suaves parfums de l’herbe grasse et les salés embruns dansant sur les côtes. Il lui semblait subir la punition de cet affront, d’avoir mêlé sa chair et sa vie à celles des humains ; non pas oubliant, mais écartant, sa divine position, s’humiliant seule pour s’assurer la pérennité de son esprit ancien. Si loin paraissait à cet instant le temps béni de ses pouvoirs épanouis, alors qu’elle frissonnait sous le contrecoup de l’explosion magique. Sanglantes parures, son épiderme pâle s’ornait de plaies et balafres dont les contours déchiquetés déjà s’estompaient. Ses yeux graves, de mousse tendre et d’émeraude froide entremêlées, fouillaient anxieusement les ombres et la lumière, espérant découvrir les corps haletants mais vivants de ses compagnons. En vain. D’aucun entre eux, Moïra ne trouva trace, les ruines conservant leurs imperméables secrets tandis que l’éclatante rose l’observait en silence. Rassemblant souvenirs de l’instant tout juste passé et faibles connaissance du Siège du Cénacle, elle ne prit garde au couple qui derrière elle surgit, diables en boite trop longtemps enfermés.

Une main étrangère posée sur sa taille, elle tressaillit, l’équilibre en péril, tandis que dans son cou elle s’entendait appelée. Figée un instant alors que son agresseur de justesse la préservait d’une chute qu’elle n’aurait pu seule éviter, elle défit la poigne qui l’agrippait pour dévisager l’impudent. Visage tourné vers le jeune sorcier venant d’arriver, elle posa un instant une main compatissante sur le frère endeuillé, l’assurant de quelques mots, vainement semblait-il, de la survie de celui qu’il espérait ; quant à ce qu’il était devenu, elle n’avait guère d’idée là-dessus, aussi s’abstint-elle d’en faire quelconque mention.
A cet instant, une invisible étreinte vint enserrer son cou ; de nouveau, elle frémit de surprise tandis que colère et rage se mêlaient à son sang, que son attention se rapportait de Morghann au père de celui-ci. Que n’avait-il pas eu l’heureuse idée de trépasser durant les évènements ayant secoué l’Envers… Seuls expérience, sagesse et instinct de survie lui épargnèrent un funeste sort alors qu’elle rejetait la savoureuse, et irréalisable à cet instant, image de ses crocs arrachant la gorge honnie, ses ongles transperçant les yeux abjects et son bec tranchant les tendons fragiles des pieds répugnants. Un jour viendrait où elle prendrait soin d’achever l’existence pourrie de ce sorcier ; pour l’heure, ce n’était ni dans ses capacités, ni dans ses priorités ‒ quoi que ce dernier point puisse être discutable. Serrant les mâchoires à s’en briser les os, les narines palpitantes tandis qu’elle contenait la brûlure de son courroux, Moïra reprit à son tour ses recherches, non pas pour ceux qui l’avaient rejoint, mais bien pour le disparu lui-même. Un bref instant, pourtant, car l’apparition inopinée du concerné la figea à son tour. Coite ainsi que l’étaient les deux Earl, elle observait avec une fascination mêlée d’incrédulité le jeune homme revenu d’elle ne savait où. Son absence n’avait pas été passive, comme en témoignaient les minuscules ronces d’ombre qui dardaient leurs pointes. Du séduisant visage, il ne demeurait que la carcasse éraflée et martyrisée. En silence, elle contempla le jumeau soutenir Howard, s’interrogeant sur la cause de la transformation de ce dernier dont elle ne pouvait entendre les propos. Sa cause, et ses effets, car sous le visible se déroulaient potentiellement des évènements qu’ils ne pouvaient observer.

Découvrant le corps sans vie de Chaton grâce à l’interpellation de Morghann, la déesse fut brièvement soulagée d’entendre que sa mort ne serait pas définitive ; on s’y attachait vite, à ces petites bêtes. Ou pas d’ailleurs, elle n’avait eu d’affinité avec les félins si ce n’était pour les courser sous forme lupine, mais la compagnie de l’égyptien n’avait point été désagréable et la proximité de Pryam tendait à la faire apprécier davantage ceux qui l’entouraient. Suivant le fils encore d’aplomb, elle jeta un regard venimeux au patriarche, son ton se teintant d’un amusement amer.

-Je serais presque flattée de voir que vous m’accordez un si grand pouvoir, asarlaí* ; si tel était le cas, je me ferais un plaisir de retourner près des miens plutôt que devoir vous répondre. Elle eut un instant de silence, le laissant attendre impatiemment sa réponse tandis qu’elle prenait le temps de rassembler ses idées de façon à les présenter concisément, la voix distante. Si j’accompagnais votre fils, ce n’était point pour lui chercher querelle ou participer à son trépas mais plutôt pour l’aider à retrouver un objet qu’il pensait être dissimulé ici ; quant à votre serviteur, il nous a suivi sans notre consentement et sans même que nous en ayant tout d’abord conscience de sa présence. Éludant consciencieusement un certain nombre événements, notamment la présence de Hurleur et sa disparition tout aussi mystérieuse, elle coupa court pour aller à l’essentiel. Quoi que nous ayons fini par trouver la pièce des artefacts, c’est alors que nous étions dedans qu’elle s’est mise à pulser et convulser, finissant par exploser. Enterrés sous la roche, nous avons réussi à en sortir de notre mieux mais les artefacts se sont trouvés ensevelis et, mécontents, ont fini par déflagrer alors que nous remontions. Bref haussement d’épaules. Nous pouvons nous estimer heureux qu’il n’y ait nul mort. Quant au sort de votre fils, je n’en sais pas davantage que vous. Son corps a disparu en même temps que l’onde de choc se répercutait. Le temps que mes plaies régénèrent, je me suis retrouvée seule dans ce labyrinthe. Soyez assuré, ironisa-t-elle avec un regard appuyé, que je me serais volontiers épargnée pareille mauvaise journée si je l’avais pu.

Un imperceptible sourire, à l’acerbe caresse, frôla ses lèvres tandis qu’elle percevait l’entrave disparaitre ; quoi que cela n’ait rien d’une victoire, elle en ressentait le sucre sur sa langue tandis que Pryam relâchait ses pouvoirs. Le simple fait d’être vivante, sans doute, se parait des couleurs du succès ; piètre réussite pourtant que la leur, songea-t-elle avec déconfiture en observant le corps amorphe de son Elu. Délaissant le plus vieux avec lequel elle n’avait nulle intention de frayer, son pas s’accélérant sensiblement pour rattraper Morghann. A lui, elle faisait davantage et avait certaines choses à dire, d’autres à demander ; puisqu’elle savait les deux jumeaux proches l’un de l’autre, certains phénomènes tus au patriarche pourraient peut-être trouver réponse auprès du jeune homme. Pour l’heure, elle ne se contenta que d’une interrogation, lasse et inquiète, les iris rivés sur le blessé :

-Pourra-t-il être soigné ?


*sorcier (gaélique irlandais)

Dim 12 Mar - 22:35
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Portant son jumeau au milieu des décombres, Morghann prit marche vers la déesse, constatant alors qu’elle avait l’air prisonnière d’une main invisible qui la saisissait par la gorge. S’il n’était l’auteur de ce sort, ce ne pouvait qu’être son père vers lequel ses noires prunelles s’orientèrent d’un geste sec de la tête. Il ne pouvait pas agir. Pas pour l’heure. La seule chose qui était à sa portée était le regard désapprobateur de son père devant la marque d’affection que le cadet manifestait à son frère. Qu’il ne soit pas d’accord avec son comportement lui importait peu. S’il avait voulu faire de lui un Earl, il n’avait eu qu’à l’enchaîner à Last End il y a 18 ans et Morghann ne serait pas devenu le canard noir d’aujourd’hui. Ce n’était que l’une des conséquences des nombreuses ingérences de Pryam envers ses fils. Qu’il assume. Morghann était même prêt à rouler un patin à Howard pour lui montrer combien il avait cure de sa désapprobation. Il se contenta d’un silence et s’arrêta dans sa marche alors qu’artefacts et corps venaient en lévitation auprès du Patriarche. Le dernier-né des fils de Pryam prit sous sa coupelle télékinésique le corps désarticulé du métamorphe. Nouvelle vie ? Il arqua un sourcil mais ne broncha pas toutefois. Dans son esprit, il n’y avait qu’Howard qui avait pour l’heure de l’importance et par extension Morrigan qui entrait dans les demandes formulées par Howard.

Il scella ses lèvres devant la scène, persuadé que tout mauvais mot prononcé ferait venir la Faucheuse bien trop près de la déesse. Il apprenait à manier ses propos avec doigté en présence de son père, tant pour gagner sa confiance et se rapprocher que pour ne pas trépasser. Il y avait des outrages qu’il se permettait mais qui ne pouvaient être reproduits par tout autre que le sang même du Lord. L’irlandaise avait la sagesse de lui répondre et de lui exposer ce qu’elle avait à sa connaissance. L’ironie finale lui fit grincer des dents. Si chacun comparait ses pires journées… La déesse ignorait encore à quel point celle de Pryam était sacrément gratinée et qu’il ne saurait la plaindre de ses mésaventures en comparaison des siennes. Si elle avait été libérée, elle n’était pas à l’abri d’une violence soudaine du Patriarche face à quiconque lui manquerait de respect. « Père. » appela-t-il pour obtenir son attention et désamorcer la moindre colère de la part du Patriarche : « Soyez assuré que si elle avait porté atteinte à la dignité et à l’intégrité de mon frère, j’aurai personnellement éparpillé ses entrailles aux quatre coins du Siège à l’heure qu’il est. » C’était sec et froid. Qu’il s’agisse d’une défense pour la déité ne signifiait pas qu’il n’avait pas à cœur la menace latente. Aujourd’hui ou demain, qu’elle ne fasse ne serait-ce que tenter de blasphémer ou de blesser son jumeau et le cadet la poursuivrait nuit et jour pour lui apporter une torture et un trépas à la hauteur de son affront. Elle ou tout autre. Pryam ne pouvait avoir oublié ce qu’ils avaient fait, à deux, à Carter pour le mal que les âmes de son marché avait occasionné à Howard.

A demi-mots, il assurait à son père avoir les éléments en mesure de s’assurer de la bonne foi de Morrigan à savoir la demande d’Howard et aux yeux de Morghann, les paroles de son jumeau étaient une Bible. Il ne lui aurait pas demandé de la protéger des artefacts si elle avait joué un rôle là dedans. C’était un sentiment de confiance qui ressentait dans l’âme de son jumeau, non pas celui de la trahison ou même du doute. « Je vais réclamer aux éminences du Concordat de venir ici enjoindre leurs forces aux vôtres pour apaiser tout ceci. » Son regard balaya la salle grondante de magie avant de se poser sur Morrigan et de tourner les talons vers la sortie. Il reposa ses prunelles inquiètes sur Howard, pressant le pas après s’être assuré que la déesse suivait et que le corps flottant de Naseem fermait son sillage. D’un voile vaporeux et noir de filaments nécromantique, il couvrit son frère des yeux de tous, préservant sa dignité. Le peuple n’avait pas besoin de voir l’état dans lequel se trouvait leur futur roi. « Je l’espère… » souffla-t-il pour réponse à la déesse. « Je l’espère. » répéta-t-il alors que ses yeux se voilaient d’une peine immense qu’il retenait, au moins pour l’honneur que lui imposait son rang.

Mar 14 Mar - 21:03
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La caverne aux Merveilles [Moïra & Howard]
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