Drink with me hearties | Avalon

Pulsations du son, transportés par des cornes de brumes, des gongs et même des menhirs transformés pour l'occasion en enceintes géantes improvisées. Lueurs endiablées, qui éclaboussaient les corps, la brume et le décor pourtant désolé du désert, illuminant la nuit arabique de couleurs fantasmagoriques. La piste de danse était érigée hors des sables stériles comme une statue émergeant de la mer, un témoignage inattendu de l'énergie accumulée en ce lieu lors de ces soirées démentes où l'on se vidait, où l'on se dépensait jusqu'à l'épuisement total. Il observait le pandémonium depuis le coin d'une scène, un sourire satisfait aux lèvres. Depuis quand les Amasis avaient-ils besoin d'une raison pour faire la fête ? Ils n'en avaient pas besoin. Alors quand justement ils en avaient une, la déferlante était encore plus grandiose. Il allait être de retour pour quelques semaines seulement, pour la première fois depuis plusieurs années, et il avait envie de marquer le coup, normal non ? Cela faisait presque une semaine que la fête battait son plein tous les soirs, dès que le crépuscule mourait, lançant ses derniers feux au sein d'un ciel azuré, les plus dynamiques membres du Nexus égyptien se réunissaient et lançaient les 'hostilités'. La musique montait crescendo, l'alcool coulait à flot et l'on perdait la tête pour le reste de la nuit, jusqu'à ce que, titubant, on retourna se coucher, ou plutôt s'affaler quelque part pour cuver et revenir à la nuit tombée. Cette nuit était la plus fiévreuse, la plus échevelée… Le pinacle de la rage de vivre et de croquer l'existence à pleines dents qu'il voulait leur insuffler à tous. Les créatures se défaisaient de leurs illusions d'humanités, lançaient pattes, tentacules, ailes et cornes vers le ciel enfumé où les étoiles rougissaient de leurs excès. La clameur se faisait féroce, un chant d'une guerre différente envers la fatalité.

Lui-même prenait un instant de repos. Les transmutations successives, puis l'installation, puis sa propre participation l'avaient épuisé. Alors il soufflait un moment, buvait un peu, et observait la masse compacte des corps en mouvement. La fête était divisée en différents îlots tenus hermétiques les uns aux autres pour ne pas que les styles de musiques variés se mélangent en une cacophonie qui ne ressemblerait plus à rien. Le but n'était pas de n'avoir qu'un vaste chaos mais bien de pouvoir plaire à tous. L'ensemble déchaîné était également maintenu dans une bulle qui le protégeait de la froideur de l'extérieur… Une question de sûreté dont il ne jaugeait pas vraiment la nécessité. Il y avait peu de sorciers, au sein de ses fêtes, et les créatures disposaient d'une plus grande résistance au froid, si tant est qu'ils le sentent même, dans leur démence effrénée. Mais à ses yeux, ce n'était pas encore assez. Il voulait réellement que les barrières tombent, aussi s'éclipsa-t-il un moment pour aller trouver ses aides et leurs donner quelques directives de plus. Ceux-ci lui dédièrent de grands sourires avant de disparaître dans la foule. Un moment plus tard, un rugissement retentissait et les lueurs redoublaient de virulence, le martèlement de la piste se faisait tremblement de terre. Oui, ça c'était très bien. Là, c'était parfait. Restant encore un peu en bordure de la foule, il finit néanmoins par plonger en son flot, rejoignant les fêtards pour laisser son esprit aller, voguer sans buts véritables. Il laissa la musique l'envelopper et battre dans son sang, un sang fait pour ces débauches et ces réjouissances…  Que Last-End était triste et froide en comparaison ! Si loin de tout ce qu'il était, si pleine d'obséquiosité… Il ne supportait pas ces personnages froids et coincés, chez lui, même la noblesse savait lâcher du leste et s'amuser…. Surtout la noblesse à bien y réfléchir.

The natural rythm of human life is a routine punctuated by orgies

Il était chez lui, la vibrance unique de la foule en délire le lui hurlait par les pores de toutes ces peaux. Il était chez lui, loin du sérieux, loin des devoirs et des secrets qui envahissaient l'air comme autant de particules prêtes à vous étouffer. Rien d'étonnant au sépulcrale de la famille Earl… à vivre en permanence dans une telle ambiance, ils devaient avoir le cerveau asphyxié. Lorsqu'on passait trop de temps dans l'ombre, on finissait invariablement par en être pénétré. On oubliait le goût de la vie et du soleil. Non pas étonnant vraiment. Mais il ne voulait absolument pas finir ainsi. Il ne voulait pas devenir comme eux. Et l'idée lui donnait envie de se vendre encore plus à la fièvre de cette nuit et de la savourer jusqu'à la lie. Au détour d'un pas, il changea de bulle sonore et cligna des yeux avant de prendre un autre rythme de dérive et de récupérer un verre au comptoir le plus proche. Dark'n'Stormy, la brûlure de l'alcool sur sa langue et dans sa gorge, le feu attisé un bref moment, le temps de la gorgée et ses yeux qui dévore la foule. Était-ce lui ou était-elle plus dense encore ? Tous étaient acceptés. Voilà pourquoi leurs débauches étaient si courues. Ici, les barrières imposées par le Cénacle tombaient pour une nuit, l'union acclamait les richesses qui coulaient… Combien est-ce que ça allait lui coûter ? Peu importe, il réglerait cela aisément. La valeur de l'argent n'était pas quelque chose qu'il connaissait réellement. Non, il ne pouvait pas, la vie ne le lui avait pas apprit… en revanche, il avait apprit à reconnaître quand quelque chose n'allait pas. Et c'était, en cet instant, précisément le cas.

Y a de l'eau dans le gaz

Cela passait presque inaperçu, ou bien…. ? Non, pas complètement, un cercle se formait, ou était-ce un mouvement de la foule déchaînée ? Il reposa son verre, échangea quelques mots avec l'un de ses gardes avant de s'avancer, plissant les yeux pour discerner ce qui se passait exactement. Hey mais il n'avait pas vraiment eut l'intention d'ajouter une arène à sa sauterie ! Ça, ce n'était pas dans le règlement. Soudain, un appel d'air, presque perceptible avec ce trou dans la foule, et il se campait sur place, mains dans les poches.

« Les gars, vous m'expliquez ? »