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 Le froid de Décembre | Intrigue

Anthony Earl
L'étrange sous la normalité : “Mon âme a son secret, ma vie a son mystère. ”
Tell me More : Humain détenteur du secret
PROFESSION : Anciennement professeur d'université de médecine
Crédits : Michael Fassbender - Avatar par Meri
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Anthony Earl

31 Décembre


Son souffle était lent, régulier et profond, mais forcé. Cela se sentait, dans le léger tremblement de sa respiration, de ses épaules lorsqu'il expirait... Ses lèvres n'étaient qu'à peine entre-ouvertes, sensiblement bleues, alors que l'air chaud qui s'échappait d'elles formait de petites bouffées blanches dans l'air gelé. Installé contre un arbre, près du lac à la surface lisse et miroitante de glace, à même le sol froid et dur, il laissait son regard errer sur un ailleurs dont il n'avait nulle perception. Il avait l'impression d'être pour moitié tiré hors de son corps, à moitié simple esprit... et pour moitié, son corps lourd comme du plomb l'écrasait dans une friable et effrayante mortalité. Il avait froid, grelottant légèrement alors même qu'il était bien couvert... un froid qui semblait s'insinuer en lui, comme des doigts longs et fins, cruels et crochus. Il avait beau tenter de se réchauffer, rien n'y faisait, alors après un temps il avait simplement cessé de le combattre, le laissant ramper en lui sans plus de crispations. En un sens, cela faisait moins mal. Il s'y était habitué, et à présent il l'oubliait presque tandis que son esprit voguait. Ses pensées n'étaient pas belles, mais il n'arrivait pas à s'expliquer pourquoi il n'arrivait pas à se tourner vers autre chose, vers un autre état d'esprit... chaque fois qu'il tentait de s'orienter vers de meilleures idées, comme l'image de sa fille, ce qu'elle pouvait faire à l'heure actuelle, il finissait immanquablement par retomber vers une noirceur qui semblait tout tâcher, tout souiller. Là encore, son combat n'avait duré que quelques temps, puis il avait simplement abandonné et ne réfléchissait plus du tout, acceptant simplement ce qui lui venait sans aller plus loin. Recroquevillé sur lui même, il finit néanmoins par fermer les yeux, soupirant lourdement.

Morghann ne tarderait plus. Il l'avait invité à le retrouver ici lorsqu'il était allé rencontrer Ayzebel et s'assurer qu'elle était saine et sauve. Et même s'il ne se sentait pas au mieux de sa forme, il ne voulait pas lui poser de lapin... il fallait qu'il le voit et lui parle, pour tout un tas de raisons différentes. Mais la première et la principale, c'était qu'il n'en aurait probablement plus l'occasion après cette journée. Peut-être aurait-il été mieux installé s'il était resté chez Seth, mais non... c'était ici qu'il le rencontrerait. C'était plus simple et moins dangereux, même si de prime abord on pouvait en douter. Il ne voulait pas que Seth les voit ensemble s'il pouvait éviter, et de même, il ne voulait pas que Morghann sachent que Seth était son allié... On ne pouvait jamais savoir, si Pryam venait à le suborner et découvrait tout cela... du moins, plus vite qu'il ne le ferait autrement, cela allait sans dire. Et puis ici, personne ne viendrait fouiner. Il n'y avait strictement rien en ces lieux en dehors de la nature et de la glace.... du silence tombale et une mort lente si l'on avait la sottise de sous-estimer la morsure de l'hivers qui semblait destiné à persister. Pourtant, il n'avait pas l'impression que la glace, la neige, était aussi épaisse de l'autre côté du lac. Mais c'était secondaire... Son frère allait venir, mieux valait qu'il trouve le courage de se relever et de se secouer. Il le fallait ! C'était pourtant si dur... il avait froid et cela ne l'encourageait qu'à rester assit là sans bouger. Ce n'était pas la solution. Mais il était seul dans le silence, et la fatigue qui, comme un poids sur ses épaules, pesait... si encore un petit poney était venu briser le joug que l'hivers avait sur lui apposé. Mais de poney, il n'y avait trace. Il n'y avait rien d'autre qu'un vaste vide béant. Un vide qui l'attristait car il ressemblait cruellement à son existence.

Lentement, par gestes pénibles et engourdis, il se redressa jusqu'à s'asseoir sur une racine, grimaçant lorsque ses jointures protestèrent, envoyant quelques décharges de souffrance dans ses nerfs. « Et bah... » Il relâcha lourdement son souffle une fois de plus, et secoua lentement la tête, de droite et de gauche. A deux mains, il se massa un genoux, puis la jointure du cou et de l'épaule en roulant des épaules. En l'instant, il se sentait affreusement vide, comme si rien ne pouvait lui redonner le sourire... Et pourtant, il inspira longuement, déglutit en se forçant à juguler tant bien que mal ce sentiment, l'enfermant, du moins le pensait-il, loin au fond de lui. Où en était-il ? Repoussant légèrement sa manche, il jeta un œil à sa montre avant de remettre le tissu en place pour éviter que les frimas ne se glissent plus encore contre son corps... A nouveau, il lui fallut toute la volonté du monde pour se redresser complètement et une fois sur ses pieds, il fit quelques pas au bord gelé du lac pour se dégourdir les jambes, chaque geste semblant étrange et maladroit. Il était dommage que les circonstances ne soient pas plus propices à l'admiration d'un tel décor, mais en son état d'esprit ne lui laissait aucune chance d'échapper à l'inquiétude et la tristesse que l'image hivernale inspirait alors. Serrant ses bras contre lui, il posa distraitement un pied sur la surface glissante, simplement pour en tester la solidité, et recula ensuite. Combien de temps attendrait-il encore ? Pas tellement si son intuition était bonne...

Dim 28 Fév - 19:25
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
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Morghann Earl
Les flocons de neige tombés un peu plus tôt avaient effleurés les contours de sa silhouette fantomatique. Jadis elle aurait craint le froid et se serait couverte en conséquence. Maintenant elle ne sentait plus rien. C'était fade l'au-delà. Plus fade encore d'être une défunte dans ce monde de vivants. Elle se sentait déphasée, hors de toutes ces inquiétudes, ces peurs, elle voyait d'autant plus loin que l'avenir n'avait d'emprise sur elle. Peut-être était-ce alors ce qu'il y avait de plus troublant. Tout un chacun courrait après la montre, d'urgence en urgence. Elle avait parfois la sensation que c'était elle, morte, qui prenait le temps de vivre alors que ces autres en chair et en os, chahutaient sans fin, accourant vers le trépas apporté par le temps. C'était triste à observer et pourtant, elle ne saurait les blâmer : elle fut comme eux, et son décès fut prématuré. Elle l'avait longuement observé, en silence, cachée entre les branchages pour elle ne savait quelle raison : elle était invisible. Il était arrivé et c'était posé là, dans la neige. Sans rien dire, elle avait attendu, cherchant à comprendre ce qui pouvait se tramer derrière cette léthargie et ses craintes se consolidaient dans sa contemplation. Elle savait comme cela dévorait. Comme cela rendait insensible et... Fade. Voilà qui offrait un point commun à leur existence mais de tous ses vœux pour ce cher enfant délaissé, aucun ne ressemblait à l'idée de rendre ses jours sans intérêt, ternes. Elle n'avait montré aucun signe de vie, aucunement sa présence, comme si sa longue observation était plus intéressante qu'un long discours. Et pourtant, elle décida de lever le voile sur sa présence, apparaissant à sa vue en nuances de gris. Mode Coco Chanel, ses cheveux sombres étaient noués à merveille et les deux perles noires qui le fixaient étaient un aveu d'affiliation. Elle était une Earl à n'en pas douter.

« Bonjour Anthony. »
Voix éthérée d'une défunte à la fermeté pourtant tranchante. Elle avait été la femme du patriarche nécromancien. Sa position sociale ne lui avait jamais octroyé la possibilité d'être faible et pourtant, son existence fut marquée de ces défaillances, cachées. Une énième secret. Elle leva doucement les mains, paumes vers lui, en signe de non hostilité. « Je suis Lady Annabelle Earl, mère de Pryam. Je ne suis toutefois pas envoyée par lui. Je suis liée à Morghann. » Et s'en trouvait présente en ce lieu à travers lui. Mais n'avait pas répondu à son ordre pour se rendre là. Peut-être l'ignorait-il même : il ne pouvait garder un œil sur chacun de ses alliés d'outre tombe en permanence. Elle devait surveiller Ayzebel et si les récentes bavures de la sorcière la mettait en danger, elle avait tenu à se défaire de son poste un instant, pour lui. Pour le rencontrer. Peut-être n'aurait-elle plus l'occasion de le revoir et de le mettre en garde par la suite. Un sourire marqua son visage de marbre, brisant sa noblesse pour un peu plus de douceur. Une prestance satinée dont elle voulait le gracier. « Mais je ne suis pas non plus envoyée par ton frère. Il arrive bientôt, j'ai saisi l'opportunité qui se présentait. » Elle l'avait d'autant plus saisi, malgré le danger qui rôdait autour d'Ayzebel, que cette opportunité ne se présenterait pas de nouveau... Avant quelques temps. « J'aimerais me réjouir. Je ne vois dans tes yeux aucune obscurité nécromancienne. Et pourtant, dans leur clarté rédemptrice, je tremble aux ténèbres de ta déchéance. Elle te ronge. » Ses pas flottants l'avaient menés à lui, à sa proximité, face à face. « Je suis venue te voir maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. A t'observer depuis ton arrivée, j'ai même le sentiment qu'elle a déjà déposé les graines de sa contagion. » Des miasmes transmis, colère vivifiante comme combustible et le brasier se déclarerait, tôt ou tard et mieux valait que ce soit le plus tard possible.

Lentement, elle détacha son regard puis finit par le contourner, s'approchant des rives du lac gelé. « Pourquoi relâches-tu sa bride ? Soumettre une âme, Anthony, c'est être son maître en toutes circonstances. Un maître tyrannique, un dictateur. » Un Pryam Earl ? La comparaison était dérangeante, aussi l'avait-elle tu, loin de ne pas pas penser à cette similitude. Elle passa une mèche libre derrière son oreille, regard obsidienne sur l'étendue blanchie par l'hiver. « Qui est-elle ? Que sais-tu d'elle ? » Son nom, son existence, sa puissance. Eu égard de ses exploits lors de sa libération, elle ne doutait pas un instant que son potentiel génétique était exploité à son maximum... Pour le meilleur, c'était certain. Il lui serait nécessaire d'être au niveau de Pryam s'il désirait le vaincre. Annabelle craignait pour le pire. Une âme de cette puissance ne pouvait être que d'autant plus instable et d'autant plus destructrice pour son maître à émousser et consumer.

Jeu 3 Mar - 22:46
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Anthony Earl
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Anthony Earl

Ses sens devaient encore être engourdis, car il ne la sentit absolument pas arriver et sursauta, se retournant brusquement pour faire face à cette voix qui, soudain, s'adressait à lui, venue de nul part. Il se tendit, alors que ses prunelles trouvaient enfin l'intruse et qu'il l'observait sans rien dire… La méfiance l'emplissait, ainsi que la perplexité. Son manque d'attention aurait pu lui coûter la vie si cette femme, cet esprit de toute évidence, avait voulu sa mort, ce qui aurait été plutôt logique si la couleur de ses yeux seules parlait d'elle-même. Noir… le noir des Earls. Ainsi, ils envoyaient un de leur dignes parents pour l'appâter ? Pryam avait-il inventé un nouveau jeu cruel à lui faire subir ? Se taisant, il attendit, prêt à se défendre s'il le fallait, même si l'idée elle-même le fatiguait déjà. Mais… non, rien ne venait. Instinctivement, il se rabattit sur la première option : un jeu de Pryam. Ça ne pouvait être que cela. Il voulait le pousser à la faute, le forcer à se dévoiler pour pouvoir le harponner et le mettre hors d'état de jouer une bonne fois pour toute. Qu'est-ce que cela pouvait être d'autre ? Le problème était Morghann… et il y pensait au moment où elle le mentionnait, le faisant se hérisser plus encore, du moins autant qu'il était possible de le faire dans son état. Il ne voulait pas que son contact avec son jeune frère soit découvert par le patriarche Earl. Morghann serait certainement en danger. Et il ne tenait pas à lui faire courir plus de danger que nécessaire. Pouvait-elle vraiment être envoyée de Morghann ? Qu'est-ce qui le lui prouvait après tout ? Quelle preuve avait-il ? Sa parole ? Il ne la connaissait pas. Leur lien de parenté ? Il le motiverait davantage à la méfiance qu'à la confiance… et pourtant il ne fit rien. La lourdeur de son corps était décidément terrible, une chance parfaite pour ses ennemis. Il en était terriblement amer.

La confiance, il ne la vivait pas pour lui-même, ou si peu. En qui avait-il une pleine et entière confiance ? Santa, certainement, mais il était le seul, avec les cygnes. Trois personnes, dans le monde entier, aucune de sa parenté. D'eux il se méfiait énormément, même ceux qu'il approchait, ne parvenant à se défaire de cette défense instinctive qu'on lui avait si bien inculquée. Et doucement, il fronça les sourcils… on en arrivait là ? C'était de l'âme qu'il consumait qu'elle voulait lui parler ? Elle voulait lui arracher des informations ? Fort bien, il comptait en changer bientôt, probablement pour le mieux, que risquerait-il à dévoiler celle qui le consumait présentement ? « Vous êtes venue me faire la leçon ? » Question amusée, devant la scène presque saugrenue. De tout ce dont ils auraient pu éventuellement discuter, de tout ce qui aurait pu s'échanger, elle avait décidé de ne choisir que le sujet le moins intéressant, en réduisant par là-même les chances de l'amadouer si c'était ce qu'elle voulait. Ça le faisait sourire, et pourtant son âme ne s'en lassait que davantage. Ils n'avaient tous en tête que cela… toujours cela… « C'était une petite fille, de neuf ans. J'avais été mandaté par un de mes pairs, expert en maladies exotiques et rares. La cause de son agonie était magique mais il ne le savait pas, et pourtant il avait eut la clarté d'esprit de tenter de joindre quelqu'un pouvant réellement aider la petite… même s'il a, au final, très mal choisit » Il croisa les bras, la respiration lente et nuageuse, racontant sans laisser transparaître la moindre émotion « Elle était entrain de mourir au bloc opératoire lorsque je suis arrivé… la clinique privée où elle était internée avait voulut effectuer une dernière tentative pour la sauver »

Il inspira profondément, expira, sans lâcher des yeux le fantôme. Légèrement, il bougeait, pour éviter l'immobilisme total, comme s'il craignait que celui-ci ne lui soit fatal une fois encore. Un rictus sans joie étirant ses traits, mais quelque chose dans son visage était raide, gelé… comme s'il avait été fait de neige ou de glace et que celle-ci s’émiettait, pliait. « Lorsque je suis arrivé la première chose à laquelle j'ai pensé devant cette scène c'est qu'elle me rappelait un papillon piqué sur une aiguille, séché et encadré dans un contenant de verre… ou un lapin, une souris sur la table de dissection. Elle gisait là, les tubes sortant d'elle, la peau pâle et l'intérieur rouge… humide… son visage avait encore une douceur poupine, ça rendait le reste plus horrible encore. Son petit corps était étendu comme une parodie de scène religieuse… » Lentement, il s'approcha du bord du lac, puis s'arrêta près d'elle, le silence l'accompagnant avant qu'il ne décide de le rompre de nouveau, comme suspendu à ses lèvres pour ce récit macabre. « Elle était consciente, je ne sais pas comment cela se faisait, mais elle était consciente. Ils l'ont refermé avant que je ne m'approche. J'ai caressé ses cheveux… elle avait un beau regard, hétéro chrome mais moins commun encore que la majorité, ses yeux étaient faits de plusieurs cercle de couleurs, moirés de sombre. Elle avait le regard clair, lucide, tandis qu'elle me regardait… je me suis sentit terriblement mal à l'aise, mais j'ai décidé de sourire et je lui ai dis que je l'aiderais »  Déglutition amère, la gorgée attaquée. Le poids lourd sur les poumons, et l'envie de s'endormir, simplement, de ne plus se réveiller, de pouvoir végéter le reste de sa vie. Il savait pourtant que c'était impossible.

« Je n'ai rien pu faire. J'ai essayé, vraiment, mais je n'ai rien pu faire. Lorsque la fin est vraiment arrivée, que je l'ai sentis m'échapper je me suis assis près d'ellei et je lui ai dis… je lui ai dis qu'elle ne devrait pas s'en faire. Qu'un monde magique existait, avec des créatures merveilleuses, des anges, des dieux, des esprits, que même Gaïa elle-même existait... » Il y eut un nouveau silence, et en lui, il avait l'impression que l'âme pesait davantage. Pourtant pas un instant il ne regarda la défunte dont l'image vacillait comme un mirage. Les yeux rivés sur le lac gelé, il poursuivit, alors qu'autour de lui le froid s'intensifiait. « Je lui ai dis qu'elle rejoindrait certainement l'une de ces merveilleuses créatures. Qu'elle retournerait probablement dans les bras de mère nature, ou qu'elle irait au paradis. Que tout irait bien ensuite… et elle, elle m'a prit la main, le geste avait l'air de lui coûter ses dernières forces. Ce ne sont pas ses parents qu'elle a demandé à voir, bien qu'ils aient été là… elle ne les a pas regardé, elle m'a regardé moi. Elle...m'a parlé. Sa voix était si faible que j'ai cru ne pas parvenir à déchiffrer ses mots... » Sa gorge se serra sensiblement, mais il chassa la sensation, et inspira l'air froid pour en finir avec son histoire. « Elle m'a dit que je n'avais pas besoin d'inventer des histoires qui n'existaient pas. Que je n'avais pas besoin de lui mentir pour la consoler. Qu'elle était prête à mourir... » Neuf ans, et déjà prête à mourir. Pendant un long moment, presque intemporel d'immobilisme, il ne dit rien, ne fit presque rien si ce n'était se garder actif. Pourtant lorsque mourut un glas impalpable mais bien présent, il fit un effort surhumain pour parler de nouveau…

« Je suis condamné, je pense… Pourquoi vouloir me voir Lady Earl ? Et pourquoi maintenant ? »

Mar 8 Mar - 23:02
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Annabelle avait senti sa méfiance et loin d'y céder, elle l'avait négligée. Elle ne voulait l'agresser, il finirait bien par le sentir et se laisser aller à de bien meilleurs sentiments à son égard. Son aisance était royale, d'une affiliation qu'elle n'avait pas à prouver. Et puis, si elle était venue pour le tuer, elle en avait eu bien l'occasion bien avant. Anthony n'avait que trop baisser sa garde et si elle pouvait le comprendre, car il devait être épuisé, elle ne pouvait cautionné pareille sottise et pareille imprudence. Elle avait arqua un sourcil, relevé le menton. Venue lui faire la leçon... Dans son ton, en ces mots, elle y sentait les prémices d'un reproche, elle aurait voulu lui répondre qu'il fallait bien que quelqu'un le fasse, car à défaut qu'il ait senti la terreur de la hache de Victoria Earl au cours de son enfance, il se laissait aller à une folie des grandeurs qu'il ne maîtrisait. Tant de puissance en une personne était un pari bien trop risqué si on ne savait la contrôler, car parfois même les plus grands ne pouvaient lutter contre la colère et la férocité d'une âme qu'on rongeait pour le pouvoir. Elle tut néanmoins sa réplique, elle n'aurait rien de fructueux à apporter. L'histoire de cette petite fille était accablante et mélancolique, irritant son instinct maternel exacerbé. Il n'aimait pas ce genre de drame, à la manière d'une enfant qui ne voulait qu'un happy-ending utopique et irréel. Sa désillusion l'avait précitée vers le trépas, et pourtant, même dans la mort, elle ne semblait accepter l'évidence, ne pouvait apprendre de son erreur. Scellée, son existence était figée et ses sentiments également. Si elle comprenait, elle ne pouvait lutter contre ce sentiment qui était sien, qui logeait en son sein comme son essence même. C'était son essence qui était mutilée à cette histoire.

Inspirant un air qu'elle ne respirait pas vraiment, elle portait sur lui un regard de glace, emprisonné dans la neige à la froideur d'un hiver douloureux. Et pourtant, il y avait cette lueur humaine, touchée, qui s'y reflétait, un agent rare au sein de sa famille. Elle ne répondit pas au sujet de cette petite enfance, elle ne s'était guère attendu à un discours aussi prolixe, mais en lui seul, il trahissait bien des désirs et des faiblesses. Implacablement droite, elle n'avait pas cillé jusqu'à ce qu'il reprenne la parole, l'arrachant à la contemplation de son visage. « Maintenant... Maintenant pour les mêmes raisons que tu souhaites voir Morghann maintenant. Tu as besoin de repos et de concentration pour ne pas perdre le contrôle et une vie de traque n'est pas propice à ce genre de paix. Tu voulais le voir avant de te terrer, avant de te préparer. Alors, j'imagine que je n'aurai pas d'autres occasions de te revoir. » C'était honnête et logique. Elle ne pouvait se permettre de quitter trop longtemps Ayzebel eu égard de la situation la laquelle elle s'était mise, pour le traquer et le chercher lui. « Je ne pense pas que tu sois condamné, pas encore. Il est possible de t'ôter l'âme que tu uses et de te sevrer. Cela ne sera pas sans souffrances, tu dois t'en douter. Et je doute pouvoir te convaincre d'abandonner ta croisade maintenant. Mais au terme de ce que tu as à faire, j'espère qu'il me sera encore envisageable de te proposer mon aide... Et que tu réfléchiras très sérieusement à ma proposition. » Elle lui expliquerait sûrement, en temps et heure, s'ils en avaient l'occasion. « Pryam a commis des fautes inexcusables. Des fautes sur lesquelles j'ai fermé les yeux parce qu'il était mon fils, je l'aimais. Je l'aime toujours, j'en suis coupable. Il est un monstre, je le sais. Je suis incapable de le haïr. » Comment pouvait-on demander à une mère de rejeter cet être, aussi mauvais puisse-t-il être, alors qu'elle l'avait senti grandir en son ventre ? Alors qu'il avait bu à son sein ? Elle détourna le regard, parlant d'une voix blanche et sans émotion. « Je sais qu'il doit payer. Et si ton désir est de le tuer, je suis venue t'en détourner. » Elle se savait faible d'argument, seul son instinct de mère tendait vers cette inclinaison. Il allait rire, s'amuser de la demande. Elle n'avait aucun espoir sur une réponse favorable.

« La mort n'est pas la seule solution. Ce n'est pas celle qu'il a choisi pour toi. Il a préféré te laisser vivre avec cette connaissance d'un monde dans lequel tu n'étais pas le bienvenue. Un monde où tu ne pouvais pas participer. Il serait un plus juste retour de bâton que de le laisser vivre et contempler un Envers sans y appartenir. » Une punition plus adéquate, peut-être plus cruelle, mais démunir Pryam de sa puissance magique serait un châtiment exemplaire. Le chemin vers cela était plus ardu que de le tuer, mais il pouvait avoir plus de valeur, se montrer plus fructueux. Elle marchait un peu, quand bien même ses pieds ne laissait aucune trace de pas dans la neige. Son action était d'avantage machinale qu'utilitaire. « Je suis aussi venu pour toi, pour te préserver. Si un seul de ses enfants devait lui infliger un châtiment, je voudrais que ce soit toi. Cette petite fille ne doit pas t'inspirer de la pitié. Qu'elle m'en insuffle par le drame qu'elle a vécu, ce n'est pas grave mais toi... En faire également le moteur de ta colère est un fléau. » Il pouvait être en colère pour elle, contre ce monde magique à la maladie qui l'avait condamnée, elle pouvait être une raison de plus dans sa croisade et toutefois, ne le devait. Ses prunelles noires l'affrontèrent de nouveau : « As-tu déjà pensé à... après ? A ce qu'il adviendrait ensuite ? Les conséquences de ta bataille non pas pour les autres, mais pour toi ? »

Sam 19 Mar - 23:43
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Anthony Earl

Elle avait raison, il ne serait plus capable de recevoir, par la suite, du moins pas avant un moment, et peut-être même jamais. Il ne savait pas comment se déroulerait le reste de sa guerre, n'était certain de rien si ce n'était qu'au bout du compte, il y aurait peu de bienfaits pour sa propre personne. Il serait seul, face à la tâche qu'il devait accomplir, car au bout du compte ce ne serait ni les cygnes ni qui que ce soit sinon lui qui se tiendrait devant Pryam et lui ferait face pour porter leurs réclamations et leur révolution. Il hocha simplement la tête, ne voyant pas quoi ajouter à ses paroles, puisqu'il agréait effectivement à leur portée. Ces rencontres n'étaient pas des jalons, elles étaient simplement des petits morceaux de calme dans le tumulte de son existence et il ne pouvait pas vraiment se permettre de les considérer autrement. Pourtant, la tentation était forte. Elle ne le pensait pas condamné ? Voilà qui n'était pas très Earl. Il l'était presque avec certitude, mais même s'il ne l'était pas par les âmes, ce serait par autre chose. Probablement par la population magique, qui ne risquait pas de le croire s'il affirmait ne pas être l'auteur des meurtres originels de Last-End, ceux qui l'avait fait connaître. Avec un sourire torve, il répondit, la voix lente et difficile : « Si je parviens au terme de ma croisade, je n'aurais plus besoin d'âmes… je ne vois pas pourquoi je refuserais votre aide… mais je doute que vos efforts soient récompensés. J'ai déjà l'impression que je suis… je n'arrive pas à ne pas en user. C'est devenu vital, un besoin profond  » Comme si subitement, il s'était découvert… « Comme si je me découvrais, incomplet, et qu'on me rendait ce membre manquant que j'avais ignoré nécessiter jusque là  » Il n'en dit pas plus, pratiquement certain qu'elle ne comprendrait pas. Elle avait toujours vécu avec la magie, elle l'avait respiré depuis sa naissance, mais lui non, lui la découvrait et souffrait encore davantage en découvrant tout ce dont on l'avait privé. Son regard s'assombrit à la mention de Pryam… il n'était pas d'accord, mais comment le soutenir sans paraître un monstre ? Et est-ce que cela lui importait qu'elle le considère comme un monstre ? Il n'était pas tout à fait certain.

Il l'écouta, et soupira lourdement avant de baisser la tête, le haut du corps sensiblement courbé, comme sous le poids de tout ce qu'il supportait. « J'ai dis vouloir le tuer, oui… et il mourra. Mais il est fort probable que ce ne soit pas de ma main, même si je le désirerais  » Il était bien difficile pourtant de croire qu'elle pouvait penser… mais Pryam y était probablement pour beaucoup. « Je ne compte pas le priver de ses pouvoirs. Je compte m'approprier ses pouvoirs  » Pourquoi laisserait-il cette force immense se perdre ? Et puisqu'il était l'aîné, n'était-ce pas naturel que les pouvoirs du patriarche lui reviennent ? Il était le plus légitime pour les recevoir, lui que la magie avait oublié. Et lorsqu'il aurait les pouvoirs de Pryam, il pourrait intégrer pleinement la société à laquelle il appartenait de naissance. Il pourrait faire plier le Cénacle et révéler le Secret. Il pourrait faire bien plus que cela avant de devoir rendre des comptes. Il se rembrunit pourtant aux conseils qu'on lui donnait. Ne pas la prendre en pitié ? Il n'y arrivait pas, il ne pouvait y arriver… d'autant plus qu'elle était l'une des raisons pour lesquelles il s'était lancé dans cette guerre. Il soutint son regard, sans bouger, statue de glace et ne détourna pas le regard alors qu'il répondait : « Oui  » Bien sûr qu'il y avait pensé, il l'avait bien fallut. Mais ce n'était pas des pensées agréables, pour la majorité. « Je reverrais ma fille et je lui dirais la vérité, je lui montrerais ce monde. J'aimerais qu'elle soit fière de moi, au moins cette fois, qu'elle puisse porter mon nom la tête haute et qu'elle ait quelque chose à offrir à ses camarades quand ils parlent de leurs propres parents. Et quand je lui aurais donné ça… j'irais payer pour mes crimes. Tout simplement. Que ce soit prison ou exécution, j'assumerais mes actes. Je le dois. Ce que je vole je dois le rendre. Le fait que je fasse ça pour une cause juste n'entre pas en ligne de compte  » Une légère toux lui racla la gorge, mais il poursuivit ensuite :

« Rien ne pourrait ressortir de bien pour moi, si ce n'est peut-être ce simple sourire de ma fille… et à vrai dire je ne voudrais rien d'autre, Lady Earl, c'est tout ce que je demande. Si comme je l'espère de toutes mes forces la révélation du Secret apporte les changements positifs que je désire, ce sera bien assez pour moi et je supporterais sans un mot ce que l'on décidera de m'infliger  » Il eut un sourire d'auto-dérision « C'est déjà bien vous savez… originellement je ne pensais même pas m'en tirer et en un sens je le pense encore. Il est… fort, si fort….  » Son sourire se fana, la douleur emplit ses yeux devenus caves… des puits d'obscurités… et de lassitude.


Dim 20 Mar - 18:21
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Morghann Earl
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Morghann Earl
D'âmes il n'aurait plus besoin au terme de ce qu'il voulait achever, et plus intense serait la dépendance qui, à elles, le lierait. S'il acceptait son aide aujourd'hui, Annabelle craignait qu'il ne puisse seulement supporter de voir cette main tendue vers lui autrement que comme l’immonde demande de lui arracher un membre dont il s'était trouvé le somptueux besoin. Il refuserait son aide, et c'était à ce moment-là précis qu'elle désirait qu'il étudie sérieusement sa demande. Elle pourrait l'aider, Morghann pour l'épauler, et le sortir d'un sevrage des plus difficile. D'autres diraient qu'il s'agissait d'une utopie, elle, elle savait qu'il serait toujours possible d'emprunter ce long chemin si sombre, si douloureux. S'il n'acceptait son aide, elle ne pourrait le contraindre. Pour beaucoup comptait la volonté de s'en sortir et l'incapacité à se relever, à accepter que l'âme-énergie n'était aucunement le prolongement réel de son être amputé, serait son tombeau et sa déchéance. Elle ne le savait que trop bien, ces âmes, elle les avait côtoyées de si près autrefois, lorsqu'à son vivant la lutte avait été sans merci. Sa vie avait ses propres secrets. Elle était une Earl, ne pas en détenir aurait pu être pris comme un affront à son nom. A ses propos, elle acquiesçait de la tête, songeant que peut-être, il saurait se montrer raisonnable lorsque le moment serait venu.. Si le moment venait. La probabilité qu'il perde la vie avant se trouvait être si grande, qu'elle peinait à conserver cet optimisme.

Ses noires prunelles se gorgèrent de peine à l'évocation de la mort de son fils. Anthony n'en démordait et en son cœur défunt, il lui semblait de nouveau saigner et d'une crainte viscéralement maternelle, elle se couvrait, détachant de cet homme un regard désœuvré. Elle ne pouvait le supplier, la fierté qu'on lui avait jadis enseignée était bien trop ancrée dans ses mœurs pour y déroger. C'était d'une détermination féroce dont elle s'armait, marquant son opposition et sa divergence à ses idées. Dans une mutisme, elle différait sa réponse, laissant son petit-fils exprimer ce qu'au terme il désirait, délaissant de grande ambitions contre une petite satisfaction. Elle en était touchée, en son cœur, c'était tout le mal qu'elle pouvait lui souhaitait quand bien même elle n'était pas certaine que cette enfant vivrait. Il n'était pas à exclure que Pryam se serve tôt ou tard de ce lien filial pour le trancher, ôtant la vie à une progéniture aimée pour qu'Anthony en soit troublé à défaut d'être anéanti. Lui retirer sa source de satisfaction, l'objet de son combat. Elle savait son fils capable de cet acte qu'Annabelle condamnait. Anthony verrait certainement combien il pouvait être malsain de décider de la mort d'autrui et que de colère, on pouvait induire bien des entité en folie. Annabelle ne le tolérerait. Pryam devait être puni, mais d'aucun n'avait le droit de lui ôter sa vie.

Toutefois, elle ne l'alerta pas sur l'éventualité de la vie de sa fille puisse être soufflé, loin de voir lui ôter l'espoir, ni tout ce qui, en lui prouvait tant de courage et d'abnégation. Elle taisait cette vérité, cette quasi-évidence qui ne tarderait peut-être à se produire, elle en faisait en secret. Un de plus, et comme les grains dans un sablier, elle avait cessé de les compter, jugeant la tâche trop fastidieuse et peu bénéfique. « A t'entendre, on croirait à une âme chevaleresque, qui a juré auprès de la veuve et de l'orphelin d'être le champion. Cela détonne de la famille. » Howard se battait pour de beau idéaux mais au terme de sa bataille de satisfaisait de la royauté remportée. Quant à Morghann... Il n'en faisait qu'à sa tête. Elle haussa lentement les épaules, sans que son ton n'ait été désinvolte. Elle l'avait prononcé d'une voie blanche d'outre-tombe, comme un constat qu'elle établissait à ses observations. « Je savais les exorcistes capables d'ôter les pouvoirs d'un sorcier. J'ignorai qu'ils savaient aussi les conserver et les attribuer à quelqu'un d'autre. Ça n'est plus très orthodoxe... mais je suppose qu'il doit y avoir quelques extravagants pour avoir testé. A moins que tu aies un autre moyen de parvenir à cette fin. » Elle n'aimait pas tant cette éventuelle autre idée. Il était sans nul doute nécessaire que Pryam ne laisse derrière lui qu'un cadavre et cette solution la dérangeait.

« Oui, il est fort... » souffla-t-elle, perdue à cette pensée. « Je ne doute toutefois nullement de la capacité d'une âme à pouvoir l'égaler et le dépasser, si tu ne la laisses t'échapper. Plus tu puises en elle, et plus elle te détruit. Alors l'user, d'une manière aussi intense en si peu de temps... » Le risque de perte de contrôle était latent. « Oui, il est fort et tu as choisi une arme qui, justement dosée et maîtrisée, t'élèvera à son niveau et bien au delà. » Elle serra ses dents, ses mâchoires marquant ses traits plus durement avant qu'elle ne s'exprime : « Mais si tu uses de cette puissance pour le tuer et non le défaire, alors il me faut te dire que dans cette bataille, nous seront amenés à nous revoir. » Elle baissa lentement la tête : « Et nous ne seront pas dans le même camp. Je ne te laisserai jamais tuer mon fils. Ni toi, ni Morghann, ni Howard, ni qui que ce soit d'autre. Tant que je pourrais agir en ce monde vivant... » Et elle le pouvait. Morghann le lui permettait, jusqu'à une certaine limite qu'à ses esprits il imposait... Mais que se passerait-il si elle désobéissait ? Si elle prenait de Morghann la puissance entière, se l'appropriait à des fins personnelles ? Elle, l'Earl si ancienne, si respectée ? Elle ne voulait tuer son catalyseur, mais elle connaissait Morghann depuis tant d'années qu'il lui était possible d'envisager cette prise de contrôle. Elle savait ses faiblesses, ses défaillances. « Je m'y opposerai. » Son regard dur et intransigeant qui avait fait sa royauté s'était posé sur lui. « Si tu l'épargnes, je suis prête à t'apporter mon concours, mon soutien. Si tu t'obstines dans ta vengeance aveugle... Hélas, je suis ton ennemie. »

Elle s'effaça comme soufflée par le vent, emportée dans les flocons de l'hiver, retournant à Noir d'Encre où elle ferma les yeux, dévorée par sa culpabilité maternelle. Des pas écrasaient la neige, mains dans les poches, il avançait vers le lac et lorsque la silhouette de son frère se dessina, il approcha. Il avait attendu cet entretien longuement. Une poignée de jours interminables au milieu des cadavres laissés par son aîné à l'asile. Il savait qui ils étaient. De très nombreux sbires de son père avaient perdus la vie. C'était d'un sentiment partagé entre la tristesse et la satisfaction qui le saisissait. « Anthony. » fit-il lorsqu'il arriva au niveau de cet homme qui semblait solitaire au milieu de la neige. Les sentiments qu'il avaient à son égard étaient des plus mitigés, contraires et paradoxaux, si bel et si bien qu'il ne sut quoi lui dire très exactement, égaré entre ses reproches vindicatifs et la satisfaction qu'il avait de la savoir encore en vie. Et pourtant lorsqu'il l'observa, il le trouva presque... Abîmé : « Tu as l'air... Mal en point. » Un constat, persuadé qu'il était de devoir garder ses blâmes pour plus tard.

Jeu 24 Mar - 22:44
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Anthony Earl
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Anthony Earl

Pauvre sourire mi-amer, mi-dérisoire, amusé qu'il était du pathétique de ce qu'elle décrivait, la propre image qu'il renvoyait. Se voyait-il réellement en chevalier blanc ? C'était ce qu'il avait affirmé à Diederich, et en un sens c'était la vérité. Il voulait réellement lever l’étendard pour ceux du Secret qui se trouvaient opprimés, mais il ne pouvait pas, en toute connaissance de cause, affirmer que c'était tout ce qui le motivait. « Vraiment ?  » Cela détonnait certes, mais il semblait tout de même que leur génération était plus consciente de la profondeur des nécessités qui pressaient le monde de la magie. Peut-être qu'en un sens, il n'était pas tout à fait objectif, mais est-ce que cela importait vraiment ? « Mes frères se remarquent également, je ne suis pas le seul à nourrir mon humanité au lieu de l'étouffer  » Pourquoi les défendre ? Il existait toujours une partie de son être qui ne pouvait que les détester, qui ne pouvait que nourrir sa rancune à l'égard de ceux qui avaient jouis de leur tranquillité et de leur royauté. Mais plus le temps passait, rapide, et plus il parvenait à se détacher de cette part de lui-même, sans jamais l'oublier ou l'ignorer, il parvenait simplement à faire la paix avec elle. Et c'était pour tenter d'avoir une vue plus juste des choses… ça, ce n'était pas lui qui l'avait inventé. « Howard est un homme juste, plus, sans doute, que la large majorité de Last End. Il est humain comme nous tous, mais ce qu'il veut brandir est véritablement une vertu universelle. Et Morghann est bon, comme un enfant gâté sans doute, mais il est bon, réellement et il veut bien faire. Il fait… aussi bien qu'il peut avec son bagage. Je l'admire, en un sens. Sa position n'est pas la plus simple. Et je respecte Howard, même s'il veut me tuer. Alors je pense que nous détonnons tous les trois…. Aucun de nous ne ressemble au schéma classique d'un Earl  » Il n'alla pas plus loin, car le but n'était nullement d'entamer un débat sur les qualités et défauts de chacun d'eux mais il s'était sentit, véritablement, le besoin de parler.

Comme il se trouva incapable de ne pas sourire devant sa perplexité quant à son plan, convenant aisément, étrangement plus vivant en cet instant, quoi qu'encore marqué par le gel : « Certes… je ne pensais pas à un exorciste, je n'ai pas tout à fait finit de creuser à ce sujet, je ne vous le cache pas  » Mais ça, ce n'était pas seulement, pas tant pour éviter d'avoir à tuer Pryam. Au bout du compte, commettre l'irréparable ne l'aurait nullement gêné, mais s'il voulait ses pouvoirs, c'était aussi parce qu'il pensait que ce serait un meilleur destin pour tous deux. Pryam verrait ce que cela faisait de vivre en Oublié, et lui retrouverait sa vraie place, celle qu'il aurait dû avoir, et cela pourrait l'aider à supporter la perte des âmes qu'il utilisait à l'heure actuelle. Et puis… il était l'aîné, est-ce qu'il n'était pas le mieux placé pour hériter des pouvoirs de son père ? Ce n'était pas les plus jolis pouvoirs au monde, pas la plus belle des magies, et il se garderait bien d'en montrer la portée à sa fille mais… c'était sa magie, celle qui l'avait oublié. Il ne la jugeait pas véritablement, ne la méprisait pas fondamentalement. Il ne le pouvait, non, même s'il l'avait voulut. Elle était ce qu'elle était. Et elle était forte, tout comme Pryam. Et justement, c'était la force, la puissance phénoménale de son père qui le faisait encore douter de sa victoire, rien d'autre. Mais c'était bien suffisant, comment pouvait-on ne pas trouver cela suffisant ? Il était… un titan, une puissance que bien peu de créatures égalaient en ce bas monde, et lui qui était venu à exister sans magie réelle… comment pouvait-il réellement remporter une bataille de cette ampleur ? Mais il avait juré d'y parvenir et il devrait bien réaliser l'impossible, quoi qu'il lui en coûte. En un sens, peut-être était-ce justement parce qu'il savait que son père était un monstre de puissance qu'il pourrait le vaincre. Mépriser les capacités de son adversaire n'était jamais une bonne chose. Elle croyait qu'il gagnerait, elle ? Et bien il n'allait certes pas refuser sa confiance en ce cas.

Impavide dans le gel qui l'habitait, il cligna simplement des yeux à ses paroles, glissant entre elles, avec ce qui s'ombrait d'un germe de compassion, bien que rien n'y parut « Je n'ai jamais imaginé l'inverse  » Le problème était qu'en ce monde, rien n'était aussi simple, rien n'était blanc ou noir. Et même s'il l'épargnait, et prenait sa puissance, sa magie, lui ne le supporterait sans doute pas, et prendrait certainement sa propre vie. Elle lui en tiendrait alors rigueur bien qu'il ait tenu sa part du marché… L'idée lui alourdit une fois encore l'âme et il soupira avant de mettre les mains dans les poches en un mouvement difficile, les doigts gourds et douloureux. Un moment, il resta ainsi, seul après qu'elle l'ait laissé, le visage levé vers la voûte céleste grisâtre et piqueté de blanc, une neige nouvelle, fine, tombant sur le paysage. Ses pensées n'étaient pas vraiment plus joyeuses qu'avant, simplement différentes, tournées vers son père en majorité, mais également vers sa fille. Ironique, comme tout se rapportait inlassablement à la famille et à son unité, ou… son manque d'unité, en l’occurrence. Jamais il n'aurait blâmé cette femme, sa grand-mère, pour agir en mère, et pourtant il n'était pas assez bon pour ne pas tout de même penser que pourtant, mère ou non, on ne pouvait continuer d'aimer un monstre lorsqu'il perdait tant de son humanité. C'était néanmoins un sentiment tout personnel, et encore aurait-il fallu qu'un Earl soit capable d'effectivement aimer, ce dont il n'était pas convaincu. Pourtant, il ne pu s'enfoncer plus avant que le son des pas crissant sur la neige ne le tire de sa sombre rêverie, le faisant se retourner très lentement pour observer le nouveau venu, son frère. Sans répondre, il l'observa attentivement, longuement, prenant son temps et cherchant en lui ce qu'il craignait de trouver malgré les mots qu'il avait prononcé devant la Lady. Son visage était de glace et de pierre alors, et pourtant au bout d'un long instant, il sembla s'illuminer et retrouver de sa vie, les yeux s'éclairant doucement. Encore silencieux, il eut cependant l'ombre d'un rire, qui se fana comme une fleur à l'approche des saints de glace.

« Tu ne me frappe pas ?  » Question en décalée, taquine mais également un peu surprise, tandis qu'il penchait sensiblement la tête sur le côté. Pourtant, l'éclat de chaleur ne dura pas. Yeux dans le vide, il perdit son sourire lentement et redevint grave. Une expression qu'il n'était pas habitué à porter. Mais ça ne le dérangeait pas à l'heure actuelle… plus tellement en vérité, pour être le plus précis possible. Il y eut un silence, mais qu'il se força à briser après un instant, la chose le peinant de toute évidence, bien que ce fut plus physique que psychique : « Tu as parlé avec Carter ?  » Yeux dans les yeux, il su que oui, et soupira difficilement « Alors tu sais...  » A nouveau, il se força à faire bouger son corps, et fit quelques pas pour s'éloigner de lui, les jambes lourdes. « Elle est… forte, cette âme. J'ai eu les yeux plus gros que le ventre je pense, j'aurais dû la réserver pour… plus tard, mais j'étais si faible que je pensais… avoir besoin de beaucoup d'énergie pour ma fuite  » Et finalement, ça n'avait pas été le cas, du moins pas autant qu'il l'avait craint. Il eut un mouvement de tête, léger, un hochement, puis déglutit en reprenant « Je suis fatigué, tant que je suis fatigué je n'arrive pas à contrôler son pouvoir et je suis dangereux. Il y a deux jours j'ai cru détruire une créature innocente alors je suis venu ici. Isolé, j'ai moins de problèmes. D'ici quelques jours je me serais remis d'aplomb et je pourrais revenir en ville  » Se forçant à un sourire, il s'arrêta près de l'arbre qui l'avait abrité et s'y adossa « Tu as l'air d'aller bien, toi… mais peut-être n'est-ce qu'une façade ?  »


Ven 25 Mar - 21:13
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
L'avait-il vu sourire, avait-il vu son visage de marbre se réchauffer ? Un bref instant, à sa vue, il lui avait semblé. Le frapper, il y avait songé. Il aurait voulu le détruire d'avoir ainsi mis Ayzebel en danger. Il aurait voulu être capable de sévir pour la traînée de morts laissée dans son sillage, lors de son évasion... Mais Anthony n'avait pas enfreint les promesses qu'il lui avait formulées. Auprès de la libraire, il avait projeté de se rendre sans que Morghann n'ait pu l'en détourner. Quand aux morts, ils semblaient avoir été si méticuleusement choisi qu'il ne pouvaient l'en blâmer. Les sbires de Pryam étaient aussi les ennemis de son jumeau. En son acte barbare, il lui avait facilité la tâche à venir, il n'en doutait pas. Sans compter qu'en amaigrissant les rangs de son père, il avait gonflé les siens de fantômes... Ceux qu'il avait pu convaincre des actes néfastes du patriarche. « Ne sois pas aussi pressé de prendre ta raclée. » railla-t-il sur le ton d'une fausse prétention. Il n'avait aucune idée de s'il était capable de lui mettre la dite-raclée en bonne et due forme, et ce, sans y laisser des plumes. Surtout après ce qu'il avait appris auprès d'Isha. Son propos n'était alors que plaisanterie, une vaine boutade entre frères, cherchant à se mesurer inutilement entre eux. Morghann étant le cadet, il avait tout à prouver pour surpasser ses aînés.

Le froid de l'hiver s'infiltrait dans son manteau pourtant épais. Son échappe le couvrait jusqu'au nez, et il portait un bonnet de circonstance, les mains enfoncées dans les poches. Ses boots traînaient sur le sol poudré, pas flegmatique, attitude blasée et fatiguée. Sa visage était marqué par un certain harassement due aux heures de travail supplémentaires. Il ne s'en plaignait quand bien même il savait qu'il tirait sur la corde et qu'un tel comportement ne pourrait pas durer, pour sa propre santé. Le visage redevenu grave et sérieux de son interlocuteur le mina un instant, avant qu'il ne se reprenne, acquiesçant de la tête à sa question. Il avait vu Isha. Curieux personnage qui l'avait pourtant éclairé à bien des égards, laissant volontairement quelques zones d'ombres agaçantes. Lorsqu'Anthony traita de sa gourmandise, Morghann ne put sur lui rendre un visage grave, incapable de le blâmer. Ce camé avait voulu prendre une trop forte drogue et frôlait l'overdose, mais qui était-il pour le lui reprocher ? N'était-il lui-même devenu, par leur lien d'âmes, accro à son jumeau au point d'en désirer l'extrême ? N'avait-il pas remplacé le vide laissé par la Voix des Morts par la parole absolue d'Howard ? N'était-il pas lui-même malade ? Pragmatique, il soupirait, sans pouvoir lui en faire le reproche alors qu'il l'aurait mérité... Mais de tout autre que lui. Il aurait pu lui conseiller d'être prudent, mais de ce qu'il entendait, Anthony en avait parfaitement conscience et veillait à maîtriser la situation. Il n'avait pas besoin de garde-fou et Morghann se sentait bien illégitime de s'octroyer ce rôle. De nouveau, il acquiesça donc de la tête, ses noires prunelles fixaient son aîné qui s'éloignait pour s'adosser contre l'arbre. D'un pas lent, il le rejoignait, loin de vouloir s'égosiller à parler plus fort pour se faire entendre. « Je vais bien. Je vais mieux. Je commence à prendre mes marques à Last End. J'ai trouvé un nouvel équilibre. » Ou plutôt une nouvel drogue qui compensait celle des Voix et calmait ses pulsions accro. Il se sentait stable, mais il flanchait vers les tréfonds, comme tout drogué qui ne pouvait accepter une cure de désintoxication. « Je ne suis pas certain que cela dure toutefois... » ajouta-t-il, bas et résigné. Le lien qu'il avait avec Howard était une bénédiction et une malédiction à la fois. Il leur faisait du bien et du mal dans un même temps. Cela durerait jusqu'à ce que ça lâche... Et quand cela viendrait à lâcher, Morghann était persuadé qu'il lui faudrait, cette fois, une bonne cure de désintoxication pour survivre. La chute serait trop abrupte, il était bien trop perché pour pouvoir tomber sans se faire irrémédiablement mal.

« Prends soin de toi. » finit-il par accorder, parole basse, ton accablé. Il ne pouvait nier l'attachement qui, à lui, se formait. Il cherchait à lui donner sa chance alors qu'en lui, il savait combien c'était ridicule. Howard ne l'approuverait sûrement pas même s'il le laissait faire et jouir de sa liberté. Quand à Anthony, n'avait-il pas déjà tourné en ridicule sa volonté d'avoir pour lui un commencement de lien fraternel ? Il s'inquiétait. Peut-être aurait-il du complètement s'en moquer, rire de son malheur, de sa souffrance méritée en vertu du sang qu'il avait versé. Rien n'en lui, pourtant, ne ployait vers cette envie légitime. Il ne le pouvait. Il voulait qu'il prenne soin de lui-même avant de s'engager en toute bataille. « Il neige d'avantage là où tu es qu'en d'autres points de Last End, quand bien même il semblerait que nous soyons abrités par quelques arbres ici. » Un détail, qu'il soulignait. Anthony ne pouvait lui-même le mesurer puisqu'il ne pouvait pas se rendre dans un endroit où il n'était pas. Un détail donc, et qui pourtant appuyait sur une triste vérité : même au calme, il semblait que la puissance de cette âme-énergie manifeste quelques débordement. C'était anodin, pour le moment. Rien de grave. Mais ensuite... ? Il préféra toutefois le tourner en plaisanterie pour ne pas transformer cet instant en enterrement résigné : « Disons que si tu n'avais pas été un Oublié, tu aurais certainement hérité des pouvoirs de notre mère plus que de la nécromancie. C'est un comble pour un 'Réanimateur'. Tu t'es quand même bien raté quand tu as choisi ton nom de super-héros. » Fin sourire, son regard sur lui posé, il contemplait ce frère qu'il n'avait jamais pu observer véritablement. Ils n'avaient passé que peu de temps ensemble et cela risquait de ne pas s'arranger.

Changeant de sujet, il exposa sa préoccupation de premier plan : « Tu as mis Ayzebel en danger. » C'était de sa faute à elle également et Morghann le savait. Son imprudence toutefois n'aurait jamais existé si Anthony n'avait nullement chercher son amitié. Il était un criminel recherché, c'était à lui de soigner ses apparitions et ses alliés dévoilés. « Le Cénacle enquête à son sujet. Quand bien même ils ne trouveront rien de probant, il me semble, je crains qu'ils n'investissent les sentiments amicaux que vous avez l'un sur l'autre et lui fasse du mal. Je prépare sa fuite... Londres. Elle voulait s'y rendre. Son mari et son fils y sont enterrés. » Il inspira une bouffée d'air, cherchant à chasser cette mauvaise issue de sa tête sans y parvenir. « Je ne pourrais pas agir de front. Une rébellion me placerait en égal fugitif. Je ne peux prendre ce parti, pas pour le moment. » Pas en laissant Howard derrière lui, même si ça aurait peut-être arranger son jumeau que de le voir partir. Ça avait été son souhait plein de répartie. « Alors s'il me faut pour la sauver aller l'arracher aux griffes des sbires de notre père... Pourrais-je compter sur ton aide ? »

Sam 2 Avr - 11:14
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Anthony Earl
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Tête penchée sur le côté, très légèrement, il ne pu contenir le froncement de sourcils délicat qui vint ombrer son regard. Ah, il avait trouvé son équilibre ? C'était bien alors, même s'il ne savait pas exactement pourquoi il ne parvenait pas tout à fait à s'en convaincre malgré la bonne nouvelle que cela représentait. Il aurait voulu s'en convaincre, il aurait voulut simplement pouvoir croire dur comme fer à ce que Morghann affirmait, mais la vie lui avait assez prouvé que ce n'était guère possible, et que la sincérité de chacun, la sienne comprise sans nul doute, avait des limites. Quelles étaient celles de son frère, il ne le savait pas encore, mais il en savait assez sur lui, et sur la famille dont ils provenaient tous deux, pour savoir qu'il avait sans doute la même propension aux non-dits que les autres… la seule différence majeur, c'était qu'il était son frère, et qu'il s'inquiétait pour lui qu'il le veuille ou non. Et il s'inquiétait de ce qu'on pouvait lui cacher d'important. Sans doute devrait-il demander de l'aide à Aria… la blanche pourrait… lui donner les informations qui lui manquaient, elle et ses autres alliés. Mais en un sens, à côtoyer Morghann, il s'en voulait un peu de l'espionner. Ce n'était pas acceptable, ce n'était pas ainsi qu'il aurait dû se conduire mais qu'est-ce qu'il y pouvait ? A temps désespérés, mesures désespérées, n'était-ce pas l'adage ? Il ne le faisait pas que pour le préserver, c'eut été hypocrite de dire cela mais c'était en partie le cas tout de même. Repensant aux paroles du fantôme, à son affirmation quant au chevaleresque de ses intentions, de l'image qu'il véhiculait face à elle (mieux valait le garder à l'esprit, pour le reste du monde, il n'était qu'un tueur fou de plus) il ne pu que soupirer très légèrement… il était si loin 'être le chevalier qu'il espérait être. Et avait-il seulement le droit d'en être un ? « Hm, hm » Cela ne durerait pas ? Du moins c'était une possibilité… mais qu'est-ce qui durait, en ce monde ? Morghann lui ressemblait un peu après tout, il le découvrait lentement, et en un sens cela le déconcertait énormément. N'aurait-il pas dû être plus proche de son frère ? … D'Howard ? Mais peu importait, oui ils se ressemblaient un peu et cela suffisait à lui donnait quelques idées sur ce qui pouvait être et advenir. Pour eux deux.

Et il semblait en un sens que cela rejoignait les pensées du principal intéressé. Sourire d'excuse, presque triste, pour toute réponse. Prendre soin de lui ? S'il en avait été capable, il ne se serait certainement pas lancé dans une telle entreprise… mais cela le touchait quelques peu qu'on lui accorde au moins un lambeau d'importance sous-jacente à une telle demande. Ses prunelles brillaient d'un 'je vais essayer' parfaitement faux et qui restait dans sa gorge coincée. Il ne pouvait pas vraiment prendre soin de lui, et en un sens peut-être qu'il avait oublié comment il pouvait le faire. Installé sous son arbre, pénétré de froid et de désespoir, s'accrochant à grand peine et sans grande conviction à ce qui pouvait encore l'éclairer d'une quelconque aménité. Focalisé sur cette incapacité et toute la peur qu'il pouvait en concevoir instinctivement, bien que cet instinct soit silencieux et viscéral, silencieux, et qui s'effaçait parfois sous le drapé de ses inquiétudes et préoccupations conscientes. « Il neige davantage ? » Curiosité, et un brin de perplexité. Comment cela, il neigeait davantage ? Que voulait-il dire exactement par là ? A nouveau, il fronça les sourcils, l'observant un moment sans ciller, les yeux froidis par une dure incrédulité et une méfiance vibrante pendant un instant pourtant fatidique. Il aurait voulu sourire à la boutade qu'on lui lançait mais s'en trouva incapable, comme s'il n'avait plus su comment sourire. Comme un vertige, comme un moment d'indécision physique où le corps ne retrouve plus son équilibre, il resta là, à l'observer, cillant plusieurs fois, vacillant légèrement comme sous un poids ou une bise imaginaire. Il cessa finalement de le regarder, ses yeux caressant les environs en semblant incapable de savoir où il était exactement, hagard, profondément perdu et épuisé… Quelque chose le frappait au travers ses paroles, quelque chose qui lui rappelait le poids qu'il portait dans le cœur. Il en vint finalement à déglutir et secoua un peu la tête pour revenir à lui, se remettre les pieds sur terre et éviter de paraître plus étrange qu'il devait déjà l'être. « Je n'ai jamais été très doué pour vénérer qui ou quoi que ce soit… j'aurais fais un piètre Sihvonen je crois. Je n'ai jamais été vraiment fan des supers-héros non plus en fait... »

Il eut un geste vague « Enfin, disons que leurs images et les messages véhiculés à travers eux ne m'atteignent pas vraiment, même si j'aurais bien aimé. C'est vrai, qui ne voudrait pas être un super-quelque chose quand il est plus jeune ? Ça peut prendre d'autres noms mais au final... » Ne terminant pas, il soupira lourdement et ajouta plutôt « Je suppose que si je devais choisir un super-héros pour modèle je prendrais Green Arrow, ou Deadpool… hm non, plutôt Green Arrow, j'ai pas assez d'humour pour Deadpool » Il se massa la nuque d'une main. Pourquoi est-ce qu'il ne parvenait pas à plaisanter aussi naturellement qu'il l'aurait voulu, qu'il aurait dû ? Ce n'était pas son habitude d'être comme ça. Ça n'importait sans doute qu'à lui en vérité, aussi était-ce tout aussi bien si Morghann n'essayait plus de plaisanter. Il n'arrivait pas à lui rendre sincèrement la pareille et cela lui pesait plus encore… « Bien sûr. Je ne voulais pas la mettre en danger, mais je ne pensais pas non plus que nous deviendrions amis… lorsque je me suis échappé j'ai absolument voulu savoir s'ils étaient venus la voir, ou s'ils la surveillaient déjà. Non, de toute évidence… je suppose que c'est toi que je dois remercier…. » Il ferma un peu les yeux, essaya de trouver un moyen, en lui, de soulager ce qui le rongeait, mais le sujet n'était pas de ceux qui le lui permettait. La menace planant sur Ayzebel l'inquiétait. Tant d'ailleurs qu'il ne fit pas de commentaires sur des paroles qui en demandaient pourtant… « Tu sais déjà comment lui présenter les choses ? Parce qu'elle… risque de ne pas être d'accord, si tu le lui dis simplement ainsi » Têtue, mais pouvait-on aussi le lui reprocher en totalité ? Lentement, il glissa le long de l'arbre et s'assit par terre. Autre chose le dérangeait dans la demande de son frère et cela même s'il ne pouvait refuser. Se massant légèrement la tempe, le front, le regard vague, il finit néanmoins par parler une fois encore, comme si cela lui coûtait. « Elle est… heureuse, n'est-ce pas ? Penses-tu qu'elle soit heureuse ? Bien ? Parce qu'elle n'en avait pas trop l'air. Peut-être que je m'y suis mal prit, c'est vrai, mais… je suppose que tes fantômes t'ont parlé de sa réaction quand j'ai parlé de toi… je m'inquiétais pour vous » Elle serait peut-être bien mieux loin de tout Last-End. Loin d'eux.

Il ouvrit la bouche, la referma lentement. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour parler de ça, au final… Peut-être devrait-il attendre encore, et puis c'était douloureux, terriblement douloureux que d'y penser. Alors en parler… c'était pire encore. C'était pourtant le bon moment en un sens, puisqu'il avait abordé le sujet, mais était-ce dans ses capacités, et le voulait-il ? « Peut-être devrais-tu… non, aucune importance... » Il le verrait, fatalement… « Et toi ? Tu es bien avec elle ? »

Sam 16 Avr - 4:40
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Green Arrow. Morghann esquissa un sourire en coin à l'idée. Le choix était atypique et lui plaisait en un sens. Bien des enfants choisissaient leur super-héros favori en fonction des pouvoirs qui lui étaient attribués. En l'état, Green Arrow était l'un de ces super-héros qui n'avait pas de supers pouvoirs et cela reflétait assez ce qu'était Anthony. Un Oublié. Triste constat, si bel et si bien que le cadet en baissa les yeux, incapable vraiment d'en rire. Il avait la sensation qu'Anthony n'en était pas plus capable et cela le troublait beaucoup. A défaut de pouvoir plaisanter pleinement à cœur ouvert, il avait apporté un sujet auquel il tenait et qui portait le nom d'Ayzebel. Il vint près de lui, s'adosser au même tronc avant de s'y laisser glisser lentement. Assis près de lui, il ne craignait pas sa proximité. Il avait beau être un assassin, un tueur en série... Il était aussi son frère et il se montrait pacifiste à son égard. Il poussa un soupir devant ses questions, sans savoir par où commencer pour lui répondre... Si seulement il désirait lui répondre. Il n'en avait aucune idée et le sujet était déjà bien flou pour lui-même, alors en parler à un autre... Dans un même temps, il était certain que mettre des mots sur ce qu'il avait sur le cœur l'aiderait probablement et ce n'était pas avec Howard qu'il pouvait traiter de cela au risque de lui faire du mal.

« Elle m'obéira. » fit-il en prince gâté et pourtant, sa réponse n'était pas dénuée de sens. Il savait qu'il avait un poids sur la sorcière dont il pouvait user pour obtenir ce qu'il voulait d'elle. Ne l'avait-il pas déjà terrorisée pour qu'elle ne retourne plus se faire sucer le sang par des vampires ? N'avait-il pas exigé possessivement sa fidélité ? N'avait-il pas pu la protéger financièrement en trouvant un accord de rachat de sa boutique avec elle ? Il avait conscience de son influence sur elle et si les mots ne suffisaient pas, il aurait recours à l'autorité. « Je suis certain qu'elle saura comprendre le danger qui pèse sur elle et... Et elle a confiance en moi. » Il frottait lentement ses mains gantées l'une contre l'autre pour ne pas laisser le froid avoir raison de la circulation de son sang. Il poussa un soupir, fermant les yeux, l'arrière de la tête contre le tronc. « Je ne pense pas qu'elle soit heureuse. » fit-il grave, sans rouvrir les yeux. Il déglutissait avant de poursuivre : « Elle essaie de se convaincre du contraire mais... Mais je sais qu'elle m'aime. Elle m'aime et je... » Il laissa sa tête retomber en avant, dans le vide, alors qu'il repliait lentement ses jambes vers son torse pour les entourer de ses bras : « Je ne suis pas capable de lui rendre... Je ne suis pas normal, je lui ai dit de ne pas s'attacher, que j'étais un Earl, que je pourrais rien lui offrir de bon ou de durable. Pas de mariage, pas d'enfants, pas de foyer. » Il serra les mâchoires, tendu, avant de poursuivre : « Je m'en veux, tu sais... Je m'en veux de l'avoir embarquée là dedans. J'aurais du la garder éloignée, tuer tout espoir. »

Mais il ne l'avait pas fait. Il n'avait eu de cesse de la prévenir, de lui dire qu'elle ne pouvait attendre aucun amour de sa part. Tant qu'elle niait son amour pour lui alors qu'il était bel et bien existant. « Je n'avais pas rendu Kessy plus heureuse et pourtant, loin d'ici, je n'avais pas toutes les chaînes de ma famille. Je n'y arrivais pas... Je n'y arrive pas plus aujourd'hui... » Il taisait le prolongement de sa pensée mais Anthony devait bien l'avoir compris : son amour, il l'avait déjà offert. Il ne pouvait s'en libérer, il n'en avait pas la moindre envie. Et quand bien même il le désirait, il ne pouvait se lancer dans aucune autre relation pleinement. Il en arrivait toujours à ce point crucial où on lui demandait plus d'affection qu'il ne pouvait en donner. Il r'ouvrit les yeux pour fixer le vide devant lui : « Je me sens bien avec elle, elle me donne ce qu'on peut attendre d'une personne qui vous aime. » Elle lui donnait ce qu'il ne pouvait obtenir d'Howard, ce retour, cette affection. Il n'était pas capable de lui rendre tout ce qu'elle lui donnait, tout ce qu'elle lui apportait. A mesure qu'il avançait dans ses réflexions et dans ses aveux, il sentait son cœur se serrer de manière atroce. D'un souffle pâle et douloureux, il ajoutait : « Elle souffle. Je la fais souffrir de la même manière qu'il me fait souffrir... » Ce 'il' était sorti sans qu'il n'ait pu le retenir et déjà, il s'en mordait la lèvre inférieure. Il secouait la tête de gauche à droite : « Je ne suis pas normal... » C'était le moins que l'on puisse dire : aimer son frère à ce point là n'avait rien de trivial. Il se sentait comme atteint d'une pénible et honteuse maladie et ce, d'autant plus qu'Howard le lui refusait catégoriquement. « Elle aurait été moins malmenée avec toi. Elle t'apprécie beaucoup. » Demi-aveu s'il songeait encore au propos qu'Ayzebel avait tenu à son égard. Il déglutit et porta son regard troublé vers son frère. « Elle sera bien loin d'ici. Prendre de la distance lui permettra de se ressourcer et d'envisager l'avenir autrement. Je l'espère... Je lui souhaite. »

Baissant les yeux, il détourna la tête. Il aurait voulu la rendre heureuse. Il aurait voulu pouvoir trouver son équilibre avec elle et lui apporter le bonheur qu'elle méritait. Il avait essayé et l'échec était cuisant. Pour autant, il ne se sentait pas capable de rompre, il voulait la garder, perdu dans l'espoir, vain ou non, de parvenir un jour à l'aimer pleinement, ne plus ressentir pour elle qu'une douce affection. Mais combien de temps lui faudrait-il pour cela ? Dix années avec Kessy ne l'avait pas aidé, mais il n'avait, autrefois, pas encore conscience de cette problématique. Une fois identifiée, il était plus facile de travailler dessus et de la résoudre.... Et dans un même temps, il refusait d'abandonner Howard, perdu dans le même espoir, vain ou non, qu'il finisse par l'accepter. Il se sentait stupide et difforme, terriblement malsain et nocif pour son entourage. « J'aimerais que tu gardes cela pour toi. Je n'ai pas l'intention d'en parler à Ayzebel. Je n'avais pas l'intention de t'en parler non plus. Il ne va pas apprécier cela... » fit-il, tendu et coupable. Pourquoi faisait-il tant d'effort pour taire son nom alors qu'il semblait si évident ? Howard n'allait pas apprécier que Morghann ait traité du sujet avec quelqu'un d'autre... Non vraiment pas...

Sam 30 Avr - 22:48
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Anthony Earl
L'étrange sous la normalité : “Mon âme a son secret, ma vie a son mystère. ”
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Anthony Earl

Elle obéirait ? Voilà qui sonnait plus comme Pryam que comme l'un de ses fils. Et voilà qui le dérangeait. Pourtant le lui faire remarquer n'était pas forcément dans ses priorités, ni dans ses volontés. Parce qu'il était épuisé, qu'il n'avait pas forcément envie de combattre pour quoi que ce soit en l'instant et surtout parce que laisser son petit frère faire ses propres erreurs, lorsqu'elles étaient rattrapables, ou du moins acceptables, était naturel… il fallait bien qu'il apprenne par lui-même, comme il était sans doute tombé plus d'une fois en apprenant à marcher. Il n'était pas certain que ce soit si simple, de lui faire entendre raison, mais l'un dans l'autre, toute issue apporterait son lot de bons côtés : si elle refusait il prendrait une tape sur le museau de son arrogance, et sinon elle serait plus vite en sécurité. Qu'avait-il à refuser ? Pourtant… pourtant les choses semblaient si compliquées, si hasardeuses et si délicates qu'elles ne pouvaient en fin de compte que conduire à la tristesse pour eux tous. Parfaitement silencieux, il contemplait simplement ce qu'il lui confiait sans émettre ne serait-ce qu'une pensée, du moins pas sur le coup. Tout vint ensuite, lentement, sans qu'il parla pourtant, observant fixement devant lui, le carré de nature glacée que ses prunelles atteignaient. Que pouvait-il réellement dire, après avoir entendu pareil discourt ? Y avait-il seulement quelque chose à dire ? Finalement et au bout du compte, il soupira doucement en se vidant les poumons avant d'inspirer une goulée d'air frais, amorçant l'ombre d'un sourire en glissant « Tu peux me dire ce qu'il apprécie exactement ? Parce que vu de l'extérieur, la liste a vraiment l'air atrocement réduite, et je te dis ça sans rancune aucune… » Un silence de ponctuation passager, avant qu'il ne hoche la tête « Mais je ne dirais rien, ne t'en fait pas. A qui est-ce que j'en parlerais de toute façon ? Non vraiment... »

Il y eut une nouvelle attente, plus longue, avant qu'il ne souffle « Je suis loin d'être la meilleure personne pour donner des conseils, ou des avis… oh je sais, tu n'en as pas vraiment demandé, mais tout de même » Tournant la tête vers lui il l'observa, un fond d'inquiétude dans le regard. Ce qui le dérangeait aussi énormément, et là il ne pouvait pas dire que c'était l'âge qui jouait… c'était bien la place que cela avait pour Morghann. Il y accordait énormément d'importance de toute évidence… tout cela le touchait plus encore que cela ne le touchait lui, Anthony, pour la simple raison que leurs vies avaient été très différentes, entre autre. En soi, il ne pensait effectivement pas que mettre cet aspect de sa vie au premier plan était une bonne idée, mais comment ne pas le faire également parfois ? Et il en serait forcément blessé, son frère, si cela ne se terminait pas comme il le souhaitait. Hors ça ne pouvait pas se terminer comme il le souhaitait, du moins à première vue… « Mais dans tous les cas, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une histoire de normalité » Il aurait déjà fallut qu'on lui explique exactement ce que l'imbécile qui avait accouché du concept de normalité avait en tête au moment où il l'avait fait. Normalité… qu'est-ce qu'on pouvait dissimuler derrière une excuse comme celle-ci. On pouvait tout dire avec de tels mots, et c'était exactement pour ça que le monde ne tournait pas rond, et que le Cénacle prétextait la peur de l'anormal pour continuer d'étouffer le monde magique. Il éleva une main, la laissa retomber, un geste d'abandon résigné… « Moins malmenée je ne sais pas tu sais, en y pensant... Je suis un fugitif, menacé par une puissance non négligeable, la magie que j'utilise peut me péter au nez à tout moment et jusqu'ici mes histoires conjugales ne sont pas des plus exemplaires, sans même parler de ce que vous ne savez pas... »

Une esquisse de sourire amer lui tordis les lèvres avant qu'il ne poursuive « Écoute… rien n'est jamais sans solution. C'est vrai que nous ne venons pas d'une famille pour laquelle l'amour est particulièrement évident, à d'innombrables égards. Tu n'es pas si anormal que cela… on… on est tous plus ou moins des autistes sentimentaux » Il faisait un gros effort pour s'intégrer dans ce qu'il affirmait. Lui ? Un Earl ? N'importe quoi. Il avait peut-être le droit de porter ce nom mais il n'arrivait pas à se penser l'un d'eux. On y avait veillé, s'il l'avait un jour voulu. Plus à présent, même si réclamer le patronyme de son sang le conduirait à un pouvoir qu'il ne pouvait négliger. Il ne se sentait pas Earl : il n'avait pas leur éducation, leurs manières, leur mépris, leur isolation, leur maintient, leur… rien. « Je ne vois que difficilement comment qui que ce soit pourrait avoir une relation saine en ayant vécu dans cette ambiance macabre et tordue. Que ce soit toi, ton frère, ou quoi que ce soit d'autre… tu t'es peut-être simplement attaché à ce qui t'était le plus proche, je comprend parfaitement ce genre de réaction. Peut-être que cela te fera du bien à toi aussi, qu'elle s'éloigne un peu » Avec douceur, il vint poser une main sur son épaule, sans même la faire peser. Peut-être qu'il ne savait pas non plus ce qu'il voulait, tout simplement, et essayait de se raccrocher à ce qu'il pouvait en se gardant des assurances… Ce n'était pas irréel et c'était humain. Normal, si on voulait reprendre ce même terme, même si l'objet de son affection sortait des conventions. Mais si cela l'ennuyait de devoir l'évoquer, il y avait autre chose également qu'il fallait prendre en compte en dehors même de la relation de ces deux-là… « Qu'elle s'éloigne te fera aussi du bien à d'autres sujets je pense. Navré si j'ai l'air insensible, mon affection pour elle est réelle, mais nous sommes en guerre…tous à notre façon. Elle sera mieux là-bas que comme victime collatérale de ce conflit »

Ce qui ne manquerait pas d'arriver d'une façon ou d'une autre s'ils continuaient tous sur leur lancée. Et à son avis, c'était de cela qu'il fallait se préoccuper. « Lorsque je me suis rendu compte de ce qu'elle risquait à cause de mes visites précédentes j'ai bien pensé lui dire qu'elle pouvait tout dire de moi, faire tout ce qu'elle pouvait quitte à me vendre, si c'était pour se sauver. Mais tu sais comment elle est, elle n'aurait pas accepté... » Se massant la nuque, tête légèrement penchée vers l'avant, il retomba un moment dans le silence. A moins d'envisager une solution radicale, il n'y avait guère qu'attendre de voir la situation évoluer à son rythme avec tout ce que cela voulait dire. Elle ne resterait pas en l'état éternellement, ne serait-ce qu'en raison des autres membres de l'équation. Comme la nature finissait invariablement par reprendre sa course logique, tout cela le ferait également et quand le barrage céderait, il saurait ce qui restait…

Dim 8 Mai - 12:36
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Probablement fixait-il le même carré de terre enneigée que son aîné. Son regard se perdait autant que ses aveux franchissaient le pas de ses lèvres. Son cœur se serrait à mesure qu'il avait parlé. Il peinait à accepter la situation qui le liait à son jumeau, c'était encore plus atroce et douloureux que de mettre des mots dessus, ou bien les taire. Bref sourire sur son visage lorsqu'Anthony évoqua le peu de choses qu'appréciait Howard. Le sourire ne dura pas, rongé par la lourde réalité de son propos. Il n'y avait pas que de l'extérieur que la liste avait l'air courte. Au fond, ce n'était pas tant qu'il appréciait peu de choses, c'était d'avantage dans son caractère borné et décidé que son aîné gémellaire se bordait et s'empêchait bien des plaisirs et des satisfactions. Sa complaisance était clairement définie, Howard ne se perdait rarement en des 'peut-être'. C'était des 'oui' et des 'non' des plus clairs. Voilà qui donnait alors cette impression de fermeture. Et paradoxalement, c'était ce qui rassurait plus Morghann dans sa manière de l’appréhender. Il n'y avait que peu de place au doute lorsqu'on lui appartenait. Il n'était pas un maître qui tergiversait et ce qui apparaissait comme une contrainte aujourd'hui, le soulageait bien d'autres fois. Comment pourrait-il l'expliquer à Anthony ? Il faudrait déjà que son frère accepte l'idée d'une certaine soumission pour entrevoir l'espace de confort sous cette avalanche de contraintes. Un espace de confort des plus étroits mais dont il se satisfait. Peu pourraient le comprendre. Raison pour laquelle il se trouvait soulagé de l'entendre lui confirmer qu'il ne traiterait du sujet épineux avec personne. Il aurait été malvenu que la nouvelle se colporte. Il n'avait pas envie d'être une bête de foire, l'être bien loin des critères de normalité et de moralité. Aimer son propre sang. Aimer la domination d'un autre. Il y avait de quoi faire de lui un beau phénomène de cirque quand bien même la situation ne semblait pas étonner son frère. Il se laissa porter par ses propos, comme un enfant bercé par son grand frère à défaut de pouvoir l'être par sa mère : lui raconter cela serait assurément le meilleur moyen au monde de se prendre un coup de hache.

Malléable et influençable, Morghann l'agréait sur bien des points et son cœur, à ses mots, se calmait, sa tourmente s'apaisait. Il acquiesça de la tête, confirmant que cela ne pourrait faire que du bien à Ayzebel ainsi qu'à lui-même. La tenir loin du danger, de cette guerre, il s'y efforçait autant qu'Howard s'acharnait avec lui. Ne l'avait-il pas laissé à l'étranger pour venir mener seul cette guerre ? Ne lui avait-il pas demander de partir avec la libraire loin d'ici ? En son cœur, il priait pour réussir là où son jumeau avait échoué et qu'Ayzebel ne se montre pas aussi buté qu'il ne l'était lui-même. « Je ne suis pas certain qu'elle ait quoi que ce soit à vendre à ton sujet. Peut-être que je me trompe... Mais si elle savait véritablement quelque chose, le Cénacle ne tarderait pas tant à la ferrer. Je pense qu'ils veulent seulement l'avoir dans leur poigne pour peser sur toi. » Un appât, une rançon, une menace ou il ne savait quoi d'autre. Qui pouvait bien mesurer avec exactitude les idées tordues qui pouvaient bien traverser l'esprit de son père ? Mais eu égard de la manière dont s'était comporté Ayzebel, il ne doutait pas que le Patriarche comptait sur le lien entre les deux pour tenter quelque chose de plus ou moins cruel. « Je n'ai pas envie qu'elle devienne leur jouet. » Il ne l'avait pas protégée de la sorte pour qu'elle finisse ainsi. Lentement, il laissa sa tête tomber sur l'épaule de son frère, poussant un soupir blasé devant cette épopée sans queue ni tête. Il ferma les yeux tâchant de savourer la froideur de sa présence. Il fallait croire qu'avec ce frère là aussi, la distance et la proximité seraient mêlées. Il l'appréciait et pour autant devait le considérer comme un ennemi. « Et ensuite ? Que comptes-tu faire ? Affronter de front notre père ? » C'était la déduction à laquelle il était venu suite à sa discussion avec Isha Carter. Une âme capable de surpasser les pouvoirs du Patriarche entre les mains d'une personne qui avait le potentiel génétique pour le supporter. « Carter m'a fait comprendre que cela était possible. Envisageable. » Dans un souffle, il acheva : « Et tellement destructeur. » Pryam ne se laisserait pas tuer si facilement, pas sans que Last End se soit retournée et mise en ruines. Son cœur nécromancien, lié aux doléances des défunts, ne pouvait, à nouveau, pas l'accepter. Mais Anthony devait bien avoir l'habitude de cela à présent. N'était-ce pas ce qu'il lui avait déjà reproché lors de leur première rencontre ?

Ven 13 Mai - 23:47
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Anthony Earl
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Anthony Earl

Il le laissa reposer sa tête contre lui sans bouger, un sentiment étrange, mal défini et mitigé… un sentiment qui lui serrait un peu le cœur d'une angoisse étrange qu'il connaissait très bien, elle. C'était celle qu'il ressentait quand il était proche de quelqu'un qu'il appréciait et auquel il pouvait tenir. Quelqu'un qui pouvait montrer autre chose de lui que l'image de tueur fou que les événements lui avaient donné et qu'il avait cultivé. Il aurait du le repousser, pour leurs biens à tous deux, mais après ce qui s'était passé avec Ayzebel, il ne pouvait nier avoir besoin d'un geste tel que celui-ci. Comme une bouffée d'air en pleine noyade. Et puis ce n'était pas pareil c'était… Morghann était son frère. Il lui avait dit que jamais ils ne pourraient se rapprocher, avoir le moindre lien réel, parce qu'il était forcé d'essayer de le repousser, mais jamais il n'y avait aspiré. Il ne l'avait simplement pas admit. Il n'osait pas encore l'admettre totalement, qu'il pouvait y penser. Et fort heureusement, Morghann l'empêchait de s'attarder dessus, ce qu'il aurait fait, se rongeant jusqu'à n'en plus pouvoir… « Elle ne le deviendra pas » affirma-t-il d'une voix tranquille mais fatiguée. Non elle ne le deviendrait pas car ils s'en assureraient. Et parce que même si elle devait être capturée, il serait forcé de ne pas céder à leurs menaces envers elle. C'était une douloureuse perspective que de savoir son amie prisonnière par sa faute, menacée par sa faute… et savoir qu'il ne pourrait sans doute pas, qu'il ne devait pas céder, tout en le voulant avec sincérité. Ce serait sans doute sa première pensée, sa première impulsion, si une telle chose devait arriver et pourtant la raison et l'affect divergeaient comme ils le faisaient si souvent. Elle avait assez souffert sans qu'on en rajoute. Elle ne méritait pas cela, rien de cela et pourtant il était coupable de lui infliger cette menace supplémentaire.

« Oui » fit-il simplement en réponse à la question. Oui il combattrait contre Pryam. Il le devait. Mais pas dans le but que tout le monde imaginait sans doute. «  Oui, je dois le combattre. Il le faut. C'est lui le cœur du problème à l'heure actuelle et pourtant… je ne vais pas le tuer » Voilà qui était dit. Non il ne lui ôterait pas la vie, pas de ses propres mains. Il n'ajouterait pas le parricide à la liste de ses crimes, pas à moins d'y être forcé. Mais il n'épargnerait pas pour autant son géniteur. Il y avait d'autres solutions que la mort. D'autres chemins, d'autres optiques. Il savait déjà ce qu'il voulait faire, restait à l'accomplir. « Je ne vais pas le tuer, je veux le défaire devant le Cénacle entier. L'Envers tout entier. Je veux qu'ils voient que Pryam Earl n'est pas une entité supérieure, juste un homme… un homme faible, friable, un homme avec ses défauts et ses démons, les squelettes enfermés dans ses placards. Je veux qu'ils voient qu'il est un menteur et un tricheur. Qu'il n'est pas le protecteur qu'il dit être. Que c'est un menteur et un tyran qui n'a que le bien de sa propre maison à l'esprit et qui pourtant traite même celle-ci comme...  » Il s'interrompit, soupirant lourdement et fermant les yeux. Sa tête tomba doucement vers le côté, posée contre celle de son frère et il n'acheva pas sa phrase. Il n'y en avait pas besoin. Un silence s'installa pendant quelques minutes, qu'il laissa s'étioler sans le briser. La perspective de se battre contre son propre père l'emplissait de sentiments contraires. Et il ne pouvait que repenser à une simple journée d'automne, quelques années plus tôt, pendant laquelle il avait prit le temps d'amener sa fille au parc. Elle l'avait regardé avec ses yeux noirs, et lui avait demandé si elle pourrait voir son grand-père et sa grand-mère, comme ceux de sa mère… et il n'avait pas trouvé de réponse appropriée.

Il n'y avait pas repensé depuis, jusqu'à cet instant « Je vais prendre ses pouvoirs, Morghann. Sa magie. Il deviendra un simple mortel, un simple humain sans aucune singularité. Ce sera une punition appropriée. Sa vie n'a finalement aucune valeur… En plus si je le tue, ils en feront un martyr et ce n'est pas ce que je veux  » Il l'observa du coin de l'oeil, sans se relever, sans s'écarter « Il vivra, pour voir sa propre déchéance. Il vivra pour voir notre monde changer. Il vivra aussi pour rencontrer sa petite-fille, comme n'importe quel grand-père le devrait. Ne serait-ce qu'une fois.. . » Son corps frémit, trembla « Je veux qu'elle puisse le voir au moins une fois. Et je veux que lui me voit, un véritable sorcier, le fils qu'il a rejeté et utilisé… je veux qu'il vous voit vous, vous tous, et tous ceux qui vivent en souffrant de sa tyrannie  » Déglutissant, il tourna la tête davantage vers lui, capturant fugacement son regard en un étrange moment de communions « Je l'affronterais au sein du Siège… Last-End ne sera pas touchée. Seulement les directs responsables de tout ceci  »

Sam 14 Mai - 11:02
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L'affirmation de son frère avait cette aura de paix et il s'y accrochait. Morghann voulait y croire, il voulait espérer que la sorcière ne devienne pas le jouet de Pryam. Elle ne méritait pas cela, Morghann aurait d'avantage eu sa place, il était bien plus un traître rien que par cette discussion cordiale qu'il avait actuellement avec le fugitif. Probablement le serait-il, tôt ou tard, mais sa situation ne lui permettait pas de s'y projeter. Il poussa un soupir, ferma les yeux, la tête sur l'épaule de son frère. Il aurait aimer le réconforter mais il ne trouvait pas les mots, de la même manière qu'il se sentait bien incapable d'apporter du réconfort à qui que ce soit. Il se sentait vide, par moment. Il se sentait démuni. Il l'écouta parler de ses projets, de ses plans à l'égard de Pryam, dans un silence religieux, il était l'enfant qui apprenait la leçon. Les ambitions de ses frères, il pouvait les entendre, il pouvait les suivre... mais d'une certaine manière, ne parvenait à imaginer lui-même ces vengeances. Il ne les vivait qu'à travers eux... Pour la simple et très bonne raison qu'il avait été épargné là où ses frères avaient subi cela de plein fouet. Il avait été mis à l'abri par Howard et en cela, ne tremblait d'une rancœur que par procuration. Cette souffrance, il ne l'encaissait pas de lui-même. C'était voir ses frères endurer qui le mettait hors de lui. Il se sentait coupable, à bien des égards, notamment celui de ne pas payer avec eux. Il sentit la tête d'Anthony se poser sur la sienne, se noyant sous son désespoir. « Un jouet. » acheva-t-il. Il traitait sa propre famille comme un jouet qu'il manipulait, enfermait dans un placard lorsqu'il en avait trop d'eux. Il les secouait, les tordait, les malmenait, sans se préoccuper de l'impact que cela aurait. Avide de puissance, Pryam ne conservait sa pure famille probablement que dans l'unique but d'en tirer toute la force de son patriarcat. Il laissa le silence retomber, l'un et l'autre savaient bien ce qu'il en était. Morghann y avait fermé les yeux si longtemps que ses découvertes l'assassinait jour après jour depuis septembre. La gangrène qui rongeait les Earl était une maladie plus atroce que toutes celles qu'il avait pu étudier en médecine. Le silence était plombant, si lourd sur leur épaules, malgré leur proximité et alliance, dans la tourmente, ils étaient deux épris jusqu'à ce qu'Anthony se montre bien moins léthargique que le cadet ne l'était.

S'il avait pu bouger sa tête, prise en étau au creux de son aîné, il aurait probablement acquiescé sombrement à ses propos, pas certains d'avoir la force et l’aplomb de la moindre argumentation contraire. Pourtant, il aurait du. Influençable qu'il était, il ne pouvait que se laisser manipuler par le tableau des plus fraternels qu'ils offraient. Il manquait Howard à ses côtés et il aurait eu, grossièrement là, toute la famille qui était la sienne au complet. Mais Howard n'était pas le genre de personne à accepter ces instants de proximité, il n'était pas... Vraiment pas tactile. Pourtant s’appesantir quelques minutes sur l'épaule de son frère lui faisait du bien. Un bien dont il ne profiterait pas avant longtemps... Peut-être même jamais plus. « J'aimerais la rencontrer aussi, ta fille. Comme n'importe quel oncle le devrait. » Fin sourire et il se demandait à quoi elle pouvait bien ressemblait. Avait-elle les traits inconnus de sa mère ? De son père ? Le faciès assez singulier et sombre des Earl ? En lui-même, il s'était interdit cet approche avec la famille d'Anthony, d'une part parce que rencontrer Anthony le mettait déjà suffisamment en danger, d'autre part qu'il ne pouvait se présenter lui seul à la petite. C'était la famille Earl au complet qui était la sienne. Elle lui poserait forcément des questions auxquelles il ne pourrait, aujourd'hui, pas répondre, créant certainement plus de tourmente dans le cœur de cette enfant que de plaisir. « Ne crains-tu pas le spectre qu'il pourrait représenter, vivant ? Il a des alliés et il en trouvera certainement de nouveau, il pourrait revenir, sous une forme ou une autre... » Il poussa un soupir en fermant les yeux : « En vérité, je ne suis pas même certain que son trépas l'éloignerait de nous. La mort ne ferait que le déposséder de son corps. » Il frotta ses mains, l'une contre l'autre, chassant le froid qui engourdissait ses doigts. « Vivant, son corps faible serait une prison mais pour combien de temps ? » C'était Morghann qui devenait pessimiste pour le coup, peinant à voir une issue favorable mais dans le cas d'une victoire de la part d'Anthony. Et ensuite, qu'adviendrait-il ? Que deviendrait l'Envers, une fois le Secret révélé ? Comment réagirait le Vatican, et tous les autres groupuscules aux quatre coins de la planète ?

Il leva les yeux vers lui, croisant son regard un bref instant, l'expression un peu perdue dans cet imbroglio monstre. « Comment comptes-tu t'y prendre ? Je veux dire... Prendre les pouvoirs de Pryam ? Est-ce seulement possible ? » Le champ des possibles pour l'envers était large, mais à ce point ?

Dim 15 Mai - 14:56
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Anthony Earl
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L'ombre vague d'une douceur sur ses traits glacés, dans son regard redevenu sombre, dans la crispation de ses muscles trop sollicités, épuisés. Sa fille, son joyau, la seule chose bien qu'il ait jamais faite et qu'il avait lâchement abandonné pour cette guerre sordide mais nécessaire, cette croisade sainte. La culpabilité lui tordit les tripes avant de disparaître, le laissant plus vide encore. Elle ne savait rien de tout cela. S'il mourrait, elle n'en saurait peut-être rien non plus. Elle ne saurait pas non plus ce qu'elle était réellement. N'était-ce pourtant pas mieux ainsi ? Qu'elle ne sache rien de toute cette déchéance, cette souffrance ? Oui mais il y avait aussi du bon en ce monde, beaucoup de bon, et même s'il peinait à s'en souvenir aujourd'hui, il voulait essayer, pour elle et pour Ayzebel, pour Morghann… « Tu la verra » répondit-il doucement. Quand tout serait terminé évidemment, car pour l'instant c'était trop dangereux. Lui-même ne s'approchait pas d'elle. Si déjà Ayzebel était en danger pour ses visites, pour sa fille se serait pire encore. Si Pryam venait à s'en prendre à elle il ne pourrait plus répondre de rien. Ses yeux à présent secs cillèrent et il ne dit rien de plus, ne voulant surtout pas ébruiter plus que cela. Si qui sue ce soit savait à son propos, les choses iraient très mal… terriblement mal. Hors sa petite princesse souffrait déjà bien assez par sa faute, il ne voulait pas en rajouter. Fort heureusement le sujet le plus important était leur géniteur, pour le moment, ce qui lui allait fort bien. Malgré ce que Pryam avait fait il était un sujet plus simple à aborder que celui de sa fille… sans doute parce qu'il était toujours plus simple de parler de ce qu'on subissait, des outrages supportés, que d'admettre qu'on était l'auteur de certains autres. Surtout quand on parlait de famille si proche.

« Je pense que s'est possible oui, mais je ne suis pas tout à fait certain de la façon dont je dois m'y prendre pour cela. Pour l'heure, mes théories se portent sur un échange tel que celui décrit dans certaines versions de la fontaine de Jouvence. C'est pour cela que tu ne n'entend plus beaucoup parler de moi, je cherche » Et il fallait avouer que c'était compliqué. Prendre les pouvoirs d'un autre, ce n'était pas commun, les prendre définitivement du jamais vu d'après ce qu'il savait et ce n'était pas n'importe quel mage qu'il souhaitait voler. C'était le patriarche de l'une des huit grandes familles sorcières, et lui était un Oublié… autant grimper l'Evrest à mains nues. Cette image revenait souvent ou bien était-ce lui ? Soupirant, il haussa légèrement les épaules, par réflexe, et eut un sourire piteux en manquant déloger Morghann de son appui. « Je ne compte pas le laisser mourir tu sais. Rallonger l'existence est plus simple que de prendre les pouvoirs d'un si puissant mage alors si j'y parviens, pourquoi ne pourrais-je pas obliger Pryam à vivre ? Mais il faut qu'il essaye de s'en sortir Morghann, il faut qu'il conspire et il faut qu'il échoue, encore et encore. Qu'il se discrédite lui-même » Il serait dangereux et il faudrait le traiter avec beaucoup de prudence, mais s'ils arrivaient jusque là ils le pourraient. Il le pourrait. Il n'aurait de toute façon aucun choix, il fallait absolument que dans cette optique, Pryam ne puisse réussir. « Il y a aussi la possibilité, plus que potentielle, qu'il ne supporte pas la perte de ses pouvoirs et s'ôte lui-même la vie. Et dans ce cas-là la question sera réglée. Si la vie sans magie est dure pour moi qui ait toujours vécu ainsi, j'ose croire qu'elle sera insupportable pour lui qui a jouit de la magie toute sa vie » Et ce serait un juste retour des choses.

« Et dans le pire des cas ? On peut emprisonner son âme... » Il n'y avait pas pensé avant, la possibilité lui avait échappé comme lui échappait à présent ce 'on' sortit de nul part. Un silence de mort combla le vide laissé par ses mots, et il se remit à regarder le vide, le coeur et l'âme lourde. Progressivement, les alentours se firent de plus en plus froids, la neige gela en un mélange étrange qui craquait au moindre mouvement. Respirer se fit plus difficile, bien que cela resta encore supportable. Anthony ne semblait rien ressentir d'autre qu'un léger engourdissement qui le fit enfin bouger, mais les mots qui quittèrent ses lèvres furent difficiles et douloureux : « J'ai peur Morghann… j'ai beau ne rien montrer, je suis effrayé. Il m'effraye. Il m'a toujours fait terriblement peur. Quand j'étais plus jeune je… disons que certaines choses sont encore dures à oublier. Je n'aurais pas imaginer que j'en arriverais à tout ça… » Et c'était encore pire de savoir que son esprit avait naturellement occulté quelque chose de son passé en un instinct de survie primitif qu'il découvrait à peine. « J'ai peur de lui, mais j'ai peur de tout le monde. De toi, d'Howard, d'Ayzebel, de Leanne… Je me construis une image, avec me sourires, avec mes blagues mais au fond c'est pour essayer d'avoir moins peur. Tout ce que j'ai dis, tout ce que je brandis dans mon combat est sincère, et je crois vraiment que ça peut fonctionner, qu'on peut tous avancer, mettre… la magie au service de tous. Mais une part égoïste de moi-même craint aussi… que lorsque tout sera finit, lorsque j'aurais réussi, je n'aurais strictement plus rien à moi. C'est aussi pour ça que je ne crains pas de payer pour mes crimes. Si je n'ai plus rien, qu'importe ? C'est lâche de ma part... »

Dim 15 Mai - 16:26
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Un sourire marqua les lèvres du cadet à l'annonce prophétique de son aîné. Il la verrai, un jour. Il lui avait signalé comme il lui avait prédit qu'Ayzebel ne serait pas le jouet de son père. Une nouvelle fois, il avait envie de le croire, d'espérer que tout ce produise comme Anthony l'espérait au sujet de Pryam. Lui soustraire ses pouvoirs, regarder cet homme chercher à reprendre désespérément sa place sans jamais y parvenir. Le regarder essayer. Ne fera-t-il qu'essayer ? Pryam connaissait tant leur monde, il en avait manipulé des rouages toute sa vie durant. Pourquoi échouerait-il forcément ? Parce que c'était ce que voulait la fin heureuse ? « C'est... Marrant. » Ça ne l'était pas, mais il n'avait rien trouvé de mieux pour décrire la bizarrerie de ce qui se passait : « Entre toi et Howard, j'ai l'impression d'être le petit frère qui a envie de croire à ces contes de fées que vous me lisez. Je n'ai de cesse d'espérer qu'il y aura une fin heureuse à... Tout ça. » Sourire triste, mine peinée, ses obsidiennes s'orientèrent vers lui, quelques secondes. Il laissait son poids progressivement se reposer sur lui, tout comme Anthony le pouvait : ils trouveraient ainsi leur équilibre. « Je ne sais pas vraiment si ça sera forcément le cas. Il y aura un prix à payer, des sacrifices à faire. L'un comme l'autre, vous rêvez tant de ce que vous pourriez gagner, les bénéfices auxquels vous êtes certains d'aboutir, pour vous, pour notre communauté. Mais vous fermez les yeux sur tout ce que vous allez perdre, tout ce dont vous allez devoir vous démunir pour parvenir au terme. » Il serrait ses mâchoires l'une contre l'autre, visiblement dérangé par ces notions qu'il n'approuvait et qui était fort ancré chez ses deux frères. Il n'y avait qu'à entendre les mots qui étaient sortis de la bouche d'Howard lors de l'inondation du château. Il n'y avait qu'à voir combien Anthony attendrait la mort à bras ouvert en paiement pour ses crimes. Leurs croisades étaient peut-être justes, porteuse d'avenir pour leur communauté. Elles allaient peut-être déclencher des choses différentes, nouvelles... Mais les utopies n'existaient pas et dans leur quête de la perfection et de la paix, ils allaient créer d'autres guerres, d'autres combats... Et se seraient perdus en chemin pour cela.

« Tu n'auras rien parce que tu fais rien pour avoir quelque chose au terme de tout cela. Tu t'offres, tu te sacrifies. Tu as beau dénigrer Howard, tu lui ressembles beaucoup par moment. Surtout lorsque tu agis ainsi. Je ne sais pas si ta croisade changera la face du monde, si les bénéfices que tu espères seront au rendez-vous, ni s'il y aura encore des personnes que tu aimes qui seront debout pour voir cela. » Il releva la tête, quittant le cocon de l’étreinte fraternelle pour lui faire face pleinement. « Toi, Howard... Vous avez une idée en tête, un objectif. Vous avancez, vous avancez encore, sans jamais vous retourner. Vous avez le sentiment que ça ne fera que vous affaiblir, vous détourner, que vous devez aller au bout, que c'est là votre devoir, votre croisade. Mais lorsque vous serez au bout, lorsque vous aurez fini, lorsque vous aurez nulle part où aller, c'est là que vous regarderez derrière vous. Là que vous réaliserez l'absence de ce qui vous manque et il sera trop tard pour revenir en arrière, pour reprendre ce que vous avez abandonné en chemin. » Tout ce qu'ils auront sacrifié d'eux même, leur propre bonheur réduit en cendres pour le bien de la communauté, mais aussi les personnes qu'il aiment : Leanne, sa fille, Ayzebel... Et tant d'autres. Son âme, son corps, son humanité... Ils n'aveint aucune idée de ce qui les attendait vraiment, les obstacles qu'ils auraient à franchir en chemin, alourdissant leur fardeau petit à petit. « Je ramasse les miettes de ce que vous perdez chaque jour, avec l'unique espoir de pouvoir vous les apportez au terme. N'aies pas peur d'Ayzebel, de Leanne, d'Howard ou de moi. Ce que tu crées, tu l'auras à la fin. Ce que je crée, je veux le partager avec vous à la fin. » Lourd soupir, il laissa sa tête retomber contre le tronc d'arbre. « Les liens que tu crées sont autant de faiblesses, assurément. Ce sont aussi autant de raisons pour te battre. Combattre pour combattre ne t’apportera jamais rien. Tu auras gagné... Mais tu auras gagné quoi ? Je voudrais que tu n'oublies pas cela. Il y a quelques semaines encore, tu clamais ne pas vouloir de mon amour, tu t'en moquais. Je veux te donner la chance que tu n'as pas eue par le passé d'être mon frère. De l'être vraiment. Que t'as donc fait notre père pour que tu sois à ce point terrorisé par ceux qui peuvent être proches de toi ? Je ne te laisserai pas mourir, tu entends. Pas aussi stupidement. »

Mer 18 Mai - 15:49
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Anthony Earl
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Anthony Earl

Douceur, presque tendresse, dans son regard et son sourire envers Morghann. Son petit frère. Si cajolé, si protégé, qui découvrait combien le monde pouvait être violent, méprisable et incohérent. Et combien les humains qui habitaient ce même monde étaient à son image. Pouvait-il seulement le lui dire à haute voix ? Pouvait-il avouer l'étendue de son égoïsme à lui, l'égoïsme qu'ils partageaient, celui qu'Howard reprochait à son cadet, sans jamais l'énoncer réellement ? Pouvait-il réellement cimenter tout cela en l'énonçant à voix haute ? Dire qu'il ne fermait pas les yeux, qu'il avait accepté ces sacrifices volontairement et qu'il avait pourtant des scrupules à présent, plus grandes chaque instant qui le rapprochaient de son but final ? C'était cela la vérité. Pas simplement qu'il craignait de ne rien à voir, mais bien qu'il savait qu'il n'aurait plus rien et qu'il n'arrivait plus, en certains instants, à le supporter… comme le pathétique humain qu'il était, incapable de surmonter la faiblesse de sa morale et de sa condition. Un simple humain. Exactement ce qui l'avait conduit à être méprisé, rejeté et torturé… un simple humain, de ceux que l'Envers détestait. Non il ne pouvait le dire lui-même, il ne pouvait confirmer. C'était impossible. Il continua de l'observer sans rien dire. Non il ne pouvait rien dire. Expliquer était d'autant plus dur que Morghann n'avait pas leurs notions, pas leurs vécus. Comment expliquer, ne serait-ce qu'à demi-mot, comme un lâche, l'ombre quand votre interlocuteur ne l'a jamais vu et que vous avez si peur de lui donner corps… si peur que vous préféreriez vous taire quitte à en souffrir davantage encore. « Tu devrais » finit-il par répondre, sans doute plus froidement qu'il ne l'aurait voulu. « Tu devrais me laisser mourir »

Il ferma un instant les yeux. Un bref instant, il aurait voulu se secouer et trouver la force de le blesser, de l'éloigner de lui. Il l'avait déjà fait, par le passé, pourquoi ne pourrait-il recommencer ? Peut-être parce qu'il était épuisé, et égoïste… Peut-être simplement par fierté, pour ne pas ressembler à Howard. « Comme je devrais continuer de te refuser. Ce que j'ai dis ce jour là serait le plus salutaire pour tout le monde. C'est le mieux à faire et je ne sais… sincèrement… pas pourquoi je brise ma propre parole » Son regard était à présent peiné, plein d'un regret lié à une amertume suintante. « Je ne sais pas ce que je fais. Pas pour ça. Je ne voulais vraiment pas de tout ça, ni de toi, ni de personne d'autre mais quand je suis sortis de l'asile je… je ne sais pas, c'est venu tout seul, je suis incapable de l'expliquer » Secouant doucement la tête, il s'éloigna, dans un geste lourd et qui, de toute évidence, le faisait souffrir. Ses os protestaient. Il se sentait engourdis et un instant, le monde vacilla et perdit de sa consistance alors qu'il se tenait debout une fois de plus. Mais ce n'était rien, en comparaison de la tourmente interne qu'il vivait. « Tout comme je suis incapable de te dire ce que Pryam a fait. C'est… trop dur, Morghann, c'est trop profondément ancré, enfouit, ça fait trop mal pour que je puisse… redonner corps à tout ça en en parlant. Tu mériterais de savoir, et je me montre injuste en t'empêchant de connaître la vérité, mais je suis incapable de la donner. De te la donner. Je… ça ne peut pas aller ensemble, ça ne va pas de pair, rien de tout cela » Il semblait déterminé, et perdu tout à la fois. Il semblait vouloir se battre et abandonner en même temps.

Il n'arrivait pas à trouver de logique à son propre comportement « Vouloir que je sois ton frère, et savoir tout ça… c'est contradictoire. Si tu savais, je ne pourrais plus te regarder dans les yeux… ni supporter que tu me regardes, en craignant ce que je verrais si je venais à lever les yeux » L'abattement était perceptible dans l'affaissement de ses épaules « Je ne suis pas… aussi blanc que je veux le prétendre, et même mes motivations sont… teintées… je suis un humain comme les autres, banal, même dans mes défauts. » Pryam lui arracherait tout s'il perdait face à lui. Il ne le tuerait pas tout de suite, sans aucun doute… peut-être jamais. Mais il le ferait souffrir. Il lui prendrait tout ce qu'il aurait construit, ou pire se l'approprierait… L'image révoltante de son père et d'Ayzebel lui retourna l'estomac et il frissonna. Se tut. Il ne devait pas penser à ce genre de choses. Il ne devait pas parler de tout ça à Morghann. « Tu sais que ça ne va pas du tout lui plaire, si tu essaye vraiment de me donner ma chance, n'est-ce pas ? » Il changeait sensiblement de sujet, et après ? « Il me haïra encore davantage et il voudra probablement encore moins entendre ce que j'ai à dire… même si je venais à survivre à tout ça, tu ne penses pas que nous nous retrouvions soudain ennemis lui et moi ? Il serait… probablement celui qui prononcerait ma sentence si je me rendais, qui s’opposerait à moi si je refusais à payer mes crimes. Et toi, qu'est-ce que tu ferais alors ? Qu'est-ce que je peux t'apporter qui vaille ça ? Quelle valeur pourrais-je jamais avoir face à une issue comme celle-ci ? »

Un silence, puis : « Même si je savais… comment m'y prendre, avec toi, je ne voudrais pas t'infliger ça »

Dim 22 Mai - 12:01
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Morghann Earl
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Morghann Earl
Son cœur se serrait, les mâchoires également lorsqu'il détourna le regard de son frère qui s'était levé. Il n'avait jamais envisagé cette situation, celle où Howard mettait fin aux jours d'Anthony. Il était cette justice qui viendrait et Morghann ne pouvait l'ignorer, car c'était bel et bien l'une des possibilités auxquelles ils auraient à faire face. Il l'avait volontairement laissée de côté, car c'était plus facile de croire cela impossible, de nier que de l'accepter avec toutes les conséquences qui pourraient en découler. Pas des moindres malheureusement. « Je sais. Je sais que ça ne va pas lui plaire. Je sais qu'il est jaloux. Je sais aussi qu'il est capable d'entendre ce qui est bon pour moi, indépendamment de ce que désire son cœur. Il m'a demandé de partir de Last End. D'emporter Ayzebel avec moi. » Mais s'il était là, c'est parce qu'il avait refusé et Anthony en connaissait l'exacte raison à présent. Il n'avait pas pu laisser Howard derrière lui, il n'avait pas été en mesure de l'abandonner, pas avec ce qui se passait à présent. Pendant son séjour à Noël avec la libraire, il avait plusieurs fois repensé à cette proposition. C'était difficile de quitter Last End : c'était plus facile de ne simplement pas revenir, il avait alors fait la moitié du travail. Et pourtant, il était revenu. Parce qu'il ne pouvait pas le quitter et lui tourner le dos. Parce qu'il aurait trop mal. Il pouvait renoncer à beaucoup de choses et de personnes, mais pas à Howard.

« Alors oui... Tu as raison, ça ne lui plait pas du tout, tout comme le temps qu'il passe avec Elie ne me plait pas du tout. » Morghann haussa les épaules avec un certain fatalisme. L'un et l'autre l'avaient accepté, pour le bonheur et l'épanouissement de l'autre. « Elie est celui qui causera pourtant ma perte. Si je ne trépasse pas avant, ce sera ma dépendance qui m'emportera. Howard a stabilisé la situation, je ne suis pas certain qu'elle dure mais... Il se satisfait de son enseignement, s'abreuve de sa connaissance. Alors s'il est heureux... » Il l'acceptait. En vérité, il n'avait pas tellement le choix : il n'était pas certain que son jumeau y renonce même si Morghann l'en suppliait. Quant au cadet, il n'aurait jamais l'audace de le lui réclamer pleinement. C'était un dossier classé depuis longtemps : Howard avait trop fait pour lui, pour le protéger et lui offrir un environnement propice à son bonheur pour que son bénéficiaire fasse la requête d'un tel sacrifice. Plus maintenant du moins. Pas après l’inondation du château des Earl. « Ce n'est pas parce que ça ne nous plait pas, que nous ne pouvons pas l'accepter. » Il baissa les yeux sur ses mains qu'il frottait lentement l'une contre l'autre. « Howard m'a dit qu'il t'éliminerait si tu te mettais entre lui et l'héritage qui lui reviendrait comme fils aîné. » Morghann ne l'avait pas oublié, comment le pourrait-il ? C'était une sentence qui le terrorisait à présent. « Cela compte beaucoup pour lui... Alors cela compte beaucoup pour moi. Et la réciproque est aussi vraie. Si tu comptes pour moi, si tu appartiens à ma vie... J'espère qu'il y réfléchira à deux fois avant de prononcer ton châtiment et qu'il n'oubliera pas que le pardon est, autant que la justice, le devoir des rois lorsqu'il s'avère légitime. »

Il se releva, muscles endoloris par le froid et resta appuyé contre le tronc d'arbre, l'observant un instant avant de poursuivre : « Que tu veuilles payer pour tes crimes ne signifie pas que tu doives le payer de ta vie. Tu peux te repentir en agissant pour le bien de la communauté, racheter les erreurs que tu as commises. Si Howard est sage, il entendra ces mots. Ce n'est pas en faisant couler plus de sang qu'on arrivera à nettoyer celui qui macule déjà nos pavés. S'il y a bien une personne qui puisse mériter cette clémence, c'est bien toi. Je ne sais pas ce que Pryam t'as fait, ce que tu as fait, mais pour que tu en aies honte à ce point... » C'était que ça ne devait pas être très joli. « Je m'en veux, tu sais... D'avoir grandi dans mon cocon bien à l'abri pendant que toi et Howard preniez des coups. Je me dis que cette expérience, je ne l'ai pas vécue avec vous, mais vous l'avez partagée, dans des circonstances différentes certes. Le résultat est là toutefois. Il t'entendra mieux que moi s'il daigne t'écouter, parce que ça le touchera. » Si Howard acceptait de l'entendre, et ça n'était pas forcément une partie gagnée mais le cadet ne perdait pas de vue l'espoir d'y parvenir. Anthony lui avait demandé ce qu'il ferait, il avait sa réponse. Morghann ne s'opposerait pas à Howard, il serait seul souverain pour rendre son verdict, quel qu’il soit. Mais cela ne signifiait pas qu'il ne ferait rien pour autant : il lui monterait le chemin d'une punition car punir était une justice dont même le coupable ne voulait échapper. Il lui montrerait la voie de la bonté et du pardon, ce serait à Howard d'agréer ou non.

Morghann poussa un soupir avant de passer ses gants sur son visage glacé pour en déraidir la peau maltraité par le froid. « Être ton frère et savoir ce qui s'est passé entre Pryam et toi n'est pas si paradoxal que tu le penses. Entendre tes erreurs, tes défauts non plus. C'est mon rôle au contraire. C'est mon rôle de t'épauler, chercher à te comprendre. Mon rôle de te pardonner, de t'accepter dans tout ce que tu es, bon ou mauvais. Mon rôle de t'accompagner, de te suivre même si le chemin que tu empruntes me paraît si ténébreux, d'être là quand tu en as besoin, de te soutenir, te porter, te trainer s'il le faut. C'est justement parce que je suis ton frère que tu n'as pas à craindre mon jugement, à avoir honte. Anthony... »

Lun 6 Juin - 22:27
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Anthony Earl

Il ne croyait pas à la soi disant vertu d'Howard. Son benjamin était un homme tiraillé mais au plus profond de lui, il y avait de la noirceur. Une noirceur toute humaine, celle de l'homme faillible qui veut se rendre meilleur mais qui ne supporterait pas éternellement la souffrance causée par sa décision. Un homme qui avait de grandes chances de finir brisé et plus égoïste que ce qu'il avait voulu réformer. Tout comme la plupart des drogués et des alcooliques finissaient un jour ou l'autre par retomber dans leurs travers…. Beaucoup plus durement. Pour toute la foi qu'avait Morghann en son frère, lui ne parvenait pas à lui étendre son optimisme. Howard était trop conflictuel envers lui-même, trop tiraillé et timoré et il refusait de s'avouer la vérité à lui-même. « Tu penses vraiment que c'était pour toi qu'il t'a demandé de faire ça ? » Oh peut-être avait-il prit cette excuse, et peut-être n'était-elle un mensonge que pour moitié, le rendant d'autant plus crédible qu'une part de vérité s'y cachait mais vraiment ? Non ce n'était pas ça et peut-être Morghann avait-il raison, peut-être qu'ils se ressemblaient beaucoup tous les deux. Il aurait fait la même chose. Alors oui, il n'y croyait pas. Ils n'avaient pas les mêmes raisons mais il aurait fait pareil et il n'y croyait pas. Et en un sens, cela le confortait dans l'idée de ne pas laisser à Howard la place qu'il convoitait. Mais… pas pour la prendre, en réalité. Contrairement à ce qu'il affirmait, il ne voulait pas d'une couronne. Il voulait qu'il n'y ait plus jamais de couronne. Il ne voulait plus de cette tyrannie et de ce qu'elle impliquait. La magie avait besoin d'autre chose. De quelque chose de plus stable et de plus honnête. Et il y avait des individus qui pouvaient le lui offrir. « Tout comme tu crois qu'il est heureux ? » Si un Earl avait jamais été heureux, alors l'histoire l'avait sans doute oublié… Avec une famille un pied dans la tombe et l'esprit dans la mort, il n'y avait rien de bon à en tirer. Toute magie avait un prix, et quel était donc celui que sa famille avait payé pour sa puissance et sa vision de l'au-delà ? Pouvait-on seulement l'imaginer ? Au final, il ne voulait pas l'imaginer et l'idée de ce dont il s'agissait était peut-être la seule raison qui le faisait se satisfaire de son état d'Oublié… Il n'était pas élu par la magie nécromantique, il n'avait pas à payer le prix. Il payait uniquement le sien, celui dicté par la brûlure de l'âme en lui. Et tout terrible que ce prix pouvait être, il l'avait choisit et cela changeait tout.

« Tu penses vraiment qu'il n'y accordera plus qu'un songe, sous la pression de la masse ? » Si Howard devenait roi et voulait réellement être plus que l'image de son père despotique… il serait forcé d'écouter la masse, et la masse ne voulait que sa disparition, non ? Il serait forcé d'écouter pour asseoir son autorité sur eux. Et comment Morghann pourrait-il même l'influencer en sachant cela ? Il ne ferait pas le poids… ou alors il le ferait mais Howard en souffrirait plus encore et sombrerait davantage dans la noirceur. Soupirant, il se passa une main sur le visage. Il agissait déjà pour le bien de la communauté mais personne ne le voyait ainsi. Et il se refusait à travailler pour l'injustice profonde qu'était le Secret sous le pouvoir du Cénacle. Il préférerait mourir que d'oublier ses idéaux et obéir à la tyrannie. Ça jamais de la vie. Parce qu'oublier tout cela, c'était pire que mourir, c'était abandonner son être et son existence profonde. Abandonné ce qui restait de son essence. Il ne le lui avoua pourtant pas. Il n'en avait pas la force, parce que c'était plus simple de ne pas le faire… plus utile aussi hélas. Si Morghann pensait qu'il pouvait choisir de ne pas mourir à la fin de tout cela, il serait peut-être plus prompt à l'aider au bon moment. Ou alors pour… « Vraiment ? » fit-il d'une voix sourde et il se redressa « Alors rejoins moi ? » Il ancra son regard dans le sien et attendit un instant avant de reprendre « Si comme tu le dis ton rôle est de m'accompagner sur mon chemin alors aide moi Morghann. Soutient moi…. » Il s'avança de nouveau vers lui. Oui après tout, si c'était sa vision des choses pourquoi ne viendrait-il pas de son côté, se battre avec lui ? Il le pouvait et à eux deux, ils seraient tellement plus fort ? Il avait des liens forts avec chacun de ses alliés mais là… là c'était différent, terriblement différent. Et puisque Morghann semblait vouloir insister alors il en appelait par la même à ceci. Étendant une main, il vint l'apposer sur le bras du nécromant et le lui pressa doucement sans jamais quitter ses yeux des siens. « Tu pourrais m'aider. Tu pourrais… Si tu veux… je pourrais te le dire mais… non, pas à moins que tu ne me rejoigne. Je ne peux pas faire autrement, et tu es trop cruel, à retourner le couteau dans la plaie… »

Secouant doucement la tête, il continua d'une voix lasse « Tu veux allumer une lumière pour moi, mais es-tu vraiment prêt à me la donner ? » Sa main le quitta, laissant une impression glacée « Es-tu réellement prêt à faire ce que tu dis et à me suivre ? Morghann ? A faire ce qu'aucun autre Earl ne ferait ? Car il y a une autre option tu sais… celle où tu me rejoins et où tu convainc ton frère de faire de même. S'il est de mon côté, si tu es de mon côté alors pourquoi mourrais-je ? »

Jeu 9 Juin - 6:45
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Il y avait probablement une part de vraie dans ce qu'Anthony lui disait. Howard avait voulu venir ici seul, prendre le pouvoir seul, gérer cette bataille seul. La présence de Morghann avait du le contraindre à revoir ses plans, il était une entrave, une crainte pour son jumeau mais il était aussi un garde-fou. Il y avait bien des choses qu'Howard serait prêt à sacrifier pour aller droit au but, des risques mesurés... Avec le cadet à Last End, il était contraint d'y songer à deux fois, de prendre les décisions les plus adéquates pour eux deux. Alors, oui, probablement y avait-il du vrai dans ce qu'Anthony lui disait et ça ne faisait que renforcer son désir de rester, pour être certain que son aîné gémellaire ne se jette pas à corps perdu dans cette quête. Quant à savoir s'il était vraiment heureux... Pourquoi ne pourrait-il pas l'être ? Quelques bribes, quelques instants. Nulle existence n'était parfaitement rose et, pour avoir partagé son existence et son esprit, il savait Howard des plus tiraillés. Il était certain qu'il trouvait un peu de consolation auprès d'Eurynome, un moment pour plonger partiellement dans ses travers et pour apaiser sa souffrance. Venait ensuite la culpabilité... Mais peut-être avait-il savouré l'instant avant de le regretter. Ses noires prunelles se faisaient dures sur Anthony. Plus déterminées qu'elles ne l'avaient été lors de leur précédente rencontre. Il se sentait moins déboussolé, moins assailli par les répliques pessimistes et noires de son aîné. Bien sûr qu'il y avait des raisons égoïstes derrières les choix d'Howard, mais également des motifs plus altruistes. Les actions d'Howard devaient-elles être nécessairement blâmables pour l'unique motif qu'il y trouvait également son compte ? Le tableau que lui peignait Anthony était si noir, celui qu'un Howard égoïste et malheureux. Morghann ne pouvait y croire, parce qu'il avait vécu avec son frère et savait qu'il avait pu tirer quelques éphémères satisfactions au cours de son existence. Il savait aussi qu'il avait pensé à lui, qu'il avait toléré bien des déviances de son cadet sans broncher, au détriment de ses propres convictions. Alors non, il n'était pas qu'égoïste et malheureux.

« Parce que tu as besoin de personnes dans le camp adverse. » fit-il avant de glisser son regard sur son propre bras, là où il sentait la morsure du froid. Une inquiétante morsure qui n'avait rien de normal. « Ton existence ne se résume pas à ce combat que tu veux mener. Pour ça, je suis certain que tu as su t'entourer et que tu ne manques d'aucun partisan. Tu n'as pas réellement besoin de moi dans cette bataille-là et tu le sais. » Ses prunelles vinrent capter les siennes pour s'y accrocher alors que de son autre main il frottait la froideur laissée par son aîné. « Tu dis craindre ne plus rien retrouver au terme de ton combat. Alors ne m'inclue pas dedans et garde-moi à côté. C'est toi que je veux suivre et accompagner hors de cet assaut. » Ne comprenait-il pas qu'il n'en avait strictement rien à faire de ce conflit ? Qu'il ne faisait que suivre Howard sans jamais chercher à avoir le moindre avis là-dessus. Et si seulement, il en avait un, il serait égoïste, car Morghann n'avait pas la carrure d'un roi, pas les ambitions d'un leader. Il ferait un piètre compagnon car il n'y croyait pas. C'était sûrement un combat juste et légitime... Mais c'était aussi son arrêt de mort. Peut-être qu'il y aurait des gens pour accepter la magie comme alliée. Il savait aussi qu'il existerait toujours le Vatican et son éternel désir de les éradiquer. Se cacher était encore le meilleur moyen de ne pas se faire égorger en pleine nuit. Il ferma les yeux pour inspirer de l'air frais avant de lâcher son bras réchauffé à nouveau, secouant la tête de gauche à droite. Il ne s'était pas attendu à cette demande, à cet amalgame. « J'en parlerai à Howard... » souffla-t-il « Je l'informerai de ta proposition. » S'il ne l'était pas déjà. Howard faisait partie de lui à présent et il ne lui bloquait aucun accès si bel et si bien qu'il n'avait pas forcément conscience de sa présence effective ou non. Il le sentait et c'était tout ce qui lui importait. « Et je le suivrai où qu'il aille. » Il ne pouvait offrir cela qu'à une seule personne et il avait choisi Howard. Il ne pouvait suivre Anthony sans lui, c'était certain, pas plus qu'il ne pourrait refuser de se battre à ses côtés si son aîné gémellaire en décidait ainsi. « Mon camp ne changera rien à ce que je t'ai dit, car, contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas ton ennemi qu'importe que je me batte pour ou contre ce Secret. Tu n'es pas la cause pour laquelle tu te bats. Tu es mon frère et tes ambitions, tes travers, tes projets ne changent rien à cela. » Pas plus que ceux d'Howard ne changeaient son lien avec lui.

« Si c'est des actes que tu veux alors entends-les : je vais te libérer de cette âme-énergie. Je vais trouver comment te la retirer. Parce que ça, plus que Pryam, c'est en train de te tuer et de te faire perdre le contrôle. Le froid, il vient de toi. L'hiver est plus fort ici et ton contact me laisse une emprunte glaciale. Je ferai, car ça, qu'importe mon camp, je peux le faire. Et lorsque tu ne l'auras plus, je serai là pour t'aider à tenir bon, pour te sevrer. Je serai là car je sais mieux que tout le monde ce que c'est que la drogue et combien elle fait mal. » Il baignait dedans depuis sa naissance, c'était alors peu dire. Il était lui même incapable d'y résister mais il se sentait encore la force de retenir Anthony de faire la même erreur que lui. « Je suis ici pour discuter avec toi, pour comprendre ce qui t'habite, t'aider à tenir bon, t'aménager un avenir qui puisse te convenir. J'apprends à te connaître. Je fais ce pas vers toi. Je suis venu ici pour toi, alors qu'aux dernières nouvelles, tu es un fugitif. J'avais tellement de raisons de te gifler en arrivant là mais je n'ai rien fait. » C'était à lui d'en tirer les conclusions qui s'imposaient : Morghann ne serait pas d'avantage capable de se battre contre lui si la bataille venait. « Si ça n'a pas de valeur à tes yeux, alors... Non, je n'ai rien à t'offrir. » Et il valait mieux en terminer de cet entretien que de tenter en vain de créer un lien qui n'avait aucune chance d'en être un. « Je ne te forcerai pas à me parler, me dire ce que tu as sur le cœur, ce qui s'est passé avec Pryam... Mais si tu en ressens un jour le besoin, tu sauras me trouver. »

Sam 18 Juin - 15:35
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Anthony Earl
L'étrange sous la normalité : “Mon âme a son secret, ma vie a son mystère. ”
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Anthony Earl

Fallait-il vraiment préciser à son petit frère qu’il y avait bien plus de personnes dans le camp adverse qu’il n’y en avait dans son camp à lui ? Fallait-il vraiment préciser que s’il était dans le camp adverse et qu’ils se trouvaient nez à nez en combat, il ne pourrait l’épargner ? Ce n’était pas la réponse qu’il espérait. Mais elle ne l’étonnait pas vraiment. Il aurait pu argumenter. Mais ça ne servait à rien et il ne comptait nullement supplier. Il avait encore trop de fierté pour cela. Et il était bien trop conscient que Morghann cherchait uniquement à fuir… En un sens, c’était une situation qui ne pourrait pas durer. Personne ne fuyait éternellement. « En ce cas ne lui en parle pas » Il secoua légèrement la tête. Ça avait été une erreur que d’essayer. Elle l’avait prévenu, il n’avait pas écouté. Et maintenant ça lui faisait mal. « Si tu es dans l’autre camp Morghann tu es mon ennemi. Même si je puis ne pas être le tien  » Amer, il pinça les lèvres et déglutit avant de poursuivre « Ça n’aura rien de personnel, non, mais tu le sera. Je le regretterais, mais ça n’y changera rien  » Oui il le regretterait, comme il regrettait d’avoir voulu dépasser la barrière qu’il avait lui-même imposée. Mais il n’était pas le seul fautif. Et ce frère qu’il aurait aimé avoir à ses coté s’avérait d’une rare cruauté pour entrouvrir ainsi la boite de Pandore avant de la lui refermer sur le nez. A quoi s’était-il attendu… Il fut silencieux un long moment, l’observant parler, son visage de plus en plus ferme, de plus en plus dur. Le cœur de plus en plus serré. Il avait froid. Tellement froid maintenant. Croyait-il vraiment que c’était la drogue qui lui faisait mal ?

« Tu me dis vouloir comprendre ? C’est une mauvaise blague tu sais…  » Une très mauvaise blague « Mais si c’est vraiment ce que tu veux je te dirais ceci : la magie ne peut créer. Elle ne fait qu’exploiter ce qui est déjà présent  » Ses souffrances, ses faiblesses, ses peurs. Tout ce qui était lui et qui n’avait vraiment rien à voir avec la magie dont il s’alimentait. Oh oui, il était drogué. Mais la souffrance venait d’ailleurs. Et il venait de la raviver. Non, quoi qu’il se passe il n’aurait jamais le plaisir d’avoir sa famille. Jamais il n’aurait la chance d’être choisit. Il serait a jamais l’Oublié. « Tires-en les conséquences, tires-en les enseignements. Ou demande donc à mon père, s’il lui prend l’envie de répondre  » Le froid qu’il ressentait, c’était trop pour lui. Pour cette fois. Les choses devenaient dangereuses. Trop. De trop de façons différentes. « Je suis resté trop longtemps. Tu es en danger. Mieux vaut que je parte maintenant…. Au revoir Morghann, je te trouverais si nous devons nous reparler, toi n’essaye pas de me dénicher, tu ne ferais que te mettre en danger  » Il y eut un silence, il s’apprêta à rajouter quelque chose puis se ravisa. C’était assez pour une fois, il n’allait pas s’obliger à en supporter plus. C’était lâche. Il l’assumait. Se voir rappeler ce qu’il était, ce qu’il serait toujours, lui avait ôté le peu de courage qu’il avait.


Mar 21 Juin - 14:48
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Le froid de Décembre | Intrigue
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