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 Le sorcier aux tentacules dormant

Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
PROFESSION : Membre du Conseil d'Administration d'un groupe bancaire et directrice du musée des civilisations
Crédits : Diana de Luin-Tinuviel (Deviantart), graph de Meri
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Moïra Ní Éireann
Elle s’était décidée à venir, poussant silencieusement la porte de la chambre pour s’enquérir de la santé de son protégé. Fantôme de sang et de chair, elle l’avait contemplé sans mot dire, accablée devant le visage qu’il présentait, songeuse sur l’apparence qu’il présentait. Demeurant ainsi sans prêter attention au temps qui pouvait s’écouler, elle s’était finalement éloignée de la couche ; prenant place dans l’un des fauteuils occupant la pièce, elle s’était assise non loin de lui, appuyant la tête contre le dossier rembourré pour se laisser aller, l’esprit à la dérive. Elle appréciait à venir ici, lorsque le jumeau ne s’y trouvait pas, ne fut-ce que cinq minutes. Qu’importait qu’Howard demeure endormi et silencieux, elle prenait soin de ne pas perturber son sommeil, méditant calmement. Il semblait à Moïra que la pièce naviguait hors du temps, à l’abri des voix et des complaintes résonnant dans le Siège, loin de l’hiver froid et magique qui enveloppait désormais le monde comme un manteau glacé.
Les yeux ouverts sur le plafond, les mains posées sur chacun des accoudoirs, elle se laissa bercer de la respiration de l’alité, dessinant du bout de doigts imaginaires une silhouette équine sur la toile homogène la surplombant, ajoutant un fanion s’agitant dans un vent irréel. La bête se cabra sous les herbes agitées, la lune derrière vint faire danser ses rayons dans la crinière dorée. Une douleur dans sa chair vint l’assaillir alors que sa main s’éraflait sur un angle, l’arrachant à son chimérique tableau animé ; immobile, elle la leva devant ses yeux pour observer la petite écorchure se refermer doucement, ne devenant bientôt qu’un inutile souvenir qu’elle écarta d’un dédaigneux revers mental. Elle s’était blessée tant de fois que son corps aurait dû se tordre et se distordre, se courber et se briser ; la souffrance l’aurait alors ravagée, ne laissant d’elle qu’une épave échouée sur les rives de l’immortalité. Au lieu de quoi, elle conservait une peau blanche et lisse, rejetant l’idée même que la vie puisse s’imprimer dessus pour la marquer de ses souvenirs. Pouvait-elle se qualifier de vivante ? Elle ne s’était jamais posé la question. Ne l’avait jamais envisagé, comme un moldu aurait pu le faire ; soudainement, cette pensée l’amusait. Les yeux plissés, elle détailla la minuscule perle rouge qui demeurait sur l’albâtre de sa paume, l’effaçant finalement de la pulpe du pouce pour l’oublier autant que les idées liées. Il n’y avait plus aucune trace de la blessure minuscule, tout comme il n’y en avait plus de celles laissées par l’effondrement de la caverne aux Merveilles ou de la déflagration des artefacts. Tout comme il n’y en avait plus de quoi que ce soit qui ait pu traverser sa longue existence. Mais alors qu’elle était physiquement au mieux de sa forme, Howard demeurait mi-homme mi-kraken, un véritable Davy Jones de Walt Disney. Devait-il vraiment payer de la sorte sa propre survie ? Quel intérêt avait donc l’Ailleurs pour le jeune sorcier ? Son héros semblait bien mal en point, n’ayant rien de comparable alors avec les vaillants soldats et fidèles serviteurs qu’elle avait connu. Devait-elle alors le sauver, apparaissant en miséricordieuse déité l’arrachant des ténèbres et de l’oubli ? Un sourire amer se dessina sur ses lèvres ; elle en était parfaitement incapable, ne pouvant que se contenter de l’observer dans son repos, ne sachant pas même où son âme naviguait.

Fredonnant doucement une complainte oubliée des mémoires humaines, Mórrígan soupira doucement avant de se relever, s’approchant du lit occupé. Elle qui n’avait guère envie de croiser Morghann ferait mieux de s’éclipser avant que ce dernier ne termine ses tâches quotidienne et ne vienne prendre soin de son frère, comme lui seul en était capable. Non pas qu’elle ne puisse supporter son existence ou sa présence, mais les années avaient affuté son besoin de solitude. Elle-même préférait disparaitre un instant, aux yeux des occupants du Siège et avant que son assistance ne soit de nouveau mandée.
Après une discussion avec Pryam peu après sa venue dans les lieux, que le terme de cordial n’aurait pas tout à fait qualifiés, sur les évènements ayant amené à la mort de Chaton et à l’état d’Howard, le patriarche lui avait enjoint de se joindre aux efforts collectifs pour apaiser les esprits et monter une organisation sommaire dans les lieux. Il n’y avait plus de Secret à protéger, certes, mais une tâche plus ingrate que la protection de celui-ci lui avait été assignée : soulager les cœurs, redonner combativité et courage aux plus effondrés. Se pliant, dubitative mais sans la contester, elle avait donc accepté ce nouveau rôle avec étonnement. Ecoutant lamentations et désespoirs des plus anéantis, haussant les sourcils devant les larmes versées pour les proches décédés. Toujours cette peur de la Mort, cette fuite vers la Vie qui la laissait perplexe. S’ils ne pouvaient y échapper, pourquoi ne pas juste l’accepter ? Qu’il y avait-il donc de mauvais dans l’Autre Monde ? Laissant donc ces considérations non-partagées, elle prenait ensuite sur elle pour leur insuffler, doucement mais sûrement, le courage qui leur manquait, jusqu’à ce que son corps tremble d’épuisement et qu’elle injurie en silence le responsable de tout cela. Depuis quand les divinités devaient-elles jouer les psychologues ? Sa magie l’usait depuis que le délitement l’avait saisi.

Se penchant doucement en avant, l’irlandaise observa avec fascination les appendices s’agitant sur le visage autrefois lisse du Earl. Que voyait-il dans le monde esseulé de son esprit, alors que son corps ravagé demeurait immobile sur les draps pâles ? Qu’entendait-il, qui ne fut audible que pour lui ? Pensive, elle se redressa à l’instant où ses globes oculaires semblaient s’agiter sous ses paupières diaphanes. Le présage d’un imminent réveil ?

-Dia duit, milord, salua-t-elle à mi-voix, ignorant s’il avait conscience de sa présence. Un café pour vous éveiller ?

Ven 5 Mai - 19:57
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié

On lui interdisait toujours de sortir, pour son propre bien mais également pour le bien des autres, sans aucun doute, le bien de sa famille… Que penserait l'Envers en constatant l'état de l'héritier de Pryam Earl ? Son allégeance manifeste, son infirmité également, et ses changements d'humeurs sans aucun doute. Dehors, il y avait trop d'yeux, trop de jugements, pourtant lui se sentait parfaitement capable de les affronter et même d'en triompher. Mais d'autres jugeaient que ce n'était pas une bonne idée et qu'il ferait bien de se reposer et de récupérer ses forces jusqu'à être totalement remit. Jusqu'à ce que les guérisseurs et les experts à la solde de son père trouvent une solution à son apparence aussi, sans doute. Il n'avait pu les faire fléchir, et il lui était pour l'instant encore difficile d'user de ses capacités pour s'extirper seul de ce lieu même si cela viendrait… En vérité, il avait réellement besoin de repos, même si l'admettre était vexant, en un sens. Il avait besoin de repos, et ensuite, quand il se sentirait prêt… il sortirait, avec ou sans la bénédiction de son père. En l'instant, plongé dans une transe semblable au sommeil, il évoluait dans d'autres sphères de pensées, son corps reprenant ses forces pendant que son intellect apprenait, guidé par ce qui l'avait transformé, une main invisible qui lui faisait traverser des espaces encore neufs et vierges pour son être nouvellement élevé. Pour autant, il ne pu pas manquer la présence qui s'approcha de lui, une forme qui rayonnait encore, au travers des plans et des angles qu'il visitait, bien que cette lueur eut décrue en comparaison de ce qu'elle avait été auparavant…

« Avec plaisir, Madame. Sans sucre s'il vous plaît »

La voix était douce, mais plus ferme que celle d'un alité, et il ouvrit les yeux lentement, le droit doré, le gauche sombre mais étoilé. Le sorcier en cligna puis posa son regard sur elle, l'observant un moment en silence, absorbant sa silhouette, ses contours, ses couleurs, la saveur de l'entité qu'elle était… Puis, l'ombre d'un sourire lui traversa le visage, un bref instant, avant qu'il ne cherche à se relever, lourdement, remontant les coussins pour soutenir son dos et pouvoir parler avec elle s'en être allongé. D'un geste ensuqué de la main, il l'invita à s'asseoir dans le siège que l'on avait installé près de son lit et qui devait servir plus à son père et ses guérisseurs qu'à son frère qui préférait finir directement dans ses draps, en omettant la prudence. Faisant mine de s'étirer, il passa une main sur sa nuque puis son front, repoussant les boucles sombres de son visage, essayant vaguement de s'examiner avec désillusion.

« Je ne suis guère apprêté pour recevoir une dame de votre qualité… »

Ce n'était pas une demande d'excuses, juste une constatation pragmatique de la chose, et il ne s'attarda pas plus là-dessus, s'intéressant davantage à sa visiteuse. Que venait-elle faire-là ? Non qu'il pensa qu'elle voulait le voir mort, mais il ne la pensait pas détentrice d'une compassion suffisante pour la pousser à venir s'apitoyer sur son sort, et en un sens, c'était fort bien. Il n'avait aucune envie que l'on s'apitoie sur sa condition, il faisait ça très bien tout seul et n'avait besoin de personne. Après un instant de flottement, il se rendit compte qu'à tourner ses pensées vers la déesse au point d'en oublier le reste avait des conséquences physiques… toutes les tentacules sur son corps se tendaient vers la femme, se tortillant avec plus ou moins de grâce pour tenter de la toucher, de l'attraper. Il n'y avait pourtant rien d'agressif à cela, c'était… une forme d'attraction, de la curiosité, tout simplement. Une part de lui, celle qui avait connu le renouveau du chaos, ne la connaissait pas.

« Vous n'avez rien, j'en suis soulagé… Je crains de ne pas avoir eut beaucoup de nouvelles depuis que je suis enfermé ici »

Il pencha la tête, désarçonné de se trouver dans une situation plus ou moins inédite une fois encore, comme à peu près chaque fois depuis qu'il avait ouvert les yeux dans ce lit. La toucher, l'appréhender avec ses nouvelles perceptions, n'était pas possible, ça aurait été aussi intime que de regarder dans ses dessous, il n'avait pas envie de la vexer et n'était pas assez en forme pour soutenir un bras de fer avec une forte volonté comme elle. Alors il était contraint de passer par des moyens conventionnels pour mener cette rencontre à bien, sans même savoir à quoi elle rimait, si ce n'était que la présence de la déesse était, naturellement, agréable. Plus que celle de son géniteur en tout état de cause. Ou des guérisseurs qui osaient à peine approcher.

« … Et bien ? Comment trouvez-vous mon nouveau costume de bal ?»

Dim 21 Mai - 17:05
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Moïra Ní Éireann
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Moïra Ní Éireann
Frisson subtil qui frôla les paupières closes telle une bise hivernale caressant l’eau dormante de l’étang alangui par le froid. Bientôt les premiers mots se firent entendre, annonçant l’éveil déjà bien entamé ; puis le soleil apparu, dont l’éclat mordoré côtoyait sans honte la nuit étoilée de pépites d’argent. Devait-elle se brûler aux ardents rayons ou se laisser emporter par l’infini cosmos ? Les deux peut-être, chacun distillant sa beauté nue à qui voulait les admirer. Patiente, la divinité laissa à l’alité le temps de reprendre le contrôle de ses sens alors qu’il s’asseyait, péniblement semblait-il, sur la couche encore chaude de son long sommeil. Faussement sévère, sa longue crinière rousse virevolta, flamme indomptable, lorsque du chef elle eut un léger oscillement.

-Un Lord anglais délaissant le thé pour le café, où va le monde…

Elle n’en appuya pas moins sur le bouton noir de la cafetière, voisine moderne de la théière. Ce n’était guère de tel breuvage dans lequel elle-même aurait voulu tremper les lèvres ; elle aurait aimé sentir l’ivresse de l’alcool lui piqueter les veines, s’évanouissant à la rapidité d’une perle d’eau dans un feu brûlant. Eternellement sobre, là était donc sa véritable malédiction… Mais quelle liqueur humaine pourrait donc contourner sa divine condition pour la laisser se plonger dans les affres d’un monde tiers ? Elle ne demandait qu’à le savoir.
Dédaignant le fauteuil ‒estimant y avoir déjà passé trop de temps ‒ autant que ces questionnements jusqu’alors sans réponse, Mórrígan préféra demeurer debout, bras croisés, non loin des jambes estropiées encore couvertes d’un chaste drap de la nuit passée. Le sorcier avait en effet déjà présenté meilleure mine ; mais qu’il ait survécu était déjà extraordinaire. Quel marché avait donc été conclu entre lui et l’Ailleurs, quel contrat aux nauséabonds relents qui le laissaient si abominablement, si majestueusement difforme ? Quel sacrifice consenti, qui valut sa survie alors que la Mort le pourchassait ‒ avait-il offert son humaine et mortelle condition, délaissé son âme pour emplir encore ses poumons de l’air vicié de la Terre ? Alors que les bras sans mains, les mains sans doigts, leurs sombres appendices se tendaient et se tortillaient vers elle, Moïra les observa en silence, les laissant devenir sujets principaux de ses interrogations. Souffrirait-il de s’en faire trancher un ? Repousserait-il ? Quel était le lien charnel qui l’unissait à ces membres souples ?  
Soudainement, elle se ranima alors que les propos lui étant adressaient perçaient le carcan de ses muettes réflexions. Vexée par cette soudaine inquiétude à son égard, elle se drapa dans sa dignité blessée en redressant le bouclier usé de son orgueil bafoué.

-Qui pensez-vous que je sois, pour m’imaginer si fragile qu’il faille de votre litée vous soucier de ma santé ? Ne m’insultez pas de la sorte, asarlaí, ce ne sont guère quelques reliques capricieuses qui causeront ma perte quand tant de plus sanglants et meurtriers champs de bataille j’ai déjà foulé.

Croyait-il le délitement si puissant qu’une moindre blessure saurait la mettre à genoux, suffocant et dépérissant dans l’oubli, suppliant les mortels de venir à son secours ? Elle n’était plus qu’une vieille légende certes ; mais où était l’époque où il y avait encore du respect pour les siens, sans même que ne soit escomptée loyauté ou dévotion ? De cette innocente sollicitude ne demeurait que l’aigreur de la puissance disparue, d’une considération à présent inexistante. Elle ne pouvait pourtant guère en vouloir à cet enfant des temps modernes, né bien loin des antiques traditions et en terre anglaise. C’était elle ici, l’étrangère, l’immigrée trop loin de sa contrée chérie. Alors elle sourit avec douceur de sa plaisanterie légère, oublieuse de l’offense de tantôt.

-Ravissant, quoi que passé de mode. Mais je ne doute pas qu’il puisse avoir de nombreuses utilisations.

Un instant, la séductrice refit surface avec une moue mutine, lui laissant tout le loisir d’interpréter à sa guise le sous-entendu pourtant implicite. Bien vite pourtant, elle reprit le masque rigide qui était sien si souvent, désireuse d’éclaircir certaines zones d’ombres puisque l’occasion s’y prêtait.

-Comment donc en êtes-vous venu à vous trouver de mon fier Elu à personnage tout juste sorti de hentaï, aussi fascinant cela puisse-t-il être ? Avez-vous donc idée, et volonté, pour vous en séparer ?

Elle doutait que le patriarche de la famille envisage de laisser son fils ainsi exposé aux regards étrangers ; après le rôle joué par Anthony, qui pouvait s’assurer que le frère ne serait pas cible de crainte et méfiance, alors qu’il était si visiblement habité par une inconnue entité ? Qui pouvait affirmer que la peur n’en serait pas engendrée, qu’il ne serait pas moqué et l’autorité de Pryam entamé ? L’Honneur pour épée, l’Honneur pour bouclier…

Mar 6 Juin - 20:30
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
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Howard Earl
Le Sacrifié

La boutade le fit sensiblement sourire sans qu'il se décide à y voir davantage qu'une simple taquinerie, se trouvant en l'état bien au-delà de toute forme de vexation. N'était-il pas, après tout, couvert de tentacules et atrocement défiguré ? Qu'est-ce qui aurait pu réellement le vexer après cela ? Sincèrement, rien ne pourrait atteindre l'horreur première ressentie quand il avait comprit ce à quoi il avait été réduit dans son effort pour échapper à l'explosion des artefacts. Et en écho, dans la droite lignée de cette première réaction, il ne s'agaça pas de la voir, elle, se vexer de sa prévenance, simplement amusé de voir la déesse de la guerre et du chaos se draper dans sa dignité blessée par le simple souci d'un mortel. Lentement, il pencha la tête de côté, la mira de son regard à présent brisé, mal assorti, et qui ne le servait guère… De son œil doré, il ne la percevait presque pas, elle était une forme floue et effilée, une chandelle sombre mourant doucement ; de son œil sombre, elle lui apparaissait au contraire très nettement, dans des détails qu'il n'avait encore jamais pu percevoir ou imaginer, et il lui semblait presque distinguer un corbeau perché sur son épaule, et l'impression d'une cape de plumes noires et moirées à la place de sa robe. D'autres informations vinrent plisser son œil, irrité d'en voir autant en une seul fois sans que son cerveau puisse encore tout comprendre… tout cela tenait d'un domaine qui n'avait pas été fait pour son peuple, sa race, et qu'il touchait pourtant du doigt en raison de l'essence qui l'habitait désormais et qui s'était faite sienne. Instinctivement, il savait qu'il lui faudrait du temps avant d'être capable de manier cette somme d'informations correctement et qu'il devait se montrer patient. Le nécromancien abdiqua, et se défit de son silence pour répondre enfin.

« Je ne doute pas que vous auriez survécu, bien que je sache la puissance de cette explosion mieux que quiconque. Néanmoins vous comprendrez sans aucun doute que je ne souhaita pas davantage votre trépas que vous voir à mon image...»

Des mots dictés par la raison et par une certaine forme de respect, et qui taisaient ceux de l'entité se tapissant en lui, mêlée à son être aussi intimement qu'il était possible de le faire. Cette seconde partie de lui, plus railleuse et moins conservatrice, se moquait de la déesse et de sa faiblesse, chuchotant en lui qu'elle n'aurait effectivement pas survécu si elle s'était trouvée dans l'explosion. Le métamorphe n'avait pas réussi à s'en sortir non plus. Il n'y avait que lui, grâce à l'Ailleurs… Mais le sorcier n'était pas tout à fait certain de la sincérité de cette moquerie, sachant le regard que l'Ailleurs, souvent, portait sur les anciennes divinités terrestres trop faibles à leur goût. Hors lui-même ne nourrissait pas de mépris pour  les dieux, seulement du regret et une certaine forme de consternation devant leur impossibilité manifeste à changer d'attitude avec le délitement. Mais ce n'était là que son avis à lui, et il n'était pas question d'en faire une controverse, encore moins maintenant.

« Oh en effet, mon allonge ces derniers temps semble s'être considérablement réduite. Mes… aides sont bien utiles »

Il avait en effet découvert pouvoir les allonger à loisir, depuis l'épisode de ses fredaines avec Morghann. En apprenant à les utiliser comme des appendices préhensiles, il pouvait donc réussir à attraper des choses lointaines sans avoir besoin de bouger de son lit. C'était une forme d'indépendance, même si en comparaison de sa mobilité, il ne s'agissait que d'un os à ronger pour apaiser une partie de son intense frustration et de son viscéral sentiment d'impuissance. L'idée même avait balayé le jeu frivole qu'elle avait un instant initié, ou bien avait-il simplement ignoré son sous-entendu dès le départ, incapable de l'imaginer dans l'univers qui était le sien… ? Peut-être un peu des deux. Qui à part Morghann pouvait bien trouver l'idée d'un contact avec son corps affriolant ? Personne, personne de sain d'esprit. Morirgan n'était pas folle, pas comme d'autres dieux. Sa volonté devait être plus forte. Pensif, il se redressa davantage et réarrangea les draps autours de lui pour donner de la place à ses tentacules.

« Dois-je donc en conclure que je ne suis plus votre élu ? »

La question était transmise d'un ton tranquille mais intérieurement, il marquait une certaine irritation naturelle. Ses sourcils se froncèrent lentement, et la crispation de son visage tendit sa peau ravagée. Son regard se fit dur, pénétrant, puis s'adoucit sur cette lueur d'amusée, tandis qu'il haussait légèrement un sourcil avec une nonchalance affectée.

« Je puis en tout cas vous assurer que je suis toujours fier… du moins une fois la surprise première passée de se retrouver soudain doté d'appendices supplémentaires »

Il avait eut bien assez de mal à accepter les choses pour laisser les autres instiller de nouveau la honte en lui quand bien même son apparence était-elle monstrueuse au possible. Non, hors de question qu'il ai honte, ce qu'il était désormais était une force… Pourquoi s'embarrasser de l'avis des mortels ? Soupirant doucement, il se passa une main sur sa nuque puis reprit la parole, jugeant qu'il n'avait aucune raison de lui cacher ce qui s'était passé lors de cette fatidique journée.

« Lorsque je vous ai demandé de partir et de me laisser, j'ai commencé à ouvrir une faille entre ce plan d'existence et un autre, je m'y glissais lorsque l'explosion est survenue. Je n'ai pas été assez rapide, elle m'a frappé… » Il cligna de son œil doré par réflexe puis poursuivit « J'étais pris dans la tourmente, mais l'autre plan me tenait déjà bien assez pour que je n'en meure pas. J'ai rampé à l'intérieur, puis je me suis effondré, je n'avais plus aucune énergie et j'étais inconscient. C'est là que ça s'est produit » Un léger sourire, légèrement aigre, et il fit un geste pour montrer le lit, en une invitation silencieuse et renouvelée à ne pas rester plantée là comme une belle plante. Puis il retourna comme si de rien n'était à son récit : « Une partie de moi venait de disparaître, quelque chose dans mon essence, vaporisée par l'explosion. Je vivais encore dans cet autre plan car la mort n'y existe pas, mais je ne pouvais pas retourner dans le nôtre, je serais immédiatement décédé. Fort heureusement, quelque chose a résolut le problème à ma place, une entité étrangère. Elle s'est unie à moi, s'est insinuée dans mes cellules et dans mon esprit, a remplacé ce que j'avais perdu de sa présence en me donnant ce qu'elle était... » Il la regardait directement, dans les yeux, sans détours « Elle a dissoute sa singularité, son unicité en devenant moi. Je ne prétendrais pas que ce n'était pas douloureux, ça l'était, et aucun mot ne peut exprimer ce que j'ai ressenti. Mais je suis reconnaissant... » Et il n'avait absolument aucune raison de sacrifier cette entité après ce qu'elle avait faite pour lui.

Se relaxant sur ses oreillers, il attendit quelques instants tranquillement puis eut un petit geste des épaules, de la tête, accompagné d'une moue sans réel sens immédiat. « Quant aux tentacules… il me semble avoir comprit que je finirais par contrôler cet aspect de nouveau statut en temps et en heures... »


Dim 11 Juin - 10:37
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Moïra Ní Éireann
Un sourire, grimace étirant la peau au grain altéré, puis le silence qui s’installa alors que les deux yeux vairons, sublimes à leur manière, monstrueux aussi, la dévisageaient. Enfin il reprit la parole, alors que de ses prunelles de jade miroitante, la divinité froissée dans son orgueil le dévisageait avec sévérité. Elle aurait maintes fois préféré périr et disparaître dans les flammes et sous la pierre, s’effriter à jamais, prisonnière de la roche et du temps, que devenir réceptacle d’une tierce entité. S’imaginer possédée, éjectée de sa propre enveloppe charnelle, se voir déformée comme lui l’était, elle ne l’aurait jamais toléré. Brisée et humiliée sous l’excuse d’une survie assurée, enchaînée par un don empoisonné de l’Ailleurs. Frémissante de rage à cette simple idée, révulsée par une pointe aiguë de peur rien que d’y songer, elle ne répondit que de quelques mots articulés difficilement, comme s’ils n’étaient qu’acide qui lui rongerait la chair si d’aventure elle s’y attardait.

-Je vous sais gré d’un tel vœu…

Lui pouvait en être reconnaissant à l’étrange créature qui l’avait envahi avec la célérité et la sournoiserie d’une araignée surprenant sa proie. Elle, se sentait palpiter à cette ignominie. Blême, un peu, Mórrígan relâcha silencieusement chacun de ses muscles maxillaires crispés ; un tel sort ne lui serait point réservé. Chassant avec grande hâte cette pensée, désormais renfrognée, elle s’irrita à son tour à la question qui lui fut adressée, s’approchant du jeune homme du même pas que la louve chassant.

-Ai-je dis cela ? Un sourcil s’arqua avec grâce avant qu’elle ne se penche en avant, le visage près du sien pour le fixer dans les yeux, martelant chacune de ses paroles avec ardeur et passion, comme une lame se devant d’être lentement mais patiemment forgée. Une main à plat sur le matelas, elle fit fi des tentacules ‒ curieux, méfiants ou furieux ? ‒ qui s’agitaient.  Non point. J’apprécie votre esprit tortueux et réfléchi, tout comme votre charisme et votre volonté, le sombre éclat de votre âme. Il y a un feu en vous, a cara*, un feu qui bientôt devra éclater ou s’éteindre mais ne pourra éternellement couver. Un feu sous la glace, aussi insaisissable qu’envoûtant, aussi fier que volontaire, fragile comme puissant. C’est lui qui m’a séduite et s’il ne s’est tu alors je ne saurai vous écarter de la sorte. Un instant, sa main libre se leva au niveau du visage atrophié, semblant jauger d’une invisible caresse les profondeurs abyssales qui se dissimulaient sous le regard dépareillé ; avant de s’écarter comme elle se redressait finalement, bras croisés et visage fermé. Mais je ne suis pas partageuse, ni n’ai confiance dans les secrets de l’Ailleurs. Quoi qu’il y ait en vous, j’ignore pour l’heure si c’est amical ou néfaste, s’il vous domine ou vous sert.

Blessée en vérité à l’idée de se voir préférer l’invisible parasite, quand bien même sa fierté émiettée lui soufflait qu’elle n’avait plus guère à offrir pour protéger ses humains. Vexée de se voir dépossédée de son nouveau favori sans capacité de le récupérer. Sitôt que l’occasion se présenterait, elle le débarrasserait, de force ou de gré, de cette créature. En elle s’alluma de nouveau l’étincelle fougueuse qui se cabrait parfois, lui faisant évaluer avec prudence les appendices luisants. Las, ce n’était ni le moment ni le lieu pour affronter ce nouvel adversaire, et elle apprendrait davantage en écoutant le récit de ce qui avait amené Howard à s’offrir de la sorte à l’inconnu. S’asseyant sur le bord du lit, près des jambes couvertes, Mórrígan prit donc soin de laisser s’expliquer le sorcier sans chercher à l’interrompre. Compatissante mais non apitoyée, comme peut l’être un chef de guerre pour ses soldats blessés. Placide, il n’eut qu’un « Aye, je vois » pour toute réponse alors qu’elle le dévisageait stoïquement. Ne pouvant, silencieusement, que s’interroger sur certains aspects de la mentalité des mortels qu’elle maîtrisait parfois fort mal. Etait-il donc seulement obligé envers cette chose qui l’avait sauvé de la Mort ? Lui en voulait-il pour ces transformations sur lesquelles il n’avait prise ? Reconnaissant, avait-il dit… Elle ignorait laquelle, de la gratitude ou d’une crainte pudiquement tue, l’étreignait pourtant le plus. Un instant, la celte en vint presque à regretter ses pairs et leurs discussions, elle qui avait depuis toujours agacé Lug par sa farouche indépendance au sein de leur Panthéon. Dévisageant sans vraiment le voir l’alité, elle demeura un instant figée. Qu’allait-elle donc pouvoir faire de lui ? Devrait-elle se tourner vers le jumeau, plus friable semblait-il, pour atteindre le guerrier estropié ?  L’idée ne lui plaisait guère, alors qu’elle privilégiait l’honnêteté aux sombres manipulations. Qu’il lui manquait, le temps où ses prédictions guidaient les Hommes et les Dieux, alors que c’était elle désormais qui voguait sur des eaux troubles, dépassées par des événements sur lesquels elle n’avait plus prise. A son tour sans doute d’implorer mais elle ne se ferait point cette offense. Épuisée. Elle était épuisée de n’être plus qu’inutile. De songer, avec ironie, que celui qui, ce mortel, ce chenapan, lui faisait face avec désormais plus de pouvoirs qu’elle, déité. Dépitée. Déité dépitée, voilà ce qu’elle était.

-Je présume que votre famille vous a relaté comment l’Hiver s’était déchaîné ?

Elle se releva pour lui tendre sa tasse en une tacite invitation à boire tant que c’était chaud. Elle ne pouvait guère plus pour lui ni pour qui que ce fut à l’instant, ravalant, impavide, son impuissance la tête haute.


*Appellation amicale qui pourrait se traduire par "mon ami"

Ven 16 Juin - 11:07
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Howard Earl
L'étrange sous la normalité :
Je suis l'héritier de la branche principale des Earl, je suis un Nécromant et un membre du secret. Je le protège et le soutient. C'est dans mon intérêt.

Tell me More : J'ai un jumeau, Morghann, et je suis le pupille d'Eurynome
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Howard Earl
Le Sacrifié


Oh, cette petite crispation du corps, cette impression de recule alors même que l'on ne semblait qu'immobile, oh elle était si douée pour se dissimulée, cette grande dame savait s'y prendre pour rester digne, cela ne faisait aucun doute, mais contrairement à ce qu'elle semblait vouloir lui faire croire, il la répugnait comme les autres. L'observation, acide en elle-même, ne lui arracha pourtant qu'un bref cillement des yeux, lent comme celui d'un crocodile ou d'un lézard tranquillement installé. Elle ne serait ni la première ni la dernière à le trouver monstrueux et il ne cherchait pas à l'en blâmer, il allait devoir s'habituer à provoquer ce genre de réactions et même bien pire, s'il désirait un jour sortir de son isolation. Et en soi, l'idée qu'elle pouvait se faire de son apparence ne devait pas lui importer, non ? Bien sûr que non. Mais au fond, il était encore majoritairement un être humain et ne pouvait être satisfait qu'on le trouva répugnant, ainsi allait la nature humaine hélas. Fort heureusement, cette petite partie de lui, fort mécontente, se trouvait jugulée d'une main de fer dans un gant d'acier, une main qui ne tolérait pas que de petites vexations telles que celle-ci puisse lui faire perdre le bénéfice d'une relation cordiale, ou autant qu'elle puisse l'être. L'observant de ses yeux physiques mais également de l'attention glacée et suprahumaine qu'il avait acquise, l'alité attendait de voir si la répugnance qu'il subodorait prendrait une forme plus tangible ou bien si elle parviendrait à se contenter de le ranger aux rangs des aberrations de cirque en silence. En voyant la possibilité vaciller, il se fendit d'un sourire fin et aigre du coin des lèvres, goûtant au combat entre les deux voies comme il aurait goûté un vin à la teneur d'aloès mais possédant une signification spirituelle tout à fait éclairante. Aussi était-il encore rendu à la saveur de la situation quand elle sembla s'être téléportée jusqu'à lui alors même que, sans doute, elle n'avait fait que s'avancer pas à pas. Il avait été plongé dans plus de pensées qu'il n'était bon.

« Sans doute n'était-ce pas votre intention » répondit-il avec une amabilité qui ne désavouait pas une pointe d'amusement grinçant. S'il n'avait pas tant détonné d'avec son caractère, sans doute aurait-il même semblé narquois. En toute état de cause, il n'avait en revanche pas réfuté ce qu'elle avait pu, ou non, dire. Il l'observait avec une courtoisie détendue, parfaite mais d'une nonchalance presque étonnante, y comprit pour lui-même. La suite, il l'écouta avec une attention pétillante, réellement flatté de la façon dont cette auguste déesse pouvait le percevoir. Pourtant, tout cela, ces louanges, le rembrunirent, comme une sorte de retour à la réalité et il darda de ses prunelles sur elle sans cacher l'assombrissement de son humeur. « Vous ne m'écarterez donc pas » La constatation se faisait emprunte de tempérance, d'une simple acceptation, cette fois, de ce qu'elle lui annonçait, sans qu'il parvienne pourtant à se convaincre qu'un quelconque feu pouvait effectivement couver en lui. En vérité, il ne savait pas très bien ce qu'il pouvait, ou non, renfermer, ou ce à quoi il était foncièrement destiné… Coi sur ses doutes, il jaugeait de s'en ouvrir à elle pourtant, tandis qu'elle poursuivait et lui arrachait finalement un nouveau sourire. « Je comprend votre méfiance, j'ai fais preuve de pareille tempérance toute ma vie, et ce que m'a apprit mon symbiote n'a fait que le confirmer, l'Ailleurs est un autre univers, où les terrestres ne devraient pas mettre les pieds. Je me suis condamné dès que j'ai posé les yeux sur le Nécronomicon et entendu ses voix me chuchoter des promesses trompeuses… Mais pas comme vous pourriez le penser » S'interrompant, il releva légèrement la tête en fronçant les sourcils et observa le beau visage de l'irlandaise pendant quelques instants, son attention aiguë comme une pointe d'aiguille. Il était clair et net qu'il triait ce qu'il s'apprêtait à lui dire.

« L'Ailleurs n'est nocif pour la terre que parce qu'il est différent. De tout temps, croyez-moi, la terre n'a pas intéressée ces puissances, et ce qui habite notre planète encore moins. Il existe des monstres atroces, au-delà de vos sens, qui pourraient déchiqueter des continents entiers, s'ils le voulaient… mais ils se fichent éperdument des terrestres, ce ne sont que de très petites choses dans les millions de galaxies que compte notre univers. Quand un terrestre meure par leur faute, c'est qu'il a eut la bêtise de se mettre sur leur chemin. Parfois, ils meurent même sans que les créatures de l'Ailleurs s'en rendent compte tant elles ont d'autres desseins… Ce n'est que récemment, et uniquement parce que certaines sont coincées ici qu'elles prennent part à nos vies » Il eut un petit geste de la main, pour marquer l'idiotie de toute cette histoire. « Dans le cas de mon symbiote, le geste est proprement inexplicable, y comprit par lui… je peux vous assurer qu'il ne cherche à se jouer ni de vous, ni de moi, ni de personne. Mais il sent votre jalousie… » L'oeil noir pétilla d'amusement et de malice, mais son récit le débarrassa de cet éclat. « Oui » fit-il simplement, et bougea légèrement dans son lit, inconfortablement sollicité. Les tentacules s'étirèrent, et agacé, il en talocha une pour que toutes se fassent plus petites, jusqu'à se coller à sa peau, la peignant de veinures noires et luisantes palpitantes par instant, comme des tatouages étranges, criant de vérité. « Quoi qu'en plusieurs épisodes et sans doute pas sans subjectivité, mais qui pourrait donc être parfaitement objectif ? » De marbre à présent, il se crispa, les mains s'arquant sensiblement sur les accoudoirs, os saillants. Sa bouche se pinça en une fine ligne de réprobation et de dégoût, alors qu'il semblait lutter pour avaler une grosse dose d'acide avant de parler de nouveau.

« J'ai honte de cet homme qui se prétend de mon sang » Il tendit la main et vint prendre la tasse qu'elle lui offrait, la remerciant sobrement avant de siroter le contenu. Le liquide chaud lui fit un bien inattendu, et il observa avec méfiance la tasse avant de décider que cela n'avait aucune importance. Qu'il s'agisse de la caféine ou de quoi que ce soit qu'elle ait pu mettre dedans. Se faire droguer ne le dérangeait pas, en réalité, il était curieux de savoir s'il était encore sensible à ce genre de choses… « Et je compte bien me sortir prochainement de ce lit pour aller remettre de l'ordre dans ce chaos, et endiguer l'hiver comme il se doit… Serez-vous avez moi dans ce nouveau combat madame ? »


Dim 18 Juin - 19:22
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Moïra Ní Éireann
L'étrange sous la normalité : Sous mon masque froid, je suis immortelle. Mes mains si délicates sont plus puissantes qu'elles ne le semblent. La magie m'habite et j'habite la magie.
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Moïra Ní Éireann
Elle s’agaçait de ses prétentions, s’irritait de ses provocations ; s’interrogeait sur ses propres motivations, ses convictions les plus personnelles. Regrettant, presque, ce choix qu’elle avait fait tantôt de se fier à lui et ses ambitions. Se crispait à l’idée d’un autre faux pas, d’un choix qui la conduirait finalement non pas à réaffirmer son autorité mais hâter son trépas. Il était trop tard pour faire demi-tour, et elle n’était pas déesse à renoncer ; une fois engagée auprès d’une armée, elle poursuivait sa cheminée jusqu’à n’être plus entourée que de corps, morts ou vifs, victorieux ou défaits, mais ayant mis fin à la guerre.
Les iris assombris par un mécontentement couvant, Moïra toisa le sorcier assit dans ses draps, retenant pour elle un grondement plus lupin qu’humain. Elle aurait à cet instant volontiers échangé son squelette humain contre la stature d’une louve aux crocs tranchants, mettant un terme à l’intrépide curiosité des tentacules noirâtres qui la narguaient de leurs incessants mouvements. Avant que ces provocations, volontaires ou non, n’aient raison de sa patience, le sorcier eut la sage idée de les renvoyer au rang de simples fioritures venant orner son épiderme pâle. Pour autant, la celte ne s’en sentit pas pour autant apaisée, contrariée toujours des sourires moqueurs qui lui étaient adressés. Pouvait-il véritablement comprendre sa réaction, ainsi qu’il le prétendait ? Il ignorait ce qu’était que d’assister à sa propre agonie sans pouvoir faire plus que de ralentir sa destruction. Il ne savait pas quel pouvait être l’espoir craintif ressenti soudainement devant un inattendu allié déniché. Ne connaissait pas la frustration de le voir enlevé par une quelconque créature aux intentions inconnues et à la palpable malice. Ses longs cils roux à demi fermés sur les promesses de vertes collines qu’étaient ses yeux, Mórrígan chercha derrière le visage humain le monstre qui s’y était réfugié, envahissant le sorcier, endormant peut-être sa méfiance. Qui parlait vraiment, Howard ou son invité ? Elle aurait aimé se trouver face à la créature de l’Ailleurs, pouvoir ainsi l’appréhender davantage et comprendre son implication dans les événements actuels et à venir. Car quoi qu’en dise l’hôte, il était proprement impossible à la guerrière de faire confiance à l’Ailleurs et aux créatures liées. Elle qui peinait parfois à supporter les membres de sa divine famille ne pouvait se fier aisément à un monstre d’un tiers univers, dont les comportements sournois ne jouaient pas en sa faveur. Car quelle que fut l’assurance offerte par le sorcier quant à l’absence de malveillance du calamar, la celte peinait à y accorder crédit. Etait-ce là ses mots ou bien ceux qui lui étaient dictés ? Parlait-il en toute liberté ou sous un quelconque envoûtement ? Sceptique, elle retint un sarcastique « Je n’en doute point », décidée à étudier de plus près cette question plus tard ; l’opinion du jumeau lui serait utile, lui qui connaissait si bien son frère. Parlant de famille…

-Ne laissez donc pas votre honte vous diminuer. Vous n’êtes responsable ni de son passé, ni de ses folles décisions. Si c’est le sang dans ses veines, trop semblable au vôtre, qui vous ennuie, nourrissez en la Terre jusqu’à ce que sa carcasse ne soit plus qu’un lointain souvenir d’un parent dément.

Une motivation comme une autre, mais si le lien sanguin était des plus puissants aux yeux de la déité, d’autres importaient tout autant. Il fallait parfois sacrifier une partie de soi, de ce qui constituait son identité sociale, pour parvenir à s’en sortir vainqueur. Si le Earl honni avait causé du tort à sa fratrie, ce ne serait pas en se laissant consumer par la honte et l’amertume que la fierté familiale serait rétablie. Comme une tare se devait d’être éradiquée, vermine grouillante porteuse de malheurs pour les générations à venir, le déshonneur provoqué par Anthony ne devait n’être qu’énergie et motivation au service de leur propre combat. Pour autant, elle n’avait nulle compassion pour la famille Earl, regrettant simplement que l’ainé rejeté n’ait pu provoquer ses catastrophes qu’au sein de celle-ci, plutôt qu’Envers comme Endroit en fassent les frais.

-Que croyez-vous que je ferais ici, autrement ? Sourcils levés comme s’il ne s’agissait que d’une évidence, lui tapotant une jambe du bout des doigts, elle reprit : vous ne vous débarrasserez pas de moi si aisément... mo laoch*. Une étincelle de malice sembla briller un instant dans ses prunelles verdoyantes pour disparaitre en une fraction de seconde. Quand donc serez-vous en mesure de poser pied à terre de nouveau ? Excalibur n’étant point au Siège, il va falloir auparavant trouver une faille pour en sortir.


*Mon héros

Ven 7 Juil - 16:48
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Le sorcier aux tentacules dormant
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