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 [VAMPIRE] Katherine Andrews

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Parfaitement imparfaite
Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être



♜ NOM : Andrews. Comme le mec qui a construit le Titanic, oui, oui !
♜ PRÉNOM : Katherine. Intemporel, classique, mais magnifique, un peu comme moi...
♜ NOM ETERNEL : J'en n'en ai pas. On m'a baptisée Elizabeth Holland à la naissance, mais j'ai abandonné ce nom depuis bien lontemps.
♜ RACE : Vampire.
♜ ÂGE : je suis décédée en 1849 à l'âge de 25 ans. En âge de vampire, ça fait 197 ans.
♜ DATE DE NAISSANCE : sur les papiers, je suis née le 3 août 1990. En réalité, je suis née le 3 août 1819.
♜ PROFESSION : traductrice. Elle travaille à son compte.
♜ PAYS D'ORIGINE : je suis née au Maryland, aux États-Unis d'Amérique, mais les gens de Last End croient que je viens de Montréal, au Canada.
♜ SITUATION FAMILIALE :  célibataire endurcie. Les hommes, jusqu'à aujourd'hui, ont toujours fini par m'apporter déception et regret. J'ai eu une enfant, mais on me l'a prise et je ne suis pas prête à retenter l'expérience pour le moment.
♜ TRAITS DE CARACTÈRE : charismatique, élégante, expressive, cultivée, impatiente, impulsive, et je pourrais continuer longtemps, mais comme mes défauts sont plus nombreux que mes qualités, et comme je ne suis pas particulièrement rabat-joie, on va s'arrêter ici.
♜ OPINION SUR LE SECRET : Je suis pour la révélation du secret. L'idée que les humains puissent nous découvrir m'effraie... Mais après tout ce que j'ai vécu, je vis avec une seule envie : exposer le Secret et la tyrannie du Cénacle à tous...
♜ CRÉDITS : merci à toi, Google...




C’était il y a longtemps, très longtemps,
Dans un royaume au bord de l’océan,
y vivait une vierge que vous pourriez connaître
du nom d’Annabel Lee ;
Cette vierge vivait sans autre pensée
Que de m’aimer et d’être mon aimée...


1833, Baltimore, Maryland, États-Unis

J’avais tout juste 14 ans quand ma mère me fit participer à mon premier événement mondain. Jamais je n’oublierai cette soirée... Dans la grande salle de bal de la demeure de la famille Blake, tout semblait brille de mille feux : les lustres, les verres de cristal, leur contenu, les bijoux, les yeux des spectateurs, tout rayonnait.

Près de la porte, légèrement en retrait, j’observais une violoncelliste qui semblait faire corps et âme avec son instrument. Dans la salle, hommes, femmes et enfants la regardaient avec admiration. Lorsque la longue complainte s’arrêta, un tonnerre d’applaudissements accueillit sa prestation.

« Et pour la première fois devant un auditoire, énonça alors solennellement Lady Blake de sa voix posée et élégante, accompagnée de Sir Theodore Hayes au violon, Mademoiselle Elizabeth Holland. »

Nerveuse, je jetai un regard à Theodore. Le frère de ma meilleure amie était un violoniste talentueux. Malgré le fait que j’aie passé ma vie à jouer dans le salon de notre demeure, ce serait la toute première fois que je jouerais devant des inconnus. Fébrile, je pris place derrière le piano, légèrement encouragée par les sourires des dames présentes dans l’auditoire. Je me lançai.

Quand je jouais, mes doigts couraient instinctivement sur les touches noires et blanches. Concentrée, immergée dans la musique, je pouvais m’y perdre pendant des heures, totalement inconsciente des gens qui m’entouraient. Dès les premières notes, je sentis mon inquiétude s’envoler comme des feuilles soufflées par un vent froid à l’automne.

Lorsque les mains de Theodore s’arrêtèrent, à la fin du morceau, les applaudissements fusèrent. Fièrement, je saisis sa main, et adressant un magnifique sourire au public, nous quittâmes l’estrade pour nous diriger vers la table où nos familles dîneraient ensemble.

Alors que je me retirais toutefois, mon regard ne cessait de converger vers l’un des invités; un homme plus âgé à la stature imposante. Un homme à la fois pâle et incroyablement sombre. Alors que la joie et la félicité habitaient le regard des gens autour de lui, que l’excitation semblait palpiter dans la luxueuse salle de bal, cet individu ténébreux me désarmait par son calme, sa froideur, mais surtout sa tristesse...

« Teddy... qui est cet homme, là-bas ? » chuchotai-je à l’oreille de celui qui m’accompagnait.

Il haussa les épaules. Lady Blake éluda la question lorsqu’elle déclara :

« Sir Edgar Allan Poe. Avec son poème intitulé À Hélène... »

Il grimpa sur l’estrade sous le regard mitigé des spectateurs. De sa voix profonde et suave, il commença :

« Je te vis une fois – une seule fois – il y a des années : combien, je ne dois pas dire, mais peu. C’était un minuit de Juillet ; et hors du plein orbe d’une lune qui, comme ton âme même s’élevant... »

Célibataire, âgé de 24 ans, écrivain au succès peu foudroyant, Edgar Allan Poe fut la chose la plus excitante qui arriva dans ma vie d’adolescente. Et dès la première fois que nos regards se sont croisés, alors qu’il récitait À Hélène, je fus subjuguée.

Après les prestations, Lady Blake remercia les gens présents dans la salle, déclarant que cette soirée bénéfice était un véritable succès et elle déclara l’ouverture du banquet.

Les convives se dirigeaient lentement vers la salle à dîner, mais sans cesse, je sentais un regard peser dans mon dos. Lorsque je me retournais, je sentais son regard fuir le mien. Prenant mon courage à deux mains, je m’élançai vers lui, me faisant un chemin tant bien que mal entre les invités.

« Monsieur Poe ! m’écriai-je en me dirigeant vers lui. Je m’appelle...
– Je sais... Elizabeth Holland,
se rappela-t-il.
– Je voulais tout simplement vous dire à quel point j’ai trouvé votre poème sublime. Un jour, j’aimerais bien avoir autant de talent que vous.

Je lui offris un sourire candide avant de m’éloigner pour rejoindre ma mère et mes sœurs aînées.

Après le banquet, Poe se présenta à mon père et le félicita pour le talent de ses filles. Lorsque leur discussion prit fin, ma mère m’annonça qu’il avait dit à mon père que la musique semblait être pour moi aussi naturelle que respirer. Composai-je des chansons ? qu’il avait demandé. Il s’était proposé pour m’enseigner la littérature et la poésie. Mon ancien professeur de littérature anglais ayant quitté Baltimore pour le sud des États-Unis, c’est avec une fierté non dissimulée qu’ils acceptèrent sa proposition.

J’ai prétexté un malaise pour quitter la soirée plus tôt et regagner notre demeure. Et alors que je quittais la salle pour me diriger vers le vestiaire pour y récupérer mon manteau, je ne me rendis pas compte que j’avais le Corbeau sur les talons.

La personne qui devait s’occuper de ranger les manteaux devait être partie fumer une cigarette, parce que le vestiaire était désert. Parmi les manteaux de fourrure et les autres étoffes, je cherchais le manteau qui portait le numéro marqué près de mon nom.

« C’est celui-là que vous cherchez, je crois, Mlle Holland ? » fit une voix chaude derrière mois.

Je me retournai vivement pour tomber nez à nez avec l’étrange personnage vêtu de noir qu’était M. Poe. Nerveuse, j’acquiesçai.

Les instants suivants sont confus dans mémoire, tant mon cœur battait à la chamade. À mi-voix, il fit l’éloge de ma beauté, une beauté rare selon lui, dans une tentative – assez fructueuse, merci! – de me séduire... Mes yeux, bleus comme l’océan glacé qui bordait la ville, avaient enflammé son cœur, avait-il dit.

Et comme n’importe quelle adolescente, impressionnable et fougueuse, je l’ai laissé voler le mien. En moins de temps qu’il n’en fait pour déguster un délicieux morceau de chocolat, j’étais tombée éperdument amoureuse de cet homme qui était promis à une autre femme...


Elle était une enfant et j’étais un enfant,
Dans ce royaume au bord de l’océan,
mais nous nous aimions d’un amour qui était plus que de l’amour
Moi, et mon Annabel Lee.
D’un amour tel que les séraphins du Ciel
Nous jalousaient, elle et moi...


1836, Baltimore, Maryland, États-Unis

Ma relation avec le bel Edgar, c’était de petits moments volés entre deux leçons de littérature. À cette époque où mon existence n’était qu’un enchaînement régulier de professeurs qui me bourraient le crâne – réveil, diction, anglais, savoir-vivre en société, piano, géographie, mathématiques, latin, dodo – j’attendais les leçons du jeudi après-midi avec impatience.  Dans le salon de ma demeure, à l’abri des regards indiscrets, il nous arrivait parfait d’échanger de chastes baisers, sans plus. Enfin... pendant un temps.

Après son mariage avec sa cousine, Virginia, nos rencontres se sont arrêtées pendant un temps. J’étais jalouse, irritable. Il avait alors dit à mes parents qu’il prenait un peu de temps avec son épouse et qu’il s’était trouvé un nouvel emploi dans un journal. Quelques mois étaient passés avant que nous nous croisions dans une librairie.

« Baudelaire ? s’enquit une voix familière dans mon dos. Ma foi, vous apprenez le français, ma chère Elizabeth !

Nous avons discuté, et en un seul regard, il avait compris. Le jeudi suivant, il frappa à la porte de la demeure familiale, prêt à reprendre nos leçons.

Et alors que mes parents me poussaient à rencontrer des prétendants, des bons partis qui voudraient me prendre pour épouse, j’avais les idées ailleurs. Un époux ? Pour quoi faire ? J’étais bien là où j’étais. Seule avec mes parents dans leur demeure depuis que mes sœurs avaient quitté le bercail, je voulais continuer mes cours, devenir plus brillante que chacune d’entre elles. Pas devenir une épouse dévouée qui ne serait là que pour porter les bébés de son mari...


Et c’est pourquoi, il y a longtemps,
Dans ce royaume au bord de l’océan,
Les vents firent éclater un nuage et glacèrent
Ma toute belle Annabel Lee ;
Si bien que ses nobles parents sont venus
Et l’ont emportée loin de moi
Pour l’enfermer dans un tombeau
Dans ce royaume au bord de l’océan.


1838, toujours à Baltimore, Maryland, États-Unis

Jusqu’au jour où ma vie a basculé. Ma mère fit irruption dans le petit salon pour m’annoncer l’arrivée de Theodore Hayes, qui devait m’emmener pour une promenade, alors que la main de mon amant glissait sous mes jupes. Les lèvres gonflées et les joues rosies de plaisir et d’extase, j’ouvris des yeux alarmes sur son visage si blanc. Embarrassé, Teddy tourna les talons et prit la porte de la maison.

Jamais je n’avais vu mon père dans une telle colère. Il jeta Poe à la porte et m’enferma dans ma chambre. Pendant des heures, je ne pus m’empêcher de l’entendre s’écrier que sa fille avait perdu sa vertu à un écrivain raté, que ma réputation était finie, que mon honneur avait été volé. Les jours passèrent et le froid qui régnait dans la maison ne s’estompait toujours pas.

Mes parents ont tenté de conclure une promesse de mariage avec un riche prétendant à New York, mais la nouvelle s’était ébruitée plus loin qu’il ne le pensait ; la demoiselle Holland était une traînée.

Sans plus cérémonie, il me mit à la porte. Valise à la main, avec quelques dollars dans la poche et sans famille, je m’en fus à New York où je comptais refaire ma vie. Je tentai ma chance dans un hôtel où j’ai décroché un travail de femme de chambre. L’emploi était peu payant, mais les femmes étaient logées dans de petites chambres et elles étaient nourries à leur faim.


1841, New York, New York, États-Unis

Avec le temps, j’appris à connaître d’autres employés, et grâce à mes grandes connaissances académiques, je me hissai derrière le comptoir à l’accueil d’un hôtel prestigieux de la ville.

Bientôt, on découvrit mon talent de pianiste. Le jeudi, le vendredi et le samedi, je régalais les clients du restaurant de l’hôtel en jouant pour eux. Les autres jours, je travaillais à l’entrée. Pendant un temps, cela me suffit. Mais je développai alors un amour inouï pour l’alcool. Poison sournois, il répandait la chaleur qui me manquait au creux du ventre et noyait mes chagrins et mes déceptions refoulés.

C’est dans mon rôle d’hôtesse que je rencontrai Richard. C’était un bel homme bien habillé qui puait l’argent. Il n’était pas snob comme les autres riches que j’avais connus. Richard était un metteur en scène très fameux à New York. Un soir, alors qu’il entrait dans le restaurant de l’hôtel accompagné de quelques nobles individus, je le gratifiai d’un grand sourire :

« Passez une bonne soirée, Monsieur.
– Vous êtes très belle, Mademoiselle. Bonne soirée à vous également. »


Un soir, il m’entendit jouer. Jamais il n’était resté si tard auparavant.

« Votre beauté m’inspire... déclara-t-il simplement. Je prépare une pièce, j’aimerais vous voir en audition. J’aime beaucoup le timbre de votre voix. »

Curieuse, je me rendis à l’audition et j’obtiens le rôle d’Ophélie dans la production d’Hamlet. C’était un petit théâtre. Jamais je n’aurais cru obtenir le rôle, mais c’était une pomme pourrie déguisée en succès. Ma beauté n’inspirait pas Richard dans ses productions, elle lui inspirait autre chose de moins gracieux.

Pendant des mois, je me refusai à lui. Au bout de certain temps, il se lassa de moi. Je perdis mon rôle au sein du théâtre, et comme je n’avais plus d’emploi à l’hôtel, je me retrouvai de nouveau à la rue.

Ce qui devait arriver arriva. Je découvris qu’un beau visage, de jolis atouts et mes grandes connaissances pouvaient rapporter beaucoup plus d’argent que ce métier d’actrice. À 21 ans, j’entrai pour la première fois chez Madame Boutonnat qui m’accepta parmi ses courtisanes. Les demoiselles qui demeuraient chez Madame Boutonnat étaient toutes cultivées, amusantes et magnifiques. Les hommes recherchaient leur compagnie pour se divertir, pour les accompagner dans des soirées mondaines ou pour les inspirer.


Les anges, loin d’être aussi heureux que nous au Ciel,
Nous envièrent elle et moi :
Oui ! C’est pour cela (comme chacun le sait
Dans ce royaume au bord de l’océan)
Qu’une nuit le vent surgit d’un nuage
Et glaça, et tua mon Annabel Lee


1844, New York, New York, États-Unis

Ma dernière soirée en tant que courtisane restera gravée dans ma mémoire pour toujours. Un de mes clients réguliers, Sir Alexander, était en panne d’inspiration. Aussi, vêtue de mes plus beaux atours, je montai dans un fiacre qui m’emmena dans l’Upper East Side dans une demeure somptueuse où je fus accueillie par Allegra, sa somptueuse amie. Était-elle son épouse ? Je ne m’étais jamais risquée à lui demander.

Elle était aussi belle que lui avec sa longue chevelure orangée. Son regard était si pâle qu’elle me donnait l’impression de pouvoir lire en moi. Elle me mena à lui. De haute stature, Sir Alexander arborait une barbe finalement taillée aussi dorée que ses cheveux. Ses yeux sombres, profonds comme des abysses, ne laissaient jamais deviner ses émotions. Tout comme Allegra, sa peau était pâle et douce comme des pétales de fleurs...

J’avais l’habitude de me rendre chez Sir Alexander, mais ce soir-là, une impression étrange creusait ma poitrine. C’était un artiste, un peintre. Il m’appelait sa muse. Sans que je sache pourquoi, il n’avait jamais voulu savoir mon nom ; il m’appelait simplement Annabel.

Parfois, il me demandait de poser pour lui, mais la plupart du temps, nous discutions. Ce soir-là, je me rapprochai de lui. Nous échangeâmes un baiser. Surpris de mon côté, passionné du sien.

Allegra entra dans la pièce. Ils échangèrent un regard indescriptible et elle lui dit : « Il est temps, mon Infant... »

Une douleur fulgurante traversa tout mon être lorsque ses crocs s’enfoncèrent dans la peau tendre et fraîche de ma gorge. J’aurais voulu hurler de toutes mes forces, mais aucun son ne franchissait la barrière de mes lèvres.

Lentement, mais sûrement, je sentais un brouillard s’épaissir autour de nous. Je m’enlisais dans une torpeur inexplicable. La mort se saisissait de moi avec une douceur infinie. Puis une voix grave se fit entendre :

« Ainsi, tu seras mon épouse pour toujours, Annabel Lee... »

Un liquide chaud et épais coula dans mon gosier. Désespérée, je m’agrippai avec ferveur au bras qu’il me tendait, et alors que je m’abreuvais de son sang, des souvenirs qui n’étaient pas les miens affluaient en moi...

J’ouvris les paupières sur un monde nouveau. Les sons, les couleurs, mes émotions, tout me semblait plus intense et plus beau dorénavant. Il n’eut pas besoin de me dire ce qui s’était passé ou ce que j’étais devenue. Je savais. J’avais vu...

Il s’appelait Thaddaeus Alexander Caldwell. Il était un Vampire depuis une dizaine d'années seulement. Sa vie avait été parfaite jusqu’à ce que tout s’effondre. Sa femme, une magnifique blonde comme moi, avait été emportée par la consomption. La fièvre l’avait brûlée lentement, lui enlevant la vie sous les yeux de son époux qui l’aimait plus que tout. En peine, il n’avait pu se résoudre à se remarier. Sans le sous, sans enfants et sans famille, il avait sombré dans l’alcool. Et alors qu’il croyait avoir touché le fond, il avait été transformé par Allegra. Elle avait changé sa vie comme il avait changé la mienne.

« Je n’ai plus besoin d’elle. Je t’ai, toi... » murmura-t-il dans mes cheveux.

Il me prit dans ses bras et me dit l’amour pour la première fois.

À ce moment-là, entre les bras froids et réconfortants de mon Créateur, Elizabeth Holland et tous les autres pseudonymes que je m’étais donné avaient disparu. Ces filles-là étaient mortes. Et j’étais née de nouveau. J’étais devenue Annabel Lee, la bien-aimée de Thaddaeus Caldwell.

Jamais plus je n'aurais la peau chaude. Jamais plus je ne serais malade ou fiévreuse. Jamais je ne porterais d’enfant en mon sein. Mais ça m’était égal. Qui aurait voulu de moi, de toute façon ? Quel homme stupide tomberait amoureux d’une courtisane ? Personne. Seulement lui, mon Créateur.

Rien ne peut tout à fait expliquer le lien qui se créé entre Créateur et Infant après qu’ils aient échangé leur sang. Thaddaeus est à la fois mon Dieu, mon patron, mon père, mon frère, mon meilleur ami, mon mari, mon amant et mon maître... C’est un lien inexplicable d’adoration, de dévouement et d’amour qui se développe entre l’Infant et son Créateur. Les humains ne pourraient le comprendre. Ni aujourd’hui, ni jamais.

Il ne fallut que peu de temps avant qu’elle se fasse sentir... La Faim. Avec un grand « F » parce qu’elle était omniprésente. Elle me tenaillait. Elle me rendait folle. J’avais les veines en feu, tout mon corps brûlait alors qu’elle prenait possession de ma vie. Avec beaucoup de patience, Thaddaeus me montra à me contrôler. Mon appétit était si insatiable que j’avais du mal à m’arrêter. C’est avec les prostituées que je me suis entraînée. J’en ai tué quelques-unes, par accident, bien sûr, mais il fallait s’y attendre.

Mon Créateur m’apprit l’histoire – alors bien jeune – des vampires. Tous avaient la même mère. Il avait été transformé par Allegra, deux ans auparavant, en Europe. Elle-même avait été transformée par Mina, la Mère de tous les Vampires. Allegra décrivait Mina comme une femme douce et maternelle. Et même si je ne l’ai jamais rencontrée, même à l’époque, j’étais fascinée qu’elle puisse sentir ma présence, ma détresse, mes joies et mes peines. Je n’aurais pas voulu porter un tel fardeau.


Mais notre amour était beaucoup plus fort que l’amour
De nos aînés, de bien des personnes
Beaucoup plus sages que nous,
Et jamais les anges du Ciel là-haut
Ni les démons au fin fond de l’océan
Ne pourront séparer mon âme de l’âme
De ma toute belle Annabel Lee.


1847, Boston, Massachussetts, États-Unis

Même si je n’avais toujours pas compris pourquoi il avait fait de moi ce que j’étais, Thaddaeus et moi étions devenus inséparables. Allegra, sa Créatrice, est partie et n’est jamais revenue. Ensemble, nous avons voyagé à travers l’Amérique dans son ultime effort de m’apprendre le contrôle et la modération.

Après un moment, j’ai découvert que je me plaisais dans la nuit éternelle. Si j’avais eu peur de m’ennuyer des rayons chauds du soleil, il n’en était rien. Je me souvenais de la peur qui faisait surface en mon être autrefois, lorsque je devais sortir dans les rues une fois la nuit tombée. Je ne connaissais plus cette peur. J’étais cette peur...

La Faim était dérangeante, certes, mais avec l’aide de mon Créateur, j’appris à me nourrir de façon efficace et bientôt, la Faim ne fut plus aussi intense. Elle était là, mais je réussissais presque à l’ignorer.

C’est dans un cabaret de Boston que je rencontrai pour la première fois un fantôme de mon passé. Assise au bar, un verre de brandy à la main, mon compagnon m’avait abandonné pour se nourrir d’une délicieuse danseuse dans la ruelle, je riais des propos du barman. Et alors que je pensais avoir laissé Elizabeth Holland derrière moi pour de bon, une voix familière s’écria :

« Elizabeth Holland, c’est toi ? »

Lentement, je me retournai vers celui qui s’adressait à moi, rempli d’espoir : Edgar. Mais j’étais morte. Elizabeth Holland était morte.

« On se connaît ?
– Oh ! Désolé, madame, vous me rappelez une amie à moi... Elizabeth Holland.
– Je suis désolée de vous décevoir, Monsieur Poe. J’ai bien peur de ne pas être la personne que vous cherchez, »
lui dis-je d’une voix douce.

Je réalisai mon erreur avec quelques secondes de retard. Il ne m’avait pas dit mon nom. Ses yeux fouillèrent les miens avec intensité et il déclara :

« Je ne rappelle pas m’être présenté...
– Désolée, je suis coupable ! Je suis passionnée de poésie. J’ai vu votre photo dans un journal.
– Et vous êtes... ?
– Annabel,
soufflai-je. Annabel Lee.

Thaddaeus fit irruption dans le cabaret, salua prestement Poe et m’entraîna vers la sortie.


Car la lune ne luit jamais, sans qu’elle me porte
Des rêves d’Annabel Lee, la toute belle,
Et les étoiles ne se lèvent jamais, sans que je sente
Les yeux vifs d’Annabel Lee, ma toute belle,
Ainsi, aux rives de la nuit, je me couche à côté
De ma chérie! Ma chérie, ma vie, ma promise,
Dans son tombeau, là, au bord de l’océan,
Dans sa tombe, à côté de l’océan.


Lorsqu’il apprit ce qui s’était passé, Thaddaeus entra dans une colère telle que je n’en avais jamais vue. Quelques jours plus tard, nous prenions un bateau pour entamer une longue traversée vers l’une des plus belles villes du monde : Paris.


1851, Paris, France

Par la suite, nous ne restâmes jamais bien longtemps au même endroit, et ce, pendant quelques années. Je n’oublierai jamais cette soirée passée au théâtre, lorsque je me suis présentée à l’une des actrices...

« Annabel Lee... comme le poème. C’est amusant. »

Poe, mon premier amour, était mort. Ce poème avait été publié après sa mort. Lorsque je le lus pour la première fois, je faillis pleurer. Jaloux, Thaddaeus avait déchiré le magazine que je tenais.


Nous avons passé de nombreuses années ensemble... Jusqu’au jour où j’ai découvert la vérité sur la raison qui l’avait poussé à me créer. Je lui ressemblais. Au travers des années, Thaddaeus m’avait modelée pour faire de moi une pâle copie de son épouse qu’il avait perdue. Annabel Lee Caldwell. Je l’avais entrevue lorsque nous avions échangé notre sang, mais la vérité a fini par sortir au grand jour.

« Je ne sais pas à quoi j’ai bien pu penser en te transformant ! éclata-t-il un soir. Tu ne seras jamais elle, je le sais aujourd’hui ! Jamais plus je ne verrai mon Annabel... »

Blessée, je l’ai quitté et je ne suis plus jamais revenue.


1996, Montréal, Québec, Canada

C’est là que je l’ai rencontrée. Avec ses cheveux pâles, ses fossettes, ses yeux pétillants et son look décontracté, elle illumina ma vie immédiatement. Marianne Gauthier, 17 ans. C’est dans un cyber-café que je l’ai rencontrée. Intelligente et curieuse, Marianne était un génie de l’information. Ses parents n’étaient pas très fortunés et n’avaient pas les moyens de lui acheter un ordinateur pour la maison. Et comme sa mère avait un problème d’alcool et que son père était constamment absent, c’était là que Marianne se refugiait. Elle passait des heures assise là, avec son café.

Avec les années, une fibre maternelle s’est formée en moi et le fait de ne pas avoir d’enfants commençait à me peser. Avec égoïsme, je l’ai transformée. Nous serions comme des sœurs, disait-elle. Moi, je le voyais comme ma fille, ma vie. Et je lui ai tout appris.

Tout comme moi, Marianne était fascinée par l’Envers. Elle rêvait de rencontrer ses origines. Nous avons traqué l’endroit où résident la mère originelle et nous sommes arrivées à Last-End en 2011 en tant que sœurs. Katherine et Auréanne Andrews. Et alors qu’elle était étudiante, j’utilisais ma grande connaissance des langues du monde en tant que traductrice pour plusieurs gros clients.


Elle a disparu il y a un peu plus d’an an. Nous savions qu’elle était au bas de la liste noire parce qu’elle avait accidentellement tué un étudiant de son université, mais je crois fermement qu’ils l’ont prise parce qu’ils ont découvert qu’elle avait révélé de secret à des adolescents sur un blogue.

Bref, un jour, elle n’est plus revenue à la maison. Aucune trace d’elle où que ce soit. Et jamais je ne les pardonnerai de m’avoir pris mon Auréanne, ma sœur, mon Infant.

Si autrefois, j’étais pour la conservation du secret, trop effrayée des conséquences que la révélation pourrait entraîner. Aujourd’hui, j’ai choisi de suivre le Réanimateur, et d’exposer les tyrans du Cénacle pour ce qu’ils sont réellement...


♜ JOUEUR : Vous pouvez m'appeler MariePG. J'ai commencé à faire du RP assez jeune, mais je me suis arrêtée un bon moment. J'ai découvert ce forum il y a quelques mois et j'avais envie d'y évoluer, mais faute de temps, je n'avais jamais terminé la présentation de mon personnage Lily Hamilton. J'ai choisi de me reprendre avec un personnage un peu moins compliqué pour commencer... donc, me voici!


♜ JE RECONNAIS AVOIR PRIS CONNAISSANCE DU RÈGLEMENT ET M'ENGAGE A LE RESPECTER : Katherine Andrews




Lun 8 Aoû - 4:26
• • • • • •
L'Oracle
L'étrange sous la normalité :
Je suis le Maître de ces lieux, le conteur de vos histoires, l'oracle de vos avenirs. J'écris sur les pages blanches de demain vos déboires, vos exploits.

Tell me More : Je tiens les ficelles de vos existences.
PROFESSION : Assistant
Crédits : By Meri
Messages : 808
Points : 3750
L'Oracle
Admin

Bienvenue Katherine !


J'ai le plaisir de t'annoncer que tu es validée


Et bien voilà, c'est un personnage sympa que tu as fait, toute mignonne, même avec ses crocs. On espère la voir très bientôt en jeu, pour lire davantage de son histoire, et la voir encore approfondir son caractère. Son cheminement va certainement être tortueux si elle prend les armes. Dans tous les cas merci de la lecture et à très vite en jeu ! coeur



Sam 27 Aoû - 23:20
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