Coup de tonnerre dans la lande / Libre

De bien bon matin, les landes revêtent un manteau de brume. Ses voluptés glissent sur le lac, se répandent entre les branches, plongent tout être au sol dans un monde blanc aux bruits diffus, venant de partout, d'autre part, d'ailleurs, où se fondent rêveries de cervidé, espiègleries d’écureuil, et litanies d'amphibien.  La verdure scintille d'humidité, les insectes n'emplissent pas encore l'air de leur bourdonnement. Tandis que les mortels dorment encore, la terre n'appartient plus qu'à elle-même... Et aux bêtes. Et aux lève tôt. Et à la fraîcheur matinale que les rayons solaires chassent à peine.
En somme, les landes sont encore plongées dans une douce langueur nocturne.

Pourtant, un mouvement se devine. Là, gravissant une butte d'un pas tranquille, un homme. Seulement vêtu d'un grand sac et d'une toison pâle que dresse la chair de poule, il se place au point le plus élevé et dépose son fardeau. Il s'étire en tout sens, faisant jouer les muscles sous sa peau, jusqu'à clore la chose d'un grand bâillement. Quelques instants s'écoulent tranquillement, alors qu'il observe autour de lui. Finalement, il sort de son sac batte et balle de baseball, et s'échauffe un temps. Le bras de bois fend l'air plusieurs fois en sifflant, au son d'une respiration calme et maîtrisée.
Enfin, il saisit la balle, et la lance en l'air, à la vertical. Elle monte, paresseuse, se suspend, frappant de rares rayons dorées, puis retombe.

Le tonnerre frappe alors la lande.

Personne ne semble y réagir. Il y a juste la batte, encore vibrante, qui a été lâchée aussitôt que la balle a fusé, transperçant le rideau de brume, filant vers les arbres. Quant à l'homme, disparu. Il n'y a plus qu'une grande flèche, bariolée de blanc et de noir, qui s'élance à toutes pattes, dévale le flanc herbeux, saute par dessus les rocs, s'enfonce dans le labyrinthe forestier sans une hésitation... Tout cela dans un silence seulement perturbé par le bruit de sa cavalcade et de son souffle de profond et canin.

De si bon matin, les landes appartiennent à elles-mêmes... Et au chien qui sait utiliser une batte, pour mieux courir après la balle. La truffe au vent, l'animal est à la poursuite de son jouet au puissant fumet.

----------Le bruit des voitures, la pollution, le léger brouhaha ambiant provenant aussi bien des voisins de l'immeuble que de l'éléctro-ménager ou des badauds dans les rues, tout ceci était horriblement dérangeant, et insupportable au bout d'un moment. Le calme et la solitude était de mise, avant qu'un malheureux accident ne survienne: cela ne faisait pas très longtemps qu'Andrew avait emménagé à Last-End, ou du moins, dans l'Endroit, et s'y habituer n'était pas une mince affaire. Pour l'instant, ce n'était en rien un succès. Les peu de cours auxquels il était allé s'étaient avéré être un réel calvaire, compte tenu du fait qu'il avait à supporter tout ces jeunes humains trop bruyants et irrespectueux, cette foule mouvante dans laquelle il lui fallait s'immiscer, se fondre et en suivre le flux. Les cours en eux mêmes étaient intéressant, même si les profs n'aidaient pas forcément à ce qu'ils le soient. Si bien que, rapidement, Andrew se débrouilla pour étudier le plus possible dans son coin, seul, et en silence.

----------Mais aujourd'hui était un jour de repos, pendant lequel il allait pouvoir finalement profiter pendant une journée entière de tranquillité. Réveillé tôt, comme bien souvent, il avait enfilé une polaire ainsi qu'un survêtement pour courir. Le vent soufflait légèrement dehors, la brume se montrait, et était très probablement plus épaisse là où Andrew prévoyait d'aller. Son but n'était pas non plus réchauffé par la ville, mieux valait donc prévoir d'y aller couvert. Après tout, entre le lac et la froideur des landes exposées aux vents, ou à celle présente au sein des bois, il y avait de quoi être frigorifié ! Partant ainsi au petit trot, Andrew se dirigea vers les Landes, bien décidé à courir pendant quelques heures. Traversant les bois pour se rendre jusqu'au lac, et ainsi pouvoir en faire le tour. Toutefois, cette charmante balade ne semblait pas devoir être si tranquille et solitaire que le prévoyait le jeune sorcier... Un bruit sec, plutôt proche, ainsi que le sifflement d'un objet dans les airs dérangea son ouïe, les deux perturbations sonores étant de toute évidences bien différentes des bruits des animaux ou du crissement des pieds sur le sol; même lorsque ceux-ci incluait qu'un brindille ou fine branche romp sous son poids. Non, c'était définitivement quelque chose de plus dérangeant. Plus qu'à espérer que le bruit ne se reproduise pas trop souvent...

----------Que ce ne puisse être qu'un bruit extérieur dérangeant était manifestement trop optimiste ! Une balle, une simple balle qui tombait du ciel, cassant les branches qui se trouvaient sur son passage et qui finit par atterrir non loin du sorcier, lequel entendit le bruit de l'impact. Voilà qui annonçait la fin de sa tranquillité espérée. Il s'y dirigea, tout de même curieux, tout en continuant sa course. S'arrêtant finalement devant ce qui se trouvait être une balle de baseball, il la saisit, alors qu'il entendait au même moment ou presque le bruissement des branches non loin. Quelque chose qui se rapprochait, et plutôt vite semblait-il, assurément pas humain... La magie ne devrait donc pas être un soucis ! Un petit sortilège de lévitation, et voilà qu'un projectile plutôt compact flottait quelques centimètres au dessus de sa main, près à être lancée si l'occasion le nécessitait !

Entre les troncs dénudés par l'hiver, par delà le voile brumeux, des tâches claires et sombres bondissent. Les branches craquent allégrement sous les envolées d'une cavalcade débridée. Un écureuil couine sa consternation, quelque part. La bête vient. Avec entrain même !

Soudainement, un grand chien surgit près du joggeur, au détail près qu'il ne semblait pas prévenu de la fin de sa course. Aussi, sa tête aux oreilles pointues demeure pointée sur l'inconnu, avec une expression canine des plus confuses, jusqu'à ce que le reste de son corps bien lancé ne l'entraîne. Ses pattes incroyablement longues firent le reste, imageant tout à fait l'expression "s'emmêler les pinceaux". Avec un Wouf de surprise, bien vite étouffé, la majestueuse bête tachetée finit les quatre fers en l'air dans un petit tourbillon de feuilles mortes. Achevant de semer le chaos dans le délicat tapis de vêgétaux brunissant, l'animal se remit d'aplomb rapidement. Une fois plus ou moins immobile, il était plus aisé de constater sa taille - capable d'enlacer sans problème un être humain adulte, une fois dressé sur ses postérieures - et, accessoirement, l'absence de collier... Non pas qu'il eut des airs de pauvres bêtes abandonnées, à la faveur de la brume des landes, bien au contraire : sitôt rétabli, l'animal sautilla de droite et de gauche, langue pendante et queue battante, aboiements ravis à l’appui, n'ayant d'yeux que pour la balle, ses billes grises brillant d'un malice tout canin.

Cependant, après quelques instants de ce vigoureux - et bruyant - manège, le dogue sembla noter la surprenante élévation de l'objet de toutes ses convoitises. Retrouvant un brin d'immobilité, il prit enfin la peine de détailler l'humain, en une attitude soudainement réservée bien peu animale. Ses mirettes trahissaient un examen précis, tandis que son museau se tendait au gré de ses petites et brusques inspirations. Que lui apprenaient les odeurs ? Que pouvaient-ils déduire des vêtements, de la figure du bonhomme ? De la magie qui opérait ?
Sortant brusquement de sa torpeur contemplative d'un Wouf appréciateur, le dogue rejeta la têtetout en bondissant en arrière. La tête revenue observer le joggeur avait retrouvé ses babines salivantes d'enthousiasme et sa langue pendante, se départissant de sa fixité concentrée. Pas en avant, pas en arrière, le dogue exécutait presque une petite danse. Avant, arrière, telle une étrange invitation, qu'il finit par compléter en se redressant en aboyant, mâchoire claquante, tout en reculant. "Lance, lance !" Clamait sa petite valse... Ainsi que son assurance de rattraper le précieux objet.

----------Se tenir aux aguets ne semblait pas être nécessaire au vu de la scène qui se déroula sous les yeux écarquillés d'Andrew. Il aurait peut-être même quelques leçons à donner en la matière à l'animal qui venait de lamentablement déraper jusqu'à s'étaler de tout son long entre les arbres, produisant au même titre un presque féerique tourbillon de feuilles mortes... C'était risible, vraiment.
----------Un peu sur ses gardes, voyant que ce chien le dépassait de taille s'il se mettait debout, le joggeur tendis lentement sa main gauche en avant, paume tendue vers le ciel, prête à se faire renifler si l'envie en prenait au colosse - car oui, pour une telle taille, ce chien était un vrai colosse. "Eeeeh, doucement mon grand..." Il ne remarqua pas l'absence de collier, un peu trop préoccupé par le débordement d'entrain dont faisait preuve la bête. Le bon point était qu'il ne lui avait pas sauté dessus, et qui plus est, qu'il ne semblait pas agressif pour un sous ! Enfin... en l'occurrence, pour une balle. Laissant tomber dans sa main droite la balle jusque là en suspension, Andrew la montra au chien et constata qu'en effet, c'était bien là l'objet de son désir et la raison pour laquelle il s'agitait si follement.

"C'est cette balle que tu veux ?"

----------Ce n'était pas vraiment une question, après tout, c'était un chien. C'était plus histoire de mettre des mots sur ses actions et de taquiner le canidé. On se met souvent à peser à voix haute lorsqu'on est face aux animaux, pensant qu'ils nous comprennent réellement, autant si ce n'est plus qu'ils ne comprennent nos geste ou notre attitude. Un sorcier élevé aux enfers ne semblait pas faire exception à la règle, à croire que c'était cette part humaine de laquelle dépendait ce comportement.
----------Devant les va et vient du chien, Andrew pu prendre un peu de temps pour l'observer, et ainsi constater qu'il n'avait pas de collier. Le fait qu'il court après une balle prouvait qu'il devait bien avoir un humain qui prenait soin de lui et le logeait. Et s'il ne lui avait pas mis de collier, c'est qu'il ne devait pas être si mauvais que ça. Andrew détestait foncièrement les humains qui considéraient comme leur propriétés des animaux. Autant il se montrait sadique envers les bipèdes ignorants, autant les autres créatures étaient pour lui des individus dont il fallait se montrer digne, pour ainsi dire. N'importe quel individu, hormis les humains et quel que soit son degré d'intelligence - fait qu'avaient du mal à comprendre les humains d'ailleurs - avait droit à sa liberté après tout. Max l'était, d'une certaine manière, même si celle-ci dépendait d'un accord avec Elie. Il avait sa bride, en effet, mais Max s'en vantait plus qu'autre chose !

----------Quant à ce compagnon à quatre pattes, ce serait stupide de penser qu'il puisse se balader tout seul en forêt, balle en bouche, et parvienne à lancer si haut une balle de baseball pour ensuite aller la chercher. Ça ne collait pas non plus avec le bruit sec qu'Andrew avait entendu plus tôt, et qui, sans aucun doute, devait être celui de la batte qui avait frappée cette balle. Qui plus est, il était bien trop propre pour un chien sans maître. Non pas que ceux-ci ne prennent pas soin d'eux, mais plus que ceux ayant des humains pour compagnon soient presque "trop" propres. Celui-ci semblait être de ceux-là. C'était sans compter le fait que Last-End soit si emplit de magie et de créatures magiques, mais de si bon matin, le sorcier n'avait pas vraiment la tête à s'imaginer de pareils scénarios. Il n'en avait après tout pas croisé tant que cela, des créatures de L'envers.

"On dirait que je vais devoir retrouver ton humain de compagnie, puisque tu sembles plus décider à jouer qu'à ramener cette balle..." souffla-t-il en secouant la tête, souriant devant cet apparent grand joueur.

----------Malgré cela, Andrew lança son bras droit en avant, faisant mine de lancer la balle, alors qu'il ramenait celle-ci dans son dos en la contrôlant avec sa main gauche. Sa main droite était vide, la balle était partie ! Mais.. pas vraiment dans le sens que l'espérait le chien.

HRP:

Au geste répondit le preste animal : se tendant sur ses postérieures, il referma les mâchoires sur la trajectoire... D'une balle qui ne fut pas saisie, entre ses crocs. Retombant sur le cul, la bête dévisagea son compagnon de jeu, tandis que ne se faisait entendre que le calme de la lande ensommeillée. Un amphibien se fit entendre, à une distance indéterminé, bien dissimulé par la brume. Point de vacarme d'un projectile maltraitant branche et feuillage dans sa course d'étoile filante.
Un reniflement inquisiteur fut suivi d'un gémissement interrogatif, le chien se gratta le museau d'une patte avec un ton plaintif. Un geignement compléta la communication. Puis il se releva et trottina avec naturel vers l'humain. La main droite apparente, puis le bras gauche dissimulé, il les regarda tour à tour. Et puis, sans autre annonce, il se redressa de toute sa hauteur pour s'appuyer sur le joggeur, au point de le faire s'effondrer sur lui-même. La situation fut assise par la masse de quatre-vingt kilos au moins de bonne chair musculeuse, couchée sur le lanceur malicieux.

Le dogue entrepris alors de bailler. Les grandes mâchoires s'écartèrent avec paresse, sans se presser, les babines révélant à moins d'un mètre de distance du visage de l'humain une dentition d'une blancheur atypique, garnie de canines en excellent état, et la profondeur de la gueule à la rougeur attestant de sa bonne santé. Tout à son aise de profiter de ce matelas bien vivant, le dogue fit claquer sa gueule avec satisfaction, carra son grand torse sur celui de sa prise, puis coucha sa tête entre ses deux pattes avants étendues. Ainsi installé, il pouvait dévisageait à loisir le farceur, avec un air franchement narquois. Sa queue battait les feuilles mortes avec entrain, marquant sa bonne humeur.
Une voix profonde se mit alors à marmonner.

- La balle, tu la lances ?

Nul individu n'avait approché le duo. La solitude seule leur tenait compagnie, au milieu des géants végétaux, muets pour qui ne savait les écouter. La seule différence notable était que les babines avaient tressauté au même rythme que les mots, le souffle canin se propulsant par à-coup à la figure de son vis-à-vis. Presque avec ennui, le dogue fourra son museau sous le bras gauche coincé, tentant de le pousser. Puis il revint à sa position initiale, dévisageant le bonhomme, pour ajouter avec un grand sérieux :

- Au fait, y a pas d'humain à retrouver.

----------Si il existait un Dieu ou une quelconque entité qui ait le pouvoir de décider si le cours des événements puisse convenir à ce que l'on espère, Andrew l'avait assurément vexé. Que ce soit le cas ou non, cette journée promettait d'être un réel fiasco, le tout était de savoir si ça allait être Crescendo, ou Decrescendo...
----------Son regard fixant le dogue, Andrew comprit que sa petite blague n'avait pas vraiment fonctionnée. Pour un chien métamorphe, c'était se bercer d'illusion que de penser réussir un coup pareil. Dommage qu'Andrew fut encore à ce moment dans son utopie de matinée sans étrangetés magiques et pendant laquelle il pourrait profiter de sa solitude. Il ne sut pas trop quoi faire, lorsque le chien se mit à trottiner bien trop tranquillement vers lui. Il était resté stoïque, ou presque. "Tu t'es fait avoir trop souvent.. c'est ça ?" Un soupçon narquois de rire, avant qu'il n'écarquille les yeux devant ce colosse qui se dressait le surplombant aisément. Et voilà qu'Andrew allait devenir un simple carpette... Un "Woh woh woh !" des plus ridicules, suite à quoi Andrew s'écrasa lamentablement par terre, faisant voleter quantité de feuilles mortes. Le sol mou des sous-bois avait amortis sa chute, sa magie aussi, mais le choc restait peu agréable. La situation encore moins.

----------Notre sorcier ne savait pas trop quoi penser de la situation, il n'avait après tout jamais vu de chien agir de la sorte, et le voir là, allongé sur lui entrain de faire l'étalage de sa belle dentition et de son calme trop humain n'était assurément pas un comportement commun chez les chiens. Il s'inquiéta un instant, mais ce fut bref: Voilà que la vérité éclatait enfin, alors que cette voix grave se faisait entendre: Andrew se mit à comprendre, si bien qu'il ferma les yeux et soupira, déçu de sa propre naïveté. Il le regarda essayer de soulever son bras gauche, inutilement, ainsi qu'il s'en rendit lui même compte vu qu'il se remis à faire la couverture...

"Lèves la tête..." répondit, blasé, Andrew, alors qu'il faisait voler la balle au dessus du chien.

----------Il attendit que son... assaillant, regarde la balle, et la lança en avant -derrière Wilhelm donc- dans la même direction qu'il avait fait semblant de le faire quelques instants plus tôt.

"Le coup de batte, c'était donc toi aussi ? Vrai que ça doit être pratique..." ajouta d'un petit rire le jeune homme, comprenant mieux ce qu'il s'était passé jusque là.

----------Ce dont il était aussi certain, outre le fait que ce chien métamorphe se droguait à la chasse aux balles, c'était que son jogging venait de tomber à l'eau. Le lac n'était en effet pas si loin que ça...

La question fut pulvérisée au même titre que l'air était éjecté violemment de la cage thoracique du sorcier, le métamorphe ayant sans hésitation ni remords apparents pris appuis dessus pour s'élancer après la balle, balle qui disparut en un instant, point blanc bien vite perdu dans le rideau de brume veiné d'ombres végétales. Dans ce miasme d'humidité en suspens, l'animal s'enfonça à toute vitesse, arrachant quelques feuilles et leur lopin de terre avec ses griffes. Sa course éclair se voulait l'égale de la fuite sifflante de l'objet de son désir, malgré sa masse, grâce à ses muscles canins. Vain et magnifique dans son unité : esprit et corps tendus vers un seul but, rattraper une balle.

En un instant, l'animal avait filé. Quand le bruit de sa course folle se fut dissipé loin dans l’indicible, ne resta de son passages que quelque traces dans la terre tendre, ainsi que quelques minuscules flèches blanches accrochées par des branches. La sérénité des lieux, bien maltraitée jusque-là, repris ses droits, avec toute l'aide de la faune ensommeillée et de la flore constellée de rosée. C'était un temps dédié à la contemplation, à la réflexion, à l'introspection. Qui eut pu en douter, voire ne pas y céder ? Quelque part, l'astre solaire poursuivant son ascension, ses rayons rencontrant encore de la résistance face au manteau d'humidité des landes.

Un bruit de course. Là. Alors qu'alentours, la vie végétait encore, un être de nouveau s'y montrait indifférent, progressant à foulée régulières, maîtrisées. A nouveau la couche végétale fut piétinée, avec moins de fougue peut-être. Dans le flou, une tâche claire finit par se distinguer, se condenser, jusqu'à devenir un homme qui courait. Il venait vers le premier coureur mais, là où ce dernier était vêtu pour l'occasion, l'autre ne l'était pas. Il n’arborait qu'une toison pâle hérissée par la chair de poule, une barbe lui enserrant les mâchoires et une brosse de cheveux blonds. Accessoirement, il tenait dans une main un sac de sport et une batte de baseball et dans l'autre une balle. Ne paraissant guère préoccupé par la différence vestimentaire ou un quelconque risque d'attraper un rhume, le gaillard aux muscles saillant lâcha le sac - qui révéla partiellement son contenu : d'autres balles blanches veinées de rouge - et tendit la batte au joggeur, avec une question très simple dans ses yeux clairs.

- Tu sais t'en servir ?

Tu veux jouer ?