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 Une nouvelle page d'histoire | Début septembre 2015

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Libère-moi...
Libère-nous...

Ces voix, elle ne les entendaient pas. Incapable de sentir les chuchotements des morts, Ayzebel restait cloîtrée depuis des années dans un silence pesant. Malsain. Cachée dans le quartier marchand, la petite librairie n'avait même pas de vitrine. Un simple mur de brique, une petite porte en bois ancien et une pancarte en bois démodée sortit d'un autre temps. La pub n'était pas bonne, pourtant, quiconque était appréciateur de livres, connaissait cette librairie. C'était bien rare cependant, car à cette époque tout se faisait par internet, même la lecture se faisait via la technologie. Pour Ayzy, c'était impensable que de favoriser E-book au plaisir d'un livre. Rien ne valait un bon livre, l'odeur des pages, sa couverture, sa présence sur une étagère. À ses yeux le plaisir simple qu'offrait la lecture était le plus délectable des loisirs. Un loisir qui se perdait dans une génération d'idiots accrochés à leur écran de téléphone ou d'ordinateur.

Cette souffrance...
C'est insoutenable...

La loupe passa doucement sur le cadre doré de la page, tendit que de l'autre main, Ayzebel grattait doucement le papier à l'aide d'une petite pince à épiler. Une double feuille, fine, parfaitement collée... Attrapant la pointe, la jeune femme tira délicatement, entrouvrant la bouche et retint son souffle. Le moindre geste trop brutal et s'en était fini des secrets de ce livre. Durant de longues secondes les deux feuilles furent décollées l'une de l'autre, dévoilant enfin un autre contenu. Sous ses yeux, des arabesque sombre, gribouillé sur le papier ancien, des mots écrit à la allée vite et des dessins macabres. Un avertissement ? Sans doute, elle en saurait plus quand elle aurait déchiffré la contenue de ce grimoire. Dans un soupir, la sombre femme recula, se redressant sur sa chaise. Ce simple geste lui arracha une vive douleur dans le dos... Depuis combien de temps était-elle courbée ainsi, le nez plongé dans ce grimoire ? L'horloge au mur affichait dix-sept quarante trois, ce qui signifiait qu'elle était là depuis deux bonnes heures déjà. Dans un soupir las, la libraire se leva doucement et emprunta l'escalier qui donnait au rez de chausser soit dans la librairie et fila vers le comptoir pour prendre une pile de livres. Les clients ne s'étaient pas bousculé aux portes aujourd'hui, voilà qui craignait pour son chiffre d'affaires.

Au fil des mois la clientèle avait baissé, notamment quand cette boutique au coin de la rue avait ouvert. Quel était son nom déjà ? Cette marque de café que l'on trouvait en Amérique et qui commençait à s'installer un peu partout sur le continent... Ah oui, Starbuck. Ayzebel n'avait même pas cherché à y aller, snobant le commence de renom. Évidemment, sa petite boutique cachée dans les ombres n'attirait que trop peu de monde et si elle ne trouvait pas vide un moyen pour remédier à cela, elle finirait par mettre la clé sous la porte.

Pitié...
Tu dois nous libérer...

Occupé à glisser ses livres sur les étagères en bois ancien, Ayzebel fut alerté par le bruit de la clochette et celui d'une porte qui se refermait doucement. Lentement, elle pivota le visage et se dirigea vers la lumière, passant discrètement le visage pour observer le client récemment arrivé. À peine eut-il franchit la porte où au-dessus de celle-ci, un symbole lunaire apparut, comme brûlé dans dans le bois. Discret mais bien présent, seul ceux à l'essence magique avait la faculté de le voir, c'était ainsi qu'elle savait la nature de sa clientèle. Doucement, la sombre femme se montra enfin, s'approchant du comptoir en détaillant d'un regard insistant l'homme qui venait d'entrer. Oh elle connaissait les Earl de nom mais n'en avait côtoyé aucun, elle était incapable de mettre un visage sur ce nom. Mais ce qu'il dégageait en revanche... Valait bien des mots. Le regard vert de la sorcière resta figé sur la silhouette de son confrère puis d'une voix dénuée d'enjouement mais mielleuse, elle souffla.

« Bonjour... Que puis-je pour vous ? »

Mar 27 Oct - 10:49
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
Tell me More : Jumeau d'Howard - Fils de Pryam
PROFESSION : Médecin Légiste
Crédits : Gustavo Krier
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Points : 3800
Morghann Earl
Morghann disposait de deux heures devant lui. Deux longues heures avant qu'il ne puisse rencontrer l'ami de Will, son ancien patron alors qu'il était à l'étranger. Will lui avait promis d'écrire à son confrère de Scotland Yard afin qu'il puisse rencontrer le jumeau cadet Earl pour un entretien d'embauche. Son ex-supérieur n'avait pas tari d'éloge à son égard, et pour cause : Morghann était un brillant médecin légiste. S'il excellait aux méthodes humaines de part ses diplômes en la matière, il tirait son génie de la nécromancie. Qu'y avait-il de mieux pour savoir comment une victime avait connu le trépas que d'interroger directement l'âme macabre qui gisait là ? Il s'était fait une glorieuse réputation à l'étranger... Mais à Last End les choses seraient différentes. Il n'y avait pas autant de porteur du Secret hors de Last End qu'à Last End, le mystère était dilué, les doutes sur lui et ses compétences nécromanciennes étaient extrêmement faibles. On avait toujours pensé qu'il était extrêmement brillant, il l'était assurément mais il trichait.

Dans sa ville natale, la donne était différente, le jeu se corsait. Le mystère ici planait et les Earl étaient déjà fort dévisagés même si jamais rien ne fut prouvé. Toutefois, il devait avoir ce poste. Ne serait-ce que pour le salaire qu'il pourrait en tirer et qui permettrait à son aîné et lui de quitter ce château : ainsi était la volonté gémellaire et il ne pouvait qu'y adhérer. Avoir son frère pour lui tout seul, voilà qui était rêvé et bientôt exhaussé. Cela viendrait. D'autre part... Il y avait cette affaire au sujet du Réanimateur qui inquiétait la population de l'envers. Scotland Yard avait attribué un détachement sur leur ville et démêler cette affaire et Scotland Yard aurait besoin d'un désinformateur pour protéger le Secret. Il ne serait pas le seul : d'autres hauts-placés avaient pris place dans les rangs pour falsifier les rapports et préserver leur monde. Ceci faciliterait son recrutement, il en était certain. Mais une fois en poste, il devrait faire preuve de prudence : ce n'était pas le moment de s'amuser avec des cadavres de toutes évidences.

Il avait cependant beaucoup de chance : si la famille Earl avait un vilain petit canard, c'était bien lui. S'il avait l'habitude et l'aisance des soirées mondaines... Il avait eu la chance de grandir pendant près de vingt ans hors de Last End et de se détacher de cette famille qui collectionnait les balais savamment enfoncés dans le fondement. Morghann avait connu les soirées étudiantes, les petites amies renouvelées au petit matin, les rires, les délires... En bref : le vingt et unième siècle là où sa famille était encore figée au début des années 1900 si ce n'était pas avant. Ceci faisait probablement de lui le plus abordable, le moins mystérieux même s'il conservait cette aura de bizarrerie, elle était moindre. Il était donc l'Earl le mieux protégé par son caractère pour pouvoir s'approcher de cette affaire compromettante sans se faire accuser d'hérésie.

Deux heures donc, et un sujet le taraudait, le hantait. C'était son aîné, son maître et sa jambe. Aussi passa-t-il la porte de cette librairie si peu annoncé mais dont il savait de source sûre qu'elle servait une clientèle de l'envers. C'était parfaitement ce qu'il cherchait. Le tintement de la clochette attira son regard vers le haut de la porte, un symbole lunaire attira son œil. Il connaissait ce signe qu'on trouvait souvent à l'entrée de certain lieu, révélant sa nature magique. Ainsi était-il démasqué, en franchissant à peine la porte. La bonne nouvelle était qu'il était à présent certain que cette librairie recelait d'ouvrages occultes. Ses prunelles noires comme le charbon perçaient cette sombre femme qui dévoilait sa présence. Silencieux, il la jaugeait sûrement... Mais pour être honnête, ce n'était pas tant elle-même qui l'intriguait, c'était quelque chose qui appelait sa magie nécromancienne. Il la déployait, religieusement, sans en montrer le moindre signe, alors qu'il lui répondait avec un calme occultant ce qu'il était en train de faire. « Bonjour Madame, assurément, celui qui m'a averti que vous jouissiez d'une double clientèle ne m'a pas trompé. »

Un silence, son regard s'évadait, sur les murs, le plafond... Puis resta figé sur elle. Il les entendait. Un homme et un enfant, il en était certain. « Je cherche... Un ouvrage sur les loup-garous. Plus précisément les blessures qu'ils infligent. Je ne parle pas des morsures contagieuses mais des plaies qui ne peuvent se refermer. » Même par magie, ce n'était pas faute d'avoir essayé sur la jambe d'Howard. « Auriez-vous ce genre de chose ? Et de préférence, quelque chose que je n'ai pas encore lu. » Son ton était presque désespéré. Il avait beaucoup lu sur le sujet, sans vraiment rien trouver, Howard en avait fait de même. A l'exception d'une bénédiction angélique, rien ne semblait pouvoir en venir à bout. Il y avait de fortes chances pour qu'il ne trouve pas son bonheur mais... Il ne perdait pas espoir et continuait ses recherches.

Coup de langue agacé, prunelles noires guettant le vide. Il les entendait, c'était un triste sort qui était le leur, sans qu'il n'ose aller plus loin sur les motifs de cet emprisonnement sans l'accord de son hôte : « Pardonnez-moi si cela est déplacé mais... Qui est cet homme et cet enfant que vous retenez d'entre les morts, Madame ? » Ton grave, posé, une voix venant presque d'outre tombe. Il ne ressemblait aux autres Earl que lorsqu'il usait de sa magie occulte. Elle lui donnait une allure étrange, il avait l'air bien trop pensif pour paraître sain d'esprit au commun des mortels.


Mar 27 Oct - 19:19
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L'homme dégageait quelque chose de fort. Son aura magique était subtile mais... saisissante. Poli, c'est avec une courtoisie d'un autre temps qu'il salua la sombre femme. Il ne mit pas longtemps avant de voir le symbole au dessus de la porte et Ayzebel se contenta de le fixer en silence. Une double clientèle oui, c'était une bonne façon de rentabiliser son temps de travail et de faire des bénéfices. Mais la lecture des sorciers était d'une tout autre nature et se révélait cher... très cher. Voilà pourquoi la plupart ne venaient pas acheter. La banqueroute n'était pas loin, heureusement Ayzebel trouvait toujours un moyen de payer ce qu'elle devait, à temps. Bien vite le client lâcha la raison de sa présence, toujours sur ce même ton courtois, presque galant. C'était rare à cette époque de voir un homme s'exprimer ainsi, celui-ci était à peine plus vieux qu'elle. Il provenait probablement d'une famille ancienne, riche sans doute... Un homme du bas peuple n'aurait pas cette allure, ni cette façon de parler. Se décidant enfin à bouger, Ayzebel recula doucement et lâcha en pivotant sur elle-même.

« De ce que je sais, seul un ange pourait venir à bout d'une telle blessure... Je doute qu'il existe un autre moyen, mais j'ai peut-être quelque chose pour vous. Cependant je ne garantis pas que vous y trouviez la réponse attendue. »

Alors qu'elle se dirigea à nouveau vers les escaliers donnant sur le sous-sol, la sorcière se figea. Que venait-il de dire, là ? D'abord silencieuse, Ayzebel resta perplexe avant de pivoter le visage et de lancer un regard noir à son client. Un homme, un enfant... Tous deux morts et retenue ici chez les vivants ? Une blague, forcément... Impossible. Ou bien alors c'était encore un coup monté de Lucinda. Cette vieille harpie n'aurait donc pas de cesse de s'acharner sur elle ? User de Damian et son fils comme d'une arme, même elle ne s'abaisserait pas à cela. Jamais...

« Qui êtes-vous ? »

Sa voix vibra de magie, faible mais grondante. La sorcière se voulait volontairement menaçante. Sa mâchoire se serra sous la colère, si forte qu'elle en eut mal aux gencives.

« Je ne retiens aucune âme ici, monsieur. »

Elle refusait de croire que Damian pouvait-être là. Cela faisait des années qu'il était mort ! Eh bien que tous deux étaient la preuve que l'impossible était possible, aux yeux de la brune la simple pensée que son époux et leur enfant soient emprisonnés ainsi, bloqué dans ce plan où ils n'avaient pas leur place, la rendait malade. Détournant le visage, Ayzebel emprunta l'escalier. Ne pas craquer, ne pas rejeter sur lui sa colère, ne pas entrer dans le jeu... Dans le sous-sol, elle observa ses étagères puis fouilla ses tiroirs et sortit un minuscule journal attaché par un ruban de soie et l'observa. C'était ce qu'il voulait... Par vengeance Ayzebel aurait pu feindre de ne pas l'avoir trouvé, elle pouvait le chasser de sa boutique et oublier ce qui venait de se produire... Mais comment ignoré cela ? Impossible. Dans un soupir résigné, elle souleva le bas de sa longue robe sombre et remonta les marches lentement avant d'émerger dans sa boutique pour toiser froidement le sorcier. La méfiance était de mise, elle ne savait rien de cet homme, ce qu'il attendait d'elle réellement. Il ne valait mieux pas le vexer, cependant, les choses devaient être claires. Agitant le journal, la sorcière entrouvrit les lèvres et souffla, arquant un sourcil tout en soutenant le regard sombre de l'inconnu.

« Ce journal a été écrit il y a plus de trois cents ans... C'est une langue nordique que je ne sais déchiffrer totalement. Un loup l'a écrit, il y décrit sa vie, sa transformation et tout ce qui touche de près ou de loin à sa condition. Mais n'ayant pas les connaissances linguistiques nécessaires, je n'ai pu en lire qu'une toute petite partie... C'est tout ce que je possède. Je n'ai rien d'autre sur le sujet... Vous devrez donc vous en contenter. »

Lentement elle s'approcha et tendit le livre au sorcier. Malgré la méfiance et la rancœur, la femme n'hésita pas à lui donner le grimoire et murmura.

« Savourez cette lecture monsieur... Ce genre de livre ne court pas les rues. Un tel ouvrage n'a pas de prix, je pourrais donc vous demandez une somme conséquente... Au lieu de quoi je vous l'offre, tout ce que je demande en échange c'est que vous quittiez ma boutique, ne revenez pas. »

Alors que son incroyable regard émeraude se dardait à nouveau sur le sorcier, dans son dos les murmures s'élevèrent, inquiétantes plaintes de l'au-delà, supplique douloureuse souvenir d'une vie oubliée.

Ne la laissé pas vous chasser...
Elle doit savoir... Aidez-nous...
Pitié....

Mar 27 Oct - 21:28
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann fut assez satisfait de l'entendre parler des anges. Au moins, elle connaissait le sujet et ne vendait pas des livres de valeur juste pour l'argent. Elle était hautement renseignée et une fervente lectrice : voilà qui donnait confiance, ce genre de personne ne courrait pas les rues parmi les occultes du Secret. Les mieux informés étaient les chasseurs et les exorcistes mais un sentiment le retenait, lui susurrait qu'il n'était pas bon, pour lui le sorcier, d'approcher de trop près des êtres qui le voyaient fort bien flamber sur un bûcher. Hélas, elle ne lui fournissait qu'une réponse qu'il avait déjà en sa possession. Les anges avaient un pouvoir de guérison extrêmement puissant et pouvaient assurément venir à bout de bien des blessures, même les plus récalcitrantes. « Aucun ange du Seigneur n'est assez miséricordieux pour tendre la main à un suppôt du Malin. Je crains qu'il me faille m'en remettre à votre proposition. » Il avait beaucoup lu, il lirait encore, rien n'était trop beau pour apporter enfin une solution à son jumeau. Cette jambe était un frein pour lui, même s'il l'avait aisément surpassé, il n'en demeurait pas moins vrai que ça représentait un handicap.

Question, il lui posa, la réponse le fit arquer un sourcil. Son identité ? Il ne s'y était pas véritablement attendu. En fait, ce n'était pas une réponse à sa question, la vraie réponse était dans les yeux si pleins de colère de cette femme. Elle était menaçante, grondante. Il hésita et ne répondit finalement pas, ne sachant sérieusement pas quel propos saurait le préserver de ses foudres ou l'y placer juste dessous. Il cherchait à comprendre ce regard si terrible, à en percer les secrets mais il n'était pas un as en la matière et savait bien mieux interroger les dépouilles funéraires que les yeux des vivants. Elle lui annonçait ne détenir aucune âme et si Morghann se pouvait comprendre ce qui animait tant de trouble chez cette femme, il était toutefois certain de ce qu'il avançait et que deux âmes étaient ici prisonnières. Ce qui l'éclairait son horizon. Car soit elle avait conscience de leur présence et sa colère provenait du fait qu'il l'ait découvert. Soit elle l'ignorait vraiment, et sa colère avait quelque chose d'étrange et il devait avoir effleuré un point sensible. Il ne chercha à la retenir d'aucune manière, la laissant descendre l'escalier. En son absence, il caressait le doux voile qui séparait leur monde de celui des morts. Il aurait pu l’attraper, le déchirer ou tout du moins le lever, ne serait-ce légèrement, pour découvrir cet homme et cet enfant qui ici étaient retenus. Mais probablement par respect pour cette femme qu'il méconnaissait et pour son intimité, il n'en fit rien. Il poussa un lourd soupir de frustration, de ne pouvoir que s'approcher du rideau sans l'ouvrir.

Elle revint et son regard n'avait pas perdu de sa colère. L'ouvrage attira son attention, il était petit, ses feuilles bien fragiles : ce n'était pas étonnant qu'il avait 300 ans. C'était un exemplaire unique à n'en pas douter, il ne pouvait l'avoir déjà lu et peut-être apprendrait-il quelque chose de nouveau ? Il l'espérait, et avait besoin de conserver cet espoir sauf envers et contre toutes les déceptions. La langue nordique lui fit marque ses lèvres d'un sourire amusé. Il était le fils de Pryam Earl certes, famille fondatrice de cette ville mais il était également l'enfant Victoria Earl, née Sihvonen, la seconde famille fondatrice de Last End. Si la première était purement britannique et très noble, la seconde provenait de Finlande aux ancêtres vikings. C'était des nordiques et fort de cette double filiation, Morghann aurait certainement moins de peine de la libraire à en faire la lecture. « C'est parfait. » souffla-t-il en saisissant le frêle ouvrage qui nourrissait ses espérances du moment. Il caressa pensivement sa rugueuse couverture et son tendre ruban de soie avant de redresser ses prunelles noires vers la sombre dame, s'apprêtant à lui demander combien il lui devait.

Il fut coupé dans son élan d'un bien singulière façon. Non seulement elle le lui offrait mais de surcroît, elle lui ordonnait de ne surtout pas être un client fidèle. Ce n'était pas ainsi que ses affaires seraient florissantes, il en doutait. « Voilà qui explique votre sublime vitrine. » conclut-il, cynique au possible. Il parlait évidement de la vitrine qui n'existait pas et qui avait certainement pour conséquence de n'offrir la visite que de si peu de clients. A agir avec tout autre comme elle agissait avec lui, sa vitrine ne verrait jamais le jour. Ses yeux noirs fixaient les émeraudes qui lui faisaient face. Il lui adressa un fin sourire pour lui souligner qu'il n'en était pas vexé mais qu'il serait dans son intérêt à elle qu'elle ne traite pas ainsi chacun de ses clients. « Je vous remercie et... » Il s'arrêta, son regard dévia vers quelque chose qui n'existait derrière la jeune femme. Officiant à l’œuvre de la nécromancie, il savait manipuler cet au-delà et l'avait toujours avec soin et respect. Les voix-là n'était pas heureuses et ça l’irritait. Son domaine de prédilection était bafoué, elle avait éveillé des morts, jouant de nécromancie sans le savoir et surtout sans savoir la maîtriser. Il serra les dents, coupant sa parole et reportant un regard semi-agacé, semi-désolé sur elle : « Et je suis navré de vous avoir blessée. Ce n'était pas dans mon intention, je vous l'assure. » Il l'avait blessée, maintenant il le savait, maintenant que les voix lui avait confirmé l'ignorance de cette femme, il savait qu'il l'avait heurtée sans aucune subtilité.

« Je suis Morghann Earl, ma famille est la gardienne des morts et je peux vous affirmer sans le moindre doute que vous retenez un homme et un enfant loin du repos qu'ils méritent. La nécromancie n'est pas un art à prendre à la légère, c'est avec des âmes que nous dansons. Nous leur devons le respect, nous les vénérons et avec eux, nous nous associons. Nous les invoquons, les manipulons, ils nous servent mais jamais, Ô grand jamais indéfiniment. Vous ne pouvez retenir ceux qui ont connu le trépas des mois et des années durant. Ça les torture, ça les insulte, ça les souille et un jour, ça déclenche leur colère, esprits vengeurs, et ça vous tue. Ça les blesse, et par extension, ça m'irrite. » C'était dans sa nature. Il n'était pas aisé d’entendre leurs plaintes, à ces âmes adorées, tout nécromancien qu'il était, sans s'en sentir au moins irrité, sinon révolté. « Je peux passer cette porte si c'est ce que vous désirez, mais que le Ciel et l'Enfer en soient témoins, si ce n'est par respect pour ces deux êtres, faites-le au moins pour préserver votre vie. Vous ne gagnerez pas ce combat contre eux. Laissez-les partir. »

Mar 27 Oct - 23:59
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Oui, aucun ange du seigneur n'était assez malin pour aider un sorcier. Suppôt du malin... Quelle tragédie. Mais là était toute la subtilité de la chose, car avant d'être des sorciers, ces êtres était avant tout des humains. Des hommes, créatures de Dieu... C'était un défi, une chance à saisir. Qu'est-ce qui l'empêchait de convaincre un ange ? Il pouvait espérer de l'aide, il pouvait l'avoir même, s'il savait s'y prendre. Montrer son humanité était sans aucun doute la clé pour réussir ce défi.

« Puis Dieu dit: " faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. " Et Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu: il les créa mâle et femelle.»

Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de la femme qui citait le livre de la Genèse. C'était là sa façon de le mettre sur la voie. Laissant son bras retomber lentement le long de son corps, elle continua de fixer son client et souffla simplement.

« Si la solution réside auprès des anges, alors adoptez une autre approche. Vous seriez étonné des bien faits que peut apporter la lecture de la Bible. »

Ayzebel aurait aimé être plus utile mais c'est tout ce qu'elle pouvait lui offrir. Les anges, elle s'en étaient toujours tenu loin, préférant de loin la compagnie des ombres. Mais là, c'était d'ordre professionnel, bien plus qu'une simple libraire, ses connaissances et son raisonnement étaient fait pour être utilisés. Cet homme était venu chercher de l'aide, elle le faisait dans la mesure du possible. Mais bien vite les anges furent un lointain souvenir alors que le sorcier s'excusa de l'avoir blessé et contre toute attente, Ayzebel fut frappé de pleins fouets par la sincérité de ces paroles. Interdite, la sombre femme déglutit difficilement et hocha légèrement de la tête sans un mot. Elle se voulait conciliante, après tout cet homme n'avait pas cherché à lui nuire... C'était là le principale. Mais le doute persistait, ce qu'il avait senti demeurait et ce n'était pas un souci à prendre à la légère. Damian était là et si elle-même n'était pas capable de le sentir, lui le pouvait.

L'homme finit par se présenter et contre toute attente c'est avec un nom d'une renommée effrayante qu'il s'afficha. Un Earl... Une boule au ventre, Ayzebel prit une longue inspiration. Une chance que lui aussi soit conciliant et patient car la verve dont elle avait fait preuve juste avant aurait pu lui coûter très cher. Se mettre à dos l'une des grandes familles de Last End n'était pas la meilleure chose à faire. Consciente de sa positon délicate, Ayzebel pinça les lèvres et inclina respectueusement le visage avant de le fixer de nouveau. Morghann expliqua ce qu'il allait advenir de ces âmes prisonnières... Ce fut doublement difficile à encaisser, déjà savoir son mari et leur fils bloqué ici depuis tout ce temps, savoir ensuite que cela allait se dégrader jusqu'à devenir particulièrement mauvais...non. Ce malheur devait l'affecter elle seule et malgré sa haine et sa tristesse, la seule chose qu'elle avait désirée pour eux, fut la paix. Une paix qui n'avait finalement, jamais existé...

Le regard de la sorcière changea du tout au tout. La noirceur la quitta et pendant quelques instants cette lueur humaine revint dans l’émeraude de ses yeux larmoyant. Comment gérer une telle chose ? Malgré sa quête de pouvoir ce n'était pas dans ses compétences de les envoyer là où ils devaient être. L'angoisse, la douleur... Inspirant longuement, Ayzebel ravala ses larmes. Elle n'arrivait même pas à bouger, tétanisée à l'idée de savoir Damian juste là, à la voir ainsi. Non... Pleurer elle ne le devait pas, il était hors de question qu'il voit ça, tout comme Daryn. D'une voix étouffée, Ayzebel eut le courage de parler, son timbre trahissant sa détresse.

« Vous pouvez les aider à traverser ? »

Dites-lui... Qu'elle ne doit pas s'empêcher de pleurer...
Dites-lui... Qu'elle doit vivre, avancer...
Dites-lui qu'elle doit refaire sa vie...
Qu'elle ne reste pas accrochée à sa douleur...
Dites-lui que nous l'aimons... Pour toujours....

Mer 28 Oct - 0:39
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Avec une attention respectueuse, Morghann l'écouta réciter la Genèse incertain de parfaitement entrevoir là où elle souhaitait le conduire avant qu'elle ne lui intime une direction. Il était humain. Il avait cette chance : ses pouvoirs avaient été hérités de famille, depuis bien des générations, il n'avait pas eu à vendre son âme et en quelque sorte, il pouvait ainsi garder toute son humanité jusqu'à la fin de ses jours. Toutefois la Bible disait aussi ''tu ne laisseras point vivre la magicienne.'' Voilà qui mettait un terme à une possible rédemption. Qu'importe la voie qu'il choisirait, qu'importe l'approche, aux yeux des Anges, protecteurs du Bien, il avait été corrompu et représentait une cible à détruire. C'était du moins ce à quoi il s'était persuadé : il côtoyait beaucoup la mort mais n'aspirait pas encore à la rejoindre et ne souhaitait pas s'y risquer à moins d'être complètement désespéré par l'état de son frère et ça n'était heureusement pas encore au goût du jour. Peut-être cela viendrait-il... Peut-être devrait-il effectivement s'équiper d'une Bible. Il demeura silencieux sur le propos de la libraire, les Earl avaient beaucoup de secrets et ne se dévoilaient que s'il en était nécessaire, s'ils avaient quelque chose à y gagner, pour le moment non. A vrai dire, il n'était que peu enclin à ce concept lorsqu'il était à l'étranger, mais ici, à Last End, il se devait de ne pas égratigner la lisse apparence de sa noble lignée. Peut-être aurait-il réagi autrement, en d'autres lieux... Mais pas à Last End.

La présentation sembla porter ses fruits. Son père aurait été outré du comportement qu'affichait cette femme à son égard... mais il n'avait rien de son père, Howard l'en avait préservé. Il était seulement satisfait d'avoir actionné le bon levier pour s'éviter ses foudres. Pour le reste, il s'en accommodait. Les propos qu'il lui tint semblèrent faire leur chemin à son grand soulagement. Il découvrit de cette femme obscure une autre façade, bien moins glaciale que le marbre macabre, bien moins rigide que la mort. Le masque s’effritait, les miettes tombaient au sol. Des larmes restaient à ses yeux stagnantes, comme attirées par l'émeraude qui s’adoucissait. Cela semblait douloureux, très difficile. Morghann avait l'habitude de ce genre de situation. Il ne faisait pas que des autopsies dans son métier. C'était lui qui examinait également ces femmes violées ou battues après les sévices pour en mesurer l'ampleur, y chercher parfois des preuves. Il lui fallait obtenir leur confiance et se confronter parfois à la profondeur de leur détresse tout en restant suffisamment distant et professionnel. Le silence fut à nouveau son habit jusqu'à ce qu'elle lui réponde enfin. « Non... » répondit-il gravement. Il ne pouvait pas  les aider eux. « Si je les retenais, il me suffirait de les convier au repos pour qu'il s'en aille. Mais ce n'est pas moi qui les retient. Je ne peux faire ce travail à votre place. Mais je peux vous y aider. »

Il rangea le frêle journal dans une poche intérieure de son manteau. Il tendit la main vers la porte jusqu'à ce qu'on entende le cliquetis annonçant qu'elle venait de se verrouiller par télékinésie. Il ne pouvait prendre le risque d'être dérangé. « Exurgant mortui et ad me veniant.* » murmura-t-il, alors que sa main lentement retombait le long de son corps et que ses paupières se fermaient. Il sentit un souffle dans sa nuque, froid, par dessus son épaule. Il afficha un sourire satisfait et ouvrit ses yeux pour se tourner vers la nouvelle arrivante appelée d'outre-tombe. Elle semblait vaporeuse, en nuance de gris. Ses cheveux étaient sombres, ses lèvres maquillées, elle était gracieuse et vêtue avec raffinement dans une mode qui rappelait les années 1930. « J'aurais du me douter que ce serait vous. » lui indiqua-t-il avec reconnaissance. Que ce serait-elle qui répondrait à son appel. Elle avait toujours été si prompte à accourir lorsqu'il avait besoin de l'au-delà. Il accorda un baise-main à cette défunte matérialisée aux yeux de tous. « Le Secret à Last End est mis en péril, il me faut officier ici et maintenant. Protègez-moi de leurs yeux et de leurs oreilles. Que les ignorants le demeurent. » L'âme s'évapora en une fumée noire qui colmata la porte, semblant s'infiltrer dans les murs, le sol et le plafond. L'atmosphère devint oppressante, confinée. D'elle, ils étaient prisonniers pour leur propre protection.

Il reporta ses prunelles noires sur la libraire, s'approcha d'elle, réceptif aux voix qui lui parvenaient. Il tendit une main à son visage et de son index sembla tracer une ligne depuis les zygomatiques jusqu'en bas de sa joue. Le chemin qu'aurait du tracer une larme si elle les avait laissé couler. « Ne les retenez pas... » souffla-t-il avant d'expliquer : « Les larmes n'offensent pas les morts. Elles les honorent. Vous avez le droit de pleurer. Vous en avez le devoir, ils vous en implorent. Nous n'êtes pas plus forte en les retenant, elles vous fragilisent. » Les larmes étaient une longue histoire pour Morghann, lui qui était tant incapable de pleurer autrement que sur le sort des morts. Rien dans le monde des vivants en valait véritablement la peine pour lui, même l'être le plus miséreux avaient la possibilité de se relever. Les morts avaient une existence figée à jamais, et ne pouvaient plus racheter leur erreurs ou se battre pour que leurs rêves se réalisent. « Il n'y a rien de plus triste que l'histoire d'un défunt. Il n'y a rien de plus pur en ce monde qui mérite le moindre sanglot. » Voix pensive, regard lointain. Il les entendait à nouveau : « Vous restez ancrée dans le passé. Vous n'avancez pas. Vous revivez l'hier indéfiniment. Vous souffrez comme au jour où on est venu vous annoncer leur trépas. » Il n'inventait rien, c'était ce que ces deux personnes lui soufflaient. « Et ils le voient. Ils s'inquiètent et ne pourront partir tant que vous agirez de la sorte. Tant que vous n'accepterez pas de tourner la page et d'écrire une nouvelle histoire. Voulez-vous les voir ? »

Il reporta son regard sur elle : « Qui sont ses deux âmes pour vous aimer à ce point ? Leurs voix tremblent... Depuis combien de temps sont-ils morts ? » Depuis combien de temps étaient-ils obligés de supporter l'insoutenable pour mieux l'accompagner ? « Que leur est-il arrivé ? Pourquoi cette colère en vous ? Pourquoi vous attacher si rudement à eux ? »

* Que les morts se lèvent et viennent à moi.

Mer 28 Oct - 20:50
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Le refus eut l'effet d'une gifle.
Pourtant, avant même que la jeune femme ne réponde, le sorcier enchaîna sur la raison de cette négation. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas, mais qu'il ne le pouvait pas. Mieux encore, il propose néanmoins son aide. Le cœur de la sorcière loupa un battement alors qu'à chaque seconde qui passait elle prenait un peu plus conscience de la situation. Pour elle c'était gravissime. Damian, Daryn... Depuis toutes ces années... Eux qui n'avaient jamais rien demandé à personne, eux à qui on avait arraché la vie par jalousie. Cruauté. Alors même que Ayzebel se murait dans un nouveau silence, l'homme prononça de nouvelles paroles dans un latin parfait alors qu'une entité fit son apparition. Perplexe, Ayzebel fixa cette femme d'une autre époque. C'était la première fois qu'elle voyait un esprit, elle réalisait alors son manque d'expérience à cause de toutes ces années à renier ce qu'elle était. Tout comme lui, la sombre libraire était d'une descendante et non le fruit d'un pacte avec le diable... En soi elle en éprouvait beaucoup de fierté, savoir qu'elle détenait le pouvoir et son âme était une chose d'une valeur incroyable.

L'endroit fut rapidement isolé grâce à l'esprit et Ayzebel préféra ne pas poser de questions. Ce Morghann semblait avoir un don incroyable mais aussi terrifiant. Il ne faisait aucun doute qu'il valait mieux l'avoir comme ami que comme ennemi. Mais au vu de son comportement, qui le voudrait comme ennemi ? Cet homme se montrait patient, gentil, compatissant... Alors qu'elle-même l'avait particulièrement mal accueilli. Ayzebel le savait, cette aide elle ne le méritait pas... En revanche les deux défunts oui, c'était sur eux qu'elle devait se concentrer à présent.

Une main se tendit et un doigt glissa sur la peau d'albâtre de la sorcière qui se crispa face à ce geste. Personne ne la touchait jamais, hormis ce maudit buveur de sang qu'était Lasamiel... Et c'était rarement de la bonne façon. Relevant le regard, Ayzebel plongea son regard émeraude dans les gouffres sombres du jeune Earl. Laisser couler ses larmes . En quoi faire preuve de faiblesse honorait les morts . C'était un luxe qu'elle refusait de s'accorder depuis leur mort... Par crainte de la faiblesse mais aussi de la douleur qui allait assurément l'envahir. Un mal pour un bien, non ? À ses yeux, pleurer ne l'aiderait pas. Ayzebel détourna le visage, baissant les yeux et pivota doucement pour observer le reste de la pièce, les étagères, la lumière du jour filtré à travers l'unique vitral sur le mur de la librairie. Là... Ils étaient là, tout prêt et elle ne pouvait ni les voir, ni les entendre. Pourquoi ne pouvait-elle sentir leur détresse ? Ainsi elle les faisait souffrir, eux qui avaient déjà subi bien plus qu'ils ne le méritaient.

« Damian... Et Daryn. Mon mari et mon fils... Tué... Non, assassiné, dans un accident de voiture. »

Le regard vide, la jeune femme retint son souffle. Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas parlé. En fait aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours refusé d'en parler, pas même à sa propre mère.

« On dit que la jalousie est un bien vilain défaut... Eh bien je vous le dis monsieur Earl, en réalité c’est un péché mortel. »

À nouveau la sombre femme pivota pour le fixer. Il était là, tout proche d'elle et étrangement il semblait moins impressionnant qu'à son arrivée.

« Les querelles familiales peuvent pousser des gens à agir de drôle de façon... Je tairais le nom de la coupable... Mais ce que je peux dire en revanche, c'est qu'il y a trois ans, elle s'est arrangé pour que mon mari décède en voiture... Le destin a voulu qu'avec lui se trouve notre fils de deux ans. »

C'était comme si Ayzebel venait d'avaler des lames de rasoir. Le poids dans son estomac devenait plus dur à supporter à chaque instant. Si elle voulait les voir . Oh que oui... Car en plus de la priver de sa famille, on l'avait privé d'un adieu pourtant capital. Alors que la femme continuait de fixer le nécromancien, une perle parfaitement lisse et transparente glissa de son œil pour rouler lentement sur sa joue. Une seule et unique larme, la seule qu'elle pouvait offrir, qu'elle avait retenu depuis si longtemps. Les paupières de la sorcière se fermèrent doucement, douloureusement alors que la goutte glissa jusqu'à sa mâchoire, laissant un sillon humide sur sa joue pâle. Elle avait fait déjà bien plus à cet instant qu'au cours de ces trois années. Parler, pleurer. C'est assez...

« Je ne veux pas les voir... je veux juste qu'ils partent en paix. À jamais. »

Mer 28 Oct - 21:47
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann la laissa lui échapper, chercher ce qu'elle ne pouvait voir. Lui non plus par ailleurs, mais au moins, il pouvait les entendre, communiquer avec eux sans avoir à déchirer le voile si fragile qui séparait la vie de la mort. Il lui était perméable : les murmures d'outre-tombe étaient accessibles. La libraire était donc veuve et son enfant lui avait été arraché. Curieuse coïncidence s'il en était. Peut-être aurait-il du s'en sentir touché... Mais il n'y parvenait pas. Probablement parce qu'il n'aurait jamais pour eux autant d'amour que cette femme en avait eu pour les siens. Loin d'être un monstre pour autant, Morghann avait vécu cette relation plusieurs années avec un certain détachement. Là n'avait jamais été sa place. Il aurait du être aux côtés de son frère depuis bien longtemps, ce n'était que seulement maintenant qu'il se sentait complet. Toutefois, cette famille perdue il y a si peu de temps avait été un confort, un cocon où il avait pu se reposer en paix, dans ses bras une femme, à ses côtés un enfant.

Une fois n'était pas coutume... Il ne lui en laissa aucun indice sur le sujet si ce n'était l'expression déconcertée qui régnait dans ses prunelles noires. Les Earl ne se dévoilaient que peu, sinon jamais, sans en avoir en retour un paiement conséquent. Il n'y aurait rien gagné présentement, il gardait alors ses secrets, savamment, derrière un masque qui ne lui allait pas tant. Ailleurs qu'à Last End, il aurait réagi autrement. Il lui aurait dit qu'il la comprenait, que le déchirement était pesant et combien femme et enfant lui manquait. Ç’aurait été sans mentir, de l'attachement le retenait encore à eux, mais c'était parce que l'événement était récent, cela finirait par s'estomper. Il baissa les yeux, sinon pour masquer son veuvage, au moins par respect pour elle et les propos lourds qu'elle lui tenait.

Il ne la fixa à nouveau que lorsqu'elle se retourna, là, tout près de lui, lui parlant de la jalousie comme un pêché mortel. Il connaissait la jalousie pour en être lui-même fort imprégné dès lors qu'il s'agissait d'Howard. Il n'aurait toléré qu'aucune personne ne prenne plus de place que le cadet dans son cœur. Il aurait bouillonné jusqu'au plus profond de son être et oui... Peut-être aurait-il été capable également de tuer pour le garder. Mais pas Howard. Il aurait tué celui qui lui volait. « Je ne vous contredirai pas sur le sujet, Madame. » laissa-t-il échapper, bien qu'il ne lui indiqua pas ce qui le poussait à un pareil accord. Et quand bien même elle lui demanderait ses motifs, il les lui refuserait. La situation s'éclairait à ses yeux. Elle avait perdu mari et enfant, assassinés par jalousie, par une femme de sa propre famille. Voilà qui était pour le moins violent, et pour Morghann pas tant étranger que cela. La famille Earl avait aussi ses perles de déboires. Les comptes se réglaient en secret, dans l'ombre. Jamais de grand cris, jamais de grand éclats, noblesse oblige. Mais cette fois-ci, il ne l'appuya pas sur ses paroles. La famille Earl portait un masque de grandeur et de perfection qu'il aurait été malvenu de sa part de le briser.

« Qui qu'elle soit, elle désirait votre souffrance. » fit-il gravement, plongeant les ténèbres de ses yeux dans les yeux. « Et vous lui servez sur un plateau d'argent. Chaque jour depuis trois ans, vous acceptez de bon gré ses chaînes. Brisez les. Ne lui accordez pas cette jouissance. » Sa voix finit en un murmure à la vision de cette larme, unique et pourtant si pure qui traçait un chemin macabre sur le visage de la libraire. C'était saisissant. Lorsqu'elle ferma les yeux, il resta de longues secondes à contempler son visage. Il l'enviait de savoir pleurer sa propre douleur. Morghann n'y était jamais parvenu. Aucun instant lui avait paru aussi triste de l'histoire que les défunt lui contait. Cette larme de toute évidence n'avait pas été aisée. « Alors ne vous retournez pas. » fit-il, calme, brisant le silence enfin alors qu'il passait une main par dessus son épaule, effleurant de ses doigts le délicat voile de l'au delà. Le nécromancien matérialisait dans le monde des vivants une part du royaume des morts, derrière ce voile occulté. Puis, lorsqu'il saisit le tissu, on l'entendit se déchirer à mesure qu'il l’attrapait et le tirait vers lui sans forcer : c'était suffisamment fragile pour qu'il puisse agir avec délicatesse. Les murmures emplirent la pièce : il n'était plus le seul à les entendre. La libraire le pouvait aussi, elle pouvait aussi les voir s'il lui venait l'idée de se retourner. « Vous n'êtes pas obligée de les regarder... Gardez d'eux l'image de leur vie. Ils sont... fatigués. » Ils étaient cernés, leurs traits tirés, leurs vêtements usés par le temps. Ils tombaient en lambeaux alors non... Effectivement, mieux valait pour elle qu'elle ne se retourne pas.

« Je n'ai jamais vu ses âmes tenir aussi longtemps sans vous devenir nocifs... Trois ans c'est une éternité... » Il reporta son regard sur elle. « C'est à vous de les faire partir. Faites leur la promesse qu'ils attendent. Ne leur mentez pas, soyez sincère. »

Jeu 29 Oct - 22:47
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Lucinda, lui vouloir du mal . C'était une évidence. Cependant Ayzebel n'avait jamais compris pourquoi cette maudite femme était parti dans une telle extrémité. Tuer par vengeance, deux âmes innocentent. Mais il elle avait Aimé Damian, elle l'aurait laissé vivre, faire ce qu'il aimait, auprès de ceux qu'il aimait. Elle l'aurait laissé être un père et un mari dévoué . N'est-ce pas là ce que l'on fait pour ceux que nous aimons ? Sacrifier notre propre bonheur au détriment dû leur. Ayzebel le savait, si Damian avait choisi Linda, elle l'aurait accepté, peu importe la douleur que cela aurait occasionnée. Lorsque le Morghann lâcha qu'elle servait sa souffrance sur un plateau d'argent, la jeune femme le toisa d'un regard sévère et triste, accusateur. Et qu'aurait-elle dû faire, alors ? Tout le monde ne gérait pas sa douleur de la meilleure façon qui soit, si c'était si simple cela ne serait pas si... douloureux. Cependant ce regard ne dura pas, elle n'avait pas le cœur à être sévère envers qui que ce soit si ce n'est elle-même. Le dos tourné au voile, elle pouvait le sentir, lui et sa magie... Incapable de regarder les défunts, elle sentait son cœur palpiter avec force dans sa poitrine. Si cela n'avait tenu qu'à elle, Ayzebel aurait sauté dans ce voile à pied joint pour les rejoindre.

Les Paroles de Morghan furent comme un coup de couteau dans le ventre Fatigué . Évidemment... Depuis tout ce temps. L’idée même de les avoir ainsi retenu tant d'années, d'avoir causé une telle souffrance à sa famille la rendait malade de rage et de désespoir. Dans le dos de la sorcière, Damiam approcha, tenant dans ses bras un petit garçon. L'enfant était aussi brun que sa mère mais avait les yeux bleus de son père. L'homme observa le dos de son épouse alors que l'enfant tendit la main, caressant les boucles d'ébène de sa mère. Elle ne pouvait pas le sentir, mais lui, malgré son âge et sa condition, semblait parfaitement conscient qu'il la voyait pour la dernière fois.

Ma...man.

Plaquant une main sur sa bouche, Ayzebel s’empêcha de pleurer alors que son regard fixait le sol, choquée. Oui, les murmures... elle les entendait à présent. La voix de Daryn, fluette et fatiguée... La violence du choc manqua de la faire défaillir alors que la femme resta immobile.

Nous t'aimerons toujours... Ayzebel...
Ne laisse pas ta haine te ronger...
Sois forte...

Fermant les yeux, la sorcière écouta les paroles de son mari. Comment le pouvait-elle ? Sans lui, qui était son pilier. Il était mort. Daryn était mort... Et elle était seule. Désespérément seul sans rien ni personne à quoi se raccrocher. Qui serait assez fou pour apprécier cette femme austère et sombre ? Seul la mort et les ténèbres le pouvaient...

Maman... Maman...

La supplique de l'enfant lui brisait le cœur. Et elle restait là, murer dans un silence sans fin alors que l'Earl avait ouvert le passage pour rendre enfin leur paix aux défunts. Lentement, Ayzebel ouvrit les yeux et glissa son regard larmoyant vers Morghann. Pourquoi cherchait-elle du soutien dans ses yeux à lui ? Il n'était que le passeur... Peut-être parce qu'il était le seul vivant de cette pièce hormis elle, qu'il était le seul lien entre les morts et la sorcière. Ayzebel aurait aimé savoir quoi dire, quoi faire... Mais ce n'était pas le cas. Il n'y avait aucun mode d'emploi pour apprendre à gérer ce genre de situation. Et ce n'était pas comme si elle pouvait en parler à un psy... Il fallait subit, en silence. Inspirant longuement, la sorcière finit par ouvrir la bouche et souffla.

« Je veux... Que vous partiez en paix, Damian. »

L'homme baissa le visage, fermant les yeux. C'était comme si le soulagement lui redonnait des forces. L'enfant continua de fixer sa mère qui s'adresser enfin à lui.

« Daryn ? Mon amour... Tu sais que maman t'aime... de tout son cœur... »

Maman...

« Tu vas aller avec papa, vous serez bien là-bas... Et un jour, peut-être... Je vous y retrouverais. »

Nous t'aimons Ayzebel, ne l'oublie jamais...

Enfin, l'homme pivota, faisant face au voile. Son dernier regard ne fut pas pour sa femme mais pour le sorcier. Un regard remplit de gratitude, de joie et tristesse mêlée.

Merci... infiniment...
Veillez sur elle, s'il vous plait...
Sa solitude est un poison...

Et dans un dernier souffle, l'homme passa le voile, disparaissant de la vue des vivants. Ayzebel put sentir ce poids la quitter. Si cela aurait dû être soulagement, il n'en fut rien. Elle prenait conscience que ces trois ans à les retenir, c'est là qu'elle avait puisé sa force... Celle de tenir debout, de vivre d'avancer... Comme si inconsciemment elle sentait qu'il était là chaque jour. Mais à présent, seul le vide demeurait. Une puissante solitude accompagnée d'un voile de ténèbres... Ayzebel étouffa un sanglot et pris appuie sur le comptoir de la librairie pour ne pas s'écrouler de douleur. C'était fini, ils étaient partis, pour de bon.

Sam 31 Oct - 12:13
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Morghann Earl
L'étrange sous la normalité : Enfant cadet du Patriarche Earl, il est un héritage refusé, s'extrayant de la nécrose gangrénée de sa famille.
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Morghann Earl
Morghann accueillit son regard accusateur sans flancher. Il ne démordait pas de ses propos. Même s'ils étaient rudes, ils étaient la vérité et s'il avait pris le soin de les prononcer, c'était pour qu'elle en prenne pleinement conscience. Il entendait qu'on puisse souffrir suite au décès d'un proche, mais en leur nom, on avait aussi le devoir de se relever et de rire de la vie qu'on leur avait, à eux, si rapidement arrachée. Aucun ne voudrait que l'être aimé souffre le restant de ses jours, les morts voulaient que les vivants jouissent de cette vie qu'eux n'avaient plus. Il y avait quelques exceptions, toujours. Mais dans la grande majorité, le bonheur d'un amour valait plus que de désirer son malheur et son effondrement progressif.

L'attention du nécromancien fut reportée sur les défunts. Ils étaient fatigués assurément et Morghann tentait de les imaginer tels qu'ils furent autrefois, hors de ces cernes, de ces traits tirés. Il leur donnait d'autres vêtements, plus en état et un sourire sans peine au visage. Il les contemplait avec le respect qu'il devait aux morts, il n'avait jamais cherché à les blasphémer et aujourd'hui ne serait pas le commencement. A l'approche de ses deux êtres toutefois, il éclaira son attention, par crainte qu'ils n’entraînent la libraire avec eux en désespoir de cause. Trois ans c'était extrêmement long mais ces deux là semblaient véritablement forts. Premier appel du petit et elle en fut terriblement touché. Par bienséance, il n'osait la soutenir, du moins physiquement. Alors son regard, sur elle, s'accentua, se revêtant de compassion à son égard.

Mais elle ne le regardait pas. Le sol semblait être d'un bien meilleur intérêt. Elle se murait dans un silence terrible. Il aurait voulu la secouer, lui dire que les défunts attendait une réponse d'elle... mais il ne voulait la brusquer, l'acte était suffisamment ardu pour elle. Lorsque ses yeux larmoyants refirent surface, il en fut saisi et serra les dents. Il la regardait, il la dévorait, il ne la lâchait pas, il la soutenait. Elle en vint à ses demandes, enfin formulées, un fin sourire sur ses lèvres la félicitait. Vers les morts, ses yeux sombres furent attirés lorsqu'à lui on s'adresser. Il inclina respectueusement la tête pour réponse à leurs remerciement. La solitude était un poison et lui même y avait amèrement goûté : « Je le sais, il est abjecte. » avait-il soufflé. Si des secrets les Earl avaient auprès des vivants, les morts à tout instant n'avaient droit qu'à la vérité. Sa solitude fut alors avouée aux oreilles d'Ayzebel, cette solitude qui l'avait poussé à revenir à Last End pour retrouver le seul et l'unique véritable membre de sa famille. « Vous l'avez bu pour elle, jusqu'alors. » d'où leur état et leur souffrance. Il acquiesça de la tête. Il prendrait cette femme sous son aile, cette femme qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, mais qui par un serment aux morts devenait sa protégée.

Ils disparurent et d'un geste ample du bras, il envoya le voile arraché qu'il tenait encore en main. Une brûlure souda l'objet à sa place et l'autre monde ne fut plus qu'un lointain souvenir. Il reporta son attention sur la libraire qui, sur le comptoir, venait de s'appuyer en proie à la douleur. Il vint poser une main fort sur son épaule, la tirant doucement mais sûrement vers l'arrière, pour la redresser. « Vous leur avez fait une promesse, Madame. Ils n'ont pas tenu tout ce temps pour que vous faiblissiez maintenant. Ne rendez pas leurs efforts vains. » Il relâcha son épaule. « Vous devriez aller voir des amis, sortir, vous changer les esprits. Il me faut vous quitter pour l'instant, je suis attendu mais... »

Il marqua une pause, silencieux face à son dos. Il posa sa carte sur le comptoir : « Appelez-moi, si vous en ressentez le besoin. » Une invitation, c'était tout ce qu'il pouvait pour elle. Il ne pouvait pas l'obliger à le laisser entrer dans sa vie ainsi, du jour au lendemain. Il recula.

« Annabelle ? » appela-t-il observant les murs desquels une fumée noire s'échappait, se rassemblait dans un point de la pièce et matérialisait cette même femme qu'il avait un peu plus tôt invoquée. « Vous avez été parfaite. Merci. » Sourire fantomatique puis son ombre le traversa. Il laissa échapper un grognement sur le coup, manqua une respiration, des larmes sans sanglots coulaient de ses yeux. Il n'y avait rien de plus triste que l'histoire des morts, ne l'avait-il pas dit ? Et l'histoire d'Annabelle était horriblement triste. Elle était dans son dos et revint lui faire face, se satisfaisant de ses larmes, le gratifiant d'un sourire : « J'ai encore besoin de vous. J'ai besoin que... Vous veillez sur elle, ponctuellement. » Il parlait d'Ayzebel et l'esprit l'avait bien compris : « Prévenez-moi si elle choit. » Si la libraire ne venait pas vers lui avant qu'il ne soit trop tard, alors ce serait lui qui viendrait à elle. Il quitta la boutique.

Sam 31 Oct - 23:29
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Une nouvelle page d'histoire | Début septembre 2015
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