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  Rencontre oppressante | Octobre 1999

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"Où est... ta robe ?"

Lâcha la voix sifflante et autoritaire de Galéa debout dans le l'entrée Croisant les bras sur sa poitrine, la matriarche darda ses yeux noisette sur l'adolescente qui venait de faire irruption à son tour. Taille moyenne et fine, Ayzebel était une adolescente pas bien différente des autres si ce n'était cet incroyable regard d'une clareté saisissante et son épaisse tignasse bouclée aussi noir que pouvait l'être les yeux des Earl. Physique, elle et sa mère n'avait aucun point commun, mentalement.... tout autant. La jeune fille soupira, détournant le regard alors que ses bras ballant le long du corps finirent par s'ouvrir.

"Ayzebel... Nous étions d'accord sur le fait que tu devais porter cette robe. Et par pitié, ne peux-tu donc pas dompter cette crinière qui te fait office de chevelure ?"

Doublement agacée face à l'allure de sa fille, Galéa inspira longuement, s'approchant vivement de celle-ci. Aussitôt, elle s'empressa d'attraper mes cheveux de sa fille, essayant de les entortiller en un chignon grossier ce qui ne tarda pas à mettre l'adolescente en colère. Agitant la tête, Ayzebel détourna le visage et recula, geignant.

"Mais maman! Arrête je ne suis plus une petite fille!"
"Oh vraiment ? Dit celle qui n'est même pas fichu d'écouter une seule consigne de ma part."
"Mais c'est qu'une robe maman.... bon bah si y a que ça pour te faire plaisir, je vais aller me changer..."
"Trop tard, enfile tes chaussures on y va! On va être en retard sinon."
"Mouais..."

Peu enthousiaste, l'adolescente s'exécuta et suivit sa mère hors de leur logement pour finalement prendre la direction de la voiture. Le trajet à travers la ville se fit simplement, il ne fallait pas bien longtemps pour rejoindre le quartier historique pourtant, ce fut encore trop long au gout de la jeune fille qui ne trouva rien de mieux que d'observer son minois dans la petite glace, essayant de percer un bouton sur son menton. Ecoeurer, Galéa tendit la main et frappa celle de sa fille, s'écria.

"Pitié Ayzebel c'est dégoutant! Laisse donc tes comédons tranquille!"
"Oh ça va hein... t'as jamais essayer de te percer les boutons, toi ? Ce qui est dégoutant c'est d'avoir ces machins sur le visage... regarde moi ce massacre m'man..."
"A ton âge c'est normale... Maintenant arrête, tu me donne la nausée."

Dernier virage avant que la voiture n'arrive enfin devant le château. La grille fut ouverte et la véhicule de Galéa s'engouffra sur le terrain avant de se garer en douceur. Le crissement du frein à main fut accompagner d'un long soupir de la part de la matriarche alors qu'elle sortit sans attendre, suivit de près par sa fille. Ayzebel claqua la portière et siffla en voyant l'immense château des Earl, glissant son casque sur ses oreilles et alluma son vieux walkman. Galéa fronça les sourcil et abaissa son casque, râlant à nouveau.

"Retire cette horreur! Ayzebel par tout les dieux, tiens toi tranquille!"
"Oh mais maman c'est bon là! C'est pas la reine d'Angleterre qu'on va voir!"
"Non... tu as raison. C'est pire."

Lâcha Galéa sur un ton grave, chose qui eu le don de calmer son enfant immédiatement. Comme tout adolescent qui se respecte, Ayzebel était une forte tête, pourtant jamais elle n'avait vu une telle expression sur le visage de sa mère. La petite brune ajusta son pull gris en laine bien trop grand pour elle puis observa le château à son tour.

"Alors... C'est ici qu'ils vivent les Earl ?"
"Oui..."
"Pourquoi tu fais cette tête ? Tu viens souvent ici, non ? Tu as peur ?"

Un silence tomba et la matriarche tira sa fille doucement, la guidant vers les marches qui donnaient sur la grande porte d'entrée. Ayzebel pinça les lèvres alors que sa mère la força à lui faire face avant de la prendre par les épaules.

"Ayzebel, écoutes moi bien.... Quoi qu'il arrive ne manque jamais de respect à Pryam Earl. Est-ce que tu m'as bien comprit ? Soit polie, gentille et montre toi digne. Tout le monde n'a pas la chance d'un entretient seul avec lui... Ou bien la malchance."
"C'est censé me rassurer...?"
"Ayzebel! Tu as entendu ce que j'ai dit ?!"
"Oui! S'il te plait maman tu me fous la frousse là!"
"Je t'en prie, tiens toi bien, soit sage, d'accord ? Ne me fais pas honte."
"De toute façon tu viens avec moi, non ?"
"Non... Pas cette fois. Pryam Earl exige d'être seul avec toi. Tout comme je l'ai été avec lui il y a longtemps déjà."
"Et... est-ce que... ça c'est bien passé pour toi ?"

Galéa se radoucit, consciente de l'inquiétude soudaine de sa fille puis soupira doucement, embrassant son front et caressant ses joues.

"N'ai pas peur Ayzebel... Lord Earl veut juste faire ta rencontre. Allez, entre."

Ce fut finalement Galéa qui ouvrit la porte et poussa sa fille à l'intérieur.  L'endroit était sombre mais décoré avec gout. Tout semblait vieux ici, tout état sans doute hors de prix. La jeune fille fit un pas dans le hall, laissant ses yeux de biche glisser sur la décoration. Il n'y avait pas âme qui vive ici... Ce silence était aussi pesant qu’angoissant. Finalement, la silhouette d'un jeune homme fit irruption en haut des marches. Fort élégant, l'homme dévisagea l'adolescente qui se figea avant de prendre la parole.

"Vous êtes...?"
"Ayzebel... Euh... Tenak."
"Ah oui... la futur matriarche. Veuillez me suivre."

Pas aimable pour un sous mais polis et hautain, l'homme tourna les talons et monta doucement les marches tandis qu'Ayzebel le rejoignit rapidement. Voilà qui commençait mal. Qui était cet homme ? Elle ne l'aimait vraiment pas, il était de ces idiots qui prenait les Tenak pour des prostituée. Un idiot comme l'envers en voyait trop souvent malheureusement.

"Et vous ? Z'êtes qui ?"
"On dit, qui êtes vous... Et je ne suis qu'un écuyer au service de son Lord. Mais vous n'êtes pas là pour converser avec moi il me semble ?"
"Euh... Non.."

L'homme s'arrêta au détour d'un couloir, pivotant pour faire face à l'adolescente qui détailla en silence. Ayzebel arqua un sourcil et souffla.

"Un problème...?"
"Aucun. Mais un conseil, certainement. Lorsque vous serez en présence de Lord Earl, tâchez au moins de faire bonne figure."

Visiblement cet homme prenait son rôle particulièrement à coeur. Ayzebel porta sur lui un regard courroucé avant qu'il ne vienne toquer à la porte et l'ouvrit, annonçant en se tenant droit.

"Lord Earl, miss Tenak est arrivée."

L'homme désigna la pièce à Ayzebel, l'invitant à entrer et referma la porte immédiatement derrière elle. La jeune fille fit un pas dans la pièce, pinçant les lèvres nerveusement et souffla timidement, jouant avec les manches trop longues de son vieux pull en laine.

"Bonjour.... Euh... monsieur... euh.... mon... seigneur ... maje...sté ?"

Immédiatement elle baissa les yeux. Premier faux pas là. Comment était-elle censé l'appeler au juste ? Lord, c'est ça ? Oui, c'était ça...

"Lord... Earl."

Réctifia Ayzebel aussitôt d'une voix faible qui trahissait sa nervosité. Son regard clair resta figé sur ses bottes un peu sales, évitant le regard du charismatique et légendaire Pryam Earl.

Dim 13 Mar - 22:22
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Pryam Earl
L'étrange sous la normalité : Je suis Sécrétaire Général du Cénacle, patriarche de la famille Earl.
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Des notes, du piano. Il n'y avait bien qu'un Earl pour savoir rendre aussi sombre une valse. Chopin était un grand artiste, et Pryam un auditeur aussi sensible que pertinent. Ses mains sur les touches blanches et noires paraissaient glisser, mue par une volonté autre. Les yeux mi-clos, pas même besoin de regarder la partition. Dans cette grande pièce, les sons résonnaient étrangement. Il fallait s'y accoutumer pour ne pas laisser le jeu s'en trouver changé. Les grandes fenêtres qui éclairaient ces murs sombres d'une lumière pâle d'hiver laissaient suffisamment d'ombre pour que des yeux plus anciens eussent voulu y perdre des repères. Mais qui avait besoin d'yeux dans l'univers de la musique ?
Quelques notes plus appuyées, plus fortes. L'engouement mesuré de cette valse était un miroir de l'âme qui dirigeait ses lieux. Une main dans la sienne, l'autre sur sa hanche, et c'était avec la mort qu'elle dansait. Les ténèbres leurs faisaient d'élégants costumes, d'éternels costumes, et autant d'admirateurs au-delà de cette fantaisie, incapables désormais d'en comprendre l'essence. Vanitas, vanitas… Quelques chandelles brûlaient d'un feu qui paraissait s'étrangler, et un crâne tout juste décoratif paraissait bien plus à sa place ici que les fleurs que Victoria faisait entretenir pour une raison obscure.
Un pas, un autre, une ronde où la joie des valses se faisait subtile folie, où l'attrait des partenaires devenait fascination morbide. Celui qui n'avait jamais joué de musique n'aurait pas compris. Celui qui jouait la musique sans voir au-delà de sa maigre existence, sans contempler l'au-delà, n'aurait pas davantage compris. Il fallait être humain, au moins, pour deviner le coeur du patriarche Earl, et ce que réellement faisaient ses doigts sur les touches noires et blanches de ce sombre piano. Un peu de magie, peut-être… Mais la musique était une magie en elle-même. elle arrachait de son âme ce qui hurlait à la délivrance, ce qui corrompait son esprit pour le pousser, plus encore chaque jour, à enfoncer son nez dans les écritures occultes qui se targuaient de mieux connaître l'art des défunts.

L'oeuvre de cet artiste disparu revenait à la vie entre ces murs qu'elle rendait plus glacés encore qu'ils ne l'étaient. Danser aurait été ridicule, ou incroyablement lourd pour le danseur. Il aurait fallu qu'il lutte contre la lourdeur des regrets, des peines et des souffrances, il aurait fallu qu'il arrache à son corps cette envie de vivre animale qui était bien la seule énergie du morceau, si pure… Et avec qui aurait-il dansé ? Nul autre partenaire qu'Elle n'était admissible, n'aurait été adéquat.
Quelques instants plus tôt, Pryam s'était assis ici, les lèvres mordues, pensant ne pas réussir à jouer, ayant des impératifs temporels. Cependant, il devait jouer, au moins la comédie, au moins l'impromptu, l'heureuse coïncidence, quand tout n'était que calcul froid et minutieux. Se faisant violence, il s'était assis, essayant de ne plus penser à ces maints devoirs qui l'attendaient, à celui qu'il devrait bientôt effectuer. Quelques exercices, et, bientôt, la mélodie venait d'elle-même, pour avoir été longtemps travaillée et appropriée. Il s'y était abandonné, entraîné par ces sons qui résonnaient si bien au creux de son torse.
Il parut ne pas réagir lorsque l'on annonça la jeune Tenak. Appuyant sur la pédale adéquate, il adoucit ses notes, sans pour autant cesser de jouer. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il n'était pas celui qui venait interrompre, ici. C'était à elle d'attendre, qu'enfin le noble sang ait achevé de s'exprimer, et que la musique sans combustible s'éteigne d'elle-même. Cela ne tarda pas, néanmoins, le Lord ayant été sorti de sa transe musicale par de si pragmatiques interventions.
Lentement, il se tourna vers son invitée, son regard d'obsidienne s'emparant d'elle dans un savant mélange de froideur et de politesse. Elle allait devoir apprendre sa place: ni trop proche, ni trop loin. Si elle tenait néanmoins à faire honneur à sa famille et à son "rang", elle allait devoir marcher à la baguette que menaient les Earl. Aujourd'hui, il serait question de suivre le rythme, la partition. Un bref instant, Pryam s'attarda à jauger son apparence, pour estimer que les Tenak devaient parvenir par un moyen obscur à tirer du bon des mâles plus ou moins douteux avec lesquelles elles se mêlaient durant leurs créations sans noblesse. La marque sur le menton de la petite s'enrayait en rien cela., ce qui n'était pas difficile aux yeux d'un être qui avait dû dévisager quelques immondices lors de passages au coeur du marché des trolls. Sa tenue, en revanche, témoignait d'un manque de raffinement qui affirmait la position de ces sorcières par rapport aux familles fondatrices. C'aurait pu n'être qu'un bas jugement physique, impossible à tenir en bon estime… Si la demoiselle ne l'avait confirmé par sa maladresse. Un mouvement de tête affirmatif, et Pryam confirmait: "Lord."

Les grands discours et les beaux mots ne vaudraient rien pour de si jeunes, si vives oreilles. Pour toucher le coeur de la petite, il faudrait des actions, des faits, qui se changeraient plus tard en souvenirs qui peut-être ne seraient pas palpables, mais ressentis. Le patriarche se leva, baissant le regard sur la créature en face de lui, pour lui indiquer finalement de s'assoir à sa place, sur le tabouret qui faisait face à l'imposant instrument. "Prenez place. Avez-vous appris la musique, Miss Tenak ?"Ses mains glissaient presque inconsciemment sur les notes les plus basses. Des gestes qui n'étaient plus que réflexes, désormais: gammes et arpèges. Des gestes qu'il comptait bien lui montrer, si elle n'avait aucune démonstration de talents à lui faire -ce qui était son intuition.

Sam 19 Mar - 13:48
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La musique, sombre et envoutante.
Ce son elle l'avait déjà entendu enfant, elle l'aurait su donner le titre exact mais la mélodie était limpide comme de l'eau de roche dans son esprit. Pendant un instant, la jeune sorcière resta immobile, comme un serpent charmé par une flûte. Envouté, apaisé... Ce calme dans son être soulageait ses craintes, toutes ces peurs et les incertitudes qui la rongeait depuis toujours. Surtout maintenant... L'entretient ne lui faisait pas vraiment peur, ce qui la rendait malade était que son anniversaire se rapprochait vivement. Sa quinzième année... Et de ce fait, son premier sabbat allait venir de pair avec cet évènement. Angoissée, l'adolescente l'était au plus au point à l'idée d'avoir à ouvrir les cuisses si vite dans le seul but de procréer. Vraiment, cette idée était aussi déplaisante qu'effrayante.

Ce fut l'arrêt de la musique qui sortit l'enfant de sa torpeur alors qu'elle posa son regard clair sur la silhouette de Pryma qui à son tour, se tourna vers elle pour la fixer. C'était un homme élégant avec beaucoup de style mais sans excès. Un bel homme en soi, intrigant. Il avait ce quelque chose d'un peu effrayant qui fit immédiatement baisser les yeux à la jeune fille qui releva doucement les bras pour les ramener contre sa poitrine, ses mains toujours invisibles à cause des manches bien trop grandes de son pull en l'aine. Oui, elle ne faisait pas honneur à sa famille et encore moins à sa mère. À l'inverse d'Ayzebel, Galéa avait toujours été une femme au port altier, guindée et tirée à quatre épingles, toujours parfaitement présentable. Beaucoup l'avaient imaginé de très bonne famille à cause de cela, alors qu'il n'en était rien. Quoique si, un peu tout de même... Mais qui savait que les Tenak étaient de ces redoutables sorcières de Salem ? À part les Earl, très peu. Pour ce qui était d'Ayzebel, il était dur de croire en cet instant que dans deux mois, cette adolescente allait déployer tout son charme pour devoir satisfaire un homme inconnu dans le seul espoir de récolter sa semence. Et pourtant, caché sous cet énorme pull, ce maintien digne d'une vulgaire paysanne, se cachait une créature au charme redoutable et redouté.

En silence la jeune fille attendit simplement que le Lord prenne la parole, ce qu'il fit s'en tarder. Ayzebel releva doucement le regard, l'observant perplexe alors qu'il désigna le siège du piano. Hésitante, la jeune sorcière pinça les lèvres, observant Pryam puis le piano avant de s'approcher doucement, à petits pas et de venir poser son séant sur le tabouret désigné. La question du Earl laissa la jeune fille perplexe qui leva le nez pour plonger ses yeux dans ceux de son maître. Elle n'avait aucune gêne à soutenir son sombre regard, ni même de peur. Après tout, sa maman lui avait enseigné que lorsque l'ont parle aux gens, il fallait toujours les regarder dans les yeux, que c'était une question de respect. Alors elle le faisait, simplement. Déglutissant, la sorcière entrouvrit les lèvres et murmura nerveusement.

"Non... Enfin... C'est... Je voulais apprendre la musique, le piano et le violon en particulier mais..."

L'enfant baissa à nouveau le visage, observant ses genoux et ses manches trop grandes avant de fixer les touches du piano avec envie.

"Mais maman dit que c'est une distraction qui détourne mon attention de mon devoir. Alors elle a refusé de me payer un professeur pour que j'apprenne la musique."


Ah Galéa et ces principes étriqués. Ce refus avait forcé l'enfant à faire bon nombre de caprice dans son plus jeune âge. Ses cousines avaient eu le droit d'apprendre, l'avait souvent nargué avec cela mais leur rôle était moins important au couvent et surtout leur mère n'était pas Galéa. Ayzebel n'avait jamais bien vécu cette façon dont sa mère l'avait mis à l'écart et l'avait empêché de s'épanouir pour la préparer au rôle qui l'attendait. Une fois encore, la petite brunette releva le visage, fixant son interlocuteur et souffla à son encontre.

"Je vous envie de savoir faire du piano. Je sais que c'est mal d'être jalouse mais..."


Mais rien. Quelle excuse avait-elle pour cette jalousie qui la rongeait, une jalousie qui était devenu une haine au fil du temps, une haine profonde pour ceux qui avaient ce qu'elle n'avait pas.

"C'était joli ce que vous avez joué tout à l'heure, Lord Earl. Je connais la musique mais je ne me souviens pas de son titre..."

Affirma l'adolescente sans plus de cérémonie et d'un ton parfaitement neutre. Ce n'était pas là une façon de lécher les bottes de Pryam, bien au contraire. Elle avait sincèrement aimé cela, il avait du talent c'était indéniable. Cette façon qu'il avait eu en quelques secondes de lui faire oublier tout ce qui gravitait autour d'elle, toute cette noirceur qui la dévorait... Ayzebel était connu pour son franc-parler. Elle disait toujours les choses comme elle les ressentait, c'était pour cela qu'elle avait exprimé sa jalousie autant que le plaisir qu'elle avait eu à écouter cette jolie mélodie.

Sam 19 Mar - 16:23
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Elle était nerveuse. C'était parfait. Sa générosité n'en serait que plus surprenante, et plus appréciée. D'autant plus si, effectivement, la musique tenait à coeur à la jeune Tenak. Parfait, parfait… Pryam aurait été, de toutes façons, bien incapable de lui apprendre des loisirs plus modernes et sans doute plus communs à l'image des jeux videos. Mais de plus en plus la nouvelle génération s'accrochait à la musique, cherchait à la porter avec elle sans plus se soucier de ses déplacements. Si le contenu de ladite musique était discutable, l'essence restait la même. Le rythme, souvent, les instruments… Pour apprendre ces folies, il fallait passer par les classiques. Conformément à ce qu'il avait calculé, ils allaient devoir débuter par les premières bases… Celles que lui-même avait apprises avant d'avoir traduit son premier ouvrage en latin.
Lentement, le patriarche tourna les pages de son livre de partitions, sous les yeux d'Ayzebel, faisant mine d'en chercher une. Il savait déjà laquelle choisir, mais voulait que le regard de la jeune femme puisse s'attarder sur les notes, ce langage qui lui était encore inconnu, sur les dessins qu'elles traçaient en encre sombre sur le papier vieilli, que l'odeur de ce dernier lui parvienne. Le froissement que ce geste produisait était lent.

"- Ces musiques n'ont pas forcément de "titre". C'était là une valse de Chopin, en la bémol majeur. Soixante-neuvième opus." Très belle musique. Une musique d'amour et d'adieu, à l'origine… Une signification bien plus profonde, pour le Lord Earl. Le temps, son lien étroit avec la Mort, la fascination mêlée d'interdits qui hantait le regard des simples mortels. Ces interdits délicieux, les nécromanciens savaient en jouer. C'était leur petit privilège, leur petite addiction, acquise avec soin, application, et dur labeur… Et avec une malédiction, aussi. Mais n'était-ce pas à leur honneur d'avoir su si habilement en jouer ?

Un petit geste de la main, et Pryam installait le livret, ouvert à la page qui les intéressait. "J'ai toujours pensé que croire la musique vaine était une erreur de ceux qui ne l'avaient apprise. Ses enseignements sont riches, pour le corps et l'esprit. Elle apporte à ceux qui savent jouer avec elle ce que rien d'autre en ce bas-monde ne sait apporter." Il espérait qu'elle y serait sensible. Que cela aille en contradiction avec la volonté de Galéa n'était pas un grand souci. Pryam savait que cette sorcière ne viendrait pas critiquer ses actes. La petite, elle, paraissait n'apprécier que plus encore que le fruit défendu lui soit enfin offert, sur un plateau d'argent. Parfait, parfait… Elle allait l'aduler, si tout se passait bien. Pryam allait faire en sorte que cela se passe bien.
Il avait beaucoup à redire, sur les enseignements de Galéa. Il ne le ferait pas, ce n'était pas le sujet, ce n'était pas son envie. Il avait essayé, quelques fois, de l'inciter à revoir son jugement. Ce qu'Ayzebel lui annonçait indiquait clairement que ç'avait été un échec. Comment aurait-il dû lui dire ? Comment lui expliquer que la différence hiérarchique, la différence de puissance, entre leurs familles, provenait également de leurs traditions, de leurs façons d'entretenir leur progéniture ? Là où Galéa voyait en sa fille une incubatrice à sorcières, Pryam voyait en ses enfants des sources de pouvoir en latence. Chaque Earl disposait d'un potentiel supérieur à celui de ses parents. Il fallait les choyer, les entretenir, leur donner toutes les chances pour qu'enfin il puisse s'exposer au jour, s'affiner encore, s'améliorer, se transmettre. Les enfants de Pryam avaient obtenu une riche éducation à cette fin: qu'ils soient les meilleurs possibles. Quant à l'idée saugrenue de priver une sorcière de l'apprentissage de magie… Mieux valait ne pas y penser. C'était folie.

La leçon commença. La voix de Pryam était grave, lente, neutre de tout ton, toute expression. Ce n'était pas à lui qu'il fallait faire attention. Il lui montra comment reconnaître les notes sur la partition, et à quelles touches du piano elles s'associaient. Il lui indiqua des notes au hasard sur le papier, lui demandant ce qu'elles étaient. Do, sol, fa… Il tapait sur une touche de piano, lui demandait de dire quelle note était concernée. Pas question de s'intéresser tout de suite à la durée des notes: ils s'en occuperaient peu avant le retour de Galéa, si le temps leur était donné.
Enfin, il sentit et devina l'impatience dans les doigts d'Ayzebel. Rien de moins naturel, et rien de plus rassurant: si la jeune femme entendait l'appel de la musique, elle ressentirait sans nul doute ce qui glissait dans le sang des musiciens lorsqu'ils se liaient à leur terrible amante. Il s'attendait à, sinon de la reconnaissance, au moins une impression positive. Il lui proposa un exercice simple, pour échauffer ses doigts: do-mi-fa-sol-la-sol-fa-mi-ré, et on recommençait, en décalant légèrement la main, d'une note. Puis l'inverse, avec sa main gauche. Lorsque qu'elle devint suffisamment habile, Pryam proposa un dernier jeu: elle fermait les yeux, posait un doigt sur une note au hasard, et lui indiquait autant son nom que sa place sur la partition.

Jeu 31 Mar - 16:15
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Sous les yeux de l'enfant, les pages se tournaient et les notes défilaient. Cet enchaînement de petits points noirs ornés de queues, langage emblématique de la musique. Face à elle s'offrait un plaisir auquel Ayzebel n'avait jamais accédé. Elle n'était pas une enfant maltraitée, en soi ne manquait de rien mais son développement n'avait pas été un exemple. Les jeux furent limités, tout comme ses contactes, son apprentissage aussi étrange que malsain. Toutes ces choses qui donnaient le sourire aux enfants le lui avaient été interdites pour la majorité d'entre elles. Mais là, ce qu'elle avait sous le nez, c'était aussi beau et bon que ne l'étaient les plus fabuleuses des sucreries. Malgré sa contenance, l'adolescente laissa échapper un petit sourire alors que ses prunelles claires ne quittaient pas les partitions, cependant, son esprit resta ouvert aux paroles du sorcier et lentement, Ayzebel finit par tourner la tête et poser son regard sur lui, toujours ce sourire aux lèvres.

« Valse de Chopin, en la … bémol majeur, soixante-neuvième opus... »


Répéta la jeune fille pour s'imprégner de cette belle mélodie. Toujours en fixant Pryam, l'adolescente écouta ses mots. Oh elle était bien d'accord avec ces paroles et murmura à nouveau à son encontre.

« Je pense que vous avez raison, on ne devrait pas s'interdire de si belles choses. Je crois que l'on ne devrait pas s'interdire de faire ce qui nous fait plaisir... Mais qui suis-je pour décider de cela ? Je ne suis qu'une enfant de quinze ans, personne n'écoute jamais les enfants... »

Ayzebel détourna le visage, posant ses yeux perçant et clair comme de l'eau sur le livret de partition. Les notes elle les voyait mais ne les comprenait pas. Pas encore... Jusqu'à ce que Pryam ne lui parle, prenne le temps de lui expliquer. Dans l'esprit de l'enfant tout allait vite, très vite. Elle avait toujours eu cette incroyable intelligence, ce désir d'apprendre. Ayzebel avait toujours imaginé que c'était cela qui pouvait la rendre particulière, différente. Était-ce le cas ? Galéa n'avait jamais vu le potentiel de sa fille, mais lui, ce Earl... Serait-il différent ?

« Pas le droit de faire du piano, pas le droit d'aller au cinéma, pas le droit d'avoir des amis, pas le droit de se marier, pas le droit d'être heureuse, pas le droit de faire de la magie...»

Souffla la jeune sorcière, listant avec une pointe de dédain ses interdictions. Finalement son minois se releva, son regard encore et toujours porté sur la sombre silhouette du Lord. Son visage s'était fermé, son regard plus dur encore alors que sa petite voix s'était faite moins douce.

« Pourquoi est-ce qu'on s'interdit la magie ? Nous sommes des sorcières, sous votre protection... Alors pourquoi ma famille s'impose cela ? La magie ne fait-elle pas partie de nous ? Elles vivent constamment dans la crainte, elles oublient que cela fait quatre siècles que les Earl nous protège de tout... Moi, je veux pas avoir à renier ce que je suis. Ai-je tord, Lord Earl ? Ai-je tord de m'accrocher ainsi ? »


Il semblait être plus attentif que Galéa. Au sein de sa famille, Ayzebel n'était pas libre d’aborder le sujet. Cela allait à l'encontre de leurs lois que de pratiquer la magie. En réalité ce n'était pas réellement interdit mais les Tenak voyaient cela comme inutile, trop focalisé sur le rôle qu'elles s'étaient attribué depuis des siècles. Offrir leur incroyable fécondité était devenus plus important à leurs yeux. Mais pour l'adolescente, les choses n'étaient pas aussi simples. Le regard de la petite sorcière se voila, se faisant plus sombre jusque dans sa couleur. Le vert avait laissé place une teinte proche du noir à l'image de l'émotion négative qui l'envahissait alors que sa voix s'éleva à nouveau dans un souffle décidé qui ne laissait pas place au doute. D'un ton grave, elle susurra au Lord proche d'elle.

« Je veux faire du piano, je veux faire de la magie. Quand je serais matriarche, je donnerais un nouveau souffle au Tenak. »

Son regard se porta sur les touches du piano avant de retirer son pull épais et de saisir le chouchou accroché à son poignet pour attacher ses longs cheveux bouclés en un chignon. Son regard s'était à nouveau éclairci, retrouvant cette teinte claire et lumineuse. Son changement de comportement avait été aussi vif qu’inattendu en proie à un chamboulement émotionnel. Mais qu'attendre de plus d'une adolescente aussi bridé et soumise à un avenir si peu reluisant ? Ayzebel semblait avoir trouvé en Pryam un étrange confident. Avec intérêt, elle se laissa bercer par la voix du patriarche, par ses explications. Tout était clair comme de l'eau de roche, elle comprenait tout ce qu'il disait et ce qui n'était qu'un brouillon de points et de queue devint alors une chose plus compréhensible, avec bien plus de sens. Le sont des touches résonnaient doucement dans la pièce alors que les doigts fins de la jeune fille les caressaient avec douceur. Étrangement détendu, Ayzebel n'agissait pas avec Pryam comme tous ces gens qui s'abaissaient à mille et une courbette. Sans doute était-ce dû à son jeune âge, son incapacité à réellement voir et prendre conscience de qui elle avait en face d'elle. C'est avec simplicité qu'elle lui parlait, qu'elle lui souriait, sans peur. Les minutes défilaient, bercé par des notes tremblantes et incertaines, une musique répétitive qui s'adoucissait sur les minutes alors que l'enfant prenait enfin le coup de main, moins hésitante. Elle aimait cette musique, elle aimait cet endroit. Pourquoi tout le monde en avait si peur, au juste ? Galéa avait semble-t-il, eu une réaction disproportionnée. Ayzebel se sentait bien dans la noirceur de ce château, se sentait bien en compagnie du terrible patriarche. Dans un bref soupir, l'enfant mit fin à sa mélodie avant de pivoter doucement sur le banc pour venir observer le patriarche et murmura

« Si j'avais eu un papa, j'aurais aimé qu'il soit comme vous. Vous êtes patient et bon professeur Lord Earl... j'apprécie de pouvoir vous parler librement, ce n'est malheureusement pas un luxe que l'on m'accorde dans ma famille... .»

Jeu 31 Mar - 18:57
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Sombre et tendre jeunesse. Elle n'avait pas encore usé les touches du piano, elle ne pouvait pas comprendre encore que ce qu'il allait offrir était bien au-delà de la beauté, bien au-delà du plaisir.
De marbre, et aussi silencieux que les tombes qui ornaient son parc, il la laissa parler. C'étaient là des histoires connues, mais toujours tenues éloignées des oreilles du patriarche. Ses enfants savaient qu'il était vain de tenir tel discours devant lui, et lui-même, partisan de la vieille école, n'aurait jamais adressé ces mots à son père. Ou du moins, pas ainsi. Il aurait trouvé un moyen détourné de parvenir à ses fins. Elles n'auraient été les mêmes qu'Ayzebel: que les enfants ne soient point écoutés était là une évidence pour lui, la plupart du temps. S'ils se faisaient les porteur d'une idée neuve, leur expression était tolérée. S'ils n'avaient que des doléances à prononcer, ils pouvaient tout autant offrir leurs langues aux goules.

C'était une protection, quelque part, que le Lord avait transmise à ses enfants. Ayzebel ne l'ayant pas, elle s'offrait sans armure au Seigneur de l'Envers. Elle avait de la chance qu'en ce jour il ait décidé d'être son allié. Ces paroles, dans leur teneur autant que dans leurs atours, n'étaient encore que la couverture de l'ouvrage que lui offrait la jeune femme. En le feuilletant, même distraitement, il ouvrait la porte d'un monde qui avait été tenu écarté de Pryam, et auquel il ne s'était, à vrai dire, que peu intéressé. Un monde qui était pourtant en lien très étroit avec son amie Galéa. D'une main de fer, cette dernière guidait sa fille chérie sur le chemin qu'elle avait décidé pour elle. Une voie obscure tant pour le maître de Last End que pour la principale concernée. Un risque, donc: si Galéa venait à s'éteindre, il n'y aurait plus personne pour porter son flambeau et veiller à ses volontés, personne pour savoir quels dangers elle aurait souhaité éviter à une adolescente qui aurait davantage en tête les jeux soit-disant de son âge.
Un instinct dans l'esprit obscur de Lord Earl s'éveilla devant l'anaphore d'Ayzebel. Une question: que voulait Galéa ? La question devint plus persistante, plus pertinente et plus importante comme la jeune femme insistait sur la magie. Une sorcière sans magie… Plus qu'une question d'injustice, c'était une question de prudence. Priver une sorcière de magie était la priver d'une potentielle défense et arme. Priver une sorcière de magie… C'était chercher à protéger ce qui importait plus encore.
Que voulait Galéa ?

Ayzebel posa une question, qui força Pryam à remettre cette interrogation à plus tard. Sincèrement ? Il n'avait pas tout écouté, et se moquait comme d'une guigne des états d'esprits de la petite. Ignorant encore si les précautions de Galéa étaient bonnes ou non -bien qu'il douta de leur fondement-, il répondit, simplement et sobrement:

"- Pour certains sujets, il vous faudra décider par vous-même." Suite aux murmures évoquant un nouveau souffle, il se contenta d'opiner vaguement du chef, la laissant à ses rêves d'adolescente sans l'encourager ni la décourager. Au moins ne serait-il pas surpris si les Tenak venaient à imploser, par divergences d'opinions, suite à une décision trop franche et rebelle d'une matriarche trop neuve. Ce ne serait alors plus son problème, ces histoires devenues insignifiantes. Si ce n'était le cas… Au moins serait-il du bon côté.
Il avait commencé la leçon de piano. En son for intérieur, il songeait qu'Ayzebel était encore bien jeune, et innocente. Etait-ce encore là une "précaution" de Galéa ? Changer le monde, ces rêves d'enfants… Souvent en annonçant cela, ils ignoraient que ce même monde leur permettait d'exister. Qu'ils changent l'eau en feu pour se réchauffer, et ils seraient surpris. Qu'ils envoient au vent des siècles d'apprentissage en architecture, et leurs châteaux seraient aussi fragiles que s'ils étaient faits de cartes. Durant un instant où il n'eut qu'à écouter les notes encore hésitantes, Pryam se demanda ce à quoi il avait pu ressembler, à l'âge d'Ayzebel, pour les adultes. Elle devait avoir… Quinze ans ? À quinze ans, il régnait depuis deux ans déjà, et les adultes devant lui semblaient toujours inquiets de savoir s'ils allaient survivre ou non, suite à quelques… Indications quant à ses pouvoirs. Depuis, il avait appris la subtilité, et l'art de jouer des alliances autant que des menaces.

La musique cessa. pour laisser place à celle des compliments. Pryam ne se laissa pas émouvoir: c'était nécessaire pour garder la tête froide et ne pas se laisser mener en bateau. Aucune expression ne passa sur son visage. Avait-il seulement entendu ? Son regard d'encre se perdait dans l'obsidienne du bois de son instrument favori. Finalement, il ne répondit pas à Ayzebel.  Au lieu de cela il expliqua encore, neutre et sobre:

"- Je ne démentirai pas ce que l'on a pu vous dire sur moi. Sachez uniquement ce qu'il m'est possible d'offrir." Il se leva, lentement. Ses pas émirent quelques claquements sur le sol de pierre, tandis qu'il se rapprochait de la fenêtre et portait son regard au-delà. Il venait d'admettre meurtres et tortures, et autres sévices infligés au corps et à l'âme. Mais il venait également de la caresser dans le sens du poil. Dehors, le ciel était blanc cassé, et s'assombrissait déjà -ah, l'hiver venait. Galéa n'allait sans doute pas tarder. Il prit le temps néanmoins d'une remarque presque innocente: "Pensez-vous pouvoir retenir les quelques exercices et leçons d'aujourd'hui ? Ou désirez-vous les noter, peut-être ?"

Lun 18 Avr - 22:25
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Un silence lourd tomba sur la pièce alors que la musique cessa et que Pryam s'éloigna. La joie d'Ayzebel était retombé comme un soufflet, remplacé par une tension qui crispa son corps, le forçant à se tenir droit comme un animal à deux doigts d'être dévoré par un terrible prédateur. Le regard clair de l'enfant suivit la silhouette sombre du seigneur nécromant. A quoi pensait-il ? Quand ses mots s'élevèrent à nouveau,la jeune sorcière fronça sensiblement les sourcils dans le quitter des yeux. Ce qu'elle avait entendu à son sujet ? Qu'était-elle censé avoir entendu au juste ? Visiblement Pryam la croyait bien informer ce qui n'était absolument pas le cas. Peu à l'aise, Ayzebel pivota doucement sur le petit banc, serrant les cuisses et frotta ses paumes moites sur son jean avant de murmurer.

« Lord Earl... Euh.... Je n'ai rien entendu à votre sujet. Je suis désolé... Sans doute est-ce.... offensant pour vous mais... Je ne sors que peu du caveau et maman... eh bien... est très occupé. »

Occupée, oui façon de parler. Certes Galéa était une femme très occupé mais Ayzebel avait parfaitement conscience que sa mère mettait volontairement de la distance entre elles. Pourquoi ? En voilà une bonne question. Pourquoi donc Ayzebel était ainsi mise de côté et tenu au secret ? Elle ignorait tout du monde qui était le sien, jusqu'à cette tête couronnée qu'était Pryam Earl.

« Ce qui vous est possible d'offrir ? Je n'ai de toute façon, jamais attendu plus des gens que ce qu'ils sont en mesure de me donner. Je n'ai jamais rien attendu de personne Lord Earl, je crois que cela continuera ainsi pour un bon moment encore. »


Quinze ans et déjà si méfiante, si farouche. Une Tenak dans toute sa splendeur et plus encore. Ayzebel se leva doucement, tirant sur les manches de son pull pour cacher ses mains, un geste malhabile qui trahissait non pas la nervosité, mais une attitude presque timide. L'enfant n'avait pas cette attitude sûr d'elle-même comme avait les autres Tenak. Elle semblait loin de ces femmes au charme redoutable et ravageur, celle dont le pouvoir dormait entre leur cuisses. Rien de toute cela chez Ayzebel, à première vue. Observant le dos du Earl, la petite brune ne clignait même pas des yeux, fixant de son regard clair et froid la stature altière de son hôte qui à nouveau reprenait la parole. La sorcière haussa vaguement les épaules et souffle, voûtant sensiblement le dos.

« J'ai une bonne mémoire... pas besoin de prendre de note, Lord Earl. Merci encore pour m'avoir laisser jouer... »

Elle semblait devenu aussi distante que lui. Lentement elle leva une main, portant ses doigts à ses lèvres pour venir mordiller un de ses ongles nerveusement. C'était bien beau, et maintenant ? Qu'allait-il se passer ? Que désirait le Lord ? La jeune femme hésita un instant avant d'abaisser sa main et relever le visage, prenant à nouveau la parole d'une voix plus douce mais empreint d'une certaine froideur. A cet instant, elle ressemblait bien plus à Galéa qu'elle ne pouvait l'imaginer.

« Qu'attendez-vous de moi... ? Je n'ai peut-être que quinze ans mais.... Je doute que vous aviez réclamer ma présence pour une leçon de piano. »

L'adolescente soupira faiblement, se décalant de quelques pas. Plus les secondes passaient et moins elle se sentait à l'aise, elle ressentait ce besoin de se dégourdir les jambes, quelques pas suffisaient pour activer sa circulation sanguine et aider à passer le stress qui commençait à la dévorer.

« Ais-je fait quelque chose de mal ? Vais-je être punis ? Maman ne m'a pas expliquer la raison pour laquelle je devais vous voir. Et vous ne dites pas grand chose non plus... Dois-je m'inquiéter Lord Earl ? »

Jeu 28 Avr - 18:36
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Rien n'avait échappé au patriarche. S'il ne pouvait lire dans les pensées, il savait néanmoins saisir au vol tous les indices qui étaient les empreintes du cheminement de l'esprit. Mordillements, jeux avec ses manches… La jeune Tenak se souvenait enfin de la petite créature malingre qu'elle était, face au chef de la meute. Un coup de crocs aurait pu la mettre à terre, elle qui ignorait tant de la magie. Elle n'était pas sotte, et possédait un bon instinct de survie. Galéa gâchait du potentiel en refusant de remplir le crâne encore frais de cette jeune femme.
Le regard noir de Pryam Earl restait tourné vers l'extérieur, où le froid devenait peu à peu visible, comme une nuance de gris posée sur toutes les couleurs de Last End. Rien ne laissait deviner combien la réaction de la jeune Ayzebel lui seyait. Son attitude était plus confortable pour le seigneur de l'envers. Il l'avait posée sur une fine corde, entre la confiance et la défiance, la peur et la confidence. Il avait les pleins pouvoirs pour décider de la faire pencher dans un sens, dans l'autre, ou de la faire tomber.

"- Tenez-vous droite."

L'ordre avait été lancé fermement. Une voix dure, glaciale. Pas besoin de volume, pas besoin de cris. Non, il n'y avait qu'un faible pour espérer diriger par les cris. Lord Earl dirigeait parce qu'il avait le pouvoir, le savoir. Il dirigeait parce qu'il était un guide efficace, sachant mener sa horde dans les tempêtes mordantes de l'hiver, sachant tracer un chemin pour ceux qui s'égaraient. La musique n'étaient qu'une introduction, une ébauche de démonstration.
Il s'était à nouveau tourné vers elle. Les bras croisés, les épaules appuyées contre le mur.

Il attendit un peu, pour voir si son ordre avait été exécuté. Ce faisant, il se flatta mentalement d'avoir su si bien habiller ses garçons: aucun d'eux n'aurait eu à subir la bassesse d'un telle accoutrement. Lorsqu'il estima avoir fait mariner Ayzebel suffisamment longtemps, il mit fin au supplice: "Je ne vous dirai pas s'il vous est nécessaire de vous inquiéter ou non. Vos adversaires ne vous avertiront pas avant de frapper." D'un lent mouvement de main, il désigna le piano: "Certains me surnomment le Seigneur de l'Envers, Ayzebel. Je possède bien des savoirs, et mes pouvoirs dépassent ceux de certains immortels. Si le coeur m'en dit, je peux vous enseigner le piano, ou la tenue à adopter au sein des grandes familles. Je peux me montrer grand prince envers les Tenak… Tout comme je peux vous maudire par-delà votre mort si l'envie me vient." Il ramena sa main contre lui. Sa formidable existence, Ayzebel ne la connaitrait pas. Elle pourrait remercier sa tendre mère et ses doux ancêtre pour la bride que tous tressaient autour d'elle.

Evoquer les malédiction par-delà la mort fit taire un instant Pryam, comme il se souvenait effectivement de quelques personnages peu appréciables qu'il avait malmenés, que ses ancêtres à lui avaient malmenés. Les loups-garous étaient un bon exemple: maudits dans leur descendance. Mais il savait que ce n'était rien -oh non- par rapport à l'étendue de ce qu'il était possible d'infliger au corps, à l'âme et à l'esprit. Ces trois éléments, maîtrisés, pouvaient devenir une véritable prison pour qui les possédaient. Forcer l'esprit à contempler plus que ce qu'il ne pouvait supporter, forcer l'âme à subir mais ne point la briser… Voilà qui était délicieux. Dire que les inquisiteurs se croyaient bons tortionnaires.
Mais où en était-il, déjà ? Ah, oui. Il expliquait.

"- Pour l'heure, Tenak et Earl sont alliés. Voyez cette leçon comme un cadeau fait à votre famille." Pryam ne s'était pas douté, néanmoins, que ce cadeau serait si important. Quel généreux misanthrope il était. "J'ai cru entendre que vous étiez la future matriarche. À ce titre, il me paraissait également juste que nos souvenirs et a priori respectifs aillent au-delà des discours rapportés, et de notre ancienne rencontre." Il se rapprocha à nouveau. Sa main vint se poser sur le bois noir du piano, comme sur la tête d'un fidèle animal. Brave bête. Il en était le maître. "Ainsi vous saurez faire le choix, plus tard, de votre affiliation, de votre loyauté." C'était peut-être là le véritable cadeau qu'il venait d'offrir. Par-delà la menace, la possibilité pour Ayzebel de mieux faire ses choix. Une ouverture d'esprit et une réflexion que, manifestement, Galéa n'avait pas cru nécessaires d'enseigner à sa progéniture.
Il laissa un peu de temps à Ayzebel, avant de retirer sa main du piano, concédant à partager ce bien merveilleux. "Vous disposez de ce piano jusqu'au retour de votre mère. Avez-vous d'autres questions ?" Généreux, si généreux...

Mer 4 Mai - 19:27
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Quand l'ordre tomba, Ayzebel pinça les lèvres et se redressa sensiblement pour se tenir droite. Son maintient changea rapidement, adoptant une posture digne et droite, la jeune femme se montrait enfin comme on l'avait si longuement éduqué. Certes les Tenak n'étaient pas des Lady mais on leur donnait suffisamment d'éducation pour ne pas faire honte à leurs seigneurs qu'étaient les Earl, sans oublier cette image qu'elles se devaient d'offrir. Bien que beaucoup avaient l'audace de les surnommé de catins, elles étaient bien loin de cela, bien plus digne qu'on ne l'imaginait. Silencieuse, la jeune sorcière observa le Lord sagement, observant sa posture, soutenant son regard. Prendrait-il mal le fait que cette enfant ne craigne pas son regard sombre ? Qu'il ne lui en tienne pas rigueur, Ayzebel avait toujours été comme ça, curieuse de tout, un peu trop honnête, surtout dans son franc parler. Quand Pryam se décida enfin à prendre la parole, ce fut pour faire la morale, faire une offre et menacer. La sorcière resta de marbre, calme face au grand seigneur. C'était ainsi qu'il désirait sa loyauté ? Cela ressemblait plus à un pacte avec le diable. Il voulait jouer sur ses désirs et laissait comprendre qu'un éventuel refus pouvait conduire à un destin tragique...

« Ah oui... »

Souffla l'enfant d'un air absent. Oui il pouvait lui apprendre le piano et la tenue à adopter. Mais pourquoi faire ? C'était cela la question. Ayzebel pencha doucement la tête sur le côté et murmura au Lord d'une voix dénuée de joie, simple.

« Vous pouvez vous montrer grand prince, je ne doute nullement de vos paroles... Mais vous savez que ma famille n'attends que de vous confiance et protection. De ce fait, je n'exigerais jamais plus de votre... personne, Lord Earl. Oui, le piano et l'éducation sont des choses auquel j'aspire... Mais l'on m'a apprit l'humilité et l'altruisme, penser à notre communauté avant ma propre personne. La seule chose que j'attends de vous Lord Earl... Est la continuité de l'alliance qui unis nos familles. Après tout, qui suis-je pour exiger autre chose de mon seigneur... ? »

Un refus, donc. Mais un refus joliment dit, pour une adolescente. Ayzebel ne se laissait pas influencé sans pour autant manqué de respect au grand Pryam Earl, se cachant derrière une terrible modestie. Habile était l'enfant, à l'image même de son autoritaire de mère. La sorcière retrouva bien vite le silence, observant son maître qui s'approchait à nouveau d'elle tout en reprenant la parole. Elle ne cilla pas face à la présence de Pryam mais fini par murmurer quant au cadeau fait à sa famille.

« Bien sûr Lord Earl, bien que j'en soit personnellement reconnaissante... »


Qu'est-ce que sa famille pouvait bien avoir à faire d'une leçon de piano, cela ne leur profiterait pas. Quant à elle, ce ne serait qu'un bon souvenir tout au plus. Sa générosité n'était que du vent visiblement, si la jeune femme s'était trouvé une bonne compagnie au début de l'entretient, à chaque minute qui défilait et chaque mot prononcé, Pryam lui laissait un goût amer face aux sous entendus mesquin qui s'échappait de ses lippes. Sans doute oubliait-il que face à lui il n'avait pas une diplomate mais juste une enfant. Les enfants avaient l'art d’interpréter les choses comme ils le voulaient et par conséquent, leur rancune pouvait s'avérer démesuré et profondément ancré dans le temps.

« Je n'aurais pas de choix à faire Lord Earl... Seulement à suivre l'exemple de mes ancêtres matriarche, soit faire pleinement confiance à votre famille. Pourquoi en serait-il autrement ? Cette alliance nous a été bénéfique durant quatre siècles. Votre famille nous a aidé, soutenu et protégé tout ce temps là où d'autre nous condamne pour une vision faussée qu'ils ont de nous. Je suis jeune, je le sais, mais je ne ferais pas la bêtise de renier ceux qui nous soutienne et qui, je l'espère... croit en nous.»

Un vague sourire polis se dessina sur les lèvres charnus de l'adolescente. Sage paroles que voilà, mais quant était-il vraiment ? Ayzebel pensait-elle ce qu'elle disait ou était-ce là seulement ce que Pryam attendait d'elle ? Quand le Lord proposa qu'elle prenne à nouveau possession du piano, c'est calmement que l'enfant posa à nouveau son séant sur le siège et souffla.

« En réalité... Maman est toujours sur le parking... » Son sourire diminua mais se maquilla d'un brin de sournoisement. « Elle est dans la voiture à attendre mon retour... Elle ignore combien de temps cet entretient durera alors... je ne vois pas le mal que cela peut faire à la faire patienter encore un peu, non ? »

Un rire bref passa les lèvres de l'enfant. Quelle vilaine petite fille sadique elle faisait. En quelque minutes elle avait montrer au Earl une intelligence certaine, une dévotion redoutable mais aussi beaucoup de colère, de rancœur. Et la voilà à présent  qui pianotait sagement, déversant à nouveau dans la pièce le son brisé d'une mélodie qu'elle répétait encore et encore, mettant en pratique les conseils du haut seigneur de Last End. Sans quitter les touches du regard, Ayzebel fini par reprendre la parole après quelques instant de silence.

« Vous avez mentionné une ancienne rencontre entre nous.... mais je ne me souviens pas vous avoir déjà vu et parler Lord Earl. De quoi s'agit-il ? »

Ven 6 Mai - 13:18
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Pryam Earl
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Pryam Earl
Patriarche Earl
Lord Earl resta de marbre, laissant la jeune femme parler. Pourtant, de telles paroles avaient de quoi surprendre. S'était-elle imaginé un quelconque piège ? La douce plaisanterie. Si piège il y avait eu, mieux valait tomber dedans de bon coeur plutôt que d'être poussé par le Seigneur de l'Envers à s'exécuter.
Ce ne pouvait pourtant être que cela. La prudence d'une jeune femme qui craignait encore les conséquences de ses actes, et ne les mesurait pas encore tout à fait correctement. C'était presque à son honneur. Les arguments qu'elle avançait dans son refus étaient soigneusement enjolivés. Elle aurait pu en convaincre certains… Mais pas Pryam. Penser à la communauté était également penser aux personnes qui la composaient. Penser à la communauté était également prendre soin de la personne qui la dirigeait. Une évidence, pour le patriarche. Au nom de ce principe, il avait cherché à faire de ses garçons les meilleurs. Il avait assez d'estime en le progéniture de Galéa pour imaginer qu'elle songerait également à cela.

Pour lui, qui savait le sens et l'origine de sa demande, refuser son soudain élan de générosité était une erreur. La jeune Tenak passait à côté d'une occasion en or. Au-delà de sa propre personne et du lien qu'elle entretiendrait avec Pryam Earl, il y avait l'apport à sa famille. Oui, pour l'instant, ils étaient simples alliés. Ayzebel avait eu, un bref instant, la possibilité d'esquisser les lignes de construction d'une alliance plus forte encore. Ç'aurait été à l'avantage des idéaux qu'elle avait évoqué…

Soit. Lord Earl pouvait comprendre sa prudence. Il laissa les mots s'écouler sans ajouter quoi que ce soit, et sans insister. Si l'envie lui revenait, un jour, peut-être se montrerait-il à nouveau bon père envers cette enfant qui n'avait connu que des mères. Pour l'heure, la position d'Ayzebel lui convenait. Tant qu'elle maintenait au moins à ce statut entre leurs familles, il n'avait besoin de rien.
Il avait voulu vérifier la loyauté de la petite, il venait de le faire. Elle la lui avait offerte. Ses mots avaient été plus soignés qu'à chaque moment que leur avait offert cette rencontre. Pryam voyait à travers cela le prisme du sérieux, et de la gravité. Ayzebel avait évoqué ses rêves et envie, mais par sa fidélité elle avait démontré son sens du devoir. Oui, il lui faisait confiance sur ce point. Si cela n'avait été le cas, si elle avait menti, si elle mentait… Ce serait tout au désavantage des Tenak.

Surpris de prime abord, Lord Earl s'avoua finalement satisfait de la petite. Il la laissa pianoter, songeur, appuyé au piano, observant un tableau sur un mur, une nature morte. La relation entre Galéa et sa fille l'intéressait d'un point de vue informationnel uniquement. Il n'avait aucun intérêt à mettre son nez là-dedans, à ramener Ayzebel auprès de sa mère en la tenant par l'oreille ou à faire la leçon à Galéa sur la façon par laquelle elle devait traiter sa petite. Il la questionnerait sans doute sans question explicite, lui parlerait de leur rencontre et de sa surprise… Mais ne chercherait pas plus que cela à obtenir d'elle la révélation d'un quelconque secret. Ses informateurs s'en chargeraient, si cela était nécessaire.
La voix de la grande enfant rompit le silence et la musique, venant à nouveau souiller les airs d'humanité. Sans vraiment réfléchir, Pyram lui répondit:

"- Votre mère nous présenta l'un à l'autre peu de temps après votre naissance."

Ce fut tout. Qu'aurait-elle pu espérer de plus ? Les rencontres avec les bébés n'étaient pas les plus passionnantes, surtout pour Lord Earl. Loin de s'extasier devant ces bouts de chairs, il se contentait de jauger leur magie, le futur adulte qu'ils pouvaient être, avant de les ignorer sagement. Il ne pouvait lui raconter comment il l'avait gouzigouzitée, ne l'ayant fait.
Le moins qu'ils puissent dire, c'est qu'ils avaient bien plus appris l'un de l'autre à travers cet échange qu'à travers cette précédente rencontre. Désormais, Ayzebel savait pourquoi. Aux yeux du seigneur de l'envers, néanmoins, il n'y avait nul besoin de continuer. C'eut été s'ennuyer, et il n'était pas payé pour jouer les baby-sitters. De plus… Il voulait frustrer un peu Ayzebel. Ce piano n'était pas à elle. Si elle voulait en jouer davantage, il allait falloir qu'elle trouve par elle-même les moyens d'y parvenir.

"- Ce fut un plaisir de faire votre connaissance, miss Tenak. D'autres affaires requièrent mon attention, je ne puis vous offrir de mon temps plus longtemps. Je vous laisse le soin de transmettre mes amitiés à votre mère."

Il accompagna ceci de saluts respectueux. Si Ayzebel désirait partir, un domestique était à sa disposition pour la guider dans les méandres du château des Earl.

Jeu 12 Mai - 17:27
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La répétition des touches devenait machinale si bien que l'enfant en venant à jouer son petit morceau sans réfléchir. Ayzebel se surpris à posséder un certain doigté pour l'art musicale ce qui rendait la chose d'autant plus agréable. Le son de la mélodie montait et descendait lentement, parfois plus rapidement mais avec plus de confiance à présence que la sorcière avait trouvé ses marques. Elle ne se lassait pas de cette musique, elle se savait capable de rester des heures ainsi à pianoter tranquillement, esprit serein et âme apaisée. Cet instant de plaisir s'éternisa sur quelques minutes jusqu'à ce que la voix du Lord s'élève à nouveau. Ainsi la fameuse rencontre datait de peu après sa naissance. L'idée de s'être trouvé bébé entre les mains de cet homme sombre et froid avait quelque chose de bizarre. Après tout, pas tant que cela, n'était-il pas père ? Bien que les enfants des autres n'était sans doute pas ce qu'il préférait, ce n'était pas si étrange de l’imaginer avec un bébé entre les mains. Non ce qui était étrange était de s'imaginer soit même avec Pryam Earl alors même que l'on était une pauvre âme innocente à peine venue au monde.

« Je vois... »

Souffla la sorcière sans quitter le piano des yeux. L'enfant continuait d'adopter ce comportement distant et polis, froid.Dans un nouveau silence, Ayzebel continua son apprentissage de la musique sans chercher à s'imposer d'une quelconque façon. Elle en avait déjà bien assez dit et bien assez fait.Loin d'elle l'idée d'abuser encore plus de la patience de son souverain ou de se laisser aller à quelques fantaisies de plus. L'enfant avait déjà fait preuve de discernement, de méfiance là où la majorité des enfants de son âge aurait à peine saisit l'envers de la situation. Ayzebel avait bien comprit qu'elle avait été jugé... Le seul problème était qu'elle n'avait jamais été préparé à un tel affrontement. Finalement le Lord prit de nouveau la parole, mettant fin à cet entretient et par la même occasion à sa séance de piano. Un léger pincement au cœur la prit mais l'adolescente ne se laissa pas abattre, cessant aussitôt de toucher les touches de l'instrument et releva le visage pour observer Pryam. Toutes les bonnes choses ont une fin dit-on, c'était bien là ce qu'elle ressentait. Sans émettre le moindre jugement, l'enfant se leva doucement, libérant le piano qu'elle caressa avec tendresse. Elle aurait donné cher pour en posséder un comme celui-là, mais elle savait aussi qu'il n'était pas bon de dire Amen à toutes les belles choses. Son refus à Pryam avait été judicieux et elle en avait parfaitement conscience. Bien vite, la sorcière fit face à son hôte, plongeant ses yeux dans le siens et répondit à ses dernières paroles.

« Le plaisir est pour moi Lord Earl.Je vous remercie de m'avoir accueillis chez vous et m'avoir laisser jouer d votre piano. Je transmettrait votre paroles à ma mère, elle en sera heureuse assurément. Au revoir Lord Earl. »

Oui,il était temps pour elle de partir bien qu'elle aurait volontiers fait patienter Galéa encore un peu, pourtant très vite la jeune fille retrouva d'elle-même le chemin de la sortie et quitta le sombre château un peu à contre cœur/ le froid de l'automne lui arracha un léger frisson alors que son regard clair se posa sur le véhicule de sa mère avant de le rejoindre et monter dedans. Immédiatement le regard de la matriarche se posa en biais sur sa fille qui souffla, sans même un regard pour elle.

« Lord Earl te transmet ses amitiés. »
« Comment cela s'est-il passé ? »
« Bien, je crois. »
« Tu crois ou tu es sûr ? »
« Cela dépend, ais-je l'air traumatisé ? Mourante ? »
« Ayzebel, parles moi sur un autre ton. »
« Maman, évidemment que cela s'est bien passé ! Bien que je ne comprend pas trop la raison de cet entretient ! »
« Qu'avez vous dit ? »
« Très peu de chose en fait... Il m'a surtout observer, à peine questionner... c'était bizarre. »
« Est-ce tout ? »
« J'ai joué du piano. »

Galéa se crispa, pinçant les lèvres, une pointe de colère dans le regard avant qu'elle ne lâche d'un ton sifflant, crachant son amertume au visage de sa fille.

« Nous étions d'accord Ayzebel... ce qui n'est pas utile à ton éducation n'a pas lieu de... »

« Lord Earl m'a demander de jouer. »

Galéa se tût immédiatement, observant son enfant.

« Il a fait cela... ? »
« Oui... et il m'a fait une étrange proposition, d'ailleurs.... Celle d'avoir accès à la musique et à une parfaite éducation, puis des sous entendu sur l'alliance de nos familles. »

Dans la voiture, l'hiver semblait s'être abattu alors que l'automne lui était encore présent. Mère et fille s'observait dans le plus parfait des silence alors que Galéa, subitement mal à l'aise et même inquiète, souffla à nouveau.

« As-tu accepté... ? »
« Tu aimerais le savoir, hm ? »

Lâcha la petite adolescente rebelle avant d’esquisser un sourire en coin, défiant sa mère du regard. Vilaine enfant qui refusait de se soumettre à sa matriarche.

« Ayzebel c'est très sérieux !!! as-tu accepté ou non ? »

Voyant la perte de patience de sa mère, l'adolescente cessa de sourire bien vite, ajustant sa position dans la voiture.

« Calmes-toi ! Je n'ai pas accepté maman... évidemment. »

Galéa soupira de soulagement, basculant la tête en arrière et ferma les yeux.C'était bien la première fois qu'Ayzebel voyait sa mère ainsi et murmura, perplexe.

« Maman... ? »
« Finalement, je n'ai peut-être pas échoué autant que je le pensais, on fera sans doute quelque chose de toi. »

Fut la seule réponse de Galéa avant de reprendre contenance et d'allumer le moteur du véhicule. Plus un mot ne fut échanger et bien vite, la voiture fini par quitter le quartier historique, disparaissant dans la brume automnale.

Lun 16 Mai - 23:08
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Rencontre oppressante | Octobre 1999
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